Mark Robson (1913-1978)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Pat Wheeler
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par Pat Wheeler »

daniel gregg a écrit :
AtCloseRange a écrit : Un film vraiment fascinant et une des meilleures production de Val Lewton.
8)
En effet, d'ailleurs plus réussi dans sa façon de distiller le trouble et l'angoisse que le film de Joseph H.Lewis, So dark the night, au sujet assez proche.
Je dirais même le meilleur film que Val Lewton ait produit. Pur chef-d'œuvre pour ma part.
Par contre j'ai beaucoup aimé So Dark the Night et son ambiance insolite avec cette improbable France de pacotille ! :D
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daniel gregg
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par daniel gregg »

Pat Wheeler a écrit :
daniel gregg a écrit : 8)
En effet, d'ailleurs plus réussi dans sa façon de distiller le trouble et l'angoisse que le film de Joseph H.Lewis, So dark the night, au sujet assez proche.
Je dirais même le meilleur film que Val Lewton ait produit. Pur chef-d'œuvre pour ma part.
Par contre j'ai beaucoup aimé So Dark the Night et son ambiance insolite avec cette improbable France de pacotille ! :D
Oui alors, honte sur moi ! :oops:
Je voulais parler de My name is Julia Ross.
So dark the night n'a rien à voir avec le film de Robson et oui, il m'avait beaucoup plu aussi. :mrgreen:
Pat Wheeler
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par Pat Wheeler »

daniel gregg a écrit :Oui alors, honte sur moi ! :oops:
Je voulais parler de My name is Julia Ross.
So dark the night n'a rien à voir avec le film de Robson et oui, il m'avait beaucoup plu aussi. :mrgreen:
Ah mais tu me brises tout autant le cœur puisque j'ai également beaucoup d'affection pour My Name is Julia Ross. :mrgreen:
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cinéfile
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par cinéfile »

Je serais moins enthousiaste sur La Septième Victime que d'autres ici. Je ne sais pas si le film a subi des coupes (il me semble avoir lu ça) au montage mais je trouve la progression de l'intrigue assez chaotique sur certains points
Spoiler (cliquez pour afficher)
(rôle et actions de l'organisation maçonnique et/ou sataniste, la place du personnage de Tom Conway dans cette dernière etc...)
Certaines ramifications restent définitivement trop nébuleuses. Bon, il est vrai qu'on loue plutôt les productions Lewton pour leurs qualités visuelles. Parmi ces dernières, je préfère Cat People.

Cela rien un bon film et je le conseillerais tout de même.
Borislehachoir
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par Borislehachoir »

Je ne comprends pas ce que tu trouves nébuleux dans ce film.
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par cinéfile »

Je ne me souviens pas en détail de l'intrigue et de son déroulement, mais il me semble que la découverte du pourquoi et du comment à propos l'enlèvement de la sœur ainée était amené de manière un peu désordonnée comme je le disais plus haut, et notamment dans le montage.

Ex:
Spoiler (cliquez pour afficher)
de quel côté se trouve Tom Conway ? qui semble dans une scène complice de la secte puis se montre bienveillant à l'égard de la jeune femme séquestrée dans un autre sans trop d'explications entre les deux
C'est le premier exemple qui me vient à l'esprit.

L'autre chose qui me revient, et qui n'est pas bien exprimé dans mon post précédent concerne la description de cette société secrète et de son influence/activité qui reste assez sommaire et ne la rend pas assez inquiétante selon moi.
Borislehachoir
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par Borislehachoir »

Spoiler (cliquez pour afficher)
Conway est le confident de la soeur disparue et est de son côté à elle, il l'aide à fuir les satanistes et la cache. Elle n'a pas été enlevée il me semble mais a disparu de la circulation. Il n'est d'ailleurs pas du tout complice avec la secte.
Pour le reste, je ne trouve pas que l'absence de précisions sur l'activité de la secte soit quelque chose qui ait handicapé Rosemary's baby par exemple.
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par kiemavel »

La demeure des braves/Je suis un nègre (Home of the Brave)
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par Profondo Rosso »

L'Auberge du sixième bonheur (1958)

Dans les années 1930, une jeune gouvernante britannique tente en vain d'être envoyée en Chine comme missionnaire. Elle travaille donc à Londres en économisant petit à petit pour se payer son billet de train vers la Chine. Grâce à son patron, elle est attendue dans une auberge tenue par une vieille missionnaire dans la campagne retirée du nord de la Chine. Arrivée là-bas, elle gagne le respect des gens et devient inspecteur des pieds, pour surveiller que les pieds des petites filles ne soient plus bandés.

Le succès d'Anastasia (Anatole Litvak, 1956) avait permis à Ingrid Bergman de retrouver le succès et les faveurs d'Hollywood (Un second Oscar de la meilleur actrice à la clé et un Golden Globe) après une mise à l'écart de sept ans à cause de son union à scandale avec le réalisateur italien Roberto Rossellini. La star allait renouer pour un nouveau grand succès avec le producteur Buddy Adler dans cette Auberge du sixième bonheur. Le film est le biopic (adapté de l'ouvrage The Small Woman de Alan Burgess) de Gladys Aylward, missionnaire anglaise installée en Chine au début des années 30 et vraie icône locale pour les actions humanitaire qu'elle mena dans le pays dont un fameux exploit qui fit sa légende quand en 1938 elle guida cent orphelins chinois à travers les montagnes en pleine invasion japonaise. Ce destin pourtant suffisamment hors-norme passe à la moulinette hollywoodienne pour plus de romanesque avec le scénario aux choix discutable de Isobel Lennart. Déjà le choix d'Ingrid Bergman cède à la volonté d'avoir une star attrayante, la blonde et grande actrice suédoise étant à l'opposé de la petite (d'où le titre de la biographie The Small Woman), brune et typiquement anglaise Gladys Aylward connue pour son accent cockney prononcé. Les longs mois de sacrifices et d'économie de Gladys Aylward pour rejoindre la Chine passe en une ellipse où on la voit vaguement travailler pour un patron bienveillant qui la recommandera à une amie installée dans le pays. C'est à travers une même ellipse abusive que le long et périlleux voyage en transsibérien défile en un clin d'œil (quand en vérité du fait des relations compliquées entre la Russie et la Chine elle dû descendre bien avant l'arrivée et finir le voyage en partie à pied), le train l’amenant pile à destination sans autres difficultés. Enfin, le personnage vit une histoire d'amour avec chinois, enfin plutôt un eurasien joué par Curt Jürgens tandis que Robert Donat (pour ce qui sera son dernier rôle) grimé jouera un mandarin local pour bien céder à toutes les conventions possibles. Tous ses changements vaudront la colère de la vraie Gladys Aylward, aussi indignée par ses aménagements de la réalité que par le choix d'Ingrid Bergman sur laquelle elle pose le même regard moralisateur que l'opinion américaine pour son passé.

Pourtant une fois acquise toute ces facilités le film s'avère réellement prenant et réussi car réussissant à cerner le sens de la dévotion de Gladys Aylward grâce à la prestation habitée d'Ingrid Bergman. L'aspect toujours discutable d'un des objectifs des missionnaires visant à convertir les "âmes égarées" dans le christianisme est bien présent mais habilement contourné. Gladys a vécu en Angleterre une existence sans éclat de domestique mais a tout au long de cette période ressenti un appel vers l'ailleurs et plus précisément la Chine, une terre qu'elle fera tout pour rejoindre. Pourtant sa modeste condition sera un obstacle même pour cette âme dévouée, la mission chinoise anglaise refusant sa candidature car elle n'est pas "assez qualifiée". Fixée à son objectif, elle rejoindra donc la Chine par ses propres moyens mais une fois sur place et après le décès de son mentor Jeannie Lawson (Athene Seyler) et là encore les autorités locales lui refuseront tout aide, sa mission étant vouée à l'échec car elle n'a pas assez d'expérience, elle n'est pas assez qualifiée. Gladys apparait ainsi comme une figure fragile mais déterminée d'abnégation, si convaincue de sa destinée qu'elle saura en convaincre les autres. La condescendance du missionnaire pensant "civiliser" les autochtones n'est pas la sienne car elle connaît ce type de mépris et comme le soulignera un dialogue, s'il y a une plaie à bander, des démunis à nourrir ou un enfant à soigner elle sera là et sans poursuivre d'objectifs qui la dépasse. Cet humanisme désintéressé la verra adoptée rapidement par les chinois, lui faisant réussir les tâches impossible lui étant confiée pour la décourager comme lorsqu'elle sera nommée Inspecteur des pieds et traversera les villages pour convaincre les familles de mettre fin à la tradition de bander les pieds des jeunes filles. Ingrid Bergman incarne parfaitement cette image idéalisée de bienveillance et de gentillesse, le scénario évitant d'en faire une sainte en faisant passer souvent cela par l'humour. On sourit notamment à cette scène où elle adopte un bébé abandonné, Curt Jürgens lui reprochant son manque d'expérience en la matière pour découvrir en rentrant chez elles qu'elle a déjà fondé une petite famille d'enfant recueillis.

Même l'histoire d'amour décriée est finalement amenée pour humaniser le personnage. C'est une humanisation mutuelle d'ailleurs, Curt Jürgens s'étant fermé à tout émotion pour se dévouer à sa tâche militaire va se trouver ébranlé peu à peu dans sa froideur par l'énergie d'Ingrid Bergman. Elle aussi oubliant qu'elle reste une femme avec des désirs et sentiments au-delà de sa mission s'affirmera peu à peu dans sa féminité, acquérant beauté aux yeux de Jürgens qui la verra autrement. Cette beauté supposé se révéler progressivement est un beau thème aussi même si très relatif avec une actrice aussi avenante qu'Ingrid Bergman. Néanmoins malgré l'entorse à la réalité la romance parvient à être touchante quand chacun dépasse le rôle qu'il s'est donné pour s'ouvrir à l'autre. Le havre de paix se voit souillé par l'arrivée de la guerre, Mark Robson étant plus inspiré pour faire craindre la menace des japonais que pour l'exprimer, les scènes de bombardements étant assez convenues alors qu'on tremble vraiment lors de la longue et harassante marche finale. L'exotisme factice du film pointe aussi avec ses intérieurs studios criards et ses extérieurs filmés au Pays de Galles donc on repassera pour le dépaysement sans compter que tout le monde parle anglais (mais avec une idée narrative intelligente pour le justifier et se passer de sous-titres). Malgré les scories un joli film donc qui sera un des grands succès commerciaux de 1958. 4/6
Herve2
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par Herve2 »

La Septième victime est indissociable, selon moi, de l'oeuvre Tourneur/Newton, même si réalisé par Mark Robson. Newton l'a produit durant la même période que celle des chefs d'oeuvre de Tourneur et ce film respire cette atmosphère si particulière que l'on trouve dans les films du duo.
Je trouve notamment le côté elliptique poussé très loin (la scène de la douche qui rappelle - bien que tournée 17 ans avec celle d'Hitchcock - celle de Psychose, ou bien la fin du film, se terminant sur le simple bruit d'une chaise qui tombe).
Difficile pour moi de ne pas le mettre au même niveau que La Féline. Une merveille bien sombre.

Cordialement,

Hervé
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manuma
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par manuma »

DADDY'S GONE A-HUNTING (1969)
A peine arrivée à San Francisco, la jeune Cathy Palmer fait la connaissance de Kenneth Daly, photographe couvant de sérieux troubles psychiques. Une idylle s'ensuit...

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Daddy’s gone A-hunting annonce à sa façon les psycho-killers et thrillers à base de harcèlement des années 80 et 90. Le film est coécrit par Lorenzo Semple Jr. (The Parallax view, Three days of the condor, mais également Sheena) et Larry Cohen, d’après une histoire écrite par Cohen. On retrouve d’ailleurs en filigrane de ce récit une problématique sociale que Cohen exploitera à nouveau plus ou moins directement sur sa trilogie des It’s alive, puisqu’à l’origine de la psychose meurtrière de personnage masculin principal se trouve la décision de son ex-partenaire d’avorter.

On a certes vu mieux dans le genre, mais le suspense tient globalement la route jusqu’au bout et l’ensemble est bien emballé côté réalisation, alternant séquences en extérieurs exploitant joliment l’attractive ville de San Francisco et scènes de studio à l’ancienne, dont l’une – traque nocturne dans un parc désert – vient nous rappeler que Robson a un temps œuvré sous la houlette du grand Val Newton. Très solide score de John Williams en prime, pas édité à ma connaissance, en mood Legrand sur le premier tiers du film, beaucoup plus sombre et axé suspense sur le reste de l’œuvre.

Titre plutôt recommandable donc, au sein de la très inégale filmo de son réalisateur.
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Kevin95
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par Kevin95 »

DADDY'S GONE A-HUNTING - Mark Robson (1969) découverte

D'ordinaire, Mark Robson ce n'est jamais foufou, limite plan plan, comme le symptôme de l'entre deux, entre le Hollywood classique et le Nouvel Hollywood. Grosse surprise de voir qu'en 1969, le réalisateur en charentaises s'est coltiné un scénario diabolique co-signé Larry Cohen, une ambiance tendue de chez tendue et une intrigue étouffante, presque dégueulasse : une jeune fille avorte d'un ancien amant un peu relou, ce dernier le prend mal et va pourrir la vie de son ex-compagne jusqu'à vouloir tuer le nouvel enfant qu’elle porte, comme ça, juste pour rétablir les comptes. Ultra conservateur, Daddy's Gone A-Hunting fustige les écarts de conduite de sa jeune héroïne pour sublimer dans son plan final la famille au complet, mais trouve son intérêt dans la violence du récit, dans les procédés un peu faciles mais ultra efficaces pour créer un suspense (la séquence du garage reste un moment d'effroi impressionnant) et par le charisme de son bad guy. Ce dernier ne s'énerve jamais, parait même touchant lorsqu'il apprend qu'il ne sera pas père, et conduit son plan macabre comme s'il allait chercher le pain. Malgré un Robson toujours aussi chétif dans sa mise en scène, le film accumule les débordements comme ce trait d'humour (noir) lorsqu’un rendez-vous entre le psychopathe et la mère du bébé à tuer se passe dans un théâtre jouant... Médée. Un poil limite idéologiquement, pas dingue formellement, Daddy's Gone A-Hunting est surtout à voir comme un thriller sec et vicelard porté par la musique d'un tout jeune John Williams.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Jeremy Fox
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par Jeremy Fox »

L'enfer au dessous de zéro chroniqué par Florian Bezaud ; le film est sorti en DVD chez Sidonis.
villag
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par villag »

Rappelons que ce film est tiré du roman ( hell below zero ) de Hammond Innes , auteur dont je raffolais quand j' étais ado .....!
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Alexandre Angel
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Re: Mark Robson (1913-1978)

Message par Alexandre Angel »

En lisant l'année de la mort de Robson, je réalise que son Avalanche Express, qu'il me divertirait bien de revoir (même si je sais qu'il n'est pas fameux) et que j'ai vu au ciné, est sorti à titre posthume, du coup.
Apparemment, certaines scènes ont été réalisées par Monte Hellman. Ceci explique peut-être cela.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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