Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1967

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :Ne l'ayant jamais vu, n'y a-t-il pas quand même de l'action, du rythme, un peu de métier quoi (pour savoir si je peux finir par l'acheter ou faire l'impasse)?

Franchement, je ne trouve pas. On va surement encore dire que je jette le bébé avec l'eau du bain mais je ne trouve rien à sauver niveau rythme et mise en scène. C'est pénible de bout en bout.
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Alexandre Angel
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Alexandre Angel »

Merci à toi. J'aime bien Gordon Douglas mais de toutes façons, celui-là n'a jamais eu bonne réputation. Je le prendrai par complétisme à 5 -6 € sur Amazon plus les frais de port :mrgreen:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Ma chronique complète, mais courte, en fin de semaine à priori :wink:
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par hellrick »

Je continue à le trouver correct...dans ma collection de westerns j'ai pire (et je ne parle pas seulement des westerns spaghetti de chez Evidis :mrgreen: ). Heureusement j'ai mieux aussi :D . Mais ça se laisse voir. Je l'ai même vu deux fois (je l'avais racheté en BR pour pas cher).
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

hellrick a écrit :dans ma collection de westerns j'ai pire
Moi aussi... mais à peine une vingtaine. Enfin, j'avais... car je fais désormais le tri. :mrgreen:
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par hellrick »

Collection sans doute beaucoup plus réduite chez moi:
Spoiler (cliquez pour afficher)
24 Heures de terreur - BR
3000 dollars mort ou vif
3h10 pour Yuma [original]
3h10 pour Yuma [remake]
4 du Texas
7 Winchesters pour un massacre
A feu et à sang
Adios Gringo
Adios Hombre
Adios Sabata
Affameurs (les)
Alamo
Alvarez Kelly
Ange et le mauvais garçon (l’)
Arizona Colt
Attaque de la malle poste (l’)
Au mépris des lois
Au revoir à jamais - BR
Au-delà du Missouri
Aventure de Buffalo Bill (une)
Aventurier du Texas (l’)
Bagarreur du Kentucky (le)
Bagarreur solitaire (le)
Barquero
Brigand bien-aimé (le)
Bronco Apache
Caravane de feu (la) - BR
Cavaliers (les)
Cent dollars pour un shérif
Charge de la huitième brigade (la)
Charge des tuniques bleues (la)
Charge fantastique (la)
Charge héroïque (la)
Chasseurs de scalps (les)
Chavauchée de l’honnneur (la)
Chevauchée avec le diable (la)
Chevauchée de la vengeance (la)
Chevauchée des sept mercenaires (la)
Chevauchée du retour (la)
Chevauchée fantastique (la)
Cheyennes (les)
Cinq cartes à abattre
Cinq gâchettes d’or
Cinq hors la loi (les)
Colorado - BR
Colt du Révérend (le)
Colts des Sept mercenaires (les)
Comanche Station
Commancheros
Companeros
Conquérants (les)
Conquête de l’Ouest (la)
Cordes de la potence (les)
Coup de fouet en retour
Coups de feu dans la sierra
Daltons arrivent (les)
Danse avec les loups
Dead Man
Décision à Sundown
Dernier face à face (le)
Dernier jour de la colère (le)
Dernier train de Gun Hill (le)
Dernière caravane (la)
Dernière chasse (la)
Dernière flèche (la)
Déserteur de Fort Alamo (le)
Deux cavaliers (les)
Dieu pardonne, moi pas
Diligence vers l’Ouest (la) - BR
Dix hommes à abattre
Django
Django arrive préparez vos cercueils
Django défie Sartana
Django le bâtard
Django Unchained
Duel au soleil
Duel dans la boue
Duel dans la sierra
Durango encaisse ou tue
Eldorado
Et le vent apporta la violence
Et pour quelques dollars de plus
Et viva la révolution !
Forbans (les)
Fort Bravo
Fureur apache
Gang des frères James (le)
Géants de l’ouest (les)
Gentleman Killer
Grand Sam (le)
Grand silence (le)
Grands espaces (les)
Gringo joue sur le rouge
Homme de la plaine (l’)
Homme aux colts d’or (l’)
Homme de l’Arizona (l’)
Homme de l’Ouest (l’)
Homme de nulle part (l’)
Homme de San Carlos (l’)
Homme des hautes plaines (l’)
Homme des vallées perdues (l’)
Homme du Kentucky (l’)
Homme du Nevada (l’)
Homme en fuite (l’)
Homme nommé Cheval (un)
Homme qui tua Liberty Valance (l’)
Hondo
Horde sauvage (la)
Il était une fois dans l’Ouest
Il était une fois la révolution
Impitoyable
Implacables (les)
Jardin du diable (le)
Je suis un aventurier
Joe Dakota
Johnny Guitar
Josey Wales hors la loi
Jour du jugement (le)
Joyeux débuts de Butch Cassidy et le Kid (les)
Kansas en feu
Keoma
Lone Ranger - BR
Major Dundee
Mannaja
Massacre de Fort Apache (le)
Mercenaire de minuit (le)
Mission du commandant Lex (la)
Mon Nom est personne
Mon Nom est Shanghai Joe
Mort était au rendez-vous (la)
Mort ou vif
Open Range
Or des pistoleros (l’)
Pale Rider
Passage du canyon (le)
Passage interdit
Patrouille de la violence (la)
Peine du talion (la)
Pendez les haut et court
Piliers du ciel (les)
Pionniers de la western Union (les)
Piste de Santa Fé (la)
Piste des géants (la)
Plume blanche (la)
Posse – la brigade du Texas
Poursuite infernale (la)
Poursuite sauvage (la)
Première balle tue (la)
Professionnels (les)
Proposition (The)
Quand les tambours s’arrêteront
Quatre de l’apocalypse
Quatre fils de Katie Elder (les)
Règlement de compte à OK Corral
Relais de l’or maudit (le)
Retour de Ringo (le)
Revanche d’un homme nommé Cheval
Rio Bravo
Rio Conchos
Rio Grande
Rivière d’argent (la)
Rivière de nos amours (la)
Rivière rouge (la)
Rivière sans retour - BR
Rodeurs de la plaine (les)
Roi et quatre reines (le)
Ruée vers l’Ouest
Sacramento
Saludos Hombre
Sans foi ni loi
Sentence de mort
Sept chemins du couchant (les)
Sept hommes à abattre
Sept mercenaires (les)
Seuls sont les indomptés
Sierra Torride
Signe de Zorro (le)
Silverado
Smith le taciturne
Soldat bleu
Sugar Colt
Sur la piste des Mohawks
Sur le territoire des commanches
Survivant des monts lointains (le)
Terre sans pardon
Texas Adios
Texas nous voilà
Tire encore si tu peux
Tomahawk
Train sifflera trois fois (le)
Traitre du Far West (le)
Traitre du Texas (le)
True grit [remake]
Tuniques écarlates (les)
Un colt pour trois salopards
Un Homme est passé
Un nommé Cable Hogue
Un Pistolet pour Ringo
Un tueur nommé Luke
Une balle signée X
Une corde pour te pendre
Valdez
Vaquero
Vengeful Beauty (vcd)
Vengeurs de l’Avé Maria (les)
Victime du destin
Ville abandonnée (la)
Violence à Jéricho
Voleurs de train (les)
Vorace
Wanted
Will Penny le solitaire
Winchester 73
à laquelle il faut ajouter tous les Artus Films (une quinzaine) que j'ai en promo presse et que je n'ai pas listé
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Stagecoach

Message par Jeremy Fox »

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La Diligence vers l’Ouest (Stagecoach - 1966) de Gordon Douglas
20TH CENTURY FOX


Avec Van Heflin, Ann-Margret, Red Buttons, Alex Cord
Scénario : Joseph Landon d’après le scenario de Dudley Nichols pour le film de John Ford
Musique : Jerry Goldsmith
Photographie : William H. Clothier (Technicolor 2.35)
Un film produit par Martin Rackin pour la 20th Century Fox


Sortie USA : 15 juin 1966


Malgré la menace qui pèse sur la région après qu’une bande d’indiens ait massacré un détachement de la cavalerie américaine, plusieurs personnes décident de prendre place à bord d’une diligence assurant la liaison de Tonto à Cheyenne. Ce groupe hétéroclite se compose d’un homme de loi ayant décidé de les escorter (Van Heflin), d’un conducteur débonnaire et peureux (Slim Pickens), d’un médecin alcoolique (Bing Crosby), d’une prostituée expulsée de la ville (Ann-Margret), d’un banquier malhonnête (Robert Cummmings), d’un mystérieux joueur (Mike Connors), d’un timide représentant en whisky (Red Buttons) ainsi que de l’épouse enceinte d’un officier de cavalerie (Stefanie Powers). En cours de route, un nouveau passager vient se joindre à eux, Ringo Kid (Alex Cord), hors la loi malgré lui qui cherche à se venger de la mort de membres de sa famille. Le voyage ne va pas être de tout repos, d’autant plus dangereux à partir du moment où leur escorte militaire rebrousse chemin et les laisse seuls en ces lieux infestés d’indiens faméliques…

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Avant toute chose et avant que les amateurs du film ne me tombent dessus à bras raccourcis, il leur faut savoir que si, comme une grande majorité, je trouve ce remake inutile, c’est uniquement parce que j'estime ce film être très mauvais, indépendamment du fait qu'il soit un remake. En effet, je ne fais pas partie de ceux qui s’offusquent lorsque est annoncé le remake d’un film réputé intouchable y compris d’un de mes films fétiches, considérant au contraire qu’une même histoire a le droit de tomber entre les mains de quiconque et que, si le cinéaste s’y lançant à nouveau possède une vision autre de celle du réalisateur du film original, le remake pourrait tout à fait se révéler tout aussi intéressant ou (et) réussi que son prédécesseur. Ceci étant dit et en l’occurrence, puisque La Diligence vers l’Ouest est un quasi décalque de La Chevauchée fantastique, il faut bien se rendre à l’évidence : le film de Gordon Douglas n’arrive pas à la cheville de celui de John Ford dans quelques domaines que ce soit !

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Et pourtant, même si dans le genre il m’a déçu à de très nombreuses reprises, Gordon Douglas est en principe loin d’être un tâcheron. Son premier essai dans le domaine du western était même superbe ; il s’agissait du dynamique et généreux Fâce au chatiment (The Doolins of Oklahoma) avec Randolph Scott, le cinéaste n’ayant jamais par la suite réussi à l’égaler ; par la suite l’on pouvait encore trouver dans sa filmographie d’autres westerns presque tout aussi réjouissants comme en 1958 l’excellent Sur la piste des Comanches (Fort Dobbs), puis, encore plus proche de nous, Rio Conchos, sans aucun doute l’une des œuvres les plus maîtrisées de son auteur avec également durant la même décennie le jubilatoire Tony Rome est dangereux (Tony Rome) avec Frank Sinatra. L’idée de faire une version scope et couleurs du très beau film de Ford était pourtant à priori tout aussi alléchante qu'intéressante d’autant que le cinéaste avait décidé de tourner dans des lieux totalement différents, les paysages désertiques du premier étant remplacés par des forêts verdoyantes et des montagnes parfois enneigées.

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Plein de bonne volonté, confiant dans l’efficacité de Gordon Douglas, j’ai malheureusement très vite déchanté. On se demande tout d’abord où a bien pu passer le budget qui semble pourtant avoir été assez conséquent ; dans le cachet des acteurs et la location de l’hélicoptère à partir duquel Douglas filme des plans aériens assez impressionnants (notamment lors du générique) mais très peu raccords avec ce qui suit ? Car sinon comment expliquer pour l'époque de telles minables transparences lors des séquences mouvementées, la tristesse et la pauvreté des décors ou encore l'utilisation de petit bricolage à peine digne d’une classe de primaire, témoin la reconstitution de la rivière en fond de canyon par du papier aluminium (sic !) Pas bien sérieux vous en conviendrez ! Ajouté à tout cela un humour vulgaire ou stupide (le lalalalala de Red Buttons), des comédiens qui pour la moitié cabotinent (pauvre Bing Crosby pour son dernier rôle) pour l’autre semblent aux abonnés absents (Van Heflin en tête), des personnages stéréotypés et sans nuances, une absence totale d’émotion… Reste un travail plutôt efficace de Ray Kellog à la tête de la seconde équipe (mais que les scènes d'action sont inutilement étirées !) ainsi que le joli minois des deux comédiennes Ann-Margret et Stefanie Powers, de quoi en résulte un bien maigre bilan !

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Gordon Douglas peut se fiche totalement de sa mise en scène au point de ne pas faire la mise au point sur le sublime visage d'Ann-Margret pendant une bonne minute ; sa direction d'acteur peut-être médiocre au point de rendre entièrement mauvais un prestigieux casting y compris un Van Heflin totalement quelconque ; une même histoire peut accoucher à la fois d'un chef-d'œuvre et d'un très mauvais film ; un film peut-être tour à tour ultra-violent (violence d’ailleurs totalement gratuite) et d'une confondante mièvrerie la minute suivante ; Jerry Goldsmith était capable de s'endormir sur sa partition… L'avantage avec ce western est qu'il nous démontre que tous ces paradoxes peuvent bel et bien se côtoyer en même temps. Si nous n'avions pas eu à réfléchir à tout ça, il y aurait eu longtemps que nous nous serions assoupis devant ce déplorable gâchis.

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Décidément Gordon Douglas n’aura pas eu de chances avec ses remakes, Stagecoach faisant suite à celui qu’il avait entrepris une dizaine d’années plus tôt, Le Tueur au visage d'ange( The Fiend who Walked the West), reprenant alors le scénario du Carrefour de la mort d’Hathaway pour en faire une version westernienne entièrement gâchée par la pénible interprétation de Robert Evans. Mais pas la peine de s’étendre plus longuement sur ce Stagecoach bâclé, paresseux, inutilement bavard, sans rythme et sans vie, sanctionné par un échec commercial totalement justifié.
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Jeremy Fox
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Incident at Phantom Hill

Message par Jeremy Fox »

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Sans foi ni loi (Incident at Phantom Hill - 1966) de Earl Bellamy
UNIVERSAL


Avec Robert Fuller, Jocelyn Lane, Dan Duryea, Tom Simcox
Scénario : Frank S. Nugent, Ken Pettus d’après une histoire de Harry Tatelman
Musique : Hans J. Salter
Photographie : William Margulies (Technicolor 2.35)
Un film produit par Harry Tatelman pour la Universal


Sortie USA : 01 juillet 1966


Deux mois après la fin de la Guerre de Sécession, un détachement de soldats nordistes est envoyé en mission secrète (et en civil pour ne pas que les Comanches croient le gouvernement américain responsable d’avoir violé le traité de non-pénétration sur leur territoire) pour retrouver en contrée indienne un chariot rempli de lingots d’or dérobé à l’armée unioniste et caché en plein désert par un groupe de confédérés juste avant l’armistice. Commandé par l’officier Matt Martin (Robert Fuller), les militaires sont accompagnés par un prisonnier sudiste (Dan Duryea) censé connaître l’endroit de la précieuse cargaison et d’une prostituée (Jocelyn Lane) chassée de la ville de départ par son shérif puritain. Ils devront affronter bien des dangers y compris au sein du groupe dans lequel se comptent un homme assoiffé de scalps indiens ainsi que l’inquiétant prisonnier déjà accusé de meurtre avant la guerre...

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Comme le pitch nous le laisse entrevoir, on ne s’ennuiera pas une seule seconde durant les 80 minutes de cette chasse au trésor en plein territoire Comanche. Alors, voir traité ce western de ‘série Z’ dans le catalogue Universal sous la plume de Clive Hirschhorn (qui, malgré l’estime que je lui porte n’en est pas à une ânerie près à propos d’un genre qu’il ne porte pas spécialement dans son cœur), puis le trouver éreinté en une ligne lapidaire dans le guide dirigé par Jean Tulard qui le juge pareillement (le journaliste a-t-il vu le film ou a-t-il simplement répété ce qu’il avait lu par ailleurs ?) peut facilement ternir la réputation de n’importe quel film. Au vu de ces avis sérieusement exagérés, je me lançais avec la plus grande des prudences dans la vision de Incident at Phantom Hill pour finalement constater qu’il fallait être, au choix, de mauvaise foi, sacrément aveugle ou expressément méchant pour tenir de tels propos et mettre le film au même niveau qu’un film de série Z ! En effet ceci implique en principe un film qui confine souvent au ridicule, réalisé, scénarisé et interprété n’importe comment ; que l’on trouve un film mauvais et qu’on le dise de long en large avec arguments à l’appui peut se concevoir mais faire croire à une série Z quand nous en sommes très éloignés est une pratique assez malhonnête.

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Car en effet, ce n’est évidemment pas le cas de ce western certes loin d’être révolutionnaire mais qui s'avère fichtrement plaisant, comme l’était déjà le précédent western de Earl Bellamy, La Parole est au colt (Gunpoint), l’un des derniers bons films avec Audie Murphy. Dans les années 60 et malgré une violence quand même assez crue (voire la séquence d’ouverture du massacre), Sans foi ni loi pouvait certes sembler anachronique et conventionnel alors que les superbes films de Sam Peckinpah et de Sergio Leone avaient commencé à envahir les écrans, mais beaucoup (à commencer par Patrick Brion qui s’en explique longuement dans le bonus du DVD Opening) y virent justement un agréable retour aux sources, une petite bouffée d’air frais. Le scénario est le dernier travail de Frank Nugent (décédé la même année) qui, excusez du peu, était déjà l’auteur de scripts aussi géniaux que ceux qu’il écrivit pour John Ford, à savoir ceux du Massacre de Fort Apache (Fort Apache), La Charge héroïque (She Wore a Yellow Ribbon), Le Convoi des braves (Wagonmaster), L’Homme tranquille (The Quiet Man) ou La Prisonnière du désert (The Searchers) ! Ce n’était certes pas une raison pour qu’en fin de carrière il signe d’autres réussites et pourtant le scénario de Sans foi ni loi est loin d’être inintéressant, en tout cas bigrement efficace et parfaitement bien mené de bout en bout.

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Le film débute par une scène de bataille assez spectaculaire (même si on sent Earl Bellamy ne pas maîtriser à la perfection le format large) et se poursuit sur un rythme soutenu jusqu’à l’affrontement final qui ne semblait faire aucun doute dès le départ mais qui se révèlera néanmoins parfaitement efficace ; tout cela est évidemment assez classique (pour ne pas dire conventionnel) mais correctement mis en scène, filmé dans de très beaux décors naturels, bénéficiant d’un score plaisant du prolifique vétéran Hans J. Salter et d’un joli cocktail d’interprètes. Si Robert Fuller, acteur surtout cantonné à la télévision, ne brille pas par son talent, il n’en délivre pas moins une honnête prestation aux côtés de la charmante Jocelyn Lane et de Dan Duryea (l’inoubliable ‘Bad Guy’ de Winchester 73 d’Anthony Mann et de 4 étranges cavaliers - Silver Lode de Allan Dwan) qui nous aura rarement délivré une interprétation aussi jouissive ; c’est lui qui domine le casting et il n’est pas désagréable de le voir entouré de trognes aussi connues que celles de Claude Akins, Paul Fix, Denver Pyle ou Noah Beery.

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On pourra peut-être tiquer sur certaines idées de mise en scène, à propos de quelques cadrages plastiquement peu convaincants ou de quelques effets moyennement inspirés (lors par exemple de la tentative d’évasion du train de Dan Duryea) mais de là à parler de série Z, il y a un grand canyon qu’il serait ridicule de franchir. Cette histoire bien charpentée devrait pouvoir divertir le plus grand nombre, à condition de ne pas en attendre non plus des merveilles. Une agréable surprise en tout cas par un cinéaste qui a réalisé plus de 1 000 épisodes de différentes séries TV et qui fut assistant de Douglas Sirk, William Wellman ou Georges Cukor, autant dire pas un débutant non plus. De la bonne série B.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Chip »

Je l'avais découvert à sa sortie au Mac-Mahon en 1966 ( ou 67), ce fut une belle surprise, revu en dvd mon enthousiasme reste le même. Un modèle de série B.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Chip a écrit :Je l'avais découvert à sa sortie au Mac-Mahon en 1966 ( ou 67), ce fut une belle surprise, revu en dvd mon enthousiasme reste le même. Un modèle de série B.
8) Oui pour les années 60, ce pourrait même être l'une des meilleures.
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Re: Incident at Phantom Hill

Message par pak »

A quoi tient l'envie de revoir un film vu gamin, en dehors de l'avis de Jeremy ?

Ben à ça :
Jeremy Fox a écrit :
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C'est con... Voui... Mais je viens de me lire le DVD qui trainait sur la pile des "à revoir à l'occasion"...

:D
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

http://www.notrecinema.com/
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Re: Incident at Phantom Hill

Message par Jeremy Fox »

pak a écrit :A quoi tient l'envie de revoir un film vu gamin, en dehors de l'avis de Jeremy ?

Ben à ça :
Jeremy Fox a écrit :
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:D
Ça se comprend tout à fait :mrgreen:
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The Plainsman

Message par Jeremy Fox »

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Les Fusils du Far West (The Plainsman - 1966) de David Lowell Rich
UNIVERSAL


Avec Don Murray, Leslie Nielsen, Guy Stockwell, Abby Dalton
Scénario : Michael Blankfort
Musique : John Williams
Photographie : Bud Thackery (Pathecolor 1.85)
Un film produit par Richard E. Lyons pour la Universal


Sortie USA : Août 1966


La Guerre de Sécession vient de prendre fin. Wild Bill Hickok (Don Murray) savoure sa liberté retrouvée et est heureux de pouvoir enfin rentrer chez lui après quatre années passées dans les rangs de l’Union. Sur le chemin du retour, il est pris à partie par une bande de Cheyenne commandée par Crazy Knife (Ricardo Montalban) ; il aurait été tué si n’était pas intervenu le chef Black Kettle (Simon Oakland) avec qui il entretenait de cordiales relations avant le conflit civil. En effet, beaucoup de choses ont changé sur ce territoire des plaines et les Cheyennes, à qui un homme d’affaires sans scrupules vend des surplus de fusils à répétition, sont désormais prêts à en découdre avec l’armée. Ayant réussi à sauver sa vie, Hickcok est néanmoins forcé de rentrer à pied… quant une diligence fait irruption, conduite par son ex-maîtresse Calamity Jane (Abby Dalton). Arrivé à bon port, Hickcok va prévenir l’armée de la situation concernant les indiens sur le pied de guerre tout en informant qu’il quitte les rangs de la cavalerie pour entamer une vie plus calme. Il retrouve aussi son grand ami Bill Cody (Guy Stockwell) -plus connu sous le nom de Buffalo Bill- ayant décidé lui aussi de cesser ses activités pour convoler en juste noce. Mais les tensions qui règnent dans la région vont les forcer tous deux à reprendre du service ne serait-ce que pour une dernière mission d’aide à l’armée consistant surtout à ce que le conflit avec les indiens ne s’envenime pas plus. Pas facile d'autant que le lieutenant Stiles (Bradford Dillman), le commandant le fort, est un va-t-en guerre orgueilleux…

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Au départ destiné à la télévision, le western de David Lowell Rich est finalement sorti dans les salles de cinéma en cette année 1966. Il aurait été dommage qu’il n’ait pas été diffusé sur grand écran au vu du budget à priori assez conséquent pour une fiction TV dont le film semble avoir bénéficié. En effet, les figurants sont assez nombreux, les cascadeurs chevronnés, les paysages naturels majestueux et les scènes d’action ne manquent ni de dynamisme ni d’efficacité. David Lowell Rich fut un réalisateur très prolifique qui paraissait avoir du métier mais dont peu de films ont marqué les esprits, la majeure partie de sa production ayant d’ailleurs été consacrée à la petite lucarne. Je dois avouer ne pas connaitre grand-chose à son œuvre mais, au vu de ce western sympathique et bon enfant mettant en scène les tribulations aventureuses et romantiques de trois héros de l’Ouest réunis au sein d’une intrigue assez mouvementée, je ne serais pas mécontent d’en découvrir davantage. Patrick Brion dans les suppléments du DVD nous aiguille à ce propos en nous donnant quelques pistes pour partir à la découverte d’autres de ses films.

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Avant d’entamer le visionnage de ce western, il faut d’emblée faire abstraction du fait qu’il soit le remake de l’un des plus beaux films de Cecil B. DeMille dont il reprend d’ailleurs le même titre original de The Plainsman, le titre français du film de 1936 étant le trompeur Une Aventure de Buffalo Bill, car déjà le personnage principal en était plutôt comme ici Wild Bill Hickock joué alors par Gary Cooper. S’il semble évident à tous les niveaux que le western de Lowell Rich n’arrive pas à la cheville de son prédécesseur, il ne faudrait pas pour autant le négliger car il s’agit d’un divertissement familial tout à fait honorable, bien écrit, correctement réalisé et très bien interprété. Centré sur trois personnages mythiques de l’histoire du Far-West, Wild Bill Hickok, Buffalo Bill et Calamity Jane, le scénario de Michael Blankfort (La Flèche brisée – Broken Arrow de Delmer Daves ; La Loi de la prairie – Tribute to a Bad Men de Robert Wise) est assez proche de celui du film de DeMille et place ses trois héros au sein d’une intrigue -historiquement véridique dans les grandes largeurs et semble-t-il plus proche de la réalité que dans le film de DeMille- de ventes illégales d’armes aux Cheyennes, ce qui va être le principal détonateur de la reprise des guerres indiennes dans l’Ouest des USA peu de temps après la fin de la Guerre de Sécession.

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Ayant en tête une production télévisuelle, on est d’emblée surpris de l’ampleur des plans d’ensemble sur de rocailleux paysages d’autant que la musique vite entêtante qui accompagne les mouvements de caméra sur ces impressionnants canyons et plateaux ne manque pas de panache puisqu’elle est signée John Williams, le futur collaborateur entre autres de Steven Spielberg. Un homme seul en costume de nordiste qui, heureux de rencontrer un point d’eau, s’assoit au bord de la rivière, enlève ses chaussettes -qu’il enterre immédiatement dans le sable tellement elles sentent mauvais- et qui sourit radieusement à cette liberté retrouvée, au plaisir de pouvoir glisser ses pieds dans l’eau fraiche, au bonheur de ne pas avoir à se soucier d’un ennemi éventuel qui surgirait de derrière son dos. C’est tout celà que nous fait ressentir l’excellent Don Murray dès la première séquence quasi muette et qui donne d’emblée au film un ton éminemment sympathique. S’ensuit l’arrivée d’un groupe de Cheyennes, le danger qui passe très près, Hickok sauvé de justesse par un chef indien qui par le passé entretenait de très bonnes relations avec lui. Suspense, danger, action, grand air, discours nuancé du chef indien, plus violent du jeune guerrier… nous sommes en terrain connu mais l’ensemble est plutôt bien équilibré et malgré un ton souvent assez léger non dénué par ailleurs d'un noble sérieux. Relâché, notre héros erre désormais à pied jusqu'au moment où il tombe sur une diligence conduite par une Calamity Jane picaresque à souhait façon Doris Day en un peu plus retenue : quelques transparences -quasiment les seules du film- pour les retrouvailles à l’avant de la diligence de ces deux ex-amants et pas mal d’humour bon enfant (les baisers essuyés). Le ton est donné : The Plainsman ne sera pas une comédie mais plutôt un western avec beaucoup d'humour.

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Puis notre 'convoi' arrive en ville. Ici l’on rencontre pour la première fois Buffalo Bill qui, pas plus que son ami Hickok, ne souhaite continuer une vie aussi aventureuse, n’envisageant désormais que calme et volupté. La situation fait qu’ils vont devoir reprendre les armes, l’un pour aller négocier la paix avec les indiens et délivrer sa fiancée kidnappée par ces derniers, l’autre pour conduire un convoi en milieu hostile, les Cheyennes ayant repris le chemin de la guerre. Après quelques séquences en ville fort amusantes (avec notamment le personnage assez drôle du journaliste, la séquence du bain public, la rencontre cocasse entre la frustre Calamity Jane et la future épouse plus guindée de Buffalo Bill…), le film reprend le chemin des grands espaces avec un peu plus de solennité sans néanmoins se départir d’un humour toujours aussi jovial et jamais lourd. Bref, tout le monde en aura eu pour son comptant, autant les amateurs d’action que de comédie, le scénariste passant de l’un à l’autre sans trop de couacs voire même assez harmonieusement. Il faut en remercier avant tout les comédiens qui jouent le jeu avec entrain. Si Guy Stockwell est un peu en retrait (malgré sa grande scène où il apprend durant les combats qu'il va être père), saluons les performances de Abby Dalton qui trouve un ton assez juste entre pittoresque et émotion, et surtout de Don Murray sur qui nous n’aurions pas parié grand-chose en début de carrière mais qui ici -comme déjà dans le magnifique Duel dans la boue (These Thousands Hills) de Richard Fleischer ou encore dans Les Hors-la-loi (One Foot in Hell) de James B. Clark où il réussissait à voler la vedette à Alan Ladd- s’avère tout à fait excellent. Sans oublier la savoureuse apparition en toute fin de film de Leslie Nielsen ayant revêtu la défroque du Général Custer !

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Un western classique et bon enfant qui aurait pu avoir été réalisé durant les décennies précédentes, très éloigné de la violence des westerns italiens de l’époque. Il manque certes de profondeur, de rythme et d’un réalisateur chevronné à la barre mais les auteurs n’ayant pas eu d’autres ambitions que de divertir nous n’allons pas faire la fine bouche puisque le but est largement atteint ; en effet ce western mineur bénéficie d’un certain savoir-faire, ne se prend pas toujours au sérieux et n’est pas dépourvu de charme, loin s’en faut. Un western frais et léger tout à fait décent et qui a également pour lui non seulement sa méfiance envers la hiérarchie et l’engagement militaire mais surtout un héros qui attire la sympathie par son ambition qui n’est autre que de… jouir de la vie et de ‘se la couler douce’, peu soucieux de préserver sa légende. Agréable à défaut d'être inoubliable !
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1969

Message par ithaque »

Comment fais-tu ta sélection de westerns à voir car quand on va sur wiki ,on constate qu'il y en a beaucoup d'autres (et certainement beaucoup de mauvais ) ?
https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_W ... _the_1960s
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Jeremy Fox
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The Appaloosa

Message par Jeremy Fox »

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L'Homme de la Sierra (The Appaloosa - 1966) de Sidney J. Furie
UNIVERSAL


Avec Marlon Brando, Anjanette Comer, John Saxon, Emilio Fernandez
Scénario : James Bridges & Roland Kibbee d'après une histoire de Robert MacLeod
Musique : Frank Skinner
Photographie : Russell Metty (Technicolor 2.35)
Un film produit par Allan Miller pour la Universal


Sortie USA : 14 septembre 1966


1870. De retour de la Guerre Civile, fatigué de ce climat de violence et du sang qu’il a dû faire couler, Matt Fletcher (Marlon Brando) souhaite désormais se ranger et fonder un ranch, destinant son Appaloosa à devenir le premier d’une lignée de chevaux de race qu’il élèvera avec la famille de son ami Paco chez qui il vivait avant de partir se battre. Arrivé à la ville frontière d’Ojo Prieto, il se retrouve involontairement pris à partie par l’inquiétant chef de bande Chuy Medina (John Saxon) qui croit que Matt a tenté de poser la main sur sa ‘fiancée’ (Anjanette Comer). Cette dernière avait inventé ce mensonge afin que Chuy relâche son attention et qu’elle puisse enfin ‘s’évader’. Tentant de s’enfuir avec le cheval de Matt, elle est rattrapée par les pistoleros de Chuy ; afin de ne pas perdre la face, Chuy leur fait croire qu’elle ‘essayait’ le cheval ayant l’intention de le lui acheter si le test s'avérait concluant. Mais Matt refuse absolument de s’en séparer, ce qui vexe profondément le bandit mexicain. Peu de temps après, alors que Matt est arrivé chez ses amis auprès de qui il a décidé de s’installer définitivement, Chuy vient voler l’Appaloosa et humilie son propriétaire en le torturant et en le laissant presque pour mort. Matt n’a désormais qu’une idée en tête : récupérer son pur-sang…

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The Appalosa (encore une fois nous préférerons n’utiliser au cours de ce texte que le titre original, bien plus représentatif, le cheval de race étant au plein centre de l’intrigue puisque tous les drames et motivations découleront de son existence) pourrait être un parfait exemple pour démontrer que l’exécrable réputation d’une œuvre ne devrait jamais nous empêcher d’aller jeter un œil par nous-mêmes, d’autant plus en l’occurrence lorsque l’on porte une admiration sans bornes à son comédien principal dont il s’agit ici du deuxième western. En 1961, Marlon Brando avait déjà abordé le genre à la fois devant et derrière la caméra ; c’était pour La Vengeance aux deux visages (One-Eyed Jacks), western assez singulier pour l’époque et qui, s’il manquait quelque peu d’émotion et si la construction paraissait parfois chaotique n’en était pas moins une jolie réussite, un film ambitieux, mûri et fascinant sur une quête obsessionnelle de la vengeance qui devient l’unique raison de vivre pour son principal protagoniste. Ce très beau film complètement charcuté par les producteurs fut malheureusement un fiasco critique et financier.

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Il en a été de même pour The Appaloosa, le film n’ayant eu que peu de soutien journalistique si ce n’est aux Etats-Unis celui non négligeable de Pauline Kael. Le western italien n’ayant à cette époque pas encore traversé l’Atlantique, le style du réalisateur canadien Sidney J. Furie a probablement dû déstabiliser les spectateurs puisqu’il s’inspirait effectivement grandement de celui de cinéastes comme Sergio Leone. Rythme lent et hiératique, cadrages bizarroïdes ou biscornus, placement millimétré des personnages dans le cadre, utilisation totalement nouvelle du format large avec amorces incongrues de visages, animaux ou objets en très gros plan, photographie excessivement contrastée surtout en extérieurs nuit avec ce bleu intense des cieux nocturnes, violence exacerbée des comportements, visages en sueur et grimaçants, vêtements et décors poussiéreux… Comme pour son précédent film -la première aventure d’espionnage du personnage d’Harry Palmer génialement campé par Michael Caine, l’insolite Ipcress danger immédiat (Ipcress File)-, ce western sera très mal reçu en France, la plupart parlant de pénible maniérisme et revenant sans cesse sur cette filiation honteuse avec le ‘western spaghetti’ qui –et sa dénomination le démontrait- était lui aussi était très loin d’avoir bonne presse à l’époque. Si la vapeur s’est renversée concernant les débuts de Leone et le premier Harry Palmer, The Appaloosa n’a pas encore été réévalué à l’orée de ce qui s’est fait entre temps dans le genre.

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Et c’est bien dommage car si le film de Sidney J. Furie fait effectivement penser sur la forme aux westerns italiens du début des années 60, il n'en est rien sur le fond, ne possédant ni leur cynisme ni leur violence morale, s’avérant être au contraire un western extrêmement touchant avec pour personnages principaux des laissés-pour-compte ayant soufferts dans leur jeunesse, et se concluant même en un happy-end inattendu. Le scénario épuré de James Bridges & Roland Kibbee (Vera Cruz), avec sa ligne directrice d’une limpide clarté, se révèle d’une simplicité enfantine. Un homme, écœuré par la guerre, revient chez lui avec pour but de fonder un élevage de chevaux à partir de son pur-sang. Malencontreusement, à cause d’une femme dont il tombera plus tard amoureux, il sera confronté sans l’avoir voulu à un bandit mexicain tenant la région sous sa coupe et qui lui subtilisera son cheval Appaloosa. L’homme n’aura de cesse d’essayer de le récupérer, sans au départ avoir aucunement dans l’idée de tuer ses adversaires malgré la brutalité de ces derniers. Il devra finalement en passer par là mais non par pure vengeance, plutôt pour une question de survie. La jeune femme par qui son malheur arrive fut vendu dans sa jeunesse par ses parents au redoutable hors-la-loi ; et c’est en voulant fuir son ‘maître’ et amant qu’elle déclenchera la haine que vouera le bandit mexicain au yankee. L’itinéraire de ces deux exclus se rejoindra pour se souder après le tendu mais lumineux climax final se déroulant au milieu du blanc immaculé d’un superbe paysage de neige. Le couple ainsi constitué pourra commencer une nouvelle vie de paix et de tranquillité.

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Atypique mélange de violence assez sadique et d’une mélancolie empreinte d’une grande douceur comme l’était déjà La Vengeance aux deux visages, le film de Furie est également déroutant pour son rythme inhabituellement lent, ses longues plages de silence et sa mise en scène très formaliste alors que l’histoire et les différents éléments scénaristiques le font donc quand même pas mal s’éloigner des westerns italiens. L’interprétation de Marlon Brando participe également de cette étrangeté/originalité. Certains détracteurs du comédien aimant à dire qu’il n’avait accepté de faire le film que dans le but de pouvoir payer les pensions alimentaires de ses deux ex-épouses, ayant probablement pris connaissance comme quoi en plus il s’était très mal entendu avec son réalisateur sur le tournage, diront qu’il a fait le strict minimum, se contentant de marmonner et de montrer son ennui et son manque total de motivation à l’écran. Et pourtant, Brando fait ici… du Brando ; c'est-à-dire un mélange unique (et pour ma part tout simplement génial), paradoxal et parfaitement contrôlé d’underplaying et de cabotinage. Ici, dès qu’il émet une ligne de dialogues, nous sommes collés à ses lèvres, chacun de ses gestes ou froncements de sourcils en disent long sur ses sentiments. Son personnage d’homme revenu de tout, n’aspirant désormais qu’à la tranquillité et déterminé à tout pour y arriver s’avère fortement émouvant. Son cheval étant en quelque sorte un symbole d’espoir en la possibilité d’une nouvelle vie à laquelle il rêve, il est évident qu’il fera tout pour le récupérer quitte à en passer une fois de plus par la violence lorsque son vieil ami fera les frais de sa décision et de sa mise en œuvre. Touchantes aussi les relations qu’il entretient avec son hôte et sa famille (a-t-il eu autrefois une histoire avec la femme de Paco comme John Wayne dans The Searchers ?), avec le vieil homme qui le recueille et le soigne, et surtout avec la ‘fiancée’ de son ennemi, la magnifique Anjanette Comer qui sera plus connu dans nos contrées l’année suivante pour son rôle très ressemblant dans La Bataille de San Sebastian d’Henri Verneuil où elle avait pour partenaire Anthony Quinn.

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Pour faire face à Brando et contraster avec l’interprétation toute en intériorité de ce dernier, les auteurs ont eu la bonne idée de faire appel à John Saxon qui nous offre ici une prestation bien plus extravertie et presque tout aussi mémorable dans la peau du rancher cruel et sadique. Le duo qu’ils forment est haut en couleurs et leurs intenses séquences de confrontation toutes puissamment captivantes jusqu’à ce final abrupt et expéditif mais finalement très réaliste et crédible ; une dernière séquence qui se déroule dans des paysages neigeux alors que jusque là nous nous déplacions dans des contrées désertiques, sèches ou poussiéreuses. A noter d’ailleurs un choix de décors naturels absolument remarquables que Russell Metty photographie avec un extraordinaire talent, de très nombreux plans se révélant oh combien somptueux ! La bande originale signée Frank Skinner, composée pour une part de rythmes traditionnels mexicains, n’est pas en reste. On appréciera un peu moins l’exagération (devenue un véritable cliché du western) sur les visages ricanants des bandits mexicains, l’interprétation outrée de Emilio Fernandez (futur inquiétant Mapache dans l’un des chefs-d’œuvre de Peckinpah, The Wild Bunch – La Horde sauvage) et quelques idées de cadrages effectivement un peu gratuites et maniérées… éléments cependant absolument pas rédhibitoires, n’empêchant aucunement la tension et l’immersion du spectateur au sein de cette jolie histoire d’amour, de rédemption et de retour aux sources.

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Un western à mon avis injustement boudé et méprisé, critiqué un peu exagérément pour son aspect ampoulé et son influence transalpine alors que, si cette dernière est bel et bien présente, elle est très astucieusement transposée dans le western classique sans que cette mixture assez novatrice ne soit 'inharmonieuse'. Ne révolutionnant en rien le genre, probablement pas non plus un sommet du western mais, grâce surtout au jeu déstabilisant de Brando et une puissante identité visuelle, une curieuse et humble réussite à la mise en scène légèrement décalée, à la trame narrative d’une grande clarté et au ton doux/baroque assez unique. A découvrir ou redécouvrir en oubliant sa réputation bien trop sévère.
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