Madeleine Sologne (1912-1995)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Madeleine Sologne (1912-1995)

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Dans les années 40, grâce à un seul film, l'Eternel Retour (1943), Madeleine Sologne était devenue une des actrices les plus aimées du public français. Toutes les jeunes femmes voulaient copier son look et sa coiffure.
En toute simplicité et modestie, l'actrice était énormément reconnaissante à Cocteau et ne semblait pas déçue que sa carrière (autrefois) mythique se résume à ce film dans l'esprit du public.
Je propose qu'on revisite un peu la carrière de cette actrice blonde qui fit rêver toute une génération.
Music Man
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Re: Madeleine Sologne (1912-1995)

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LA FOIRE AUX CHIMERES (1946) de Pierre Chenal avec Erich von Stroheim, Madeleine Sologne et Louis Salou

Frank Davis (E. von Stroheim) est en charge de la fabrication de billets de banque dans une entreprise. Son visage est convert de cicatrices et il est peu aimé de ses collègues. Un jour, dans une fête foraine, il rencontre Jeanne (M. Sologne) une aveugle qui est la partenaire d'un lanceur de couteaux. Il en tombe amoureux et l'épouse. Son train de vie devient pharaonique...

Avis de Ann Harding

Mon troisième film de Pierre Chenal et je suis toujours émerveillée. C'est le premier film de Chenal en France après son exil en Amérique du sud durant la guerre. Von Stroheim fait un numéro sensationnel en homme défiguré qui peut paraître 'beau' face à Madeleine Sologne. L'histoire a tout du roman photo passablement mélodramatique. Mais, Chenal le traite comme un mélo flamboyant et toutes les exagérations et approximations du scénario sont oubliées. La photo de Pierre Montazel doit être impressionnante, mais, la copie médiocre que j'ai vue ne me permet pas d'en parler. Il reste le sens du récit et de l'atmosphère que sait donner Chenal à ce film. La rencontre en Sologne et Von Stroheim est formidable: elle arrive toute de blanc vaporeux vêtue avec une chèvre comme guide et tout cela au milieu d'une fête foraine. Stroheim est assis sur un banc avec dans les bras une poupée qu'il vient de gagner à un jeu. Nous sommes en plein rêve! Lorsque Sologne recouvre la vue, elle décide de continuer à faire croire à Stroheim qu'elle est encore aveugle car elle sait qu'il ne supportera pas la pitié qu'elle épouvre pour cet homme défiguré. Le final du film est grandiose avec des plans penchés à la Duvivier. Formidable! :)
Music Man
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Re: Madeleine Sologne (1912-1995)

Message par Music Man »

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UN AMI VIENDRA DE SOIR de Raymond BERNARD – 1945
Avec Michel SIMON, Madeleine SOLOGNE, Paul BERNARD, Louis SALOU, Daniel GELIN

Le commandant Gérard et sa troupe de maquisards ont déniché la planque idéale : une maison de santé dans les Alpes où, mêlés à des aliénés mentaux, se cachent également une jeune juive ainsi qu'un médecin suisse qui pourrait bien être un espion à la solde des Allemands…

Ce film marque le retour du cinéaste Raymond Bernard contraint de se cacher pendant l’occupation à cause de ses origines juives. Un film sur la résistance qui sera accueilli avec ferveur par le public mais avec beaucoup de distance par les critiques. Pourtant la première partie, qui se déroule dans un asile de fous, où on a du mal à discerner les vrais malades des résistants cachés, a une atmosphère à la fois lourde, irréelle qui capte à merveille la situation opaque de l’occupation allemande. Des acteurs formidables, le génial Michel Simon en tête, nous livrent des interprétations mémorables, notamment quand les fous sont malmenés par les allemands qui viennent les interroger sans ménagement.
Le(long) film sombre hélas dans la seconde partie en un mélo assez théâtral et surjoué en se centrant sur la liaison entre la juive et le nazi. Il évoque les camps de concentration, et les fours crématoires, alors que je ne suis pas certain que les résistants étaient au courant de toute l’horreur de la barbarie nazie avant la libération.
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Kimm
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Re: Madeleine Sologne (1912-1995)

Message par Kimm »

Actrice qui me fascine sans que j'en connaisse la raison, peut-être tout simplement pour son nom de scène qui fait écho à une région de France connue pour la beauté de son site: parsemée d'étangs aux brumes matinales, elle m'apparait mystérieuse et quasi-fantastique.

Ce n''est pas pour rien qu'Alain Fournier utilise ce cadre pour souligner l'aspect onirique d'un passage célèbre du GRAND MEAULNES.

Pour revenir à Madeleine Sologne, je fus toujours surpris par la singularité de son visage: il possède les caractèristiques des grandes beautés féminines de l'écran (comment ne pas penser à Michèle Morgan ou Marlène Dietrich), mais sans toutefois atteindre à cette harmonie qui caractérisait ces deux actrices...

Elle maintint le prénom de Madeleine: était-ce pour la douce nostalgie du célèbre biscuit de Marcel Proust, ou bien encore une variante française d'une actrice anglo-saxonne connue pour sa francophonie et son teint de porcelaine: Madeleine Carroll...

Ce prénom Madeleine a pour moi une résonnance particulière: c'est bien sur le prénom de Kim Novak dans VERTIGO, avant que l'on apprenne qu'elle s'appelle en réalité Judy...

Toutes ces raisons font que je suis curieux de connaitre sa filmographie: je sais qu'il existe deux films sortis en édition Gaumont: VAUTRIN et LE LOUPS DES MALVENEUR..
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Ouf Je Respire
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Re: Madeleine Sologne (1912-1995)

Message par Ouf Je Respire »

Kimm a écrit :Actrice qui me fascine sans que j'en connaisse la raison, peut-être tout simplement pour son nom de scène qui fait écho à une région de France connue pour la beauté de son site: parsemée d'étangs aux brumes matinales, elle m'apparait mystérieuse et quasi-fantastique.
Ce coin-là, c'est chez moi. 8)
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Kimm
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Re: Madeleine Sologne (1912-1995)

Message par Kimm »

Découverte de LA FIGURE DE PROUE (Christian Stengel, 1947)

Madeleine Sologne est bien cette figure de proue, quintessence illusoire à l'idéal de Georges Marchal, femme à la fois incarnée pragmatique et altière;
la recherche de cette "figure de proue" n'est pas sans rappeler VERTIGO, et cette dérive du héro (la dépression pour James Stewart, la fuite dans des contrée lointaine pour Georges Marchal, sublime), avec un double jeu lors d'une séquence, interprété par Madeleine Sologne...personnage lui même en quête...
Contrastes des milieu sociaux, des conditions de vie des personnages qui renforcent le décalage des héros, et idéalisent le personnage féminin.
Le réalisateur ancre le film dans une réalité sociale (vie des éclusiers, des marins) et décrit des personnages de manière réaliste; les touches poétiques n'en ressortent que mieux, sans effet de style éthéré, à l'image de l'héroïne...
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