Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1967

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Commissaire Juve
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Commissaire Juve »

Sacré Jérémy... :mrgreen: Je viens de chercher s'il y avait un "parcours chronologique V 1970-1979, mais je n'ai pas trouvé.

C'était pour voir si tu avais donné ton point de vue sur Les voleurs de train / The Train Robbers (1973) que je me suis refait deux fois il y a quelques jours et que je trouve toujours aussi plaisant, carré (pas trop long en plus). Seul bémol : le thème musical des gentils qui revient trop fréquemment (Dominic Frontiere a eu "une" bonne idée et il l'a utilisée jusqu'à la nausée).

PS : j'ajoute qu'il faut aussi se taper un bon nombre de scènes de feu de camp et que ce n'est pas un truc dont je raffole.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Sacré Jérémy... :mrgreen: Je viens de chercher s'il y avait un "parcours chronologique V 1970-1979, mais je n'ai pas trouvé.
Ce sera peut-être fait d'ici 2025 :mrgreen:
C'était pour voir si tu avais donné ton point de vue sur Les voleurs de train / The Train Robbers (1973)
Je ne l'ai jamais revu depuis... la pré-adolescence un jeudi soir des années 70 sur la 3ème chaine (cycle John Wayne suite à sa mort il me semble). Mais je l'ai dans ma collection et ce n'est peut-être pas une mauvaise idée de visionnage pour ces prochaines jours :fiou:
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Commissaire Juve
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Commissaire Juve »

J'ai presque été tenté par un rachat en BLU. Mais l'image upscalée du DVD se défend bien (en dehors du prologue qui propose une image au trait moins ciselé).
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Retour début 1964 pour le deuxième western réalisé par Burt Kennedy : A l'Ouest du Montana.

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Le prochain western évoqué dans cette partie devrait être Sur la piste de la grande caravane de John Sturges. Mais avant ça, on reviendra sur les trois Joel McCrea qui sortent dès aujourd'hui chez Sidonis.
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Jeremy Fox
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The Hallelujah Trail

Message par Jeremy Fox »

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Sur la piste de la grande caravane (The Hallelujah Trail - 1965) de John Sturges
UNITED ARTISTS


Avec Burt Lancaster, Lee Remick, Brian Keith, Jim Hutton
Scénario : John Gay d’après un roman de William Gulick
Musique : Elmer Bernstein
Photographie : Robert Surtees (Technicolor 2.20)
Un film produit par John Sturges pour la United Artists


Sortie USA : 23 juin 1965


Hiver 1867. A Denver dans le Colorado, les habitants sont désespérés ; une catastrophe imminente est sur le point de se produire : alors que le barman voit descendre dangereusement sa provision d’alcool, l’oracle (Donald Pleasance) annonce un hiver plus rigoureux que jamais qui pourrait empêcher tout approvisionnement dans les mois à venir et notamment la venue de 40 fourgons conduits par ‘le bon républicain’ Frank Wallingham (Brian Keith) contenant six cent barils de bière et de whisky. Mais s’il n’y avait que la future neige pour faire barrage au convoi sur la piste Hallelujah ! C’est sans compter sur les indiens qui aimeraient bien s’approprier de l’eau de feu à moindre coût, sur les convoyeurs irlandais qui ne pensent qu’à faire grève et… pire encore… sur les dames de la ligue de tempérance -avec à leur tête la charmante Cora Templeton Massingale (Lee Remick)- qui entendent s’opposer avec force à la livraison de l’alcool ! Un imbroglio inextricable pour les détachements de cavalerie commandés par le Colonel Gearhart (Burt Lancaster) et le Capitaine Slater (Tim Hutton) censés protéger le convoi et les femmes. D’autant que -attention il faut suivre- le Capitaine s’est amouraché de la fille du Colonel (Pamela Tiffin), laquelle s’est ralliée à la chef des féministes. Tempêtes de sable et sables mouvants vont se mettre également de la partie. De quoi définitivement vous couper l'envie de boire !

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Même s’il fut longtemps mésestimé, John Sturges fut l’un des réalisateurs de westerns les plus passionnants des années 50 avec notamment à la clé les chefs-d’œuvre que sont Fort Bravo (Escape from Fort Bravo), Règlements de comptes à OK Corral (Gunfight at OK Corral) ou Le Dernier train de Gun Hill (Last train from Gun Hill). Après en 1960 un Magnificent Seven (Les 7 mercenaires) qui devient un classique instantané -notamment auprès du grand public-, la plupart de ses westerns suivants furent au contraire vilipendé avec violence ; le retour de bâton d’un trop grand succès mal digéré par la critique ? Et pourtant, dans le domaine du western humoristique, 3 Sergeants n’était clairement pas le navet annoncé et ne méritait pas un tel lynchage. Il en va de même pour cette pantalonnade qu’est Sur la piste de la grande caravane certes très moyenne mais cependant loin d’être honteuse. Car non seulement là encore le spectacle est plaisant mais, en toute subjectivité, il n’est même pas interdit de le préférer à cette grosse machine sans âme qu’est justement Les Sept mercenaires. Comme j’ai pu le lire sur la toile et qui résume effectivement assez bien à la fois ses défauts et ses qualités, sa semi-réussite paradoxale, The Hallelujah Trail est un "western parodique agréablement idiot" ; on aurait déjà pu l’écrire à propos de Le Grand McLintock de Andrew V. McLaglen par exemple, néanmoins plus harmonieux et réussi. Deux films frivoles, improbables patchwork d'action et d'humour, bien divertissants à défaut d'autre chose.

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William Gulick, l’auteur du roman dont est tiré le scénario, a également écrit le livre qui a servi de base au chef-d’œuvre le plus pur d’Anthony Mann, Les Affameurs (Bend of the River). Quant au scénariste, John Gay, il n’était pas dénué de talent non plus, ayant auparavant signé entre autres pour Vincente Minnelli cette petite merveille de sensibilité et d’humour qu’est Il faut marier papa (The Courtship of Eddie’s Father) ainsi que, toujours pour le même cinéaste, le scénario formidablement dense des Quatre cavaliers de l’Apocalypse (The Four Horsemen of the Apocalypse). Comme on peut le constater, l’écriture de cette comédie westernienne n’a pas été confiée à des tâcherons ; c’est donc avant tout à John Sturges que ce semi-ratage en incombe d’autant qu’il en est aussi le producteur. Et c’est bien le réalisateur lui-même qui semble le plus mal à l’aise avec l’humour débridé du scénario, paraissant peu doué pour le timing dans la gestion des gags, pas plus pour gérer la durée excessive de son film (plusieurs versions se sont succédé, de 134 à 165 minutes) alors qu’à partir d'un pitch aussi dépouillé d'enjeux dramatiques, une heure de moins n’aurait probablement pas nui à l’ensemble, bien au contraire. Des Tuniques Bleues dérangées dans leur quotidien, une ligue féminine de tempérance sacrément vindicative, des guerriers sioux attirés par l’alcool, des mineurs déprimés d’en être privé, des irlandais revendicatifs, une milice menée par un oracle dont la clairvoyance naît de son ingestion d’alcool, un ‘bon républicain’ qui ne pense qu’à ce que sa cargaison va lui rapporter… Tout ce petit monde va brasser beaucoup de vent au milieu des paysages désertiques du Colorado autour d’un convoi transportant 600 tonneaux de bière, de whisky et de champagne… Si la mise en place de l’intrigue et la présentation de ces différents groupes s’avère cocasse et amusante, la seconde partie qui suit l’entracte est par contre vraiment non seulement lourde à digérer à force de répétition mais laborieuse dans son avancée qui ressemble bien plus à du sur-place.

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Le film de Sturges se veut un pastiche loufoque des grosses productions épiques de ce début des années 60 narrant l’épopée de l’Ouest, avec en première ligne bien évidemment La Conquête de l’Ouest (How the West was Won!) sorti deux ans plus tôt, témoin cette accroche parodique sur l’affiche américaine, ‘See How the West was Fun!’, cette voix-off un peu sentencieuse mais totalement décalée, ce même style de plans ouvrant le film, ceux de paysages majestueux… Alors que le principal défaut du premier était de traiter d’un vaste sujet en à peine 150 minutes, celui du film de Sturges est donc au contraire d’étirer sur la même durée une intrigue qui tient sur un post-it. Le film dispose certes d’une imposante logistique, d’une magnifique photo de Robert Surtees, de comédiens talentueux, utilise des cascadeurs chevronnés (il y a un plan absolument étonnant lors de la débandade des chariots des indiens arrivant face caméra ; ça ne m’étonnerait pas qu’un des Stunt Man ait été blessé à l'occasion), est filmé au sein de paysages grandioses, mis en musique par un Elmer Bernstein inspiré... il n’en est pas moins au final assez décevant d’autant plus qu’il s’essouffle au fur et à mesure de son avancée, la dernière heure s’éternisant à n'en plus finir. En attendant que ça se passe, nous aurons eu quand même de nombreuses occasions de nous réjouir grâce avant tout aux acteurs : on ne se lasse pas de l’hilarant stoïcisme de Burt Lancaster face au tumulte ambiant, de ses priorités (il dit en substance à son capitaine qu’il peut bécoter sa fille tant qu’il veut à condition de ne pas le faire sur sa peau de bête !), du charme de Lee Remick, de l’aplomb de Brian Keith ne cessant de répéter qu’il est un bon républicain, et enfin des interprétations déjantées de Donald Pleasance et d'un Martin Landau difficilement reconnaissable grimé en chef sioux. Certaines situations auront également réussi à nous dérider comme cette homérique bataille au milieu d’une tempête de sable au cours de laquelle tous les groupes se croisent sans se voir et qui n’occasionnera aucun mort.

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Sans violence aucune, une pochade westernienne dépaysante et totalement extravagante au cours du tournage de laquelle les participants semblent s’être amusés comme des petits fous au point d’en avoir oublié de nous captiver (le film fut d'ailleurs un bide monumental) : bien dommage que le scénario ne soit pas tombé entre les mains de Blake Edwards ! En l’état, on peut néanmoins arriver à se divertir, à condition de ne pas attendre monts et merveilles de cette grosse farce un peu laborieuse. John Sturges se rattrapera brillamment pour son film suivant, le très sombre Sept secondes en enfer (Hour of the Gun), sorte de suite non officielle à son Gunfight at OK Corral.
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Re: The Hallelujah Trail

Message par xave44 »

Jeremy Fox a écrit : A suivre : Cat Ballou de Elliot Silverstein avec Jane Fonda et Lee Marvin
Je m’attend à un massacre... :fiou:
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Re: The Hallelujah Trail

Message par Jeremy Fox »

xave44 a écrit :
Jeremy Fox a écrit : A suivre : Cat Ballou de Elliot Silverstein avec Jane Fonda et Lee Marvin
Je m’attend à un massacre... :fiou:

Je ne l'ai jamais vu mais autant en France il n'est pas apprécié (sauf par Harkento :mrgreen: ) autant il est considéré comme un très bon film aux USA. A suivre :wink:
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Re: The Hallelujah Trail

Message par Commissaire Juve »

Jeremy Fox a écrit :
Sur la piste de la grande caravane (The Hallelujah Trail - 1965) de John Sturges
UNITED ARTISTS


... au final assez décevant d’autant plus qu’il s’essouffle au fur et à mesure de son avancée, la dernière heure s’éternisant à n'en plus finir.
A lire le titre original, à voir la jaquette, ça sentait le roussi. Mais Burt Lancaster et Lee Remick en scope, oh oui ! Dommage.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par pak »

Pour moi l'un des plus mauvais de Sturges (et pourtant je l'adore), même si c'est plus lié au scénario crétin qu'à la mise en scène...
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

http://www.notrecinema.com/
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Re: The Hallelujah Trail

Message par Jeremy Fox »

xave44 a écrit :
Jeremy Fox a écrit : A suivre : Cat Ballou de Elliot Silverstein avec Jane Fonda et Lee Marvin
Je m’attend à un massacre... :fiou:
Bien vu !
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Re: The Hallelujah Trail

Message par xave44 »

Jeremy Fox a écrit :
xave44 a écrit :
Je m’attend à un massacre... :fiou:

Je ne l'ai jamais vu
Ceci explique tout... (non non je ne cherche pas du tout à influencer le jury... :mrgreen: )
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Re: The Hallelujah Trail

Message par xave44 »

Jeremy Fox a écrit :
xave44 a écrit :
Je m’attend à un massacre... :fiou:
Bien vu !
Tu le sais maintenant, je n'ai aucun mérite... :wink:
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Cat Ballou

Message par Jeremy Fox »

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Cat Ballou (1965) de Elliot Silverstein
COLUMBIA


Avec Lee Marvin, Jane Fonda, Michael Callan, Nat King Cole
Scénario : Walter Newman & Frank Pierson d’après un roman de Roy Chanslor
Musique : Frank De Vol
Photographie : Jack A. Marta (Eastmancolor 1.85)
Un film produit par Harold Hecht pour la Columbia


Sortie USA : 24 juin 1965


Catherine Ballou (Jane Fonda) est une jeune institutrice sur le point d’être pendue. Flash-back : que s’est-il donc passé pour que cette charmante citadine soit obligée de passer sa jolie frimousse au travers de la corde… Ce jour lointain, elle se rend en train jusqu’à Wolf City, Wyoming, pour y visiter son père. Sans le vouloir, elle aide le voleur de chevaux Clay Boone (Michael Callan) à s’enfuir avec l’aide de Jed (Dwayne Hickman), l’oncle de ce dernier qui s’était fait passer pour un prédicateur. Elle rencontrera à nouveaux ces deux hors-la-loi alors que des notables véreux, tentant de s’approprier la propriété de son père, abattent ce dernier par l’intermédiaire d’un redoutable tueur à gages ‘sans nez’. ‘Cat’ décide donc de s'en faire des complices avec pour mission de venger son père. Ce groupe de ‘pieds nickelés’ trouve également de l’aide en la personne de l’indien cultivé Jackson Two-Bears (Tom Nardini) ainsi que du légendaire tireur d’élite Kid Shelleen (Lee Marvin), devenu entre temps un irrécupérable alcoolique…

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Adapté d’un roman on ne peut plus grave de Roy Chanslor (l’auteur de Johnny Guitar), Cat Ballou s’est transformé en parodie lors de son passage sur grand écran. C’est la Columbia et le producteur Harold Hecht qui, désirant renouveler le genre, eurent cette idée de changer l’intrigue sérieuse en un pastiche des westerns classiques, les différents éléments comiques (situations, gags…) s’ajoutant au fur et à mesure de l’écriture pour aboutir à une comédie pure et dure. Détournant la plupart des codes du genre, non dénué de clins d’œil à ses prédécesseurs, le premier film signé par Elliot Silverstein, réalisateur qui n’avait jusque là travaillé que pour la télévision, s’est vu placé 10ème meilleur western de tous les temps par le très sérieux American Film Institute (sic !) De quoi disserter pendant des heures sur la différence de réception de l’humour en fonction des pays et des cultures ; car pour beaucoup d’entre nous il y a de quoi tomber des nues devant ce que nous pourrions penser être une étonnante indulgence ! Vu d’Europe, une telle 'surestimation' aurait à la rigueur pu se comprendre si Cat Ballou avait été la première comédie/parodie westernienne ; ce qui est loin d’être le cas, Cat Ballou ne venant de plus absolument rien révolutionner contrairement à ce qu'on a pu lire ici et là ! Souvenons nous au moins des réussites, nettement plus amusantes à mon humble avis, que furent Le Grand Bill (Along Came Jones) de Stuart Heisler avec Gary Cooper, La Belle du Far-West (Calamity Jane) de David Butler avec Doris Day ou encore La Vallée de la poudre (The Sheepman) de George Marshall. Même les plus récents McLintock! de Andrew McLaglen ou Sur la piste de la grande caravane (The Hallelujah Trail) de John Sturges, pourtant pas spécialement réputés pour leur délicatesse de ton, arrivaient à faire mieux fonctionner nos (mes) zygomatiques ; ce n’est pas peu dire !

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Dans leur célèbre ouvrage sur le cinéma américain, Bertrand Tavernier et Jean-Paul Coursodon attaquent leur notule sur Elliot Silverstein par une allégation comme quoi réaliser une parodie ne leur semble pas plus difficile qu’autre chose à condition de le faire avec rigueur, ce qui dans les faits n’existe quasiment pas au sein du cinéma américain puisque le genre du pastiche n’attirerait que des tâcherons. Leur conclusion à cette violente diatribe -évidemment principalement à l’encontre de Cat Ballou- se terminait ainsi : "[…] Cet abandon aux effets faciles va de pair avec la lourdeur et l'outrance. Forçant toujours son talent, Silverstein ne fait rien avec grâce et Cat Ballou ne parvient qu'à rendre désagréable à force de cabotinage un des meilleurs acteurs américains, Lee Marvin." Facilité, lourdeur, outrance… on trouve effectivement de tout ça dans Cat Ballou ; mais d’autres parodies pouvaient se voir accoler ces adjectifs péjoratifs sans que ça n’enlève rien à leur drôlerie. Au vue de l’idolâtrie qu’on lui voue outre-manche, beaucoup ont dû penser de même de Cat Ballou. La critique française n’en est pas arrivé aux mêmes conclusions ; pas plus votre serviteur qui aurait pu compter sur les doigts d’une main les occasions qu’il a eu de s’esclaffer durant ces 90 pénibles minutes et qui continue à s’étonner de certains textes théoriques sur le film lui attribuant des intentions qui me font croire ne vraiment pas avoir vu le même. Quant à Lee Marvin, ayant repris un rôle destiné au départ à Kirk Douglas, il n’est effectivement pas à son avantage, cabotinant à outrances sans arriver à nous dérider. Son obtention d’un Oscar pour cette prestation s’avère elle aussi totalement surprenante, voire même sacrément incongrue.

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De cette comédie se voulant iconoclaste mais qui se révèle en définitive très peu amusante, vous aurez bien compris que je ne sauve pas grand-chose, pas plus le scénario que la mise en scène qui rivalisent tous deux d’indigence. Et pourtant la première idée avait été assez savoureuse, le logo de la Columbia étant détourné, la femme drapée portant le flambeau se transformant en pin-up. L’idée d’avoir fait raconter ‘la légende ce Cat Ballou’ en chanson par Nat King Cole et Stubby Kaye ‘armés’ de banjos était elle aussi délectable d’autant que la mélodie de Frank De Vol (le compositeur attitré de Robert Aldrich) s'est rapidement avérée entêtante. Le seul problème est que, morfondu devant chaque séquence, plus pénible les unes que les autres, le spectateur que je suis n’a plus fait que d’attendre le retour de ces deux chanteurs ; quel plaisir de voir ce génie du jazz vocal qu’est Nat King Cole en chair et en os à de multiples reprises ! En revanche, dommage qu’ici le talent de Jane Fonda n'ait pas été mis autant en avant que sa sensualité et son exquise plastique. Dernière source de plaisir possible pour les amateurs de westerns, retrouver, même si très brièvement, les habitués du genre que sont Jay C. Flippen ou Arthur Hunnicut. Pour le reste, à vous de juger si vous vous retrouvez plutôt du côté américain ou européen puisque les avis sont d’un côté et de l’autre de l’Atlantique très tranchés et opposés. A vous de voir si les gags vous sembleront hilarants ou affligeants ! Quoiqu'il en soit, vous voilà prévenus !
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Supfiction
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Re: Cat Ballou

Message par Supfiction »

Jeremy Fox a écrit :placé 10ème meilleur western de tous les temps par le très sérieux American Film Institute (sic !)
Effectivement, c'est tellement énorme qu'il faut le voir pour le croire. :shock:
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cinephage
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par cinephage »

Sans aller jusqu'à en faire le meilleur western de tous les temps, je dois dire que ce Cat Ballou m'a beaucoup fait rire, et que Lee Marvin, tout cabotin qu'il soit, n'en est pas moins très drole, dans ce rôle très éloigné de ses interprétations habituelles. J'ai pour ma part été très agréablement surpris de ce contre-emploi.

Accompagné de la ritournelle qui accompagne chaque séquence (un motif repris, entre autres, dans Mary à tout prix des frères Farelly), l'ensemble parvient à jouer d'un humour assez irrévérencieux, tout en offrant un spectacle de qualité.
Je me sens donc du coté des Américains sur ce coup-là...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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