Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1967

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Hitchcock
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Hitchcock »

Pas une grande année 1960 pour le moment donc...
Hâte du suivant ! :)
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Hitchcock a écrit :Pas une grande année 1960 pour le moment donc...
Hâte du suivant ! :)
Le suivant va la faire décoller à vitesse grand V :wink:
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Budd Boetticher aura donc réussi à caser 8 de ses westerns dans mon top 50 arrivé à cette date. Les deux derniers basculeront avant la fin de cette 4ème partie de parcours (Wayne et Peckinpah étant à l'affut) mais les autres devraient être définitivement au chaud.
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Jeremy Fox
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Comanche Station

Message par Jeremy Fox »

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Comanche Station (1960) de Budd Boetticher
COLUMBIA



Avec Randolph Scott, Claude Akins, Nancy Gates, Skip Homeier, Richard Rust
Scénario : Burt Kennedy
Musique : Mischa Bakaleinikoff
Photographie : Charles Lawton Jr (Eastmancolor 2.35)
Un film produit Budd Boetticher, Randolph Scott & Harry Joe Brown pour la Columbia


Sortie USA : Mars 1960


Recherchant incessamment son épouse capturée voici plus de dix ans par les Indiens, Jefferson Cody (Randolph Scott) sillonne désormais l’Ouest américain ; en attendant de tomber sur sa femme, il libère les autres captives blanches dont il croise la route. Ce jour, en échange d’armes et de tissus, il obtient la libération par les Comanches d’une de leurs captives, Nancy Lowe (Nancy Gates), faite prisonnière lors de l’attaque d’un convoi un mois auparavant. Sur le chemin du retour, Cody et Nancy rencontrent un groupe de trois hommes fuyant une bande d’indiens faméliques ; un groupe composé de Ben Lane (Claude Akins), leur chef, ainsi que de ses hommes de main, Frank (Skip Homeier) et Dobie (Richard Rust). Lane apprend à Nancy que son mari (Dyke Johnson) a promis une alléchante récompense de 5 000 dollars à quiconque la lui ramènerait morte ou vivante. Bien que Cody affirme à la jeune femme ne pas avoir eu connaissance de cette prime, elle n’en croit pas un mot et perd la confiance et la gratitude qu’elle avait conçu à l'égard son sauveur. Quant à Lane, il ne cache pas à ses acolytes qu’il envisage plus tard de se débarrasser de Jeff et de Nancy. Au sein de cette association de fortune, les tensions augmentent alors qu'ils approchent de leur but, d'autant plus qu'un groupe d'Indiens est toujours à leurs trousses…

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Toutes les collaborations cinématographiques prennent fin un jour ou l’autre ; lorsqu’elles furent fabuleuses, il est évidemment triste d’en visionner le dernier maillon. Après avoir quitté à regrets la trilogie cavalerie de John Ford au début des années 50 ainsi qu’au milieu de cette même décennie l’inégalable corpus de westerns d’Anthony Mann avec James Stewart, voici l’ultime œuvre de la sublime suite de westerns qui a fait se côtoyer le réalisateur Budd Boetticher et le comédien Randolph Scott durant cinq ans. Comanche Station est donc le dernier d’une série de sept parmi les plus purs et géniaux de l’histoire du genre constituée par Sept hommes à abattre (Seven Men from now), L’homme de l’Arizona (The Tall T), Le Vengeur agit au crépuscule (Decision at Sundown), L’aventurier du Texas (Buchanan Rides Alone), La Chevauchée de la vengeance (Ride Lonesome) et enfin Le Courrier de l’or (Westbound). Cet ensemble ayant atteint de tels sommets, on peut affirmer que même les plus faibles d’entre eux, comme par exemple le dernier cité, peuvent néanmoins prétendre faire partie des plus réjouissants fleurons du genre. Comanche Station, son film le plus ascétique, son film le plus ‘bressonien’, son film le plus pessimiste, ne vient pas rabaisser la qualité de la série, achevant d’en faire au contraire l’une des plus abouties et cohérentes de l’histoire du western !

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Quatre hommes, une femme, quelques figurants indiens, une cabane, aucun intérieur. Voilà sur quel minimalisme concernant les éléments physiques repose ce film au très petit budget et à la durée très courte. Les enjeux dramatiques sont également parfaitement clairs dès le départ : un homme solitaire a récupéré une femme captive des indiens et la reconduit à son époux ; en cours de route ils tombent nez à nez avec un groupe de trois hommes poursuivis par des indiens suite à leur volonté de s’emparer de cette même femme dans leur campement. On apprend alors que le mari a offert une forte prime à qui lui ramènerait son épouse morte ou vive. On imagine aisément suite à cette situation de départ bien posée les tensions qui vont se créer au sein du groupe prêt à imploser à tout moment, tension accentuée par le fait que nous savons que les indiens ne sont pas loin et qu’ils peuvent attaquer d’un instant à l’autre. L’intrigue ne prendra aucun chemin de traverse et filera tout droit jusqu’à son final. Devant un tel dépouillement de l’histoire, les auteurs décideront de s’appesantir en revanche sur les personnages, leur quotidien, leurs états d’âme, leurs évolution et leurs revirements. Le sauvetage de Cody par Ben Lane est par exemple une idée géniale, contrant tous les cynismes, mettant à l'inverse en exergue le sens de l’honneur même chez les pires crapules ; si Boetticher est un peu le précurseur du western italien, cette séquence prouve que moralement il s'agit quasiment de son contraire. Une histoire donc simplissime mais jamais simpliste, comme toujours avec Budd Boetticher : au point de vue de l'écriture, nous nous trouvons donc devant une construction du récit exemplaire au sein d’un découpage touchant à la perfection.

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[Attention spoilers]
A la lecture du pitch, on peut remarquer de fortes similitudes entre l'intrigue de Comanche Station et celle de Ride Lonesome (La Chevauchée de la vengeance). Dans ces deux westerns jumeaux, on y trouve un petit groupe de personnes disparates réunies pour la circonstance, qui doit en reconduire une autre à un endroit précis tout en étant poursuivi par un autre groupe, ici des hors-la-loi, là une tribu indienne. Encore un splendide scénario de Burt Kennedy (qui affirme que le cinéaste s’y est énormément impliqué aussi), qui opère des variations sur des thèmes similaires d'un film à l'autre, la différence principale étant que le final poignant de ce film se révèle bien plus pessimiste que celui du précédent ; Jefferson Cody, comme Ben Brigade, se retrouve seul mais alors que Ben a enfin pu évacuer ses démons et regagner sa sérénité, Jefferson, mû par son idée fixe et illusoire, doit partir de nouveau pour cette quête inaccessible à la recherche de sa femme après qu’il ait compris qu’il ne pourrait pas remplacer cette dernière, probablement morte, par celle qu’il vient de ‘rendre’ à son mari (final sublime dont je ne vous dévoilerais pas l’idée géniale qui vient nous surprendre à la dernière minute). Quant à ses ‘compagnons’ de voyage, ils auront tous été tués avant la fin du périple alors que dans Ride Lonesome ils se dirigent tous vers une vie enfin paisible. Les ressemblances entre les deux films se situent également au niveau des paysages que traversent les personnages à tel point que le cinéaste réutilise même l’arbre aux pendus du western précédent, mais cette fois au milieu d’une étendue d’eau. Les thèmes et variations n’existent pas uniquement avec Ride Lonesome mais également avec The Tall T (le seul sourire que l’on voit apparaitre sur le visage plus que jamais renfrogné de Randolph Scott se fera jour lors de la séquence de ‘dressage’ du mulet ; une scène identique avec cadrages similaires était présente durant le premier quart d’heure de L’Homme de l’Arizona, avant que le film ne plonge irrémédiablement vers la noirceur la plus totale) ainsi qu’avec le premier western de la série, le sublime Sept hommes à abattre, le règlement de comptes final se déroulant exactement au même endroit dans les deux films, au milieu de la même ‘arène’ et derrière les mêmes anfractuosités de rochers.

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Hormis l’impassible et taciturne Jefferson Cody, homme de l’Ouest honnête mais fatigué, s’accrochant à ses rêves sans trop y croire (interprété par Randolph Scott, le visage de plus en plus sévère et buriné, avec toujours autant de classe et de charisme), ses compagnons d’infortune parlent énormément de leurs regrets et espoirs ; ils nous deviennent ainsi rapidement très familiers et même touchants, y compris celui interprété par Claude Akins qui n’a pourtant pas vraiment le beau rôle, ne cachant pas à ses coéquipiers qu’ils devront tuer à la fois Cody et Nancy pour s’accaparer seuls la prime sans que la femme puisse dévoiler leur sordide méfait puisque le mari est prêt à payer même pour que son épouse soit ramenée morte. Les trois bandits possèdent cependant certaines valeurs morales et pensent qu’avec la prime, ils pourront repartir de zéro tout en étant conscients qu’il n’est pas facile de survivre par l’honnêteté dans cette époque dominée par la violence ; ils en feront d’ailleurs les frais et leurs disparitions (malgré les noirs desseins qu’ils avaient) ne nous réjouit pas du tout, chacune leur tour au contraire nous serrant la gorge comme s'il s'agissait d'une tragédie. Quel génie de la part des auteurs de nous rendre des tueurs sans scrupules aussi attachants en si peu de temps ! Quelle justesse et quelle intelligence dans la description psychologique de ses ‘Bad Guy’ conscients de l’être, clairvoyants dans le fait de savoir côtoyer la mort au quotidien mais très pragmatique en se disant qu’ils ne sauraient ni ne pourraient faire autre chose pour gagner leurs vies. Néanmoins, une lueur d’espoir vient à nouveau nous émouvoir lorsque Cody propose à Dobie de le prendre à son service une fois leur mission terminée ; à ce moment là, le jeune hors-la-loi se rend compte que la bonté peux exister et que d’autres chemins lui sont non seulement possibles mais ouverts. Malheureusement, ce constat lui viendra trop tard...

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Une très belle description des quelques protagonistes de l’intrigue (qui sont au nombre de cinq, comme dans The Naked Spur - L'appat d'Anthony Mann avec qui il possède de nombreux points communs) au sein d’un scénario absolument parfait. Malgré de très longues plages de dialogue et la très courte durée du film, le cinéaste a le temps de nous concocter quelques énergiques et intenses scènes d'action (l’attaque brutale du relais) et de se laisser aller à filmer de longues minutes de chevauchées à travers des paysages désertiques ou sauvages par l’intermédiaire de lents plans séquences composés de splendides panoramiques horizontaux utilisant à la perfection le large rectangle du cinémascope. Encore plus épuré que tous ses autres films, quasiment ascétique de par sa volonté à faire table rase de tout pittoresque, Comanche Station est moins immédiatement jouissif que le précédent mais son final poignant d’une profonde humanité (le regard de Randolph Scott est quasiment aussi émouvant que celui de Robert Forster à la fin de Jackie Brown de Quetin Tarantino) fait vite oublier que l'on a failli s'ennuyer quelques secondes. Nous ne l'aurions pas pu, d’ailleurs, devant une mise en scène aussi rigoureuse et limpide, une partition aussi magnifique signée Mischa Bakaleinikoff (que ce soit au travers du thème principal ou du thème romantique) et des paysages aussi bien mis en valeur. Sans bien évidemment oublier un casting de premier choix pour cinq personnages tous aussi bien écrits et croqués les uns que les autres, Randolph Scott en tête, fort bien accompagné par la charmante Nancy Gates et des trois bandits interprétés à la perfection par Claude Rains, Skip Homeier et surtout le très touchant Richard Rust dans la peau de l’outlaw qui est prêt à changer de vie suite à sa conversation avec Cody.

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Et Boetticher de conclure son corpus westernien avec Randolph Scott sur un travelling latéral de presque une minute sur le comédien à cheval en contre-jour au fond d'un immense plan d'ensemble, qui disparait lentement pour la dernière fois d'un de ses somptueux western. L'acteur ne remontera en selle que pour le sublime et crépusculaire Ride the High Country (Coups de feu dans la Sierra) de Sam Peckinpah avant de mettre fin à sa discrète, très belle et prolifique carrière. Avant son baroud d’honneur à la fin de son dernier film, il nous aura déjà montré dans Comanche Station la rectitude morale de son personnage exemplaire, véritable archétype du cow-boy hollywoodien mythique, sorte de chevalier de la table ronde du Far-West. Alors qu’il discute en pleine nuit avec la femme qu’il a délivrée des Indiens, elle lui demande : "If you had a woman taken by the Comanche and you got her back... how would you feel knowing ?" en lui faisant comprendre qu’elle aurait été violée par ses ravisseurs. Jefferson répond : "If I loved her, it wouldn't matter." "Wouldn't it ?" rétorque-t-elle. Sur quoi il termine plus affirmatif et convaincu que jamais "No ma'am, it wouldn't matter at all !" Belle leçon de tolérance et d’amour, questionnements moraux passionnants au sein d’un western aussi brillant que sobre, aussi intelligent que concis, le plus désespéré de la série ! Un travail d’orfèvre, une fois de plus !
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Hitchcock »

Effectivement, une conclusion grandiose pour l'une des plus belles collaborations de l'histoire du western, et tout simplement, du cinéma. Merci de nous offrir cette très belle critique.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Hitchcock a écrit :Effectivement, une conclusion grandiose pour l'une des plus belles collaborations de l'histoire du western, et tout simplement, du cinéma. Merci de nous offrir cette très belle critique.

8)

Durant la décennie, je n'en vois guère que 3 ou 4 autres de ce niveau mais nous verrons bien au fur et à mesure.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Hitchcock »

Et sinon, ton parcours s'arrêtera en quelle année ?
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Hitchcock a écrit :Et sinon, ton parcours s'arrêtera en quelle année ?

On verra. Peut-être à Django... en 2054 :wink:
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Re: Comanche Station

Message par Jeremy Fox »

Jeremy Fox a écrit :
A suivre : La Diablesse en collants roses (Heller in a Pink Tights) de George Cukor avec Anthony Quinn & Sophia Loren

Très belle réévaluation à venir.
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Re: Comanche Station

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
A suivre : La Diablesse en collants roses (Heller in a Pink Tights) de George Cukor avec Anthony Quinn & Sophia Loren

Très belle réévaluation à venir.
Je te lirais avec curiosité. J'ai toujours soigneusement évité l'achat de ce film malgré son casting car il me paraissait "bizarre" (rien que le titre...), je suis donc intrigué.
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Re: Comanche Station

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :
Jeremy Fox a écrit :

Très belle réévaluation à venir.
Je te lirais avec curiosité. J'ai toujours soigneusement évité l'achat de ce film malgré son casting car il me paraissait "bizarre" (rien que le titre...), je suis donc intrigué.

Un film très attachant de par ses personnages ; Anthony Quinn est un comédien qui a parfaitement bien choisi ses westerns et Sophia Loren est vraiment rayonnante ici. Et puis, ce n'est pas vraiment une comédie mais une description réjouissante des spectacles itinérants dans l'Ouest américain ; d'ailleurs Cukor se sort très bien également de toute la seconde partie qui se déroule en extérieurs alors que nos comédiens sont poursuivis par les indiens.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Hitchcock »

Je ne connaissais pas mais le titre m'intrigue. Est-ce le seul western de Cukor ?
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Hitchcock a écrit :Je ne connaissais pas mais le titre m'intrigue. Est-ce le seul western de Cukor ?

Oui ; et un western que la critique française a toujours dans l'ensemble eu en haute estime.
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Heller in Pink Tights

Message par Jeremy Fox »

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La Diablesse en collants roses (Heller in Pink Tights - 1960) de George Cukor
PARAMOUNT



Avec Anthony Quinn, Sophia Loren, Margaret O'Brien, Steve Forrest, Eileen Heckhart
Scénario : Dudley Nichols & Walter Bernstein d'après Louis L'Amour
Musique : Daniele Amfitheatrof
Photographie : Harold Lipstein (Technicolor 1.85)
Un film produit Marcelo Girosi & Carlo Ponti pour la Paramount


Sortie USA : 01 mars 1960


Après s’être enfuis avec les costumes du théâtre où ils se produisaient, les membres de la troupe itinérante de Tom Healy (Anthony Quinn) arrivent à passer au Nebraska avant que leur créancier et le shérif ne les rejoignent. Ce petit groupe de comédiens est composé de sa star, Angela Rossini (Sophia Loren), à qui Tom, son manager et amant, ne cesse en vain de lui demander sa main, de la fausse ingénue Della Southby (Margaret O’Brien) et de sa mère Lorna (Eileen Heckart), ainsi que du vieillissant acteur shakespearien Manfred Montague (Edwund Lowe). Ils s’installent dans un saloon de Cheyenne où ils souhaitent proposer aux habitants leur version de ‘La belle Hélène’. Seulement l’intrigue de la pièce basée sur l’adultère choque la pudibonderie des notables qui demandent à la troupe de changer de spectacle ; ce sera ‘Mazeppa’ avec le fameux personnage de la diablesse en collants roses. Dans le même temps, les habitants s’inquiètent de la présence en ville du tueur à gages Clint Mabry (Steve Forrest) à qui l’homme d’affaires véreux DeLeon (Ramon Novarro) a demandé de menacer les propriétaires des terrains qu’il souhaite s’approprier ; deux morts en ont déjà résulté. Lors d’une partie de poker, l’impulsive Angela n’ayant plus d’argent à jouer, propose son corps en gage ; elle perd au profit de Mabry et se retrouve 'débitrice' du tueur qui est tombée sous son charme. Mais la troupe est obligée de fuir à nouveau en douce, leur ancien créancier ayant réussi à obtenir un mandat d’arrêt. Les comédiens se retrouvent en pleine contrée indienne alors que les tribus sont sur le sentier de la guerre. Clint les rejoint et se propose de les aider à sortir indemne de ce dangereux territoire en les conduisant jusqu’à Bonanza, la ville voisine dans laquelle se trouve son patron corrompu…

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"When the great American frontier was resounding with the names of such gunman and outlaws as Wyatt Earp, Jesse James, Bat Masterson and Doc Holliday -a beautiful and flirtatious actress swept through the west with her theatrical troupe. A ‘hellion in pink tights,’ she was the toast of every settlement from Cheyenne to Virginia City – and became a legend of the old west. This is her story." Telle est l’histoire que nous invite à suivre l’unique western du grand cinéaste hollywoodien George Cukor, surtout célèbre et célébré pour ses comédies, parmi les plus intelligentes et les plus spirituelles du genre. L’intrigue de Heller in Pink Tights est basée sur des faits véridiques, sur la carrière légendaire de l’actrice Adah Isaacs Menken. Le titre qui interloque pas mal d’amateurs de western représente en fait le personnage que joue la comédienne dans la pièce adaptée du poème de Lord Byron, ‘Mazeppa’ (lui-même tiré d’une légende populaire), une femme condamnée pour adultère à être attachée complètement nue sur le dos d’un cheval sauvage l’emportant ainsi jusqu’à ce que mort s’ensuivre au fin fond des steppes ukrainiennes. Les collants roses représentent la couleur chair censée faire croire à la nudité du personnage : sexe et spectacle, deux des sujets les plus abondamment abordés par le cinéaste qui commença justement sa carrière comme metteur en scène de théâtre à Brodway avant de passer derrière la caméra au début du parlant. Il se spécialisa rapidement dans la comédie et fut surtout très vite réputé pour sa direction d’acteurs ; sous sa houlette, pas moins de 21 comédiens furent nominés aux Oscars. Parmi ses plus grandes réussites, on peut citer le romantique Camille (Le Roman de Marguerite Gauthier) avec Greta Garbo dans le rôle titre, l’inquiétant Hantise (Gaslight) avec Ingrid Bergman et Charles Boyer ou encore La Croisée des destins (Bohwani Junction) avec Ava Gardner et Stewart Granger. Mais c’est donc surtout dans la comédie qu’il s’illustra, qu’elle soit musicale (Les Girls ; Une étoile est née – A Star is Born) ou non (Femmes - The Women ; Indiscrétions - The Philadelphia Story ; Madame porte la culotte – Adam’s Rib ; Mademoiselle gagne tout – Pat and Mike ; The Actress…) Quelques uns de ces titres abordaient déjà le thème du spectacle, l’un des sujets favoris du cinéaste ; son unique western s’en empare donc à nouveau.

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Mais contrairement à ce que l’on aurait pu croire, si le film est vif et léger, s’il prend pour pôle d’attraction principal une troupe théâtrale et s’il comporte beaucoup d’éléments de comédie et de comédie romantique, il ne s’agit pas moins d’un western, certes atypique, traité avec sérieux et qui utilise également la plupart des composantes habituelles du genre (tueur à gages au service d’un tyran local, attaques d’indiens, parties de poker acharnées, bagarres à poings nus dans un saloon, course-poursuite en extérieurs, violence…) y compris une attention portée à un certain réalisme qui commençait à poindre de plus en plus en ce début de décennie : l’arrivée des deux carrioles dans les rues boueuses de Cheyenne en est un bel exemple. Adapté de ‘Heller with a Gun’, roman d’un des plus grands écrivains de l’Ouest, Louis l’Amour, et produit par Carlo Ponti pour mettre en valeur la beauté de son épouse Sophia Loren, on aurait pu craindre que le film soit phagocyté par l’actrice qui n’avait jamais encore vraiment convaincu de son talent dramatique depuis qu’elle était arrivé à Hollywood et qui avec ce film mettait fin à son contrat avec la Paramount. C’était sans compter sur le génie du cinéaste pour diriger ses comédiens et surtout ses comédiennes ; c’est ainsi que la star italienne apparait ici très à son aise, rayonnante et talentueuse, pleine de charme et d’esprit. Elle nous ferait même presque oublier que Marlène Dietrich et Anne Baxter avaient été pressenties avant que la production du film n’atterrisse dans les mains du producteur italien. Après que Zo Akins ait commencé à en écrire le script, il mourut et fut remplacé par Dudley Nichols (dans le domaine du western : Rawhide – L’Attaque de la malle-poste de Henry Hathaway ; La Captive aux yeux clairs – The Big Sky de Howard Hawks ; The Tin Star - Du sang dans le désert d'Anthony Mann…) et Walter Bernstein (L’Aventurier du Rio Grande – The Wonderful Country de Robert Parrish) qui s’attelèrent à peaufiner son travail, le reprenant presque depuis le début. Ce sera la dernière participation à un film du très grand Dudley Nichols qui décèdera à son tour cette année là.

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Un scénario pétillant et parfaitement bien écrit qui fait se décomposer l’intrigue à peu de choses près en trois parties d’égales durées. Avant que le film ne débute réellement nous assistons à une séquence pré-générique très enlevée de course-poursuite en roulottes et carrioles entre les comédiens fuyards et leurs créanciers. Une fois la frontière passée, les saltimbanques ne pouvant être pourchassés plus avant, un seul plan fait se dérouler verticalement le joli générique sur fond de dessins tournant autour de la thématique du spectacle et du théâtre. La troupe itinérante arrive en ville et y restera durant un bon tiers du film, Cukor prenant son temps pour nous décrire dans ce premier acte échevelé son petit groupe de seulement cinq membres ainsi que quelques savoureux seconds rôles tels le tenancier du saloon ou le tueur à gages, ce dernier prenant plus d’importance par la suite. Toute cette réjouissante partie est celle se rapprochant le plus de la comédie de par son rythme, sa fantaisie et les multiples sous entendus sexuels. Cukor en profite pour brocarder la pudibonderie de la société américaine choquée par l’évocation d’un adultère alors qu’elle se repait de la violence, l’exposition de deux cadavres en pleine rue attirant une foule qui s'en pourlèche les babines. Cependant les auteurs sont assez intelligents pour ne pas faire tomber leur histoire dans la bouffonnerie ou la gaudriole ; tout est amusant et enjoué mais jamais lourd. On comprend très vite que Tom et Angela sont amants mais que ça ne suffit pas au directeur de la troupe qui ne cesse de la demander en mariage ; sur quoi la jeune Della, que sa mère considère toujours comme une enfant malgré ses 20 ans, demande à cette dernière pourquoi ils devraient se marier alors qu’ils ont déjà… (la phrase s’arrête là, sa mère ayant voulu couper court, mais tout le monde a compris que ce qui suivait était "couché ensemble"). Le sous-texte sexuel est constant durant cette première partie, digne d’un Lubitsch au meilleur de sa forme. La description de la préparation, des répétitions et des représentations du spectacle est passionnante, Cukor ayant longuement étudié les ambiances et coulisses du théâtre américain au 19ème siècle. Quant à la séquence de poker au cours de laquelle le tueur à gage remporte l’enjeu qui n’est autre que sa partenaire elle-même n’ayant plus d’argent pour miser autre chose que son corps, elle est réjouissante autant grâce à son écriture, à son l’interprétation qu’au background esthétique des équipes techniques de la Paramount, décorateurs et costumiers en tête qui ont accompli des merveilles.

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Puis arrive le deuxième acte. Les baladins ayant été obligés à nouveau de quitter précipitamment la ville, ils se retrouvent en plein milieu des territoires indiens alors que des groupes de guerriers rodent alentour avec de mauvaises intentions. Ils seront rejoints par le tueur à gage qui proposera d’être leur garde du corps durant la traversée périlleuse de ces contrées dangereuses, leur faisant même escalader une montagne pour distancer leurs poursuivants. Alors qu’ils doivent se construire un abri de fortune au sommet, en plein milieu d’un glacial paysage de neige, Steve Forrest dit aux femmes qui sont chargés d’attiser le feu : "Il y a d'autres façons de se réchauffer mais rien de convenable". Toujours les mêmes allusions érotiques au sein d’une section médiane bien plus grave que la première, la seule que les amateurs de westerns purs et durs devraient apprécier, les différents protagonistes n’ayant plus à jouer la comédie puisqu’ils doivent désormais faire face aux conséquences dramatiques de leurs mensonges et fourberies. Si, avec les superbes paysages mis à leurs dispositions, des John Sturges, Anthony Mann, Delmer Daves ou John Ford auraient certainement rendu toutes ses séquences en extérieurs bien plus efficaces et puissantes, il faut bien admettre que George Cukor qui n’était pourtant pas un spécialiste de l’action ne s’en sort pas si mal que ça. Il peint avec vigueur la violence de ce Far-West, la prenant très au sérieux ; et à ce propos ses quelques gros plans sur les cadavres scalpés sont d’une grande force et d'une étonnante brutalité tandis que la fameuse séquence du saccage des chariots et de leur contenu par les indiens est un véritable morceau de bravoure délirant et moderniste : cadrages et montage sont ici très novateurs donnant à cette scène un mouvement démoniaque et une formidable ambiance baroque. Puis s’ensuivra le troisième et dernier acte, le western redevenant urbain pour faire se résoudre avec allégresse tous les enjeux dramatiques mis en place dans un mélange de fantaisie et de sérieux, de roublardise et de mouvement, vie et théâtre se confondant en une assez belle harmonie. Un cinéaste plus intéressé par la ronde des sentiments que par l’action mais qui réussit pourtant à allier les deux sans que ça ne semble jamais pesant ni factice.

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George Cukor est bien aidé par ses acteurs qu’il dirige d’ailleurs tous à merveille. Si j’ai déjà évoqué tout le bien que je pensais de la prestation de Sophia Loren, comment ne pas louer une fois encore celui qui avait déjà été son partenaire en 1954 dans Attila, fléau de Dieu de Pietro Francisci, Anthony Quinn, un acteur qui a décidément fait des choix de carrières absolument passionnants depuis le milieu des années 50. Rien qu’au sein du western, se trouver coup sur coup tête d’affiche de The Ride Back (La Chevauchée du retour) de Alle H. Miner, Warlock (L’Homme aux colts d’or) de Edward Dmytryk, Last train from Gun Hill (Le Dernier Train de Gun Hill) de John Sturges et de cette Diablesse en collants roses démontre une grande attention de sa part portée aux scripts qu'on lui proposait. Son interprétation toute en sobriété du directeur de troupe humain et roublard s’avère ici pleine de sensibilité ; il est même assez cocasse de voir cet acteur au tempérament de feu dans le rôle d’un protagoniste aussi posé, n’éprouvant aucune haine ni jalousie envers son rival en amour, lui vouant même au fur et à mesure de l'avancée du film une profonde amitié même s’il est témoin de la tromperie de sa maîtresse avec ce dernier ; un personnage expressément un peu en retrait mais néanmoins très touchant. Les hésitations sentimentales d’Angela entre Tom et Clint sont d’ailleurs captivantes, la bondissante jeune femme devant faire un choix cornélien entre la stabilité (Tom, son patron) et l’aventure (Clint, le Gunslinger). Le concurrent de Tom en amour, c’est Steve Forrest qui l’interprète et il ne démérite pas face à ses prestigieux partenaires ; tout comme les seconds rôles que tiennent la savoureuse Eileen Heckart ou la jeune Margaret O’Brien dont on n’aura pas oublié la mémorable interprétation de la petite fille de Meet me in St Louis (Le Chant du Missouri), l’un des plus purs chefs-d’œuvre de Vincente Minnelli, et qui minaude ici à la perfection. Nous avons également le plaisir de retrouver deux stars masculines du muet, Edmund Lowe et Ramon Novarro pour leurs derniers rôles au cinéma, le second interprétant ici avec talent le sale type de l’histoire.

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George Cukor avec La Diablesse en collants roses et un confortable budget de 3.5 millions de dollars vient donc combler un manque dans la peinture cinématographique de ce Far-West bariolé, une composante essentielle de l’histoire de cet Ouest énergique, les troupes de théâtre ambulantes. John Ford avait déjà abordé le sujet au travers du comédien shakespearien interprété par Alan Mowbray dans My Darling Clementine (La Poursuite infernale) et Wagonmaster (Le Convoi des braves) mais Cukor se recentre principalement sur ce milieu théâtral qu’il appréciait tant en rendant ici un vibrant hommage à ses saltimbanques américains de la fin du 19ème siècle. Il le fait avec une grande tendresse pour ces acteurs itinérants qu’il semble affectionner plus que tout, décrivant avec attention leurs vicissitudes et leur vie quotidienne. La splendeur de la direction artistique, le faste des décors, la richesse des costumes, la profusion de couleurs, le rythme alerte de l’écriture et l’agréable partition de Daniele Amfitheatrof finissent de contribuer à faire de ce western atypique une belle réussite pleine de souffle, de vitalité, de sensualité et de générosité, juxtaposant avec beaucoup d’intelligence et d’esprit l’artifice de la scène et la dure réalité de la vie dans l’Ouest. Il semblerait qu’après que Cukor ait passé cinq semaines à superviser le montage de son film, ce dernier ait été entièrement refait derrière son dos par les producteurs. Quoiqu’il en soit, en l’état ça ne se ressent pas et les critiques de l’époque furent assez élogieuses, le New York Times applaudissant à la performance de Sophia Loren écrivant que c’était la plus naturelle de sa carrière ; il n’avait pas tort. "Un film dominé par le sentiment de la beauté et l'amour de la vie" écrivait Jean-Louis Rieupeyrout, l’un des grands spécialistes du genre, dans sa grande histoire du western. Ce n'est pas moi qui le contredirais !
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Jeremy Fox
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The Unforgiven

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Le Vent de la plaine (The Unforgiven - 1960) de John Huston
UNITED ARTISTS



Avec Burt Lancaster, Audrey Hepburn, Lilian Gish, Audie Murphy, Doug McClure
Scénario : Ben Maddow
Musique : Dimitri Tiomkin
Photographie : Franz Planer (Technicolor 2.35)
Un film produit James Hill & Harold Hecht pour la United Artists


Sortie USA : 06 avril 1960


Rachel (Audrey Hepburn), qui a été recueillie bébé par Matilda (Lilian Gish), vit dans une région sèche et désolée du Texas auprès de ses trois frères de lait, Ben (Burt Lancaster), Cash (Audie Murphy) et Andy (Doug McClure). Elevant chevaux et bétail, la famille arrive relativement bien à s'en sortir et semble vivre en bonne harmonie. On prépare même dans l'allégresse les probables futures fiançailles de Rachel avec Charlie, l'un des fils du plus proche voisin, Zeb Rawlins (Charles Bickford). Un jour qu'elle est partie chevaucher dans la plaine, Rachel tombe sur un fantomatique cavalier (Joseph Wiseman), sorte d'oiseau de mauvais augure vêtu en confédéré et semblant tenir des discours d'illuminé ; tout en restant assez flou, il lui dit connaître ses véritables origines qui, si elles étaient dévoilées, pourraient attirer le malheur sur la région. Interloquée, Rachel s'en retourne raconter cette rencontre à sa mère qui semble bouleversée. Il n'empêche que la vie continue sans qu'un quelconque secret ne transpire. Puis un matin, des Indiens Kiowas viennent sur le pas de la porte demander à échanger Rachel contre quelques uns de leurs chevaux ; elle serait en fait la sœur d'un des guerriers de la tribu, et ils souhaitent que la jeune femme réintègre cette dernière. Pour Ben, il n'en est certainement pas question, quitte à devoir combattre pour la garder d'autant qu'il n'est pas insensible à ses charmes. Alors que la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre, la communauté des Blancs, sentant un danger imminent, commence à éprouver de l'hostilité à l'égard de Rachel et souhaiterait qu'elle soit chassée afin qu'il n'y ait aucun risque de conflit avec les "sales peaux rouges"...

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En 1951, John Huston mettait en scène La Charge victorieuse (The Red Badge of Courage), sa première semi-incursion dans le genre d'après le célèbre roman éponyme de Stephen Crane. Le cinéaste nous conduisait alors pour la première fois sur les champs de bataille de la guerre de Sécession et nous plongeait au cœur de l’action (ou de l’inaction) en compagnie de simples soldats qu’il suivait de très près, fouillant leur intimité jusqu’à aller sonder leurs rêves, tout en restant - second paradoxe - à la limite du documentaire. La Guerre Civile américaine avait bien évidemment été abordée à maintes reprises au sein du western, mais jamais de cette manière rugueuse et réaliste. A travers cette évocation d'une force peu commune d’une page peu glorieuse de l’histoire américaine, Huston parlait d’ailleurs de toutes les guerres et notamment de celle de Corée qui avait lieu à ce moment-là, de leur bêtise, de leurs violences et de leur inutilité. Avec The Unforgiven, John Huston renouait quasiment dix ans plus tard avec le genre, à priori plus classiquement cette fois-ci mais toujours dans la volonté de dénoncer un comportement stupide, cette fois lié à l'intolérance et au racisme : "Je voulais faire un film sur les différents genres de fanatisme. Le fanatisme religieux, racial, familial." Mais, alors qu'il ne désavoue pas La Charge victorieuse malgré le fait que ce film ait subi l'un des charcutages les plus éhontés de l'histoire du cinéma (il faut cependant avouer que cela ne se ressent à aucun moment), le réalisateur a toujours eu la dent dure avec Le Vent de la plaine dont il se plaisait à dire qu'il s'agissait du pire titre de sa filmographie. "Je voyais dans cette histoire un potentiel dramatique plus large que celui qui était prévu. Je voulais en faire un plaidoyer contre l'intolérance, le racisme, la morale couramment admise. Malheureusement les producteurs ne voulaient qu'un banal film d'action, avec un homme de l'Ouest plus beau que nature. J'eus le grand tort de ne pas tout envoyer promener. Sans doute le ciel voulait-il me punir de ne pas avoir été fidèle à mes principes. Certains de mes films ne me plaisent guère, mais celui-ci est le seul que je déteste vraiment. Tout y est faux, grandiloquent, démesuré" disait-il dans le livre An Open Book de John Huston & Alfred A. Knopf. Tout cela est évidemment fort exagéré, mais le tournage lui avait tant pompé d'énergie qu'il se désintéressa de son film avant même la phase du montage. Si le résultat ne le satisfit pas, ce fut donc quand même en partie de sa faute, ayant préféré se rendre immédiatement sur un autre tournage plutôt que de suivre la postproduction de son western dont le projet au départ l'avait parait-il attiré surtout pour combler d'urgents besoins financiers.

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Après des previews néanmoins élogieuses lors de la présentation de sa première version qui durait 150 minutes, les producteurs mutilèrent pourtant le film de plus d'une demi-heure, sacrifiant entre autres le beau personnage de Johnny Portugal interprété par John saxon et qui, pour Huston, devait être le contrepoids idéal à celui de Burt Lancaster pour mieux faire passer son message de tolérance. Cet état de fait contraria donc fortement Huston, surtout qu'il intervint après un tournage qui s'avéra on ne peut plus épique et tourmenté et qui en aurait fait abandonner plus d'un à sa place. Jugez plutôt ! Alors qu'au départ il voyait dans le fait d'aller filmer près de Guernacava une bonne occasion pour s'acheter des œuvres d'art précolombien, dont il était passionné, il s'en mordit bien vite les doigts. La région de Durango était non seulement soumise à de violentes tornades et à d'épouvantables pics de chaleur mais elle se trouvait être dans le même temps très dangereuse à fréquenter, infestée qu'elle était de bandits, d'aventuriers et de trafiquants en tous genres. La paie de l'équipe fut d'ailleurs un jour cambriolée alors que des meurtres avaient lieu dans les alentours. La poussière soulevée par le vent salissait les objectifs des caméras et la pellicule devait être envoyée à Londres pour y être développée, d'où l'impossibilité de visionner les rushes. Un accident d'avion tua même trois membres de l'équipe technique. Comme si cela ne suffisait pas, les comédiens ne firent pas de cadeau à leur réalisateur. Burt Lancaster, quand il ne jouait pas au golf entre deux prises, ne cessait de lui donner des conseils de mise en scène alors que Lilian Gish n'arrêtait pas de se lamenter, se plaignant de ne plus pouvoir travailler comme au bon vieux temps de Griffith. Audie Murphy, psychologiquement perturbé, parlait sans arrêt de suicide et se baladait toute la journée avec des armes à feu en tirant sur tous les animaux qui passaient à sa portée. Quant à Audrey Hepburn, elle se brisa des vertèbres en chutant de cheval et perdit l'enfant qu'elle attendait. On aura connu tournage moins mouvementé ! On peut comprendre la frustration de John Huston qui, après ces conditions épouvantables, connut encore des problèmes avec la production qui n'était autre que la compagnie créée par Burt Lancaster, James Hill et Harold Hecht (et dont ce fut le dernier film).

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Bref, il ne faut pas prendre les déclarations de John Huston pour argent comptant ; son film, non dénué de défauts, pas pleinement satisfaisant, est loin d'être honteux, s'intégrant au contraire parfaitement au sein de l'une des filmographies les plus passionnantes du cinéma américain. Si l'on reconnait immédiatement son style novateur et unique (les personnages qui entrent violemment dans le plan en surgissant à l'improviste dans le cadre, un certain côté iconoclaste qui vient dynamiter certaines scènes très sérieuses, des plans assez culottés, un mélange des tons qui ne l'est pas moins...), un déséquilibre dans le scénario - dû au montage non surveillé par Huston - empêche qu'on adhère pleinement à l'ensemble de l'œuvre car on a parfois du mal à se sentir en empathie avec la plupart des personnages. Si la première heure est formidable, si le film regorge de séquences inoubliables (nous les décrirons plus tard), la dernière demi-heure (le siège de la demeure des Zachary) parait bien trop longue, distendue et moyennement bien rythmée, la puissance attendue n'étant pas forcément au rendez-vous comme nous l'espérions au vu de la mise en place passionnante. Mais toutes ces imperfections sont vite balayées par la beauté de la mise en scène, la perfection de l'interprétation et la richesse du scénario qui n'a d'ailleurs pas fini de faire parler après avoir fait déjà couler beaucoup d'encre.

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Que John Huston se rassure s'il pense que son message a pu ne pas être compris ! Si le film a été taxé de raciste, il faudrait être aujourd'hui de bien mauvaise foi ou avoir une dent contre le cinéaste pour aller dans ce sens, surtout quand on connait un peu Huston et après avoir lu ses déclarations. Il est vrai qu'aux yeux d'un spectateur naïf ou d'un enfant, le massacre systématique lors du dernier quart d'heure de tous les Indiens par des personnages auxquels ils se sont probablement attachés au cours du film aurait pu les influencer et leur faire mal interpréter une histoire qui, au contraire, dénonce le racisme et fustige toutes formes d'intolérance. Car si l'intrigue telle qu'elle est présentée peut parfois sembler ambigüe (et d'autant plus passionnante du coup à décrypter), les intentions semblent limpides : décrire le moins schématiquement possible les rapports complexes et conflictuels entre deux cultures que tout opposait. Les pionniers qui s'étaient installés sur les terres indiennes connaissaient les dangers qu'ils encourraient et savaient qu'ils devraient en arriver à tuer pour se protéger ; leur état d'esprit était celui de conquérants qui ne se souciaient guère des véritables propriétaires de ce territoire. Comme toute installation accomplie par la force, elle a laissé de graves séquelles dans les deux camps. En l'occurrence, pour ne prendre que l'exemple des familles qui peuplent The Unforgiven, les Zachary y ont perdu leur père (d'où la haine du personnage d'Audie Murphy à l'encontre des Kiowas), le patriarche des Rawlins ses jambes et Kelsey son fils ainsi que sa raison. Mais comme nous l'apprendrons plus tard, les pertes ont été bien plus grandes du côté des natifs puisque les Blancs n'hésitèrent pas à aller massacrer tout un campement indien d'où fut néanmoins retirée une Rachel encore tout bébé. Bref, de quel côté se situe le regard raciste ? C'est assez vite vu, les Indiens (montrés sans mépris mais au contraire avec une grande noblesse, Rachel s'étonnant même de trouver l'un d'entre eux beau et digne) ne faisaient que défendre leur territoire et voulaient récupérer l'une des leurs qui leur a été enlevée. Le premier sang versé a été celui d'un Indien qui était venu avec des intentions pacifiques. On ne pouvait être plus clair !

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Et si le touchant personnage joué par Audrey Hepburn choisit finalement de rester auprès de sa famille d'adoption quitte à tirer à bout portant sur son frère de sang, si les frères de lait et la mère décident de se battre pour garder Rachel en leur sein, cela prouve bien qu'il n'est nullement question de race d'un côté comme de l'autre (auquel cas, la jeune Indienne serait partie pour éviter une effusion de sang, sa "famille" l'aurait bannie par dégoût et aurait accepté qu'elle retourne chez les siens) mais d'attaches familiales, affectives et amoureuses (puisque Ben n'en est que plus épris de Rachel après la découverte de ses origines : "Ma petite peau rouge" lui susurre-t-il tendrement en lui caressant le front). Et enfin, qui a déclenché ces hostilités ? Tout simplement Kelsey, aussi haineux envers les Zachary qu'envers les Indiens ! Le personnage fantomatique et illuminé joué par un étonnant Joseph Wiseman (déjà inoubliable dans le rôle du journaliste dans Viva Zapata de Kazan par exemple) fait parfois penser au Achab interprété par Gregory Peck dans une précédente grande réussite signée Huston, Moby Dick. C'est lui en quelque sorte qui est à l'origine du drame, c'est le fou qui tire les ficelles et qui se trouve partout où il se passe quelque chose, le témoin et le déclencheur du drame. Même si ce n'est pas clairement dit, c'est sans aucun doute lui qui apprend aux Indiens que Rachel est des leurs (la folie faisant peur aux Indiens qui la respecte en l'assimilant à de la magie, il a ainsi pu se rendre au sein de la tribu sans danger) tout en dévoilant par bribes le secret de la naissance de Rachel aux Blancs de la région. C'est donc bien le blasphémateur Kelsey, plein de rancœur, qui s'avère le prophète du malheur, le cavalier de l'apocalypse semant expressément la zizanie dans le but de faire s'entretuer les deux camps adverses qu'il estime lui avoir fait autant de mal l'un que l'autre. Un ex-soldat confédéré qui plus est, dont on connait la position quant à l'esclavage.

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Il devient dès lors évident qu'il n'est pas question de racisme anti-Indien dans ce film d'une considérable richesse dans la description sans manichéisme de tous ses personnages. Le scénario est tiré d'un roman d'Alan Le May, l'écrivain de La Prisonnière du désert (The Searchers) de John Ford, les deux romans et les deux films possédant d'évidentes filiations. Le Vent de la plaine est d'ailleurs en quelque sorte le reflet inversé de La Prisonnière du désert puisque dans le film de Ford, c'était un enfant blanc qui avait été sauvé de la mort par les Indiens lorsqu'ils massacrèrent sa famille. Et la réflexion est toute aussi passionnante d'un côté comme de l'autre. Pour en revenir à la galerie de personnages, outre l'inquiétant Kelsey, aucun autre n'est non plus ni tout blanc ni tout noir. Ben (impeccable Burt Lancaster au fort charisme) n'hésite pas à employer la pire violence irraisonnée quand il voit que l'on touche un cheveu de sa sœur adorée (on touche presque ici à l'inceste, puisqu'ils ont été élevés ensemble comme frère et soeur depuis le plus jeune âge) : possessif et jaloux, il humilie Johnny Portugal uniquement pour l'avoir vu s'extasier devant les cheveux de Rachel et n'hésite pas à tuer de sang-froid les Indiens venus pacifiquement, juste pour voir leur réaction et les faire fuir. Sa mère (Lilian Gish, au jeu un peu théâtral mais qui convient parfaitement au personnage) est elle aussi prête à tout pour garder l'enfant qu'elle estime être de sa chair et de son sang, quitte à précipiter le lynchage de celui qui, seul à part elle, connait la vérité sur les origines "honteuses" de la jeune fille. Cash (Audie Murphy dans un remarquable contre-emploi) vit avec une haine viscérale qu'il exprime avec une violence inaccoutumée quitte à ce qu'on le prenne pour un fou dangereux : la séquence où il tombe dans les bras de son frère après avoir déchargé son fusil contre les Indiens est hallucinante de force, de réalisme et de vérité - surtout en sachant que le comédien était aussi détraqué que son personnage sur le tournage. Mais son racisme outrancier finira par s'effriter lorsqu'il acceptera que Rachel reste vivre à leurs côtés. Heureux choix que celui de Huston (à la place de Tony Curtis et Richard Burton au départ pressentis) pour démontrer que Murphy méritait mieux que sa réputation de petit acteur sans intérêt de série B. C'était d'ailleurs déjà le réalisateur qui lui avait confié le rôle du déserteur dans La Charge victorieuse.

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Enfin et surtout, c'est une admirable Audrey Hepburn qui endosse le rôle de Rachel. Magnifique de bout en bout, l'actrice porte le film sur ses frêles épaules, aussi à l'aise dans la première partie apaisée que dans la suite bien plus tragique. Elle est à l'origine des rivalités qui vont se faire jour et l'on compatit à ses doutes et à ses douleurs concernant les décisions qu'elle doit prendre, ses questionnements sur le regard des autres, ses familles véritables et adoptives, les sentiments qui la lie à son frère... On arrive même à comprendre son geste final même s'il aura et n'a sûrement pas fini de faire grincer quelques dents. Il s'agit d'un drame humain et les comportements ne sont pas forcément "politiquement corrects" pour reprendre une expression aujourd'hui à la mode : la couleur de la peau compte moins que les attaches et les affinités personnelles. Il faudrait aussi pouvoir s'étendre sur les personnages joués par Charles Bickford ou John Saxon, tout aussi captivants, mais laissons quelques surprises à ceux qui ne connaîtraient pas le film. Le casting est en tout cas parfaitement bien choisi pour porter cette histoire dramatique sur les rapports complexes et extrêmement difficiles entre deux civilisations et cultures trop différentes, pour faire vivre cette tragédie familiale. Si malgré tout le fond pourrait continuer à poser problème et à déranger certains spectateurs, une grande majorité s'accordera probablement sur la forme. John Huston, dont certains bizarrement continuent à ne pas lui concéder de talent plastique, s'avère justement en pleine possession de ses moyens malgré les difficultés du tournage, et son film est esthétiquement splendide et rempli de formidables idées de mise en scène. Et ce dès les premières secondes avec cette image d'une vache paissant tranquillement, la caméra recule lentement en travelling arrière pour nous faire prendre conscience qu'elle se trouve sur le toit d'une maison ! Puis les plans qui suivent immédiatement nous font découvrir la région sublimement photographiée par Franz Planer, suivis de ces plans en contre-plongée sur Audrey Hepburn avec les cieux immenses au-dessus d'elle. Ses chevauchées à travers la plaine possèdent le souffle et l'ampleur des grands westerns, et l'on assiste à maints fabuleux et lyriques mouvements de caméra comme le panoramique qui suit l'arrivée du troupeau de chevaux traversant la rivière. Beaucoup de séquences inoubliables parsèment le film comme ce repas familial des retrouvailles, l'apparition fantomatique - proche du fantastique - de Joseph Wiseman sabre au poing à travers le brouillard, la longue séquence de son lynchage à la lueur des torches, la scène au cours de laquelle Lilian Gish, de nuit, joue du Mozart sur son piano à queue déposé à l'extérieur de la maison, le piétinement du toit de la maison par un troupeau de chevaux amenés exprès par les Indiens pour la faire s'écrouler, ou encore la dernière image, superbe plan d'ensemble en plongée de la famille réunie après une journée harassante et tragique... A noter que le cadre se resserre au fur et à mesure de l'avancée du film, les immenses plans d'ensemble du début assez idyllique se raréfient alors que le ton général se fait de plus en plus sombre.

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Mais s'il ne fallait conserver qu'une seule séquence pour louer le génie du cinéaste sur le plan de la mise en scène, ce serait celle de la course poursuite de l'inquiétant Joseph Wiseman par le métis interprété par John Saxon. Avant d'aller combattre les Indiens et de verser du sang pour rien, la communauté blanche décide de rattraper le déclencheur des hostilités, l'oiseau de mauvais augure, afin de lui faire dévoiler tous les secrets qu'il semble détenir. On demande donc à Johnny Portugal, le plus virtuose dans son maniement des chevaux (il venait de le prouver lors d'une séance de rodéo), de filer à sa poursuite. L'idée est qu'il parte en tirant derrière lui trois autres chevaux pour pouvoir galoper sans arrêt en changeant de monture dès que l'une d'elles montre des signes de fatigue. Le voilà parti, caracolant au sein de paysages grandioses, la caméra lancée dans d'impressionnants et superbes travellings qui font ressentir le souffle des grands espaces, le tout sur un thème musical superbe de Dimitri Tiomkin qui malheureusement aura écrit pour ce film une partition pas toujours de très bon goût, très éloignée de celle qu'il venait de composer la même année pour le chef-d'œuvre de John Wayne, Alamo.

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En effet, la musique de Tiomkin fait partie de ces éléments qui viennent parfois gâcher la vision du film. Trop ambitieux, il semble avoir voulu écrire sa grandiose symphonie sauf que ses notes et son orchestration ne collent pas toujours forcément aux images. On y trouve des accents wagnériens et certains thèmes pris au Dies Irae assez bien intégrés, des morceaux splendides comme le thème alloué au personnage de Rachel, celui de la veillée funèbre de Charlie ou encore celui entendu lors de la séquence de poursuite évoquée au paragraphe précédant. Hormis cela, la musique s'avère trop souvent pesante, envahissante, voire parfois pénible comme lors de la scène du rodéo, véritable cacophonie dont on voudrait qu'elle s'arrête au plus vite. Quelques éléments scénaristiques devenus obscurs suite aux coupures subies par le film, certains à coups peu harmonieux dans le courant de l'intrigue pour les mêmes raisons, un certain manque d'intensité dramatique à des moments clés du film, quelques éléments musicaux pas très judicieux empêchent donc Le Vent de la plaine d'accéder au statut de grand western. Et pourtant il s'avère assez unique et moderne, inhabituel et douloureux, culotté et plastiquement superbe, ample et riche pour en faire un western plus que très recommandable, mélangeant réalisme et poésie, lyrisme et noirceur, âpreté et grandeur, sauvagerie et douceur, le tout parsemé de notations originales et d'éclairs iconoclastes. Quoi qu'il en soit, il constitue une ode à l'acceptation de l'autre non pour ce qu'il représente (une race, un peuple...) mais pour ce qu'il est. Que Rachel soit indienne ou blanche importe peu ; il faut pouvoir l'apprécier ou non indépendamment de ses origines et c'est bien ce qu'arrivent à comprendre les Zachary, même les plus virulents ! L'amour triomphera des préjugés raciaux. Telles pourraient être les leçons à tirer de ce film par ailleurs absolument jamais moralisateur. Le Vent de la plaine est imparfait mais tout à fait estimable ,et en tout cas fortement recommandable !
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