Blaxploitation : For the badass mother fuckers

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Beck
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Blaxploitation : For the badass mother fuckers

Message par Beck »

CAN YOU DIG IT' ?

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N'ayant pas trouvé de topic dédié à ce genre cinématographique particulier qu'est la blaxploitation, je me permets donc d'en ouvrir un.
J'ai pensé que le dit-sujet était plus approprié à figurer dans la section "Littérature, musique & arts" car, je le pressens, nous allons (si je ne suis pas le seul passionné ici) à parler d'autres choses que de films, tant ce genre représente une culture (black) complexe et très variée dans les médias qu'elle a utilisé pour transmettre ses messages. Je propose donc que nous parlions ici de films bien sûr, mais aussi de musique, littérature, politique, etc, bref tout ce qui a un rapport de près ou de loin avec la blaxploitation.
Spoiler (cliquez pour afficher)
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La blaxploitation est donc un courant cinématographique qui est apparu au début des années 70. Ce mouvement avait pour but de revaloriser l'image d'une communauté noire fraîchement ressortie du temps de la ségrégation raciale, bien que les bavures policières et les discours racistes soient malheureusement encore monnaie courante à cette époque. L'un des reflets de ce malaise social le plus apparent dans le domaine artistique était celui du rôle qu'endossait couramment le noir à l'écran. D'ailleurs on ne parlait pas de noir, mais plus de "nègre", dont il est inutile je pense de rappeler les origines du terme. Bref, jusque dans les années 50 du cinéma hollywoodien, le noir n'apparaissait à l'écran que pour danser chanter, servir l'homme blanc "oui missié, tisuite missié", n'était que criminel ou esclave lorsqu'il s'agissait de leur donner plus d'importance. Pas très valorisant donc nous en conviendrons. La riposte fut (je crois) lancée par Melvin Van Peebles et son halluciné Sweet sweetback's Baadaasssss Song sorti en 1971, accueillant en salle pas mal de black panthers. Représentatif de ce que ce sera la continuité des films appartenant à ce courant, on y voit un gangster noir luttant pour sa survie et celle des siens, gardant la tête haute face à l'homme blanc (flic raciste et corrompu, ou politicar raciste et corrompu.... au choix), n'hésitant pas à sortir son flingue pour faire entendre la voix de l'opprimé.
Dés lors, tous les classiques hollywoodien et leurs genres sont revisités à la sauce blax': le western avec par ex Take a hard ride, le cinéma d'horreur avec Blacula, les arts martiaux avec Black Belt Jones, les films policiers avec Shaft, etc.
Une grande partie de ces films est consacrée au genre "gangster", qui sont construits pour la plupart sur une vision très manichéenne et morale du contexte social de l'époque. Le personnage principale est soit le "good guy" ou le "bad man". Le premier étant l'archétype du héros voulant rétablir la justice au sein de sa communauté et faire vengeance aux victimes du système, rôle aussi bien incarné par la gente masculine (Jim Brown, Jim Kelly, Rockne Tarkington etc) que féminine (l'irrésistible Pam Grier, Tamara Dobson,...). Le second est soit un dealer ou un macro (Superfly, The Mack, Willie Dynamite, Disco Godfather, etc) qui n'est pas foncièrement mauvais, mais reste un bel enfoiré faisant son beurre sur le dos de ses "frères et soeurs".
Vous l'aurez compris, ces films (qui sont souvent concidérés, à tort, par la communauté cinéphile comme de vulgaires navets) véhiculent bon nombres de stéréotypes, véritables outils saisis par une population noire opprimée pour stigmatiser à leur tour les blancs et leur donner le mauvais rôle. Mais il serait de mauvaise foi de dire que tous ces films (et il y a en une sacrée quantité) se résument à ça. Il y a dans le lot de vraies pépites, qui relatent avec justesse un contexte ou la tension raciale est bien présente, qui retranscrivent les aspirations de l'homme noir à ses droits légitimes en tant qu' Homme aux états unis, son quotidien, et qui ne tombent pas dans la facilité du schéma tout noir ou tout blanc.

Le genre est quelque peu revenu à la "mode" avec la très réussie comédie Black Dynamite signée Scott Sanders sortie en 2009.
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Celui-ci a parfaitement repris les codes du genre, avec un regard passionné et moqueur, et les clins d'oeils en références aux classiques sont considérables (entres autres Dolemite, Black Belt Jones, Shaft). En plus d'une comédie très agréable à voir (il y a certaines longueurs certes, mais elles ne riment pas avec ennui), Adrian Younge nous livre un bande son très cool (pour qui aime la funk) dans la plus pure tradition des seventies (avis aux amateurs de courses poursuite sur gros riff de wawa), et ramène donc au goût du jour le concept film+bande originale que l'on écoute comme l'album d'un artiste à part entière (Superfly= Curtis Mayfield/// Shaft= Isaac Hayes/// Black Caesar= James Brown/// Trouble Man= Marvin Gaye/// Coffy= Roy Ayers etc).

Bon il y a aussi eu Opération Funky de Malcolm D. Lee, pseudo Austin Powers à la sauce black, mais qui reste assez médiocre je trouve, dans la tentative de rendre hommage avec humour au genre blaxploit'. Dans un genre plus sérieux, il y a bien sûr les films de Tarantino comme Jackie Brown ou le plus récent Django Unchained, qui sont deux véritables hommage au genre, tant dans la construction du scénario, celle des personnages et leurs looks, et bien sûr leurs bandes originales.

De cette tonne de productions blaxploit des années 70 se démarquent pour moi 2 films: The education of Sonny Carson de Michael Campus sorti en 1974 et Willie Dynamite de Gilbert Moses sorti la même année.
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Je me mettrai à une analyse de ces derniers dans un futur proche pour qui ça intéresse, en attendant pour les curieux, si vous avez l'occasion de les voir, foncez.

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Alphonse Tram
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Re: Blaxploitation: For the badass mother fuckers.

Message par Alphonse Tram »

Je rajoute ici le terme blacksploitation pour faciliter les recherches ulterieurs Image

Je connais peu ce genre. J'ai l'impression qu'il y a pas mal de séries B, voir des nanards.
J'ai quelques titres comme Coffy, Hammer, Foxy Brown, ou Across 110th road (pas mal du tout ce dernier) dans une collection Soul Cinema MGM.
Feu Le chat qui fume avait également sorti quelques titres sympas (Le Parrain noir de Harlem, Emeutes à LA)

PS : pourquoi dans la section Arts & Littérature ?
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Re: Blaxploitation: For the badass mother fuckers.

Message par Federico »

(Je profite de ce nouveau topic pour copier-coller un ancien commentaire)
Dynamite Jones (Cleopatra Jones - 1973 - Jack Starrett)

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Cleopatra Jones est une James Bond au féminin (à ne surtout pas confondre avec une Bond Girl !) qui roule dans une somptueuse Corvette (noire, of course) dont les portières dissimulent une véritable armurerie... dont elle ne se servira qu'une fois dans le film.
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6'2 selon l'affiche mais 5'10 selon son badge officiel. C'est comme pour les chiffres de manifestations, la réalité doit être entre les deux. Car avec ses boots et son afro, la belle culmine largement au-dessus du mètre 80 et vous toise de haut. Comme il se doit, elle est experte en arts martiaux, mène un train de vie assez luxueux et dévoile une garde-robe aussi modulable qu'hallucinante.
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Collection printemps-été pour le désert anatolien...


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...et automne-hiver pour l'aride Californie
Dans le rôle-titre, Tamara Dobson s'en sort pas mal avec de la présence et du chien. Elle a la beauté froide d'une top-model. Une Grace Jones en moins agressive et androgyne. Chacun ses goûts, bien sûr mais je trouve que Brenda Sykes qui joue la petite amie de Fargas est une encore plus ravissante sister (quelque part entre Vonetta McGhee et Diana Ross, c'est dire si elle est mimi). :oops:

Quelques figures classiques du cinéma d'exploitation, des séries TV et des polars 70's : Albert Popwell (character actor récurrent de la série des Dirty Harry), la force tranquille de Bernie Casey et l'inimitable Antonio Fargas, plus grimaçant et élastique que jamais et qui ne résiste pas à sur-dramatiser sa mort en caressant une ultime fois sa précieuse chevelure. :lol: Il est assisté de deux andouilles et d'un majordome irlandais en livrée jaune assez ridicule.

Le chef des méchants est une cheftaine, sur-jouée par une habituée des excès : Shelley Winters alias Mommy... transformée en Mémère dans la VF ! :shock: :lol: Une big boss de la came qui vit entourée de porte-flingues bas du front et de gisquettes dont elle flatte le mini-short de sa main potelée. Affublée d'une perruque rousse fluo à faire pâlir Yvette Horner, elle en fait des caisses dans le tonitruant mais connaîtra une fin étonnamment sobre.
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Come to Mommy...

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Slap happy lionne
Parmi les bons moments de ce petit polar sympa, la séquence d'ouverture où Cleopatra supervise la destruction d'un champ de pavot en Turquie à l'aide d'un Mig. On la voit traverser fièrement un groupe d'officiers de toutes nationalités, subjugués et adresser à l'un d'eux un "Comment ça va, Marcel ?" en français dans le texte. :lol: Fargas a également une réplique qui claque bien dans la boîte où chante sa jolie protégée.

Réalisé sans génie mais de façon soignée avec un goût certain pour les démarrages de séquences coup de poing, de pied ou de gueule. Avec aussi l'inévitable poursuite de bagnoles plutôt bien... torchée (il faut voir sa conclusion pour comprendre le jeu de mot facile) avec passage dans le grand collecteur d'eau de L.A. si souvent filmé (Chinatown, Terminator...). Il n'y a pas d'abus de tchatche jive, de vulgarité ou de violence gratuite comme dans certains films Blaxploitation qui tout en étant plaisants visaient parfois assez bas sous la ceinture. Les séquences chocs surprennent d'autant plus qu'elles sont distillées (comme le crash de la limo de Fargas). Un choix qu'on retrouvera bien plus tard chez l'un des plus friands admirateurs de ce genre, dans Jackie Brown.

Conclusion : agréable, sans vraiment tout à fait décoller. Peut-être par moment un poil trop appuyé dans le consensuel (la fin sur le seul personnage Blanc honnête, le flic pote de Cleopatra qui comme tous ses amis lève le poing en criant "Right on !"). A voir de préférence en V.O. pour apprécier la traduction assez libre des dialogues... et des noms. Et d'ailleurs pourquoi de Cleopatra Jones le titre est devenu Dynamite Jones en France et ailleurs ?

Le thème musical du grand J.J. Johnson est devenu un classique mais on l'entend trop peu.

Il y aura une séquelle en 1975, Cleopatra Jones and the Casino of Gold, toujours avec Tamara Dobson mais cette fois affrontant Stella Stevens.

6/10
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Re: Blaxploitation: For the badass mother fuckers.

Message par Federico »

Alphonse Tram a écrit :Je connais peu ce genre. J'ai l'impression qu'il y a pas mal de séries B, voir des nanards.
J'ai quelques titres comme Coffy, Hammer, Foxy Brown, ou Across 110th road (pas mal du tout ce dernier) dans une collection Soul Cinema MGM.
Je ne suis pas non plus un expert, n'ayant du en voir qu'une petite dizaine, avec du à boire et à manger à l'intérieur du dedans. L'attrait indéniable de ces productions tient souvent à leurs irrésistibles b.o.
Je confirme que Across 110th Street de Barry Shear (1972) est très intéressant. En tout cas un des meilleurs que j'ai pu voir même si il est plus associé au genre qu'y appartenant totalement.
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El Dadal
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Re: Blaxploitation: For the badass mother fuckers.

Message par El Dadal »

C'est vrai, tu aurais aussi bien pu placer le sujet dans le naphta, qu'on discute BOs ou aspects culturels plus larges, on en reviendra je pense invariablement aux films.
Quoi qu'il en soit, c'est une initiative que j'approuve totalement.

Il s'agit d'un genre né dans la difficulté, avec une portée économique et sociale indubitable. A noter qu'une bonne partie des réalisateurs (les Barry Shear, Larry Cohen, Jack Hill... que des types touche-à-tout, ouverts et intrépides) et équipes techniques étaient (du moins dans un premier temps) blancs, syndiqués, et que les films étaient souvent produits et distribués par des compagnies telles que United Artists ou AIP, à destination d'un public ciblé qui désertait alors les circuits de salles proposant des films formatés leur renvoyant une image trop éloignée de leur réalité.
Le raz-de-marée qui va envahir les bas quartiers des grandes villes américaines suite au succès du film de Van Peebles aura néanmoins de sacrés effets néfastes pour les professionnels de l'industrie, des acteurs qui certes jouaient les va-chercher, subalternes ou épouvantails, mais qui travaillaient régulièrement. Le golden age de la blaxploitation, ce n'est que quelques maigres années. Évidemment, le rayonnement, la visibilité et la fierté qu'auront offert le genre à la communauté noire font que le jeu en aura sans doute valu la chandelle (sans compter bien entendu les aspects historique et cinéphile rétrospectifs), mais suite à l'engorgement dû à cette énorme masse de films produits pour pas cher, les acteurs principaux de la communauté vont galérer pendant des années pour surnager. Les traversées du désert sont légions. L'épanouissement intellectuel et culturel aura eu un prix et il faudra attendre la fin des années 80 pour voir apparaître de nouveaux cinéastes reprendre possession du médium et atteindre un cœur de cible beaucoup plus large.
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Re: Blaxploitation: For the badass mother fuckers.

Message par Federico »

El Dadal a écrit :Le golden age de la blaxploitation, ce n'est que quelques maigres années. Évidemment, le rayonnement, la visibilité et la fierté qu'auront offert le genre à la communauté noire font que le jeu en aura sans doute valu la chandelle (sans compter bien entendu les aspects historique et cinéphile rétrospectifs), mais suite à l'engorgement dû à cette énorme masse de films produits pour pas cher, les acteurs principaux de la communauté vont galérer pendant des années pour surnager. Les traversées du désert sont légions. L'épanouissement intellectuel et culturel aura eu un prix et il faudra attendre la fin des années 80 pour voir apparaître de nouveaux cinéastes reprendre possession du médium et atteindre un cœur de cible beaucoup plus large.
C'est vrai. Un des rares acteurs de cette époque qui aura pu aussi montrer son talent dans d'autres productions (sans devoir attendre le revival des années 90), c'est le toujours impeccable Yaphet Kotto. Même si ce fut le plus souvent dans des seconds rôles, il marqua de sa forte présence Blue collar, Alien, Brubaker et bien sûr en Dr Kananga de Vivre et laisser mourir. Dommage qu'on ne lui ait pas offert plus de rôles et de films intéressants.
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Re: Blaxploitation: For the badass mother fuckers.

Message par Beck »

Federico a écrit :
El Dadal a écrit :Le golden age de la blaxploitation, ce n'est que quelques maigres années. Évidemment, le rayonnement, la visibilité et la fierté qu'auront offert le genre à la communauté noire font que le jeu en aura sans doute valu la chandelle (sans compter bien entendu les aspects historique et cinéphile rétrospectifs), mais suite à l'engorgement dû à cette énorme masse de films produits pour pas cher, les acteurs principaux de la communauté vont galérer pendant des années pour surnager. Les traversées du désert sont légions. L'épanouissement intellectuel et culturel aura eu un prix et il faudra attendre la fin des années 80 pour voir apparaître de nouveaux cinéastes reprendre possession du médium et atteindre un cœur de cible beaucoup plus large.
C'est vrai. Un des rares acteurs de cette époque qui aura pu aussi montrer son talent dans d'autres productions (sans devoir attendre le revival des années 90), c'est le toujours impeccable Yaphet Kotto. Même si ce fut le plus souvent dans des seconds rôles, il marqua de sa forte présence Blue collar, Alien, Brubaker et bien sûr en Dr Kananga de Vivre et laisser mourir. Dommage qu'on ne lui ait pas offert plus de rôles et de films intéressants.
Je n'ai vu aucun des films cités (pas même alien eh oui :oops: ), mais par contre, Yaphet Kotto lui je vois bien. Acteur que je n'ai vu que dans des seconds rôles, notamment dans Truck Turner et Friday Foster.
Dadal quand tu parles des nouveaux cinéastes reprenant possession du médium tu penses à qui ? Spike Lee ?

PS: Je laisse le soin aux modérateurs de déplacer ce topic là où bon leurs semblent.
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hellrick
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Re: Blaxploitation : For the badass mother fuckers

Message par hellrick »

Richard Band vient de réaliser un documentaire sur le sujet avec Fred The Hammer Williamson à la présentation:

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Pas vu.
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El Dadal
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Re: Blaxploitation: For the badass mother fuckers.

Message par El Dadal »

Beck a écrit : PS: Je laisse le soin aux modérateurs de déplacer ce topic là où bon leurs semblent.
Je pensais à la section naptha par souci de visibilité. Je ne pense pas que tous les forumeurs soient à l'affût de la section litté musique & arts, et ça serait dommage que le sujet fasse un flop.
Beck a écrit :Je n'ai vu aucun des films cités (pas même alien eh oui :oops: ), mais par contre, Yaphet Kotto lui je vois bien. Acteur que je n'ai vu que dans des seconds rôles, notamment dans Truck Turner et Friday Foster.
Même si à mon sens, il livrera sa meilleure prestation dans Across 110th Street, Federico a raison, Yaphet Kotto est parvenu pendant quelques temps à faire le lien entre le cinéma mainstream à destination du public blanc et des revendications clairement liées au cinéma black. Les films cités par Federico en sont particulièrement représentatifs, même dans un film de SF de prime abord aussi éloigné de notre réalité qu'Alien. Ne te prive pas de les découvrir!
Mais il n'est pas le seul. Et il ne faut pas oublier que Sidney Poitier lui-même, Mister Tibbs, fera chemin inverse durant les années 70 (en queue de comète du phénomène blaxploitation en fait) en réalisant et interprétant une série de films comiques en duo avec Bill Cosby, prônant des valeurs de partage et de tolérance, appuyant sur la nécessité de l'éducation dans les ghettos, et se moquant gentiment du genre black (voir les bras cassés menés par un Harry Belafonte cabotin en parodie de Brando parrain dans Uptown Saturday Night!).
Beck a écrit :Dadal quand tu parles des nouveaux cinéastes reprenant possession du médium tu penses à qui ? Spike Lee ?
Bien entendu, Spike Lee en est la figure de proue, le porte parole extrêmement vocal :uhuh: Et il rendra plus d'une fois hommage à la blaxploitation et à ses acteurs, certains revenant dans la lumière pour le meilleur (je pense notamment à Ossie Davis, qui était avec Van Peebles le premier cinéaste du courant).
Mais Lee n'était pas seul. Son directeur photo des premiers jours Ernest Dickerson, a à mes yeux une grande part de responsabilité dans le succès et l'acceptation de ce renouveau.
Bill Duke, acteur également connu du grand public pour ses rôles dans American Gigolo, Commando ou Predator, passera également à la réalisation en adaptant un des romans phare de Chester Himes, La Reine des pommes, devenant au cinéma A Rage in Harlem. Il continuera dans le genre avec Deep Cover ou encore Hoodlum, tous deux avec Larry Fishburne.
Keenan Ivory Wayans, avant de sombrer dans la médiocrité avec ses frangins, livrait des films fort sympathiques tels que ce I'm Gonna Git You, Sucka, reprenant les figures récurrentes de la blaxploitation pour en faire un spoof movie avant l'heure.
Il faut surtout réaliser que les années 80 sont aussi celles de la naissance médiatique puis de la surpuissance d'Eddie Murphy, figure noire particulièrement appréciée du public blanc, et pourtant d'une grande virulence à leur encontre dans ses numéros de stand up (et dans ses opinions personnelles), qui connurent un énorme succès (à ce titre, il faut avoir vu au moins une fois les captations filmées de Delirious, et surtout à mon avis de Eddie Murphy RAW, co-écrit et co-produit avec Wayans par ailleurs, un monument).
Bien sûr, l'éclosion des jeunes talents de la nouvelle génération se fera au début des années 90, en parallèle avec la rapide évolution du rap et du hip hop (les deux se nourrissant simultanément): Mario Van Peebles, fils de. John Singleton, étudiant prodige de la USC. Les frères Hughes aussi (avec pour finir une mention perso au très beau South Central de Stephen Milburn Anderson, avec un excellent Glenn Plummer, encore un acteur qui n'a pas eu la carrière qu'il méritait).
Y en a plein d'autres, j'y reviendrai, le sujet me botte :mrgreen:
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Re: Blaxploitation : For the badass mother fuckers

Message par Federico »

La bande-dessinée ne pouvait pas passer à côté du parfum poivré et trépidant de la blaxploitation.
Je suis certain qu'il y a eu des exemples dès les années 70 aux USA. Je n'ai jamais ouvert un numéro du fameux magazine Ebony mais il y avait certainement des comic strips destinés à son lectorat Noir qui surfaient sur cette vague.

Et hop ! En cherchant, voilà que je tombe sur ce site visiblement plus à jour depuis 2012: World of Hurt qui se présentait comme The Internet's #1 Blaxploitation Webcomic! et proposait un nouveau strip chaque semaine.

En interrogeant la toile, on peut tomber sur d'autres trucs de ce style :
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La Sainte Trinité des clichés Blaxploitation : le look "pimp" / des "white chicks" en pamoison / la caisse pas voyante qui va avec
Je vous laisse apprécier cet extrait au dialogue non-moins réjouissant (ou affligeant, c'est selon) :
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Le blog de Jim Rugg, son auteur.

Le jive et l'esprit se retrouvent chez Robert Crumb et Gilbert Shelton (et dans le dessin animé Fritz the cat de Ralph Bakshi) mais il me semble que le genre a été remis au goût du jour avec le nouveau millénaire.

Aux USA avec la courte série Bay City Jive de John Layman, Sean Parsons & Jason Johnson publiée chez Wildstorm en 2001 :
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Côté franco-belge, le top c'est Inner City Blues de Brüno et Fatima Ammari B. en 2003. En plus de leur talent mis en commun, ils ont eu le bon goût de baptiser l'un de leurs personnages... Yaphet Kotto. :wink:
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Sympa mais nettement moins abouti et fin tant au dessin qu'au scénario : Harlem de Brremaud et Duhamel en 2006 :
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Plus anecdotique mais tout de même rigolo : l'insertion du personnage du grand Black costaud à coupe afro dans... les mangas. Le plus souvent dans des séries à l'humour délirant comme :

- le personnage central et éponyme de Bobobo-bo Bo-bobo de Yoshio Sawai (sommet du portnawak capillotracté :uhuh: ) ;
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- Ken Matsushiro, le patron de boulangerie du pas mal foutraque aussi Yakitate!! Ja-pan de Takashi Hashiguchi
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Sauf erreur, ce personnage typé (jusqu'à la caricature) apparait aussi chez le génial Akira Toriyama mais je ne sais plus si c'est dans Dragonball ou Dr Slump. Ainsi que dans certains mangas des années 60-70 de maître Tezuka.

En poussant le bouchon, j'ajouterai les somptueuses créatures du non moins superbe anime Michiko to Hachin bien que situé au Brésil.
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Je suis sûr que vous trouverez bien d'autres exemples.
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Re: Blaxploitation : For the badass mother fuckers

Message par Federico »

En farfouillant, je viens de tomber sur ce film qui promet :
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Top of the heap (1972) du couteau suisse Christopher St. John (producteur-scénariste-réalisateur-acteur central)
...et sur cet autre qui serait selon Ebony, le tout premier blaxploitation movie :
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Up tight (1968 Jules Dassin)
Vrai-faux remake du Mouchard de John Ford transposé à Cleveland. Sorti peu après l'assassinat du pasteur King.
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Re: Blaxploitation : For the badass mother fuckers

Message par hellrick »

Même si ce n'est pas un genre qui m'intéresse des masses (beaucoup trop de films ne sont que des décalques "blackisés" d'autres films) les curieux peuvent regarder ça:

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C'est du MEGA lourd! J'avais le dvd...je l'ai p'tet même encore je sais plus :oops:

http://www.nanarland.com/Chroniques/chr ... emite.html
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Re: Blaxploitation : For the badass mother fuckers

Message par tindersticks »

Federico a écrit :En farfouillant, je viens de tomber sur ce film qui promet :
Image
Top of the heap (1972) du couteau suisse Christopher St. John (producteur-scénariste-réalisateur-acteur central)
...et sur cet autre qui serait selon Ebony, le tout premier blaxploitation movie :
Image
Up tight (1968 Jules Dassin)
Vrai-faux remake du Mouchard de John Ford transposé à Cleveland. Sorti peu après l'assassinat du pasteur King.
Voilà deux films pour Wild Side.
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Re: Blaxploitation : For the badass mother fuckers

Message par Federico »

tindersticks a écrit :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Federico a écrit :En farfouillant, je viens de tomber sur ce film qui promet :
Image
Top of the heap (1972) du couteau suisse Christopher St. John (producteur-scénariste-réalisateur-acteur central)
...et sur cet autre qui serait selon Ebony, le tout premier blaxploitation movie :
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Up tight (1968 Jules Dassin)
Vrai-faux remake du Mouchard de John Ford transposé à Cleveland. Sorti peu après l'assassinat du pasteur King.
Voilà deux films pour Wild Side.
Tout à fait d'accord ! :)
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Re: Blaxploitation : For the badass mother fuckers

Message par Beck »

Federico a écrit :Le jive et l'esprit se retrouvent chez Robert Crumb et Gilbert Shelton (et dans le dessin animé Fritz the cat de Ralph Bakshi) mais il me semble que le genre a été remis au goût du jour avec le nouveau millénaire.
Complètement d'accord pour Crumb et Shelton dont bons nombres de leurs personnages (Fritz the cat en particulier et son argot black pour Crumb, les Freaks brothers tout simplement pour shelton, qui sont les blancs du ghetto américain, et donc ont intégré le style funky de l'époque pat d'eph et argot).

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Par contre pour Bakshi, que j'adore au même titre que les deux messieurs précédemment cités, je crois que Coonskin (avec un superbe Bande Originale signée Chico Hamilton) est plus en lien avec le sujet puisque lui étant complètement adressé, ayant même un certain regard critique.
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Sinon merci pour les refs, notamment le Inner City Blues ça a l'air bien sympa.
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