Norman Taurog (1899-1981)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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kiemavel
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Norman Taurog (1899-1981)

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Norman Taurog avait débuté chez Mack Sennett comme gagman puis il co-dirigea de nombreuses comédies dès l'âge de 20 ans, notamment des courts métrages pour Larry Semon. Il accède au long métrage au début des années 30 et se spécialise dans les films avec enfants vedettes. Avant Monsieur bébé, il avait signé une adaptation de Huckleberry Finn (1931) avec Jacky Coogan puis pour Jacky Cooper, il signa Skippy (rien à voir avec le grand gourou) qui lui permet d'obtenir l'oscar du meilleur réalisateur à l'âge de 32 ans en 1931. Après plusieurs productions similaires dont une suite du film de Henry King, Le médecin de campagne (avec les soeurs Dionne, des quintuplées canadiennes), il adapta à nouveau Mark Twain en 1938 avec Les aventures de Tom Sawyer (un de ses meilleurs films) avant de s'attaquer -méchamment, car dans mon souvenir c'était ennuyeux- à la jeunesse délinquante avec Des hommes sont nés (Boys Town) puis Men of Boys Town avec Mickey Rooney, un acteur qu'il employa beaucoup : A Yank at Eton ; La jeunesse d'Edison (Young Tom Edison) puis on le reverra encore cette fois au coté de Judy Garland -que Taurog avait déjà employé seule dans une autre de ses spécialités, le film musical : Little Nellie Kelly, Presenting Lily Mars- dans l'excellent Girl Crazy. Dans le genre, il donna aussi la biographie musicale Ma vie est une chanson (Words and Music), sur le duo Rodgers and Hart (encore avec Rooney dans le rôle de Lorenz hart) et signa d'autres musicaux d'inégales valeurs, du bon Broadway Melody of 1940 (Fred Astaire) au parait-il assommant The Toast of New-Orleans (avec Mario Lanza). Parmi les films réalisés entre ses débuts et le début des années 50, on peut encore voir 2 comédies sympathiques : We're not Dressing (1934) avec Carole Lombard et Cette sacrée famille (1952) avec Cary Grant.

La plupart de ses films réalisés à partir du début des années 50 sont facilement visibles mais ce n'est pas forcément indispensable, en tout cas de mon point de vue car ce qui constitue l'essentiel de sa production ultérieure offrait la vedette à des gens que j'aime peu (Jerry Lewis) ou pas du tout (Elvis). Avec le premier, avec ou sans Dean Martin, il a tourné 8 films, avant d'enchainer les véhicules pour Elvis Presley jusqu'à la fin de sa carrière en 1968 (9 films). Il tourna assez peu en dehors de ces deux séries mais on peut voir Palm Spring Weekend (1963), qu'on retrouve, avec les romances de Delmer Daves du début des années 60, dans un coffret édité en zone 1 (avec vost). La plupart des autres films de cette dernière période sont sortis en zone 1 ou 2 (ou les deux). Pour la période 1930-1950, on peut trouver : Ma vie est une chanson (zone 1 et 2), Des hommes sont nés et sa suite (zone 1 et 2), La jeunesse d'Edison et Cette sacré famille, tous les deux dans la collection Les trésors Warner et, pour finir, uniquement en zone 1, pour m'en tenir aux éditions sympathiques aux "oreilles" du francophone ayant déserté assez tôt les bancs de l'école : We're Not Dressing (coffret Carole Lombard, avec vost) et The Toast of New-Orleans (vost).
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A Bedtime Story

Message par kiemavel »

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Monsieur Bébé - A Bedtime Story (1933)
Production : Ernest Cohen (Paramount)
Scénario : Waldemar Young, Benjamin Glazer et Nunnally Johnson
Photographie : Charles Lang

Avec : Maurice Chevalier (René), Helen Twelvetrees (Sally), Edward Everett Horton (Victor Dubois), Baby LeRoy (Monsieur Baby), Adrienne Ames (Paulette de l'Enclos), Earle Foxe (Max de L'Enclos), Gertrude Michael (Louise), Betty Lorraine (Suzanne)

René revient à Paris après un long voyage en Afrique. Apprenant de son chauffeur que Louise, sa fiancée, n'est pas encore au courant de son retour, il s'assure de son silence et cherche dans son carnet d'adresse la parfaite candidate pour un rendez-vous amoureux, puis, lors du trajet vers son appartement, il demande à son chauffeur de stopper à plusieurs reprises pour fixer d'autres rendez-vous galants qu'il fixe pour différentes heures de la nuit. Il ignore qu'à la gare, un couple sans argent passant devant sa luxueuse décapotable y avait déposé un bébé sur le siège arrière. L'enfant est découvert par le chauffeur au milieu des bagages qu'il s'apprêtait à remonter. René veut d'abord se débarrasser de ce cadeau encombrant mais il découvre que l'enfant pourrait être de lui et se prend de toute façon très vite d'affection pour lui. Il va même lui consacrer l'essentiel de son temps, ce qui va fâcher beaucoup de dames de son entourage…
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Un véhicule fabriqué sur mesure pour le grand Maurice qui s'en donne à coeur joie, tellement même que ceux qui renâclent à ses numéros de séducteur jovial devrait l'éviter car il est omniprésent et en fait vraiment beaucoup dans celui là. Il interprète un aristocrate playboy parisien (Non ? Bah si, pourquoi ?) couvert de femmes. Il chante 4 chansons mais il s'agit bien d'une comédie et pas d'une opérette. Pour être honnête, si lui même est largement à la hauteur de sa réputation et s'il est entouré par quelques jolies dames, on a déjà vu mieux avant chez Lubitsch ou Mamoulian. Mais le thème du bébé qui vient bouleverser la vie d'un grand séducteur et lui apprendre le sens des responsabilités est bien tenu et le fameux bébé, "interprété" avec un naturel confondant (hum…) par Baby LeRoy, était très cabotin pour son âge. Pour l'anecdote, il s'agissait de son premier film mais il fut plus tard le gosse qui faisait le malheur de W.C Fields dans 3 films dont l'excellent The Old Fashioned Way. Et enfin, cerise sur le gâteau, le majordome de Maurice est interprété par Edward Everett Horton…et ça n'a pas de prix.

Les scènes d'ouverture sont toutes excellentes et fleurent bon le pré-code. Un chef de train parcourt un wagon et annonce : Paris, gare de Lyon, avec un accent english aussi prononcé que l'accent français de Maurice qui lui répond mais qu'on ne voit pas. Durant toute la descente du train et sur le quai jusqu'à ce qu'il atteigne son chauffeur, on ne voit qu'un canotier virevoltant au bout d'une canne. Puis, 10 secondes après son apparition, il se retourne sur une femme et prend un air canaille, avant de heurter par maladresse une autre femme penchée en avant, de s'excuser et de répondre à son chauffeur qui manifestement pensait qu'il avait volontairement heurté la femme pour faire sa connaissance : "Ah non, André, tout ceci est terminé. Le mariage ! ", tout en désignant du regard son postérieur. Quelques instant plus tard, on le retrouve prenant un RDV pour le soir même à 10 h avec une 1ère femme, Paulette de l'enclos, une de ses anciennes maitresses (dont on va découvrir plus tard qu'elle est la femme d'un de ses amis, ce qu'il ignore), puis sur le chemin de son appartement, un second pour minuit avec Suzanne, une fleuriste (on va découvrir qu'elle est aussi la femme d'un proche, de son majordome, ce qu'il ignore la aussi), puis pour 1 h avec Gabrielle, une artiste de music-hall…Bref, un bon programme, sauf qu'il ne va pouvoir honorer aucun de ces RDV parce qu'il va se retrouver entre temps avec un bébé sur les bras.
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Son premier réflexe quant il apprend qu'il se retrouve avec un enfant sur les bras ? Appeler la police. Débarrassez moi de ça ! mais il s'interrompt quand son majordome (interprété par l'immense Edward Everett Horton. Quoi je l'ai déjà dit ?) fait une stupéfiante découverte car, voyant la lèvre inférieure du bébé légèrement proéminente et pendante, il en conclu que l'enfant ne peut être que de son maitre ce qui jète le trouble chez René. Après les scènes amusantes mais un peu longues où dans la glace on se cherche des ressemblances avec la "chose", on passe à la recherche de la coupable. Un petit calcul : le bébé semble avoir environ un an + 9 mois = Pauline, Huguette, Simone ? Les agendas aussi soigneusement conservés que le carnet d'adresses doit fournir la réponse mais malheureusement le nombre des candidates possibles est bien trop important pour trouver une solution de ce coté là. Alors en attendant mieux, René décide de garder l'enfant plutôt que de le voir intégrer une institution pour orphelin ou il pourrait être maltraité puisque c'est ce que laisse entendre le policier qui se présente à l'appartement. On s'organise donc. Une nouvelle femme arrive dans l'entourage de René, Sally, la jolie nurse américaine qui va se charger de l'enfant.

On retrouve aussi bien entendu les 3 femmes entrevues dans le prologue…avec parfois leurs époux dont Max, le très jaloux, suspicieux (et crétin) nouveau mari de Paulette. On découvre donc que la fleuriste Suzanne est la femme de Victor, le fidèle majordome de René (Il apprend qu'il est cocu alors qu'il s'apprêtait à raser son employeur avec un bon vieux rasoir coupe-chou ce qui nous donne une bonne petite scène). Si ses anciennes maitresses sont toutes plus ou moins furieuses de se voir supplanter par un bébé, Louise, sa fiancée aristo va prendre très mal la plaisanterie lorsque René va débouler au milieu d'une grande soirée mondaine avec sa suite, son valet, un bébé et sa nourrice. La pimbêche n'a absolument pas envie d'adopter l'enfant et la situation est vécu comme un scandale par Louise et son milieu très collet monté ; son père, un général en retraite insultant même le futur époux. Je passe sur les portes qui claquent, les quiproquos, les maîtresses cachées sur le balcon tandis que le mari s'inquiète de son absence, etc…
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Le bébé est d'un gag récurrent moyennement amusant : à chaque fois qu'il voit une montre, il s'en saisit et la fracasse joyeusement, voulant faire pareil avec une horloge publique. Maurice chante des chansons agréables mais assez moyennes par rapport à ses sommets chez les "grands" et elles sont un peu moins bien intégrées aux scènes de pures comédies. La meilleure séquence chantée se déroule au cours d'une promenade dans un jardin public ou il balade l'enfant dans un landau. Les filles aussi sont assez moyennes en dehors de la méconnu Helen Twelvetrees qui est la charmante nurse qui s'installe chez René avec pour fonction de s'occuper du gosse. Bilan : Si les sommets de Lubitsch (ou celui de Mamoulian) valent 9/10, celui ci vaut 7…et ce n'est déjà pas si mal. Chevalier n'était parait-il pas satisfait de ses deux derniers films tournés pour la Paramount, c'est à dire celui ci et The Way to Love aussi réalisé par Norman Taurog la même année mais je le trouve sévère même si l'exigence n'est pas un vilain défaut. Cela dit, si sortant de Lubitsch, il a perçu la différence, c'est un signe de lucidité. Il s'était habitué au caviar. Pfff...un gars de Ménilmontant .
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Jeremy Fox
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Re: Norman Taurog (1899-1981)

Message par Jeremy Fox »

Profitons du Elvis visionné ce matin pour rapatrier ici quelques modestes avis sur les films de ce cinéaste dans l'ensemble plutôt sympathique.


Cafe Europa en uniformes (GI Blues) - 1960

Des GI en goguette en Allemagne après la Seconde Guerre Mondiale ; un pari idiot à savoir qui arrivera à coucher avec une danseuse à priori glaciale...

On comprend aisément qu'il ne faut pas aller chercher là un film d'une grande intelligence mais je dois avouer m'y être bien diverti. Les romances fleurs bleues ne m'ont pas déplu non plus d'autant qu'Elvis et ses comparses semblent s'être bien amusés eux aussi. Et puis voir le King en Baby Sitter est assez cocasse. Pas un grand film bien évidemment, pas non plus un programme musical de haut niveau mais cette fois ce sont les situations qui ont réussi à me faire trouver le film très sympathique et assez dépaysant (la campagne allemande a bien du charme). Finalement, pour l'instant il n'y en a pas tant que ça des Elvis que j'ai trouvé mauvais (excepté L'idole d'Acapulco peut-être un peu à cause d'Ursula Andress, probablement la plus mauvaise partenaire féminine d'Elvis).


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Blue Hawaii (Sous le Ciel Bleu d'Hawaii) - 1961

Première bluette d'Elvis, un succès tellement phénoménal que le comédien/chanteur ne fera ensuite plus jamais de film dit 'sérieux'. Pas encore très à l'aise derrière la caméra, Elvis n'en chantera pas moins une quinzaine de chansons tout au long de ces 96 minutes d'une totale indigence aussi bien côté mise en scène que scénario. Six ans plus tard, Paradis Hawaien, niveau 'carte postale hawaienne', sera un tout petit peu plus satisfaisant. Ici, Norman Taurog se contente de filmer sans entrain les ébats de sa star sur les plages et dans les hôtels de l'île, à Oahu et à Kauai. Si l'on est bien luné et que l'on a envie de "Sea, Sex and Sun", ça peut s'avérer pas trop déplaisant ; nous aurons au moins eu le plaisir de voir Elvis chanter la célèbre 'Can't Help Falling in Love'. Pour le reste, il ne faut vraiment pas être trop exigeant.


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Des filles... encore des filles ! (Girls! Girls! Girls!) - 1962

L'intrigue n'importe guère ; elle se déroule une fois encore à Hawaii où Elvis Presley tente de racheter le bateau que son patron a été obligé de vendre suite à son départ pour le Continent pour soigner son épouse malade. Deux filles vont lui tourner autour, non moins que les charmantes Connie Stevens et Laurel Goodwin...

Et c'est déjà le premier atout de ce bon cru Elvis que ces deux actrices, la première chantant divinement, la seconde ayant méritée à être plus connu, son seul titre de gloire ayant été de jouer dans le pilote de la série Star Trek. Toutes deux sont non seulement charmantes mais jouent plutôt bien ; Elvis est également très à l'aise cette fois-ci (y compris dans des scènes un peu plus 'dramatiques'), tout comme Jeremy Slate, le rythme est soutenu et surtout la BO est tout à fait correcte avec notamment la célèbre "Return to Sender". Le film est dépaysant (on assiste aussi à des parties de pêche en mer) et il faut bien avouer que les deux petites enfants chinoises que l'on voit le temps de deux séquences sont tout à fait adorables. Bref, une comédie musicale qui remplit son contrat, celui de bien divertir les fans du genre. Et puis le film fait partie des 'musicals' les moins kitsch du King. Bonne surprise.


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That Midnight Kiss -1949

Une agréable surprise qui confirme que pas mal d’irrésistibles ‘Musicals’ ont été produits par Joe Pasternak, Arthur Freed lui ayant fait beaucoup trop d’ombre même s’il reste le producteur sous l’égide de qui le plus grand nombre de chef-d’œuvre ont pu voir le jour dans le domaine. L’intrigue est conventionnelle au possible mais le couple fonctionne (et chante) très bien, les airs d’opéras sont parfaitement intégrés à l’intrigue, les autres chansons sont charmantes surtout le duo ‘They Didn't Believe Me’ de Jerome Kern et Norman Taurog dirige le tout sans génie mais sans démériter non plus. Certes loin d’être inoubliable mais m’attendant à un plat indigeste, le plaisir fut d’autant plus présent que le programme musical est à la hauteur, que le Technicolor brille de tous ses feux, que Mario Lanza est loin d’être ridicule en tant que ténor (il était d'ailleurs tout à fait crédible dans le Caruso de Richard Thorpe) et que Kathryn Grayson est toujours aussi charmante.


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Little Nellie Kelly - 1940


Excepté les passages chantés (tous excellents à commencer par la superbe ballade irlandaise 'St. Patrick Was a Gentle Man') et la double interprétation de Judy Garland, j'ai trouvé le film assez médiocre surtout dans son scénario au patriotisme exacerbé au point de sombrer à plusieurs reprises dans le ridicule et qui nous propose un personnage de grand-père plus horripilant que réellement attachant. Dommage que le sympathique George Murphy ne soit pas mieux utilisé car la scène de la mort de sa femme est réellement émouvante. Mais en y repensant, les chansons sont tellement bonnes qu'on finit heureusement par oublier le reste. Ca n'en reste pas moins une déception et la preuve que la filmographie d'Arthur Freed n'est pas exempte de mauvais films.


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Ma vie est une chanson (Words and Music) - 1948)

La vie des musiciens de Broadway revue et corrigée par Hollywood a toujours été une formule avantageuse pour les producteurs qui se souciaient pourtant peu d’authenticité ni de vraisemblance en portant leurs biographies à l’écran. Ils recherchaient avant tout le succès facile à l’aide d’intrigues interchangeables et très minces servant surtout de prétextes à la mise en place d’innombrables numéros musicaux. Il en va de même pour Words and Music, hommage aux duettistes Richard Rodgers (que l’on connaît surtout aujourd’hui pour sa collaboration avec Oscar Hammerstein dont sont sorties par exemple des hits tels Le Roi et Moi ou La Mélodie du bonheur) et Lorenz Hart. Tom Drake se charge de personnifier sans réel enthousiasme Richard Rodgers, compositeur qui eut une vie faite de succès consécutifs mais, dramatiquement parlant, heureuse et sans à coups, son épouse étant tenue dans le film par la délicieuse Janet Leigh. Quant au parolier, c’est à Mickey Rooney qu’incombe la charge de le faire vivre. Aucune allusion à son homosexualité, le sujet étant alors tabou, les scénaristes préférant le montrer comme état un homme qui n’arrive pas à se faire aimer par les femmes dont il est amoureux ; seulement, la direction d’acteurs de Norman Taurog étant assez limitée, l’acteur ne peut s'empêcher d'en faire parfois des tonnes sans vraiment convaincre quant il s’agit de nous faire prendre son personnage en pitié. Fidèle à son image, la compagnie du lion soigne ses décors et costumes et déploie donc tout le faste nécessaire à la réalisation des séquences musicales dont Words & Music est heureusement remplie à craquer. Le casting étant aussi étonnant que le tracklisting, nous avons ainsi droit à de purs moments de bonheur tels ‘I Wish I Were in Love Again’, dernière apparition ensemble de Mickey Rooney et Judy Garland, ‘Johnny One Note’ par Judy en solo, ‘This Can't Be Love’ et ‘On your Toes’ par Cyd Charisse et Dee Turnell, ‘Thou Swell’ par June Allyson et enfin, le meilleur pour la fin, séquence pour laquelle le film demeure indispensable, le fabuleux ballet de 8 minutes divinement dansé par Gene Kelly et Vera Ellen, ‘Slaughter on Tenth Avenue’ à la superbe chorégraphie. La partition de Rodgers pour ce morceau n’a rien à envier aux plus grands compositeurs classiques et on se demande si la scène n’a pas été tournée par un autre réalisateur tellement elle détonne d’avec le reste. Bref, malgré l’indigence de son scénario et de sa mise en scène, le ‘Musical’ de Taurog est un véritable festival de bonnes chansons et devrait néanmoins combler les amateurs au moins à ce titre.


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Broadway Melody of 1940 - 1940

Encore une fois, on laisse tomber l'intrigue basique et la mise en scène sans personnalité et on peut aisément se régaler de ce duo concocté par Fred Astaire et la trop méconnue Eleanor Powell, l'une des danseuses et 'claquettistes' les plus étonnantes vues sur un écran. Bref, un véritable plaisir d'autant plus que la musique est signé par le génial Cole Porter.
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Re: Norman Taurog (1899-1981)

Message par Rashomon »

De lui je n'ai vu que Boys' Town que j'avais beaucoup aimé, surtout pour l'interprétation de Spencer Tracy. J'aimerais bien voir Skippy qui lui a valu l'oscar et qui a semble-t-il une très bonne réputation outre-Atlantique.
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Re: Norman Taurog (1899-1981)

Message par Rashomon »

Jeremy Fox a écrit :
Première bluette d'Elvis, un succès tellement phénoménal que le comédien/chanteur ne fera ensuite plus jamais de film dit 'sérieux'.
Euh...

http://www.imdb.com/title/tt0064155/

:oops:
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Jeremy Fox
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Re: Norman Taurog (1899-1981)

Message par Jeremy Fox »

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Les Dingues sont lâchés (Palm Spring Weekend) - 1963

Dans la station balnéaire de Palm Springs, à chaque période de Pâques, c’est ‘l’invasion’ des étudiants qui profitent de leurs 15 jours de vacances pour venir se refaire une santé sous le soleil de Californie. Les forces de police redoutent cet ‘état de siège’ annuel ; quant à leur chef (Andrew Duggan), il devra cette année redoubler de vigilance maintenant que sa fille, Bunny (Stefanie Powers), est en âge de fricoter avec cette jeunesse qui ne pense qu’à une seule chose, le sexe. Ce printemps 1963, une équipe de basket vient se mêler à la fête. Jim (Troy Donahue), le capitaine, après n’avoir eu d’yeux durant le voyage en car que pour la mystérieuse Gail (Connie Stevens), va être attiré par Bunny, tandis que Gail tombe sous le charme d’un riche playboy arrogant, Eric (Robert Conrad). Strech (Ty Hardin), un cascadeur texan, n’est pas insensible à la blondeur de Gail alors que le rigolo de la troupe, Biff (Jerry Van Dyke), va tourner autour d’Amanda (Zeme North), un garçon manqué championne de judo. Les chassés croisés amoureux ‘n’épargnent’ pas les plus âgés, la tenancière de l’hôtel où est descendue l’équipe de basket allant mettre le grappin sur leur entraineur (Jack Weston). Malgré une ambiance bon enfant, certains n’en sortiront pas indemnes…

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Sea, Sex & Sun’ : voici ce que venaient chercher en 1960 en Floride les étudiants de Where are the Boys (Ces Folles filles d’Eve), un film d’Henry Levin réalisé pour la MGM, l’un des premiers ‘Teen Movie’ abordant la nouvelle liberté sexuelle chez la jeunesse de l’époque qui pouvait se ‘lâcher’ en se ruant durant leurs vacances de printemps vers des destinations ensoleillées avec comme seules idées en tête de fricoter. Le succès ayant évidemment été au rendez-vous, trois ans plus tard la Warner décide de produire un film similaire, déplaçant néanmoins son intrigue de la station balnéaire de Fort Lauderdale sur la côte Est des USA à Palm Springs, ville de Californie au milieu du désert, les piscines remplaçant la mer. Comme la MGM ayant voulu mettre en avant la plupart de ses jeunes stars montantes de l'époque (Yvette Mimieux, Dolores Hart, Paula Prentiss, George Hamilton, Jim Hutton…), le studio concurrent fait de même pour cette comédie signée Norman Taurog, misant avant tout sur le bellâtre Troy Donahue, le rigolo Jerry Van Dyke ou bien Ty Hardin, le bel athlète au sourire parfait… ainsi que, côté féminin, pariant sur les ravissantes Connie Stevens ou Stefanie Powers. Le film de NormanTaurog est construit de la même manière que celui de Henry Levin, 3/4 de comédie potache sans finesse suivi très abruptement par un dernier quart plus dramatique, ici et là l’une des filles sur le point de se faire violer, les mâles se disputant violemment leurs conquêtes. Dans chacun des deux films, un segment finalement encore plus lourd que ce qui a précédé par le fait d’en revenir à un puritanisme ‘de bon aloi’ : en gros, voilà ce qui arrive aux filles lorsqu'elles attisent imprudemment les pulsions masculines et qu'elles hésitent à attendre le mariage avant "de coucher" !

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Que ce soient pour Where the Boys are? ou Palm Springs Weekend, il ne faut surtout pas attendre de la subtilité et de la finesse dans le le ton et l'écriture ; seulement le film de Norman Taurog est un peu plus cocasse et délirant que son prédécesseur, le cinéaste ajoutant à l’occasion une plaisante comédie à son sympathique palmarès. Taurog débuta comme gagman chez Mack Sennett avant d’accéder au long métrage dès le début des années 30, se spécialisant surtout dans les films familiaux avec pour vedettes des enfants -notamment Jackie Copper et Jacky Coogan- dans des adaptations, entre autres, de Mark Twain (Tom Sawyer ou Huckleberry Finn). Il fera ensuite tourner les jeunes Mickey Rooney et Judy Garland dans des films dramatiques ou des comédies musicales pas trop désagréables, mais également Fred Astaire (Broadway Melody of 1940) ainsi même qu'à deux reprises le duo Mario Lanza/Kathryn Grayson dans des films musicaux pas si ridicules qu’on aurait pu le croire, The Toast of New Orleans ainsi que That Midnight Kiss. Tout ceci pour la Metro Goldwin Mayer au sein de laquelle la séquence la plus mémorable qu’il aura réalisé aura vraisemblablement été ‘Slaughter on Tenth Avenue’, fabuleux ballet de huit minutes dansé par Gene Kelly et Vera-Ellen, issu du biopic sur le compositeur Richard Rodgers, Ma vie est une chanson (Words and Music). Passé à la Paramount, Taurog deviendra le faire-valoir de Jerry Lewis (8 films) puis d’Elvis Presley (9 films, loin d’être parmi ses plus mauvais, GI Blues et Girls! Girls! Girls! se situant même dans le haut du panier). Palm Springs Weekend qu’il réalisa pour la Warner est dans la veine de ces derniers, régressifs -voire même idiots- mais néanmoins plutôt amusants et attachants. Loin de moi l’idée de trouver un quelconque talent artistique à Norman Taurog ; juste l’envie de lui redorer son blason d’honnête faiseur de divertissements hollywoodiens.

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Pour en revenir à Palm Springs Weekend, devant la minceur des enjeux dramatiques, la médiocrité du scénario et de la mise en scène, pas grand chose de bien intéressant à en dire. On se contentera de revenir sur les idées amusantes tel ce jeune gamin rouquin faisant tourner en bourrique ses parents et sa baby-sitter ; cette dernière championne d'arts martiaux et qui tiendra tête aux plus entreprenants par des prises judo ; la piscine transformée en bain de mousse géant par l’insupportable gosse ; la ‘Love Machine’ inventée par Jerry van Dyke pour ‘mettre en condition’ les femmes qu’il espère voir tomber dans ses bras ; ‘Bye Bye Blackbird’, le duo musical au banjo de Van Dyke et Ty Hardin ; le morceau plein de vitalité interprété par le the Modern Folk Quartet... On peut également toucher un mot de cet intéressant et sympathique casting composé presque exclusivement de jeunes comédiens issus de la télévision ou bien qui feront ensuite carrière principalement pour la petite lucarne. A commencer par Troy Donahue qui, après nous avoir fait bonne impression dans les superbes mélodrames de Delmer Daves, se contente ici du strict minimum n’ayant d’ailleurs quasiment rien à faire (il interprète néanmoins tant bien que mal la chanson du générique) ; Jerry Van Dyke, le ‘clown’ de l’équipe qui fut la même année inoubliable dans le rôle d’un incurable macho qui deviendra malgré tout par amour un être d’une grande délicatesse dans ce chef-d’œuvre méconnu de Vincente Minnelli qu’est Il faut marier papa (The Courtship of Eddie’s father) ; Ty Hardin, l’un des Merrill’s Marauders de Samuel Fuller ; la délicieuse Stefanie Powers (future partenaire de Robert Wagner dans la série Pour l’amour du risque) ; la non moins charmante Connie Stevens, partenaire de Troy Donahue dans le Susan Slade de Delmer Daves ; Robert Conrad, ultra célèbre pour avoir été le James West des Mystères de l’Ouest puis Pappy Boyington dans Les Têtes Brûlées, dans un rôle ici peu gratifiant, celui du playboy psychotique et haïssable roulant dans sa Thunderbird Roadster. Parmi les comédiens plus âgés nous retiendrons la prestation savoureuse de Carole Cook en croqueuse d’hommes n’ayant pas la langue dans sa poche et d’Andrew Duggan dans celui du chef de police devant veiller entre autre sur la virginité de sa fille.

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Un scénario idiot uniquement prétexte à des scènes de drague, une mise en scène sans idées ni consistance (néanmoins assez efficace lors de la séquence d’homérique bagarre générale) mais au final, pour peu que l'on ne soit pas trop exigeant, on peut s’y amuser et trouver l’ensemble certes poussif et vulgaire mais pas spécialement désagréable d'autant que vu d’aujourd’hui il pourra sembler ‘réjouissement’ kitsch ; à condition évidemment aussi de bien vouloir accepter ce changement de ton des 20 dernières minutes qui non seulement casse la bonne ambiance installée jusque là mais fait prendre au film un tournant plus dramatique et extrêmement moralisateur sombrant dans le plus pénible des puritanismes, le tout au milieu de décors en studio assez ridicules. Si l’on veut bien oublier ce long final, Palm Springs Weekend est non seulement une 'Teen Comedie' qui aura facilement réussi à divertir les nostalgiques de cette époque mais qui peut également de nos jours se voir comme un document sociologique. Ce fut en tout cas un immense succès de 1963 pour la Warner, les adolescents américains de ce début de décennie lui ayant fait une ovation.


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Re: Norman Taurog (1899-1981)

Message par Rashomon »

Jeremy Fox a écrit :
Rashomon a écrit :
Euh...

http://www.imdb.com/title/tt0064155/

:oops:

Effectivement ; je ne connaissais même pas.
Il n'est pas très connu, mais gagne à l'être. DVD zone 1 avec stf.
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Jeremy Fox
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Re: Norman Taurog (1899-1981)

Message par Jeremy Fox »

Merci bien :wink: Marquis Warren est capable du meilleur comme du pire ; j'aurais pensé qu'il s'agissait là de la seconde option. Merci d'avoir attiré mon attention.
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Kevin95
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Re: Norman Taurog (1899-1981)

Message par Kevin95 »

Je l'ai déjà précisé sur le topic du King - il me semble - mais effectivement, Charro ! est plutôt pas mal. Sa réputation en revanche est exécrable, on trouve en pack de 12 (sur le net et ailleurs) des critiques très sévères pointant du doigt notamment les mimiques Eastwoodiennes adoptées par Elvis.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Jeremy Fox
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Re: Norman Taurog (1899-1981)

Message par Jeremy Fox »

On poursuit le défrichage du coffret Warner bros Romance Classics Collection débuté avec Rome Adventure de Daves par Palm Spring Weekend.
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