Aka "Gabrielle Lazure à poil". Les réfractaires aux propositions alternatives passeront leur chemin, les autres seront peut-être curieux devant cette tentative de surréalisme 80's. Et ils auront raison car cette Belle captive s'avère une proposition assez stimulante.
Sorte de divagation autour de l'univers de Magritte, le film échappe à toute rationalisation. Il faut s'abandonner, se laisser prendre par le jeu de pistes, de symboles, au risque sinon de trouver ça péniblement fumeux. Il faut dire que dès le départ, ces codes populaires d'espionnage/film noir assaisonnés à l'avant-garde, il y a de quoi être perplexe. C'est sans compter sur l'incarnation et la sensualité des images (Henri Alekan se lâche sur quelques éclairages expressionnistes) qui ont la texture du rêve, et sur la force d'évocation de certains noms qui sonnent très bizarre (Marie-Ange van de Reeves, Sara Zeitgeist...). Robbe-Grillet compose des plans qui titillent comme cette brune en cuir chevauchant de nuit sa moto, ou les reconstitutions de toiles magrittiennes qui sont comme autant d'ouvertures vers un au-delà dérangeant. L'absence d'intrigue ou, plutôt, sa réduction à une suite d'illogismes et d'indices fétichistes, tout comme les relents de Marienbad et les trouées oniriques, créent une belle ambiance qui résiste tant bien que mal aux faiblesses que compte par ailleurs le film (le jeu discutable des comédiens — celui de Daniel Mesguich, le sosie officiel de Bonaparte, notamment —, un côté un peu cheap par moments). Et puis, il y a donc Gabrielle Lazure à poil. Dommage que le film n'aille pas encore plus loin dans sa folie, on touche quelque chose mais ça aurait pu être encore plus abouti.