Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1967

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Ride beyond Vengeance

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Marqué au fer rouge (Ride beyond Vengeance - 1966) de Bernard McEveety
COLUMBIA


Avec Chuck Connors, Michael Rennie, Kathryn Hayes, Joan Blondell
Scénario : Andrew J. Fenady
Musique : Richard Markovitz
Photographie : Lester Shorr (Pathécolor 1.85)
Un film produit par Andrew J. Fenady pour la Columbia


Sortie USA : Janvier 1966


1966 à Coldiron, petit patelin texan. Delahay (James MacArthur), un agent de recensement, constate qu’un grand nombre d’habitants portent les mêmes prénoms, ceux de Jonas et Jessie. Le barman (Arthur O’Connell) lui raconte alors l’histoire qui s’est déroulée dans cette petite ville au siècle dernier. Jonas Trapp (Chuck Connors) épouse la charmante Jessie (Kathryne Hayes) ; beaucoup d’habitants émettant l’idée qu’il s’agit d’un mariage d’argent, Jonas décide de prouver qu’il est capable de gagner seul sa vie et part chasser le bison. Il ne revient que onze ans plus tard avec 17.000 dollars en poche. Mais avant d’arriver en ville, il se fait accuser de vol par trois hommes qui non seulement lui subtilisent l’argent mais le marquent au fer rouge. Une fois remis sur pied, soigné par Hanley (Paul Fix), Jonas décide bien évidemment de se venger de ses agresseurs, le banquier Brooks Durham (Michael Rennie) et les deux cowboys Johnsy Boy (Bill Bixby) et Elwood Coates (Claude Akins). Il aura également la mauvaise surprise de voir son épouse s’être mis en ménage avec l’un de ses tortionnaires…

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Un casting de vétérans ainsi que de toutes jeunes et futures stars de la télévision dirigé par un réalisateur qui ne travaillera quasiment que pour le petit écran ; voici la seule curiosité qui pourra éventuellement nous attirer vers ce western tout à fait pitoyable qui fut assez mal reçu à l’époque notamment pour son extrême brutalité. Sur ce dernier point, certes les ‘Bad Guys’ s’avèreront d’un sadisme assez poussé mais l’ensemble aura été filmé et interprété avec un tel manque de conviction qu’aujourd’hui tout cela nous paraitra bien plus risible que viscéralement violent. Bernard McEveety est un réalisateur de télévision qui n’aura signé que quelques longs métrages dont Marqué au fer rouge, sa deuxième contribution au cinéma. Chose assez curieuse/cocasse, un autre McEveety se trouvait exactement dans la même situation à la même époque, signant des épisodes des mêmes séries et réalisant lui aussi un western pour son deuxième long métrage ; rien moins que son frère, Vincent. Sauf que Firecreek (Cinq hors-la-loi) de Vincent McEveety sera un western d’un tout autre calibre, n'hésitant pas à le considérer pour ma part comme l’un des tous meilleurs des années 60 ; mais nous y reviendrons plus tard car ce dernier mérite au contraire de celui qui nous concerne d’être instamment sorti de l’oubli et que l'on s'y arrête plus longuement.

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Vous l'avez bien compris, ce n’est évidemment pas le cas pour Ride Beyond Vengeance malgré le plaisir coupable que l’on pourra prendre à voir réunis l’incroyable Hulk (Bill Bixby), Danny (James MacArthur), l’assistant de McGarrett dans Hawaï police d’état, Michael Rennie, le héros longiligne de Le Jour où la terre s’arrêta (The Day the Earth Stood Still) de Robert Wise, l’un des mémorables méchants de Rio Bravo (Claude Akins) ou encore les vétérans du genre que sont Paul Fix ou Gary Merrill. Il n’est certes pas désagréable de les voir tous se côtoyer à l’écran, encore eut-il fallu qu’ils aient été bien dirigés ; ce qui est loin d’être le cas, Claude Akins par exemple n’ayant probablement jamais été aussi mauvais cabotin, son Bad Guy aux dents cariées s’avérant finalement plus ridicule qu’épouvantable ; il en va de même pour le dandy psychopathe interprété par Bill Bixby. Côté féminin, nous croisons le chemin de deux anciennes gloires hollywoodiennes, pas moins que Joan Blondell et Gloria Grahame, toutes deux honteusement sous employées à tel point que ça nous met mal à l’aise pour ces grandes dames. Sinon, dans un rôle de grande importance, Kathryn Hayes qui se révèle aussi charmante que moyennement talentueuse, ses roulements d’yeux finissant vite par se révéler pénible. Quant à Chuck Connors, il est tout simplement mauvais comme cochon ; il est alors difficile de s’identifier à son personnage de vengeur surnommé 'El Tigre'. Pour tout dire, la direction d’acteurs va à vau-l’eau tout comme la mise en scène d’ailleurs, indigente de bout en bout, ou la photographie horriblement mal éclairée, les ombres s’invitant de tous côtés sans aucune cohérence. Pour le reste, entre une musique anodine, une histoire de vengeance sans grand intérêt (malgré son prologue qui se situe à l'époque contemporaine et qui a un peu déboussolé Patrick Brion) et un rythme mollasson, nous ne sommes guère mieux servis.

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Enfin, probablement pour démonter plus vite les décors en fin de tournage, nous assistons à une très longue bagarre à poings nus entre Chuck Connors et Claude Akins qui s’éternise et se poursuit jusqu’à ce que la pièce où elle se déroule soit intégralement saccagée ; sans évidemment la moindre idée de mise en scène ni la moindre vitalité dans le montage. Mais nous n’allons pas nous appesantir 107 ans sur un western qui n’en vaut à mon humble avis pas la peine. Mieux vaut se concentrer sur d’autres réalisateurs qui savent gérer un très faible budget, voire en faire un atout ; ce qui n'est vraisemblablement pas le cas de Bernard McEveety, réalisateur de très nombreux épisodes westerniens de séries telles que Gunsmoke, Bonanza ou Rawhide et qui aurait dû s’en contenter. Les cinéastes italiens n’avaient encore pas de soucis à se faire dans le domaine de la violence, de la sauvagerie et de la brutalité ; ce n’est pas Marqué au fer rouge qui allait marcher sur leurs plates bandes même s’il semble que ça ait été son souhait. Pour l’anecdote, l’écrivain/producteur Andrew J Fenady écrira et produira un autre western autrement plus célèbre mais tout aussi mauvais, Chisum avec John Wayne. Un nom à fuir dans le domaine du cinéma !
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Jeremy Fox
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The Rare Breed

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Rancho Bravo (The Rare Breed - 1966) de Andrew V. McLaglen
UNIVERSAL


Avec James Stewart, Maureen O’Hara, Brian Keith, Juliet Mills
Scénario : Ric Hardman
Musique : John Williams
Photographie : William H. Clothier (Technicolor 2.35)
Un film produit par William Alland pour la Universal


Sortie USA : 02 février 1966


1880. Son époux étant décédé durant la traversée qui le conduisait d’Angleterre aux États-Unis, Martha (Maureen O’Hara), accompagnée de sa fille Hilary (Juliet Mills), décide de poursuivre l’idée du défunt, implanter la race bovine européenne Hereford dans l’Ouest américain. Pour se faire, les deux femmes ont amené avec elles le jeune veau 'Vindicator' qu’elles espèrent faire croiser avec des Longhorns. Le plus difficile est de faire accepter cette idée aux éleveurs texans qui ne jurent que par les longues cornes, les Hereford sans cornes leur paraissant trop fragiles pour résister aux hivers rigoureux de leur contrée. Le taureau est néanmoins acheté au prix fort par un enchérisseur d’origine anglaise -qui souhaitait ainsi faire ses avances à Martha- pour le compte d’Alexander Bowen (Brian Keith), un riche Cattle Baron. Pour le conduire jusqu’à Dodge City, Martha loue les services de Sam Burnett (James Stewart) qui, après avoir tenté de la flouer en essayant de revendre la bête pour son compte, se laisse convaincre du bon choix de sa ‘cliente’. Quelques mésaventures plus tard, les voici arrivés à bon port ; reste à savoir si Vindicator va réussir à se débrouiller seul et à passer la saison hivernale, si Martha va succomber aux charmes du rustre Bowen et sa fille à ceux du fils de ce dernier…

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Quatrième western du fils du comédien Victor McLaglen qui fut également un prestigieux assistant réalisateur durant les années 50 -non moins que celui de Budd Boetticher (La Dame et le toréador), John Ford (L’homme tranquille) ou William Wellman (Track of the Cat)- Rancho Bravo est dans le genre le premier ratage d’Andrew V. McLaglen après le sympathique Gun the Man Down, le bon-enfant McLintock! puis enfin le naïf mais fortement attachant Les Prairies de l’honneur, alors à l’époque son film le plus réussi. Certes Le Grand McLintock n’était pas d'une grande subtilité, et pourtant il se suivait avec un constant sourire aux lèvres tellement l’entourage de John Wayne et l'équipe en son ensemble paraissait s'être pris au jeu, les acteurs semblant s'être amusés comme des petits fous, leur bonne humeur s'étant avéré vite communicative. Quant au cinéaste, il filmait le tout avec efficacité et vitalité. Ce n’est plus du tout le cas concernant Rancho Bravo, le divertissement ne se révélant plus vraiment amusant mais au contraire assez sinistre, à l’image du Runing gag consistant à ce que le taureau ‘Vindicator’ n'accepte d'avancer qu'à la seule condition d'entendre l'air du God Save the Queen ! Ce deuxième western humoristique de McLaglen ne s’avère guère plus drôle que ce que je viens de vous raconter. Il faut dire que Ric Hardman -à cette exception près, n’ayant travaillé que pour la télévision- ne possède pas le dixième du talent du scénariste de McLintock!, l’excellent James Edward Grant. Et c’est avant tout le choix des scénaristes qui fait la grande différence qualitative entre ces deux films.

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Là où l'on s’amusait, emporté par la vitalité de l’ensemble, on se prend au contraire ici à s’ennuyer fermement, les comédiens et le réalisateur ne semblant guère plus convaincus que les spectateurs par le postulat du film qui ne repose en gros que sur l‘introduction d’une nouvelle race bovine en provenance de Grande Bretagne dans les plaines du Middle West. Les auteurs évacuent tous les éléments historiques et sociologiques qui auraient pu être intéressants pour ne finir par faire de cette intrigue de départ qu’un simple prétexte à un triple marivaudage laborieux, un triangle amoureux constitué de James Stewart, Brian Keith et Maureen O’Hara ainsi qu’une bluette bénigne entre Juliet Mills et le fadasse Don Galloway. De tous ces grands noms, seul Juliet Mills apporte un peu de sa fraicheur à l’ensemble, Brian Keith ne sachant pas cabotiner (grimé qu'il est sous une barbe de 30 ans et une improbable perruque rousse) alors que le duo formé par James Stewart et Maureen O’Hara ne fonctionne pas vraiment, les deux stars paraissant juste avoir fait acte de présence sur le tournage dans le simple but d'empocher leur cachet. Malgré la médiocrité de l’ensemble, on pourra néanmoins trouver du plaisir à quelques reprises grâce à une sympathique musique de John Williams (oui, le John Williams que tout le monde connait, le compositeur attitré de Steven Spielberg entre autre) et surtout au talent du chef opérateur William H. Clothier qui utilise les superbes décors naturels à sa disposition avec génie. Si l’on excepte les transparences parmi les plus ridicules vues durant les années 60 (il est loin le temps où Universal pouvait se féliciter de ne presque jamais y avoir recours contrairement aux autres Majors), l’on pourra ainsi se régaler de plans d’ensemble d’une étonnante beauté lors de la scène de 'Stampede' au milieu d’un étroit canyon ou durant le dernier quart d’heure alors que James Stewart part à la recherche du veau qui a été laissé livré à lui-même durant un hiver texan rigoureux. Même l'émotion arrive à poindre en fin de parcours, ce qui nous rend encore plus dépités d'avoir du attendre la fin du film pour commencer à l'apprécier.

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Un pitch de départ bien trop inconsistant pour faire illusion durant tout un long métrage et au final une comédie westernienne assez poussive qui ne parvient même pas à réussir ses rares scènes d’action, la bagarre générale du début s’avérant bien moins jubilatoire et maîtrisée que celle homérique dans McLintock! Que ce soit les amateurs de comédie ou de western, ils peuvent facilement faire l’impasse sur cet insignifiant Rancho Bravo qui ne contentera probablement ni les uns ni les autres par le fait aussi de ne jamais vraiment savoir sur quel pied danser.
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Jeremy Fox
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Johnny Reno

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Toute la ville est coupable (Johnny Reno - 1966) de R.G. Springsteen
PARAMOUNT


Avec Dana Andrews, Jane Russell, Lon Chaney Jr, John Agar
Scénario : Steve Fisher
Musique : Jimmie Haskell
Photographie : Harold E. Styne (Technicolor 2.35)
Un film produit par A.C. Lyles pour la A.C. Lyles Production / Paramount


Sortie USA : 09 mars 1966


Un Marshall se retrouve seul à lutter contre toute une ville pour empêcher le lynchage d'un homme qu'il vient de faire prisonnier après avoir tué le frère de ce dernier...
Je ne vous en dirais pas plus même si les distributeurs français ont eu moins de scrupules en choisissant le titre d'exploitation sur notre territoire, dévoilant non moins que la moitié de l'intrigue, pourtant au départ assez mystérieuse.

Phil Hardy écrit dans son indispensable bible sur le western que le scénario de Johnny Reno est probablement le meilleur de toutes les productions A.C. Lyles, petite société distribuée par la Paramount réputée pour faire tourner les acteurs vieillissants dans des productions fauchées, bouclées en à peine une semaine. Ca ne m'étonnerait pas car si je m’attendais au pire au vu de la réputation catastrophique des westerns produits par Lyles, je l’ai trouvé certes sans grandes surprises mais effectivement plutôt bien écrit. Sans réelles nouveautés car des hommes de loi luttant contre toute une ville, on en avait déjà vu dans Le Train sifflera trois fois de Fred Zinnemann ou Riding Shotgun de André de Toth. Ici, c'est Dana Andrews qui, pour protéger un jeune homme accusé du meurtre d’un indien, se voit obligé de faire très attention, voire même de se cloitrer, afin de ne pas être tué lui aussi par les citoyens d’une ville qui semble cacher un secret peu glorieux. On pense aussi un peu à Un Homme est passé de John Sturges.

Bref, l’intrigue très sérieuse se suit sans déplaisir et les comédiens, s’ils semblent fatigués et s'ils accomplissent certes le minimum syndical, n’en sont pas moins tout à fait honorables, que ce soit Dana Andrews, Lon Chaney Jr, Jane Russell (qui a souvent été bien plus mauvaise), Lyle Bettger (l’un des plus prolifiques Bad Guys du genre) ou John Agar (l’amoureux de Joanne Dru dans La Charge héroïque). Si la chanson du générique nous fait plus penser nous trouver devant un film avec Elvis Presley, je dois avouer que la musique pourtant très cheap ne m’a pas déplu. Cheap, c’est le cas aussi pour la réalisation qui, dès qu’il s’agit de filmer des scènes d’action, ne sait pas très bien comment s’en sortir sans être un peu ridicule, témoins les bagarres à poings nus avec des doublures peu discrètes. Pour les séquences dialoguées, ça se tient par contre plutôt bien même s’il ne faut pas y chercher une quelconque idée de mise en scène.

Au final, malgré mes appréhensions, un western de série Z pas si désagréable que ça ; en tout cas pas pire que bien d’autres même issus de grandes compagnies (voire le nullissime Taggart du même cinéaste chez Universal). En revanche j’ai du mal à m’imaginer que les aficionados du genre aient encore pu se ruer à aller voir ce genre de bandes totalement fauchées après avoir vu en salles des centaines de très bons westerns la décennie précédente. A réserver uniquement aux fans purs et durs.
Chip
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Chip »

" JOHNNY RENO " est sorti également en dvd zone 2 en Espagne ( avec VF et s/t français), acheté à Saragosse, il y a au moins 20 ans. Triste de revoir Dana Andrews ankylosé et bouffi par l'alcool, pitoyable! Un des pires westerns à vétérans produit par A.C. Lyles.
Rashomon
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Rashomon »

Chip a écrit :" JOHNNY RENO " est sorti également en dvd zone 2 en Espagne ( avec VF et s/t français), acheté à Saragosse, il y a au moins 20 ans. Triste de revoir Dana Andrews ankylosé et bouffi par l'alcool, pitoyable!
Et Jane Russell, méconnaissable (lifting raté?)
Un des pires westerns à vétérans produit par A.C. Lyles.
La concurrence est rude, mais oui.
20thCenturyBoy
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par 20thCenturyBoy »

Je profite de ces récentes chroniques pour te féliciter Jérémy de ton entreprise absolument HOMÉRIQUE qui m'a procuré de nombreuses lectures passionnantes ! Moi qui me suis subitement intéressé au genre depuis quelques années, ce voyage est une aubaine. :wink:
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Jeremy Fox
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The Night of the Grizzly

Message par Jeremy Fox »

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Le Ranch Maudit (The Night of the Grizzly - 1966) de Joseph Pevney
PARAMOUNT


Avec Clint Walker, Martha Hyer, Keenan Wynn, Leo Gordon
Scénario : Warren Douglas
Musique : Leith Stevens
Photographie : Harold Lipstein & Royal Griggs (Technicolor2.35)
Un film produit par Burt Dunne pour la Paramount


Sortie USA : 20 avril 1966


Big Jim (Clint Walker) a rendu son badge de shérif pour devenir fermier ; il se rend dans le Wyoming avec sa famille pour s’installer dans un ranch qui lui a été légué par un proche. Seulement il va rencontrer deux sérieux problèmes : un voisin (Keenan Wynn) fait tout pour s’accaparer cette terre afin de la léguer à ses fils ; un dangereux grizzly nommé Satan tue toutes les bêtes qui viennent s’y installer. C’est sans compter aussi sur le retour d’un chasseur de primes (Leo Gordon) qui semble avoir eu une histoire avec son épouse (Martha Hyer)…

Au travers cette histoire de famille venant s’installer dans une ferme délabrée pour y commencer une nouvelle vie, l’épouse ne supportant plus la peur lui vrillant sans cesse le ventre faute au métier d’homme de loi de son mari, Joseph Pevney, réalisateur ayant surtout œuvré pour la petite lucarne (il fut entre autre l’un des plus prolifiques sur la série originale Star Trek), nous livre un western familial pas déshonorant mais néanmoins assez fade. Il faut dire que ni le scénario ni la mise en scène n’arrivent à faire des étincelles et que l’ennui pointe souvent le bout de son nez.

Heureusement le casting sauve l’ensemble, Clint Walker (sorti des westerns de Gordon Douglas), Martha Hyer, Keenan Wynn et Leo Gordon (lacteur aux yeux bleus acier) nous faisant montre de beaucoup de talents et parvenant à nous faire oublier la pauvreté de l’ensemble. On notera aussi la présence de Jack Elam - une fois n’est pas coutume dans un rôle de ‘gentil’ - ainsi qu’une petite fille assez craquante. Humour un peu pataud, scènes d’action sans grande ampleur mais belle photographie d’autant plus que Joseph Pevney avait à sa disposition des paysages qui ne manquaient pas d’ampleur, ceux-ci étant assez bien utilisés. Pas de quoi se relever la nuit mais pourra faire passer un agréable moment lors d’une après-midi pluvieuse.
ithaque
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par ithaque »

Après l'envoi d'un mail à Jeremy, je relance l'idée ici d'un livre tiré de ton parcours chronologique : soit l' intégrale , soit une partie (comme par exemple ses 50 meilleurs westerns ou 50 cinquante westerns à découvrir).
Pour quel titre ? les westerns depuis 1918 ou 1930, western,...
Les westerns sont redevenus à la mode: livre (Brion) ,films (sept salopards, revenant).
Qu'en pensez-vous ? Des idées ?
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Pour avoir vu l'un de ses derniers films hier soir, La Parole est au colt (chronique en fin de semaine prochaine), on peut vraiment dire que la filmographie d'Audie Murphy dans le domaine du western n'aura compté que très peu de déchets.
ithaque
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par ithaque »

et Reagan dans les westerns, qu' en penses-tu ? A t-il eu un rôle principal ?
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

ithaque a écrit :et Reagan dans les westerns, qu' en penses-tu ? A t-il eu un rôle principal ?

Tout comme Audie Murphy, Reagan n'était pas un aussi mauvais comédien qu'on s'amusait à le dire voici des décennies en arrière. Il portait parfaitement bien les tenues de l'Ouest, possédait un certain charisme mais n'a pas tourné beaucoup de westerns contrairement au cliché contraire. Il était inoubliable dans le magnifique western sur l'amitié qu'était Le Mariage est pour demain de Dwan et assez convaincant dans Quand la poudre parle de Nathan Juran. Et pour ceux qui douteraient de son talent, je conseille de voir Kings Row de Sam Wood, très beau mélo.
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Jeremy Fox
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Gunpoint

Message par Jeremy Fox »

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La Parole est au colt (Gunpoint - 1966) de Earl Bellamy
UNIVERSAL


Avec Audie Murphy, Joan Staley, Warren Stevens, Edgar Buchanan
Scénario : Mary & William W. Willingham
Musique : Hans J. Salter
Photographie : William Margulies (Technicolor 1.37)
Un film produit par Gordon Kay pour la Universal


Sortie USA : 27 avril 1966


1880. La région de Lodgepole au Colorado est mise à sac par Drago et sa bande qui dès qu’ils ont commis leurs forfaits se réfugient au Nouveau Mexique, là où les autorités américaines ne peuvent légalement pas les appréhender. Ce jour là, le shérif Chad Lucas (Audie Murphy) et son adjoint Holt (Denver Pyle) s’apprêtent à tendre un piège aux hors-la-loi alors qu’ils sont sur le point d’attaquer un train dans lequel se trouve de l’argent destiné à empêcher la ruine de la banque de Lodgepole. Mais Holt, dont Chad ne soupçonne pas qu’il est de mèche avec Drago, tire dans le dos de son patron et le laisse pour mort. Néanmoins Chad revient en ville (sans savoir qui a tenté de le tuer) et décide de contourner les lois pour aller mettre fin hors de sa juridiction aux agissements de Drago. Au moment où il va réussir à mettre la main sur la bande, celle-ci kidnappe la vedette du saloon local, la charmante Uvalde (Joan Staley) dont on apprend qu’elle fut autrefois la fiancée du shérif. Accompagné d’une bande d’une douzaine de volontaires, Chad part à la poursuite de Drago pour récupérer l’argent et la fille ; parmi les membres du groupe, Nate Marlan (Warren Stevens), le patron du saloon qui souhaite retrouver sa chanteuse qu’il avait décidé de prendre pour épouse. Outre la bande à Drago, la milice aura également fort à faire face à des Indiens belliqueux et à un autre trio de bandits…

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Si les années 50 furent les plus prolifiques pour Audie Murphy, les suivantes ne lui laissèrent cependant pas reprendre son souffle ; et contrairement à ce que l'on aurait pu craindre, ce ‘corpus sixties’ demeura qualitativement presque tout aussi honorable que le précédent malgré évidemment quelques petits ratés dont Gunpoint ne fait néanmoins pas partie. Dernier film tourné par Audie Murphy pour Universal -son studio de prédilection à qui il n’aura fait quasiment aucune infidélité- La Parole est eu colt ne sera plus suivi que de quatre autres titres dont trois westerns, le comédien le plus décoré de la Seconde Guerre Mondiale allant décéder peu de temps après. Il me serait très malhonnête de vous faire croire que vous allez tomber sur une pépite en regardant ce western de série B au budget très restreint, mais si jamais comme moi vous estimez que la filmographie westernienne du comédien au visage poupin aura été de qualité presque égale 15 années durant, vous ne devriez pas être déçu par celui-ci qui à mon humble avis se situe dans une honnête moyenne. Alors certes ce western assez banal vous paraitra très probablement ‘déjà-vu’ et surtout assez anachronique au vu de sa date de tournage, néanmoins on peut dire qu’il s’agit là d’un très classique et respectable divertissement.

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Comme dans de nombreux de ses westerns de cette décennie dont les constructions se révèlent finalement assez semblables, Audie Murphy, homme de loi peu bavard mais qui ne s’en laisse néanmoins pas compter, va se trouver dans l’obligation de lever un ‘posse’ ; ce fut parfois pour mettre fin aux agissements d’une bande de redoutables hors-la-loi, secourir une femme kidnappée ou bien récupérer de l’argent volé. Ici le couple de scénariste s‘avère amplement généreux puisqu’il enverra le probe homme de loi à la poursuite du gang pour les trois choses à la fois ; Chad devra non seulement récupérer un imposant butin volé lors de l’attaque d’un train et qui était destiné à empêcher que la banque de la petite ville où il officie ne fasse faillite, ramener également une Saloon Gal qui n’était autre que sa fiancée plusieurs années auparavant, et enfin mettre un terme aux agissements du bandit sans scrupules et de ses hommes qui, après chacun de leurs méfaits, viennent se mettre à l’abri de l’autre côté du poste frontière afin de ne pas être appréhendés. Bien évidemment, pour maintenir le suspense et l’action, la milice improvisée éclatera ou se fera décimer au fur et à mesure de son avancée. Néanmoins, le principal intérêt du film ne réside pas dans cette intrigue sans grandes nouveautés ni surprises mais, comme ceci prévaut d’ailleurs pour beaucoup des meilleurs westerns avec Audie Murphy, dans les relations qui s’instaurent au sein du groupe constitué par des hommes aux motivations diverses et aux caractères totalement différents. C’est d’ailleurs également le cas pour le fabuleux ensemble de westerns que Randolph Scott tournera sous la direction de Budd Boetticher.

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Dans La Parole est au colt, c’est le triangle amoureux et les membres qui le composent qui s’avèrent être les éléments les plus intéressants d’un scénario manquant certes un peu de rigueur mais néanmoins plutôt rondement mené. Plus que le personnage interprété par Audie Murphy qui reste toujours à peu près semblable d’un film à l’autre (ce qui ne me semble pas nécessairement problématique tellement l’acteur est parfaitement rodé pour ce genre de rôle d’homme de loi intègre et tenace, sachant se battre avec hargne et toujours aussi charismatique malgré son petit gabarit), c’est Warren Stevens qui tire la couverture à lui sans que jamais son partenaire en haut de l’affiche cherche à lui faire de l’ombre, leur complicité/rivalité s’avérant aussi crédible que touchante (c’était déjà le cas pour le duo Audie Murphy/Dan Duryea). Warren Stevens que l’on avait vu auparavant dans des films aussi réussis que Bas les masques (Deadline USA) de Richard Brooks, La Comtesse aux pieds nus (The Barefoot Contessa) de Joseph Mankiewicz ou encore Planète interdite (Forbidden Planet) de Fred McLeod Wilcox, nous livre une prestation mémorable dans la peau de ce tenancier de saloon qui, malgré le fait de devoir sa fortune au criminel recherché, ne va pas hésiter à se joindre aux hommes de loi pour partir à sa poursuite, n’acceptant pas que pour se protéger le bandit ait kidnappé la Saloon Gal sur qui il avait jeté son dévolu. Un beau personnage élégant, racé et non dénué de romantisme auquel on peut aisément s’identifier d’autant que la fille dont il s’est amouraché (la très méconnue Joan Staley) chante aussi bien qu’elle possède de charmes. Les scènes de conversations la réunissant avec le shérif, se rappelant leur ancienne histoire d’amour, sont également plutôt émouvantes. Il est néanmoins d’emblée évident que la femme, tiraillée entre les deux, n’aura pas à faire son choix puisque les aventures qui les conduiront jusqu’au combat final se chargeront de le faire pour elle. Un paramètre ‘cliché’ qui fait également partie de la plupart des westerns de série B Universal.

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Comme le scénario dont le schéma de base a donc déjà été vu à maintes reprises, si la mise en scène s’avère elle aussi très traditionnelle et sans surprises, elle n’en demeure pas moins assez efficace, faisant étrangement penser que nous nous trouvons devant un western des années 50. Earl Bellamy est en effet un artisan consciencieux, un réalisateur chevronné puisqu’il a signé plus de 1 000 épisodes de différentes séries télévisées et qu’il fut avant ça assistant-réalisateur non moins que de Fred Zinnemann, Max Ophüls, Nicholas Ray, William Wellman ou encore Georges Cukor. Quelques mois après Gunpoint sortira d'ailleurs sur les écrans un autre de ses westerns de très bonne qualité, Sans foi ni loi (Incident at Phantom Hill) avec Dan Duryea. Si, minime budget oblige, beaucoup des scènes d’action sont issues de stock-shots de précédentes productions Universal (dont Night Passage - Le Survivant des monts lointains pour la séquence du train avec un Audie Murphy tout de noir vêtu), les nouvelles séquences s’avèrent plutôt bien 'torchées' et notamment les combats à poings nus toujours aussi hargneux lorsque Audie Murphy est de la partie. On se souviendra également des plans sur la pente inclinée lors de l’ascension de la montagne, des amples plans d’ensemble sur les immenses plateaux à ses pieds, le tout très bien photographié au sein de superbes paysages de l’Utah. On pourra également prendre du plaisir à la chanson interprétée par Joan Staley (comédienne méconnue mais non sans talent) qui reprend l’entêtant thème principal signé par l’excellent Hans J. Salter ; à d’autres moments du film, on entend quelques uns des thèmes de ce dernier qu'il avait écrit pour certains westerns d’Anthony Mann avec James Stewart ; dans l'art du recyclage, la Universal était passé maître !

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En conclusion, pour paraphraser dans les grandes largeurs ce que j’écrivais à propos de Posse from Hell (Les Cavaliers de l’enfer), un précédent western avec Audie Murphy avec qui Gunpoint possède beaucoup de points communs : un western de série B assez fauché, non dépourvu de stéréotypes et à la mise en scène ultra-classique mais sinon plutôt efficace (malgré une impression dominante de déjà-vu) et attachant notamment par le fait de nous rendre témoins de la naissance d'une amitié entre deux personnages aux caractères antagonistes (ceux joués par Audie Murphy et Warren Stevens) et de leur intéressante évolution au fur et à mesure de leur parcours. Hormis un final attendu, il s'agit d'un film à la tonalité plutôt sombre, agréable à suivre pour sa belle brochette de comédiens, ses superbes décors naturels de l’Utah, et sa très belle photographie. Un western de série B assez conventionnel mais loin d'être désagréable ; un de plus dans la filmographie de très belle tenue du comédien Audie Murphy.
ithaque
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par ithaque »

pourquoi d'une façon générale, les affiches de western se ressemblent et sont si laides ?
ithaque
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par ithaque »

Il y a eu les César récemment.
A qui remets-tu le Jérémy d'or et quels sont les nominés pour :
-meilleur réalisateur
-meilleur premier rôle masculin
-meilleur premier rôle féminin
-meilleur second rôle
-meilleur musique
-meilleur décor (naturel ou pas)
-autres
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

ithaque a écrit :Il y a eu les César récemment.
A qui remets-tu le Jérémy d'or et quels sont les nominés pour :
:lol:

Allez, pour le fun et sans réfléchir plus que ça

-meilleur réalisateur : Budd Boetticher
-meilleur premier rôle masculin : Randolph Scott
-meilleur premier rôle féminin : Joanne Dru
-meilleur second rôle : Dan Duryea
-meilleur musique : Hans J. Salter (Les affameurs)
-meilleur décor (naturel ou pas) : Les affameurs (décors naturels) / Johnny Guitar (studio)
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