Madeleine Carroll (1906-1987)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Hitchcock
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Madeleine Carroll (1906-1987)

Message par Hitchcock »

The World Moves On de John Ford (1934)

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Tourné durant l'année 1934 juste entre The Lost Patrol et Judge Priest, The World Moves On est considéré par son auteur comme uns de ses plus mauvais films jamais tournés : « Je préfère l'oublier, et je me suis battu pour ne pas le faire mais j'étais sous contrat et finalement j'ai été obligé de le tourner et je l'ai fait du mieux possible. Mais je détestais la chose. C'était vraiment un mauvais film. Il n'y avait rien à dire et il n'y avait aucune place pour la comédie. » Pourtant il possède des qualités certaines et il serait injuste qu'il reste dans le quasi-oubli où il est tombé de nos jours.

Cette grande fresque historique relate l'aventure d'une famille prospère d'exploitants en coton à travers l'histoire d'amour de deux héritiers qui se retrouvent par l'intermédiaire de leurs descendants respectifs. Le film, très structuré, commence donc en 1825 avec le décès du fondateur de l'exploitation et la lecture de son testament. Celui-ci divise la société en trois succursales : une restera en Amérique tandis que les deux autres iront en France et en Allemagne. C'est aussi l'occasion d’apercevoir pour la première fois nos deux tourtereaux (Madeleine Caroll et Franchot Tone), qui se séparent rapidement. Après une éclipse temporelle d'un peu moins de 100 ans, nous voici en 1914 à la veille de la Première Guerre Mondiale. Une jeune anglaise, Madeleine Carroll, débarque en Amérique avec son père et rencontre Franchot Tone avec une curieuse impression de déjà vu. Commence alors une grande épopée romanesque au lyrisme assez époustouflant, qui résistera aux déchirements de la Première Guerre Mondiale et même au krach boursier de 1929 - non sans laisser d'importantes séquelles. La fin du film, remarquable, comporte quelques images d'archives pour montrer le danger du IIIe Reich, et se clôt très symboliquement avec un Christ en croix.

Le point faible du film est indéniablement ses scènes romantiques. Malgré le charme de ses deux interprètes principaux, la mise en scène reste assez plate et les dialogues théâtraux au possible. L'ensemble perd également de son effet à travers de longues séquences interminables de réunions familiales, qui ne sont de plus pas forcément indispensables au déroulement de l'intrigue. Les meilleurs moments tiennent cependant dans une poignée de scènes de guerre, filmées avec enthousiasme et qui parviennent toujours à captiver. La reconstitution des batailles est tellement minutieuse qu'on se croirait parfois dans un documentaire, ou dans un film expérimental avec ce chaos filmé dans un rythme génial. Ces scènes se démarquent également par leur remarquable choix de seconds rôles, notamment le génial Stepin Fetchit, qui permettent de donner un souffle de vie et de réalisme. On sent toujours Ford très proche de ses acteurs, et il n'oublie pas de nous rappeler que tous ces gens qui tombent sont des hommes de chair et de sang. Les dialogues sont cette fois-ci remarquablement écrits, renforçant l'impression de chaleur que l'on peut éprouver pour les soldats.

The World Moves On est loin d'être un mauvais film, malgré ses aspects sentimentaux décevants et, il faut bien le dire, complètement ratés. Il reste remarquable pour l'ambition dont fait preuve le film, ses envolées lyriques et ses sublimes scènes de guerre. Cette fresque historique et familiale, à défaut d'être totalement convaincante, devient donc indispensable pour tout admirateur du cinéaste.
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Jeremy Fox
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Re: The World Moves On (John Ford - 1934)

Message par Jeremy Fox »

Merci pour cet avis ; je n'étais même pas au courant de l'existence de ce film.
aelita
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Re: The World Moves On (John Ford - 1934)

Message par aelita »

Film diffusé en ce moment sur CineClassic.
Si ce n'est pas le meilleur de Ford, il ne manque toutefois pas de qualités. Notamment son interprétation, avec une Madeleine Carroll très émouvante. Et la reconstitution (le film se concentre surtout sur la période 14/18 et 1925/1929) est belle. Le film a pour principal défaut son scenario, qui survole son sujet , expédiant des périodes entières en un carton explicatif . Il faut dire que 1h40 pour traiter une telle histoire, c'est bien court. Il aurait fallu une fresque de plus de deux heures.
La mise en scène ne tire peut-être pas tout le parti qu'on aurait pu espérer de cette histoire. Notamment en ce qui concerne l'aspect romanesque (le couple de 1914, quasi-réincarnation de celui de 1825). Les scènes de guerre sont en effet remarquables, au point qu'on a l'impression que tout le reste n'est peut-être qu'un prétexte pour filmer ces scènes.
On retiendra quand même une conclusion assez étonnante (le film se termine en 1929). On y voit les personnages évoquer une nouvelle guerre comme une possibilité de règlements de problèmes du temps (crise, montée des nationalismes , réarmement en Europe...) ou comme une conséquence de ceux-ci. Sur fond d'images d'actualités de l'époque (du tournage - 1934). ils réagissent comme s'ils étaient en 1934, mais la scène se passe bien en 1929 (voir le retour du couple dans la maison de La Nouvelle Orléans).
Pas le meilleur film de Ford, mais une bonne découverte quand même.
Dernière modification par aelita le 6 juin 14, 12:33, modifié 1 fois.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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Watkinssien
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Re: The World Moves On (John Ford - 1934)

Message par Watkinssien »

Pareil que les deux avis précédents.

Une oeuvre mineure, mais intéressante et parfois même visuellement spectaculaire.
L'histoire est vraiment inégalement construite, mais la mise en scène est solide, sans être réellement inspirée.

Curiosité comme on dit, mais pas si indigne que cela.
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feb
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Madeleine Carroll (1906 - 1987)

Message par feb »

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*****
Listing non-exhaustif des films de Madeleine Carroll tournés entre 1928 et 1949 avec le statut :
- copie existante/perdue/statut inconnu
- VHS/DVD/BD

1928

The Guns of Loos – Etat inconnu / Perdu – Stoll Picture Productions
What Money Can Buy – Etat inconnu / Perdu – Gaumont British Picture Corporation
The First Born – Copie existante (Archives BFI) – Gainsborough Pictures
Pas si bête – Etat inconnu / Perdu – Les Films Célèbres

1929

The Crooked Billet (International Spy) – Etat inconnu / Perdu - Gainsborough Pictures
The American Prisoner – Copie existante (Archives BFI) - British International Pictures
Atlantic – DVD Z0 US DVD International / DVD-R emoviez - British International Pictures
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1930

The W Plan – Copie existante (Médiathèque BFI Southbank) - British International Pictures
L'instinct – Etat inconnu / Perdu – Franco Films / Paris International Film
Young Woodley – Etat inconnu / Perdu - British International Pictures
French Leave – Etat inconnu / Perdu - D&H Productions
Escape! – Copie existante – Associated Talking Pictures
School for Scandal – Etat inconnu / Perdu - Albion Film Corp.
Kissing Cup's Race – Etat inconnu / Perdu - Butcher's Film Service

1931

Madame Guillotine – Etat inconnu / Perdu - Reginald Fogwell Productions
Fascination – DVD Z2 Network - British International Pictures
The Written Law – Etat inconnu / Perdu - Reginald Fogwell Productions
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1933

Sleeping Car – Etat inconnu / Perdu - Gaumont British Picture Corporation
J'étais une espionne (I Was a Spy) – DVD Z1 VCI / DVD Z2 Strawberry Media - Gaumont British Picture Corporation
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1934

Le monde en marche (The World Moves On) – DVD Z2 Espagnol – Fox Film Corporation
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1935

Le dictateur (The Dictator / The Love Affair of the Dictator / For Love of a Queen) – DVD Z2 Ealing Studios Rarities Collection: Volume 13 - Toeplitz Productions Ltd.
Les 39 marches (The 39 Steps) – BD RA Criterion / DVD/BD RB Elephant - Gaumont British Picture Corporation
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1936

Quatre de l'espionnage (Secret Agent) – DVD Z2 TF1 Video - Gaumont British Picture Corporation
The Case Against Mrs. Ames – Copie existante (MCA/Universal) / DVD-R emoviez - Walter Wanger Productions / Paramount Pictures
Le général est mort à l'aube (The General Died at Dawn) – DVD Z1 The Gary Cooper Collection / DVD Z2 Filmedia - Paramount Pictures
Le pacte (Lloyd's of London) – DVD Z0 Twentieth Century Fox Archives / DVD Z2 Espagnol - Twentieth Century Fox Film
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1937

On the Avenue – DVD Z2 20th Century Fox Classics - Twentieth Century Fox Film
It's All Yours - Copie existante (MCA/Universal) / DVD-R emoviez – Columbia Pictures
Le prisonnier de Zenda (The Prisoner of Zenda) – DVD Z2 UK Warner Double Feature / DVD Z2 Espagnol - Selznick International Pictures
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1938

Blockade – DVD Z1 US / DVD Z2 UK/Italien/Espagnol - Walter Wanger Productions
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1939

Femme du monde (Cafe Society) - Copie existante (MCA/Universal) - Paramount Pictures
Honeymoon in Bali (Husbands or Lovers / My Love for Yours) – DVD Z0 Synergy Ent. - Paramount Pictures
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1940

My Son, My Son! – VHS US United Artists - Edward Small Productions
Safari – Copie existante (MCA/Universal) - Paramount Pictures
Les tuniques écarlates (North West Mounted Police) – DVD Z2 Les Introuvables WS – Paramount Pictures
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1941

Virginia – Copie existante (MCA/Universal) - Paramount Pictures
Une nuit à Lisbonne (One Night in Lisbon) – Copie existante (MCA/Universal) - Paramount Pictures
Sous le ciel de Polynésie (Bahama Passage) – Copie existante (MCA/Universal) - Paramount Pictures

1942

La blonde de mes rêves (My Favorite Blonde) – DVD Z1 Bob Hope Classic Comedy Collection / DVD Z1 Bob Hope Double Fearure – Paramount Pictures
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1947

L'orphelin (White Cradle Inn) - DVD Z2 UK Network – Peak Films
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1948

An Innocent Affair (Don't Trust Your Husband / Under Suspicion) – DVD Z1 Geneon – James Nasser Productions Inc.
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1949

L'éventail de Lady Windermere (The Fan / Lady Windermere's Fan) - DVD Z2 ESC - Twentieth Century Fox Film Corporation
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Dernière modification par feb le 30 mars 15, 19:10, modifié 1 fois.
Hitchcock
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Re: Madeleine Carroll (1906-1987)

Message par Hitchcock »

Superbe travail encore une fois ;)
Bravo et merci !
feb
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Re: Madeleine Carroll (1906-1987)

Message par feb »

Merci :wink:
La flemme de créer un nouveau topic donc je me suis permis de reprendre ton topic sur le film de Ford pour y poster le listing.
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Commissaire Juve
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Re: Madeleine Carroll (1906-1987)

Message par Commissaire Juve »

De la lecture en diagonale : j'ai d'abord lu "Martine Carol" ! :lol: Comme ça me surprenait, j'ai refait le point et...
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Ann Harding
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Re: Madeleine Carroll (1906-1987)

Message par Ann Harding »

Je reposte ma critique d'un des premiers films de Madeleine, alors encore brune.

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The First Born (1928, Miles Mander) avec Miles Mander, Madeleine Carroll et John Loder

Madeleine (M. Carroll) est l'épouse de Sir Hugo Boycott (M. Mander). Son époux la traite avec mépris car elle ne lui a pas donné d'enfant. Durant une de ses longues absences, elle décide d'adopter secrètement l'enfant d'une jeune manucure et de faire croire à son époux qu'elle en est la mère...

Ce film de la firme Gainsborough est une petite perle du cinéma muet britannique. Le scénario a été écrit par le réalisateur-acteur Miles Mander avec Alma Reville qui était Mrs Hitchcock à la ville. Et le résultat rappelle par moment les films de son époux. On peut donc avancer sans se tromper qu'Alma a certainement eu une influence sur l'oeuvre d'Alfred. Miles Mander réalise là une étude de moeurs bien vue de la haute société britannique de l'époque. Madeleine Carroll, qui était encore brune à cette époque-là, est l'épouse délaissée d'un politicien qui la maltraite. Elle doit subir constamment les reproches de son époux: ils n'ont pas d'enfants. C'est tout à fait symptomatique de la société rigide de l'époque de voir que c'est l'épouse qui est immédiatement suspectée d'être stérile. De même son mari peut avoir des aventures à répétition, mais il n'est pas question pour elle de flirter même innocemment avec un homme. Madeleine est tellement désespérée à l'idée de perdre son époux qu'elle va utiliser un stratagème pour le faire revenir. Elle adopte l'enfant d'une jeune manucure qui est enceinte d'un homme qui l'a quittée. Ce 'premier né' du titre est d'autant plus important pour l'aristocratie britannique que c'est lui qui hérite du titre et de la fortune de son père. Le deuxième enfant est lui dépossédé de toute succession. Madeleine pense avoir réussi à le reconquérir avec cet enfant qu'il désirait tant. Mais, il reprend rapidement le chemin de la maison de sa maîtresse. Et cette dernière lui suggère qu'il n'est peut-être pas le père de l'enfant. Le venin du doute et de la jalousie le rend fou. Madeleine refuse d'avouer, mais finalement sous la contrainte lui dit que l'enfant est adopté. Cette révélation va précipiter le drame. Boycott tombe dans une cage d'ascenseur et Madeleine reste veuve. Mais, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Le film offre un rebondissement final tout à fait étonnant. Miles Mander réalise son film avec une caméra mobile et fluide typique de ces années de la fin du muet. Lorsqu'il rentre chez lui sans se faire annoncer pour surprendre sa femme dans son bain, la caméra se fait subjective et suit son regard vers le lit défait, la coiffeuse et finalement la baignoire où se prélasse sa femme. Une autre scène est purement Hitchcockienne (sans qu'Alfred y soit pour quelque chose). La mort d'Hugo Boycott est superbement amenée. Il se dispute avec sa maîtresse sur le palier de son appartement. Il appelle l'ascenseur et se retourne pour lui parler. L'ascenseur est monté, laissant la cage vide. Il tombe et un petit nuage de poussière apparaît devant un liftier étonné. La chute est accompagnée par une série d'images en surimpression. Le tout est parfaitement rythmé. Madeleine Carroll donne une interprétation sensible et sensuelle de Madeleine tel un animal pris dans une cage. L'observation de la vie sexuelle de la haute société est féroce et sans concession. Miles Mander ne cherche pas à se donner le beau rôle. Il est un salaud parfait. Le film a été restauré récemment par le BFI et on peut en voir un extrait ici. De plus, une nouvelle partition musicale de Stephen Horne a été composée pour l'occasion. Malheureusement, j'ai dû regarder ce film en silence à la Médiathèque du BFI où ce film est disponible en version numérisée. A quand une première en France de ce beau film avec la musique de Stephen Horne? Bientôt, j'espère.
feb
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Re: Madeleine Carroll (1906-1987)

Message par feb »

Le 8 juin chez Network

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