Fernando Arrabal

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Barry Egan
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Fernando Arrabal

Message par Barry Egan »

Dans une période consacrée à la revoyure des films de Jodorowsky, j'ai trouvé le nom d'Arrabal en fouillant un peu sur le mouvement Panique dont Jodorowsky a fait partie. Enthousiasmé à la lecture des résumés postés un peu partout sur le Net et le temps de choper le coffret DVD de ses œuvres complètes sur Amazon Espagne, j'ai découvert ses trois premiers films, soit :

- Viva La Muerte (1971)
- J'irai comme un cheval fou (1973)
- L'arbre de Guernica (1975)

cités régulièrement comme les plus singuliers et significatifs de son cinéma. Et c'est peu de dire que j'ai pas été déçu, Jodorowsky disait d'Arrabal que par rapport à lui, il est un violent, je confirme, il y a autant de grotesque et de poésie dans Arrabal, mais le ton est plus sec, plus porté vers l'absurde et moins sur le mysticisme, même dans "J'irai comme un cheval fou" (quel titre de film génial, plus un titre de poème qu'un slogan publicitaire, ça change des propositions actuelles type "Les gardiens de la Galaxie") dont le résumé laissait penser à une fable de découverte spirituelle dans le genre de "La Montagne Sacrée", alors que le film est déroutant de bout en bout et, je vais l'écrire de suite, mon préféré des trois. Je n'aurai jamais cru voir des scènes de cannibalisme et de scatophilie filmées avec autant d'émotion et d'humour, au premier degré les images sont incroyablement crues et choquantes, et malgré tout, il y a une forme de dépassement de l'ig-noblesse charnelle qui rend l'ensemble attachant. Le film est juste génial de bout en bout, toutes les images imprègnent la rétine, l'utilisation de musique religieuse en bande-son est d'une ambiguïté formidable, les personnages mémorables, les idées se succèdent, leur poids se cumule et les derniers moments sont juste inoubliables. Un chef d’œuvre quoi.

"Viva la muerte" m'a moins convaincu à la première vision, j'ai surtout détesté le procédé des inserts d'images mentales passées aux filtres monochromes, l'effet est plutôt artificiel et le propos perd de l'impact. Mais la dernière demi-heure, condensé de déviances et de mauvaises sensations d'enfant, m'a laissé bouche bée.

Et que dire de "L'arbre de Guernica", formidable ode à l'amour malgré sa forme légèrement boursouflée, ses défauts de rythme, et ses personnages peu développés ? De temps en temps, le cinéma n'a pas besoin de belles images, d'un montage parfait, et d'un script aiguisé comme une dent de requin mais seulement de belles idées exprimées avec maladresse.

Bref, une découverte marquante, un cinéma hors du commun, il me reste à voir ce qui semble décrit comme la deuxième partie, souvent analysée comme moins intéressante, de sa filmographie, mais ne serait-ce que pour ces trois premiers films extraordinaires, la création d'un topic qui n'existait pas s'imposait.

Et vous, aimez-vous Arrabal ?
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Frank N Furter
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Re: Fernando Arrabal

Message par Frank N Furter »

Ah bah justement, le coffret espagnol me fait de l’œil. Les sous-titres sont imposés ou non ?
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Barry Egan
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Re: Fernando Arrabal

Message par Barry Egan »

Malheureusement, il semble que oui. En tout cas, je peux pas les enlever avec ma PS3.
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Frank N Furter
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Re: Fernando Arrabal

Message par Frank N Furter »

:?
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Barry Egan
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Re: Fernando Arrabal

Message par Barry Egan »

Je sais, mais j'y peux rien :|

Hier soir, j'ai enchainé "Le cimetière des voitures" (1983) et "Adieu Babylone" (1992). Le premier, produit par Antenne 2 pour la télévision (!), est sympathique mais plus que dispensable malgré la belle idée de décor mal exploitée et Alain Bashung qui joue un clone de Jésus de manière volontairement inemphatique et même totalement plate. Les derniers plans sont assez jolis, mais je pensais que le propos se ferait plus acerbe, et en fait non, il se rapproche quelque part de celui de "La Dernière tentation du Christ" avec cette philosophie inspirée de l’Évangile de Judas, sans la fureur, la sincérité, la flamme, le feu du film de Scorsese.

Quant à "Adieu Babylone", c'est long, long, long et peu intéressant bien qu'il dure moins d'une heure. Une voix récite une histoire devant des images volées dans la rue où la fille d'Arrabal joue vaguement un rôle (on sent que ça a été tourné pour s'adapter grosso modo au récit) et des images des quatre premiers films de l'auteur détournées pour illustrer les mots du narrateur, une démarche légèrement prétentieuse d'auto-citation qui dévoile surtout une profonde panne d'inspiration. A cause de ce choix formel, l'histoire en devient laborieuse à suivre. On sent que ça a été planifié comme une sortie de carrière, mais j'ai trouvé ça carrément raté.

Il me reste "La Traversée de la Pacific" (qui a l'air d'être sa dernière vraie œuvre de cinéma, tournée avant "Le cimetière des voitures") et le film sur Borges (1998) à voir avant d'enchainer sur le docu qui est consacré à Arrabal lui-même. Plus de commentaires après visionnages...
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Barry Egan
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Re: Fernando Arrabal

Message par Barry Egan »

Comme prévu, quelques impressions sur "L'Empereur du Pérou"/"L'Odyssée de la Pacific", dernier film du coffret et le docu sur le cinéaste lui-même (je me laisse le film sur Borges pour plus tard).

Un très joli film pour enfants, qui souffre de son caractère très concis et presque "ébauché", mais c'est ce qui fait aussi son charme. C'est simple, on croirait par moments un ancêtre des productions Spielberg type "Goonies" dans l'esprit, après il n'y est nulle question de fantastique, mais ce penchant pour la quête et l'aventure, même si l'aventure est courte et se résume à faire fonctionner de nouveau un train, en font une sorte de précurseur. J'imagine la tronche des admirateurs des 3 premiers films d'Arrabal quand ce film est sorti, mais je trouve qu'il était plutôt cohérent une fois le régime de Franco tombé, le cinéaste passe à autre chose.

Quant au docu, on y recense les participations de Bernard-Henry Lévy et d'Henry Chapier, et rien que pour ça ça vaut le coup. Surtout pour ce Bernard Henry Lévy aux apparitions médiatiques agaçantes que je n'ai jamais apprécié, et qui là, essaie de se souvenir qu'à un moment de sa vie, il pouvait avoir de l'humour. Après, ma foi, c'est plutôt standard, Jodorowsky qui voie Arrabal comme un enfant, Arrabal qui parle beaucoup de son enfance, et une fixette sur "Viva la muerte" comme un choc à l'époque de sa sortie, occultant le reste de sa filmographie - sauf "Le cimetière des voitures" évoqué par Alain Bashung qui disait jouer sans trop comprendre dans quoi il s'était embarqué :)
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