Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1967

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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ithaque
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par ithaque »

Oui ,il est franco-américain.
Contrairement à ce que je croyais André de Toth qui a un nom français est américain d' origine austro-hongroise.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par ithaque »

festival de western à Clermont Ferrand du 15 au 22 février :
http://cercleamisducinema63.over-blog.com/

Y a t-il d'autres manifestations du même type en France ? (diffusion de plusieurs westerns à la suite dans un cinéma)
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par ithaque »

je recherche ta critique du western The nake dawn ,le bandit de Ulmer.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

ithaque a écrit :je recherche ta critique du western The nake dawn ,le bandit de Ulmer.

N'ayant pas du tout accroché au film, je me suis défilé avec une pirouette totalement indigne de moi :mrgreen:
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Alexandre Angel
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit :
ithaque a écrit :je recherche ta critique du western The nake dawn ,le bandit de Ulmer.

N'ayant pas du tout accroché au film, je me suis défilé avec une pirouette totalement indigne de moi :mrgreen:
C'est quelque chose que je peux comprendre. Dans le cas du Bandit, comme dans celui de Quand les tambours s'arrêteront, d'Hugo Fregonese, ce qu'il y a de beau excède, je crois, le résultat à l'écran,qui est un résultat de surface. Le spectateur doit jouer le jeu et laisser venir à lui le charme atypique, onirique, rêveur, expatrié de ces deux œuvres. Je suis acquis à la cause de cet imaginaire-là (celui d'Ulmer, qui me ravit, mais aussi la candeur plastique désarmante du Fregonese) donc pas de soucis d'adhésion mais lorsqu'on a les films sous les yeux, leur séduction n'alpague pas : elle s'insinue, s'inocule doucement, prend tranquillement le pouvoir. Ce qui fait que mon premier contact avec les présentations qu'en fait Bertrand Tavernier, qui les adore, fut un tantinet circonspect. Son inaugural et tonitruant "dire qu'Apache Drums est un chef d'œuvre est une évidence" m'a laissé dans un premier temps perplexe. Et je ne suis toujours pas sûr de lui emboîter le pas. Mais il faut l'enthousiasme guideur d'un Tavernier, qui sait "vendre" un film, pour que tout le charme singulier qui bouillonne dans les entrailles de ces deux films trouve à irriguer d'évidence ce que l'on voit à l'écran.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Duel at Diablo

Message par Jeremy Fox »

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La Bataille de la vallée du diable (Duel at Diablo - 1966) de Ralph Nelson
UNITED ARTISTS


Avec James Garner, Bibi Andersson, Sidney Poitier, Dennis Weaver
Scénario : Marvin H. Albert & Michael M. Grilikhes
Musique : Neal Hefti
Photographie : Charles F. Wheeler (DeLuxe 1.66)
Un film produit par Fred Engel & Ralph Nelson pour la United Artists


Sortie USA : 12 mai 1966


Evadés de la réserve de San Carlos, les Apaches rebelles sont de nouveau sur le sentier de la guerre. Ce jour-là, Jess (James Garner), éclaireur pour le compte de l’US Army, sauve la vie d'Ellen (Bibi Andersson) dont la monture vient de mourir d’épuisement au milieu du désert, et la ramène à Fort Creel où vit son mari (Dennis Weaver), un commerçant ; la jeune femme venait de se sauver du camp indien où elle était retenue prisonnière depuis son enlèvement. Accueillie plus que froidement par les habitants du fort tout autant que par son époux, Ellen quitte la garnison la nuit suivante. Le lendemain, le lieutenant McAllister (Bill Travers) et son escadron de jeunes recrues partent livrer un stock de munitions à Fort Concho. Jess se joint à eux sachant que le meurtrier de sa femme (une comanche) se trouve sur place ; il a bien l’intention de se venger. Profitant de la protection de l’armée, le mari d’Ellen s’invite également au sein de la troupe pour ses affaires, tout comme Toller (Sidney Poitier), un ex-soldat noir qui gagne désormais sa vie en vendant des chevaux et en s’occupant de les dresser. En chemin Jess retrouve Ellen qui était retournée au camp indien chercher le fils qu’elle avait eu durant sa détention ; la jeune femme, très mal reçue ici aussi, s’évade cette fois ci avec son nourrisson. Ce trio de fortune réussit tant bien que mal à réintégrer le convoi militaire désormais pourchassé par les Indiens ; en effet le chef Apache souhaite instamment récupérer le bébé qui n'est autre que son petit-fils. Dans la vallée du diable, le détachement de cavalerie est désormais pris en tenaille par les indiens, sans beaucoup de vivres ni d’eau. Les morts vont pleuvoir de part et d’autres…

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Alors que dans la dernière séquence du film les Apaches survivants sont conduits à nouveau jusqu’à leur réserve, l’ex- ‘prisonnière du désert’ et l’éclaireur de l’armée ont ce bref échange :
Ellen (Bibi Andersson) : “- I wonder if they'll stay on the reservation this time.”
Jess (James Garner) : “- Why should they?”
Telles sont les dernières répliques de ce premier western de Ralph Nelson. Ce qui entérine d’en faire, malgré l’extrême sauvagerie des Apaches présents, un film ouvertement pro-indien alors qu’en apparence les auteurs n’en ont pas fait leur thématique principale, Duel at Diablo préfigurant en quelque sorte l’étonnant Fureur Apache (Ulzana’s Raid) de Robert Aldrich, deux westerns où le manichéisme n’a pas lieu d’être, où les frontières entre le bien et le mal restent assez floues : "You white eyes want us all dead, but when I die, it will not be as a reservation Indian. I will die Apache - killing my enemies" dira Chata, le vieux chef rebelle. Peut-on lui en vouloir d'une telle volonté de violence au vu de la situation de son peuple ?

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A la croyance de la jeune femme de voir la situation s’apaiser une fois que les indiens auront réintégré leur réserve, l’éclaireur de l’armée américaine s’étonne de cette remarque en lui demandant pourquoi ils devraient y rester alors "qu’ils ont été entassés de force dans l'enfer de la réserve de San Carlos, qu’on leur a menti et qu’on les a dépouillé de leurs biens..." Parqués et dépérissant, les Indiens avaient-ils d’autre choix la première fois que de fuir San Carlos en faisant couler le sang ? Pourquoi ne recommenceraient-ils pas ? Les Apaches sont donc à nouveau sur le pied de guerre pour avoir été trompé par le gouvernement américain. Leurs actions et leurs exactions sont légitimées par le personnage principal du film comme d’ailleurs par les auteurs qui tiennent à faire part, 'entre les lignes', des conditions déplorables des Natives dans leur pays. L’éclaireur de l’armée américaine comprend parfaitement ceux qu’il chasse, se doutant bien que Chata et sa tribu n’ont aucune envie de réintégrer cet endroit sec et sordide qu’on leur a ‘offert’ ! Nous verrons donc tout au long du film des Tuniques Bleues et des Apaches s’entretuer, chacun ayant ses bonnes raisons, les premiers pour se défendre, les seconds pour récupérer leurs biens et ne pas être à nouveau privé de liberté. Aucun jugement n’est porté par les auteurs à l’encontre d’un camp ou d’un autre contrairement au plus célèbre et à venir Soldat Bleu -du même Ralph Nelson- dans lequel l’armée américaine endossera tous les torts, malheureusement sans aucune nuances ; ici, il s’agit non pas d'un pamphlet mais d’une sorte de ‘survival’ asses simple au cours duquel la cavalerie (comptant en son sein des officiers tout à fait humains et intègres) cherche à échapper aux indiens. Pas de 'gentils et méchants' ; juste deux ennemis se combattant à mort pour ne pas succomber.

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Ralph Nelson, comme la plupart des réalisateurs ayant émergé à la fin des années 50, a fait ses armes pendant un certain laps temps pour le petit écran. Pendant pas moins de 13 ans il ne réalisera que d’innombrables épisodes de séries télévisées avant de tourner en 1962 son premier long métrage pour le cinéma, Requiem pour un champion (Requiem for a Heavyweight) avec Anthony Quinn et Mickey Rooney. La Bataille de la vallée du diable sera son 7ème film. Moins réputé – à juste titre- que ses congénères tels Sidney Lumet ou John Frankenheimer, Ralph Nelson n’en aura pas moins laissé une œuvre intéressante, se faisant remarquer surtout au travers de films de genre et notamment le western et le film policier. Avant Soldat Bleu qui demeure encore aujourd’hui son film le plus connu et le plus louangé -statut acquis surtout en raison de l’extrême violence des massacres montrés à l’écran- il aura donc déjà une fois ‘tâté’ du western avec le film qui nous concerne ici, plus traditionnel mais pas moins réussi pour autant ; tout au contraire ! Avec l’aide de l'écrivain Marvin H. Albert (déjà auteur de romans ayant donné lieu à de célèbres adaptations cinématographiques tels Le Trésor du pendu de John Sturges ou bien encore la série des Tony Rome réalisés par Gordon Douglas avec Frank Sinatra dans la peau du plus savoureux des détectives), Ralph Nelson vient concurrencer les réalisateurs italiens qui commençaient alors seulement à empiéter sur le domaine jusque là 100% américain du western. Si les outrances et effets stylistiques typiques du western italien sont encore quasiment absents de Duel at Diablo (à l’exception de quelques zooms mal venus), comme chez son cousin transalpin une violence bien plus crue et réaliste qu’auparavant s’invite dans le courant du film, notamment lors des scènes de batailles par la manière qu’ont les flèches de transpercer et déchirer les chairs, le cinéaste arrivant presque à nous en faire ressentir la douleur.

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Une cruauté et une violence graphique jamais gratuites qui s’invitent avant même que le film ne débute, la première image étant celle d’un couteau déchirant l’écran comme s’il s’agissait d’une toile de tente. Puis l’on assiste immédiatement, par le biais du regard de l’éclaireur qui scrute les environs à la jumelle, à une situation assez dérangeante, la vision d’un homme blanc attaché la tête en bas au dessus d’un brasier en cendres, probablement torturé avant d’être laissé brulé vif, les membres inférieurs étant tout noircis. Cette représentation horrifique ainsi que le sauvetage -avec quelques morts violentes à la clé- de la femme autrefois kidnappée par les indiens ont lieu avant même que le générique ne se lance à partir d’un somptueux et majestueux mouvement de grue et de caméra partant en travelling arrière du couple pour s’envoler à haute altitude, nous faisant découvrir en un large et long plan d’ensemble les étendues désertiques puis les vertigineux pitons rocheux les entourant, l’hélicoptère les contournant sur un thème musical superbe et entêtant signé Neal Hefti, jazzman à ses heures et compositeur entre autres du célèbre thème de la série Batman. Une bande originale assez moderne avec, comme Ennio Morricone à cette même époque, l’utilisation nouvelle de guitares électriques. Le résultat est tout à fait probant et le film débute ainsi de la plus belle des manières, happant immédiatement le spectateur. Puis, sans fioritures, les auteurs nous présentent leurs différents personnages, sachant en décrire leurs richesses tout en allant à l’essentiel et en restant constamment cohérent quant aux relations qu'ils ont les uns avec les autres. Le plus gros défaut du scénario est que les protagonistes seront tellement bien campés d’emblée que par la suite nous ne les verrons guère évoluer, leurs motivations restant à peu près identiques d’un bout à l’autre de l'histoire.

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Nous avons donc tout d’abord cet éclaireur qui va chercher à se venger de l’homme ayant scalpé sa femme, une indienne. James Garner (déjà habitué du genre par le fait de tenir le rôle-titre dans la série Maverick), aussi talentueux dans le registre de la comédie (voir celles inénarrables dans lesquelles il formait un duo avec Doris Day) que dans celui du drame, est parfait dans ce rôle ambigu d’un homme dont le travail est de traquer les indiens que par ailleurs il apprécie et dont il comprend le combat. Même s’il eut pour épouse une indienne, il a du mal à envisager l’inverse, qu’une femme blanche ayant été violée par un indien n’ait pas pour idée de se donner la mort ! C’est ce que pense également la majorité des habitants du fort y compris le mari ("My horse is dead and you're back - shoulda been the other way around"), homme torturé, tour à tour haïssable et attendrissant par certaines résurgences de dignité, très bien campé par Dennis Weaver, le comédien qui luttera contre le camion fou de Duel, le premier film de Steven Spielberg. La jeune et belle femme blonde, c’est l’une des actrices fétiches d’Ingmar Bergman, la ravissante Bibi Andersson. Son personnage, rudoyé et honnie de tous côtés, revenu de tout (“They all think that any decent woman would prefer to die than live as an Apache squaw. Maybe they're right"), est également loin d'être dénué d'intérêt. Kidnappée par les indiens, elle avait fini par s’intégrer à la tribu et à se faire à cette vie itinérante, mais avait ensuite été rejeté par le chef du clan après que le fils de ce dernier, le père de son enfant, se soit fait tuer par les blancs. Revenu auprès de son mari, elle est là aussi mise au ban par le fait d’avoir eu des rapports sexuels avec un ‘sauvage’ ; les blancs ont bien plus de mal à accepter le métissage que les Natives, beaucoup moins regardants et plus tolérants dans ce domaine. Et, alors qu’elle retourne au camp retrouver son enfant, Ellen n’est guère mieux accueillie par la tribu qui ne lui pardonne toujours pas la mort du guerrier qui l’avait prise pour femme. Trimballée à droite à gauche, secouée psychologiquement et ne comprenant pas vraiment la situation des uns et des autres, sa naïveté lui fait penser que le retour des indiens à la réserve ramènera une période pacifique, sans une seule seconde imaginer les dures conditions de vie que devront subir ceux avec qui elle a vécu quelques temps. Quant aux relations qui lient le mari et la femme, elles s'avèrent aussi fortes que touchantes, le couple continuant à se respecter et même à s’aimer tout en ne s’imaginant plus pouvoir se toucher.

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Même si le nom de Sidney Poitier partage le haut de l'affiche, son personnage truculent et haut en couleur -surtout par sa tenue vestimentaire- n’est en revanche pas d’un grand intérêt dramatique, quasiment de l'ordre d'un second rôle. Toller fit partie des fameux ‘Buffalo Soldiers’ de la 10ème de cavalerie dont John Ford rendit hommage au sein de son très beau Sergeant Rutledge (Sergent noir), le seul régiment de l’armée américaine entièrement composé de noirs ; cet homme élégant et peu modeste a décidé de retourner dans le civil... sauf qu’il gagne désormais sa vie en tant que maquignon et pour l’occasion en effectuant le dressage des chevaux… pour l’armée ! Son unique motivation est l’argent qu’il doit récolter une fois arrivé à bon port, toutes les jeunes recrues ayant in fine des montures obéissantes. Les auteurs n’ont pas jugé utile de faire de la couleur de sa peau un quelconque élément dramatique, ce qui renforce leur volonté de ne pas foncer tête baissée dans le manichéisme et ne pas infliger au spectateur un quelconque ton moralisateur. Toller aurait d’ailleurs pu être interprété par un acteur blanc sans que ça ne change grand-chose au scénario. Pour finir ce passage en revue des personnages de relative importance au sein de ce western, signalons également le lieutenant de cavalerie interprété par Bill Travers, un homme d’honneur sans grand charisme, ce qui le rend finalement bien plus humain. Un casting des plus solides pour personnifier une intéressante galerie de protagonistes qui permet d’aborder sans lourdeur le racisme sous toutes ses formes ainsi que la notion du bien et du mal. Tout ce petit monde va se retrouver à devoir participer à un combat violent et sanglant d’où personne ne sortira vraiment gagnant, la victoire sur le terrain n'allant pas forcément se révéler gratifiante.

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Dommage que le faible budget ait abouti à rogner les moyens alloués à certains postes clés telle la photographie, assez laide lors des séquences en studio, le chef opérateur ne faisant pas non plus très attention aux éclairages et aux ombres portées (voir la séquence très carton-pâte où nos ‘héros’ descendent de nuit une falaise en rappel). En revanche les impressionnants paysages de l’Utah sont splendidement mis en valeur. Sinon, bien que sans génie, un western captivant et efficace grâce à de nombreux morceaux de bravoure parfaitement bien gérés, réaliste mais non dénué de lyrisme (merci à Neal Hefti), musclé mais également capable de nous délivrer une certaine dose d’émotion (l'amorce de romance Garner/Andersson). Un final amer mais humble qui finit de rendre ce premier âpre western de Ralph Nelson bien plus attachant et nuancé que son suivant. Quant à la thématique des femmes blanches kidnappées par les indiens, Duel at Diablo est un complément idéal à deux westerns de John Ford, La Prisonnière du désert (The Searchers) et Les Deux cavaliers (Two Rode Together).
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par AtCloseRange »

Alexandre Angel a écrit :
Jeremy Fox a écrit :

N'ayant pas du tout accroché au film, je me suis défilé avec une pirouette totalement indigne de moi :mrgreen:
C'est quelque chose que je peux comprendre. Dans le cas du Bandit, comme dans celui de Quand les tambours s'arrêteront, d'Hugo Fregonese, ce qu'il y a de beau excède, je crois, le résultat à l'écran,qui est un résultat de surface. Le spectateur doit jouer le jeu et laisser venir à lui le charme atypique, onirique, rêveur, expatrié de ces deux œuvres. Je suis acquis à la cause de cet imaginaire-là (celui d'Ulmer, qui me ravit, mais aussi la candeur plastique désarmante du Fregonese) donc pas de soucis d'adhésion mais lorsqu'on a les films sous les yeux, leur séduction n'alpague pas : elle s'insinue, s'inocule doucement, prend tranquillement le pouvoir. Ce qui fait que mon premier contact avec les présentations qu'en fait Bertrand Tavernier, qui les adore, fut un tantinet circonspect. Son inaugural et tonitruant "dire qu'Apache Drums est un chef d'œuvre est une évidence" m'a laissé dans un premier temps perplexe. Et je ne suis toujours pas sûr de lui emboîter le pas. Mais il faut l'enthousiasme guideur d'un Tavernier, qui sait "vendre" un film, pour que tout le charme singulier qui bouillonne dans les entrailles de ces deux films trouve à irriguer d'évidence ce que l'on voit à l'écran.
La beauté formelle du Fregonese me semble pourtant une évidence. Ensuite, chef d'œuvre, c'est une autre histoire mais c'est clair que c'est loin d'être un western de série.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Alexandre Angel »

AtCloseRange a écrit :La beauté formelle du Fregonese me semble pourtant une évidence
D'abord, mine de rien, j'ai visionné cela fin 2011, à la sortie du dvd. J'ai encore évolué dans ma perception des films, depuis..
Ensuite, et surtout, si, justement, je trouve que le film affiche les attributs de la série B : acteurs ad hoc comme Stephen Mc Nally, durée, décors, iconographie Universal fifties comme on l'aime, allure générale modeste, simple, sans ambition claironnée, sans message.. C'est tout a fait beau à regarder, en même temps, tu as raison.. Et c'est là qu'il se passe quelque chose : ce quelque chose de mystérieux que décrit avec talent Tatave et qui ne saute pas à la gueule tout de suite. Je suis au contraire persuadé que beaucoup d'amateurs de westerns visionnant Apache Drums pour la première fois risquent de passer à côté justement parce que rien n'y est grandiose, claironné. Il y a comme un sortilège et c'est ce que j'essayais d'expliquer. Dans le cas du Bandit, c'est encore plus flagrant du fait du style blême et allusif d'Ulmer, et aussi du budget certainement moindre que celui du Fregonese.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par ithaque »

c'est quoi un DVD légèrement zoomé ?
Pourquoi ne mets-tu pas ta note personnelle à la fin de ta critique ?
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

c'est quoi un DVD légèrement zoomé
Avant tout, ce film tourné en format 1.66 mais proposé en 1.78 sur le DVD est donc logiquement légèrement zoomé ; et ceci se remarque par le haut des têtes coupées dans pas mal de plans. Le recadrage est infime, certes pas rédhibitoire, mais néanmoins fort dommageable.
Pourquoi ne mets-tu pas ta note personnelle à la fin de ta critique ?
J'ai mis mes notes dans le premier post.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Et sinon, avant de passer au Hathaway, on reviendra en fin de semaine très rapidement (car le film ne vaut pas mieux) sur Marqué au fer rouge, un déplorable navet signé Bernard McEveety qui vient de sortir chez Sidonis.
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Re: The Glory Guys

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
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Les Compagnons de la gloire (The Glory Guys - 1965) de Arnold Laven
UNITED ARTISTS
Spoiler (cliquez pour afficher)
Avec Tom Tryon, Senta Berger, Harve Pernell, Andrew Duggan
Scénario : Sam Peckinpah
Musique : Riz Ortolani
Photographie : James Wong Howe (DeLuxe 2.35)
Un film produit par Arnold Laven, Arthur Gardner & Jules V. Levy pour la United Artists


Sortie USA : 07 juillet 1965


Le Capitaine Demas Harrod (Tom Tryon) conduit ses nouvelles recrues jusqu’au fort où est cantonné le 3ème régiment de cavalerie de l’US Army. Il y retrouve l’opportuniste Général McCabe (Andrew Duggan) en constante recherche de gloriole, qui se prépare à repartir au combat contre les indiens récalcitrants qu’il compte bien massacrer jusqu’au dernier ; Harrod craint qu’il remette à nouveau ses hommes en danger pour être certain de mener sa mission à bien. Quoiqu’il en soit, en attendant il faut entrainer les bleus qui ne devraient pas tarder à subir leur baptême du feu ainsi que gérer le conflit qui l’oppose à son rival en amour, l’éclaireur Sol Rogers (Harve Pernell), pour les beaux yeux de la charmante Lou Woodard (Candice Bergen). Mais les choses sérieuses finissent par arriver et il faut partir ‘mater’ les peaux-rouges ; cela n’ira pas sans immenses pertes humaines car la bataille du film est basée sur celle tristement célèbre de Little Big Horn…

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Les trois producteurs associés Arthur Gardner, Jules Levin et Arnold Laven, pour qui Sam Peckinpah tourna quelques épisodes de leur série L’homme à la carabine (The Rifleman), demandèrent à ce dernier d’écrire un scénario d’après le roman ‘The Dice of God’ écrit par Hoffman Birney ; comme c'était déjà le cas pour le magnifique Fort Apache de John Ford qui initiait en quelque sorte le western militaire, il s'agissait d'une histoire basée -en modifiant expressément noms et lieux- sur les derniers jours du Général Custer et évidemment sa défaite cuisante à Little Big Horn, emportant dans la mort tous ses hommes avec lui. On proposa à Peckinpah de le réaliser (avec Charlton Heston pour acteur principal et Angie Dickinson pour le rôle de Lou) mais, au vu des problèmes qu’il eut avec la Columbia sur le tournage de Major Dundee, Arnold Laven préféra finalement le tourner lui-même. Son précédent film, Geronimo avec Chuck Connors personnifiant le célèbre chef apache, se révélait assez ridicule en raison principalement d’un script manquant totalement d’inspiration, ce qui était fort dommage car l’exécution était plutôt honnête, le cinéaste prouvant qu’il savait correctement filmer une chevauchée, assez bien rythmer une séquence mouvementée et même savamment cadrer de somptueux paysages. Son deuxième western qui nous concerne ici sera heureusement d’une toute autre trempe. C’est pour avoir déjà démontré sa faculté à tourner d’excellentes scènes d’action dans son film précédent qu’il n’y a pas de raison de douter que celles de Les Compagnons de la gloire n’aient pas été réalisées par lui ; en effet, il avait été dit que Sam Peckinpah aurait commencé le tournage et aurait mis en boite quelques unes de ces séquences, ce qui a été fortement démenti par la suite. Arnold Laven ne fut pas un réalisateur très inspiré ; il aurait été dommage de le priver en plus de cette sympathique prédisposition.

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Ce western de cavalerie -comme d’ailleurs la plupart de ceux qui l’ont précédé- est composé à la manière de ceux de John Ford de deux parties assez distinctes. La première, assez légère, est consacrée à la description et aux rituels de la vie d’une garnison avec l’entrainement des nouvelles recrues sous le commandement d’un sergent-instructeur braillard au grand cœur (ici Slim Pickens), les permissions en ville, les affaires de cœur des officiers comme des soldats, et enfin les conflits qui naissent ou se perpétuent. Dans le film de Laven, on assiste à une rivalité amoureuse entre le capitaine et le chef des éclaireurs se disputant les faveurs d’une jeune veuve aux mœurs assez libres menant ouvertement cette double relation amoureuse, ainsi qu’à un antagonisme d'ordre moral et ‘politique’, le capitaine ne supportant pas son supérieur, un Général ‘massacreur’ et va-t-en-guerre qui est capable de sacrifier ses hommes pour mener à bien ses missions et en tirer toute la gloire. Tom Tryon et Andrew Duggan font donc très largement penser aux personnages interprétés par John Wayne et Henry Fonda dans Fort Apache, les premiers se méfiant de leurs supérieurs par le fait de bien connaitre leurs tempéraments bellicistes et les drames qui en découlent souvent. Une seconde partie bien plus sombre sera tout logiquement consacrée au départ de la troupe pour la bataille qui s’annonce colossale, avec grand nombre d’hommes de part et d’autre. Si le mélange des tons était parfaitement maitrisé par John Ford, il n’en va pas toujours de même pour les auteurs de The Glory Guys, que ce soit Sam Peckinpah ou Arnold Laven ; ce qui cause un déséquilibre certain, une mayonnaise qui a parfois du mal à prendre là où chez Ford tout semblait aller de soi, les pitreries de Victor McLaglen et consorts n'allant jamais trop phagocyter un script d’une évidente fluidité. C’est le principal défaut du western d’Arnold Laven de passer sans cesse de la gaudriole à la plus sombre noirceur d’une manière trop hachée et souvent peu convaincante.

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Défaut atténué par une vision assez virulente de la hiérarchie militaire, une bonne tenue d’ensemble de l’interprétation et la grande qualité des séquences de batailles. En effet, comme dans Major Dundee (auprès duquel The Glory Guys ne démérite pas), Peckinpah trace un portrait peu glorieux de son général excellemment interprété par un Andrew Duggan haïssable à souhait. Les deux acteurs principaux sont assez peu connus du grand public et encore moins par les aficionados du western puisqu’ils ne tournèrent pas beaucoup dans le genre : il s’agit de Tom Tryon, le Cardinal de Preminger dans le film du même titre, ainsi que de Harve Pernell, sosie de Howard Keel au physique un peu plus gringalet, ayant surtout tourné pour la petite lucarne. Si leurs coupes de cheveux pourront prêter à sourire, leur talent n’est pas à remettre en cause même si la rencontre des deux personnages est l’occasion d’une des séquences les plus pénibles du film, un combat à poings nues assez puéril, pas mieux monté que filmé. Tom Tryon montre une belle prestance dans le rôle du Capitaine qui tient tête à son arrogant général ; quant à Harve Pernell, sa prestation s'avère assez pittoresque, tout comme celle d’un tout jeune James Caan dans le rôle d’un insolent soldat irlandais, comédien qui fera à nouveau le pitre deux ans plus tard dans le plus célèbre Eldorado d’Howard Hawks. Parmi les autres comédiens, des habitués des films de Peckinpah dont le picaresque Slim Pickens, le jeune Michael Anderson Jr (déjà à l’affiche de Major Dundee et également l’un des quatre fils de Katie Elder de Hathaway) et évidemment la charmante Senta Berger dont on arrive facilement à comprendre pourquoi deux hommes sont prêts à en venir aux mains pour ses beaux yeux. Le personnage de Lou est d’ailleurs probablement le mieux écrit et le plus intéressant du film, une femme libre, intelligente et capable d’empathie pour les deux rivaux qu’elle semble aimer d’une même force.

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La première partie est un peu longue, pas toujours très fine mais jamais non plus ennuyeuse. On y trouve dans une ambiance plutôt bon enfant des situations assez cocasses plus ou moins drôles, des notations intéressantes sur la folie meurtrière de certains officiers recherchant la gloire ainsi qu’un triangle amoureux pas négligeable au sein de l’intrigue. La violence du conflit qui se prépare et qui rend anxieux la plupart des soldats (leur capitaine les avait prévenus dès lors qu'ils s'étaient engagés en leur disant qu’il y avait de fortes chances pour qu’ils se fassent tous tuer) ainsi que le sentiment du danger omniprésent au dehors, permettent de glisser lentement vers une seconde partie bien plus sèche qui permet dans le même temps d’apprécier la virtuosité des équipes techniques et du budget alloué pour la figuration. Mais c’est avant tout l’occasion d’une démonstration du talent du chef-opérateur James Wong Howe à propos duquel Bertrand Tavernier n’arrête pas de tarir d’éloges dans sa présentation du film. Ses éclairages des intérieurs étaient déjà très beau mais le petit photographe d’origine chinoise (surnommé le chinois d’Hollywood) se surpasse en extérieurs, certains cadrages et plans d’ensemble n’ayant pour certains presque rien à envier aux plus beaux de ceux que l’on trouve dans les westerns de John Ford. On notera aussi l’efficacité redoutable des travellings, l’ampleur des mouvements de caméra et l'impressionnante gestion des figurants dans l’espace ; au niveau du placement des protagonistes sur le champ de bataille avant que le conflit ne se déclenche, on pense parfois au Spartacus de Stanley Kubrick, ce qui n’est pas peu dire ! Un segment mouvementé parfaitement maîtrisé et dont les plans sur les charniers de l’après bataille possèdent une sacrée puissance, ce ‘substitut’ de Custer ayant comme lui fait ‘évacuer’ les renforts pour récolter seul les lauriers de la gloire. Peine perdue !

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Un western militaire écrit par Sam Peckinpah -qui aurait dû également le réaliser- et qui, malgré le fait qu’il soit finalement tombé entre les mains d’un cinéaste bien plus mineur, n’en demeure pas moins loin d’être inintéressant même si dans l'ensemble assez inégal. Les amateurs d’amples batailles au sein de somptueux décors naturels ne devraient pas être déçus par le dernier quart d’heure de ce film qui à lui seul fait que The Glory Guys aurait mérité d’être mieux considéré.

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Le film est sorti en zone 2 chez Sidonis au sein d’un très beau master. VF et VOST

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Je me permet d’empiéter sur ton topic après avoir vu ce film que je trouve très réussi. Effectivement un peu inégal, mais comment ne pas être emballé par ce film au ton éminemment fordien (les personnages, les scènes de bagarre) qui mélange chronique de "caserne" et grande bataille épique. Une très belle galerie de personnages, avec un Caan qui pour son deuxième rôle sur grand écran impose déjà une présence formidable, et une esthétique remarquable. Belle petite découverte !
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit : Je me permet d’empiéter sur ton topic
Au contraire ; c'est fait pour ça :wink:

Et très content de t'avoir aidé à franchir le pas en ce qui concerne la découverte de ce western :)
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Rick Blaine
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
Et très content de t'avoir aidé à franchir le pas en ce qui concerne la découverte de ce western :)
Oui, merci ! :D
Je ne sais pas pourquoi j'avais fait l'impasse, alors que d'habitude je prends tous les Sidonis. Là je me disais que ça ne donnerait rien, je me suis bien trompé !
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Et très content de t'avoir aidé à franchir le pas en ce qui concerne la découverte de ce western :)
Oui, merci ! :D
Je ne sais pas pourquoi j'avais fait l'impasse, alors que d'habitude je prends tous les Sidonis. Là je me disais que ça ne donnerait rien, je me suis bien trompé !

Au vu du cinéaste et des acteurs (qui m'étaient inconnus), si je n'avais pas dû le prendre pour le parcours, je pense que j'aurais fait aussi l'impasse. A tort du coup.
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