Stuart Gilmore (1909-1971)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Hitchcock
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Stuart Gilmore (1909-1971)

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La peur du scalp

En 1867, Dan Craig (Robert Young), un joueur professionnel, arrive dans la petite ville de San Remo où les tensions avec les indiens sont sur le point de déclencher une guerre. En effet, des sinistres individus dirigés par Crawford (Reed Hadley) veulent chasser les Indiens de leur territoire pour s'emparer de l'or qui s'y trouve. Ils décident d'abord de ne livrer qu'une partie de la nourriture promise aux Indiens par le gouvernement pour déclencher leur colère. Ceux-ci sont emmenés par Charley Wolf (Jack Buetel), un métis qui souhaite la paix. Il se trouve bientôt un ami et médiateur dans la personne de Craig, mais Crawford ne l'entend pas de cette oreille...

Un petit western de série B assez bien construit où Robert Young est à son meilleur. Niveau scénario, il faut avouer que la trame est plutôt originale pour l'époque (le film est pro-indien, plutôt optimiste) et on ne s'ennuie presque jamais durant ces 85 minutes rondement menée. Dommage que la fin soit aussi expéditive et que certains personnages soient médiocrement caractérisés, le méchant interprété par Reed Hadley est bien peu convaincant tout comme le marshall corrompu (Barton Mac Lane). Mais la déception vient surtout du personnage féminin, campée par Janis Carter. Le réalisateur entretient en effet l’ambiguïté à son sujet tout au long du film, comme dans la scène où elle semble être la cause de la dispute entre Dan Craig et Charley, pour finir avec une bluette banale et attendue avec le personnage de Robert Young. Enfin, la mise en scène manque totalement d'entrain (seule la poursuite finale est filmée avec un peu de vigueur) et de personnalité pour en faire un très bon film. Ce western reste cependant agréable à regarder et à découvrir.
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Jeremy Fox
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Re: Stuart Gilmore (1909-1971)

Message par Jeremy Fox »

Je vais bientôt l'inclure dans mon parcours. Même si ton avis n'est pas dithyrambique et si Stuart Gilmore est loin d'être un bon réalisateur, ça pourrait peut-être me plaire. Merci pour ce premier avis :wink:

A signaler néanmoins qu'il fut un bon réalisateur de seconde équipe, ayant participé aux sublimes scènes de batailles du Alamo de John Wayne
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Jeremy Fox
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Re: Stuart Gilmore (1909-1971)

Message par Jeremy Fox »

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Le Traître du Far-West (The Virginian, 1946) de Stuart Gilmore
PARAMOUNT


Sortie USA : 05 mai 1946


Molly Woods (Barbara Britton), fatiguée de sa vie monotone dans le Vermont, quitte son prétendant et part s’émanciper dans l’Ouest pour y devenir institutrice. Elle s’installe dans le Wyoming où elle rencontre ‘Le Virginien’ (Joel McCrea), cow-boy qui tombe immédiatement amoureux d’elle, et Steve (Sonny Tufts), son meilleur ami. Ce dernier, appâté par le gain et partisan du moindre effort, se rallie à un homme tout de noir vêtu, Trampas (Brian Donlevy) dont le cheptel augmente à une vitesse ahurissante au détriment des autres fermiers et éleveurs ; il s’agit en fait du chef d’un gang de voleurs de bétail qui décime la région. Du travail et des soucis en perspective pour notre loyal ‘Virginien’ qui va devoir dans le même temps séduire la jolie institutrice entêtée et faire cesser les méfaits du gang, quitte à y perdre un ami…


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Après Judy Garland quittant l'Ohio de peur de s'y ennuyer et pensant trouver dans les contrées lointaines du Far-West le paradis de ses rêves, c'est au tour de la jolie Barbara Britton d'en faire de même, la routine de l'Est lui pesant fortement. Mais si la première y allait pour se marier et finissait serveuse au sein des Harvey Girls, la seconde a préféré au contraire quitter son prétendant pour aller enseigner dans l'Ouest : une femme battante et moderne qui met en avant l'amour de son métier au détriment de l'amour que lui porte un homme passionnément épris ; et d'ailleurs, contrairement à ce que pourrait nous laisser penser le titre, Molly Woods tient une place plus importante dans le courant de l'intrigue que Le Virginien interprété sans trop de conviction par Joel McCrea. Ses relations avec les différents protagonistes masculins durant la première demi-heure avaient des airs fort agréables de comédie américaine. Dommage que son personnage ne soit pas mieux écrit, plus développé et que dans la dernière partie, on se doit d'assister, atterré, à l'acquiescement de Molly à propos de tous les discours qu'on lui sermonne sur la loi du talion et autres idées réactionnaires ! Sinon, Barbara Britton s'avère une actrice plutôt agréable et surtout franchement charmante ; je vous laisse juge de son très joli minois !

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En tout cas, je pense avoir été quand même très injustement sévère à l'encontre de ce western coloré et bon enfant dans mon précédent avis. S'il est effectivement rempli de clichés et pas très original, l'avoir trouvé à ce point médiocre provient peut-être du fait de l'avoir visionné entre quelques Rio Bravo ou Johnny Guitar. Mais sinon, s'il est vrai qu'il n'a rien d'exceptionnel surtout à postériori, il n'en est pas moins assez plaisant à regarder ; en 1946, il a certainement du apporter du bonheur à un grand nombre car l'histoire n'était alors encore pas trop rabachée et le Technicolor, encore assez rare malgré tout, brillait ici de tous ses feux avec ses couleurs généreusement tranchées (la scène d’arrivée de la locomotive flambant neuve sur la voie ferrée encombrée par du bétail est de ce point de vue superbe). Dans les points positifs, on peut aussi signaler une séquence assez émouvante, celle de la pendaison de son meilleur ami par "le Virginien" (l'émotion de McCrea est alors bien convaincante) et un duel final concis mais surtout réussi esthétiquement par le fait qu’il se déroule au crépuscule dans des ruelles vides balayées par le vent, le brave Joel McCrea affrontant le "vilain" Brian Donlevy vêtu de noir de la tête aux pieds ; le dernier plan de ce 'duel' est superbe. On a cependant connu Brian Donlevy bien mieux servi que par ce Bad Guy sans relief autre que le charisme et la tenue vestimentaire de l'acteur (cette dernière dont il a du probablement emprunter l'idée au Billy le Kid de Robert Taylor alors que lui tenait le rôle antagoniste de Pat Garrett)


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Malgré un spectacle somme toute honnête, on se demande comment cette histoire tirée du roman de Owen Wister et de la pièce de Kirk Lashelle a-t-elle pu donner lieu à pas moins de quatre adaptations pour le cinéma en1914, 1923 et 1929 (cette dernière par Victor Fleming avec Gary Cooper) et à une célèbre série télévisée des années 60 avec James Drury et Doug McClure ? A la vision de ce film, on est en droit de se poser la question tellement l’intrigue nous paraît aujourd'hui d’une grande banalité. Et quand on voit le nom des deux scénaristes, Frances Goodrich et Albert Hackett, on en reste bouche bée : même si leur travail n'est pas honteux, nous sommes à des années lumières de ce que le même duo sera capable de nous pondre les années suivantes, à savoir entre autres les enchanteurs La vie est belle de Frank Capra et Le pirate de Vincente Minnelli. The Virginian (1902) d’Owen Wister fait pourtant partie des romans posant les bases du genre aussi bien en littérature qu’au cinéma, puisque dès 1914, Cecil B. DeMille s’en empare pour en réaliser une première version.


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Notons que le film est dirigé avec une mollesse et un manque d’énergie flagrants par un cinéaste qui n’a pas fait une grande carrière. Ses scènes d'action sont totalement anodines et ne sont pas aidées par un montage tout du long assez approximatif (même les champs / contre champs semblent inharmonieux lors de certaines séquences dialoguées). L'utilisation des transparences n'est pas non plus des plus réussie. Cependant, il faut porter à l'actif du film de très nombreuses séquences tournées en extérieur dans de magnifiques paysages verdoyants bien photographiés. Pas grand chose à dire de la musique absolument neutre de Daniele Amfitheatrof (qui a pourtant laissé quelques partitions tout à fait honorables à défaut d’être mémorables), de l’interprétation assez moyenne de Joel McCrea (qui ne m'a pas encore franchement convaincu jusqu'ici dans le western) même si, à sa décharge, on ne peut pas dire que les scénaristes aient gâté ce personnage un peu benêt, et de celle pour le moins assez terne de Sonny Tufts.

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Alors comme nous le disions au début, quand par dessus tout ça, le film nous inflige en cours de route une apologie de la justice expéditive et de la fermeté à tout crin ("Il n’y a pas de place ici pour les faibles") par le biais d’un personnage voulu comme éminemment sympathique, celui de l’honnête et douce pionnière désormais âgée, on devient encore moins indulgent ! Dans une des scènes finales opposant la jeune Molly à son hôtesse, les deux femmes mettent un point d’honneur à savoir laquelle de leurs familles respectives a été la plus héroïque, l’héroïsme consistant ici à avoir massacré le plus d’Indiens possible et à s’en vanter (sic !). Malgré tous ces points négatifs et un ensemble très moyen, un western qui ne méritait pas le sort peu enviable que je lui avais réservé dans ma précédente critique ; je dois avouer qu'il m'a cette fois fait passer un bon moment surtout au cours de sa première moitié.

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Jeremy Fox
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Re: Stuart Gilmore (1909-1971)

Message par Jeremy Fox »

Hitchcock a écrit :La peur du scalp

Un petit western de série B assez bien construit où Robert Young est à son meilleur. Niveau scénario, il faut avouer que la trame est plutôt originale pour l'époque (le film est pro-indien, plutôt optimiste) et on ne s'ennuie presque jamais durant ces 85 minutes rondement menée. Dommage que la fin soit aussi expéditive et que certains personnages soient médiocrement caractérisés, le méchant interprété par Reed Hadley est bien peu convaincant tout comme le marshall corrompu (Barton Mac Lane). Mais la déception vient surtout du personnage féminin, campée par Janis Carter. Le réalisateur entretient en effet l’ambiguïté à son sujet tout au long du film, comme dans la scène où elle semble être la cause de la dispute entre Dan Craig et Charley, pour finir avec une bluette banale et attendue avec le personnage de Robert Young. Enfin, la mise en scène manque totalement d'entrain (seule la poursuite finale est filmée avec un peu de vigueur) et de personnalité pour en faire un très bon film. Ce western reste cependant agréable à regarder et à découvrir.
En gros d'accord avec toi ; une réalisation sans intérêt mais certaines qualités d'écriture dans le scénario, de beaux paysages naturels et un Robert Young plutôt pas mal. Loin d'être inoubliable mais pas trop désagréable. J'y reviens la semaine prochaine au sein du parcours.
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Re: Stuart Gilmore (1909-1971)

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