Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Geoffrey Carter
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Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Message par Geoffrey Carter »

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Cela fait maintenant plus de cinquante ans que j'ai découvert pour la première fois un film d'Howard Hawks au cinéma, et j'ai récemment pu, par un heureux concours de circonstance, visionner l'intégrale de cette oeuvre qui constitue l'unes des plus variées et des plus harmonieuses de l'histoire du cinéma américain. Je me sens donc le courage d'entamer une rétrospective personnelle de l'oeuvre, s'accompagnant d'un regard critique tout à fait personnel et subjectif, et le tout de manière chronologique et exhaustive. Mon but n'est aucunement prétentieux ni même ambitieux : j'aimerais juste apporter une toute petite pierre à l'édifice de ce forum qui me semble déjà assez immense. Et moi-même disposant de beaucoup de temps libre, cela devrait m'occuper et m'amuser en même temps. ;)

Voici donc la liste des films réalisés par Howard Hawks et des films chroniqués :

Période muette :

A noter que je passerai rapidement sur cette période de l'oeuvre hawksienne, d'autant plus qu'elle n'est pas follement intéressante (mis à part pour un ou deux films que je m'efforcerai de défendre) et que j'ai des souvenirs trop lointains de certains films qu'il m'est impossible de revoir aujourd'hui.

- L'Ombre qui descend (The Road to Glory) 1926 :arrow: Page 1 (Film Perdu)
- Sa Majesté la femme (Fig Leaves) 1926 :arrow: Page 1 (6.5/10)
- Si nos maris s'amusent (The Cradle Snatchers) 1927 :arrow: Page 2 (Film Perdu)
- Princesse sans Amour (Paid to Love) 1927 :arrow: Page 2 (5.5/10)
- L'Insoumise (Fazil) 1928 :arrow: Page 2 (2/10)
- Une fille dans chaque port (A Girl in Every Port) 1928 :arrow: Page 2 (7.5/10)
- Les Rois de l'air (The Air Circus) 1928 :arrow: Page 3 (Film Perdu)
- L'Affaire Manderson (Trent's Last Case) 1929 :arrow: Page 3

Années 1930 :

- La Patrouille de l'aube (The Dawn Patrol) 1930 :arrow: Page 3 (7.5/10)
- Le Code Criminel (Criminal Code) 1931 :arrow: Page 4 (6/10)
- Scarface (Scarface, the Shame of a Nation) 1932 :arrow: Page 5 (9/10)
- La Foule hurle (The Crowd Roars) 1932 :arrow: Page 5 (6.5/10)
- Le Harpon Rouge (Tiger Shark) 1932 :arrow: Page 5 (7/10)
- Après nous le déluge (Today We Live) 1933 :arrow: Page 5 (6.5/10)
- Viva Villa ! 1934 :arrow: Page 6 (5/10)
- Train de Luxe (Twentieth Century) 1934 :arrow: Page 6 (8.5/10)
- Ville sans loi (Barbary Coast) 1935 :arrow: Page 6 (4/10)
- Brumes (Celling Zero) 1936 :arrow: Page 6 (6.5/10)
- Les Chemins de la gloire (The Road to Glory) 1936 :arrow: Page 6 (7/10)
- Le Vandale (Come and Get It) 1936 :arrow: Page 7 (6/10)
- L'Impossible Monsieur Bébé (Bringing Up Baby) 1938 :arrow: Page 7 (9/10)
- Seuls les anges ont des ailes (Only Angels Have Wings) 1939 :arrow: Page 7 (10/10)

Années 1940 :

- La Dame du Vendredi (His Girl Friday) 1940 :arrow: Page 8 (10/10)
- Sergent York (Sergeant York) 1941 :arrow: Page 8 (6/10)
- Boule de Feu (Ball of Fire) 1941 :arrow: Page 9 (7/10)
- Air Force 1943 :arrow: Page 9 (7/10)
- Le Port de l'Angoisse (To Have and Have Not) 1944
- Le Grand Sommeil (The Big Sleep) 1946
- La Rivière Rouge (Red River) 1948
- Si bémol et fa dièse (A Song is Born) 1949
- Allez coucher ailleurs (I Was a Male War Bride) 1949

Années 1950 :

- La Chose d'un autre monde (The Thing From Another World) 1951
- La Captive aux yeux clairs (The Big Sky) 1952
- Chérie, je me sens rajeunir (Monkey Business) 1952
- The Ransom of Red Chief 1952
- Les hommes préfèrent les blondes (Gentlemen Prefer Blondes) 1953
- La Terre des Pharaons (Land of the Pharaohs) 1955
- Rio Bravo 1959

Années 1960/1970 :

- Hatari ! 1962
- Le Sport favori de l'homme (Man's Favorite Sport ?) 1964
- Ligne Rouge 7000 (Red Line 7000) 1965
- El Dorado 1966
- Rio Lobo 1970
Dernière modification par Geoffrey Carter le 4 mars 15, 13:13, modifié 48 fois.
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tindersticks
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Re: Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Message par tindersticks »

Merci d'avance pour ta contribution. :D
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Jeremy Fox
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Re: Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Message par Jeremy Fox »

tindersticks a écrit :Merci d'avance pour ta contribution. :D
Pas mieux :)

Hâte de lire tout ça et de confronter mes avis aux tiens en revoyant éventuellement certains films en même temps que toi :wink:
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Rick Blaine
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Re: Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Message par Rick Blaine »

Je vais suivre ce topic avec intérêt. :D
Geoffrey Carter
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L'Ombre qui descend

Message par Geoffrey Carter »

L'Ombre qui descend (The Road to Gloary) 1926

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Scénario : L. G. Ribgy ; Photographie : Joseph August ; Durée : 67 minutes pour une production Fox.
Interprétation : May McAvoy (Judith Allen), Leslie Fenton (David Hale), Ford Sterling (James Allen).

Il faut dire tout d'abord que ce film ne doit pas être confondu avec Les Chemins de la gloire, drame de guerre qu'Hawks réalisa dix ans plus tard, en 1936. Les deux films n'ont en effet absolument rien en commun, si ce n'est leur titre original, ceci étant une pure coïncidence étant donné que ces deux productions sont de genre très différents. La première réalisation d'Howard Hawks est malheureusement aujourd'hui perdue. Seuls subsistent quelques rares photogrammes vagabondant sur le net ainsi que des publicités de presse. Impossible donc d'analyser ce film ; jetons tout de même un coup d’œil sur le scénario de L. G. Rigby, écrit d'après une idée originale de Hawks (Sol Wurtzel, son bras droit, lui ayant donné carte blanche).

Suite à un tragique accident de voiture où son père décède, une jeune fille perd la vue, ce qui la conduit à rompre avec son fiancé. Désespérée, elle s'isole dans un chalet. Plus tard, son fiancé décide de la rejoindre mais est également accidenté ; la femme, touchée par la persévérance du jeune homme, décide de le soigner. Pendant qu'il guérit, elle retrouve l'usage de la vue.

On peut noter tout de même des thèmes futurs qui deviendront chers à l'auteur : le rôle développée de la femme capable, déterminée à aider l'homme coûte que coûte ; et la constante de la maladie et de l'infirmité qu'on retrouvera souvent dans ses futurs films. Le rôle principal est interprétée par May McAvoy (1899-1984), comédienne américaine qui fit ses armes dans le cinéma muet. Parmi ses rôles marquants, on retiendra L'Éventail de Lady Windermere d'Ernst Lubitsch et Le Chanteur de Jazz d'Alan Crosland où elle interprète le rôle principal féminin aux côtés d'Al Jolson. Bien qu'aujourd'hui tombée dans l'oubli, cette actrice joua dans plus de quatre-vingt films et termina sa carrière avec des seconds rôles parlants.

Le film reçut de bonnes critiques mais Wurtzel tint à remettre les points sur les i : « Très bien, déclare t-il à Hawks. Vous avez montré que vous étiez capable de faire un film, mais pour l'amour de Dieu, maintenant, faites un divertissement ! ».
Dernière modification par Geoffrey Carter le 21 août 14, 13:22, modifié 2 fois.
Geoffrey Carter
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Re: Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Message par Geoffrey Carter »

Merci à vous trois ;)
daniel gregg
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Re: Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Message par daniel gregg »

Oui séduisante initiative d'autant plus méritoire que tu entends même analyser les films perdus. :mrgreen:
Je suivrai avec intérêt ce topic.
Geoffrey Carter
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Re: Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Message par Geoffrey Carter »

« Analyser » un film perdu semble un peu compliqué effectivement, c'est pourquoi j'essaye de mettre le film en relations avec d'autres œuvres de l'auteur, de repérer une constante chez le cinéaste ou de se concentrer simplement sur des anecdotes de tournage ou sur les interprètes.
A suivre donc cet après-midi avec Fig Leaves ;)
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Jeremy Fox
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Re: Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Message par Jeremy Fox »

Geoffrey Carter a écrit : et la constante de la maladie et de l'infirmité qu'on retrouvera souvent dans ses futurs films.
C'est clair qu'il y a peu de films de Hawks dans lesquels on ne trouve pas de personnages blessés à un moment ou un autre.
Geoffrey Carter
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Sa Majesté la femme

Message par Geoffrey Carter »

Sa Majesté la femme (Fig Leaves) 1926

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Scénario : Hope Lorino et Louis D. Lighton ; Photographie : Joseph August ; Durée : 72 minutes pour une production Fox.

Interprétation : George O’Brien (Adam Smith), Olive Borden (Eve Smith), Phyllis Haver (Alice Atkins), André de Béranger (Joseph André).

Suite à la recommandation de Wurtzel, Hawks décide d’écrire une comédie. Il admire beaucoup Lubitsch et doit probablement s’en inspirer pour écrire Fig Leaves (Sa Majesté la femme). Littéralement, le titre américain signifie « feuilles de figue », l’équivalent de nos feuilles de vigne qui permettaient aux personnages bibliques de conserver une certaine pudeur dans les épisodes de la Genèse. Hawks adopte donc une narration s’organisant autour d’un parallèle entre l’Eden et l’Amérique de l’époque. Ce système est directement emprunté à David Wark Griffith (Intolérance, 1916). Mais le problème est le même dans les deux parties du film : c’est celui de savoir, pour la femme, comment s’habiller (la phrase « I haven’t a thing to wear » est répétée à trois reprises dans les intertitres). Les rouages de ce deuxième long-métrage sont cependant bien plus complexes qu’il n’y paraît de prime abord.
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La première partie du film se déroule aux jardins de l’Eden. Eve (Olive Borden) est préoccupée par ses problèmes vestimentaires et écoute les recommandations tentatrices du Serpent, tandis qu’Adam (George O’Brien) travaille pour gagner leur vie. Deuxième partie : monde moderne. Adam travaille maintenant comme plombier. Eve, quant à elle, se retrouve engagée par un grand couturier, un Dom Juan, séducteur et féminisé, qui lui fait des avances. La jeune femme résiste malgré tout à la tentation. Un jour, Adam se rend au magasin, désireux d’acheter une robe à sa femme, ignorant toujours qu’elle y travaille. Par ailleurs, il subit l’influence de leur voisine, blonde platinée…

Il est tout d’abord intéressant de noter que deux séquences du film furent tournées en Technicolor. Le film ayant été exploité en noir et blanc, ces bobines sont aujourd’hui perdues, et les historiens du cinéma spéculent toujours pour savoir quels sont les séquences qui ont bénéficié de la couleur.
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Par de délicats jeux d’inversion, toute l’ironie et la dérision de Hawks sont résumées dans cette pétillante partie prenant place dans le Paradis Perdu. On voit ainsi Adam réveillé à coups de noix de cocos par sa femme, puis prendre l’« autobus » après un rapide déjeuner. Ce véhicule est en réalité une sorte de dragon domestiqué ambulant où les hommes sont placés, cette fois, en situation de domination par rapport aux femmes. Quelques milliers de siècles plus tard, rien n’a changé et Hawks profite pour souligner les inégalités entre sexes à travers cette séquence, sans s’y attarder trop. Le film est construit de manière rigoureuse, mais sa seconde partie est considérablement alourdie par ce couturier et sa féminisation outrancière. Cette surcharge nuit souvent au film mais c’est la conséquence directe du travail de l’auteur sur ses images et leurs jonctions entre elles, préférant la présentation à la représentation. Eve et Adam se prennent inconsciemment au jeu de la mise en scène. Chacun choisit entre celle qu’il conçoit, celle qu’on lui propose et celle qu’on désire lui imposer. Ainsi, dès qu’un des protagonistes prend la place de l’autre dans cet exercice théâtral, il est réduit à l’état d’objet ou de symbole (mannequin, dragon domestique, femme fatale). Pour empêcher toutes formes de viol et préserver l’indépendance, la protestation gronde et surgit là où on ne l’attend pas. Ici, Hawks ne condamne pas vraiment le créateur (symbolisé par le couturier), mais en fait un faiseur de tromperies et de fausses apparences. Celui-ci ne peut se satisfaire (quoique partiellement) qu'en fétichisant ses modèles à l'image de ses fantasmes. Grâce à ce personnage exubérant, le réalisateur souligne l’éternel paradoxe : pourquoi Eve, symbole de la beauté pure et absolue, cherche à embellir son corps en faisant appel à des artifices qui, en réalité, la masquent ? Adam, le plombier, apparaît comme plus sympathique aux yeux du public car il agit sur une mécanique réelle et pratique, arrive à dresser une force naturelle (l’eau, thématique intéressante de l’œuvre hawksienne).
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En la déguisant sous des apparences de comédie légère, Hawks parvient à cristalliser sa critique du monde moderne, emplie de sarcasmes. Il la renforce d’ailleurs par des allusions à la Bible et une ironie latente. L'auteur invente ici une manière de mettre en scène qui traque les évidences sociales dissimulées. Il tourne autour de la perversion et aborde la sexualité sans tabou (comme le prouve le titre assez évocateur). Finalement, Fig Leaves ne saurait être considérée comme une œuvre mineure. Malgré de nombreux excès dans la caricature et une lourdeur parfois agaçante, le film s’impose par sa solidité, et le charme de ses rafraîchissantes séquences du Jardin d'Eden. Cette seconde réalisation possède toute la complexité des comédies futures du cinéaste et annonce tant de chefs-d’œuvres à venir...
*********************************************
Un extrait d'une dizaine de minutes est disponible en ligne.
Dernière modification par Geoffrey Carter le 21 août 14, 13:23, modifié 1 fois.
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Jeremy Fox
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Re: Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Message par Jeremy Fox »

Que ce soit ton texte ou les illustrations, ça me donne sacrément envie !
feb
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Re: Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Message par feb »

Et en dehors du MoMA, il peut se découvrir où ce petit film qui semble bien sympa ? :fiou: :mrgreen:
EDIT : et méga curieux vis-à-vis de Fazil et de A Girl in Every Port 8)
Geoffrey Carter
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Re: Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Message par Geoffrey Carter »

Il existe en DVD sur ce site (notez que je n'ai jamais effectué de commande par l'intermédiaire de ce site, je ne sais pas ce que ça vaut). Ma chronique se base sur des notes que j'avais prises lors d'un visionnage à la Cinémathèque lors de la rétrospective Hawks (en 2006, il me semble).
feb
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Re: Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Message par feb »

Bon je vais essayer de le trouver par un autre moyen :mrgreen:
En tout cas merci pour cette rétro Hawks, surtout pour la partie muette et pour le début des années 30 :wink:
Geoffrey Carter
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Re: Howard Hawks - Rétrospective personnelle

Message par Geoffrey Carter »

;)
Mon but est justement de faire découvrir ces films qui recèlent souvent de petites pépites.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Mon coup de cœur personnel sera pour A Girl in Every Port, un véritable régal.
J'annonce également que j'aimerais prendre exemple sur Jeremy Fox (avec son autorisation) pour rajouter des petites notes sur l'index, afin de constituer un « top » Hawks que je mettrais à jour à la fin de chaque décennie.
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