L'Ombre d'un doute est assurément un très grand chef d'oeuvre, qui fait partie des six meilleurs films du maître au même titre que Fenêtre sur Cour ou Psychose. Joseph Cotten et Teresa Wright livrent une superbe interprétation, dans une histoire originale d'Hitchcock née d'une collaboration avec Thornton Wilder. Le suspens est parfaitement géré jusqu'à la scène finale, terrifiante, du train. Le spectateur vit en même temps que la jeune fille, progressivement, l'effondrement de son idole. Joseph Cotten est le héros du film et en même temps le méchant, c'est un personnage très complexe qui a un profond mépris pour la société. Le film contient des petites pépites de suspens, comme la scène où Charlie n'a que quelques minutes pour atteindre la bibliothèque : le spectateur se demande tout le long de son trajet, retardé par différentes choses, si elle va arriver à temps ou non. La scène finale, quant à elle, est une véritable anthologie. Quelques métaphores intéressantes : la fumée noire du train symbolisant l'arrivée du diable dans une paisible ville. Enfin, beaucoup d'humour dans ce film, avec les seconds rôles très bien choisis, notamment Hume Cronyn qui tournera avec Hitchcock dans Lifeboat et collaborera aux scénarios de La Corde et Les Amants du Capricorne.
Le long-métrage, tourné en décors réels à Santa Rosa, reste visuellement très beau. La musique de Dimitri Tiomkin, qui donne dans des registres différents tout au long du film, accompagne ce dernier merveilleusement. On peut regretter deux choses : quelques incohérences scénaristiques, et le manque de charisme évident de Macdonald Carey, alias le détective.
18/20
Lien vers la Chronique Classik du film