Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1967

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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ithaque
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par ithaque »

Pour moi,1962 est la dernière bonne année à westerns. Après les grands maîtres ne tournent plus, les grands acteurs demeurent mais ce n'est plus cela , quelques films font heureusement exceptions.
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Jeremy Fox
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Hour of the Gun

Message par Jeremy Fox »

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Sept secondes en enfer (Hour of the Gun - 1967) de John Sturges
MIRISCH CORPORATION


Avec James Garner, Robert Ryan, Jason Robards, Albert Salmi
Scénario : Edward Anhalt
Musique : Jerry Goldsmith
Photographie : Lucien Ballard (2.35 DeLuxe)
Un film produit par John Sturges pour la Mirisch Corporation


Sortie USA : 01 novembre 1967


Ce 26 octobre 1881 à Tombstone a lieu le fameux règlement de comptes à OK Corral qui oppose les frères Earp –aidé par Doc Holiday (Jason Robards)- et le clan des Clanton. Ike Clanton (Robert Ryan) demande à ce que Wyatt Earp (James Garner) soit arrêté et jugé pour avoir outrepassé ses droits lors de cet affrontement qui a couté la vie à trois de ses hommes. Wyatt est acquitté mais le danger reste grand pour lui et sa famille puisque Clanton a 'acheté’ la plupart des notables et hommes de loi de la ville. D’ailleurs Morgan Earp tombe peu après dans un piège où il trouve la mort. Wyatt ne va désormais avoir de cesse que de le venger et de traquer tous les hommes ayant été sous la coupe de Clanton quitte à détourner certaines lois pour parvenir à ses fins. Les cadavres vont s’accumuler sur le parcours de ce héros ici démythifié…

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Même s’il fut longtemps mésestimé en France, John Sturges fut l’un des réalisateurs de westerns les plus passionnants des années 1950 avec notamment les chefs-d’œuvre que sont Fort Bravo (Escape from Fort Bravo), Règlement de comptes à OK Corral (Gunfight at OK Corral) ou Le Dernier train de Gun Hill (Last Train from Gun Hill), sans oublier le superbe Un Homme est passé (Bad Day at Black Rock), sorte de western moderne progressiste unique en son genre. Après Les Sept mercenaires (Magnificent Seven) qui devint un classique instantané - notamment auprès du grand public -, la plupart de ses westerns suivants furent au contraire vilipendés avec violence. Le retour de bâton suite à un trop grand succès mal digéré par la critique ? Et pourtant, dans le domaine du western humoristique et même si l’on peut effectivement très bien s’en passer, 3 Sergeants n’était clairement pas le navet annoncé -ne méritant en tout cas pas un tel lynchage- alors que la pochade à gros budget qui a suivi, Sur la piste de la grande caravane (The Hallelujah Trail), certes très moyenne, elle était cependant loin d’être honteuse.

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Hour of the Gun est certainement le meilleur film de John Sturges depuis le début des années 60. Sans préambule ni mise en place, il débute dans le feu de l’action là où se concluait Gunfight at OK Corral réalisé juste 10 ans auparavant, soit par le fameux duel au sein des rues de Tombstone entre les Earp et les Clanton. Les auteurs estimant que ce fait historique était connu de la majorité des amateurs de westerns, ils décident pour cette séquence d’ouverture de ne pas le présenter, pas plus que ses protagonistes. Alors que le générique se déroule sur un superbe thème de Jerry Goldsmith, l’on assiste à l’arrivée très tendue de chacun des participants sur les lieux du règlement de comptes. Le Gunfight proprement dit ne dépassera pas la dizaine de secondes -comme parait-il dans la réalité- quand celui du film précédent durait une bonne dizaine… de minutes ! Sept secondes en enfer se présente donc à nous comme une sorte de suite/relecture du superbe et lyriquement emphatique Règlement de comptes à OK Corral sauf que le ton en est totalement différent, beaucoup plus vériste, totalement ‘déglamourisé’ et pour tout dire un peu trop désincarné -à mon goût en tout cas-, lui préférant également d’autres visions un peu plus idéalisées de ce personnage emblématique du Far-West qu'était Wyatt Earp telles La Poursuite infernale (My Darling Clementine) de John Ford ou Un Jeu risqué (Wichita) de Jacques Tourneur.

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Le rythme est lent, l’action est totalement dédramatisée et le résultat s’avère être un western sec et dépressif au scénario certes austère et anguleux mais néanmoins très intéressant sur la fameuse ‘Law and Order’ ainsi que sur la justice -à travers notamment plusieurs scènes de procès-, le film narrant avant tout une vengeance dissimulée sous couvert de la loi et au cours de laquelle son plus digne représentant, Wyatt Earp, la bafoue allègrement. Le plus célèbre des Marshall de l’histoire du Far-West s’avère donc ici grandement démythifié, menant tel un justicier, poussé par d’irrépressibles pulsions, son expédition punitive, une vendetta préméditée et sans concessions. Même s’il est protégé par son badge et l’adoubement de ses supérieurs, sa conscience ne le laisse pas toujours en paix, tout à fait lucide quant à la dégénérescence de ses actes. A quelques reprises il fera même peur à Doc Holiday -qui n’est pourtant pas, loin de là, un enfant de chœur- avec son regard vide et ses paroles d’une sécheresse et d’une inhumanité effrayantes qu’il lui arrive de sortir avant ou après les exécutions sommaires de ses ennemis. Car le film dépeint également l’amitié qui lie les deux hommes vieillissants, plus trop à leur place en cette fin de 19ème siècle en pleine mutation, leurs relations parfois assez touchantes étant le seul aspect qui empêche le film de tomber dans une trop grande aridité et une trop grande raideur.

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Le film comporte son lot de fulgurances sèches comme le ‘meurtre’ de Warshaw par Wyatt Earp ou le duel final au Mexique entre Earp et Clanton, superbement réalisé, monté et cadré. La photographie de Lucien Ballard expressément non flamboyante ainsi que le très beau score de Jerry Goldsmith accentuent le caractère quelquefois nostalgique de ce western réaliste dans lequel les personnages sombres et stoïques n'expriment pas ou peu leurs sentiments et où l'on note une absence totale et surprenante de présence féminine. James Garner est impeccable, tout en ‘underplaying’, apportant à son célèbre personnage la détermination et l’ambigüité voulues. L'émotion point par à-coups s'agissant de l'amitié que l'on sent bien réelle entre Wyatt Earp et un Doc Holiday désabusé, lui aussi interprété avec talent par Jason Robards. Robert Ryan est quant à lui tout à fait convaincant dans la peau de l’ennemi juré des deux hommes ; dommage que son personnage ne soit pas plus développé. A signaler la présence d’un tout jeune Jon Voight en tueur très inquiétant au regard bleu acier et une sorte de Private Joke du réalisateur à son western le plus célèbre lorsque Doc Holiday part recruter des ‘mercenaires’ pour le 'Posse' qui doit être mis en place.

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Sans avoir eu la tentation de lorgner vers le western italien qui sévissait à l’époque -la violence est bien plus sèche que sanguinolente-, John Sturges enrobe son film dans une sorte de classicisme crépusculaire comme on pouvait le trouver dans le sublime Coups de feu dans la Sierra (Ride the High Country) de Sam Peckinpah ; une ambiance crépusculaire mais un crépuscule grandement voilé de nuages qui fait que l’on suit cet âpre western aux personnages de ‘morts-vivants’ avec un certain détachement et que cette intéressante et dense réussite est cependant loin d’atteindre le niveau de ses westerns des 50’s. Quoiqu’il en soit, Gunfight at Ok Corral et Hour of the Gun forment un passionnant dytique antinomique tant sur le fond que sur la forme, et que pour cette raison il serait dommage de ne pas regarder l’un sans l’autre, le romantique puis le désenchanté, le flamboyant puis le rigoureux. Quel que soit l'avis de chacun, il est bon de savoir que John Sturges était très fier de son western qu'il considérait comme l'un de ses meilleurs.
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Jeremy Fox
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Re: Hour of the Gun

Message par Jeremy Fox »

Jeremy Fox a écrit :
A suivre : Le Pistoléro de la rivière rouge (The Last Challenge) de Richard Thorpe avec Glenn Ford & Angie Dickinson

Ma copie est trop moisie et en plus en 4/3. Bref, on va zapper et changer d'année pour en arriver à 1968 avec Cinq hors-la-loi (Firecreek) de Vincent McEveety avec James Stewart et Henry Fonda. Avant ça il y aura eu la nouvelle fournée Sidonis ainsi que La Caverne des hors-la-loi de William Castle.

Entre 1963 et 1967, aucun nouveau western n'a intégré mon top 50.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par John Doe »

Même si je connais (et peux éventuellement comprendre :-)) tes choix concernant la qualité de vision, je regrette de ne pas avoir ton avis pour ce western (que j'ai découvert récemment grâce au dvd Warner) quasiment inconnu et pourtant truffé de belles choses.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par Jeremy Fox »

John Doe a écrit :Même si je connais (et peux éventuellement comprendre :-)) tes choix concernant la qualité de vision, je regrette de ne pas avoir ton avis pour ce western (que j'ai découvert récemment grâce au dvd Warner) quasiment inconnu et pourtant truffé de belles choses.
Dvd warner ? Sans sous titre j'imagine ?
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par John Doe »

Non, désolé pour l'imprécision... dvd trésors Warner - F.A.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par Jeremy Fox »

John Doe a écrit :Non, désolé pour l'imprécision... dvd trésors Warner - F.A.
J'ai complètement zappé ce dvd. :o 4/3 ou 16/9 ?
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par John Doe »

Affiché sur le boîte: format 2.35 - 16*9 (je suis moins puriste que beaucoup sur la réalité comparé à l'énoncé) et après vérification, il a l'air d'être au format original, sans recadrage.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par Jeremy Fox »

John Doe a écrit :Affiché sur le boîte: format 2.35 - 16*9 (je suis moins puriste que beaucoup sur la réalité comparé à l'énoncé) et après vérification, il a l'air d'être au format original, sans recadrage.
En l'occurrence je ne parlais pas de recadrage mais de format video. Bon, je l'achète dès demain et ce sera mon prochain western dans le parcours. Merci :wink:
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par John Doe »

Je suis donc doublement content, que tu le commentes et d'avoir pu servir à quelque chose :) .
Merci et bonne continuation.
someone1600
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par someone1600 »

Ça faisait un bon bout de temps que je n'étais plus passé ici à cause d'un manque de temps avec l'Université et le travail. Mais j'ai lu toutes les chroniques postées depuis près de deux ans. Toujours aussi passionnant. ;-)
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par Jeremy Fox »

someone1600 a écrit :Ça faisait un bon bout de temps que je n'étais plus passé ici à cause d'un manque de temps avec l'Université et le travail. Mais j'ai lu toutes les chroniques postées depuis près de deux ans. Toujours aussi passionnant. ;-)

Ca fait très plaisir ; merci pour ta fidélité :D

Depuis j'ai entamé la série The Virginian que je considère désormais -pour ce que j'en ai vu pour l'instant- comme ce qui s'est fait de mieux dans le domaine western durant les années 60 :wink:
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Rick Blaine
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
Depuis j'ai entamé la série The Virginian que je considère désormais -pour ce que j'en ai vu pour l'instant- comme ce qui s'est fait de mieux dans le domaine western durant les années 60 :wink:
Ca la place très très haut quand même. Il y a moins de densité mais tout de même de très grande choses dans le western américain 60's au cinéma.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Depuis j'ai entamé la série The Virginian que je considère désormais -pour ce que j'en ai vu pour l'instant- comme ce qui s'est fait de mieux dans le domaine western durant les années 60 :wink:
Ca la place très très haut quand même. Il y a moins de densité mais tout de même de très grande choses dans le western américain 60's au cinéma.
Ah mais oui, à commencer par un de mes films préférés signé Sam Peckinpah, de très bons Hathaway, Bellamy, McEveety, McLaglen et bien d'autres bons films encore. Mais il faut quand même faire fort pour extraire plus de 20 excellents westerns durant cette décennie alors que durant la précédente c'était presque 10 par années.

Mais pour ce que j'en ai vu et lu, la série brassera tous les thèmes, toujours avec authenticité et le plus grand sérieux sans pour autant en oublier humour et fantaisie, ce qui s'avère pour moi vraiment incomparable surtout que retrouver des personnages que l'on apprécie sur un tel nombre d'heures, de mois, d'années me réjouit grandement. :wink:

Les 4 premiers épisodes que j'ai pu voir se hissent facilement aux côtés de ce qui s'est fait de mieux côté cinéma dans le genre pendant les années 60. Et comme je l'ai déjà dit, chaque épisode peut à la limite se concevoir comme un film à part entière par son casting, sa durée et la qualité du travail effectué aussi bien niveau mise en scène qu'écriture. On peut pour le coup surtout remercier Charles Marquis Warren -par ailleurs un peu trop vilipendé... et par moi le premier- qui a permis que tous les moyens soient mis en place pour en arriver à un tel niveau.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par Jeremy Fox »

Me concernant, les excellents westerns des années 60 : belle liste en effet (on n'est jamais mieux servi que par soi-même :mrgreen: ) mais ça ne fait pas des masses sur toute une décennie là où la précédente en comptait une dizaine par an.


Comanche Station : Budd Boetticher
La Diablesse en Collants Roses (Heller in Pink Tights) : George Cukor
Le Vent de la Plaine (The Unforgiven) : John Huston
Le Sergent Noir (Sergeant Ruttledge) : John Ford
Alamo (The Alamo) : John Wayne
La Vengeance aux deux visages (One Eyed Jacks) : Marlon Brando
El Perdido (The Last Sunset) : Robert Aldrich
L’Homme qui Tua Liberty Valance (The Man who Shot Liberty Valance) : John Ford
Coups de Feu dans la Sierra (Ride the High Country) : Sam Peckinpah
La Charge de la huitième Brigade (A Distant Trumpet) : Raoul Walsh
Les Prairies de l'honneur (Shenandoah) : Andrew V. McLaglen
Les Quatre Fils de Katie Elder (The Sons of Katie Elder) : Henry Hathaway
Les Professionnels (The Professionals) : Richard Brooks
La Route de l'Ouest (The Way West) : Andrew V. McLaglen
Cinq Hors la Loi (Firecreek) : Vincent McEveety
Cent Dollars pour un Shérif (True Grit) : Henry Hathaway
La Horde Sauvage (The Wild Bunch) : Sam Peckinpah


Mais je te laisse à l'occasion découvrir Le Virginien ; tu pourrais être agréablement surpris ... ou pas :lol:
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