Louise Brooks (1906-1985)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Alphonse Tram
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Louise Brooks (1906-1985)

Message par Alphonse Tram »

Tombé par hasard ce soir sur l'émission de France Culture, l'heure du documentaire :
http://www.franceculture.fr/emission-l- ... 2014-07-30
Ecoute agréable avec interviews et narrations qui mélangent passé et présent.

L'occasion de créer son topic.
Reste à compléter la filmo de la tigresse à la frange noire...
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- « Il y aura toujours de la souffrance humaine… mais pour moi, il est impossible de continuer avec cette richesse et cette pauvreté ». - Louis ‘Studs’ Terkel (1912-2008) -
Herve2
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Re: Louise Brooks (1906-1985)

Message par Herve2 »

Découvert il y a des années, grâce à Claude-Jean Philippe (à moins que ce ne soit grâce à Patrick Brion :wink: ) "trois pages d'un journal" (autre titre de mémoire : "Journal d'une fille perdue") qui m'avait bouleversé. Depuis, je crois bien que je suis un peu amoureux de l'actrice à la frange. Filmographie assez courte mais image immortelle.
A voir également "Loulou" bien sûr !!!

Cordialement,

Hervé
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Ann Harding
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Re: Louise Brooks (1906-1985)

Message par Ann Harding »

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Love 'Em and Leave 'Em (Le galant étalagiste, 1926) de Frank Tuttle avec Evelyn Brent, Louise Brooks, Lawrence Gray et Osgood Perkins

Mame Walsh (E. Brent) travaille dans un grand magasin ainsi que sa petite soeur Janie (L. Brooks). Mame s'occupe d'elle depuis la mort de leur mère. Elle ignore que Janie parie secrètement aux courses par l'intermédiaire d'un voisin louche, Lem Woodroff (O. Perkins), et y engloutit une collecte réalisée par les employés du magasin...

En 1926, Louise Brooks n'est pas du tout une star de cinéma, tout au plus une jeune actrice qui monte. Dans cette production Paramount, on l'associe avec une autre actrice du studio Evelyn Brent. Le style de celle qui sera l'égérie des premiers grands films de Sternberg comme Underworld (1927) déplaît considérablement à Louise. Elle dira plus tard de sa partenaire, avec sa langue acérée habituelle : "Son idée du jeu d'actrice était d'entrer en scène, d'écarter les jambes et de rester pieds au sol en disant son texte avec un mépris tout masculin !" En tout cas, cette différence de personnalités convient bien à leurs rôles de soeurs ennemies. Alors que Brent est une bonne fille, peut être un peu trop sage, Brooks accumule les bêtises et n'hésite pas non plus à séduire le fiancé de sa soeur, Bill (Lawrence Gray) en son absence. Mame encaisse stoïquement les rebuffades de sa jeune soeur, et doit faire des pieds et des mains pour récupérer l'argent qu'elle a dilapidé aux courses avec un escroc. Le monde des grands magasins a été beaucoup exploité à cette époque au cinéma américain. Dans It (1927) de Clarence Badger, Clara Bow était une jeune vendeuse qui séduisait son patron et Mary Pickford était également vendeuse dans l'excellent My Best Girl (1927). L'univers du grand magasin permet d'explorer les différentes couches sociales de l'Amérique des années 1920. Une jeune femme de l'époque ne pouvait guère espérer mieux comme travail que secrétaire ou vendeuse. Il y a sans aucun doute une identification forte du public avec des personnages qui leur ressemble dans la vie de tous les jours. Alors que Mame ne songe qu'à épouser un de ses collègues, Janie veut elle grimper l'échelle sociale plus rapidement et n'hésite pas à flirter avec le chef de rayon, puis avec le patron. Brooks est parfaitement à l'aise en "goldigger" amorale à l'allure innocente: elle danse et enjôle les hommes avec un mépris total des conventions. Si le film souffre un peu, ce n'est pas au niveau de l'interprétation, mais plus de la direction assez plate de Frank Tuttle. Néanmoins, cette comédie dramatique est extrêmement plaisante.

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A Girl in Every Port (Une fille dans chaque port, 1928) d'Howard Hawks avec Victor McLaglen, Robert Armstrong et Louise Brooks

Le marin Spike Madden (V. McLaglen) a un riche carnet d'adresses rempli du nom de ses conquêtes aux quatre coins du monde. Seulement, en retournant voir celles-ci, il se rend compte qu'un autre marin est également passé par là en laissant un bracelet ou un tatouage...

En 1926, Victor McLaglen était devenu soudain une star grâce son incarnation du Capitaine Flagg dans What Price Glory? de Raoul Walsh. La Fox décide d'exploiter ce héros atypique, pas réellement un séducteur, mais à l'allure virile de bagarreur dans A Girl in Every Port. Tout comme le film de Walsh, la comédie de Hawks exploite jusqu'à plus soif l'amitié virile qui unit deux marins en goguette. Le véritable couple du film c'est Armstrong - le futur interprète de King Kong (1933) - et McLaglen qui passent de bars en bars, de bagarres en bagarres contre les autorités locales tout en s'arrêtant ce qu'il faut pour revoir des filles de passage. Il semble que ce type d'amitié virile était à la mode à l'époque. Cela peut donner le meilleur avec Wings (1927) de W.A. Wellman ou le pire comme Two Arabian Knights (1928) de Lewis Milestone. Le film d'Hawks se rapproche plus du deuxième. Les personnages sont schématiques et Victor McLaglen se contente de faire sa série de grimaces habituelles: clin d'oeil, sourire béat et énorme éclat de rire. Si on apprécie le style de McLaglen - ce n'est pas mon cas - on peut regarder avec amusement cette pochade à l'humour potache. Il faut cependant remarquer qu'Hawks montre un sens du rythme qui rattrape quelque peu les ratages de sa période muette comme le désastreux Fazil (1928). A sa sortie, A Girl in Every Port fut salué pour son potentiel commercial, plus que pour une quelconque réussite artistique. Quant à Louise Brooks, elle ne joue qu'un personnage secondaire. Elle est plongeuse acrobatique dans une fête foraine et s'intéresse de près au portefeuille de McLaglen, plus qu'à son charme imaginaire. On peut admirer sa plastique dans un maillot moulant qui apparemment attira l'oeil de Pabst. Sans ce dernier, il y a fort à parier que Louise serait restée une actrice secondaire à Hollywood. Le couple qu'elle forme avec McLaglen fait penser au couple Clara Bow-Ernest Torrence dans Mantrap (1926) de Victor Fleming. Le film de Fleming avait cependant un tout autre dynamisme grâce à la pétillante Clara. Dans l'ensemble, une comédie passable, mais qui ne fait pas partie des meilleurs films de Hawks.
Geoffrey Carter
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Re: Louise Brooks (1906-1985)

Message par Geoffrey Carter »

Ann Harding a écrit : A Girl in Every Port (Une fille dans chaque port, 1928) d'Howard Hawks avec Victor McLaglen, Robert Armstrong et Louise Brooks

Le marin Spike Madden (V. McLaglen) a un riche carnet d'adresses rempli du nom de ses conquêtes aux quatre coins du monde. Seulement, en retournant voir celles-ci, il se rend compte qu'un autre marin est également passé par là en laissant un bracelet ou un tatouage...

En 1926, Victor McLaglen était devenu soudain une star grâce son incarnation du Capitaine Flagg dans What Price Glory? de Raoul Walsh. La Fox décide d'exploiter ce héros atypique, pas réellement un séducteur, mais à l'allure virile de bagarreur dans A Girl in Every Port. Tout comme le film de Walsh, la comédie de Hawks exploite jusqu'à plus soif l'amitié virile qui unit deux marins en goguette. Le véritable couple du film c'est Armstrong - le futur interprète de King Kong (1933) - et McLaglen qui passent de bars en bars, de bagarres en bagarres contre les autorités locales tout en s'arrêtant ce qu'il faut pour revoir des filles de passage. Il semble que ce type d'amitié virile était à la mode à l'époque. Cela peut donner le meilleur avec Wings (1927) de W.A. Wellman ou le pire comme Two Arabian Knights (1928) de Lewis Milestone. Le film d'Hawks se rapproche plus du deuxième. Les personnages sont schématiques et Victor McLaglen se contente de faire sa série de grimaces habituelles: clin d'oeil, sourire béat et énorme éclat de rire. Si on apprécie le style de McLaglen - ce n'est pas mon cas - on peut regarder avec amusement cette pochade à l'humour potache. Il faut cependant remarquer qu'Hawks montre un sens du rythme qui rattrape quelque peu les ratages de sa période muette comme le désastreux Fazil (1928). A sa sortie, A Girl in Every Port fut salué pour son potentiel commercial, plus que pour une quelconque réussite artistique. Quant à Louise Brooks, elle ne joue qu'un personnage secondaire. Elle est plongeuse acrobatique dans une fête foraine et s'intéresse de près au portefeuille de McLaglen, plus qu'à son charme imaginaire. On peut admirer sa plastique dans un maillot moulant qui apparemment attira l'oeil de Pabst. Sans ce dernier, il y a fort à parier que Louise serait restée une actrice secondaire à Hollywood. Le couple qu'elle forme avec McLaglen fait penser au couple Clara Bow-Ernest Torrence dans Mantrap (1926) de Victor Fleming. Le film de Fleming avait cependant un tout autre dynamisme grâce à la pétillante Clara. Dans l'ensemble, une comédie passable, mais qui ne fait pas partie des meilleurs films de Hawks.
Selon moi, il s'agit au contraire d'un excellent film d'Hawks (même si je veux bien admettre ses défauts) et il faut avouer que les personnages sont quand même assez bien caractérisés pour un film de jeunesse. :arrow: Mon avis
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Ann Harding
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Re: Louise Brooks (1906-1985)

Message par Ann Harding »

J'avais lu ton avis, Geoffrey. :wink: Tu regardes le film dans le cadre de la carrière de Hawks, alors que moi je le vois dans le contexte de la production de l'époque. Je trouve qu'il est difficile d'appliquer la théorie des auteurs dans le contexte du début de carrière de Hawks qui me semble plus régit par la politique des studios que par les décisions du metteur en scène.
Je suis également moins conquise par le film que toi à cause de McLaglen que je trouve agaçant. D'ailleurs il l'est tout autant dans What Price Glory? !
Geoffrey Carter
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Re: Louise Brooks (1906-1985)

Message par Geoffrey Carter »

Ann Harding a écrit :Tu regardes le film dans le cadre de la carrière de Hawks, alors que moi je le vois dans le contexte de la production de l'époque.
Il est vrai que nos démarches sont différentes. Mais sur ce point, je suis bien d'accord avec toi : le film est clairement en dessous de comédies de la même époque, comme The Patsy de King Vidor sorti également en 1928. Concernant MacLagen, je n'ai jamais eu de problème particulier avec cet acteur, mais je comprends aisément qu'il puisse rapidement agacer.
lecoinducinéphage
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Re: Louise Brooks (1906-1985)

Message par lecoinducinéphage »

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