Top cinéma des années 60

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Thaddeus
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Top cinéma des années 60

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1. 2001 : L’Odyssée de l’Espace (Stanley Kubrick, 1968)
2. Persona (Ingmar Bergman, 1966)
3. Psychose (Alfred Hitchcock, 1960)
4. La Dolce Vita (Federico Fellini, 1960)
5. 8 ½ (Federico Fellini, 1963)
6. Il était une fois dans l’Ouest (Sergio Leone, 1968)
7. L’Homme qui tua Liberty Valance (John Ford, 1962)
8. Barberousse (Akira Kurosawa, 1965)
9. Andreï Roublev (Andreï Tarkovski, 1966)
10. L’Année Dernière à Marienbad (Alain Resnais, 1961)
11. Les Oiseaux (Alfred Hitchcock, 1963)
12. La Fièvre dans le Sang (Elia Kazan, 1961)
13. Satyricon (Federico Fellini, 1969)
14. L’Incompris (Luigi Comencini, 1966)
15. Léon Morin, Prêtre (Jean-Pierre Melville, 1961)
16. L’Avventura (Michelangelo Antonioni, 1960)
17. Rosemary’s Baby (Roman Polanski, 1968)
18. Le Voyeur (Michael Powell, 1960)
19. Viridiana (Luis Buñuel, 1961)
20. Les Yeux sans Visage (Georges Franju, 1960)


Et voici mes tops 10 annuels. Comme pour les décennies suivantes, j'ai bricolé des commentaires avec une contrainte (ne jamais dépasser 500 caractères par notule) et ajouté quelques suppléants chaque année, à raison de cinq maximum et à condition de leur accorder la note minimum de 5/6.


1960
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1. Psychose – Alfred Hitchcock

Lorsqu’à la fin Hitchcock fait entendre la voix intérieure de son Norman Bates, qui fixe le public droit dans les yeux, la profession de foi est sans équivoque. Nous voyons. Nous voyons et nous savons : au sommet de son art, il vient de signer un hallucinant manifeste, un piège construit en cercles concentriques de plus en plus étroits et profonds, établissant une progression implacable dans l’asphyxie, l’enlisement, sans emphase spectaculaire et sans élision. Un cauchemar d’une pureté absolue.

2. La Dolce Vita – Federico Fellini

Fellini braque sa caméra sur la faune insolite de la Via Veneto, et c’est l’univers entier qui semble au bord du précipice. Sa peinture en scope noir et blanc dévoile le triste pourrissement d’un monde mourant d’un excès de civilisation, fait entendre le cri de la désillusion pour toutes les figures factices et insignifiantes de l’enfer social. Soit, derrière l’opulence baroque et la richesse fantasmagorique des images, une quête effrénée du bonheur qui masque le plus amer des désirs de salut.

3. L’Avventura – Michelangelo Antonioni

On le sait, ce film a eu besoin de bons avocats. Construit autour du vide et de la nudité figurative, le récit emprunte aux poncifs du drame mondain puis de l’intrigue policière pour s’en détacher très vite, partir à la recherche de la sensation pure, dérober tous les dons du latent à l’apparence, suivre un couple moderne dans des environnements subissant des processus de désertification allégorique. En un mot, enregistrer ce fameux réalisme intérieur qui ne cessera de préoccuper Antonioni.

4. Le Voyeur – Michael Powell

Ce Peeping Tom scoptophile est comme un Jack l’Éventreur moderne qui aurait trop vu Un Chien Andalou et Fenêtre sur Cour. Impossible en tout cas de relever toutes les paraboles d’une œuvre qui dans son entier en est une, et où les fantasmes et les codes de représentation sont centrés, explicités, posés au milieu de la table avec la plus grande naïveté ou la plus totale perversité, c’est selon. Un cinéma du je et du jeu, qui confond le Moi et l’œil de la caméra : un cinéma au stade du miroir.

5. Les Yeux sans Visage – Georges Franju

Horreur clinique, atmosphère envoûtante, poésie de l’étrange faisant intervenir la beauté au sein même du cauchemar, avec une grâce surnaturelle. Le joyau de Franju ne relève pas seulement du cinéma d’épouvante, il retrouve surtout un certain type de stupeur et de sidération propre au cinéma muet, à son grain, à son clignotement médiumnique, à sa lumière d’outre-monde. C’est pourquoi, au-delà des années, sa parfaite alchimie conserve le mystère, la fascination, la profondeur d’un gouffre noir.

6. La Garçonnière – Billy Wilder

C.C. est un perdant, jamais le premier ni l’éternel second, le troisième en tout comme le signalent d’ailleurs ses initiales. Subordonné aux mécanismes déshumanisants du conformisme et de l’efficacité, il reste pourtant un homme bon, notre frère parmi les intrigues, pièges et tentations du monde des bureaux, où celui qui ne se soumet pas au jeu du pouvoir perd tout espoir de réussite. Un des sommets les plus éblouissants de Wilder, dont le moralisme satirique révèle ici un romantisme inavoué.

7. Le Trou – Jacques Becker

Entre les murs où ils concentrent leur volonté à s’évader, cinq prisonniers coupent, scient, percent le bois, le fer, le sable, le ciment, entaillent un temps méticuleusement compté. Chaque plan a sa densité, chaque geste son poids dramatique, et l’érosion qui a cours est seulement humaine. Tout en précision et en rectitude, ce film sans digression ni ellipse déboule vers le but avec le minimum de feintes, chante le combat de l’homme sur la matière, et y trouve plus que sa morale : sa grandeur.

8. Liaisons Secrètes – Richard Quine

Elle et lui, ou l’éternelle histoire d’une passion contrariée. Larry est le type même de l’Américain qui a réussi au prix de renoncement à ses plus hautes aspirations, Maggie celui de la bourgeoise installée dans la quiétude matérielle. Et le film un diamant magnifiquement poli, tout de douceur inexprimable, d’attention aux palpitations du sentiment, du désarroi et du désir, où Kirk laisse sourdre le choc de ses contradictions internes et où la sensuelle Kim prouve que l’érotisme est un regard.

9. Celui par qui le Scandale Arrive – Vincente Minnelli

Chez Minnelli on avance, on danse, on parle comme on est. Ce credo va plus loin que le constat des différences sociales ou culturelles et consiste à montrer à quel point les personnages se nourrissent de leur milieu. Ainsi de cette œuvre flamboyante et tourmentée où le tragique naît moins des affrontements que des tentatives de transplantation : le poète et le chasseur peuvent vivre ensemble, à condition de ne pas vouloir se substituer l’un à l’autre. On ne change impunément sa façon de marcher.

10. Le Fleuve Sauvage – Elia Kazan

L’histoire d’une double lutte : contre les ravages de l’eau et un attachement à la terre qui refuse la "civilisation". Comme beaucoup de films de Kazan, celui-ci est une réflexion sur les rapports de l’être au temps, dans son étendue historique : enracinement du passé, dynamisme optimiste du présent, conquêtes d’un avenir meilleur mais impliquant maintes pertes compensatoire. Et si tout le monde a ses raisons, c’est la nature qui dicte au récit sa calme transparence et son lyrisme à la Thoreau.


Sur le banc : La Ciociara (Vittorio De Sica), Elmer Gantry, le Charlatan (Richard Brooks), La Lettre Inachevée (Mikhaïl Kalatozov), Samedi Soir et Dimanche Matin (Karel Reisz), Spartacus (Stanley Kubrick)…
1961
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1. L’Année Dernière à Marienbad – Alain Resnais

Un labyrinthe de couloirs qui semblent se ramifier jusqu’au vertige, des enfilades de salles somptueuses, un jardin baroque d’une sévère géométrie, des phrases-leitmotiv parlant de corridors mais aussi d’amour, de regrets, de mémoire. Le temps se montre capricieux, les distances sont abrogées, les éléments formels évoluent comme sur un damier pour composer la plus envoûtante des incantations mentales. Film-rêve au carrefour de toutes les possibilités, susceptible d’être réinventé à l’infini.

2. La Fièvre dans le Sang – Elia Kazan

La splendeur de l’herbe, un des plus beaux verts que pellicule ait porté, c’est celle de la pelouse du parc hospitalier que dévale Natalie Wood. Et la splendeur du cinéma, c’est une église sous la pluie, l’éclat ambré de boiseries ambersoniennes, une forêt nocturne de puits de pétrole, l’ombre bleutée d’un parc à voitures. C’est surtout la stridence déchirante du bonheur passé, l’usure des choses, leur sourde transformation qui voit les rêves s’effriter et les êtres chers s’éloigner ou mourir.

3. Léon Morin, Prêtre – Jean-Pierre Melville

L’adaptation de romans célèbres permet à Melville d’approcher au plus près le noyau palpitant de son expression. Rendant extrêmement sensible le pas de deux entre cœur et foi, instinct et raison, pulsion et conscience, sa mise en scène intuitive soumet le temps et l’espace à un traitement sans réplique qui refuse tout typisme bouclé, pour le grand bénéfice des personnages. Voilà comment l’amour interdit qui brûle Emmanuelle Riva d’une intensité passionnée finit par embraser le film tout entier.

4. Viridiana – Luis Buñuel

Humaniste antichrétien dont l’hypocrisie est la seule ennemie, Buñuel n’a plus besoin de la colère pour imposer la saine évidence de sa pensée. Il est devenu comme un volcan tranquille, acceptant l’idée du mal, jetant sur la religion le regard décomplexé du sexe triomphant, démythifiant la charité qui n’est que feinte du dévouement dans l’inaction, et multipliant les illuminations impies, telle cette noire cohorte des mendiants de Goya venue conférer à son imaginaire le halo de l’immortalité.

5. Les Désaxés – John Huston

Dans le grand mirage des salants étincelants du Nevada, un papillon suicidaire crie son dégoût des races qui s’affrontent et se détruisent alors qu’elles sont solidaires, un archange au nez cassé baisse la garde et tombe le masque, et un cow-boy revenu de tout attend sereinement la mort. Plus le temps passe et plus Huston affirme sa manière : moins d’amidon, davantage de laisser-aller. Comme si, n’écoutant désormais que lui, il osait introduire toujours plus de sa tendresse et de ses angoisses.

6. Chronique d’un Été – Jean Rouch & Edgar Morin

Rouch et Morin entreprennent d’interroger quelques parisiens sur leur vie quotidienne et leur conception du bonheur. Leur travail, leurs problèmes de budget, leurs rapports professionnels, leurs enfants, leurs conjoints, leurs rêves, leurs aspirations… L’étude sociologique devient alors une enquête existentielle dont l’intérêt, les perspectives, la signification se déplacent au fil d’interventions mi-jouées mi prises sur le vif, et dont la puissance d’émotion atteste d’une portée universelle.

7. Un, Deux, Trois – Billy Wilder

Si tant est qu’elle existe (ce qui reste à démontrer), la vulgarité de Wilder consiste simplement à réduire à l’argent et à la sexualité presque tous les mobiles humains. Entre la conquête des parts de marché et celle d’une aguichante secrétaire : voilà où porte la force de frappe sarcastique de cette farce corrosive sur les frictions idéologiques et les relations Est-Ouest, tourné aux premières loges de la guerre froide. Ou comment dresser le portrait d’une humanité coupable, mais vivante.

8. Lola – Jacques Demy

En pleine explosion de la Nouvelle Vague, Demy signe son acte de naissance et réhabilite un certain réalisme poétique, une merveilleuse version mélo aux antipodes du cinéma tranche de vie. La cohérence du film, accordé à l’insouciance rêveuse d’Anouk Aimée, est celle de l’imaginaire, de l’enchantement – du romanesque pur. On est pris par la main, emporté dans le mouvement de ce carrousel réglé par les entrées et les sorties, les hasards et les arabesques, qui nous prouve que le bonheur existe.

9. La Rumeur – William Wyler

Le temps des effusions hollywoodiennes est révolu, le drame se joue désormais en chambre, par petites touches et allusions discrètes, par le jeu des regards et des non-dits. Un tel dispositif, fondé sur la découverte graduée d’un "sale petit secret", nécessite un doigté parfait et des acteurs au diapason. Cette poignante tragédie intime, qui voit une femme surnuméraire et confusément amoureuse d’une autre se faire broyer par le poids du jugement moral, transforme le défi en exploit. Superbement.

10. La Pyramide Humaine – Jean Rouch

Des Européens blancs, des Ivoiriens noirs, une expérience collective fondée des arguments, des réponses, des échanges. Les vieux complexes se liquident lentement, la longue improvisation des élèves témoigne d’un monde à venir. Des vers d’Eluard, de Baudelaire et de Rimbaud voltigent comme les fleurs d’un paradis retrouvé sur des voix réconciliées. Pleurs, sourires, couleurs, gestes tous ordonnés pour édifier comme un poème un film aussi passionnant à regarder qu’il fut exaltant à concevoir.


Sur le banc : À Travers le Miroir (Ingmar Bergman), Les Bas-fonds New-yorkais (Samuel Fuller), Diamants sur Canapé (Blake Edwards), La Fille à la Valise (Valerio Zurlini), Les Innocents (Jack Clayton)...
1962
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1. L’Homme qui tua Liberty Valance – John Ford

Le plus souvent, un plan de Ford est le lieu d’une fusion quasi indécidable du symbolique et du concret. Jamais cette approche ne fut aussi poussée que dans ce western de chambre qui montre comment la civilisation est née d’une violence primitive et rend fabuleusement perceptibles des données aussi abstraites que le passage de la barbarie à la loi, la fin de l'Ouest, le rapport entre l'individu et l'Histoire. Il demeure l’un des points d’orgue d’une œuvre qui, littéralement, a pensé son siècle.

2. Lawrence d’Arabie – David Lean

Il se voyait géant et se retrouva nain lorsque son idéal fut réduit par les conciliabules politiques à des tractations de boutiquiers. Son obsession défia le désert, attirant en tons romantiques de jaune, orange et rouge puis pâlissant avec la désillusion croissante jusqu’à n’être qu’un blanc calcaire. En quête de lui-même, il ne rapporta de ses expéditions torturantes que son innocence perdue. De la guerre et de la paix, des nations et des hommes, de l’Histoire et de la légende… Du grand art.

3. Jules et Jim – François Truffaut

Sans illusion sur la victoire de l’amour en dehors du couple, le cinéaste en décrit la chimère parce qu’elle signifie la liberté, la rébellion, la défaite de toutes les hypocrisies. Il ne sanctifie ni ne condamne cette troublante trinité mais la restitue dans son innocence, sa légèreté, sa précarité, au présent perpétuel. Catherine est l’éternel féminin, une énigme doublée d’une promesse. Elle passe, un rêve s’enfuit, Truffaut demeure, qui signe un hymne solaire aux vies brèves mais éclatantes.

4. Miracle en Alabama – Arthur Penn

Il faut bien peser le sens du titre, très approprié mais exempt de toute portée religieuse : le miracle ici, c’est la victoire de l’opiniâtreté humaine sur la réclusion, du mot sur la cécité, de l’amour thérapeutique sur la détresse. Entre sauvagerie et civilisation, spontanéité et contrôle, le travail de retour à la vie qui nous est donné à voir raconte autant le processus d’une guérison qu’il exprime une foi absolue dans les vertus de l’échange et les ressources de l’âme. C’est bouleversant.

5. Tempête à Washington – Otto Preminger

Preminger place sa caméra procédurière au cœur de l’arène politique. Éclairés de l’intérieur, les arcanes du système se déploient en complots souterrains, alliances occultes, mensonges et manigances, sans que l’acuité de l’analyse ne cède le pas à la satire. Car c’est en humaniste libéral que le cinéaste tisse ce réseau prodigieusement dense d’enjeux et de trajectoires, haletant comme un suspense de première classe, et qu’il cherche à stimuler chez le spectateur l’exercice de son libre-arbitre.

6. Le Goût du Saké – Yasujirō Ozu

Le dernier ouvrage du maître japonais joue sur l’accumulation des fonds et des amorces au sein d’un espace légèrement comprimé. Découpage et focales tendent à construire un univers clos, intérieur, unifié, à l’ambition peut-être utopique et inconsciente, mais sans doute concrètement élaboré dans ses fondations. La plénitude est telle que le récit peut se dépouiller peu à peu de toute considération sociale pour aboutir à la vérité d’une seule émotion. On appelle cela un achèvement artistique.

7. L’Enfance d’Ivan – Andreï Tarkovski

Cette enfance n’est pas que celle d’un garçon sacrifié sur l’autel des conflits adultes, il inaugure une seconde jeunesse pour le cinéma russe qui voit sa rhétorique et son imagerie usées revêtir un autre sens. Prenant, dès ce superbe premier long métrage, la pleine mesure d’un art qu’il consacrera à la traduction des courants intérieurs et à la tangibilité de la sensation, l’artiste exalte une ivresse de vie, un onirisme cotonneux qui finissent par se fracasser sur les contingences du réel.

8. L’Ange Exterminateur – Luis Buñuel

Ce joyau d’une subversion tranquille lit en nous ce que l’auteur contemple avec une placidité de terroriste non-violent : la possibilité flagrante d’un retournement de l’éternité, l’inconnu qui nous attend au tournant d’une boucle sans fin. Dissection implacable des névroses réprimées d’une bourgeoisie en effritement, sans valeurs nouvelles à l’horizon, L’Ange est de ces films analysables à perte de vue, et dont le niveau poétique se range parmi les créations les plus cryptiques de l’esprit.

9. Le Couteau dans l’Eau – Roman Polanski

Déployant son récit simplissime dans un décor précisément délimité, ajoutant à ses jeux de pouvoir une bonne dose de tension sexuelle, le film invite à suivre l’évolution d’un couple manifestement en crise, auquel chacun peut s’identifier, et dont l’équilibre précaire se voit perturbé par l’intrusion d’un étranger. Tout en ambiguïté sournoise, tension latente, non-dits vénéneux, c’est un premier coup de maître que l’on peut lire comme une déclinaison retorse de L’Avventura, en plus pervers.

10. Cléo de 5 à 7 – Agnès Varda

Le temps d’une ballade faisant sentir en un courant d’air les cafés d’Eustache, la capitale campagnarde de Rivette et l’évidence de Paris si chère à Rohmer, la coquette Cléo se découvre peu à peu, nue face au tragique de l’existence. Mais quand la vérité se dévoile elle n’a plus à s’inquiéter : juste à se soucier d’elle-même. Varda démontre qu’il n’est rien de plus remarquable qu’une intelligence irriguée de sensibilité, et rien de plus rare qu’un esprit épris de gravité autant que de fantaisie.


Sur le banc : Du Silence et des Ombres (Robert Mulligan), Hara-Kiri (Masaki Kobayashi), Lolita (Stanley Kubrick), Mamma Roma (Pier Paolo Pasolini), Le Procès (Orson Welles)…
1963
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1. 8 ½ - Federico Fellini

Œuvre sans titre, simple numéro d’ordre dans une filmographie dont il constitue la plongée sans filet, l’expérience linguistique la plus audacieuse : l’onirisme et le vécu autobiographique, le désir et son objet fuyant, la réminiscence et l’invention pour un auteur rêvant de rivages inconnus. Fellini déchaîne ses associations sensitives et intellectuelles dans un enchevêtrement intime, chaotique, un grand huit vertigineux où il faut se perdre, descendre, toucher le fond pour enfin renaître.

2. Les Oiseaux – Alfred Hitchcock

La fin du monde approche, et une jeune femme va devoir concilier les qualités de mère, de sœur et d’amante pour survivre à l’imprévisible. Hitchcock fait évoluer des techniques sophistiquées en art abstrait (cf. le travail électronique sur le son), pulvérise les barrières du film-catastrophe, fond l’inconscient dans le surnaturel et offre l’aperçu visionnaire d’un fléau sans logique. Un suspense magistral, transcendé par la richesse des métaphores et la virtuosité sidérante de la mise en scène.

3. Le Guépard – Luchino Visconti

Visconti est le peintre du déclin en accords majeurs. Cette apothéose d’une splendeur et d’une vastitude épiques, tissée de rapports de classes, de conversations analytiques, de méditations intimes, n’est pas qu’un requiem pour le passé. C’est aussi la célébration d’un train de vie sensuel et de rituels dépersonnalisés vécus par un artiste politique contemporain, qui fixe l’immobilité voluptueuse des paysages et des portraits de famille comme si ses personnages étaient vivants une dernière fois.

4. Le Feu Follet – Louis Malle

Confidence vénéneuse et fascinante, presque illicite, à la fois impitoyable, car elle filme la vie qui circule dans toutes ses promesses, et respectueuse, car elle le fait par touches, comme pour s’excuser. Il y plane un parfum de fin de règne inexpliqué qui s’accroche au cercle vicieux, infernal, du romantisme et de la réalité. Est-ce la volonté de vivre qui détermine l’idéal ou son refus ? À force d’avoir trop attendu, trop espéré de l’existence, il ne reste qu’un dégoût. L’impuissance à être.

5. Le Mépris – Jean-Luc Godard

À partir de ce qu’il qualifiait de roman de gare, Godard orchestre le déploiement de tous les sens cinématographiques. On ne peut rien extraire ni déplacer d’une telle œuvre, sinon tout s’écroule. Coloré comme du Matisse par larges à-plats de couleurs pures, avec des blancs, des bleus et des rouges qui écrasent les hommes sous l’éclat éblouissant des statues peintes, il fait pénétrer la rigueur du destin dans une histoire sordide et transfigure la question de savoir comment continuer de filmer.

6. Le Cardinal – Otto Preminger

Le passage du film criminel aux "grands sujets" n’a rien altéré du don de Preminger à débusquer, dans les contractures et les convulsions de l’Histoire, les différents visages du mal et la lutte de ceux qui se sont engagés à le combattre. C’est tout l’enjeu de ce portrait admirablement subtil et nuancé, hautement pensé et exprimé, qui traverse les soubresauts idéologiques d’un siècle en crise pour mieux les éprouver à la conscience individuelle d’un serviteur de Dieu. Une fresque passionnante.

7. La Grande Cité – Satyajit Ray

Ténacité à restituer la richesse et la noblesse des existences réputées banales, ouverture au prochain, sens aigu du détail… À ces qualités, Ray ajoute un volontarisme optimiste, un courage de la vie, une modestie de "primitif" qui l’accorde pleinement à ses personnages. Sa caméra bouge, détaille, court, avec un réalisme qui ne l’empêche pas de satisfaire à un souci d’intervention dans les structures sociales de son pays. Car chez lui la poésie du quotidien se redouble de la vérité de la poésie.

8. Le Joli Mai – Chris Marker & Pierre Lhomme

Deux ans après Chronique d’un Été, l’autre jalon capital du cinéma-vérité : un exercice de sciences et de matière humaines aux antipodes des idées reçues, fruit conjoint d’une morale, d’une enquête et d’une méthode. Par l’image (plans d’ensemble somptueux, détails insolites, coupes ironiques ponctuant les interviews) autant que par le commentaire, poétique, charmeur, impertinent, il invite à entrer au contact de la vie même, à atteindre à une pleine conscience sociale et historique du monde.

9. Les Camarades – Mario Monicelli

L’auteur du Pigeon ne fut pas que le portraitiste tendre et grinçant des laissés-pour-compte du miracle économique. Fort d’une reconstitution toute de brumes et de grisaille qui se hausse jusqu’au vérisme puissamment romantique d’un Verga, il analyse ici les motivations élémentaires des combats du passé pour éclairer ceux d’aujourd’hui, et dépeint la condition des travailleurs, les injustices du quotidien avec une vigueur épique et humaniste proches de certaines grandes réussites soviétiques.

10. Le Prix d’un Homme – Lindsay Anderson

Anderson a dit avoir voulu réaliser un film sur nos aspirations, notre égoïsme et notre tristesse. C’est dire si son passage derrière la caméra nous concerne tous, et si l’histoire de cet homme en crise, incapable de surmonter ses inhibitions relationnelles, est susceptible de parler à chacun. Dépouillée sur le plan stylistique, dominée par des flashbacks qui expliquent les raisons d’un échec, l’œuvre inscrit les vertus du mélodrame au sein d’une problématique sociale très subtilement négociée.


Sur le banc : Charade (Stanley Donen), Entre le Ciel et l'Enfer (Akira Kurosawa), Le Petit Soldat (Jean-Luc Godard), Shock Corridor (Samuel Fuller), Une Certaine Rencontre (Robert Mulligan)...
1964
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1. Charulata – Satyajit Ray

À travers des livres lus ou écrits, des amitiés trahies et des amours contrariés, des ambitions littéraires et des rêves politiques, dans les secrets privilégiés aux aveux, dans le roulis d'une balançoire et les demi-ombres d'un verger, dans l'obscurité d'une imprimerie ou le murmure des vagues, dans la violence de la crise puis le calme retrouvé, Ray signe sans doute son plus beau film, où résonnent tous les grondements de l'histoire, toutes les pulsations des cœurs et tous les cris de la vie.

2. Point Limite – Sidney Lumet

Le monde au bord du gouffre, première proposition. Lumet fait siffler une tension insoutenable aux oreilles en orchestrant une succession d’images blanches, découpées dans l’angoisse pétrifiée d’une hécatombe sans guerre. Face au spectre nucléaire il ne reste qu’une action désespérée, mais la stratégie veut qu’on contourne l’erreur humaine en se fiant à la technologie plutôt qu’aux ordres, et bute sur l’absurdité des positions politiques. Une allégorie stupéfiante de la destruction programmée.

3. Docteur Folamour – Stanley Kubrick

Imminence de l’holocauste, seconde proposition. Kubrick dégaine l’épée de Damoclès avec un fol amour du risque, une ampleur délirante, biffe tout prophétisme et coupe court, par l’ironie et le grotesque, aux effets émotionnels comme aux dérives esthétisantes. Contre le champignon atomique s’élevant dans un ciel de splendeur, contre la bombe que les pouvoirs veulent faire aimer, levez-vous, marchez vers la lumière chantée par la tendre chanson finale. Car bientôt ce ne sera plus une plaisanterie.

4. Soy Cuba – Mikhail Kalatozov

L’Histoire n’est ici plus seulement un discours mais aussi un mythe, le récit des origines d’une révolution, d’une île, d’un peuple. Et Cuba le théâtre de l’éternelle guerre entre exploiteurs et exploités, entre l’eau – élément des Américains et de leurs stipendiés – et la terre, qui se remplit de larmes jusqu’à devenir un immense cloaque à ciel ouvert. Film proprement incandescent, brûlé d’un feu intérieur, solaire dans sa promptitude à séparer le pur et le souillé, la lumière et les ténèbres.

5. La Femme des Sables – Hiroshi Teshigahara

Devant l’égarement symbolique de cet entomologiste au fond des dunes, on peut sortir toute la panoplie analytique d’usage : film kafkaïen, beckettien, camusien, illustration du destin absurde de l’homme, parabole politique sur l’exploitation ou méditation sur l’illusion de la liberté. Mais c’est son polymorphisme formel qui compte en premier lieu, sa malléabilité à la fois sablonneuse et liquidienne, son érotisme trouble créant un sentiment de divagation, de claustration, d’étrangeté envoûtant.

6. Pas de Printemps pour Marnie – Alfred Hitchcock

Dans Vertigo Hitchcock racontait l’histoire d’un homme chérissant une femme morte qu’il ne pourrait, de ce fait, jamais posséder. Le sujet est ici modulé en faisant glisser l’objet du désir vers une dimension plus pathologique – la passion éprouvée par le protagoniste est aussi intense que fétichiste. Subtil et troublant, le rapport de forces touille donc à nouveau des eaux délicieusement ambigües, et se double d’un discours sur la mise en scène et la signifiance "transcendante" de celle-ci.

7. Une Femme dans la Tourmente – Mikio Naruse

Koji, le fils cadet, est le seul à estimer la femme qui a préservé le commerce familial. Reiko, cernée par la concurrence, confrontée à des belles-sœurs cherchant à se débarrasser d’elle, est tiraillée entre les convenances et les souvenirs et ne sait pas quoi faire de son amour. Deux personnages superbes, profondément émouvants, dont l’affectivité malmenée s’accorde aux palpitations pudiques d’un artiste qui a rarement donné à ressentir avec une telle tristesse les affres d’un humanisme blessé.

8. Séduite et Abandonnée – Pietro Germi

Germi va loin, il a mauvais goût, aucun sens de la mesure, et c’est pourquoi sa charge implacable contre la tartufferie obscène et grotesque de la petite-bourgeoisie méridionale atteint une telle force de frappe. Procédant à une déformation quasi goyaesque de la réalité, il fait rire en cultivant un sentiment glaçant de peur, exploite les possibilités purgatives du baroque, et exerce avec une verve tonitruante son œil de satiriste engagé contre un certain Occident et une certaine Chrétienté.

9. Onibaba, les Tueuses – Kaneto Shindō

Les joncs de la plaine de Kyoto, jungle de roseaux et de hautes herbes brassées par le vent, en une époque où règnent guerre, famine et abjection. Là se joue un saisissant concert de ruts, de poursuites, de meurtres et d’apparitions, au point de rencontre de l’érotisme et de l’épouvante. Loin des délicatesses convenues de l’art oriental, un paroxysme échevelé y traduit l’instinct de survie et les désirs sexuels de deux femmes poussées par les circonstances aux extrémités de la condition humaine.

10. Il Giovedi – Dino Risi

Il faut du talent pour accorder la précision d’un style aux suggestions du moment, faire exister des personnages à partir du détail le plus mince, tirer des indications ténues d’un scénario minimaliste toute une gamme des sentiments. Ainsi va la trame de cette journée singulière, qui cerne les travers du quotidien, souligne les médiocrités d’une vie ordinaire, mais prend la mesure de l’affection s’instaurant entre un adulte et un enfant : que du futile a priori, que de l’essentiel en réalité.

Sur le banc : Les Félins (René Clément), L'Homme de Rio (Philippe de Broca), La Ragazza (Luigi Comencini), Six Femmes pour l'Assassin (Mario Bava).

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Dernière modification par Thaddeus le 4 févr. 24, 13:18, modifié 68 fois.
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Re: Top 20 des années 60

Message par Thaddeus »

La suite, avec la deuxième moitié.


1965
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1. Barberousse – Akira Kurosawa

Il faut voir la mort en face, éprouver la souffrance sans l’esquiver, partager la trivialité de la douleur et la solennité du passage dans les ombres pour être en mesure de préserver le souffle de la vie. Voilà la morale instruite par Barberousse, et ce par quoi devra passer un jeune médecin avant d’embrasser travail, mariage et existence. Avec cette chronique sociale et initiatique d’une générosité, d’une puissance exceptionnelles, Kurosawa offre au cinéma humaniste l’un de ses chefs-d’œuvre.

2. Le Bonheur – Agnès Varda

C’est un conte de fées sans antagoniste ni menace ou épreuve. Une définition idyllique de la symbiose quotidienne, en ce cœur des années gaullistes, saturée de soleil et de musique. Et de cet émerveillement quasi minnellien, de cette symphonie de bois coupé, de compositions bourgeonnantes et de couleurs pures, de cette exaltation champêtre ancrée dans une quiétude si heureuse qu’elle en devient suspecte, naît une troublante impression d’inaltérabilité. Un joyau à la fois opaque et transparent.

3. Guerre et Paix – Sergueï Bondartchouk

Sept heures de démesure et de lyrisme plastique, dont on sort la mâchoire par terre et les yeux décalqués. Plutôt qu’en recenser les records logistiques, mieux vaut louanger l’audace avec laquelle, des fastes et bals mondains aux immensités des forêts sibériennes, des tableaux d’apocalypse (Moscou en flammes) au gigantisme hallucinant des batailles, ce film grandiose jette l’académisme aux orties et précipite le cyclone des passions dans le formalisme le plus fou. Une œuvre absolument colossale.

4. L’Obsédé – William Wyler

Les voies du cinéma sont parfois bien mystérieuses. Comment expliquer que l’un des représentants les plus illustres du classicisme hollywoodien ait pu livrer une œuvre aussi irriguée de modernité, aussi troublante dans sa thématique, aussi délestée des automatismes formels en vigueur ? Thriller insidieux, étouffant, entretenant une tension permanente et coupant court à toute lecture rassurante, cette pièce policière d’une précision entomologique est un bijou de toxicité à diffusion lente.

5. Répulsion – Roman Polanski

Sous l’effet du Swinging London, Polanski transforme Deneuve avant même qu’elle ne soit malmenée par Buñuel. Il visualise sa désintégration mentale en associant les soins d’esthétique à des toilettes mortuaires, en fixant des hallucinations nées de rêves de vierge fêlée, en faisant de la jeune femme sa propre ennemie, coup de maître par lequel il se crée une place à part dans le cinéma de la psychopathologie. Sorti de l’eau, le couteau est à présent enfoncé bien profondément dans la chair.

6. Juliette des Esprits – Federico Fellini

Comme toujours chez Fellini, le voyage intérieur a valeur d’exorcisme. Sa Juliette ne cesse de confronter son image de femme modeste à celle des autres, semble perdue dans son univers, comme si elle habitait une maison de poupée. Il s’agit pour elle de se débarrasser de l’emprise psychique des vieilles mythologies, d’échapper aux pièges de ses visions extravagantes pour quitter ce monde obsessionnel et aller vers les grands arbres, c’est-à-dire sa nature. Le voyage est en tout point fascinant.

7. Pierrot le Fou – Jean-Luc Godard

Film-synthèse pour Godard, aboutissement d’une démarche poétique où il s’interroge sur l’art, la relation du rêve au réel et l’esprit des formes. Rouge du sang, de la cravate, du feu d’artifice, de la révolte. Bleu du ciel, de la mer, de la tendresse, d’un perroquet, du visage peint à l’heure du suicide. Vert de la nature, du bonheur, de la pinède où chante le couple. Jaune du sable, d’un gyrophare, d’une toile de Picasso. Une ballade repeinte aux couleurs de la vie, de la passion, de la mort.

8. Frontière Chinoise – John Ford

Foin du patriotisme, de la morale et de la religion : le testament fordien inverse les rôles, investit d’ambigüité le royaume du binaire et refuse de faire coïncider les composantes sociales ou affectives avec des catégories stables. Formidable pari esthétique qui abandonne les champs de victoire de la nation américaine, il explore le flamboiement des désirs emmêlés, le non-dit de leurs assouvissements, la grandeur d’une femme courageuse engagée dans la lutte contre toutes les intolérances.

9. Les Amours d’une Blonde – Miloš Forman

Un très bel exercice d’adresse et d’équilibre, dont tout l’enjeu est de mettre au premier plan, sans basculer dans la charge à traits épais, des situations qui ne seraient que grotesques si elles n’étaient pas perçues d’un regard magnanime. Ici aucun personnage n’est présenté méchamment, ils restent tous dignes d’être aimés malgré leurs défauts. Et quand les voiles tombent, ce qu’ils révèlent est épinglé en moraliste par un cinéaste qui sait manier aussi bien l’humour que le vague à l’âme.

10. Faster, Pussycat ! Kill ! Kill ! – Russ Meyer

Dans le vaste univers du Z et de l’exploitation (qui m’est à peu près inconnu), ce film-culte doit faire office de manifeste et de sommet. Dix ans avant Tobe Hooper, Meyer électrise un schéma archétypal (l’Amérique rurale dégénérée, la famille de psychopathes difformes, la jeune innocente) par de stupéfiants flux d’énergie : corps érigés dans leur toute puissance sexuelle, vitesse et brutalité, combat du muscle et de la machine, expressionnisme élémentaire qui provoque une violente fascination.


Sur le banc : Bunny Lake a disparu (Otto Preminger), Lord Jim (Richard Brooks), Les Poings dans les Poches (Marco Bellocchio), Sandra (Luchino Visconti), La 317ème Section (Pierre Schoendoerffer)...
1966
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1. Persona – Ingmar Bergman

Aller vers, entrer en contact, sceller l’altérité… Puis résister à la fusion, dissembler pour se sentir pleinement exister. Tels sont les vertigineux enjeux du magnum opus bergmanien. Rompant radicalement avec toutes les écoles de figuration, se branchant sans fusible à un niveau de conscience affranchi des modalités du récit, il triture la matière narrative, en extirpe la vie intérieure nue, formalise l’affect pur, et déplie remous et grands fonds du psychisme aux dimensions d’une voie lactée.

2. Andreï Roublev – Andreï Tarkovski

Tout l’effort de Tarkovski est de dénoncer le leurre du progrès matériel et d’exalter par contraste la dignité de la vie intérieure, les vertus d’ascèse et de sacrifice. Rien de plus évident pour incarner sa pensée qu’un peintre d’icônes, à la recherche d’un absolu qui transcende les simulacres du monde terrestre. Structurée en épisodes, pleine de frénésie épique, de visions élégiaques, de ferveur mystique, cette œuvre majestueuse traverse le voile du réel pour atteindre à la pure spiritualité.

3. L’Incompris – Luigi Comencini

Vilipendé puis consacré par la critique, le film atteste de l’attitude ambigüe des élites face à une vision du monde authentiquement populaire. Car c’est avec le regard de l’enfance, désorientant les esprits secs, que Comencini manifeste son approche du rapport affectif, expurgé de tout raisonnement. Il éclaire ce miracle de la vie consistant en une compréhension inconsciente pour l’autre, dont nul ne peut expliquer les raisons. Par-delà le mélodrame, l’émotion qui jaillit touche à l’universel.

4. Le Bon, la Brute et le Truand – Sergio Leone

Étape-clé pour le génial transalpin, qui insuffle à son expression une dimension opératique mais profondément désabusée, la renforce dans sa veine picaresque, la charge d’une gravité nouvelle, l’élargit à des proportions dignes d’un Lean. Fondé sur le basculement permanent des rapports de force et l’ambivalence fondamentale de la nature humaine, le western demeure cet extraordinaire exercice de virtuosité, cocasse et tragique, dont presque chaque scène mérite de figurer dans une anthologie.

5. Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot – Jacques Rivette

On peut comparer la trajectoire tragique de Suzanne, seule, incomprise, enfermée au couvent, à celle d’une héroïne de Mizoguchi. Le voile a remplacé le kimono, la règle monastique s’est substituée à l’étiquette des cours orientales, mais c’est la même spirale implacable du destin. Empreintes d’une photogénie glacée, les scènes glissent avec fluidité comme les feuillets d’un journal intime, rendant sensible la mortification d’une âme et intelligible toute la force de protestation du discours.

6. La Bataille d’Alger – Gillo Pontecorvo

Pour évoquer les opérations menées par les parachutistes français dans la Casbah, Pontecorvo prend du recul, varie les points de vue afin que le spectateur puisse se former une opinion personnelle. Composé de blocs de temps et d’action, retranscrivant le mouvement d’une Histoire faite de méplats et de plis, tissant la trame de la mémoire sans tomber dans l’hagiographie, le film n’adopte pas une froide neutralité mais cherche à retrouver la logique de la guerre, sa folie et sa mécanique secrète.

7. Le Deuxième Souffle – Jean-Pierre Melville

Rien chez le maître du film noir à la française ne peut propulser ses personnages au rang de héros, trop indifférents au temps qui s’écoule et au nouveau visage d’une société qui finit par les rejoindre et les tuer. Entre néoréalisme et mythologie, il fait glisser la concrétude des lieux et des atmosphères dans un monde de plus en plus mental, refuge trompeur contre la logique fratricide de la guerre des gangs. Cette œuvre sèche, funèbre et haletante constitue peut-être l’apothéose de son style.

8. La Bombe – Peter Watkins

Il suffit d’une petite heure au documentariste pour livrer l’aperçu tétanisant de la fin du monde la plus plausible en cette époque de course à l’armement nucléaire. Le commentaire est objectif comme un rapport statistique, les conséquences humaines et matérielles fixées dans toute l’inéluctable réalité du désastre, les images nettes, nues, sans équivoque, et leur contenu ne permet aucune échappatoire à un spectateur interpellé au plus vif de sa conscience. Pour le dire simplement, ça calme.

9. Qui a Peur de Virginia Woolf ? – Mike Nichols

On peut ne pas goûter aux effusions grotesques de cet énorme lavage de linge sale, se sentir séquestré ou voyeur et trouver Taylor et Burton en surrégime permanent (mais ils le font sacrément bien). Reste que cet art de l’injure, ces hostilités chaotiques, ces tombereaux d’alcool, de fureur et d’humour noir laissent un sacré parfum dans la bouche. Celui, pathétique, d’un jeu de la vérité cruel qui finit par faire tomber les masques pour ne plus laisser qu’un sentiment de solitude existentielle.

10. Arabesque – Stanley Donen

Londres brille de mille feux et le méchant d’une morgue de dandy raffiné, le héros a la classe tranquille de Gregory Peck et sa partenaire la beauté ravageuse d’une Sophia à tomber. Autant dire que le jeu de séduction, nourri d’un feu roulant de couleurs satinées, de répliques spirituelles et d’images travaillées à la limite du maniérisme, opère sans frein. Nous amusant comme des petits fous, Donen active à nouveau les vertus euphorisantes du policier grand luxe. Très brillant et sophistiqué.


Sur le banc : Le Héros (Satyajit Ray), Morgan (Karel Reisz), Les Professionnels (Richard Brooks), 10. La Vie de Château (Jean-Paul Rappeneau), Le Voyage Fantastique (Richard Fleischer).
1967
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1. Voyage à Deux – Stanley Donen

Quatre moments de l’histoire d’un couple, sur la même route primesautière du Sud de la France, entremêlés comme autant d’instantanés dont l’incertitude affective relance toujours l’action vers une autre pente où l’émotion fuse, s’inverse, grandit, se libère. Le rythme échevelé, la saturation des couleurs, le traitement éminemment moderne du récit participent d’une même allégresse, mais c’est bien un peu – beaucoup – de nos vies à deux que l’on reconnaît à chaque détour de cet authentique joyau.

2. Le Point de non-retour – John Boorman

Rescapé d’un traquenard, un truand se bat seul contre une mystérieuse et invisible Organisation, métaphore d’un vouloir indifférencié qui n’organise rien de particulier, donc absolument tout. Boorman déplace le film noir vers l’expérimentation à la Resnais : le décor âpre devient un paysage allégorique, la trajectoire du héros finit par dessiner symboliquement la perte de sa sensibilité, de sa liberté, de son consentement à autrui, et la résistance de son corps au monde truqué qu’il l’entoure.

3. Terre en Transe – Glauber Rocha

Rocha a alors 28 ans, et le moins que l’on puisse dire est que sa jeunesse hurle ici comme un animal furieux. En plein marasme idéologique consécutif au coup d’état brésilien, le septième art devançait bien des avant-gardes politiques et s’avérait capable d’interrogations profondes. La preuve avec cette fulgurante gorgée de cinéma novo, qui rompt les amarres du sacro-saint réalisme (critique ou pas) et introduit de plain-pied l’imaginaire et le délire poétique parmi les voies de la perception.

4. Un Homme de Trop – Costa-Gavras

Costa-Gavras filme les opérations d’une colonne de maquisards dans le massif des Cévennes, et c’est toute l’imagerie d’Epinal qui est liquidée, tout le cinéma de guerre et d’action qui se découvre soudain ringardisé. Substituant aux positions claires le doute et l’ambiguïté morale, à l’académisme de papa les modalités du bruit et de la fureur, son entreprise se place avec vingt ans d’avance au croisement inespéré de Kalatozov (furia formelle) et de McTiernan (maestria déchaînée). Une dinguerie.

5. Les Demoiselles de Rochefort – Jacques Demy

Du jaune pour la blonde Delphine, du mauve pour la brune Solange, et un rouge pailleté – couleur de la passion et de la joie – pour les deux réunies sur scène. L’œuvre n’est que rondes, entrelacs et tourbillons : une sorte de géométrie esthétique à paramètres évolutifs, aussi intarissable qu’une fontaine de jouvence, par laquelle un cinéaste enchanteur donne forme aux élans de béatitude, à la confiance du cœur et à la certitude d’aimer. À la fois un prototype et un achèvement du feel-good-movie.

6. Bonnie et Clyde – Arthur Penn

Passeur au crible de toutes les formes d’instinct de mort qui gouvernent la société, Penn ne se contente pas d’aligner les pillages d’épiceries, les poursuites en limousine ou les déflagrations de poudre. Il transcrit surtout dans un langage pictural d’une tranchante modernité le climat d’une époque où la comédie la plus folle côtoyait le sordide le plus trivial : celle des enfants perdus de la Dépression, pris dans un ballet funèbre sans pour autant connaître la fin libératoire des martyrs.

7. Belle de Jour – Luis Buñuel

Entre un mari qu’elle aime sans le désirer, un maître qui ne travaille pas pour son propre compte et un jeune homme incarnant la force de surgissement et de contagion des fantasmes, Deneuve se libère de ses obsessions, prend la mainmise de sa vie sexuelle et de sa vie tout court. Le surréalisme est là, dans ses rêveries, avec l’authentique esprit révolutionnaire, qui brouille les cartes, dilue les règles du récit cartésien, oblige à entreprendre une réarticulation et interprétation des images.

8. Le Samouraï - Jean-Pierre Melville

D’espace découvert (la passerelle où l’attend un tueur) en labyrinthe (le métro), Jef avance seul vers l’inéluctable fin de partie, et ce héros dont on ne sait rien acquiert une dimension tragique. Avec sa concentration muette de loup traqué, son flegme tendu, sa solitude désespérée, il est une sorte de prêtre du sang et des ténèbres, comme le dernier tigre dans la jungle. Melville fixe sa double fuite dans un univers obsessionnel, glacé, aux limites de la névrose. Aussi fascinant qu’un crotale.

9. Accident – Joseph Losey

Accident esquisse un cercle. Son flash-back est constitué de fragments de souvenirs entremêlés ; à la fin, il y a retour à la case départ. Par sa tonalité et sa rigueur esthétique, il paraît précurseur de certains expérimentalistes contemporains. Mais l’important dans cette satire des meurtres dans les jardins anglais, pleine de figures cataphoriques et de jeux d’ellipse, c’est que structure, image et son collaborent pour donner forme au non-dit le plus trouble, à l’angoisse la plus secrète.

10. Rouges et Blancs - Miklós Jancsó

Titre significatif : les hommes qui se battent pour une cause se transforment en simples pions rouges ou blancs. Une géométrie subtile préside donc à ce ballet macabre, où seuls le sang versé et la chair fragile des corps nus échappent à l’abstraction. Hors de toute psychologie, de toute intrigue clairement articulée, dans un refus très moderne du sens immédiat, le film évoque avec force l’écrasement d’une machine oppressive sans jamais basculer dans l’exaltation de l’idée révolutionnaire.


Sur le banc : La Comtesse de Hong Kong (Charles Chaplin), L'Évaporation de l'Homme (Shōhei Imamura), Guêpier pour trois abeilles (Joseph L. Mankiewicz) Œdipe Roi (Pier Paolo Pasolini), Le Voleur (Louis Malle)...
1968
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1. 2001 : L’Odyssée de l’Espace – Stanley Kubrick

De l’invention de l’arme dans le désert fauve de la préhistoire au combat titanesque avec un ordinateur Cyclope, des somptueuses valses astrales à l’empyrée où la mort permet une renaissance matricielle, Kubrick associe le temps et l’espace comme les deux rimes d’un poème psychédélique et rend au cinéma sa vocation mythique. Aucun film ne laisse aussi fourbu, drogué, subjugué, impuissant à communiquer son expérience mais conscient d’avoir éprouvé le vertige infini de l’homme face à son propre mystère.
En prime, le plus beau trailer du monde.

2. Il était une fois dans l’Ouest – Sergio Leone

Contrairement à ce qu’alléguèrent les puristes, cette saga grandiose ne sonne pas la négation du western mais sa transfiguration, en conjuguant la lenteur lancinante du cinéma japonais, le dépouillement du néoréalisme italien et le sens du décor hollywoodien. Le génie de l’ornementation – véritable chorégraphie de la mort, de la vengeance et de la traîtrise – s’y accorde au lyrisme emphatique d’une plainte funèbre sur la fin des mythes de l’Ouest sauvage. Rarement chant du cygne fut si beau.

3. Rosemary’s Baby – Roman Polanski

Complot contre l’innocence. Les sorciers de Manhattan tissent leur toile autour de la fragile Rosemary, dont la suspicion relève peut-être de la paranoïa, et dont le cauchemar intangible pénètre les zones enfouies du subconscient. La terreur pure envahit une bâtisse victorienne au passé plus que funeste. L’écran est peuplé de monstres ironiques qui prennent le visage de mémères confectionnant de terribles desserts. Et la comptine du générique devient à la fin du film la berceuse de Belzébuth.

4. Je t’aime, je t’aime – Alain Resnais

Pour aimer ce film, qui téléscope un passé si simple, un futur bizarrement antérieur et un présent heureusement continu, il faut aimer le temps. Saynètes et associations de mouvements y forment un ensemble kaléidoscopique qui nous déroute puis nous rattrape par une pirouette. La raison scientifique la dispute à l’onirisme, la survie passe par l’imaginaire, le récit est un jeu permettant de supporter l’inéluctable du conditionnement. Une œuvre follement libre et stimulante, riche et originale.

5. La Nuit des Morts-vivants – George A. Romero

Le grossier shérif, les gens insensibles de la télévision, les bureaucrates de Washington survivent, et la famille, le héros, les valeurs traditionnelles de l’Amérique mordent la poussière. Ce cauchemar cru a donc valeur de parabole : entrailles, chairs dévorées, corps mutilés touchent le nerf d’une époque malade, le monde s’effondre tandis que l’image se désintègre en photogrammes isolés, et le réalisme brut qui se substitue au gothique attendu est celui de la menace la plus contemporaine.

6. L’Enfance Nue – Maurice Pialat

François est un bloc de souffrance muette, dite, montrée, touchée du doigt, avivée par le regard de la caméra, mais jamais expliquée. Pas de regret dans son regard, ni de haine ou d’indifférence. Épousant cette incompréhension mate, Pialat travaille à la désarticulation des plans, à leur totale indépendance. Ce premier film d’une lancinante douleur nous redit sans cesse que si le monde existe sans nous, il nous échappe comme le jeune héros ne cesse de s’échapper de là où on tente de l’enfermer.

7. La Honte – Ingmar Bergman

Le maître poursuit sa douloureuse traversée des ombres – à cette époque, c’est peu dire que son inspiration est noire. Un homme et une femme se voient propulsés au sein d’une guerre incompréhensible qui ébranle les fondements de leur humanité. Effondrement moral, silence de l’artiste perdu devant une réalité qu’il ne maîtrise plus, conception démystifiée de la vie qui met au premier plan le corps et les pulsions... : joyeux programme, mais sans complaisance ni dramatisation, brutal et essentiel.

8. The Swimmer – Frank Perry

Maillot de bain moulant et pieds terreux, Lancaster (superbe) débarque dans le backyard d’une résidence huppée du Connecticut. Départ d’une intrigue conceptuelle où sont démontés l’hypocrisie sociale, le mensonge, le délaissement, la vanité d’une vie vouée à la consommation. Cette quête aux multiples niveaux de lecture fait s’interroger sur les notions de fantasme, de folie, d’aliénation, et convoque les concepts du nouveau départ et de la jeunesse éternelle. On conviendra que ce n’est pas rien.

9. Mémoires du sous-développement – Tomás Gutiérrez Alea

Suivre une heure et demie durant les macérations critiques et désabusées d’un intellectuel bourgeois déçu par son héritage social et par le bilan castriste n’est a priori pas ce qu’il y a de plus sexy. Fort d’une verve stimulante tenant autant de la satire que de la déploration, Alea dépasse pourtant la dimension théorique de son sujet, organise une vivante réflexion sur l’actualité de la révolution, et témoigne d’une assimilation parfaitement maîtrisée des recherches sur l’expression filmique.

10. Le Démon des Femmes – Robert Aldrich

Au début, l’héroïne arpente rêveusement le Walk of Fame de Hollywood Boulevard, et l’ironie d’Aldrich revêt une dimension pathétique. À la fin, une horde de cerbères affamés transforme une innocente publicité domestique en cauchemar carnassier, et souligne explicitement la métaphore : c’est bien l’envers sordide du décor, sa mégalomanie, sa vulgarité, sa gloutonnerie funèbre et autiste que creuse l’auteur, en prenant un plaisir pervers à cultiver l’indistinction entre le réel et l’illusion.


Sur le banc : L'Étrangleur de Boston (Richard Fleischer), Profond Désir des Dieux (Shōhei Imamura).
1969
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1. Satyricon – Federico Fellini

L’œuvre antique de Fellini manifeste la toute-puissance de l’image et libère des résonances infinies. S’ouvrant sur des vapeurs qui pourraient monter du fleuve des morts, célébrant le passage et la ruine de l’homme sur terre, elle rappelle que l’Histoire est la mémoire des désenchantements, et la poésie ce que le temps nous laisse et que nous ornons avec les déjections de nos civilisations. Film de l’audace surpassée, de l’excès sans cesse dominé, sans limites ni timidités : un délire splendide.

2. Ma Nuit chez Maud – Éric Rohmer

Rien n’est plus inventif que les joutes verbales de Rohmer, chez qui la parole est action et anime les personnages. Alors on peut (on doit) discuter sans fin, de la volonté et de la chance, du marxisme et du christianisme, du calcul et du hasard. Inutile de penser ce que l’auteur en pense. Il ne pense pas, il filme. La réflexion nous revient. Miracle de ce cinéma spirituel et profond, chaste et espiègle, où les traits d’esprit le disputent aux tentations libertines et aux exigences de la morale.

3. La Horde Sauvage – Sam Peckinpah

La ferveur et l’action déchaînée de ce grand classique renvoient le reflet d’un monde crépusculaire dont les vautours sont les seuls gardiens. Des scorpions se font dévorer par des fourmis, les milices d’un général mexicain pillent les villages, aventuriers et hors-la-loi crapahutent blessés, lâchés par la marche de l’Histoire… Tout n’est que bruit et fureur, ruine et désolation, et pourtant l’étincelle de l’amitié subsiste, qui offre à l’épopée sa grandeur tragique, sa mélancolie désenchantée.

4. Les Damnés – Luchino Visconti

Lorsque Visconti filme la décadence d’une famille d’industriels allemands compromis avec la politique nazie, cela donne une descente aux enfers d’une noirceur absolue, où le château dynastique, plongé dans une déréliction glaciale, ressemble au royaume d’Elseneur, où des êtres ambigus, mus par des passions ténébreuses, s’affrontent comme les pièces d’un échiquier, où les bacchanales se transforment en ballets mortuaires et sanglants. Une analyse aussi pénétrante qu’effroyable des racines du mal.

5. L’Arrangement – Elia Kazan

Le publiciste interprété par Kirk Douglas, symbole de la réussite sociale, étouffe dans l’empire matériel et affectif qu’il s’est constitué. Il est l’un des personnages-clés de la filmographie de Kazan qui, manifestant sa soif de renouvellement, expose ses grands et petits arrangements avec la vie et évoque le délire des temps nouveaux. Propos aigu, formulé au travers d’audaces narratives et techniques par un cinéaste qui n’entend pas se laisser distancer par les jeunes loups de la modernité.

6. Z – Costa-Gavras

Pour qualifier le phénomène décrit dans son film, Costa-Gavras parle de tumeur cancéreuse. Empoisonnement du sang serait plus indiqué. À la manière d’un juge rassemblant les faits et perçant courageusement tous les fronts politiques, il démontre que la vérité est le meilleur moyen de réveiller les consciences et signe un passionnant thriller qui trouve le parfait équilibre entre agit-prop et enquête, action et réflexion, cinéma d’idées et cinéma-spectacle. Une œuvre noble, utile et responsable.

7. Casanova, un Adolescent à Venise – Luigi Comencini

Enfant chétif élevé par une grand-mère débonnaire et livré très tôt à l’hypocrisie de l’Église, le petit Giacomo découvre seul le monde des adultes. Pour l’appréhender, son père mort d’une trépanation théâtrale, sa mère envolée vers les tréteaux, il va se servir de deux atours naturels, la lucidité et le désir. Ceux de Comencini sont nombreux, qui ne laisse transparaître son souci pédagogique que sous l’aisance de la satire, et qui transcende l’anecdote à un plan de signification universaliste.

8. Macadam Cowboy – John Schlesinger

Dans le bus qui le conduit à Manhattan, transistor collé à l’oreille, un jeune naïf rêve de ces riches matrones sexuellement frustrées n’attendant que de louer ses services. Après avoir rencontré l’escroc minable qui deviendra son compagnon d’infortune, il s’embarque pour un aller simple dans le vortex de l’enfer moderne. Schlesinger dépeint l’errance de ces paumés au cœur des bas-fonds sans perdre des yeux les espoirs d’une époque salement déglinguée. Le Nouvel Hollywood est bel et bien lancé.

9. Une Passion – Ingmar Bergman

La fin de la décennie inaugure pour Bergman une lente remontée vers des eaux moins obscures en même temps qu’elle annonce une ultime mutation de son œuvre. Car si la réflexion sur la désagrégation conjugale est toujours aussi amère et affligée, si elle se développe dans un style toujours plus dépouillé, elle est tempérée par une forme de beauté mélancolique qui naît moins de l’image que de la stupéfiante liberté avec laquelle elle laisse les questions en suspens et les mystères irrésolus.

10. Model Shop – Jacques Demy

Si elle se présente de prime abord comme un Lola à L.A., l’aventure américaine de Demy est davantage une nouvelle descente aux enfers dans la lignée de La Baie des Anges. Le plaisir quasi sensualiste du vagabondage se leste peu à peu de désenchantement, et le pouls de cette ville aux prises avec les contractions politiques s’accorde à de secrets mouvements du cœur. Indolent, grave, faussement acidulé, le film n’a pas à rougir de la comparaison avec les œuvres les plus fameuses de son auteur.


Sur le banc : Alice's Restaurant (Arthur Penn), La Fiancée du Pirate (Nelly Kaplan), Promenade avec l'Amour et la Mort (John Huston), Que la Bête Meure (Claude Chabrol).
Dernière modification par Thaddeus le 14 janv. 24, 17:00, modifié 49 fois.
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Re: Top 20 des années 60

Message par Père Jules »

Une sublime décennie ! Rien que dans mon top 10, je dénombre quatre films tirés de ces années.

1. Le guépard (Luchino Visconti, 1963)
2. Il était une fois dans l'ouest (Sergio Leone, 1968)
3. Le trou (Jacques Becker, 1960)
4. Une vie difficile (Dino Risi, 1961)
5. Les innocents (Jack Clayton, 1961)

Et puis quinze autres sans autre ordre que chronologique:

La garçonnière (Billy Wilder, 1960)
Le voyeur (Michael Powell, 1960)
Les bas-fonds new-yorkais (Samuel Fuller, 1961)
Les dimanches de Ville d'Avray (Serge Bourguignon, 1962)
Harakiri (Masaki Kobayashi, 1962)
Entre le ciel et l'enfer (Akira Kurosawa, 1963)
Huit et demi (Federico Fellini, 1963)
Shock Corridor (Samuel Fuller, 1963)
Chut, chut, chère Charlotte (Robert Aldrich, 1964)
Andreï Roublev (Andreï Tarkovski, 1966)
Blow-up (Michelangelo Antonioni, 1966)
Le deuxième souffle (Jean-Pierre Melville, 1966)
Le point de non-retour (John Boorman, 1967)
The Swimmer (Frank Perry, 1968)
La horde sauvage (Sam Peckinpah, 1969)
Dernière modification par Père Jules le 29 déc. 14, 00:42, modifié 3 fois.
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Re: Top 20 des années 60

Message par cinéfile »

1. La Garçonnière (B. Wilder, 1960)
2. The Party (B. Edwards, 1968)
3. Rosemary's Baby (R. Polanski, 1968)
4. Ma Nuit chez Maud (E. Rohmer, 1969)
5. Hombre (M. Ritt, 1967)
6. Le Dernier Face à Face (S. Sollima, 1967)
7. Plein Soleil (R. Clément, 1960)
8. Que la Bête Meure (C. Chabrol, 1969)
9. Baisers Volés (F. Truffaut, 1968)
10. Psychose (A. Hitchcock, 1960)
11. Persona (I. Bergman, 1966)
12. La Peau Douce (F. Truffaut, 1964)
13. The Swimmer (F. Perry, 1968)
14. La 371ème Section (P. Schondorffer, 1965)
15. Le Grand Amour (P. Etaix, 1968)
16. La Panthère Rose (B. Edwards, 1963)
17. Alphaville (JL Godard, 1965)
18. Le Fanfaron (D. Risi, 1962)
19. Diamants sur Canapé (B. Edwards, 1961)
20. La Piscine (J. Deray, 1967)
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Re: Top 20 des années 60

Message par Hitchcock »

Top 20

1. L'Homme qui tua Liberty Valance (John Ford)
2. Lolita (Stanley Kubrick)
3. Psychose (Alfred Hitchcock)
4. Le Guépard (Luchino Visconti)
5. La Garçonnière (Billy Wilder)
6. La Fièvre dans le sang (Elia Kazan)
7. Coups de feu dans la sierra (Sam Peckinpah)
8. Viridiana (Luis Buñuel)
9. Rocco et ses frères (Luchino Visconti)
10. La nuit de l'iguane (John Huston)
11. Bunny lake is missing (Otto Preminger)
12. Les Oiseaux (Alfred Hitchcock)
13. Tempête à Washington (Otto Preminger)
14. Rosemary's Baby (Roman Polanski)
15. Bonnie et Clyde (Arthur Penn)
16. L'Avventura (Michelangelo Antonioni)
17. Le Voyeur (Michael Powell)
18. Comanche Station (Budd Boetticher)
19. Docteur Folamour (Stanley Kubrick)
20. L'armée des ombres (Jean-Pierre Melville)

1960

Psychose (Alfred Hitchcock)
La Garçonnière (Billy Wilder)
Rocco et ses frères (Luchino Visconti)
Le Voyeur (Michael Powell)
L'Avventura (Michelangelo Antonioni)
Comanche Station (Budd Boetticher)
Le Trou (Jacques Becker)
Spartacus (Stanley Kubrick)
Tirez sur le pianiste (François Truffaut)
La Dolce Vita (Federico Fellini)

1961

La Fièvre dans le sang (Elia Kazan)
Viridiana (Luis Buñuel)
La Rumeur (William Wyler)
Divorce à l'italienne (Pietro Germi)
Les Innocents (Jack Clayton)
Les Désaxés (John Huston)
Les 101 Dalmatiens (Clyde Geronimi & Hamilton Luske)
El Perdido (Robert Aldrich)
L'Arnaqueur (Robert Rossen)
Jugement à Nuremberg (Stanley Kramer)

1962

L'Homme qui tua Liberty Valance (John Ford)
Lolita (Stanley Kubrick)
Coups de feu dans la sierra (Sam Peckinpah)
Tempête à Washington (Otto Preminger)
Le Fanfaron (Dino Risi)
Lawrence d'Arabie (David Lean)
Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (Robert Aldrich)
Du silence et des ombres (Robert Mulligan)
L'éclipse (Michelangelo Antonioni)
Le Prisonnier d'Alcatraz (John Frankenheimer)

1963

Le Guépard (Luchino Visconti)
Les Oiseaux (Alfred Hitchcock)
Charade (Stanley Donen)
La Montagne des neuf Spencer (Delmer Daves)
La Grande évasion (John Sturges)
Les Communiants (Ingmar Bergman)
America, America (Elia Kazan)
Main basse sur la ville (Francesco Rosi)
Meurtre au galop (George Pollock)
Irma la Douce (Billy Wilder)

1964

La nuit de l'iguane (John Huston)
Docteur Folamour (Stanley Kubrick)
Mary Poppins (Robert Stevenson)
Le Rideau de brumes (Bryan Forbes)
My Fair Lady (George Cukor)
Embrasse-moi idiot (Billy Wilder)
Chut, chut, chère Charlotte (Robert Aldrich)
La peau douce (François Truffaut)
Le sport favori de l'homme (Howard Hawks)
Le Corniaud (Gérard Oury)

1965

Bunny Lake is missing (Otto Preminger)
Le docteur Jivago (David Lean)
Répulsion (Roman Polanski)
La mélodie du bonheur (Robert Wise)
Les Quatre Fils de Katie Elder (Henry Hathaway)
Les poings dans les poches (Marco Bellocchio)

1966

El Dorado (Howard Hawks)
Blow-Up (Michelangelo Antonioni)
Qui a peur de Virginia Woolf (Mike Nichols)
Le deuxième souffle (Jean-Pierre Melville)
La Canonnière du Yang-Tsé (Robert Wise)
La grande vadrouille (Gérard Oury)
Paris brûle t-il ? (René Clément)

1967

Bonnie et Clyde (Arthur Penn)
Le Lauréat (Mike Nichols)
Devine qui vient diner (Stanley Kramer)
Dans la chaleur de la nuit (Norman Jewison)
Le samouraï (Jean Pierre Melville)
Les douze salopards (Robert Aldrich)
Le livre de la jungle (Wolfgang Reitherman)
Le point de non-retour (John Boorman)
Le bal des vampires (Roman Polanski)
La nuit des généraux (Anatole Litvak)

1968

Rosemary's Baby (Roman Polanski)
L'affaire Thomas Crown (Norman Jewison)
Baisers volés (François Truffaut)
L'étrangleur de Boston (Richard Fleischer)
Duel dans le Pacifique (John Boorman)
Bullitt (Peter Yates)
Le lion en hiver (Anthony Harvey)

1969

L'armée des ombres (Jean-Pierre Melville)
On achève bien les chevaux (Sidney Pollack)
100 dollars pour un shérif (Henry Hathaway)
Easy Rider (Dennis Hopper)
Z (Costa-Gavras)
Kes (Ken Loach)
Dernière modification par Hitchcock le 1 janv. 15, 16:27, modifié 3 fois.
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Jeremy Fox
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Re: Top 20 des années 60

Message par Jeremy Fox »

Mise à jour février 2022 et remis à jour régulièrement

Comanche Station : Budd Boetticher
Model Shop : Jacques Demy
Pierrot le fou : Jean-Luc Godard
Le Mépris : Jean-Luc Godard
Les Oiseaux : Alfred Hitchcock
Au service secret de sa majesté : Peter Hunt
Les Désaxés : John Huston
Reflets dans un œil d'or : John Huston
Le Fleuve sauvage : Elia Kazan
Spartacus : Stanley Kubrick
Lolita : Stanley Kubrick
2001 : Stanley Kubrick
Un homme et une femme : Claude Lelouch
Il faut marier papa : Vincente Minnelli
Le Chevalier des sables :Vincente Minnelli
Coups de feu dans la Sierra : Sam Peckinpah
Liaisons secrètes : Richard Quine
Le Bonheur : Agnès Varda
Alamo : John Wayne
La Garçonnière : Billy Wilder


1960

L'Avventura : Michelangelo Antonioni
le Trou : Jacques Becker
Comanche Station : Budd Boetticher
La Vérité : Henri-George Clouzot
A bout de souffle : Jean-Luc Godard
Le Fleuve sauvage : Elia Kazan
Spartacus : Stanley Kubrick
Liaisons secrètes : Richard Quine
Alamo : John Wayne
La Garçonnière : Billy Wilder

1961

El Perdido : Robert Aldrich
L'Amant de cinq jours : Philippe de Broca
La Soif de la jeunesse : Delmer Daves
La Victime : Basil Dearden
Une Femme est une femme : Jean-Luc Godard
Les Désaxés : John Huston
Le Cid : Anthony Mann
L'Emploi : Ermanno Olmi
Une Vie difficile : Dino Risi
West Side Story : Robert Wise

1962

L'Eclipse : Michelangelo Antonioni
Rome Adventure : Delmer Daves
L'Homme qui tua Liberty Valance : John Ford
Le Prisonnier d'Alcatraz : John Frankenheimer
Hatari : Howard Hawks
Lolita : Stanley Kubrick
Mafioso : Alberto Lattuada
Lawrence d'Arabie : David Lean
Coups de feu dans la Sierra : Sam Peckinpah
Tempête à Washington : Otto Preminger

1963

La Montagne des neuf Spencer : Delmer Daves
Le Mépris : Jean-Luc Godard
Le Petit soldat : Jean-Luc Godard
Les Oiseaux : Alfred Hitchcock
Cléopâtre : Joseph Mankiewicz
Il faut marier papa : Vincente Minnelli
Une certaine rencontre : Robert Mulligan
Le Plus sauvage d'entre tous : Martin Ritt
Le Guépard : Luchino Visconti
Irma la douce : Billy Wilder

1964

My Fair Lady : George Cukor
Zoulou : Cy Enfield
Le Train : John Frankenheimer
Une Femme mariée : Jean-Luc Godard
Le Sport favori de l'homme : Howard Hawks
La Nuit de l'iguane : John Huston
Il Gaucho : Dino Risi
Mary Poppins : Robert Stevenson
Week End à Zuydcote : Henri Verneuil
La Charge de la huitième brigade : Raoul Walsh

1965

Trois chambres à Manhattan : Marcel Carné
Pierrot le fou : Jean-Luc Godard
Les Quatre fils de Katie Elder : Henry Hathaway
Le Kid de Cincinatti : Norman Jewison
Barberousse : Akira Kurosawa
Les Prairies de l'honneur : Andrew V. McLaglen
Le Chevalier des sables : Vincente Minnelli
Le Lâche : Satyajit Ray
Le Bonheur : Agnès Varda
La Mélodie du bonheur : Robert Wise

1966

The Family Way : Roy Boulting
Les Professionnels : Richard Brooks
Frontière chinoise : John Ford
Masculin féminin : Jean-Luc Godard
Un homme et une femme : Claude Lelouch
Le Bon, la brute et le truand : Sergio Leone
La Bataille de la vallée du diable : Ralph Nelson
Détective privé : Jack Smight
Fahrenheit 451 : François Truffaut
La Canonnière du Yang-Tsé : Robert Wise

1967

Le Point de non retour : John Boorman
Tony Rome est dangereux : Gordon Douglas
Deux ou trois choses que je sais d'elle : Jean-Luc Godard
Will Penny : Tom Gries
Reflets dans un œil d'or : John Huston
Vivre pour vivre : Claude Lelouch
La Route de l'Ouest : Andrew V. McLaglen
Nuages épars : Mikio Naruse
Le Lauréat : Mike Nichols
La Collectionneuse : Eric Rohmer

1968

2001 : Stanley Kubrick
Cinq Hors-la-loi : Vincent McEveety
L'Enfance nue : Maurice Pialat
Les Chasseurs de scalps : Sidney Pollack
Oliver : Carol Reed
La Charge de la brigade légère : Tony Richardson
Alexandre le bienheureux : Yves Robert
Police sur la ville : Don Siegel
Baisers volés : François Truffaut
La Mariée était en noir : François Truffaut

1969

Model Shop : Jacques Demy
100 dollars pour un shérif : Henry Hathaway
Au service secret de sa majesté : Peter Hunt
Promenade avec l'amour et la mort : John Huston
Un homme qui me plait : Claude Lelouch
Bob et Carole et Ted et Alice : Paul Mazurksy
La Horde sauvage : Sam Peckinpah
On achève bien les chevaux : Sidney Pollack
Ma nuit chez Maud : Eric Rohmer
La Sirène du Mississippi : François Truffaut
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Père Jules
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Re: Top 20 des années 60

Message par Père Jules »

La femme en ciment, couillu comme choix !
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Jeremy Fox
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Re: Top 20 des années 60

Message par Jeremy Fox »

Père Jules a écrit :La femme en ciment, couillu comme choix !

J'ai eu du mal à trouver 10 films qui me convenaient pour les 4 dernières années de la décennie. Tony Rome a pu donc sans peine s'y glisser à deux reprises. 8)
Hitchcock
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Re: Top 20 des années 60

Message par Hitchcock »

Jeremy Fox a écrit : 3- Coups de feu dans la Sierra : Sam Peckinpah
5- La Garçonnière : Billy Wilder
6- La Nuit de l'iguane : John Huston
8- Lolita : Stanley Kubrick
12- Comanche Station : Budd Boetticher
14- Les Désaxés : John Huston
15- Le Fleuve sauvage : Elia Kazan
16- Spartacus : Stanley Kubrick
17- Les Oiseaux : Alfred Hitchcock
18- Alamo : John Wayne
20- Spencer's Mountain : Delmer Daves
8)
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Rick Blaine
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Re: Top 20 des années 60

Message par Rick Blaine »

Bon, j'avais fait l'exercice pour les 10 ans et je ne sais pas quelle combinaison de touche j'ai fait, l'onglet s'est fermé. :x
J'avais fini, j'y ai passé une heure. :evil:
Je ne le referais pas, c'est trop long.

Je voulais juste dire, Jeremy, Patton en 1969 c'est triché. :fiou: :mrgreen:
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Watkinssien
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Re: Top 20 des années 60

Message par Watkinssien »

Sans ordre particulier :

1/ 2001 : a Space Odyssey de Stanley Kubrick

2/ Le Guépard de Luchino Visconti

3/ A Bout de Souffle de Jean-Luc Godard

4/ Lola de Jacques Demy

5/ Le Samourai de Jean-Pierre Melville

6/ C'era una Volta il West de Sergio Leone

7/ On achève bien les chevaux de Sydney Pollack

8/ Le lauréat de Mike Nichols

9/ La horde sauvage de Sam Peckinpah

10/ Dr. No de Terence Young

11/ Goldfinger de Guy Hamilton

12/ Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophuls

13/ The Servant de Joseph Losey

14/ Psycho d'Alfred Hitchcock

15/ West Side Story de Jerome Robbins et Robert Wise

16/ Les Bonnes Femmes de Claude Chabrol

17/ The Misfits de John Huston

18/ Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard

19/ Le bon, la brute et le truand de Sergio Leone

20/ La Dolce Vita de Federico Fellini
Dernière modification par Watkinssien le 4 mai 22, 13:12, modifié 1 fois.
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scottspeed
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Re: Top 20 des années 60

Message par scottspeed »

Très beaux tops annuels commentés Thaddeus, qui donne envie de se replonger immédiatement dans de nombreux films.

Mon top 20 n'est probablement pas très original, et c'est difficile de départager ces oeuvres maitresses !

1 - La Fièvre dans le sang (Elia Kazan, 1961)
2 - La Garçonnière (Billy Wilder, 1960)
3 - 2001, l'Odyssée de L'espace (Stanley Kubrick, 1968)
4 - Docteur Folamour (Stanley Kubrick, 1964)
5 - Bonnie and Clyde (Arthur Penn, 1967)
6 - Butch Cassidy et le Kid (George Roy Hill, 1969)
7 - Psychose (Alfred Hitchcock, 1960)
8 - Blow-Up (Michelangelo Antonioni, 1966)
9 - Macadam Cowboy (John Schlesinger, 1969)
10 - La Nuit des morts vivants (George A. Romero, 1968)
11 - La Source (Ingmar Bergman, 1960)
12 - Rosemary's Baby (Roman Polanski, 1968)
13 - Shock Corridor (Samuel Fuller, 1963)
14 - Qui a peur de Virginia Woolf ? (Mike Nichols, 1966)
15 - Accattone (Pier Paolo Pasolini, 1961)
16 - Les Oiseaux (Alfred Hitchcock, 1963)
17 - Embrasse-moi, idiot (Billy Wilder, 1964)
18 - Les Producteurs (Mel Brooks, 1968)
19 - Baisers volés (François Truffault, 1968)
20 - La Jetée (Chris Marker, 1962)
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Jeremy Fox
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Re: Top 20 des années 60

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit : Je voulais juste dire, Jeremy, Patton en 1969 c'est triché. :fiou: :mrgreen:

Ah oui exact :oops: Remplacé par Charles mort ou vif de Tanner
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Karras
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Re: Top 20 des années 60

Message par Karras »

Jeremy Fox a écrit : Qui a tué Virginia Woolf : Mike Nichols
Qui a peur de Pamela Rose ? :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Top 20 des années 60

Message par Jeremy Fox »

Karras a écrit :
Jeremy Fox a écrit : Qui a tué Virginia Woolf : Mike Nichols
Qui a peur de Pamela Rose ? :mrgreen:

:fiou: :oops:
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