Kevin95 a écrit :bruce randylan a écrit :Autre déception : une salle presque totalement vide.
Il faut dire qu'avec l'addition : samedi soir + été + salle Franju + émission de télé, le contraire m'aurait étonné. J'aurai bien jeté un œil sur l’objet mais de là à me farcir une heure trente de projo vidéo dans le placard de la Tek...
Le placard de la Tek faut pas déconner, c'est pas la salle Epstein (ou Lotte Eisner !).
Mais bon, l'émission télé de Welles possède toujours plus de qualité que l'abominable
Jeanne D'Arc au bucher de Rossellini qui avait droit à la Langlois
Sinon, je sors d'une formidable journée avec Orson Welles avec 4 séances.
J'ai revu avec beaucoup de plaisir
It's all true, cette fois en VF avec la voix de Jeanne Moreau.
D'ailleurs en 35 mm, les images du carnaval en technicolor avait beaucoup plus d'allure que sur le DVD zone 1.
Quelques regrets tout de même : qu'on ne retrouve que quelques minutes de
My friend Benito de Norman Foster alors que Welles louait beaucoup le métrage imprimé par son collaborateur.
L'autre regret est la musique composée pour accompagnée la reconstitution de
Four men on a raft qui sonne assez fausse et anachronique. Malgré celà, la beauté des images des tout bonne stupéfiante, surtout quand on sait que cela a été filmé pour 10.000$ et sans doute en éclairage naturel !
Apparemment, de nombreuses images n'ont pas été exploitées dans le documentaire et sont en train de dangereusement dépérir. J'espère que quelqu'un va sauvegarder toutes ces précieuses bobines.
Egalement revu
Othello que j'avais découvert il y maintenant presque 20 ans au cinéma de minuit ! Et bien, la séance m'a fait le même choc qu'à l'époque. Un vertige viscérale à couper le souffle où chaque plan est d'une beauté et d'une puissance ahurissante avec un montage/découpage chaotique qui construit un tétanisant univers mental et expressionniste. Et quand je dis chaque plan, je veux vraiment dire CHAQUE PLAN. Voire plus, car chaque raccord crée lui même un impact tout aussi dément.
Époustouflant. Je ne vois pas d'autre qualificatif.
Il va sans dire que
Filming Othello est un fabuleux complément d'accompagnant indispensable et incontournable. C'est brillant, truculent, émouvant, porté par un Welles impérial, d'un charisme magnétique hypnotique. La discussion avec ses deux amis dans la cuisine est peu longuette celà dit, avec pas mal de disgressions limite hors-sujet mais à part ça, c'est un bonheur fabuleux. Et quel talent de narrateur !
Il est incompréhensible qu'on ne le trouve pas en bonus DVD alors qu'il est disponible sur Archive.org !
https://archive.org/details/FilmingOtheloByOrsonWelles
La journée avait également 3 gros inédits dont je n'avais jamais entendu parlé :
Orson Welles Jeremiah (1978),
Unsung heroes (1979) et
Orson Welles talks with Roger Hill (1978).
Les deux premiers sont assez limités (y compris dans leurs durées de 4 minutes chacun) où Welles récite/lit un poème dans un plan-séquence en gros plan. Le premier se déroule sur un fond noir tandis que le second prend place devant une porte en bois où Orson jette souvent un oeil sur le texte imprimé qu'il tient dans la main. Reste que la diction de Welles suffit à mon bonheur.
Orson Welles talks with Roger Hill est plus intéressant mais il faut un moment pour comprendre de quoi et qui il s'agit. Ce film d'un peu plus d'une heure est en effet le tournage brut et non monté d'un entretien découpé en 3 partie. Roger Hill est à la base un professeur dans l'établissement où Welles fit ses études de 1926 à 1931. Il fut donc son mentor et l'initia au théâtre, en particulier à Shakespeare puisqu'il collabora à la conception de plusieurs ouvrages qui comprenaient non seulement les pièces de théâtres mais aussi des indications scéniques.
On y apprend quelques détails savoureux comme le fait que Welles se pencha sur le théâtre pour éviter les cours de Gym ou que Roger Hill demanda à Welles de travailler en solitaire sur Shakespeare pour éloigner son disciple un peu trop collant et ainsi passer des vacances tranquilles.
Les deux hommes sont en tout cas rester en contact et leurs entretiens semblaient couvrir de nombreux domaines.
Le premier entretien est centré sur leurs rencontres et les projets de Roger Hill (qui a écrit un livre sur le basket ou la navigation marine). C'est le segment le plus dur à suivre puisque rien ne nous est présenté ou expliqué. Mais on comprend doucement la relation qui lie les deux personnages.
Le second se déroule lors d'un déjeuner avec l'épouse de Roger Hill. Les deux fêtent d'ailleurs leurs 62ème année de marriage, l'occasion d'évoquer leur rencontre et la virginité de la jeune mariée (qui ne semble pas ravie qu'on parle de ça devant la caméra
). Ils parlent de leur amour et de leur manque d'affinité, expliquant sans doute la force de leur amour qui ne s'est jamais démenti.
Enfin, la troisième partie est de nouveau un tête entre les deux hommes où Welles demande à Hill d'évoquait sa conception originale et atypique de la mort, la fin de vie et l'euthanasie. Celui-ci pense en effet que la mort ne devrait pas faire peur et qu'on devrait au contraire la fêter "avant" avec ses amis et même son futur croque-mort
Il est évident qu'un montage rendrait la chose plus digeste et accessible mais en l'état c'est un document passionnant avec quelques échanges vraiment surprenants et enrichissants. Celà dit vu les conversations à bâton rompu où ils coupent souvent la parole, je ne suis pas sûr qu'un montage aurait rendu ce film plus clair au final. C'est peut-être pour celà que Welles ne finit jamais ce film.
A noter enfin qu'un livre est sorti aux USA sur les deux hommes :
Orson Welles and Roger Hill: A Friendship in Three Acts