Jane Fonda

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bogardofan
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Re: Jane Fonda

Message par bogardofan »

Mes films préférés avec elle : On acheve bien les chevaux, Julia et Klute... Oh j'oubliais un film peu connu de la fin de sa carrière, le film avec Gregory Peck, où elle rencontre Ambrose Bierce. J'avais beaucoup aimé... Et la voir avec ce cher Gregory Peck, c'était un véritable bonheur.

Est ce qu'on verra un jour Sois belle et tais toi ?
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Jeremy Fox
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Re: Jane Fonda

Message par Jeremy Fox »

Le Souffle de la tempête (Comes Horseman) de Alan J. Pakula - 1978

1945 au Texas. Ella Connors (Jane Fonda) possède un modeste ranch qu’elle fait tourner tant bien que mal avec son homme de main, le vieux Dodger (Richard Farnsworth). Endettée, elle vient de vendre une parcelle de ses terres à Frank (James Caan), jeune soldat démobilisé tout juste revenu du front. Jacob Ewing (Jason Robards), son plus proche voisin, convoite les terres d’Ella qui recèleraient du pétrole mais elle refuse et repousse même ses avances. Il faut dire qu’elle le cerne très bien pour avoir été sa maitresse un peu contrainte. Elle connait également son manque de scrupules pour arriver à ses fins. Il vient d’ailleurs de payer un tueur pour se débarrasser de Frank qui, grièvement blessé, vient trouver refuge chez Ella le temps d’être de nouveau sur pieds. Une fois guéri, il accepte de devenir l’associé d’Ella le temps qu’ils remontent tous deux la pente. Mais Ewing continue à leur mettre des bâtons dans les roues…

En 1978, alors qu’il tourne son sixième long métrage, Comes a Horseman, Alan Pakula est déjà un réalisateur très coté. Avec seulement trois films il est devenu l’un des chouchous de la critique ; trois thrillers à consonances politiques devenus de grands classiques du cinéma américain des 70’s : Klute avec Donald Sutherland et déjà Jane Fonda, A cause d’un assassinat (The Parralax View) avec Warren Beatty, et surtout son film probablement le plus connu du grand public, Les Hommes du président (All the President’s Men) qui narrait l’affaire du Watergate avec Dustin Hoffman et Robert Redford dans la peau des deux journalistes d’investigation Bernstein et Woodward. Trois grandes réussites qui ne laissaient pas présager le tournant qu’allait prendre Pakula en réalisant ce western moderne qui a laissé de marbre aussi bien les journalistes que les spectateurs, une majorité de ses adorateurs ayant eu du mal à reconnaitre la patte du cinéaste. Et pourtant, en le redécouvrant aujourd’hui, nous aurions tort de faire la fine bouche devant un film aussi maitrisé, tout du moins dans sa mise en scène. Quant au collaborateur habituel de Pakula à la photographie, le chef-opérateur des Parrain de Coppola ainsi que celui attitré de Woody Allen durant de nombreuses années, le grand Gordon Willis, il nous délivre un travail absolument remarquable qui devrait au moins ravir les yeux de ceux qui émettraient des doutes quant aux qualités du film.

Que ce soit Pakula ou Willis, peut-être jusqu’ici peu habitués des grands espaces, ils semblent avoir pris un immense plaisir à filmer les infinis et splendides étendues de l’Arizona et du Colorado même si l’action est censée se dérouler au Texas. L’histoire est un classique du western alors même que le film se déroule au milieu du 20ème siècle : il s’agit en premier lieu du conflit entre deux ranchers pour le sol, l’un des deux souhaitant acquérir les terrains de l’autre d’autant plus qu’il a appris qu’elles devaient être riches en pétrole. D’un côté une femme de 40 ans qui vit seule, très attachée à sa terre et seulement aidée par un vieil Old Timer ; de l’autre un homme sans scrupules qui a autrefois été son amant au grand désespoir du père de la jeune fille qui ne s’est jamais remis de la ‘trahison’ de sa progéniture s’étant donnée à un voisin qu’il n’appréciait guère. L’honnête femme courageuse contre l’homme prêt à toutes les compromissions pour y arriver ; rien de bien neuf mais le scénario est assez solide pour ne pas donner l'impression de déjà-vu. Rien que la première confrontation entre les deux antagonistes nous fait oublier la situation de départ usée jusqu'à la corde : une première discussion entre les deux au début du film qui fait immédiatement penser à un duel sans merci de par la tension qui y règne ainsi que par l’attitude et le positionnement des deux antagonistes dans le champ de la caméra, Jane Fonda jambes écartées, les bras le long du corps, la main prête à dégainer. Une superbe séquence qui fait immédiatement comprendre les enjeux de ce conflit et du récit à venir.

Mais le western de Pakula est heureusement moins simpliste qu’il en a l’air, les auteurs préférant à ce pitch aux situations assez prévisibles du petit rancher qui tente de survivre face à un gros propriétaire s’attarder d’une manière parfois presque documentaire sur le travail des cowboys et des ranchers ; d’où souvent des reproches à son encontre de lenteurs et de longueurs. Il est vrai que Pakula se paie parfois le culot d’étirer la durée de certains plans fixes mais ceux-ci sont tellement envoutants, les visages tellement évocateurs qu’ils ne sont pas gênants. Je me suis même fait la réflexion concernant le dernier plan du film en très haute plongée et filmé de très loin si Abbas Kiarostami n’y aurait pas pensé en mettant en scène les siens, sublimes, qui concluent certains de ses chefs d’œuvres. A l’instar de la musique de Michael Small, entre classicisme lyrique et dissonante modernité, le film épouse un rythme assez original, presque inharmonieux, faisant se succéder moments contemplatifs et montage cut (les séquences de regroupement du bétail), sèches ellipses, longs plans fixes et amples mouvements de caméra, Pakula prenant avec subtilité son temps pour s'appliquer à montrer le quotidien des cowboys, pour valoriser ses paysages, pour réfléchir sur les temps qui changent et les apports le plus souvent menaçants de la modernité (en l’occurrence ici les magnats du pétrole) dans une société encore assez archaïque au sein de laquelle la loi du plus fort est toujours en vigueur, et surtout pour décrire l’évolution des relations entre les quatre personnages principaux, filmant avec talent de nombreux très beaux moments d’intimité sans en oublier un certain humour, témoin cette séquence assez cocasse du premier repas que prennent ensemble Ella et Frank, livres à la main.

Ella est une femme courageuse qui travaille d’arrache-pied pour survivre grâce à ses quelques chevaux et vaches : elle doit faire face à ses dettes, à son manque de personnel pour l’aider, à l’avidité des magnats du pétrole et aux pressions d’un voisin odieux qui n’a qu’une idée en tête, accaparer ses terres par tous les moyens légaux ou non, quitte à la mettre dans son lit pour y parvenir. Jane Fonda est parfaite dans le rôle assez ingrat de cette femme taiseuse, revêche, extrêmement farouche et méfiante de par son vécu qui n’a jamais vraiment été tout rose. Elle parviendra à se dérider dès que l’amour parviendra à s’immiscer au sein de sa carapace en la personne de l’intègre Frank interprété avec force conviction par James Caan toujours très crédible dans les rôles de cowboys de par son expérience du rodéo et son don de cavalier. Après le mésestimé Un autre homme une autre chance de Claude Lelouch, deux superbes personnages d’homme de l’Ouest coup sur coup pour le comédien. Nous n’oublierons pas non plus la composition puissante de Jason Robards dans la peau du salopard de service, ni celle de Richard Fainsworth (le vieillard qui traverse les USA en tracteur dans Une Histoire vraie de David Lynch) toujours à l’aise dans les rôles qu’affectionnaient Arthur Hunnicut et Walter Brennan dans les années 40 et 50, ceux de vieux bougons malicieux et attachants, des râleurs au cœur d’or, ici en admiration devant sa patronne, prêt à tout pour l’aider même au péril de sa vie.

Une écriture parfois hachée, quelques sensations de confusion qui font penser à des trous dans le scénario ou à des coupures demandées par le producteur, sans néanmoins que ce ne soit fréquent ni rédhibitoire. Un réalisme de bon aloi sans misérabilisme, une vision sans concession de ces fermiers et éleveurs qui vivent encore comme au siècle précédent au sein d’un récit qui se déroule assez tranquillement mais sans ennuyer, les amateurs d’action n’étant pas oubliés ne serait-ce que lors de la fusillade finale très efficace mais un peu en rupture avec tout ce qui a précédé. Une très belle mise en scène, de superbes idées de montage (notamment l’élégant fondu enchainé elliptique lors de la mort pudique du Old Timer), des dialogues sobres et justes, un casting hors pair, une photographie constamment remarquable et une admirable utilisation du format large finissent de faire de ce western contemporain un film âpre et mélancolique très attachant à défaut d’être mémorable.
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Alexandre Angel
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Re: Jane Fonda

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit :Cat Ballou de Elliot Silverstein est notre western du WE.
Je suis infoutu de me souvenir si je l'ai vu ou pas (si c'est le cas, c'était il y a très longtemps). Ce que je sais, c'est que c'est un Sidonis que je n'ai jamais eu envie d'acheter. Vu ta chronique, je crois que je vais continuer sur ma lancée :mrgreen:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Jane Fonda

Message par bruce randylan »

Je l'ai vu et faudrait vraiment me payer pour le revoir.
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Alexandre Angel
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Re: Jane Fonda

Message par Alexandre Angel »

bruce randylan a écrit :Je l'ai vu et faudrait vraiment me payer pour le revoir.
Bigre, ça s'arrange pas! :uhuh:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Jane Fonda

Message par Watkinssien »

L'occasion aussi d'écrire que ce serait très bien de sortir en Blu-ray ce chef-d'oeuvre qu'est On achève bien les chevaux, où Jane Fonda, exceptionnelle, trouve à mes yeux son plus beau rôle...
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Alexandre Angel
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Re: Jane Fonda

Message par Alexandre Angel »

100% d'accord (et aussi que le film est le chef d'œuvre de Pollack, avec Jeremiah Johnson).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Jane Fonda

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :100% d'accord (et aussi que le film est le chef d'œuvre de Pollack, avec Jeremiah Johnson).

D'accord avec vous à une nuance près ; je les place quand même juste derrière le sublime Out of Africa et le oh combien mésestimé et non moins passionnant Havana.
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Commissaire Juve
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Re: Jane Fonda

Message par Commissaire Juve »

Tiens ! le topic n'est pas dans l'index des comédiens.
Commissaire Juve a écrit :
Je voulais simplement poser une question à Jérémy :mrgreen: : tu as vu Le souffle de la tempête (Alan J. Pakula, 1978) ? test au commissariat

Qu'en a pensé l'amateur de films de cow-boys ?
Spoiler (cliquez pour afficher)
Je l'ai vu trois fois depuis 2006. Je me le suis repassé cet aprèm, en upscalé, sur ma dalle, et ça m'a plu comme au premier jour. C'est un western moderne, avec de superbes paysages, quelques envolées lyriques (capture du bétail, sur une belle musique de Michael Small) et une belle Jane Fonda de 41 ans. Les nombreux moments de silence -- tout en plans fixes à la Haneke -- provoquent parfois des envies de bâiller, mais, globalement, je trouve que c'est de la belle ouvrage.

Coïncidence "amusante", le film est sorti un mois après les moissons du ciel de Terrence Malick et en dehors du regard sur la nature, on y retrouve une ambiance assez similaire.

Incidemment : pour un vieux DVD MGM, j'ai trouvé l'image upscalée pas mal du tout. Mais, un beau BLU serait le bienvenu.
Image
Je viens encore de me refaire ce western "moderne" (j'en sors à l'instant). Alors, Jérémy, tu ne l'as toujours pas essayé ?

Quand on se tape "Cat Ballou", on peut essayer ce "Souffle de la tempête" ! :lol:
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Jeremy Fox
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Re: Jane Fonda

Message par Jeremy Fox »

Commissaire Juve a écrit :
Je viens encore de me refaire ce western "moderne" (j'en sors à l'instant). Alors, Jérémy, tu ne l'as toujours pas essayé ?
Pas encore ; ça viendra un jour.
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Re: Jane Fonda

Message par Commissaire Juve »

Barbarella repasse ce soir, sur ARTE. Un des plus gros fumages de pétards que j'aie jamais vu.

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Mais je ne suis pas d'humeur, je vais tenter ma chance ailleurs.
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Re: Jane Fonda

Message par Kevin95 »

Commissaire Juve a écrit :Barbarella repasse ce soir, sur ARTE. Un des plus gros fumages de pétards que j'aie jamais vu.

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Mais je ne suis pas d'humeur, je vais tenter ma chance ailleurs.
Ça explique sans doute qu'il soit le seul Vadim encore regardable aujourd'hui. :fiou:
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Re: Jane Fonda

Message par nobody smith »

Kevin95 a écrit :
Commissaire Juve a écrit :Barbarella repasse ce soir, sur ARTE. Un des plus gros fumages de pétards que j'aie jamais vu.

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Mais je ne suis pas d'humeur, je vais tenter ma chance ailleurs.
Ça explique sans doute qu'il soit le seul Vadim encore regardable aujourd'hui. :fiou:
J'ai Les Liaisons Dangereuses dans un coin mais je crois qu'après ça, je vais donc arrêter sur sa filmo. Je ne sais pas ce qu'ils ont fumé à l'époque mais elle était daubée leur came. Pourtant, j'ai d'ordinaire une certaine affection pour le kitsch. J'admet d'ailleurs qu'il y a bien quelques idées qui m'ont amusé (le sexe à l'ancienne, la machine à torture) et les dialogues sont parfois très drôles (beaucoup de situations dramatiques commencent par des hurlements :lol: ). Mais bon, dieu qu'est-ce que c'est mou et morne dans sa réalisation pour ne pas dire complètement mal foutu. On peut me rétorquer que c'est mal fait volontairement. Sauf que j'y vois moins une participation au délire de l'ensemble qu'un véritable frein à son extravagance à tout ce qu'il pourrait avoir de flamboyant. Au final, je retiens surtout la magnifique Jane Fonda et dans un autre registre le numéro de David Hemmings en révolutionnaire bouffon.
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Re: Jane Fonda

Message par Jeremy Fox »

nobody smith a écrit :
J'ai Les Liaisons Dangereuses dans un coin
C'est le seul Vadim que j'ai apprécié.
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Re: Jane Fonda

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