Orson Welles (1915-1985)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par bruce randylan »

A serious man a écrit :
xave44 a écrit : La réalisation est nettement décevante par rapport au 1er. Ici, pas de cadrages "à la Welles", des moyens trop visiblement réduits (pour ne pas dire plus) et une réalisation qui n'arrive jamais à transcender le décor en carton-pâte.
Reste l'interprétation qui sauve partiellement le projet. Mention particulière à Jeannette Nolan, fantastique Lady Macbeth et à Welles lui-même qui semble s'être plus investi dans son personnage que dans Othello.
Ah non! la réalisation du Macbeth est justement fabuleuse a cause de ce manque de moyen que Welles parvient a utiliser au mieux pour créer un univers barbare et grotesque (au sens hugolien du terme, justement en partie baser sur Shakespeare). La réalisation de Welles tout en plan séquence et en clair obscur, revendique justement une théâtralité qui n'a plus rien a voir avec les platitudes du théâtre filmé puisque l'artifice revendiqué transforme l'espace du chateau et de la lande écossaise en espace mentale dans lequel les personnages avec leur pulsions en même temps qu'avec des forces métaphysique qui les dépasse (tout le film est traversé par des oppositions entre des croix chrétienne et la formes du V associé d'emblée aux sorcières avec leur battons). Une des réalisations les plus évocatrices et les plus puissantes de Welles, surement pas un ratage.
(j'ajoute que Jeannette Nolan est pour moi une lady Macbeth relativement conventionnel par rapport a ce que le personnage peut permettre)
Voilà, je ne l'aurais pas mieux dit. Avec son décor réduit, Welles tire une puissance viscérale expressionniste qui m'avait terrassé.

Alalalala ! Il me tarde de revoir tout ça dans une quinzaine de jours à la cinémathèque :D
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Watkinssien
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par Watkinssien »

Un peu les yeux piqués de lire que la mise en scène de Welles dans Macbeth n'arrive pas à transcender quoi que ce soit.

Mais bon, vous avez bien répondu.
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Geoffrey Carter
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par Geoffrey Carter »

Rick Blaine a écrit :
Hitchcock a écrit :J'ai été agacé par Welles également il y a quelques semaines avec Le Procès, un film que j'ai trouvé ennuyeux et poussif au possible,
:shock:

Je crois que c'est le film de Welles qui m'a fait la plus forte impression (avec Citizen Kane, et encore). J'en garde un souvenir marquant, et l'impression d'une restitution réussie de l'atmosphère oppressante de l’œuvre de Kafka. Il faudrait que je le revois ceci dit.
Je pense qu'il s'agit de son opus le plus difficile à évaluer. La perspective morale du film et la pesanteur de son humour nous font hésiter à y voir une véritable réussite. Même en faisant preuve de la meilleure volonté du monde, on se lasse bien avant la fin, et Welles n'avait sans doute pas tort lorsqu'il a reconnu qu'on pourrait certainement tirer un bon film du roman de Kafka mais qu'il n'était pas lui-même l'homme de la situation. Néanmoins, je répugne toujours à critiquer le film en raison de la hargne avec laquelle la presse anglo-saxonne s'est acharnée sur lui, relayée d'ailleurs par quelques-uns des admirateurs déclarés du cinéaste.

Voici ce que j'écrivais sur Le Procès et la relation entre ces deux artistes :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Le Procès est bâti tout d'une pièce. Welles est parvenu à adopter le récit de Kafka aux exigences de son propre univers moral. La question n'est pas tellement de savoir si Welles a fait une adaptation fidèle du livre (un tel argument n'a plus grande signification sur le plan esthétique), ce serait plutôt de comprendre à quel point le style si personnel du réalisateur peut se permettre de traiter les personnages et les thèmes d'un auteur dont le style et le tempérament sont presque diamétralement opposés aux siens. La question ne se pose pas pour les adaptations que Welles a faites, soit de La Splendeur des Amberson de Booth Tarkington, soit d'Une Histoire immortelle, d'Isak Dinesen. Dans aucun de ces deux cas on ne ressent de tension irréductible entre le matériau de départ et le produit de Welles, qui trouve dans le premier un apport bénéfique, un élargissement de son horizon (Mr. Arkadin aurait d'ailleurs gagné à établir le genre de distance qui existe lorsqu'un auteur adapte l'oeuvre d'un autre). Certains défenseurs de la théorie du cinéma d'auteur ont cependant exagéré l'importance de la nécessité d'une « tension » dans le style d'un réalisateur. La thèse selon laquelle la portée d'une oeuvre dépend de la tension créée entre le matériau d'origine et l'attitude que le réalisateur adopte à son égard - par exemple l'approche libérale d'un matériau à tonalité conservatrice dans Tempête à Washington par Preminger ou l'approche conservatrice d'un matériau à tonalité libérale par Ford dans Cheyenne Autumn - cette thèse, si elle était poussée à l'extrême, voudrait que l'oeuvre la plus riche soit celle qui présente une totale disparité entre le style et le matériau, dans le genre de ce qu'on obtiendrait si Ford tournait A Hard Day's Night par exemple. Naturellement, rares seraient ceux qui iraient aussi loin, mais il n'en reste pas moins qu'il est dangereux de voir en ce genre de « tension » une fin en soi quand elle ne doit être q'une partie, qu'une des composantes de l'oeuvre. De sa propre initiative, Welles n'aurait sans doute pas étoffé de cette manière la satire journalistique dans Citizen Kane, pas plus qu'il n'aurait fait preuve, dans la Splendeur des Amberson, d'une telle ambivalence envers le phénomène de l'ascension sociale, mais sa conception du monde sait intégrer ses vues sans qu'on ressente aucune discordance. Lorsqu'on analyse les sources d'un auteur, il est moins intéressant de relever tout ce que celui-ci a éliminé - recherche d'un intérêt mineur quand l'adaptation est une réussite - que de prendre en compte tout ce qu'il a conservé et s'est donc approprié.

Le roman de Kafka est avant tout comique. La vie tranquille de son héros est brisée par une force inexplicablement malveillante, qui se met à le harceler sans raison aucune : il s'agit d'une parodie acerbe de la doctrine du pêché originel. Châtiment et culpabilité existent sans qu'on en connaisse les causes. Le pêché est donné comme une condition préalable à l'existence. Les héros de Kafka n'ont pas de visage ; ils n'ont ni pouvoir, ni importance (hormis un vague statut que leur confère le système bureaucratique) ni, en fin de compte, de dignité. A la fin du Procès, K. se rend compte qu'il meurt « comme un chien ». Le tragique, chez Kafka, traverse toute l'existence : c'est une sorte de logique implacable, qui se révèle dans les gestes les plus banals, et, se propageant à travers un dédale sans fin de polémiques du quotidien, aboutit inévitablement à la mort du héros. K. se soumet au bourreau, incapable de se donner la mort lui-même parce qu'il reconnaîtrait, ce faisant, l'existence de son libre arbitre. « La responsabilité de cet ultime échec, commente le narrateur, incombe entièrement à celui-là même qui ne lui a pas laissé la force d'accomplir cet acte. » Kafka, dit-on, riait en son for intérieur lorsqu'il lisait des passages du Procès à des amis. Si cela nous paraît étrange, il faut nous rappeler que le narrateur tout-puissant dans le livre est lui-même l'auteur de la tragédie. La désolation de l'univers kafkaïen n'est autre que le résultat d'un acte de volonté de la part de son créateur - non pas Dieu, mais Kafka. Les êtres sans défense qu'il tient sous son contrôle interprètent le drame de son orgueil immodéré. Qui d'autre que Kafka empêche le héros de trouver la force d'agir selon sa volonté ? Qui d'autre que Kafka refuse de donner un sens à la vie de ses personnages et d'envisager la possibilité qu'il existe un ordre supérieur ? Ayons pitié de ses personnages, car leur impuissance, dont ils ont tendance à se sentir coupables, n'est que l'effet comique de l'action de leur créateur, érigeant la défaite en principe universel.

Une analyse approfondie n'est pas nécessaire pour s’apercevoir que la position de Welles est diamétralement opposée. En tant que créateur, il soumet également ses héros à un code moral : cependant, il punit, non pas leur ignorance, mais leur violation des principes qui régissent ce code. Il les contraint à choisir entre le libre arbitre de l'homme responsable et la morgue de qui se croit tout-puissant. « Tous les personnages que j'ai interprétés sont des variantes de Faust, a déclaré Welles. Je déteste toutes les formes de Faust, car je pense qu'il est impossible pour m'homme d'être grand sans admettre qu'il y a plus grand que lui - la loi, Dieu ou l'art ; le contraire est impossible. Si j'éprouve une quelconque sympathie pour ce genre de personnages, c'est sur le plan humain, par sur le plan moral. » Etant donné le caractère apparemment irréductible de l'opposition entre le texte de Kafka et le point de vue philosophique de Welles, il est naturel d'imaginer qu'il existera une tension dialectique particulièrement forte entre les actions des personnages d'une part et l'interprétation qu'en donnera le réalisateur d'autre part. Si nous devons continuer à nous pencher sur le rapport Welles/Kafka - alors qu'il nous est possible d'ignorer le rapport Welles/Tarkington et de nous intéresser uniquement au premier - c'est que le récit progresse, moins par une amplification émotionnelle qu'au moyen d'effets rhétoriques. En prenant pour base Le Procès, Welles a choisi de soumettre la stabilité de son propre ordre moral au défi constant du thème kafkaïen de l'échec prédestiné. L'égocentrisme du style visuel de Welles est également à l'opposé de la représentation kafkaïenne. De tous les cinéastes, c'est Alfred Hitchcock qui semble le plus se rapprocher de Kafka. Son style a la même lucidité et la même logique syntaxique, la même méthode et la même simplicité opposés ironiquement au chaos du monde - avec en plus un sens du tragique qui est peut-être dû à son catholicisme sceptique. Bien qu'il lui manque l'étourdissant humour de La Mort aux Trousses, Le Faux Coupable - sorte d'ébauche de ce dernier film - qu'Hitchcock a tiré d'un fait divers dont la situation rappelait celle du Procès, pourrait illustrer, point par point, la méthode à suivre pour filmer l'atmosphère de cauchemar de l'univers kafkaïen. Kafka décrit d'abord chacun de ses décors en termes spatio-temporels naturalistes avant d'introduire entre les personnages un système relationnel absurde, à cause duquel l'apparente logique spatio-temporelle est ravalée au rang de simple parodie d'un ordre universel stable. Welles, quant à lui, désorganise complètement le système spatio-temporel en juxtaposant de façon flagrante des lieux tout à fait disparates et en coupant systématiquement l'image au moment où K. entre ou sort de l'un de ces décors que rien ne relie entre eux, sinon ce procédé : ainsi l'univers est entièrement fonction des faits et gestes de K. Le dénouement utilise la notion d'espace d'une manière que Welles avait pensé exprimer plus schématiquement avant qu'on ne lui attribue comme unique décor une gigantesque gare abandonnée. « Telle que je l'avais envisagée, la mise en scène utilisait des décors qui disparaissaient progressivement. J'aurais réduit peu à peu le nombre des éléments réalistes, de manière à ce que le public s'en aperçoive, jusqu'à que la scène soit réduite à un espace libre et vide, comme si tout avait été dissous. » Dans les dernières images du film, les formes baroques du continuum espace-temps se sont dépouillées jusqu'à n'être plus qu'une ligne mince séparant la terre nue et le ciel gris : le combat de Joseph K. est effectivement installé au centre de l'univers.

Il nous faut maintenant, pour saisir dans toute sa complexité le point de vue de Welles, analyser la nature exacte de sa rhétorique. Sa présence, à la fois comme auteur et en tant qu'interprète de l'avocat, est d'une importance capitale. Le personnage de l'avocat est plus développé dans le film que dans le livre, où il a surtout pour fonction de détourner le héros de son désir de résoudre son problème de façon satisfaisante. Dans le film, l'interprétation fait au contraire du personnage l'incarnation même de la tentation contre laquelle K. doit lutter. Son importance nouvelle est soulignée par sa réapparition dans la cathédrale, à la fin, où il prend, durant l'interrogatoire, la fonction que Kafka avait assigné au prêtre. K. a l'occasion de prendre toute la mesure de ce qu'est le désespoir absolu lorsqu'il constate la monstrueuse immobilité dans laquelle s'est retranché l'avocat, et l'attitude absolument servile de son client Block (qui se comporte « comme un chien »). Comme Kurtz dans Au Coeur des Ténèbres, l'avocat présente à K. une vision du chaos qui rend possible sa victoire morale.

Rares sont les films qui ont instauré ce type de rapport rhétorique avec une autre oeuvre ; parmi ceux qui l'ont fait, on peut citer Rio Bravo (par rapport à High Noon) et Le Mépris (par rapport à L'Odyssée). Welles n'attend pas de son public qu'il ait lu le roman de Kafka ; s'il le faisait, son film se situerait dans le domaine de la critique plutôt que dans celui de l'expression artistique pure, or Welles n'est pas polémique. Au contraire, il n'a de cesse de souligner les divergences qui existent entre le point de vue philosophique du matériau d'origine et sa propre position. Ceci est particulièrement clair dans la scène de la cathédrale : Welles fait réciter par l'avocat la parabole de la Loi - ce conte de l'homme qui attend toute sa vie devant la grande porte, fermée et derrière laquelle tout est silence - et fait intervenir K., qui interrompt la récitation pour devenir le porte-parole du réalisateur dans une formidable affirmation de la responsabilité individuelle : « Je pense que c'est que la cour veut me faire croire. Oui, voilà où est la conspiration - dans cette volonté de nous convaincre que le monde entier est fou... informe, insensé, absurde ! Voilà le sale tour qu'on veut nous jouer. C'est pourquoi j'ai perdu ma cause. Et alors ? Vous... vous perdez aussi. Tout est perdu. Perdu... Eh bien ? L'univers entier est-il pour autant condamné à la folie ? » La position de K. et de Welles sont semblables - à savoir que l'individu a le pouvoir de prouver l'existence d'un ordre supérieur - à ceci près que Welles ne souscrit pas à l'arrogante volonté de destruction qui caractérise le geste final de K. Chez Welles, la société est une projection de la conscience du héros ; une image très significative montre les bourreaux de K. faisant leur ultime apparition en émergeant derrière le corps de K. sur les marches de la cathédrale. Mais le héros, dans le film, ne laisse rien lui survivre. Dans un geste extatique d'un égoïsme pur, il renvoie la dynamite de ses bourreaux vers un paysage vide, où elle explose : l'explosion se répercute jusqu'à culminer dans un plan fixe où l'on voit un champignon atomique ; après quoi, on nous montre un faisceau lumineux qui, malgré son apparence surnaturelle, se révèle émaner d'un projecteur ; l'auteur, ainsi, se démarque par rapport à la quatrième dimension. En décidant de devenir l'agent de la destruction universelle, le héros, quant à lui, affirme sa dignité, mais marque aussi les limites de sa position morale. Dans le même moment où il prouve qu'il existe un ordre universel, K. prétend juger l'univers. Il est bon qu'il prenne conscience de sa responsabilité personnelle dans le cadre de ses actes privés, mais en étendant cette responsabilité à l'univers entier, il franchit la limite qui sépare l'homme du surhomme. Le défi de K. rachète la nature informe du monde qui l'entoure en posant l'homme comme maître de sa propre destinée ; cependant, il crée une confusion nouvelle encore plus mortelle, celle de la puissance incontrôlée du moi. Kafka nous réconforte en postulant l’existence d'un héros sympathique, bienveillant et amorphe. S'il est vaincu, on nous accorde au moins la possibilité de le considérer comme une victime innocente. Nous ne pouvons le juger coupable que si nous le tenons comme un agent actif de la destruction, ce qu'il est seulement de manière comique pour Kafka, dans la mesure où celui-ci ne lui donne pas plus d'autonomie qu'à un rat s'évertuant à sortir instinctivement d'un labyrinthe. Selon Welles, K. est coupable surtout parce qu'il a accepté de faire partie d'un système qui annihile le libre arbitre. L'intelligente et admirable interprétation du personnage par Anthony Perkins nous le montre en effet comme un bureaucrate orgueilleux, stupidement imbu de sa personne de directeur adjoint dans son service et punissant ses subordonnées avec délice. L'ironie finale, pourtant, veut que, suivant les paroles mêmes de Welles, K. ne soit pas « coupable en tant qu'accusé, mais coupable tout de même ». Sa faute, en dernière analyse, est le péché d'orgueil. Il est significatif de l'assombrissement de l'horizon philosophique de Welles que le héros, jusque-là sans défense, utilise, immédiatement après l'avoir découverte, sa nouvelle force morale avec des visées bien plus diaboliques que n'avaient Macbeth ou Arkadin. Les agissements de Macbeth entraînaient la chute d'une dynastie, ceux d'Arkadin compromettaient sérieusement plusieurs gouvernements européens ; mais il revient à K., être insignifiant, naïf, infantile et qui ne cesse de geindre sur son sort, de porter en lui la destruction de l'univers.
Dernière modification par Geoffrey Carter le 3 juin 15, 10:25, modifié 1 fois.
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par Geoffrey Carter »

Sinon, pour revenir sur Macbeth, je pense que les faiblesses du film sont à chercher dans les passages où la caméra se contente d'observer un personnage qui récite un monologue. L'implicite complexité émotive du texte de Shakespeare - en partie ignorée par les acteurs, hormis Dan O'Herlihy dans le rôle de Macduff - ne parvient qu'à nous distraire de la simplicité des images. Le film ressemble à un cauchemar (dans ses passages les plus réussis, Macbeth évoque les films d'horreur classiques comme King Kong) ; or, dans un cauchemar, on n'a jamais le temps de penser, on est entraîné sans défense et toute faculté critique est suspendue. Welles ne met volontairement aucune subtilité dans son interprétation de Macbeth, mais sa mise en scène oeuvre dans le même sens, avec une rudesse similaire. Le cinéaste filme en plans-séquences à plusieurs reprises mais, pour des raisons d'économie, fait bien plus déplacer ses acteurs que sa caméra. Le film comporte aussi une quantité invraisemblable de gros plans, conséquence de la rapidité et l'énervement avec lesquels il a été tourné, mais signe néanmoins de l'égocentrisme amoral du héros.

Je rejoins A serious man sur la faiblesse de l'interprétation de Jeanette Nolan, qui ne parvient à donner aucune consistance à son rôle et annule ainsi toute possibilité de compréhension du personnage par le public. La présence d'Agnes Moorehead aurait sans doute beaucoup apporté au film.
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par A serious man »

Geoffrey Carter a écrit :(Mr. Arkadin, qu'il a tiré de son propre roman, aurait d'ailleurs gagné à établir le genre de distance qui existe lorsqu'un auteur adapte l'oeuvre d'un autre).
Juste là dessus il semble que Monsieur Arkadin soit un scénario original qui a ensuite été novélisé et cette novelisation a été attribué a Welles, mais il n'avait semble-t'il pas grand chose a voir avec ce roman.
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par Geoffrey Carter »

A serious man a écrit : Juste là dessus il semble que Monsieur Arkadin soit un scénario original qui a ensuite été novélisé et cette novelisation a été attribué a Welles, mais il n'avait semble-t'il pas grand chose a voir avec ce roman.
Merci pour cette précision ;)
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par xave44 »

Watkinssien a écrit :Un peu les yeux piqués de lire que la mise en scène de Welles dans Macbeth n'arrive pas à transcender quoi que ce soit.

Mais bon, vous avez bien répondu.
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par Watkinssien »

Non, n'importe quel film de Welles et hop, ça repart ! :D
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par xave44 »

Geoffrey Carter a écrit :Sinon, pour revenir sur Macbeth, je pense que les faiblesses du film sont à chercher dans les passages où la caméra se contente d'observer un personnage qui récite un monologue. L'implicite complexité émotive du texte de Shakespeare - en partie ignorée par les acteurs, hormis Dan O'Herlihy dans le rôle de Macduff - ne parvient qu'à nous distraire de la simplicité des images. Le film ressemble à un cauchemar (dans ses passages les plus réussis, Macbeth évoque les films d'horreur classiques comme King Kong) ; or, dans un cauchemar, on n'a jamais le temps de penser, on est entraîné sans défense et toute faculté critique est suspendue. Welles ne met volontairement aucune subtilité dans son interprétation de Macbeth, mais sa mise en scène oeuvre dans le même sens, avec une rudesse similaire. Le cinéaste filme en plans-séquences à plusieurs reprises mais, pour des raisons d'économie, fait bien plus déplacer ses acteurs que sa caméra. Le film comporte aussi une quantité invraisemblable de gros plans, conséquence de la rapidité et l'énervement avec lesquels il a été tourné, mais signe néanmoins de l'égocentrisme amoral du héros.

Je rejoins A serious man sur la faiblesse de l'interprétation de Jeanette Nolan, qui ne parvient à donner aucune consistance à son rôle et annule ainsi toute possibilité de compréhension du personnage par le public. La présence d'Agnes Moorehead aurait sans doute beaucoup apporté au film.
D'accord et pas d'accord avec toi. D'accord sur ton premier paragraphe, pas d'accord sur Jeanette Nolan. Mais je vais visionner à nouveau le film dans les prochains jours et je reviendrai ici pour vous donner mes impressions. Peut-être aurai-je changé d'avis...
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par lecoinducinéphage »

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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par bruce randylan »

Avant le début des vrais festivités dans quelques heures à la cinémathèque, je suis allé voir Cagliostro / black magic signée par Greogry Ratoff en 1949 auquel Orson Welles collabora à la réalisation sans être crédité.

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Certes, je ne connais pas vraiment Gregory Ratoff et encore moins son style (si ce n'est Moss Rose qui ne m'a pas laissé un grand souvenir) mais il est certain qu'on reconnait plus qu'occasionnellement le style Wellessien qui est cependant réduit à des gimmick visuels qu'à une réelle unité de style ou une vision virtuose.
On retrouve donc les contre-plongées, les plafonds écrasants, la profondeur de champ ou un noir et blanc très graphique et expressionniste. Assez peu de mouvements de caméra cependant si ce n'est un travelling latéral qui renvoie à celui du Criminel dans la forêt ainsi qu'un travelling astucieux suivant Cagliostro se frayant un chemin dans la foule (et les pièces) du château de Versailles.
Enfin, le montage est truffée d'accélération, de faux raccords et autres trouvailles stupéfiantes qui anticipent ce qu'il pourra faire plus tard. Celà dit, difficile d'affirmer que le montage soit du fait de Welles et non issu de problèmes de production et à une copie 16 mm vraiment usée.
On ressent aussi fortement la pâte du cinéaste dans le scénario. Le Cagliostro décrit n'est jamais loin des personnages ambigus, mégalomaniaques à tendance fasciste qu'on retrouve à plusieurs reprises dans sa filmographie.

Mais plus que le Welles technicien ou auteur, c'est le Welles acteur qui vampirise le projet pour le meilleur et le pire. Sa prestation tire considérablement l’interprétation vers le haut au point d'éclipser des acteurs plus fades (c'est le cas des actrices vraiment médiocres). Son magnétisme et son charisme se prêtent bien à ce charlatant ambitieux, revanchard et illusionniste/hypnotiseur. Détail amusant, Welles apparait à 95% son son profil gauche, comme si en cachant le reste de son visage, il conservait une dimension mystérieuse voire même dérangeante.
Par contre son jeu, qui n'est pas loin du cabotin charmeur, s’accommode mal à l'évolution de son personnage, notamment vers la fin où il devrait être de plus en plus sombre et malfaisant mais qui prend le temps d'amuser un garçon de table avec un tour de magie malicieux.
Pas étonnant en tout cas que Welles considère ce rôle comme l'un des plus ludiques de sa carrière. :)

Pour le film en lui-même, il demeure donc souvent plaisant sur un plan visuel, bien qu'inévitablement inégal (les scènes où Cagliostro/Welles sont absentes demeurent bien plus ternes) et parfois un peu cheap. En revanche sa structure narrative est un peu plus problématique et souffre de plusieurs longueurs dans son dernier tiers qui se recentre bien trop longuement sur l'affaire du collier de la Reine (amusant de découvrir ça le lendemain de la version muette de Camille de Morlhon au passage). Ce long passage n'est pas très stimulant, avance avec difficulté et ne fait plus vraiment évoluer les personnages : au lieu de s'accélérer, le rythme faiblit dangereusement. Le duel final viendra redresser ce bilan qui faiblissait alors.

On ne peut pas décemment parler d'un bon film et encore moins d'une oeuvre réussie mais les amateurs de Welles et d'ambiance gothique peuvent jeter un coup d’œil sans souci pour ce titre qui ne manque pas d’exercer un réel pouvoir de fascination (l'inverse eu été un comble étant donné le personnage central). Je ne regrette pas le déplacement en tout cas !

Un DVD de qualité semble être disponible aux USA avec des sous-titres anglais. :wink:
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par Federico »

Souvenir relativement précis de ce Cagliostro qui fut diffusé par Brion au CDM il y a quelque chose comme 20-25 ans. Pas d'un grand film mais d'un divertissement assez plaisant. Welles cabotinait quand même pas mal, abusant des roulements d'yeux globuleux sous éclairage expressionniste. Il a effectivement du apprécier ce rôle, lui pour qui la magie était un violon d'Ingres et qui fut toute sa vie un illusionniste de très grand talent (les mauvaises langues disent qu'il était très doué pour se faire lui-même disparaitre... aux yeux de ses créanciers :mrgreen: ).

Quant à Ratoff, ce devait être un personnage lui aussi assez truculent si on se souvient de certaines de ses apparitions comme comédien avec son physique massif et jovial, moitié Ernst Lubitsch moitié Victor McLaglen et son accent à couper au couteau, tel le producteur de théâtre Max Fabian du Eve de Mankiewicz...
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par bruce randylan »

Federico a écrit :Souvenir relativement précis de ce Cagliostro qui fut diffusé par Brion au CDM il y a quelque chose comme 20-25 ans. Pas d'un grand film mais d'un divertissement assez plaisant. Welles cabotinait quand même pas mal, abusant des roulements d'yeux globuleux sous éclairage expressionniste. Il a effectivement du apprécier ce rôle, lui pour qui la magie était un violon d'Ingres et qui fut toute sa vie un illusionniste de très grand talent (les mauvaises langues disent qu'il était très doué pour se faire lui-même disparaitre... aux yeux de ses créanciers :mrgreen: ).
Bonne mémoire en effet ! :)

Hop, je continue donc
The Orson Welles show (1979)

Il s'agit ici du pilote d'une émission de talk Show que Welles a essayé de vendre à des chaînes de télévision... en vain. Il avait pourtant la participation de Burt Reynolds, des créateurs/créatures du Muppet Shows (Jim Hanson et Frank Oz) ainsi qu'Angie Dickinson.
Mais avec ses problèmes d'argents habituels, cette émission est bricolée sans grande discrétion avec les moyens du bord. Le plus visible est dommageable est un tournage à une seule caméra (!), ce qui complique la tâche quand on "capte" un échange entre 2-3 personnes plus le public. On devine rapidement que le public a été filmé à part, sans la présence du présentateur et de ses invités (les rires de l'audience sonnent vraiment très faux). Quant aux numéros de magie, l'un d'eux a été récupéré de the Magic Show (Angie Dickinson et son pistolet). Pour celui des cartes, le champ/contre-champ laisse apparaître d'énormes problèmes de raccords lumières et d'étalonnage.

Malgré tout, ça reste passionnant. La demi-heure avec Burt Reynolds est un moment chaleureux avec quelques beaux échanges et un Burt qui se montre plus intime et humain que son image de macho castagneur (ne connaissant pas sa carrière de réalisateur, je ne jugerais pas de la sincérité de tous les propos... mais on a quelques raisons de douter de l’honnêteté des compliments de Welles :mrgreen: )
La partie Muppet est plutôt sympathique tant qu'on reste sur les marionnettes :l'entretien avec Oz/Hanson est avant tout frustrant à cause d'une durée bien trop courte et des invités qui n'ont pas l'air d'avoir grand chose à raconter.
Le segment magie est également inégale. La partie sur les cartes est pour le coup fort mal réalisée et montée au point qu'on se demande de l'intérêt du tour. Celle sur la reprise du numéro qui a causé la mort du célèbre magicien Chung Ling Soo est bien plus réussie. Ce n'est pas du tout réaliste ni crédible mais le talent de conteur de Welles fait un excellent ciment dans ce travail de collage fastidieux.
Il faut d'ailleurs reconnaître que le montage est par moment brillant et stupéfiant avec ses inserts fulgurants, même quand ceux-ci demeurent mécaniques et artificiels. J'aime en tout cas beaucoup ce style totalement bouillonnant qui jongle d'un élément à un autre avec une vitesse jamais ralentie (les muppets et les problèmes de prompteur par exemple). Ca devait tout de même être un sacré casse-tête à mettre en place.

J'ai passé un agréable moment en tout cas. Il y a 20 minutes qui tombent à plat mais le charisme et la présence de Welles est toujours intact. Et quelle voix bon sang ! Le petit poème qu'il lit à la tout fin à réussi à me coller des frissons par exemple.

Curieusement la copie projetée à la CF possédait un énorme logo (transparent) Munich Filmmuseum qui barrait en diagonale l'écran alors qu'on le trouve sur youtube sans aucune inscription. :?



Autre déception : une salle presque totalement vide. :cry:
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Kevin95
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par Kevin95 »

bruce randylan a écrit :Autre déception : une salle presque totalement vide. :cry:
Il faut dire qu'avec l'addition : samedi soir + été + salle Franju + émission de télé, le contraire m'aurait étonné. J'aurai bien jeté un œil sur l’objet mais de là à me farcir une heure trente de projo vidéo dans le placard de la Tek... :uhuh:
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Re: Orson Welles (1915-1985)

Message par bruce randylan »

Kevin95 a écrit :
bruce randylan a écrit :Autre déception : une salle presque totalement vide. :cry:
Il faut dire qu'avec l'addition : samedi soir + été + salle Franju + émission de télé, le contraire m'aurait étonné. J'aurai bien jeté un œil sur l’objet mais de là à me farcir une heure trente de projo vidéo dans le placard de la Tek... :uhuh:
Le placard de la Tek faut pas déconner, c'est pas la salle Epstein (ou Lotte Eisner !).
Mais bon, l'émission télé de Welles possède toujours plus de qualité que l'abominable Jeanne D'Arc au bucher de Rossellini qui avait droit à la Langlois :P


Sinon, je sors d'une formidable journée avec Orson Welles avec 4 séances. 8)

J'ai revu avec beaucoup de plaisir It's all true, cette fois en VF avec la voix de Jeanne Moreau. :)
D'ailleurs en 35 mm, les images du carnaval en technicolor avait beaucoup plus d'allure que sur le DVD zone 1.

Quelques regrets tout de même : qu'on ne retrouve que quelques minutes de My friend Benito de Norman Foster alors que Welles louait beaucoup le métrage imprimé par son collaborateur.
L'autre regret est la musique composée pour accompagnée la reconstitution de Four men on a raft qui sonne assez fausse et anachronique. Malgré celà, la beauté des images des tout bonne stupéfiante, surtout quand on sait que cela a été filmé pour 10.000$ et sans doute en éclairage naturel !

Apparemment, de nombreuses images n'ont pas été exploitées dans le documentaire et sont en train de dangereusement dépérir. J'espère que quelqu'un va sauvegarder toutes ces précieuses bobines. :?

Egalement revu Othello que j'avais découvert il y maintenant presque 20 ans au cinéma de minuit ! Et bien, la séance m'a fait le même choc qu'à l'époque. Un vertige viscérale à couper le souffle où chaque plan est d'une beauté et d'une puissance ahurissante avec un montage/découpage chaotique qui construit un tétanisant univers mental et expressionniste. Et quand je dis chaque plan, je veux vraiment dire CHAQUE PLAN. Voire plus, car chaque raccord crée lui même un impact tout aussi dément.
Époustouflant. Je ne vois pas d'autre qualificatif.

Il va sans dire que Filming Othello est un fabuleux complément d'accompagnant indispensable et incontournable. C'est brillant, truculent, émouvant, porté par un Welles impérial, d'un charisme magnétique hypnotique. La discussion avec ses deux amis dans la cuisine est peu longuette celà dit, avec pas mal de disgressions limite hors-sujet mais à part ça, c'est un bonheur fabuleux. Et quel talent de narrateur !
Il est incompréhensible qu'on ne le trouve pas en bonus DVD alors qu'il est disponible sur Archive.org !
https://archive.org/details/FilmingOtheloByOrsonWelles

La journée avait également 3 gros inédits dont je n'avais jamais entendu parlé : Orson Welles Jeremiah (1978), Unsung heroes (1979) et Orson Welles talks with Roger Hill (1978).

Les deux premiers sont assez limités (y compris dans leurs durées de 4 minutes chacun) où Welles récite/lit un poème dans un plan-séquence en gros plan. Le premier se déroule sur un fond noir tandis que le second prend place devant une porte en bois où Orson jette souvent un oeil sur le texte imprimé qu'il tient dans la main. Reste que la diction de Welles suffit à mon bonheur.

Orson Welles talks with Roger Hill est plus intéressant mais il faut un moment pour comprendre de quoi et qui il s'agit. Ce film d'un peu plus d'une heure est en effet le tournage brut et non monté d'un entretien découpé en 3 partie. Roger Hill est à la base un professeur dans l'établissement où Welles fit ses études de 1926 à 1931. Il fut donc son mentor et l'initia au théâtre, en particulier à Shakespeare puisqu'il collabora à la conception de plusieurs ouvrages qui comprenaient non seulement les pièces de théâtres mais aussi des indications scéniques.
On y apprend quelques détails savoureux comme le fait que Welles se pencha sur le théâtre pour éviter les cours de Gym ou que Roger Hill demanda à Welles de travailler en solitaire sur Shakespeare pour éloigner son disciple un peu trop collant et ainsi passer des vacances tranquilles. :lol:
Les deux hommes sont en tout cas rester en contact et leurs entretiens semblaient couvrir de nombreux domaines.
Le premier entretien est centré sur leurs rencontres et les projets de Roger Hill (qui a écrit un livre sur le basket ou la navigation marine). C'est le segment le plus dur à suivre puisque rien ne nous est présenté ou expliqué. Mais on comprend doucement la relation qui lie les deux personnages.
Le second se déroule lors d'un déjeuner avec l'épouse de Roger Hill. Les deux fêtent d'ailleurs leurs 62ème année de marriage, l'occasion d'évoquer leur rencontre et la virginité de la jeune mariée (qui ne semble pas ravie qu'on parle de ça devant la caméra :mrgreen: ). Ils parlent de leur amour et de leur manque d'affinité, expliquant sans doute la force de leur amour qui ne s'est jamais démenti.
Enfin, la troisième partie est de nouveau un tête entre les deux hommes où Welles demande à Hill d'évoquait sa conception originale et atypique de la mort, la fin de vie et l'euthanasie. Celui-ci pense en effet que la mort ne devrait pas faire peur et qu'on devrait au contraire la fêter "avant" avec ses amis et même son futur croque-mort :D

Il est évident qu'un montage rendrait la chose plus digeste et accessible mais en l'état c'est un document passionnant avec quelques échanges vraiment surprenants et enrichissants. Celà dit vu les conversations à bâton rompu où ils coupent souvent la parole, je ne suis pas sûr qu'un montage aurait rendu ce film plus clair au final. C'est peut-être pour celà que Welles ne finit jamais ce film.

A noter enfin qu'un livre est sorti aux USA sur les deux hommes : Orson Welles and Roger Hill: A Friendship in Three Acts
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