René Allio (1924–1995)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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René Allio (1924–1995)

Message par bruce randylan »

En attendant la sortie des coffrets DVDs, il y a la rétrospective à la cinémathèque. :)
L'occasion d'une découverte totale du cinéaste dont j'avais cependant déjà lu le nom suite au passage à l'Etrange Festival l'an dernier de Moi, Pierre Rivière.... Ca tombe bien, c'est avec ce titre là que j'ai commencé le cycle.

donc : Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère... (1976)

juin 1835, un triple meutre particulièrement violent est commis sur 3 membres de la même famille. L'enquête découvre très rapidement que le coupable n'est autre que le fils de cette famille. Rapidement arrêté, il raconte comment il en est venu à cet acte.

Un film souvent passionnant par son approche d'une reconstitution très proche du documentaire basé sur les écrits même de l'époque. Allio ne prend jamais parti et ne juge personne, il laisse seulement la parole à ses personnages, avec en grosse figure centrale ce jeune adulte d'une vingtaine d'années. Un personnage qui se dessine par touches successives suivant les témoignages qui en font une personne dérangée et sadique, un enfant dévoué à son père et un marginal pas bien méchant. Bref, pas de quoi avoir un portrait définitif et cohérent ni de quoi avoir à répondre à toute les questions. C'est ce flou, ces zones d'ombres et son ambiguité qui fontt la force du récit même si on comprend bien-sûr les motivations profondes qui l'ont poussé à tué sa mère, sa soeur et son frère.
Allio en profite aussi pour décrire de manière très pudique la relation entre un père et son fils, thème qui semble central voire primordial dans les 3 autres films que j'ai pu voir de lui par la suite. Il parvient ainsi à en faire un oeuvre personnelle (et qui n'est pas très tendre envers les femmes)

Après, au niveau de la forme, j'ai plus de réserves. Même si le film se veut réaliste et proche du documentaire, j'ai trouvé la photographie tout de même particulièrement pauvre et plate (moche quoi). Un côté téléfilm qui dessert tout de même un peu l'immersion. Même chose avec une volonté de mélanger acteurs professionnels et réels paysans. La recherche d'authencité voulu par l'auteur accouche malheureusement d'une interprêtation bancale des seconds rôles qui du coup n'a rien de naturel (cf la réaction devant les cadavres au début du film).

Mais voilà bien un oeuvre singulière, original, farouchement indépendante et intègre et qui s'inscript en plus dans l'univers du cinéaste. Salvateur quelque part.
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bruce randylan
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Re: René Allio (1924–1995)

Message par bruce randylan »

Retour à Marseille (1979)

Vivant depuis des années en Italie, un marseillais revient dans sa ville natale pour l'enterrement d'une de ses tantes. Son neveu, jeune délinquant, lui vole sa voiture qui contient des papiers importants mais pas forcément légaux.

Pas plus accroché que ça à celui-ci. L'histoire comme les personnages ne m'ont pas vraiment touché, un peu trop nonchalent, comme s'il était à moitié concerné par ce qu'ils traverse. Il faut dire que l'atmosphère baigne dans une atmosphère nostalgique qui vire carrément au passéisme outrancier. C'est certes le coeur du sujet avec cet homme qui s'est éloigné de sa famille et dont le retour donne à ses proches l'occasion de parler du Marseille d'avant : les mentalités d'avant, les batîment d'avant, les copains d'avant, les métiers d'avant, l'honneur d'avant, la jeunsse d'avant, les maison d'avant... Au bout d'un moment, ça devient usant au point que son personnage principal explose lui-même et les envoye ballader avec leur souvenirs et leurs passé. Mais du coup, on ne sait pas trop quel est le regard et le point du cinéaste sur ce qu'il filme.
Avec le recul (et la découverte de 2 autres films du cinéaste centrés sur la dépression et le passé de Marseille), je me demande si ça ne traduit pas des doutes d'Allio sur son propre cinéma, comme s'il cherchait à sortir de ses thèmes de prédilection mais sans y parvenir. Une sorte de constat d'impuissance, un problème de renouvellement.

En tout cas, avec 2h, le film tourne un petit en rond, ses personnages font régulièrement du surplace et radotent donc régulièrement (car ils ne savent pas non plus comment faire ou n'en ont tout simplement pas conscience). Par contre la dernière demi-heure est beaucoup plus réussie quand on revient à une narration plus traditionnelle où l'histoire progresse de nouveau. On sent plus d'émotion, plus de dilemnes, plus d'intérêt tout simplement. D'ailleurs la mise en scène m'a paru pus inspirée (joli moment d'attente autour de la caravane ; la dernière scène)

L'ensemble demeure de qualité et il y a toujours une vraie justesse dans l'écriture d'Allio mais elle est trop diluée dans son manque de direction. Et la mélancolie des personnages est un peu lassante sur la longueur.

Après j'avoue que les problèmatiques et la sensibilité marseillaise ne sont pas ce qui me touche le plus. Ca devrait sans doute mieux fonctionner sur ceux qui ont connu l'évolution de la ville de l'intérieur.
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Re: René Allio (1924–1995)

Message par bruce randylan »

La meule (1963)

Pendant la seconde guerre mondiale, un trio d'ami se livre à de la contrebande de nourriture. Le lieu de stockage est une immense grange en rase campagne

1ère réalisation d'Allio, ce court-métrage est plutôt une agréable surprise. C'est assez différent du reste de sa filmographie (enfin les 4 que j'ai vu) : cinémascope en noir et blanc.
C'est classieux, élégant avec un amour de la caméra assez évident. Le scénario est souvent maladroit avec des ellipses (géographiques) un peu faciles et des personnages qui ont du mal à nous touchent véritablement. Cela dit, c'set dans l'optique de son écriture avec des personnages non manichéens que le cinéaste ne juge pas. Leurs personnalité sortent en tout cas des canons du genre : ils sont lâches, faibles, orgueilleux, se livrent au marché noir, ne se comportent pas de manière très intelligente. Les notions de "résistances" ou de "collaboration" ont assez floues et semblent surtout correspondre à des motifs d'intérêts personnels et certainement pas idéologiques. Ils apparaissent ainsi plus pathétiques qu'autre chose, comme de grands enfants dépassés par le conflit mondial, évitant de la sorte un regard cynique.
La réalisation les rend donc assez "pataud" dans des longs plan-séquences où leurs désorganisations dans leurs combats ressemblent avant tout à des chamaillades puérils... Sauf que l'issue est plus tragique que dans une cour de récréation.
C'est un film en tout cas fort maitrisé techniquement avec une gestion du temps astucieuse, jouant des répétitions, des gestes habituelles pour tirer une grâce presque amoureuse autour du couple de contrebandiers. Le lieu - toujours connoté sexuellement - de la meule de foin s'y prête évidément mais rapidement teinté de menace et de mort.
Pour une oeuvre de jeunesse, il y a en tout cas une volonté de sortir des sentiers battus.


L'heure exquise (1980)

René Allio parle de Marseille et de sa famille

Si les 2 films (et demi) que j'avais vu jusque là m'avaient plu avec plus ou moins de réserves, celui-là m'a ravi au plus haut point. Ce documentaire d'une heure est une petite merveille de sensibilité, de poésie pour une approche autobiographique et donc terriblement personnelle. Allio parle de Marseille, de ses collines, de son architectures qui dépend en réalité de celui qui la façonne selon le lieu où il habite, de sa population (terrestre ou maritime) , de ses ruelles sinueuses, de sa typographie si particulière etc... Le texte est amoureux, glissant sur les mots comme la caméra parcourt les rues, les descentes, les rivages etc... Même pour quelqu'un comme moi qui ne garde pas forcément un bon souvenir de cette ville ( je n'y suis passé qu'une fois le temps qu'un après-midi), difficile de ne pas se faire emporter par la vision d'Allio (même si elle vire parfois à l'hagiographie manquant de recul comme lorsqu'il dit que pas une ville n'est pas labyrinthique que Marseille).

Puis au bout d'une vingtaine de minutes, son discours se recentre sur sa famille, comment ses parents se sont rencontrés, comme leur union a dépassé le refus initial de ses grands-parents, les différents endroits où ils ont vécu, grandi, travaillé, leurs petites habitudes, leur grande famille. Ca pourrait être narcissique et sans intérêt mais c'est passionnant et surtout touchant. Le texte est toujours aussi limpide, truffés de mots délicieux, de détails charmants, de trouvailles poétiques. Il dessine quelque chose de beaucoup plus large que sa seul famille, quelques choses à la fois générationnel mais aussi d'universel. Il se permet même de passer du documentaire au roman-photo (pour ainsi dire) et même la reconstitution lors qu'il évoque les désillusions amoureuses de son oncle qui le poussèrent au suicide pour une séquence mémorable.
Cerise sur le gâteau, la photographie est lumineuse (la restauration avait l'air très récente)

Un document précieux et réellement émouvant, où Allio se livre sans exhibitionnisme, avec une pudeur délicate et une générosité chaleureuse. Un petit bijou... Que dis-je ! Une parure étincelante ! :D
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bruce randylan
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Re: René Allio (1924–1995)

Message par bruce randylan »

Pierre et Paul (1969)

Pierre est un architecte qui a réussi dans la vie : il travaille dans une grosse société, il est fiancé à une jolie secrétaire et les crédits lui permettent de vivre pleinement du confort matérialiste. Mais le décès de son père, dont il n'était pas nécessairement proche, le plonge dans une profonde dépression.

Alors, celui-là je ne l’ai vraiment pas vu venir !
J'y suis même allé au dernier moment (la cinémathèque annonçait une copie virée et les deux mémoires était diffusé dans la rétro Chris Marker à Pompidou en même temps).
Et bien je ne le regrette pas ! C'est un chef d'oeuvre. De très loin ce que René Allio a fait de mieux pour les 5-6 que j'ai vu.
Non pas que le film soit époustouflant visuellement, que ce soit la mise en scène du siècle ou les dialogues soient éblouissants. C'est au contraire un film très simple dans son approche et sa direction (sans pour autant être du naturalisme). Et c’est justement toute sa force. Pierre et Paul est l'un des films les plus lucide sur la façon dont la société de consommation peut conduire à une crise existentielle.
C'est intelligent et diablement efficace car Allio ne cherche jamais à dénoncer, faire un film à thèse ou à marteler son discours. Il est beaucoup plus subtil et sensible que ça. Tout passe par l'évolution d'un Pierre Mondy sidérant dans un registre que je ne lui connaissais pas. C'est son parcours qui pointe du doigt les dérives d'une société où les biens matériels conditionnent une population à une normalisation insidieuse.
Une scène banale vient mettre à jour ce malaise chez Pierre : il vient d'acheter un appartement dans un HLM flambant neuf. Ravi et fière de cette acquisition, il part se raser sur son balcon avant de réaliser que dans l'immeuble en face, tous les hommes en face font la même chose que lui et à la même heure. Il pensait être unique (comme la publicité nous le vendait - litéralemen) mais il comprend que son mode de vie n'est que superficiel et tristement formaté sur un modèle que tout le monde adopte sans se questionner.
Cette prise de conscience, accentué par la mort de son père, est le début d'une spirale inéluctable de la dépression.
Là, où le film est vraiment admirable, c'est qu'il ne s'écarte jamais de la cohérence psychologique de Pierre. Pas de happy end, pas de morale rassurante, pas d'apaisement.
Nous subissons comme lui ce sentiment d'impuissance, d'incompréhension, d'injustice, de méfiance envers la pitié de ses proches. On aurait facilement pu prendre en grippe ce personnage mais son évolution étant progressive et le cinéaste parvenant subtilement à traduire son écœurement grandissant qu'on ne peut que souffrir avec lui.
La fin est vraiment incroyable à ce titre, une explosion fataliste, mélange defrustration, de colère, de résignation et d'impossibilité à se reprendre en main. J'ai rarement vu un appel à l'aide aussi déchirant et brutal.

Un film étonnant, sans la moindre concession et nourri de détails auto-briographique. C'est vraiment passionnant de le découvrir après l'heure exquise puisque Allio reprend certaines choses de son propre père comme le chiffon qu'il cachait dans le trou d'un mur pour nettoyer ses chaussures sur le chemin de son travail.
En tout cas vu la noirceur résignée du film et sa description très amer de la société française, il n'est pas surprenant que Pierre et Paul fut un échec retentissant au box-office. On ne peut que le regretter et il faut espérer qu'il soit redécouvert rapidement.

En bonus, une chanson de Jacques Dutronc présent dans la BO (et écrite pour le film ?)
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Re: René Allio (1924–1995)

Message par riqueuniee »

Les Camisards
Un film que je voulais voir depuis très longtemps, et que la rétrospective de la Cinémathèque m'a permis d'enfin découvrir. Pas de déception. Le film est très beau. Pour commencer, les images sont magnifiques (le film a été tourné sur les lieux mêmes de l'histoire). Le film est parfois décrit comme austère, alors que (à mon avis) il ne l'est pas du tout. Certes, ce n'est pas un film à gros moyens (ça se sent parfois), et cherchant le spectaculaire, mais ce n'est pas non plus un film minimaliste. Il suit au quotidien le destin d'un groupe de ceux qu'on nommera plus tard les Camisards (le film se situe en 1702, au tout début de la révolte des Camisards, et le terme n'apparaît dans le film que lors de la dernière scène). Il est largement basé sur les souvenirs de Jacques Combassous, interprété par Rufus , Il sert parfois de narrateur (voix off intervenant assez peu). Sauf erreur, c'est un personnage qui a réellement existé, comme -et là c'est sûr- Abraham Mazel, Gédéon Laporte et Jean Cavalier, qu'on voit aussi dans le film (et sans doute d'autres). L'interprétation (par des professionnels, sauf éventuellement de très petits rôles, proches de la figuration), est excellente.
On pourra reprocher au film de ne pas montrer comment cela a pu virer au fanatisme chez certains . C'est un thème juste esquissé , à la fin , à travers Abraham Mazel. Mais ce n'est pas le propos du film, ça pourrait être par contre celui d'un film narrant la suite des événements (Jean Cavalier, qui n'a qu'un rôle très secondaire ici, est devenu par la suite un personnage très important- il le reste pour les Cévenols, protestants ou non- dans le déroulement des événements, et s'opposa autant au fanatisme de certains qu'aux persécuteurs).
Le film a aussi le mérite d'aborder un thème très peu traité par le cinéma français. Les films sur les protestants français doivent se compter sur les doigts d'une seule main...
Bref, une très belle découverte.
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Re: René Allio (1924–1995)

Message par bruce randylan »

riqueuniee a écrit :Les Camisards
Pas vu celui-là et je ne pourrais pas le voir en deuxième passage mais comme il est dans le premier coffret DVD, je me sens moins frustré (reste à trouver les finances :| )
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Re: René Allio (1924–1995)

Message par lecoinducinéphage »

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Sortie du premier volume des "Carnets" de René Allio, en version intégrale.

Présentation :

Des petits carnets toujours de même format, de couleur rouge, marron ou noire...
De 1958 à 1995 (l’année de sa mort), René Allio, réalisateur entre autres de Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère, des Camisards et de La Vieille dame indigne, remplit pour son usage personnel des carnets — une quarantaine au total.

En 1991, l’historienne Arlette Farge en collaboration avec lui en publie de larges extraits couvrant les années 1970-1990.

Vingt ans plus tard (la totalité des carnets est écrite, Allio ne cesse de nous intéresser), une intégrale s’impose. Pour les chercheurs qui y trouveront une mine d’informations; parfois des corrections, des erreurs factuelles (de datation par exemple) que perpétuent des ouvrages anciens.

Une intégrale qui comporte néanmoins des risques : publier ce qui n’était pas écrit pour être publié et qui en l’occurrence peut apparaître parfois comme anecdotique ou sans intérêt.

Enfin, intégrale, cette édition est aussi pédagogique.

Un bien grand mot certes pour dire qu’elle s’est dotée d’un dispositif d’accompagnement qui manquait à l’édition de 1991 et à son lecteur.
Ce qui frappe au premier abord dans Les Carnets, c’est le caractère hétérogène et hétéroclite du discours qui résulte évidemment de la discontinuité de l’écriture, de la réactivité tous azimuts du rédacteur et de l’amplitude temporelle du récit (à trente ans d’intervalle, Allio n’est plus le même)...
Cette publication permettra de mieux faire connaître « l’un des réalisateurs les plus singuliers du cinéma français »

http://www.web183018.clarahost.fr/proch ... 55392.html
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Re: René Allio (1924–1995)

Message par Jack Griffin »

L'excellent La vieille dame indigne ce soir sur Arte

A ne pas louper

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http://www.critikat.com/actualite-cine/ ... digne.html
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Kevin95
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Re: René Allio (1924–1995)

Message par Kevin95 »

LA VIEILLE DAME INDIGNE - René Allio (1965) découverte

Ode à la liberté et à l'éternelle jeunesse. La Vielle Dame indigne est un titre on ne peut plus ironique puisque cette dame Berthe cherche justement, à retrouver une dignité, une fantaisie, un nouveau souffle que sa vie de couple puis de mère ne lui a jamais offert. Une famille ignoble, faite de petits gens qui ne comprennent pas la soudaine exaltation de leur vieille mère et qui tire la tronche devant ses nouvelles fréquentations : une jeune fille libre d'elle-même appelé "putain" (nous sommes en 1965) ou quelques délurés dont un Jean Bouise à qui on donnerait toutes nos économies. La Vieille Dame indigne casse le moule familiale et cherche avec sa mamie indigne, un peu d'air frais dans une France du Général qui sent la naphtaline. René Allio balade l'ancienne gloire Sylvie, laquelle se marre dans les escalators, se tape d'énormes glaces ou rêvasse devant les devantures de cinéma. Comme un Little Fugitive (1953) à l'autre bout de la ligne, La Vieille Dame indigne est aussi drôle que serein, aussi ironique que pudique. Belle découverte.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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