Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-1967

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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xave44
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par xave44 »

Un jour il faudra faire un topic sur Woody Strode car cet acteur apparait dans un nombre incalculable de westerns.
A voir son nom régulièrement au générique, on a le sentiment qu'il les a tous joué... c'est impressionnant !
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

xave44 a écrit :A voir son nom régulièrement au générique, on a le sentiment qu'il les a tous joué... c'est impressionnant !
Et pourtant, par rapport à bon nombre de seconds rôles des années 40-50, il n'en a tourné à vrai dire qu'assez peu : je dirais une douzaine environ contre plus du double pour pleins de visages connus de l'époque.
kiemavel
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par kiemavel »

Passez 50 ans, après 1960 et précisément après Sergeant Rutledge, OK, il en a tourné pas mal mais avant çà…aucun, à part une ou deux figurations. Il s'était surtout distingué dans le cinéma d'aventures et dans la plupart des cas sa contribution ne dépassait pas les 10 lignes de dialogue. C'est Ford qui lui offrit courageusement sa première vrai chance avec le sergent noir.

Au sujet de Mission of Danger , je ne l'ai pas encore vu. Connais-tu la différence par rapport à Frontière sauvage (Frontier Ranger) sorti l'année précédente. C'est une suite ? un montage différent des épisodes TV ?
Quoiqu'il en soit, celui ci était aussi médiocre que semble l'être celui sur lequel tu fais l'impasse mais comme toi du reste (il me semble), je n''étais pas non plus un grand admirateur du Grand passage de Vidor mais ces deux "suites" bâclées font tout de même regretter que King Vidor n'ai pas pu mener son projet initial au bout...
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par xave44 »

Jeremy Fox a écrit :
xave44 a écrit :A voir son nom régulièrement au générique, on a le sentiment qu'il les a tous joué... c'est impressionnant !
Et pourtant, par rapport à bon nombre de seconds rôles des années 40-50, il n'en a tourné à vrai dire qu'assez peu : je dirais une douzaine environ contre plus du double pour pleins de visages connus de l'époque.
Walter Brennan... Jack Elam... Arthur kennedy...
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

kiemavel a écrit :
Au sujet de Mission of Danger , je ne l'ai pas encore vu. Connais-tu la différence par rapport à Frontière sauvage (Frontier Ranger) sorti l'année précédente. C'est une suite ? un montage différent des épisodes TV ?
...
C'est un montage de trois autres épisodes
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

kiemavel a écrit : mais comme toi du reste (il me semble), je n''étais pas non plus un grand admirateur du Grand passage de Vidor mais ces deux "suites" bâclées font tout de même regretter que King Vidor n'ai pas pu mener son projet initial au bout...

De toute manière les deux films n'ont pas grand chose à voir et même si je ne suis pas fan du Vidor, comparativement c'est un immense chef-d’œuvre
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

xave44 a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Et pourtant, par rapport à bon nombre de seconds rôles des années 40-50, il n'en a tourné à vrai dire qu'assez peu : je dirais une douzaine environ contre plus du double pour pleins de visages connus de l'époque.
Walter Brennan... Jack Elam... Arthur kennedy...

Et bien d'autres un peu moins connus (de nom) et encore plus prolifiques.
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Re: Sergeant Rutledge

Message par Jeremy Fox »

Jeremy Fox a écrit : Nous passerons donc directement au suivant, à savoir : Les Sept Chemins du Couchant (Seven Ways from Sundown) de Harry Keller avec Audie Murphy & Barry Sullivan

Si le film de George Sherman avec Audie Murphy en ce début d'année 1960 m'avait laissé de marbre, petite réévaluation pour celui-ci avec le même comédien malgré une mise en scène toujours aussi insipide de Harry Keller. Le ton et les personnages sont suffisament intéressants et insolites pour rendre ce western finalement attachant (contrairement au précédent Quantez du même cinéaste). Critique à suivre.
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Seven Ways from Sundown

Message par Jeremy Fox »

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Les Sept chemins du couchant (Seven Ways from Sundown - 1960) de Harry Keller
UNIVERSAL


Avec Audie Murphy, Barry Sullivan, John McIntire, Kenneth Tobey, Venetia Stevenson
Scénario : Clayr Huffaker
Musique : Irving Gertz & William Lava
Photographie : Ellis W. Carter (Eastmancolor 1.37)
Un film produit par Gordon Kay pour la Universal


Sortie USA : 25 septembre 1960


Jim Flood (Barry Sullivan) sort d’un saloon une arme à la main : il vient de tuer ses partenaires au poker et s’enfuit à vive allure après avoir mis le feu à l’établissement. Le lendemain, les habitants s’en prennent au jeune Seven Jones (Audie Murphy) qui passait par là, nouvellement engagé dans les Texas Rangers ; il lui font porter le chapeau quant à l’absence d’hommes de loi lorsqu'on a le plus urgemment besoin d’eux. Jones réussit néanmoins à se tirer de cette fâcheuse posture et à se rendre à Buckley où il vient prendre son affectation. Le Lieutenant Herly (Kenneth Tobey), chef des Texas Rangers de la région, lui confie sa première mission : appréhender Jim Flood avec l’aide du plus expérimenté Sergent Hennessey (John McIntire). Ce que Herly ne révèle pas à Jones de peur qu’il en fasse une vengeance personnelle, c’est que Flood est l’assassin de son frère qui l’avait précédé à ce même poste. Avant de se lancer à la poursuite du hors-la-loi, la jeune recrue fait la connaissance de la jolie Joy Karrington (Venetia Stevenson) dont il n’est pas insensible au charme. La traque débute et Jones se rend compte au fur et à mesure qu’il s’en approche que le bandit est très populaire, grandement apprécié par la plupart de ceux dont il croise la route. Jones et son associé réussissent à le rejoindre et à le capturer mais Hennessey y laisse la vie. Jones doit désormais seul ramener Flood à Buckley où l'on prépare sa pendaison. En cours de route, affrontant ensemble plusieurs dangers (indiens, chasseurs de prime…), une estime réciproque va se faire jour entre l’homme de loi et son prisonnier…

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Avant toute chose, il est bon de savoir que le titre français assez poétique du film, même s’il semble être une traduction littérale du titre original, opère un gros contresens par le simple fait d’avoir ajouté l’article défini ‘Les’. En effet, ‘Seven Ways from Sundown’, aussi étrange que cela puisse paraître, est en fait le prénom du personnage joué par Audie Murphy. Son père n’ayant pas eu envie de chercher des patronymes à ses enfants a préféré les nommer par des chiffres en fonction de leur ordre de venue au monde, la mère ayant néanmoins souhaité tout aussi incongrument apposer une touche de poésie (ou non : ‘One for the Money’ pour l’aîné, ‘Two for the Road’ pour le suivant…) à ces prénoms chiffrés. Idée assez saugrenue mais qui correspond finalement assez bien à ce western au ton insolite, sorte de mélange pittoresque entre deux précédents westerns avec Audie Murphy, Chevauchée avec le diable (Ride Clear of Diablo) de Jesse Hibbs et Qui est le traître ? (Tumbleweed) de Nathan Juran, le scénariste Clayr Huffaker et le cinéaste Harry Keller reprenant la situation principale du premier et le ton du second. Le résultat, s’il n’atteint pas le niveau de ses deux ‘modèles’, ne s'avère pas moins plutôt distrayant. Après avoir été un monteur prolifique durant les années 40 (notamment sur le très beau L'Ange et le mauvais garçon - Angel and the Badman avec John Wayne), Harry Keller travailla à de nombreuses reprises pour le genre, mettant en scène une dizaine d’obscurs westerns de série B (voire Z) pour la Républic, qui ne sont d’ailleurs jamais sortis dans notre contrée. Quantez fut le premier d’une série de quatre westerns à budgets plus importants réalisés pour la Universal ; les deux derniers, les plus connus, ont tous deux Audie Murphy pour acteur principal, le premier étant ce Seven Ways from Sundown, le second Six chevaux dans la plaine (Six Black Horses) en 1962. Fred MacMurray joue en revanche dans les deux autres, Quantez ainsi que La Journée des violents (Day of the Badman).

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De Chevauchée avec le diable, le western d’Harry Keller reprend la situation principale qui est celle de faire se côtoyer pendant une bonne moitié du film un prisonnier et l’homme de loi venu l’appréhender, les deux apprenant à s’estimer au fur et à mesure de leur périple et des dangers qu’ils doivent affronter ensemble, et malgré le fait que la destination finale pour le hors-la-loi soit fort probablement la potence. Dans le premier film signé Jesse Hibbs, le bandit était interprété par un Dan Duryea qui s’en donnait à cœur joie (et pour notre plus grand plaisir) dans le cabotinage éhonté. Ici, c’est Barry Sullivan (l’acteur principal du 40 tueurs – Forty Guns de Samuel Fuller) qui incarne le ‘Bad Guy’ recherché par les Texas Rangers ; l’acteur a trouvé ici, comme bien souvent, le parfait équilibre entre sobriété et exubérance. Flood est un dandy épicurien et insouciant qui ne tue que par nécessité et qui préfèrerait être pendu plutôt que d’être privé des plaisirs simples de la vie que sont avant tout pour lui un cigare, une tasse de café, des femmes, du whisky ou encore un bon steak. Un homme qui clame haut et fort son désir de liberté et qui s’avère au final éminemment attachant et sympathique, capable, sans se forcer (et à vrai dire sans même chercher à le faire), de charmer aussi bien les enfants (très jolie séquence au bord d’une rivière, hommage bienvenue à la futilité et à l’insouciance, avec un jeune garçon dont l’interprète n’est autre que le fils de Mickey Rooney) que les adultes : Seven Jones, malgré sa droiture, va vite lui porter une très grande estime ; estime qui deviendra rapidement réciproque, Flood étant de son côté impressionné par la ténacité inébranlable de son geôlier ainsi que par son immense probité, n’acceptant par exemple d’être ‘acheté’ à aucun prix et refusant sans avoir eu à réfléchir sa proposition d’association pour écumer la région. Paradoxalement, toute cette deuxième moitié du film dépeignant les relations qui s’instaurent entre les deux hommes, sur le papier la partie la plus intéressante, s’avère finalement la moins réussie à l’écran, faute à un budget minime qui fait se dérouler toutes les séquences de nuit au sein de décors de studio trop étriqués et au manque de génie du réalisateur qui se contente de filmer le tout assez platement sans arriver à se mettre au niveau de son scénario.

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Attention, rien de rédhibitoire non plus : le film reste presque constamment plaisant d’autant que les dialogues sont très bien écrits et les situations parfaitement mises en place et agencées par Clair Huffaker qui signait à l’occasion son premier scénario avant d’être au générique de beaucoup d’autres films durant les vingt années suivantes (dans le domaine du western il écrira pour Michael Curtiz, Gordon Douglas, Andrew V. McLaglen pour ne citer que les plus connus). Avant donc d’en arriver à la partie qui décrit le retour au Texas des deux hommes, nous avons eu le temps durant une bonne demi-heure de faire connaissance avec les différents personnages de l'intrigue, d’une manière très nonchalante et légère apportant ce ton si particulier au film. Après un pré-générique détonant qui voyait Barry Sullivan sortir du saloon l’arme à la main après avoir tué ses partenaires aux cartes, la séquence suivante faisait immédiatement entrer en scène son futur rival, la nouvelle recrue des Texas Rangers interprétée par un Audie Murphy dont on dirait qu’il n’a pas vieilli depuis le début de sa carrière. Alors que cette même année 1960 il semblait très fatigué dans Le Diable dans la peau (Hell Bent for Leather) de George Sherman (réalisateur qui avait d’ailleurs été pressenti pour tourner Seven Ways from Sundown) ou beaucoup plus âgé avec sa moustache dans Le Vent de la plaine (The Unforgiven) de John Huston, le comédien revient pour une troisième fois dans un western, étonnement rajeuni en comparaison de ses prestations dans les deux titres précédents. Il s’avère très convaincant dans le rôle de ce jeune Texas Ranger gauche, crédule, inexpérimenté mais d’une honnêteté à toute épreuve, protagoniste auquel il n’est pas difficile de s’identifier, le comédien n’en faisant jamais trop dans l’héroïsme. Avant que la traque ne se mette en place, les auteurs prennent donc leur temps pour nous décrire la petite ville dans laquelle vient officier Seven Jones avec aussi la peinture d'autres protagonistes très intéressants comme ceux interprétés par le toujours aussi talentueux John McIntire, le très bon Kenneth Tobey ou la jeune et jolie Venetia Stevenson, fille du cinéaste Robert Stevenson qui tombera amoureuse de son partenaire au cours du tournage, raison probable pour laquelle les rares scènes qu’ils partagent sont aussi irrésistibles, Audie Murphy n’étant de plus presque jamais meilleur que lorsqu’il doit jouer la maladresse et la timidité auprès des femmes.

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C’est également durant cette première partie que l’on apprend d’emblée tous les enjeux du film, les secrets de famille comme celui de la provenance de ces patronymes aussi pittoresques que ceux de la famille Jones, ou encore le fait que le ranger novice va devoir sans le savoir poursuivre l’assassin de son frère. Une partie qui dans son style visuel (décors, maquillages, costumes et photographie), par le ton adopté et les personnages du petit garçon et de la jeune femme, fait parfois plus penser à une comédie familiale qu'à un western sans que ce ne soit gênant, tout au contraire, le film ne devenant en revanche jamais ni lourd de menaces ni tendu comme l’intrigue nous le faisait envisager. Ceci est à la fois la force et la faiblesse de ce western : un ton insolite qui perdure durant la partie censée être plus dramatique et qui par ce fait empêche le film d’être plus émouvant, ce qu’était en revanche arrivé à mener à bien Nathan Juran au travers de son excellent Qui est le traître ? (Tumbleweed). S’ensuit donc après une charmante première partie le début de la traque se déroulant au milieux de paysages divers et variés, tous filmés avec professionnalisme à défaut d’ampleur. Une portion du film très courte surtout destinée à nous faire entrapercevoir le côté équivoque du bandit : s’il semble impitoyable et dangereux aux yeux de la justice et de la loi, il s’avère d’une grande générosité aux yeux de la plupart de ceux dont il croise la route. Étant donné que nous ne l’avons pour l’instant vu que quelques secondes en début de film, on ne sait plus trop à quoi s’attendre de sa part et l’impatience se fait grandissante de pouvoir enfin faire sa connaissance. Puis arrive la troisième partie du film consacrée au retour de l’homme de loi avec son prisonnier, succession de scènes dialoguées et de scènes d’action (dont l’excellente séquence des chasseurs de primes, la plus sombre du film). Et c’est là que le duo Murphy/Sullivan fait montre de tout son talent même si on aurait préféré un autre metteur en scène derrière la caméra pour réhausser le tout. Comme nous le disions ci-avant, le film parait alors vouloir être plus dramatique sans réellement y parvenir, la belle séquence finale (qui n'est pas surprenante puisque le conflit semble inévitable depuis le début) n’arrivant pas à nous toucher autant que nous l'aurions souhaité. C’est donc bien là le principal défaut du film ; le cinéaste est bien trop sage pour arriver à faire plus que plaisamment nous divertir : ce qui n’est certes déjà pas si mal.

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Des situations classiques légèrement modernisées par la manière qu’a le scénariste de les prendre à la légère (un peu trop parfois ; voire l’attaque indienne qui pour nos deux héros ressemble un peu trop à du tir aux pigeons) mais une mise en scène qui manque de rythme et n’arrive pas à tirer partie de toutes les possibilités du scénario, de superbes paysages naturels (notamment Red Rock Canyon dans le Nevada) mais des décors de studio parfois très cheap, une agréable bande originale mais une photographie assez quelconque, des comédiens parfaitement dirigés pour un western plaisant mais sans assez de tension lors des moments dramatiques. Cependant au final, un film tout aussi sympathique qu’insolite, laissant un arrière goût amer dans la bouche tout comme dans celle du personnage joué par Audie Murphy lorsqu’il se rend compte que de ne pas dévier de sa ligne de conduite et de son sens de l’éthique, et donc dans son cas appliquer la justice à la lettre, n’est pas toujours très agréable ; on imagine ce qu'aurait pu tirer de cette thématique un cinéaste plus chevronné. Mais somme toute, néanmoins une bonne série B !
Geoffrey Carter
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Geoffrey Carter »

J'ai parcouru ce colossal travail, et c'est extrêmement impressionnant. Ce parcours est une véritable mine d'or pour tous les amateurs du genre, votre travail est tout simplement titanesque. Cela va me permettre de plus de faire quelques jolies découvertes (même si vraisemblablement il me reste peu de « grands films » à visionner dans le western). Je n'aurais que deux mots : félicitations et merci !
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Jeremy Fox »

Un grand merci à toi. On a toujours besoin de tels encouragements pour mener à bien un tel chantier :wink:

Là je suis sur autre chose (des films français qui vont bientôt sortir en DVD) mais je ne laisse pas tomber. Il va juste falloir patienter au cours de cette quatrième partie qui sera mise à jour moins régulièrement que les trois précédentes :wink:
Geoffrey Carter
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par Geoffrey Carter »

Jeremy Fox a écrit : Là je suis sur autre chose (des films français qui vont bientôt sortir en DVD) mais je ne laisse pas tomber. Il va juste falloir patienter au cours de cette quatrième partie qui sera mise à jour moins régulièrement que les trois précédentes :wink:
Bien sûr. Un petit essoufflement est bien naturel surtout après avoir chroniqué plus de 350 films. Je vous souhaite en tout cas une très bonne continuation et un bon courage pour tout votre travail, je suivrai toujours vos chroniques avec attention.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par someone1600 »

Jeremy Fox a écrit :Un grand merci à toi. On a toujours besoin de tels encouragements pour mener à bien un tel chantier :wink:

Là je suis sur autre chose (des films français qui vont bientôt sortir en DVD) mais je ne laisse pas tomber. Il va juste falloir patienter au cours de cette quatrième partie qui sera mise à jour moins régulièrement que les trois précédentes :wink:
Ça ne parait pourtant pas. Toujours aussi passionnant de te suivre jeremy. :-)
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Jeremy Fox
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One Foot in Hell

Message par Jeremy Fox »

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Les Hors-la-loi (One Foot in Hell - 1960) de James B. Clark
20TH CENTURY FOX


Avec Alan Ladd, Don Murray, Dan O'Herlihy, Dolores Michaels, Barry Coe
Scénario : Sydney Boehm & Aaron Spelling
Musique : Dominic Frontiere
Photographie : William C. Mellor (DeLuxe 2.35)
Un film produit par Sydney Boehm pour la 20th Century Fox


Sortie USA : 19 octobre 1960


Mitch Garrett (Alan Ladd ), ex-soldat confédéré, arrive une nuit à Blue Springs, petite bourgade de l'Arizona, avec sa femme enceinte sur le point d’accoucher. Le comité d'accueil se révèle fort désagréable et tellement suspicieux que pour une question de quelques dollars et de quelques minutes, la femme meurt en couches. Mitch feint ne pas en tenir rigueur aux citoyens lui ayant fait perdre du temps et ayant ainsi provoqué ce drame. Il accepte même de devenir le second du shérif, place qu’on lui offre en dédommagement. Rempli de haine, il n’en prépare pas moins de redoutables représailles ; il envisage non seulement de cambrioler la banque mais également d’éliminer tout ceux qu’il considère comme les responsables de son malheur. Pour cela, il s’accoquine avec quelques ‘rebuts’ de l’humanité qu’il n’aura donc ensuite aucun scrupules à éliminer une fois sa vengeance accomplie : l’alcoolique Dan Keats (Dan Murray), la prostituée Julie Reynolds (Dolores Michaels), le tireur d’élite Stu Christian (Barry Coe) ainsi que le dandy peu scrupuleux Harry Ivers (Dan O’Herlihy). Mitch se transforme du jour au lendemain de citoyen modèle en tueur de la pire espèce…

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‘Un tueur de la pire espèce’ : non vous ne rêvez pas, il s’agit bien au sein du film Les Hors-la-loi du personnage de Mitch Garrett interprété par Alan Ladd, comédien qui à l'intérieur du genre a pourtant la plupart du temps représenté l’honnêteté, l’affabilité et la droiture. Un rôle qui s'avère sacrément culotté, totalement à contre emploi pour l’acteur à l’occasion de sa dernière prestation dans un western. Ce One Foot in Hell (titre original bien plus parlant et percutant que le titre français totalement passe-partout), s’il ne vient pas clôturer de la plus belle des manières le corpus westernien tout à fait remarquable d’Alan Ladd, vient cependant faire oublier les deux précédents et assez ternes L’or du hollandais (The Badlanders) de Delmer Daves et surtout, tourné quelques semaines plus tôt, Tonnerre sur Timberland (Guns in Timberland) de Robert D. Webb ; ces deux films détonaient un peu en mal au sein de sa filmographie westernienne après tant de réussites signés Leslie Fenton (Smith le Taciturne – Whispering Smith), George Stevens (L’Homme des vallées perdues - Shane), Raoul Walsh (La Brigade héroïque - Saskatchewan), Michael Curtiz (Le Fier rebelle - The Proud Rebel) ou Gordon Douglas (La Vallée des loups - The Big Land). Dans One Foot in Hell, à seulement 46 ans, Alan Ladd semblait vraiment en bout de course, physiquement très marqué par ses importants problèmes d’alcoolisme. Ca ne l’empêchera pas de donner une prestation honorable cependant éclipsé par certains de ses partenaires, en l’occurrence un Don Murray qui, après sa superbe interprétation dans Duel dans la boue (These Thousand Hills) de Richard Fleischer, nous fait à nouveau oublier à quel point il avait semblé fadasse à ses débuts, et surtout la superbe Dolores Michaels (déjà remarquée dans L’Homme aux colts d’or - Warlock d’Edward Dmytryk), aussi charmante que talentueuse mais qui ne fera malheureusement pas une grande carrière.

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Don Murray et Dolores Michaels formeront d’ailleurs un très joli couple au cours de la deuxième partie du film, nous octroyant les plus belles séquences de ce western dont celle au bord de la rivière (soutenue par un thème d’amour sublime signé par le compositeur Dominic Frontiere) qui n’a rien à envier aux scènes romantiques semblables dans les films de Nicholas Ray ou d'Elia Kazan. Dan et Julie sont deux laissés pour compte, un alcoolique et une prostituée, qui pensent pouvoir repartir de zéro après le hold-up dans lequel ils se sont engagés. Ils tombent amoureux et décident non seulement d’abandonner le gang de hors-la-loi mais aussi, à la toute fin, de restituer intégralement le butin afin de partir sur des bases nouvelles, un nouveau départ altruiste et idéaliste qui ne se fera qu’après avoir éventuellement purgé une peine pour leurs méfaits. Ce sont eux les véritables héros positifs du film, eux qui apportent une bouffée d'air frais au milieu de cet univers délétère ; mais ce dont ils ne se doutent pas c’est que leur employeur a l’intention de s'en débarrasser une fois leur forfait accompli, Mitch s’étant persuadé qu’en tant que rebuts de la société ils n’avaient pas le droit à vivre. On comprend dès lors à quel point le film de James B. Clark est un des westerns les plus radicaux sur l’horreur de la vengeance, sorte de précurseur de High Plains Drifter (L’Homme des hautes plaines) de Clint Eastwood, avec un personnage de justicier encore moins excusable, sans aucun problèmes de conscience. Alan Ladd a vraiment pris de gros risques en acceptant d’interpréter le rôle d’un homme qui devient haïssable après la mort de sa femme, se vengeant non seulement des hommes qu’il tient pour responsable de son drame familial mais se débarrassant également du shérif afin de prendre sa place, ainsi que, une fois sa vendetta terminée, des coéquipiers qu’il a engagé expréssément pour arriver à ses fins.

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Nous n’avions jamais eu l’occasion de voir le comédien se lâcher de la sorte, et ce avec une belle conviction. Après que sa femme soit morte, on le voit craquer en cris et pleurs, s’écrouler de chagrin. Lui qui avait toujours été d’une sobriété exemplaire, souvent même taxé de terne, il nous étonne et d’ailleurs tout autant lorsque son personnage devient sinistre et sacrément inquiétant, posant avec aplomb et folie "ce pied en enfer", se transformant peu à peu d’époux attentionné en tueur impitoyable et sans âme, rongé qu’il est par la haine et un insatiable désir de vengeance. Ce qui a surtout dû être également difficile pour Alan Ladd, c’est le fait que son trouble personnage doit pendant une bonne partie du film s'employer à gérer l'alcoolisme de celui joué par Don Murray alors que la situation devait être probablement inverse sur le tournage. Ils bénéficient en tout cas tous deux d’intéressants protagonistes grâce à l’astucieux, inhabituel et surprenant scénario de Sydney Boehm (Règlement de comptes - The Big Heat de Fritz Lang) qui prend le spectateur à rebrousse-poil, ce dernier se trouvant dans l’impossibilité de s’identifier à l’antihéros au fur et à mesure de ses obsessions grandissantes s’apparentant presque à de la folie furieuse. Lorsque l’on se rend compte qu’il s’avère dans le même temps machiavélique par le fait de vouloir, tout en mettant sa vengeance en action, profiter de la situation qu’on lui offre, et que l'on devine qu’il se pense supérieur à beaucoup, jugeant la plupart des laissés pour compte comme des moins que rien ne méritant même pas de vivre, on est encore plus surpris par l'audace des auteurs, la noirceur extrême de leur 'héros'. Dommage que la mise en scène de James B. Clark, réalisateur ayant surtout œuvré pour la télévision, ne soit pas du même niveau, un peu pataude, auquel cas contraire nous aurions pu nous trouver devant un très grand western.

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En l’état, le professionnalisme de chacun des participants fait que le film tient néanmoins très bien la route ; il est cependant paradoxal qu’en tant qu’ancien excellent monteur (Qu’elle était verte ma vallée de John Ford ; Péché mortel de John. M. Stahl ; Le Jardin du diable de Henry Hathaway… ), James B. Clark ne se soit pas plus préoccupé du montage de son film, ce dernier, pour le moins calamiteux, s’avérant l’un de ses plus grand points faibles. Dans le même ordre d’idées, on pouvait déjà s’étonner que les films réalisés par Rudolph Maté aient été pour la plupart aussi fades au niveau de la photographie. Quoiqu'il en soit, un western assez inhabituel par la noirceur et le côté sinistre de son personnage principal, qui dans le même temps (mais ce fut souvent le cas au sein des westerns des années 50) pointe du doigt la bassesse, l’hypocrisie et le conformisme d’une petite ville de l’Ouest. Le film se suit sans ennui mais n’arrive jamais à se hisser au dessus de l’honnête série B (ce qui n’est déjà pas négligeable) faute à une mise en scène totalement impersonnelle qui l’empêche d’atteindre le niveau que laissait augurer son scénario, quasiment typique d’un film noir. A signaler pour l’anecdote que l’histoire écrite par Aaron Spelling avait déjà l’année précédente été adaptée pour la télévision par John Frankenheimer avec Sterling Hayden dans le rôle de Mitch Garrett et Carolyn Jones, alors Mme Spelling.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique IV 1960-19

Message par ballantrae »

J'ai toujours autant de mal avec Alan Ladd qd j'aperçois sa face poupine mais dois reconnaître qu'il n'est pas si mal.Sûrement l'acteur vedette de westerns le plus improbable avec le Trintignant du Grand silence.
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