Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
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Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
Je vous propose dans ce topic de faire une rétrospective personnelle de l’œuvre cinématographique de Sacha Guitry. Ma collection de livres sur Guitry commence à prendre beaucoup de place et je me sens l’audace de m’attaquer à cette critique toute subjective de l’œuvre de cet immense artiste.
Je commencerai par les 36 films qu’il a réalisées et si la motivation est toujours là (et si je parviens au bout de cette liste), je m’attaquerai aux films tirés de son œuvre.
Entre 1914 et 1957, Guitry réalise 36 films dont seulement 17 sont tirés de son théâtre contre 19 réalisés à partir de scénarios originaux.
« Je suis né le 21 février 1885. Cette révélation n’a rien pour le lecteur qui soit très émouvant, je m’en rends compte, mais l’on voudra bien convenir que, pour moi, c’est une date. »
Sacha est donc plus vieux que le cinéma et grandi au moment où le cinéma est muet. Lui qui dès l’âge de 17 ans a fait parler les acteurs au théâtre ne peut se satisfaire de cette situation. En 1912, lorsqu’il est interrogé sur le cinéma, il répond de manière définitive :
J’estime que le cinématographe n’est déjà plus à son apogée ! J’estime que son influence a été déplorable (...) sur le public. J’estime que le cinématographe a tenté de faire au théâtre une concurrence déloyale en truquant et en tronquant les œuvres dramatiques. J’estime enfin que les auteurs sont coupables d’encourager l’extension faussement artistique d’une invention merveilleuse qui n’aurait jamais dû cesser d’être ce qu’elle est en réalité : purement scientifique.
Lorsque le cinématographe nous fait assister aux chutes du Niagara, à la naissance d’un oiseau, au vol d’un aéroplane, à un combat de boxe, en un mot chaque fois qu’il reproduit pour nous de la vie, il nous procure un plaisir sans pareil, instructif et passionnant. Mais lorsqu’il nous propose Ruy Blas(...), il trompe le public, il n’atteint pas son but et il se discrédite.
On le voit ce qui l’intéresse dans cette invention qui ne parle pas encore, c’est l’aspect documentaire, le témoignage pour les générations futures.
C’est exactement ce qu’il fera dans le documentaire Ceux de chez nous en 1915 même si, mis à part deux autres films très courts, ce sera sa seule incursion dans le cinéma muet. Il faudra attendre l’arrivée du cinéma parlant pour qu’il donne enfin la pleine mesure de son talent derrière (et devant) une caméra.
Chacune de ses cinq femmes a également eu un rôle dans sa relation avec le cinéma et particulièrement les 3 dernières qui ont toutes joué dans ses films et au théâtre. Chacune a également souffert, sauf peut-être la dernière, de la porosité permanente entre leur vie et le théâtre de leur mari. Guitry considérait en effet que la frontière entre sa vie privée et le théâtre n’existait pas, d’où des impacts certains sur son cinéma à chaque instant important de sa vie personnelle.
Pour finir sur le rapport entre Guitry et le cinéma, il est également important d’avoir à l’esprit que Guitry le considérait comme un art « deuxième » après celui du théâtre qui surpasse tout, d’où les accusations de « mise en conserve » du théâtre ». D’autre part et par conséquent peut-être, il n’a jamais été réellement reconnu jusqu’aux grands films historiques des années 1950 comme un réalisateur mais comme un auteur de théâtre. Il aura donc fallu du temps pour que son talent de cinéaste soit reconnu par la majorité et particulièrement les critiques.
La liste des films de Guitry chroniqués ici :
Période muette :
- 1914 : Oscar rencontre Mlle Mamageot 1/10
- 1915 : Ceux de chez nous 5/10
- 1918 : Un Roman d’amour et d’aventure film perdu
- 1922 : Une petite main qui se place film perdu
Période parlante
- 1934 : Dîner de gala aux ambassadeurs 5/10
- 1935 : Pasteur 6/10
- 1935 : Bonne chance ! 9/10
- 1936 : Le Nouveau Testament 6,5/10
- 1936 : Le Roman d'un tricheur 10/10
- 1936 : Mon père avait raison
- 1936 : Faisons un rêve
- 1937 : Le Mot de Cambronne
- 1937 : Désiré
- 1937 : Les Perles de la Couronne
- 1937 : Quadrille
- 1938 : Remontons les Champs-Élysées
- 1939 : Ils étaient neuf célibataires
- 1941 : Le Destin fabuleux de Désirée Clary
- 1942 : La Loi du 21 juin 1907
- 1943 : Donne-moi tes yeux
- 1943 : La Malibran
- 1944 : De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain
- 1947 : Le Comédien
- 1948 : Le Diable boiteux
- 1949 : Aux deux colombes
- 1949 : Toâ
- 1950 : Tu m'as sauvé la vie
- 1950 : Le Trésor de Cantenac
- 1951 : Deburau
- 1951 : La Poison
- 1952 : Je l'ai été trois fois
- 1953 : La Vie d'un honnête homme
- 1953 : Si Versailles m'était conté...
- 1955 : Napoléon
- 1955 : Si Paris nous était conté
- 1957 : Assassins et Voleurs
- 1957 : Les trois font la paire
Je commencerai par les 36 films qu’il a réalisées et si la motivation est toujours là (et si je parviens au bout de cette liste), je m’attaquerai aux films tirés de son œuvre.
Entre 1914 et 1957, Guitry réalise 36 films dont seulement 17 sont tirés de son théâtre contre 19 réalisés à partir de scénarios originaux.
« Je suis né le 21 février 1885. Cette révélation n’a rien pour le lecteur qui soit très émouvant, je m’en rends compte, mais l’on voudra bien convenir que, pour moi, c’est une date. »
Sacha est donc plus vieux que le cinéma et grandi au moment où le cinéma est muet. Lui qui dès l’âge de 17 ans a fait parler les acteurs au théâtre ne peut se satisfaire de cette situation. En 1912, lorsqu’il est interrogé sur le cinéma, il répond de manière définitive :
J’estime que le cinématographe n’est déjà plus à son apogée ! J’estime que son influence a été déplorable (...) sur le public. J’estime que le cinématographe a tenté de faire au théâtre une concurrence déloyale en truquant et en tronquant les œuvres dramatiques. J’estime enfin que les auteurs sont coupables d’encourager l’extension faussement artistique d’une invention merveilleuse qui n’aurait jamais dû cesser d’être ce qu’elle est en réalité : purement scientifique.
Lorsque le cinématographe nous fait assister aux chutes du Niagara, à la naissance d’un oiseau, au vol d’un aéroplane, à un combat de boxe, en un mot chaque fois qu’il reproduit pour nous de la vie, il nous procure un plaisir sans pareil, instructif et passionnant. Mais lorsqu’il nous propose Ruy Blas(...), il trompe le public, il n’atteint pas son but et il se discrédite.
On le voit ce qui l’intéresse dans cette invention qui ne parle pas encore, c’est l’aspect documentaire, le témoignage pour les générations futures.
C’est exactement ce qu’il fera dans le documentaire Ceux de chez nous en 1915 même si, mis à part deux autres films très courts, ce sera sa seule incursion dans le cinéma muet. Il faudra attendre l’arrivée du cinéma parlant pour qu’il donne enfin la pleine mesure de son talent derrière (et devant) une caméra.
Chacune de ses cinq femmes a également eu un rôle dans sa relation avec le cinéma et particulièrement les 3 dernières qui ont toutes joué dans ses films et au théâtre. Chacune a également souffert, sauf peut-être la dernière, de la porosité permanente entre leur vie et le théâtre de leur mari. Guitry considérait en effet que la frontière entre sa vie privée et le théâtre n’existait pas, d’où des impacts certains sur son cinéma à chaque instant important de sa vie personnelle.
Pour finir sur le rapport entre Guitry et le cinéma, il est également important d’avoir à l’esprit que Guitry le considérait comme un art « deuxième » après celui du théâtre qui surpasse tout, d’où les accusations de « mise en conserve » du théâtre ». D’autre part et par conséquent peut-être, il n’a jamais été réellement reconnu jusqu’aux grands films historiques des années 1950 comme un réalisateur mais comme un auteur de théâtre. Il aura donc fallu du temps pour que son talent de cinéaste soit reconnu par la majorité et particulièrement les critiques.
La liste des films de Guitry chroniqués ici :
Période muette :
- 1914 : Oscar rencontre Mlle Mamageot 1/10
- 1915 : Ceux de chez nous 5/10
- 1918 : Un Roman d’amour et d’aventure film perdu
- 1922 : Une petite main qui se place film perdu
Période parlante
- 1934 : Dîner de gala aux ambassadeurs 5/10
- 1935 : Pasteur 6/10
- 1935 : Bonne chance ! 9/10
- 1936 : Le Nouveau Testament 6,5/10
- 1936 : Le Roman d'un tricheur 10/10
- 1936 : Mon père avait raison
- 1936 : Faisons un rêve
- 1937 : Le Mot de Cambronne
- 1937 : Désiré
- 1937 : Les Perles de la Couronne
- 1937 : Quadrille
- 1938 : Remontons les Champs-Élysées
- 1939 : Ils étaient neuf célibataires
- 1941 : Le Destin fabuleux de Désirée Clary
- 1942 : La Loi du 21 juin 1907
- 1943 : Donne-moi tes yeux
- 1943 : La Malibran
- 1944 : De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain
- 1947 : Le Comédien
- 1948 : Le Diable boiteux
- 1949 : Aux deux colombes
- 1949 : Toâ
- 1950 : Tu m'as sauvé la vie
- 1950 : Le Trésor de Cantenac
- 1951 : Deburau
- 1951 : La Poison
- 1952 : Je l'ai été trois fois
- 1953 : La Vie d'un honnête homme
- 1953 : Si Versailles m'était conté...
- 1955 : Napoléon
- 1955 : Si Paris nous était conté
- 1957 : Assassins et Voleurs
- 1957 : Les trois font la paire
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- onvaalapub
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Liste qui recense tous les films de Sacha Guitry (1885-1957)
Je reprends ma liste des DVD déjà posté dans le topic Guitry :
Réalisateur
1914
Oscar rencontre Mlle Mamageot - Copie existante - Coffret DVD LMLR Sacha Guitry - Né Pour Séduire
1915
Ceux de chez nous - Copie existante - Coffret DVD LMLR Sacha Guitry - Né Pour Séduire
1922
Une petite main qui se place - Etat inconnu
1934
Dîner de gala aux ambassadeurs (court métrage) - Copie existante - Coffret DVD LMLR Sacha Guitry - Né Pour Séduire
1935
Pasteur - Copie existante - DVD René Chateau
Bonne chance ! - Copie existante - DVD René Chateau
1936
Le Nouveau Testament - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or
Le Roman d'un tricheur - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or / DVD Gaumont
Mon père avait raison - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or / DVD Gaumont
Faisons un rêve - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or / DVD Gaumont
1937
Le Mot de Cambronne (moyen métrage) - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or
Désiré - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or
Les Perles de la Couronne - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or
Quadrille - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or
1938
Remontons les Champs-Élysées - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or
1939
Ils étaient neuf célibataires - Copie existante - Coffret Studio Canal Sacha Guitry / DVD Studiocanal
1941
Le Destin fabuleux de Désirée Clary - Copie existante - DVD René Chateau
1942
La Loi du 21 juin 1907 (court métrage) - Etat inconnu
1943
Donne-moi tes yeux - Copie existante - Coffret Studio Canal Sacha Guitry
La Malibran - Copie existante - DVD Pathé
1944
De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain - Copie existante - Coffret DVD LMLR Sacha Guitry - Né Pour Séduire
1947
Le Comédien - Copie existante - DVD LCJ
1948
Le Diable boiteux - Copie existante - DVD MK2
1949
Aux deux colombes - Copie Existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, Un esprit français / DVD Gaumont à la demande
Toâ - Copie existante - Coffret Studio Canal Sacha Guitry
1950
Tu m'as sauvé la vie - Copie existante
Le Trésor de Cantenac - Copie Existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, Un esprit français
1951
Deburau - Copie existante - DVD Pathé
La Poison - Copie Existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, Un esprit français / DVD/BR Gaumont
1952
Je l'ai été trois fois - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, Un esprit français
1953
La Vie d'un honnête homme - Copie existante - DVD René Chateau
Si Versailles m'était conté... - Copie existante - DVD René Chateau
1955
Napoléon - Copie existante - DVD René Chateau
Si Paris nous était conté - Copie existante - DVD René Chateau
1957
Assassins et Voleurs - Copie existante - DVD René Chateau
Les trois font la paire - Copie existante - DVD René Chateau
Scénariste
1931
Le Blanc et le Noir - Copie existante - VHS Canal Plus Video
1938
L'Accroche-cœur - Copie existante - DVD Gaumont à la demande
1951
Adhémar ou le Jouet de la Fatalité - Copie existante - DVD René Chateau / Coffret Gaumont Sacha Guitry, Un esprit français / DVD Gaumont à la Demande
Films tirés de son œuvre
1958
La Vie à Deux - Copie existante - DVD René Chateau
1960
Au Voleur! - Copie existante - DVD René Chateau
1995
Beaumarchais, l'insolent - Copie existante - DVD StudioCanal
1996
Désiré - Copie existante - DVD Collection Belmondo
Le Comédien - Copie existante
1997
Quadrille - Copie existante - VHS Bmg Video
2000
Un Crime au Paradis - Copie existante - DVD StudioCanal
Réalisateur
1914
Oscar rencontre Mlle Mamageot - Copie existante - Coffret DVD LMLR Sacha Guitry - Né Pour Séduire
1915
Ceux de chez nous - Copie existante - Coffret DVD LMLR Sacha Guitry - Né Pour Séduire
1922
Une petite main qui se place - Etat inconnu
1934
Dîner de gala aux ambassadeurs (court métrage) - Copie existante - Coffret DVD LMLR Sacha Guitry - Né Pour Séduire
1935
Pasteur - Copie existante - DVD René Chateau
Bonne chance ! - Copie existante - DVD René Chateau
1936
Le Nouveau Testament - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or
Le Roman d'un tricheur - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or / DVD Gaumont
Mon père avait raison - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or / DVD Gaumont
Faisons un rêve - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or / DVD Gaumont
1937
Le Mot de Cambronne (moyen métrage) - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or
Désiré - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or
Les Perles de la Couronne - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or
Quadrille - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or
1938
Remontons les Champs-Élysées - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, L'âge d'or
1939
Ils étaient neuf célibataires - Copie existante - Coffret Studio Canal Sacha Guitry / DVD Studiocanal
1941
Le Destin fabuleux de Désirée Clary - Copie existante - DVD René Chateau
1942
La Loi du 21 juin 1907 (court métrage) - Etat inconnu
1943
Donne-moi tes yeux - Copie existante - Coffret Studio Canal Sacha Guitry
La Malibran - Copie existante - DVD Pathé
1944
De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain - Copie existante - Coffret DVD LMLR Sacha Guitry - Né Pour Séduire
1947
Le Comédien - Copie existante - DVD LCJ
1948
Le Diable boiteux - Copie existante - DVD MK2
1949
Aux deux colombes - Copie Existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, Un esprit français / DVD Gaumont à la demande
Toâ - Copie existante - Coffret Studio Canal Sacha Guitry
1950
Tu m'as sauvé la vie - Copie existante
Le Trésor de Cantenac - Copie Existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, Un esprit français
1951
Deburau - Copie existante - DVD Pathé
La Poison - Copie Existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, Un esprit français / DVD/BR Gaumont
1952
Je l'ai été trois fois - Copie existante - Coffret Gaumont Sacha Guitry, Un esprit français
1953
La Vie d'un honnête homme - Copie existante - DVD René Chateau
Si Versailles m'était conté... - Copie existante - DVD René Chateau
1955
Napoléon - Copie existante - DVD René Chateau
Si Paris nous était conté - Copie existante - DVD René Chateau
1957
Assassins et Voleurs - Copie existante - DVD René Chateau
Les trois font la paire - Copie existante - DVD René Chateau
Scénariste
1931
Le Blanc et le Noir - Copie existante - VHS Canal Plus Video
1938
L'Accroche-cœur - Copie existante - DVD Gaumont à la demande
1951
Adhémar ou le Jouet de la Fatalité - Copie existante - DVD René Chateau / Coffret Gaumont Sacha Guitry, Un esprit français / DVD Gaumont à la Demande
Films tirés de son œuvre
1958
La Vie à Deux - Copie existante - DVD René Chateau
1960
Au Voleur! - Copie existante - DVD René Chateau
1995
Beaumarchais, l'insolent - Copie existante - DVD StudioCanal
1996
Désiré - Copie existante - DVD Collection Belmondo
Le Comédien - Copie existante
1997
Quadrille - Copie existante - VHS Bmg Video
2000
Un Crime au Paradis - Copie existante - DVD StudioCanal
Dernière modification par onvaalapub le 27 juin 16, 14:07, modifié 2 fois.
- Jeremy Fox
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
tant que tu dis enormement de bien de Bonne chance et Les perles de la couronne, je soutiens sans probleme ta retrospective
treve de plaisanterie, je te lirai avec plaisir et te souhaite bon courage dans ton entreprise
treve de plaisanterie, je te lirai avec plaisir et te souhaite bon courage dans ton entreprise
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
Je te souhaite également bon courage, onvaalapub !
Hâte de lire tes chroniques.
Hâte de lire tes chroniques.
- onvaalapub
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
Merci pour vos encouragements, la route sera longue !
Alors commençons.
1914 - Oscar rencontre Mademoiselle Mamageot
Petite farce sans prétention réalisée en 1914 par Sacha Guitry. Il s’agirait donc du premier passage de Sacha Guitry derrière la caméra. L’argument est d’ailleurs on ne peut plus simple :
Oscar aime Mademoiselle Mamageot mais ses parents refusent. Il se fait engager comme valet par ces derniers pour être près de la dame de ses pensées mais est très maladroit et casse toute la vaisselle. Les parents sont furieux, il présente sa carte et tout est bien qui finit bien…
Une intrigue simplissime, un film de 5 minutes avec des maladresses qui obscurcissent la narration, une première ébauche très brouillonne donc.
Note : 1/10
1915 – Ceux de Chez Nous
Nous sommes en 1915, la parution en novembre 1914 du Manifeste des 93 traduit et publié en français par la Revue Scientifique permet de montrer le soutien des intellectuels allemands au Kaiser et à la l’Empire Allemand. Face à cela, Guitry, sincèrement convaincu du « génie français » décide de réagir à la fois pour servir la propagande française et pour fixer sur la pellicule les grands hommes français. Ce sera le documentaire Ceux de chez Nous.
Le film tel qu’il nous est présenté dans les copies existantes n’est pas identique à celui présenté par Sacha pour la première fois le 22 novembre 1915. En effet, il y aurait eu des séquences de Sacha Guitry et de son épouse du moment, Charlotte Lysès, se rendant en voiture et rencontrant les célébrités qui apparaissent à l’écran. Guitry, soucieux de contourner le problème du muet, « postsynchronise » avec sa femme à chaque représentation les dialogues inaudibles dans le film.
Divorcé depuis très longtemps de Charlotte Lysès, Guitry remonte le film en 1951 pour une émission de Frédéric Rossif. Seul Guitry est donc visible dans le film pour ce qui restera sa première apparition. La version de 1915 durait 22 minutes, celle de 1951 44, avec des plans de Sacha Guitry dans son bureau présentant et commentant la vie et les actions des grands hommes. On y voit donc successivement André Antoine, Sarah Bernhardt, Edgar Degas, Henri Desfontaines, Jane Faber, Anatole France, Lucien Guitry, Octave Mirbeau, Claude Monet, Auguste Renoir, Henri-Robert, Auguste Rodin, Edmond Rostand, Camille Saint-Saëns. Pour l’anecdote, Renoir peignant est accompagné de son film Claude Renoir, que Guitry présente comme étant Jean Renoir, alors que celui-ci venait d’être blessé à la jambe et n’aurait donc pu se tenir debout.
Ce qui démarque ce documentaire de beaucoup d’autres, c’est que Guitry demande aux personnalités de témoigner de leur art. Ils sont donc tous en action sauf Sarah Bernhardt (amputé de l jambe droite) et Octave Mirbeau qui mourra quelques jours après les prises de vues). On y voit donc Renoir peindre, Camille Saint-Saëns mimer la direction d’orchestre et jouer au piano, Edmond Rostand écrire, etc. Ces images restent aujourd’hui un témoignage unique de la physionomie et l’attitude de tous ces grands hommes qui déjà en 1915 faisait figure de survivants.
On peut donc dire que ce documentaire est à voir absolument pour tous les curieux de l’Histoire, ne serait-ce que pour voir ces grands hommes qui pour la plupart n’ont été bien évidemment que peu filmés même si ce n'est pas dans ce documentaire que l’on trouvera le génie cinématographique de Sacha Guitry.
1917 - Un Roman d’amour et d’aventure
Tourné en décembre 1917 par Louis Mercanton et René Hervil, ce court métrage est le seul film réunissant Sacha Guitry et Yvonne Printemps. Déjà, Sacha Guitry se sert du cinéma pour s’amuser et pour expérimenter des situations irréalisables au théâtre. En effet, il joue lui-même un double rôle puisqu’il interprète un banquier qui a un frère jumeau, thème de son dernier film. De plus, ce dernier veut vivre de sa plume (hommage aux écrivains) et, pour se suicider car la femme qu’il aime a choisi son frère, il demande à un cambrioleur de le tuer quand il ne s’y attendra pas. Or c’est exactement ce que demande Jean Poiret à Michel Serrault dans Assassins et Voleurs… Ni Sacha, frustré de n’avoir pas pu parler dans le film, ni Yvonne ne garderont un souvenir impérissable du tournage et du résultat.
Un journaliste lui demande quelques années plus tard comment il trouve le film. Réponse : « Je ne le trouve plus, cher ami, il a disparu ». Et effectivement le film semble perdu aujourd’hui.
1922 – Une petite main qui se place
Prologue de la pièce éponyme, ce court métrage est présumé perdu aujourd’hui.
1934 – Dîner de Gala aux Ambassadeurs
Court métrage d’une durée de 5 minutes avec une succession de trois sketchs mettant en scène Pauline Carton qui pousse la chansonnette, Gaston Severin qui est sauvé d’un cambriolage par Sacha Guitry et enfin Pauley qui profite des charmes de Colette Mars. On y retrouve le bagou de Pauline Carton, des cambrioleurs et la place centrale du téléphone, trois constantes de l’œuvre de Guitry.
Note : 5/10
A suivre : Pasteur, 1935
Alors commençons.
1914 - Oscar rencontre Mademoiselle Mamageot
Petite farce sans prétention réalisée en 1914 par Sacha Guitry. Il s’agirait donc du premier passage de Sacha Guitry derrière la caméra. L’argument est d’ailleurs on ne peut plus simple :
Oscar aime Mademoiselle Mamageot mais ses parents refusent. Il se fait engager comme valet par ces derniers pour être près de la dame de ses pensées mais est très maladroit et casse toute la vaisselle. Les parents sont furieux, il présente sa carte et tout est bien qui finit bien…
Une intrigue simplissime, un film de 5 minutes avec des maladresses qui obscurcissent la narration, une première ébauche très brouillonne donc.
Note : 1/10
1915 – Ceux de Chez Nous
Nous sommes en 1915, la parution en novembre 1914 du Manifeste des 93 traduit et publié en français par la Revue Scientifique permet de montrer le soutien des intellectuels allemands au Kaiser et à la l’Empire Allemand. Face à cela, Guitry, sincèrement convaincu du « génie français » décide de réagir à la fois pour servir la propagande française et pour fixer sur la pellicule les grands hommes français. Ce sera le documentaire Ceux de chez Nous.
Le film tel qu’il nous est présenté dans les copies existantes n’est pas identique à celui présenté par Sacha pour la première fois le 22 novembre 1915. En effet, il y aurait eu des séquences de Sacha Guitry et de son épouse du moment, Charlotte Lysès, se rendant en voiture et rencontrant les célébrités qui apparaissent à l’écran. Guitry, soucieux de contourner le problème du muet, « postsynchronise » avec sa femme à chaque représentation les dialogues inaudibles dans le film.
Divorcé depuis très longtemps de Charlotte Lysès, Guitry remonte le film en 1951 pour une émission de Frédéric Rossif. Seul Guitry est donc visible dans le film pour ce qui restera sa première apparition. La version de 1915 durait 22 minutes, celle de 1951 44, avec des plans de Sacha Guitry dans son bureau présentant et commentant la vie et les actions des grands hommes. On y voit donc successivement André Antoine, Sarah Bernhardt, Edgar Degas, Henri Desfontaines, Jane Faber, Anatole France, Lucien Guitry, Octave Mirbeau, Claude Monet, Auguste Renoir, Henri-Robert, Auguste Rodin, Edmond Rostand, Camille Saint-Saëns. Pour l’anecdote, Renoir peignant est accompagné de son film Claude Renoir, que Guitry présente comme étant Jean Renoir, alors que celui-ci venait d’être blessé à la jambe et n’aurait donc pu se tenir debout.
Ce qui démarque ce documentaire de beaucoup d’autres, c’est que Guitry demande aux personnalités de témoigner de leur art. Ils sont donc tous en action sauf Sarah Bernhardt (amputé de l jambe droite) et Octave Mirbeau qui mourra quelques jours après les prises de vues). On y voit donc Renoir peindre, Camille Saint-Saëns mimer la direction d’orchestre et jouer au piano, Edmond Rostand écrire, etc. Ces images restent aujourd’hui un témoignage unique de la physionomie et l’attitude de tous ces grands hommes qui déjà en 1915 faisait figure de survivants.
On peut donc dire que ce documentaire est à voir absolument pour tous les curieux de l’Histoire, ne serait-ce que pour voir ces grands hommes qui pour la plupart n’ont été bien évidemment que peu filmés même si ce n'est pas dans ce documentaire que l’on trouvera le génie cinématographique de Sacha Guitry.
1917 - Un Roman d’amour et d’aventure
Tourné en décembre 1917 par Louis Mercanton et René Hervil, ce court métrage est le seul film réunissant Sacha Guitry et Yvonne Printemps. Déjà, Sacha Guitry se sert du cinéma pour s’amuser et pour expérimenter des situations irréalisables au théâtre. En effet, il joue lui-même un double rôle puisqu’il interprète un banquier qui a un frère jumeau, thème de son dernier film. De plus, ce dernier veut vivre de sa plume (hommage aux écrivains) et, pour se suicider car la femme qu’il aime a choisi son frère, il demande à un cambrioleur de le tuer quand il ne s’y attendra pas. Or c’est exactement ce que demande Jean Poiret à Michel Serrault dans Assassins et Voleurs… Ni Sacha, frustré de n’avoir pas pu parler dans le film, ni Yvonne ne garderont un souvenir impérissable du tournage et du résultat.
Un journaliste lui demande quelques années plus tard comment il trouve le film. Réponse : « Je ne le trouve plus, cher ami, il a disparu ». Et effectivement le film semble perdu aujourd’hui.
1922 – Une petite main qui se place
Prologue de la pièce éponyme, ce court métrage est présumé perdu aujourd’hui.
1934 – Dîner de Gala aux Ambassadeurs
Court métrage d’une durée de 5 minutes avec une succession de trois sketchs mettant en scène Pauline Carton qui pousse la chansonnette, Gaston Severin qui est sauvé d’un cambriolage par Sacha Guitry et enfin Pauley qui profite des charmes de Colette Mars. On y retrouve le bagou de Pauline Carton, des cambrioleurs et la place centrale du téléphone, trois constantes de l’œuvre de Guitry.
Note : 5/10
A suivre : Pasteur, 1935
Dernière modification par onvaalapub le 27 juin 16, 11:15, modifié 2 fois.
- Tommy Udo
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
Ouch, ça commence fort !onvaalapub a écrit :1914 - Oscar rencontre Mademoiselle Mamageot
Note : 1/10
- onvaalapub
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
Faut dire que même 5 minutes ça fait long...Tommy Udo a écrit :Ouch, ça commence fort !onvaalapub a écrit :1914 - Oscar rencontre Mademoiselle Mamageot
Note : 1/10
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
Voilà un topic qui s'annonce très intéressant ! Je suivrais toutes tes chroniques avec intérêt, bon courage pour la suite
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
onvaalapub a écrit :Faut dire que même 5 minutes ça fait long...Tommy Udo a écrit :
Ouch, ça commence fort !
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
D'accord avec toi, plus un témoignage historique (par ailleurs assez exceptionnel) qu'une véritable oeuvre cinématographique.onvaalapub a écrit : On peut donc dire que ce documentaire est à voir absolument pour tous les curieux de l’Histoire, ne serait-ce que pour voir ces grands hommes qui pour la plupart n’ont été bien évidemment que peu filmés même si ce n'est pas dans ce documentaire que l’on trouvera le génie cinématographique de Sacha Guitry.
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
PASTEUR
Le film suivant peut être considéré comme l’entrée de Sacha Guitry dans le cinéma. Fini les documentaires et les courts métrages, Sacha passe enfin de l’autre côté de la caméra pour se mesurer aux artistes du cinématographe.
Après une brève présentation de sa vie par l’auteur, Pasteur nous est présenté dans son laboratoire. Il se rend ensuite auprès de ses élèves à qui il veut donner cours. Mais plusieurs d’entre eux partent pour défendre leur pays face à la Prusse : nous sommes en 1870. Le tableau suivant nous représente Pasteur faisant face à la critique de plusieurs de ses confrères à l’académie des Sciences. Il est critiqué pour ses positions qui sont considérées comme trop tranchées et son manque de respect envers d’autres chercheurs. Il est paradoxalement couvert d’honneur par la République et est admis à l’Académie Française. Puis la scène suivante représente la guérison du premier patient attend de la rage, Pasteur le veille puis exulte de ce succès. Puis, Pasteur rejoint son village natal dans le Jura pour se reposer car il a vieilli et refuse de prendre le repos qui lui est prescrit. Enfin, la dernière scène représente Pasteur comblé d’honneur par tous et qui déclare pour conclure le film : « Je crois invinciblement que la science et la paix triompheront de l’ignorance et de la guerre et que les peuples s’entendront, non pour détruire mais pour édifier ».
En 1935, Guitry apprend qu’Hollywood veut faire ce qu’on appelle aujourd’hui un biopic de Pasteur. Outré à l’avance par ce que les américains allaient faire du grand homme français, Guitry décide de porter lui-même à l’écran sa pièce de théâtre écrite en 1918 et crée par son père Lucien Guitry en le 23 janvier 1919. Le premier film de Sacha Guitry ne sera donc ni un vaudeville ou une pièce de boulevard, ni une grande fresque historique comme il les affectionne déjà mais bien un film sérieux, presque austère malgré les bons mots et qui porte aux nues un homme admiré dans le monde entier.
Le tournage se déroule du 25 avril au 3 mai 1935. Fernand Rivers, producteur, est crédité en tant que superviseur mais il semble tout de même que Guitry n’en ai fait qu’à tête pour ce qui est de la réalisation. Il choisit délibérément de s’en tenir quasi exclusivement à des plans fixes pour servir le sérieux du propos. Finalement, il reste assez proche dans son approche du documentaire « Ceux de chez nous ». Il faut rendre la vie à Pasteur pour la postérité. Le film sera d’ailleurs projeté régulièrement dans les années à venir aux écoliers.
"N'ayant pas eu d'enfant, je suis resté un fils"
Lucien Guitry jouant Pasteur, allez faire la différence !
L’hommage de Sacha est par ailleurs double : il admire effectivement le grand savant et souhaite lui rendre hommage mais il adore littéralement celui qui a tenu le rôle avant lui, c’est-à-dire Lucien Guitry. Pour les contemporains de Sacha, Lucien Guitry est une des grandes figures de la comédie à l’égal de Sarah Bernhardt. Sacha ne fait donc que reprendre le rôle dans lequel son père s’était glissé avec une facilité d’autant plus grande que Sacha avait écrit pour lui. Pour être précis, Sacha imite son père qui imitait Pasteur. Les critiques de 1935 seront d’ailleurs unanimes pour souligner l’hommage réussi de Sacha à Lucien au travers de ce film. La portée du documentaire est double : rendre vie à Pasteur et fixer sur la pellicule le jeu de son père pour toujours.
La preuve en est que le buste de Lucien ouvre littéralement le film. Placé à côté de Sacha qui, soucieux de différencier le théâtre et le cinéma, ajoute un discours introductif dans sa pièce. Sacha, assis à son bureau, s’adresse à un spectateur représentant toutes les personnes assises dans la salle et introduit dès son premier film ce rapport privilégié qu’il aura avec les spectateurs au travers de ses films. Une habitude qu’il gardera tout au long de sa carrière.
Deux autres constantes sont présentes dès son premier film : Sacha est un admirateur sans borne de l’art et est également très attaché à l’Histoire, particulièrement de son pays.
L’art d’abord, puisque la première image que nous aurons de Pasteur est celle qui correspond à la toile célèbre le représentant. De la même manière, il est fait mention dès les premières scènes de l’art scéniques puisque Guitry rend hommage par la voix des élèves de Pasteur à la grande Hortense Schneider, figure incontournable de l’opéra bouffe au Second Empire et qui sera d’ailleurs incarnée par son ex-femme Yvonne Printemps en 1950 dans la Valse de Paris. L’art de la peinture, l’art de la comédie et l’histoire intimement liés par Guitry dans sa première apparition à l’écran (ou presque).
Comme le montre le sujet de cette première incursion dans le cinéma, l’histoire passe par les grands hommes. Pasteur est donc un membre du passé qui doit parler aux générations de 1930 comme d’aujourd’hui et qui est lui-même l’héritier de Lavoisier. Pasteur-Guitry se place au milieu de la pièce, le buste de Lavoisier derrière lui et les élèves devant. Il est le passeur de l’histoire et de la science vers les générations futures symbolisées par les élèves.
Le matériau original est à replacer dans le contexte du sortir de la première guerre où il est primordial d’exalter la France et ses grands hommes, de rassembler les Français autour des figures fédératrices. D’où cet impression de pesanteur et de récit hagiographique qui ressort de certaines scènes. Guitry s’est d’ailleurs défendu dans la presse de 1919 d’avoir cherché à respecter absolument la vie de Pasteur.
De la même manière, certaines scènes sont plus compréhensibles si l’on tient en compte l’année d’écriture. Ainsi, Pasteur est interrompu dans ses travaux pour lui apprendre que la conquête de la Nam Inférieure. Réponse de l’intéressé : « Ça m’est égal ». « Mais vous aimez tant votre pays, j’ai cru… ». Pasteur lance : « Je m’en occupe en ce moment de mon pays ». Cette phrase reflète la pensée de Guitry sur l’importance pour chacun d’occuper la place qui lui est due, même en temps de guerre : les savants doivent continuer à travailler,… les comédiens aussi ! Volonté de Sacha de répondre à ses détracteurs qui lui ont reproché de ne pas avoir fait la première guerre mondiale comme tout le monde. Pasteur est ainsi au-dessus des autres, incompris et attaqué par les moins géniaux que lui. Tout comme Guitry l’a été et le sera, c’est en tout cas le message qu’il veut faire passer.
En somme le film Pasteur est une première ébauche à visée documentaire sur Pasteur et son père qui souffre d’un matériau original quelque peu pontifiant et d’une mise en scène simple. L’ensemble reste tout de même intéressant comme témoignage sur les deux Guitry et sur Pasteur lui-même mais également pour les quelques bons mots toujours délectables qui parsèment le texte.
Note : 6/10
A suivre Bonne Chance, 1935
Le film suivant peut être considéré comme l’entrée de Sacha Guitry dans le cinéma. Fini les documentaires et les courts métrages, Sacha passe enfin de l’autre côté de la caméra pour se mesurer aux artistes du cinématographe.
Après une brève présentation de sa vie par l’auteur, Pasteur nous est présenté dans son laboratoire. Il se rend ensuite auprès de ses élèves à qui il veut donner cours. Mais plusieurs d’entre eux partent pour défendre leur pays face à la Prusse : nous sommes en 1870. Le tableau suivant nous représente Pasteur faisant face à la critique de plusieurs de ses confrères à l’académie des Sciences. Il est critiqué pour ses positions qui sont considérées comme trop tranchées et son manque de respect envers d’autres chercheurs. Il est paradoxalement couvert d’honneur par la République et est admis à l’Académie Française. Puis la scène suivante représente la guérison du premier patient attend de la rage, Pasteur le veille puis exulte de ce succès. Puis, Pasteur rejoint son village natal dans le Jura pour se reposer car il a vieilli et refuse de prendre le repos qui lui est prescrit. Enfin, la dernière scène représente Pasteur comblé d’honneur par tous et qui déclare pour conclure le film : « Je crois invinciblement que la science et la paix triompheront de l’ignorance et de la guerre et que les peuples s’entendront, non pour détruire mais pour édifier ».
En 1935, Guitry apprend qu’Hollywood veut faire ce qu’on appelle aujourd’hui un biopic de Pasteur. Outré à l’avance par ce que les américains allaient faire du grand homme français, Guitry décide de porter lui-même à l’écran sa pièce de théâtre écrite en 1918 et crée par son père Lucien Guitry en le 23 janvier 1919. Le premier film de Sacha Guitry ne sera donc ni un vaudeville ou une pièce de boulevard, ni une grande fresque historique comme il les affectionne déjà mais bien un film sérieux, presque austère malgré les bons mots et qui porte aux nues un homme admiré dans le monde entier.
Le tournage se déroule du 25 avril au 3 mai 1935. Fernand Rivers, producteur, est crédité en tant que superviseur mais il semble tout de même que Guitry n’en ai fait qu’à tête pour ce qui est de la réalisation. Il choisit délibérément de s’en tenir quasi exclusivement à des plans fixes pour servir le sérieux du propos. Finalement, il reste assez proche dans son approche du documentaire « Ceux de chez nous ». Il faut rendre la vie à Pasteur pour la postérité. Le film sera d’ailleurs projeté régulièrement dans les années à venir aux écoliers.
"N'ayant pas eu d'enfant, je suis resté un fils"
Lucien Guitry jouant Pasteur, allez faire la différence !
L’hommage de Sacha est par ailleurs double : il admire effectivement le grand savant et souhaite lui rendre hommage mais il adore littéralement celui qui a tenu le rôle avant lui, c’est-à-dire Lucien Guitry. Pour les contemporains de Sacha, Lucien Guitry est une des grandes figures de la comédie à l’égal de Sarah Bernhardt. Sacha ne fait donc que reprendre le rôle dans lequel son père s’était glissé avec une facilité d’autant plus grande que Sacha avait écrit pour lui. Pour être précis, Sacha imite son père qui imitait Pasteur. Les critiques de 1935 seront d’ailleurs unanimes pour souligner l’hommage réussi de Sacha à Lucien au travers de ce film. La portée du documentaire est double : rendre vie à Pasteur et fixer sur la pellicule le jeu de son père pour toujours.
La preuve en est que le buste de Lucien ouvre littéralement le film. Placé à côté de Sacha qui, soucieux de différencier le théâtre et le cinéma, ajoute un discours introductif dans sa pièce. Sacha, assis à son bureau, s’adresse à un spectateur représentant toutes les personnes assises dans la salle et introduit dès son premier film ce rapport privilégié qu’il aura avec les spectateurs au travers de ses films. Une habitude qu’il gardera tout au long de sa carrière.
Deux autres constantes sont présentes dès son premier film : Sacha est un admirateur sans borne de l’art et est également très attaché à l’Histoire, particulièrement de son pays.
L’art d’abord, puisque la première image que nous aurons de Pasteur est celle qui correspond à la toile célèbre le représentant. De la même manière, il est fait mention dès les premières scènes de l’art scéniques puisque Guitry rend hommage par la voix des élèves de Pasteur à la grande Hortense Schneider, figure incontournable de l’opéra bouffe au Second Empire et qui sera d’ailleurs incarnée par son ex-femme Yvonne Printemps en 1950 dans la Valse de Paris. L’art de la peinture, l’art de la comédie et l’histoire intimement liés par Guitry dans sa première apparition à l’écran (ou presque).
Comme le montre le sujet de cette première incursion dans le cinéma, l’histoire passe par les grands hommes. Pasteur est donc un membre du passé qui doit parler aux générations de 1930 comme d’aujourd’hui et qui est lui-même l’héritier de Lavoisier. Pasteur-Guitry se place au milieu de la pièce, le buste de Lavoisier derrière lui et les élèves devant. Il est le passeur de l’histoire et de la science vers les générations futures symbolisées par les élèves.
Le matériau original est à replacer dans le contexte du sortir de la première guerre où il est primordial d’exalter la France et ses grands hommes, de rassembler les Français autour des figures fédératrices. D’où cet impression de pesanteur et de récit hagiographique qui ressort de certaines scènes. Guitry s’est d’ailleurs défendu dans la presse de 1919 d’avoir cherché à respecter absolument la vie de Pasteur.
De la même manière, certaines scènes sont plus compréhensibles si l’on tient en compte l’année d’écriture. Ainsi, Pasteur est interrompu dans ses travaux pour lui apprendre que la conquête de la Nam Inférieure. Réponse de l’intéressé : « Ça m’est égal ». « Mais vous aimez tant votre pays, j’ai cru… ». Pasteur lance : « Je m’en occupe en ce moment de mon pays ». Cette phrase reflète la pensée de Guitry sur l’importance pour chacun d’occuper la place qui lui est due, même en temps de guerre : les savants doivent continuer à travailler,… les comédiens aussi ! Volonté de Sacha de répondre à ses détracteurs qui lui ont reproché de ne pas avoir fait la première guerre mondiale comme tout le monde. Pasteur est ainsi au-dessus des autres, incompris et attaqué par les moins géniaux que lui. Tout comme Guitry l’a été et le sera, c’est en tout cas le message qu’il veut faire passer.
En somme le film Pasteur est une première ébauche à visée documentaire sur Pasteur et son père qui souffre d’un matériau original quelque peu pontifiant et d’une mise en scène simple. L’ensemble reste tout de même intéressant comme témoignage sur les deux Guitry et sur Pasteur lui-même mais également pour les quelques bons mots toujours délectables qui parsèment le texte.
Note : 6/10
A suivre Bonne Chance, 1935
Dernière modification par onvaalapub le 8 oct. 14, 22:13, modifié 1 fois.
- Tommy Udo
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
Texte très intéressant, onvaalapub
Je pense te suivre pour quelques films que je possède en DVD, mais celui-là est assez difficile à trouver (donc ce sera pour le suivant ).
Si RC, qui en a les droits, pouvait le sortir, ce serait sympa^^
Je pense te suivre pour quelques films que je possède en DVD, mais celui-là est assez difficile à trouver (donc ce sera pour le suivant ).
Si RC, qui en a les droits, pouvait le sortir, ce serait sympa^^
- Tommy Udo
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
Toc, toc, toc... Il y a quelqu'un ?onvaalapub a écrit :PASTEUR
A suivre Bonne Chance, 1935
- onvaalapub
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry
C'est en coursTommy Udo a écrit :Toc, toc, toc... Il y a quelqu'un ?onvaalapub a écrit :PASTEUR
A suivre Bonne Chance, 1935