Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Tommy Udo
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry

Message par Tommy Udo »

onvaalapub a écrit :
Tommy Udo a écrit :
Toc, toc, toc... Il y a quelqu'un ? :mrgreen:
C'est en cours :mrgreen:
Ahhhhhhhh !!! Je croyais que le maître des lieux avait déserté son topic. Je prends donc patience :mrgreen:
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onvaalapub
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry

Message par onvaalapub »

1935 - Bonne Chance

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Restons en 1935. Le tournage de Bonne Chance suit directement celui de Pasteur. Guitry, qui a affirmé s’amuser comme un fou en touchant enfin au cinéma de près, le montre très concrètement dans cette merveille de fantaisie, de liberté et de mouvement.

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Soulignons d'abord que Bonne Chance suit Pasteur. C’est-à-dire que comme Le Mari, la Femme et l'Amant avait suivi Pasteur au théâtre en 1919, la femme suit le père. Chez Guitry, les priorités sont toujours les suivantes et dans l’ordre : le théâtre, le père et la femme. En 1919 c’est Yvonne Printemps, en 1935 c’est Jacqueline Delubac. Le fils met d’abord en scène ou rend hommage au père avant de sublimer la femme.

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Et le ton ne pourrait être plus différent. Si Pasteur sentait l’hommage et la rigueur très Troisième République appuyé sur une pièce connue, Bonne Chance est au contraire une fantaisie tout en liberté spécialement écrite par Sacha pour le cinéma, son nouveau « jouet ». Comme ses pièces reflétaient au moment de sa rupture avec Yvonne Printemps les tortures morales qu’il endurait, ce film sera le reflet de l’entente, du bonheur et de la jeunesse du nouveau couple Guitry. Sacha déclare sa flamme à sa femme devant la face du monde, et particulièrement à celle qui lui a fait l’affront de le quitter. Il fait donc virevolter, sourire, rire, plaisanter, danser Jacqueline, il se joue des codes et des conventions, adresse des clins d’œil aux spectateurs et montre finalement sa joie de vivre et d’aimer. Comme il le dira plus tard : « Les heureux… font des heureux ! Tandis que les malheureux ne font, hélas, le bonheur de personne. » Sacha étale son bonheur devant la caméra.

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Tout commence par ce premier générique qui annonce le ton du film : Pauline Carton, qui aura dans le film un rôle un peu terne, répète le titre du film « Bonne Chance ». Puis le carton apparaît et annonce que les producteurs souhaitent aussi au spectateur « Bonne Chance ». Cette liberté de générique deviendra sa marque de fabrique pour la plupart de ses films.
Très rapidement, le décor est planté : Delubac est une petite lingère tout à fait charmante, Guitry est un peintre de quartier et Pauline Carton la mère de Jacqueline. Sans vraiment y penser, le peintre souhaite bonne chance à la lingère qui gagne au loto et souhaite partager ses gains avec lui. Il refuse et annonce vouloir dépenser l’argent qu’elle lui propose en 13 jours et de la conduire lui-même au pied de l’autel où elle doit se marier avec Prosper, un garçon gauche et paradoxalement sûr de lui.

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L’argument est donc particulièrement léger, dans tous les sens du terme, et sera donc modifié en profondeur par Hollywood lorsqu’un remake sera fait en 1940 avec Ronald Colman et Ginger Rogers. Là encore la liberté l’emporte sur tout. Guitry n’hésite devant rien : il baptise une rue du nom de son meilleur ami Albert Willmetz (« Déjà ? » demande-t-il en passant devant), la tête d’un mannequin bouge dans une vitrine, ou encore il réussit un superbe drive et envoie sa balle de golf dans le nuage. L’image suivante nous montre un télégramme : Journal de bord. Par 18 ° de longitude Nord et 24 ° de latitude Ouest, ai reçu une balle de golf sur la tête. Alain Gerbault.

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Retenons également ce dialogue entre le maître d’hôtel et les amoureux qui rappelle sans conteste la verve et la rapidité d’un Lubitsch :
- Poulet cocotte ?
- Mais oui coco.
- Poulet coco… heu poulet cocotte !
- Et pour finir...
(Claude fait semblant de frapper Marie). Est-ce que vous préférez une tarte ou un soufflé ?
- Un soufflé.
- A la vanille ? demande le maître d’hôtel.
- Pour les petites filles.
- Ou au citron ?
- Pour les petits garçons.
- Au chocolat.
- Pour les papas.
- Réflexions faites, je préfère une tarte.
- Bien madame. Aux fraises ou aux frises… Heu aux frises ou aux ceraises. Oh !
- Dites-le doucement.
- Aux cerises ou aux cerises ?
- Aux fraises.


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Le verbe de Guitry bondit, s’émancipe à chaque occasion des règles dictées par les « adultes ». Le bonheur l’autorise à tout.
Bonne chance est aussi l’occasion d’admirer la prose de Guitry qui s’en donne à cœur joie. Chaque occasion est bonne pour placer un bon mot. Citons simplement ce court passage où Claude va admirer une toile de Renoir (propriété de l’auteur d’ailleurs) chez un vendeur qui croit trouver un client qui a les moyens :
- Je l’estime 32 000
- Moi je le trouve inestimable.
- Il parle, n’est-ce-pas ?
- Ne l’interrompez pas !
- Quelle facture !
- Sa facture est précisément ce qui nous divise… Ne le vendez jamais, car j’ai l’intention de venir comme ça lui rendre des petites visites de temps en temps !


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Un jeune garçon, joué par Claude Willmetz, demande très sérieusement ce que sont ces grosses bêtes là en désignant des éléphants. Claude lui répond que ce sont des... distributeurs d’essence. Guitry est le plus jeune car il est amoureux. Sa jeunesse dépasse même celle des jeunes enfants. Ses clins d’œil sont aussi adressés au spectateur puisqu’il rit des commérages dont il est la cible. Claude déclare : « Comme c’est charmant un homme plus très jeune avec une toute jeune femme » et Marie de répondre « Pour qui dites-vous cela ? ». Il se joue des jeunes enfants, il se joue des spectateurs, il se joue de la famille (son frère qui n'est pas son frère, la mère de Marie qui ne comprend pas grand chose), il se joue des autres car il est le plus jeune.
Volonté de faire rentrer le spectateur dans le film, le prendre à témoin. De son bonheur, nous l’avons dit mais aussi de la joie de faire un film : la scène de la voiture est sur ce sujet édifiante. Claude et Marie sont dans leur voiture et entame ce dialogue surréaliste :
« - Regardez Marie, quand je ne conduis pas plus vite que ça, ça ne vous donne pas l'impression d'être au cinéma ?
- Mais si !
- Et savez-vous comment les gens de cinéma s'y prennent pour faire ça ? Et bien, il paraît qu'ils mettent tout simplement leur appareil dans la voiture.
- Est-ce possible ? Mais et les paroles que l'on entend ?
- Et bien on m'a dit que les paroles, on les enregistrait ensuite en studio. Humm...c'est bien invraisemblable. D'ailleurs je dois vous avouer que je ne l'ai pas cru.
»

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De la même manière, le personnage du bien terne Prosper est capital pour comprendre le message que veux faire passer l’auteur. Pas bien méchant mais beaucoup trop borné par la société, il est chargé de dénoncer par son attitude et ses paroles l’image que l’on voudrait parfois coller à Guitry : le misogyne. Ne déclare-t-il pas « Une femme c'est fait pour ranger la maison, torcher les enfants et obéir à son mari » ? Ne maudit-il pas l’inconstance des femmes ? Or ce personnage repoussoir est précisément l’antithèse de Guitry, de sa passion des femmes et de l’amour. Marie quitte sa fonction de ménagère pour devenir la femme du monde, belle, souriante, pleine d’esprit et de reparties.

Enfin, Bonne Chance est l’occasion pour Guitry de jouer en permanence avec la frontière entre l’amour filial, l’amour fraternel, l’amour charnel. Marie est tour à tour sa sœur, sa fille, sa maîtresse et enfin sa femme. Car Guitry a toujours souhaité trouver la femme qui puisse personnifier toutes ces femmes à la fois. Sa première femme l'a aidé à mûrir son talent, comme une mère ou une grande sœur, Yvonne Printemps a été tour à tour l'amante qu'il n'avait pas encore eu et la partenaire à la hauteur de son talent, Delubac essaiera de remplacer cette dernière avec succès dans les premières années. Il proposera d’ailleurs à Geneviève Guitry de l’adopter en 1944 au moment où leur foyer se déchirera…

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Bonne Chance est finalement une vraie déclaration d’amour à Jacqueline Delubac, à travers elle de toute les femmes, et partant de l’amour, de la jeunesse, de la liberté. Cette bouffée d’oxygène sur pellicule est l’occasion pour Guitry de mettre en pratique cette déclaration
« Aimer, c’est faire constamment l’amour, à tout propos – jusqu’en paroles. Et c’est le faire où que ce soit, n’importe quand – parce qu’on est heureux, parce qu’on est morose, parce qu’on se sent bien, parce qu’on est malade – et parfois même aussi parce qu’on n’en a pas le temps. »

Note : 9/10

A suivre : Le Nouveau Testament, 1936
Dernière modification par onvaalapub le 8 déc. 14, 08:03, modifié 1 fois.
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lilmoz
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry

Message par lilmoz »

Topic vraiment intéressant, j'aime bcp Guitry! Dommage qu'on nous ai encore jamais proposer un Guitry en Blu ray (hormis La Poison) j'aimerais vraiment pouvoir voir certains de ses films blu ray!
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onvaalapub
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry

Message par onvaalapub »

lilmoz a écrit :Topic vraiment intéressant, j'aime bcp Guitry! Dommage qu'on nous ai encore jamais proposer un Guitry en Blu ray (hormis La Poison) j'aimerais vraiment pouvoir voir certains de ses films blu ray!
Merci ! Pour ce qui est de l’œuvre de Guitry, à part un ou deux titres, on n'est pas à plaindre. Les copies sont souvent de bonne voire de très bonne qualité. Cela dit, quelques blu ray dans la collection blanche Gaumont seraient accueillis avec une grande joie :fiou:
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Supfiction
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry

Message par Supfiction »

onvaalapub a écrit :1935 - Bonne Chance
Je n'avais pas réagi encore à ton super texte. J'adore ce film, peut-être mon Guitry préféré. Guitry allie la modernité et la liberté d'un Godard bien avant A bout de souffle, et la légèreté de Lubitsch.
Et Jacqueline Delubac est formidable.. Cette fille pourrait réussir à elle seule à rendre le prénom Jacqueline à la mode !

Les américains en ont fait un remake (1940, Lewis Milestone) avec Ginger Rogers qui n'est pas si mal mais n'arrive bien entendu pas à la hauteur de l'original (loin de là).
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry

Message par onvaalapub »

Supfiction a écrit :
onvaalapub a écrit :1935 - Bonne Chance
Je n'avais pas réagi encore à ton super texte. J'adore ce film, peut-être mon Guitry préféré. Guitry allie la modernité et la liberté d'un Godard bien avant A bout de souffle, et la légèreté de Lubitsch.
Et Jacqueline Delubac est formidable.. Cette fille pourrait réussir à elle seule à rendre le prénom Jacqueline à la mode !

Les américains en ont fait un remake (1940, Lewis Milestone) avec Ginger Rogers qui n'est pas si mal mais n'arrive bien entendu pas à la hauteur de l'original (loin de là).
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Je n'avais pas vu ta réaction de mon côté... Merci pour ton message. Et vive Guitry et Delubac ! :D
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry

Message par onvaalapub »

1936 - Le Nouveau Testament

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Le docteur Jean Marcelin n’ignore pas la relation de sa femme avec le fils de amis intimes, les Worms. Il engage, en remplacement de sa secrétaire, une jeune et belle femme prénommée Juliette. Sa femme Lucie prend ombrage de cette embauche. Un soir, alors que les trois Worms sont invités à dîner, Jean tarde à rentrer. Un inconnu ramène sa veste sans explication. Lucie panique et découvre en fouillant sa veste un testament qui révèle que son mari sait tout et qu’il a lui-même une maîtresse et une petite fille. Cinq minutes plus tard, Jean arrive enfin, bel et bien sain et sauf. Tous les protagonistes s’empressent de faire comme si rien ne s’était passé…



Guitry, grisé par le succès de ses deux précédents films et amusé infiniment par la « mise en boîte » de ses idées, décide de transposer à l’écran la pièce qu’il est alors en train de jouer au théâtre de la Madeleine. Les acteurs sont tous de l’aventure et ont tous créé la pièce deux ans plus tôt sauf la merveilleuse Pauline Carton qui remplace Clary Monthal.
Ici et plus encore que dans Pasteur, Guitry fait du théâtre filmé. Il reprend ses interprètes, installe ou plutôt fait installer deux caméras fixes près du décor, dispose ce petit monde qui se connaît si bien et en avant ! Parlons-en du décor : c’est le nouveau jouet de Sacha. Il n’y a plus une mais trois pièces, meublées en grande partie grâce aux meubles du maître, comme il s’en fera un devoir et par-dessus tout un plaisir dans chacun de ses films. L’ensemble sera tourné en six jours, les meubles de Sacha et Jacqueline ne seront pas restés longtemps loin du 18 avenue Elysées Reclus…

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Ce film inaugure la collaboration avec le producteur Serge Sandberg avec qui il fera huit films dans les années 30. Il accepte de bonne grâce l’assistance d’un co-réalisateur– après tout, il n’est encore qu’un débutant dans ce milieu du jouet et de l’émerveillement. Ce sera Alexandre Ryder qui a le nez dans le cinéma depuis les années 1920. Guitry commence par le laisser faire puis reprend avec sa courtoisie habituelle la confiance qu’il avait accordée : il ne supporte pas que son texte soit dénaturé par des artifices de caméra et son producteur le soutient. Le matériau original, c’est le texte. Si Guitry change ses répliques à chaque prise, c’est qu’il cherche la bonne ! Mais il est hors de question que d’autres se prêtent au jeu.
Je me permets de reprendre l’anecdote contée par Ed dans la section « Sacha Guitry » et qui montre que Guitry avait déjà tout compris quinze ans avant la Poison : « découvrant le décor de l'action (une grande table recouverte de mets délicats et surplombée d'un magnifique lustre), il propose à Guitry un long plan "mobile" partant du lustre, descendant vers la table puis panneautant vers les personnages jusqu'à leur dialogue. Guitry refuse l'idée en prétextant : "mais pourquoi, le lustre n'a aucune ligne de dialogue ? »

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Les effets sont pensés et voulus par Guitry. Par exemple, cette volonté de sortir de la salle, de parcourir Paris, montrer Paris même en toile de fond. La scène inaugurale, place de la Concorde, pleine de facétie et cocasserie, le « Ciel mon mari » qui inaugure toute bonne pièce de théâtre boulevardière, le trafic, les autos démesurément longues, la vie de Paris avec ses amants et ses maîtresses. Peu avant le dénouement, Guitry nous emmène à nouveau à l’air libre à la recherche de la « bonne » statue de Jeanne d’Arc. Sa caméra est plus libre, plus virevoltante car le texte le permet.
Avec ses caméras fixes, le risque est de rebuter le spectateur d’aujourd’hui et il est vrai que parfois une impression d’au « théâtre ce soir » s’insinue chez les spectateurs les plus indulgents. Mais c’est la volonté de Sacha. D’autant qu’il estime que c’est une excellente chose non de « mettre en conserve, mais disons plus élégamment de conserver » les pièces de théâtre selon la volonté de leur metteur en scène original, surtout si c’est l’auteur !

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Après un intermède charmant avec la délicieuse Pauline Carton, les thèmes du Guitry boulevardier se mettent en place : les femmes, la bourgeoisie, les femmes jeunes, l’adultère, les femmes vieilles, l’hypocrisie, les jolies femmes, etc. Le fond de l’affaire tient en permanence dans ce que savent, ou pas, le mari, la femme, l’amant, l’ex-maîtresse, le mari trompé c’est-à-dire finalement nous. Tous se mentent, se cachent, se taisent ou au contraire veulent parler lorsqu’il est trop tard. Tout au contraire de Bonne Chance !, Guitry nous représente l’autre versant du mariage : le mariage de convention, le mariage qui n’a finalement jamais existé. Ses cheveux sont blancs, il est bien trop âgé, trop grave. Même s’il laisse planer le doute, sa secrétaire est bien trop jeune pour lui. Il n’est que son père : « Quand un homme a 25 ans de plus que sa maîtresse, il la regarde toujours avec des yeux de père. ». Guitry a 32 ans de plus que Delubac et il joue son père... :?

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Bien entendu personne n'a touché à son portefeuille...

La jolie Marie Muscat-Jacqueline Delubac rajeunissait Claude Lepeltier-Sacha Guitry qui dansait et créait une vie pleine d’enchantement. Ici, Lucie Marcellin-Betty Daussmond (vieillie intentionnellement) entraîne le docteur Marcellin à devenir grave et ennuyeux dès qu’ils sont ensemble. La solution c’est évidement la jeunesse : « Le spectacle de la jeunesse et de la nouveauté nous est moralement nécessaire au même degré que nous sont physiquement indispensables les vitamines. ». Mais Lucie Marcellin, aveuglée par son conformisme social et à l’institution du mariage, ne peut le concevoir. La jeune secrétaire a cette phrase terrible à son égard : « J’ai 22 ans madame, et malheureusement, je crois que ça n’est pas contagieux »…

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Tout est hypocrisie puisque c’est sur ce principe que repose le film : chacun fait semblant de ne pas connaître le contenu du testament que pourtant ils ont tous lu à tour de rôle. Au fur et à mesure qu’avance le film, le mur du mensonge s’effrite mais il sera rapidement remonté avec cette fois-ci tous les protagonistes. Tout le monde doit être d’accord pour qu’il tienne car sinon que de conflits !
Alors pourquoi continuer à vivre ensemble se demande la docteur Marcellin. Guitry en profite pour dire tout le mal qu’il pense du mariage et de ses dérives au travers de son personnage, particulièrement au dénouement de l’œuvre : « Une femme qui s’en va avec son amant n’abandonne pas son mari : elle le débarrasse d’une femme infidèle », « Ma femme…Vous ne trouvez pas que cela a quelque chose de barbare quand on y pense ? Elle porte mon nom… comme mon chien porte un collier. Elle devrait porter mon adresse aussi, pour qu’on me la rapporte quand elle se perd ».
Guitry profite également de la pièce (du film ?, quelle différence ?) pour égratigner les médecins, l’intuition féminine –le cœur d’une femme ne se trompe pas – ou encore l’ascendant de l’argent sur toutes les conventions sociales.

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Si le texte comporte enfin quelques répliques qui feraient hurler certaines femmes comme par exemple : « Si nous savions qu’en trompant nos femmes, nous allions devoir épouser notre maîtresse, ça nous la ferait choisir avec plus de discernement. » ou « Ce qui fait rester les femmes c’est la peur qu’on soit vite consolé de leur départ », les hommes ne sont pas en reste puisque Adrien et Fernand Worms sont présentés tantôt comme des imbéciles, tantôt comme des grands benêts, tantôt comme des opportunistes sans morale pour le père. Tout le monde en prend pour son grade.

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Un dernier mot sur l’interprétation qui est excellente. On sent que la troupe est bien rodée. Sacha Guitry est un peu plus en retenue que dans d’autres œuvres comme Bonne Chance ou Faisons un Rêve même si quelques scènes lui permettent d’aller plus loin ("Personne n’a touché à mon veston ? Non, bien sûr."). Jacqueline Delubac et Pauline Carton sont à leur habitude toujours aussi délicieuse, belle et en retenue pour la première et tellement malicieuse et rajeunissante pour la seconde malgré son apparition furtive. Le reste de la distribution est à leur botte, avec une mention spéciale pour Marguerite Templey, parfaite en madame Worms et Louis Kerly qui se fait remarquer dans le rôle du valet de chambre.

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En résumé, le Nouveau Testament est un film qui n’a pour d’autre ambition que de rendre compte aux spectateurs de 1936 d’une excellente pièce de théâtre jouée par des acteurs tous excellents, vieux habitués du jeu ou en tout cas en passe de le devenir. Une petite friandise à déguster en en connaissant les limites aussi bien que les réussites ! Il conclu cette très belle pièce d'un optimisme un peu forcé :
"A nos ages, à notre époque et dans notre situation, nous devons considérer que tous les évènements qui arrivent sont des évènements heureux... sans quoi nous n'en sortirons jamais !"

Note : 6,5/10

A suivre : le Roman d'un Tricheur

Pour ceux qui sont allés jusqu'au bout :mrgreen:
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry

Message par onvaalapub »

Le Roman d'un Tricheur

Après avoir bouclé le tournage du Nouveau Testament, Guitry se tourne vers une création originale sans rapport avec le théâtre. Ce sera le Roman d’un Tricheur tiré de son unique roman, les Mémoires d’un Tricheur paru l’année précédente.

Le tournage, comme toujours très court avec Guitry, ne dure que de mars à juin 1936. Il s’entoure de quelques-uns de ses fidèles déjà à l’œuvre dans ses précédents films : Jacqueline Delubac, bien entendu, Marguerite Moreno et Pauline Carton pour les interprètes mais également Henri Ménessier pour les décors ou Adolphe Borchard pour la musique, musique qui accompagne excellemment les effets du film et donc de la voix. Quelques nouvelles têtes apparaissent : la charmante Rosine Deréan que l’on retrouvera dans Faisons un rêve et Les Perles de la couronne, Serge Grave qui réapparaîtra dans les Perles de la Couronne et Fréhel qui ne fit qu’une apparition devant la caméra de Guitry.
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Quelques affiches. La première fut exécutée par Magritte sous le pseudonyme d'Émair
Guitry coupe quelques scènes présentes dans son livre qu’il juge inutile mais rajoute deux scènes à ses yeux capitales. La première voit le héros décider d’embrasser la carrière de l’illégalité et s’éprendre d’une « souris » d’hôtel qui va le pousser à commettre un larcin mémorable grâce à un ingénieux système. La seconde permet à Marguerite Moreno de lui donner la réplique en interprétant la comtesse qui l’a « déniaisé » quelques années plus tôt. Est-ce une allusion indirecte à sa première femme, Charlotte Lysès, qui avait 8 ans de plus que lui et qui l’a ouvert à son talent ?

Le film sort le 19 septembre 1936 au Marignan et est accueilli très fraîchement par un certain nombre de critiques. Ainsi l'un d'entre eux écrit-il dans Ciné Liberté : « Le roman d'un tricheur, qui s'avère nul, par la suite, est long à se déclencher. Quand on s'écoute parler avec une telle suffisance, on oublie vite son sujet. Le scénario se traîne donc péniblement, truffé çà et là de pauvres trucs périmés et des effets les plus grossiers. Pendant la maigre intrigue, la voix de M. Sacha Guitry joue tous les rôles. M. Sacha Guitry explique, commente et raconte tout. Il y a d'autres exhibitionnistes, moins dangereux, qui sont internés pour beaucoup moins que ça. »
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Ce que certains prennent pour de « l’exhibitionnisme », une illustration redondante de son « Môa », c’est effectivement cette voix-off. Bien sûr, Sacha Guitry ne l’invente pas, contrairement à ce que voudrait un légende tenace, et ce d’autant plus que ce n’est que la continuation et l’achèvement d’un procédé qu’il a déjà utilisé en 1914 avec « Ceux de chez nous ». À la différence que les progrès technique lui permettent de ne plus avoir à être présent physiquement. L’aspect documentaire n’est d’ailleurs pas abandonné puisque Guitry, qui ne doute de rien, insère des images d’archive du Paris de sa jeunesse ou un documentaire au milieu de son film sur la ville de Monaco qu’il parsème de bons mots pour le rendre encore plus vivant (- en parlant de pièces romaines découvertes en fouillant le sol de Monaco- « Il est amusant de penser qu’on perdait déjà de l’argent à Monaco dans l’Antiquité »). On retrouve également son goût des grands évènements historiques avec la présence en acteur - non crédité ! - de Nicolas II qui apparaît dans des images d'archives de sa visite à Paris au début du 20ème siècle.

Guitry, comme dans Bonne Chance, s’affranchit de la grammaire du cinéma car il s’est longtemps écarté de ce dernier, il n’a pas sur la conscience ce que les professionnels s’imposent par convention ou par expérience. Lorsque Jean Bachelet, son chef opérateur, lui objecte à propos de telle ou telle technique de tournage « Cela ne se fait pas… », là où un autre se fut incliné, il répond en souriant : « Alors, faisons-le ! ».
Comme un enfant avec un nouveau jouet, il « s’amuse comme un fou » et ose sans demander la permission à personne d’ « étendre » la voix à tout le film. Cela lui permet enfin de mettre les images au service du verbe, de retourner la logique cinématographique à son avantage. Les personnes ne s’expriment donc pas, c’est Guitry qui plaquera son texte sur les images. C’est le texte déclamé qui donnera vie aux personnages et non l’inverse. Seule exception, le passage où le tricheur dialogue avec le garçon de café et la comtesse Beauchamp du Bourg de Catinax.

C'est ce que Michel Chion appelle la « parole-texte », « c'est-à-dire une parole qui commande entièrement l'enchaînement des images, et prive le montage de toute autonomie ». Elle permet à Guitry de promener le spectateur à travers les différentes strates temporelles et spatiales de l'histoire sans qu'il ne soit perdu. Très naturellement, Guitry peut donc transporter très rapidement les spectateurs à la veille de la perte de la famille du personnage « La veille au soir, j’avais volé 10 sous » puis revenir à l’instant funèbre où nous étions. Notre héros, alors chasseur dans un hôtel de luxe ne déclare-t-il pas : « J’avais l’impression que tout le monde m’obéissait et que c’était vraiment moi qui le créait ce va-et-vient » ?

Mais revenons au début du film. Au tout début. Il commence comme un film muet : trois cartons de générique dans le silence le plus total dont « SACHA GUITRY dans » puis 32 cartes côté pile qui sont retournées par la main de Guitry pour faire apparaître le titre du film alors que la musique se lance. Puis un fondu, Guitry qui vient signer majestueusement un tableau blanc à la craie noir pendant que sa voix retentit : « Ce film, je l’ai conçu et réalisé moi-même ». Enfin, une fois signé le tableau, Guitry revient et, les images défilant en arrière, efface sa signature. Tout y est : la prédominance de la voix du « Maître », l’assujettissement des images à cette dernière et l’omniprésence de Guitry, seul maître à bord et qui rappelle encore une fois que le scénariste/dialoguiste est la pierre angulaire du film et non le réalisateur : le concepteur doit primer.
La suite du générique est au diapason : la « voix » présente les techniciens dans leur jus puis les interprètes avec au passage une prise de recul sur la nature totalement artificielle du cinéma et donc du jeu « Elles auront bien du mal à nous faire croire qu’elles ne savaient pas qu’on les cinématographiait » et une première utilisation de cette parole-texte qui sera la pierre angulaire du film : « Serge ? Où es-tu Serge ? » « Quoi ? » « Rien. Voilà, c’est tout », « Ah, bon ». Fin du générique et on aperçoit l’ombre le personnage principal, le tricheur, au travers d’un rideau. Grâce au plan suivant, voilà notre tricheur et son sourire de satisfaction. Le rideau est franchi, Guitry nous montrant de quel côté de la réalité nous sommes, comme au théâtre. Le ton est donné, le bonimenteur prend place et raconte le roman de sa vie.

L’argument du film repose sur un postulat aux antipodes de la morale : être honnête n’attire que des malheur et rend pauvre. « J’étais vivant parce que j’avais volé. De là à en conclure que les autres étaient morts parce qu'ils étaient honnêtes... » Au contraire, tricher permet de s’enrichir et de fréquenter les seules créatures dignes d’intérêt aux yeux du tricheur : les femmes. Ici, elles sont au nombre de trois : la femme (Delubac), la maîtresse (Deréan) et l’ancienne maîtresse (Moreno) pour qui il déclare : « Elle avait 20 ans de plus que moi. Seulement, elle, de son côté, elle avait tout de suite vu que j’avais 20 ans de moins qu’elle ».
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Chacune à leur tour, elles entraînent le protagoniste vers la malhonnêteté : l’une le pousse à voler dans les hôtels de luxe, la seconde l’excite à tricher à la roulette au casino où il est employé et la dernière l’exhorte à cambrioler les hôtels, particuliers cette fois-ci. Finalement seul un homme pourra le sauver, et encore ce sera uniquement par un autre vice ! « Mon sauveur m’avait guéri de son vice en me passant le sien. […] J’avais compris ce que c’est que le jeu » »
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Soulignons encore une fois le caractère immoral du film qui montre à quel point les mœurs sont libres dans la société de la première moitié du XXème siècle dans le milieu artistique. Les institutions en prennent également pour leur grade : la médecine (qui le considère comme « champs d’expérience » et ne pense qu’à « se pencher sur [ses] viscères ».), la bourgeoisie avec l’oncle notaire, « brute antipathique », grippe-sou (« Et puis, pensez donc, j’avais volé huit sous, quelle honte pour eux, pour eux qui étaient en train de m’étouffer mes 18 000 francs. ») et sa femme (Pauline Carton, dans une composition ubuesque), les riches trop prêts de leur bas de soie « Le chèque sans provision est une opération bancaire prévue au Code d'Instruction criminelle, et c'est justice qu'il soit sévèrement puni. Mais si j’étais le gouvernement, comme dit ma concierge, je serais d’une égale sévérité avec les provisions sans chèques », ou encore la province : « Et qu’on ne vienne surtout pas me dire qu’on peut mourir d’ennui. Ce n’est pas vrai. Si l’on pouvait mourir d’ennui, je serais mort à Angoulême. »
Et pourtant, Guitry, lui, s’amuse comme un fou avec son joujou ! La caméra, bien loin de l’immobilisme constaté dans le Nouveau Testament, se met entièrement au service de la parole et doit donc se plier à ses pires fantaisies. Ainsi, si le verbe demande au garçon de café, et donc les spectateurs, de regarder de l’autre côté de la rue, la caméra se braque vers le sol, traverse du regard la rue pour nous montrer ce que veut nous dévoiler l’interlocuteur, c’est-à-dire ici son ancien hôtel particulier. De la même façon, si la parole veut imaginer la « petite garde Monaco » faire les pas qu’elle vient d’effectuer en sens inverse, on verra alors à l’écran ces mêmes soldats revenir en arrière grâce à un effet spécial très simple mais qui amuse comme un gosse l’auteur et par là même les spectateurs ! Comme au théâtre, il brise d’ailleurs allègrement le 4ème mur, comme pour prendre à témoin les spectateurs des bons tours qu’il est en train de jouer à tous.
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Et si Guitry veut montrer qu’il n’est pas non plus un manche avec un montage ou une caméra, il suffit d’admirer les nombreux gros plans mettant en valeur les visages et particulièrement, cela va de soi, les visages féminins qui sont admirablement photographiés. De la même façon, certaines ombres portées ou découpages de scène sont admirables notamment lors de l’arrestation des conspirateurs russes avec ces gros plans très brefs sur les mains, puis les armes, les poches qui sont fouillées, la bombe qui alternent avec des gros plans d’ensemble qui nous permettent de lire à la perfection la scène.
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Enfin, Guitry s’amuse en jouant. Il joue, car c’est son métier après tout. N’était-il pas fasciné, enfant, par ce qu’on lui répondait lorsque son père partait le soir et que cela le désolait : « Il va jouer ». Gagner sa vie en jouant, c’était donc devenu son rêve de gosse et il le réalise tous les jours. Il joue avec son visage, ses déguisements. Il prend à témoin chaque spectateur en regardant directement la caméra à chaque changement d’accoutrement et se rend ridicule à dessein : n’est-ce pas ce qui amuse le plus, Guitry comme l’assistance ? Ses déguisements sont multiples, il s’amuse à tailler sa barbe, ses favoris, sa moustache toujours pour jouer mais non sans but : cela lui permet de faire la transition entre Pierre Asso (le tricheur jeune homme) et lui-même.
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Et il joue, il change car le centre du film reste le jeu. Et le jeu de hasard cette fois-ci. « J'ai changé douze fois de nationalités, quatorze fois de nom, vingt fois de visages ». Pourquoi ? Car il faut tromper les inspecteurs des casinos. Et Guitry de nous donner quelques trucs pour les tromper, pour tricher plus facilement et sans danger aux cartes ou à la roulette. Finalement, le tricheur finira par repousser toutes les femmes et toutes les tentations et deviendra inspecteur de police, seul métier qui lui assure d'être honnête et de ne pas redevenir tricheur.
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C’est cette totale liberté qui marqua profondément la postérité qui en a fait un des films les plus reconnus de Guitry. Piur conclure, je laisse la parole à François Truffault qui écrivit quelques trente années plus tard :
« Il n'empêche que Sacha Guitry cinéaste a réalisé au moins un chef d'œuvre, Le roman d'un tricheur. Si l'on accepte comme définition d'un chef d'œuvre: une œuvre qui a trouvé sa forme parfaite et définitive, ceux qui ont vu Le roman d'un tricheur ne me contrediront pas.
C'était en 1936. Sacha, un peu las des pièces filmées, se fit la réflexion que le cinéma était peut-être plus près du roman que de la pièce. «Au théâtre on joue, au cinéma on a joué.». Il conçoit donc un film qui aura la forme d'un roman filmé : «Le personnage qui sera sur l'écran ne dira pas: "Je suis malheureux aujourd'hui"- non, il ne dira rien. Il aura l'air malheureux, et la voix de celui qui raconte dira: "J'étais malheureux ce jour-là."» Au moment où il fait cette déclaration, Sacha Guitry vient d'inventer le play back même s'il ne se rend pas compte. Il vient d'inventer la primauté de la bande sonore, comme Orson Welles, formé par la radio, le fera trois ans plus tard avec Citizen Kane. La bande sonore pré-établie servira de guide aux mouvements, aux gestes et aux mimiques des acteurs pendant le tournage. La mise en scène est alors guidée par une mise en sons.
Si la grande originalité du Roman d'un tricheur est d'être l'unique film de fiction de l'histoire du cinéma qui soit commenté par une voix off à 90 pour 100, son immense mérite est d'avoir fait oublier cette particularité au point que des spectateurs interrogés à la sortie de la salle croiront avoir vu un film joué et parlé directement.
»

Note : 10/10
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry

Message par Watkinssien »

Beaux textes sur ces Guitry et particulièrement sur ce chef-d'oeuvre qu'est Le Roman d'un Tricheur, l'un des plus grands monuments du cinéma des années 30...
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Supfiction
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry

Message par Supfiction »

Truffaut a écrit :Il n'empêche que Sacha Guitry cinéaste a réalisé au moins un chef d'œuvre, Le roman d'un tricheur.
Le roman d'un tricheur vaut pour son innovation et son audace tant technique que morale. Il constitue un film majeur de la seconde partie des années 30 mais vu d'aujourd'hui on peut facilement lui préférer la fraîcheur de Bonne chance ou la mélancolie éternelle de Mon père avait raison. C'est mon cas.

A noter que politiquement, Guitry semble bien se contrefoutre de se qui se passe autour de lui, qu'il s'agisse de la tentation de l'extrême droite en 34 ou de l'extrême gauche en 36.
Celui lui sera reproché (nombrilisme môa), un peu comme si en 2016 Les Cahiers du cinéma critiquaient le vide politique du cinéma français.
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry

Message par onvaalapub »

J'avoue que ma préférence ira toujours au Roman d'un Tricheur qui est d'une modernité qui je trouve est exceptionnelle pour l'époque. Mais il est vrai que Bonne Chance s'affranchit également de bon nombre de poncifs moraux et cinématographiques.
Quant à la politique, Guitry s'en contrefichait au plus haut degré. Il était aveuglé par son amour de la représentation (théâtre, cinéma) et de l'art dans sa recherche de la beauté ce qui englobait son père, les femmes, les œuvres de maîtres,...
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Re: Rétrospective personnelle du cinéma de Sacha Guitry

Message par Supfiction »

onvaalapub a écrit : 27 juin 16, 13:53
À suivre : Mon Père Avait Raison
Toc, toc, toc... Il y a quelqu'un ?
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