Michael Ritchie (1938-2001)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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manuma
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Michael Ritchie (1938-2001)

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SEMI-TOUGH (1977)
Billy et Shake sont les vedettes de leur équipe de football. Leur amie de cœur, Barbara, veut se marier avec Shake. Mais celui-ci voudrait que Barbara découvre le "ça" que lui a fait découvrir le "guru" Friedrich Bismard, fondateur de la B.E.A.T. Elle décide de s'inscrire a un séminaire de 48 heures..
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Semi-tough arrive dans la filmographie de Michael Ritchie juste après l’un de ses plus gros succès public, The Bad news bears. Tout comme celui-ci, mais aussi le précédent Downhill racer, son action se déroule sur fond de challenge sportif. Ecrit par Walter Bernstein, célèbre scénariste blacklisté, le film est une adaptation du roman éponyme du journaliste sportif Dan Jenkins. Toutefois, il semblerait que Ritchie et Bernstein se soient sensiblement écarté du matériel créé par Jenkins en décidant notamment de greffer à cette description du monde du football américain une analyse satirique des mouvements de libération de l’esprit et autre doctrines new age alors très en vogue aux Etats-Unis. Le film reçut un accueil mitigé. Il marqua réellement le début de la rupture entre Ritchie et la critique, celle-ci commençant à sérieusement remettre en cause son appartenance au prestigieux cercle des auteurs du Nouvel Hollywood, reconnaissance acquise au lendemain de Downhill racer.

Si Semi-tough ne compte pas parmi les grandes réussites de Ritchie, l’œuvre n’en reste pas moins aussi ambitieuse que The Candidate ou Smile, pour citer deux de ses travaux nettement moins contestés signés au cours de la même décennie. Elle colle en tout cas parfaitement à la personnalité de son auteur. Dans sa forme, il se dégage de certaines séquences une étonnante spontanéité, proche du documentaire, caractéristique du style Ritchie (jusqu’à An almost perfect affair, au moins). Dans le contenu, on retrouve quelques thématiques centrales de son cinéma : observation du machisme, de l’esprit de compétition américain, sur un ton souvent très ironique. Et dans ses meilleurs moments – la scène de thérapie de groupe du mouvement B.E.A.T, tout le passage dans lequel Burt Reynolds drague par dépit une femme au physique un peu ingrat dans un hôtel - le film retrouve presque la saveur humoristique unique d’un Smile, à la fois drôle, méchante et un rien sinistre dans le fond.

Malheureusement Semi-tough se perd à vouloir courir plusieurs lièvres à la fois. Il dilate sa force comique et son intérêt à tenter de livrer un regard caustique sur les coulisses du football US, sport macho par excellence, de railler certains phénomènes sociétaires du moment, tout en s’appuyant sur une classique intrigue amoureuse triangulaire pour avancer, intrigue dans laquelle le personnage de Kris Kristofferson se voit d’ailleurs largement sous-exploité. Tout cela est amusant certes, mais rien n’est vraiment approfondi.

Au final, on obtient un film futé et ambitieux mais boiteux et sporadiquement divertissant, souvent plus cynique que réellement drôle. Rien à redire sur l’interprétation en revanche. Parmi les prestations les plus savoureuses prestations, citons celle de Burt Reynolds évidemment, mais aussi de Bert Convy en gourou beau gosse au discours sibyllin et Lotte Lenya en masseuse aux méthodes de remises en forme pour le moins musclées.


Topics consacrés à d'autres films de Ritchie :

http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... it=ritchie (La Descente infernale)
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... it=ritchie (Votez McKay)
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... it=ritchie (Carnage)
Dernière modification par manuma le 1 juin 14, 13:30, modifié 1 fois.
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manuma
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

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Compil d'avis laissés sur le forum :

Profondo Rosso a écrit :Smile de Michael Ritchie (1975)

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C'est à nouveau l'élection de Miss Amérique, l'évènement le plus important de l'année pour ses deux organisateurs, Big Bob Freelander et Brenda DiCarlo. Mais cette année, Brenda a des problèmes conjugaux et le fils de Bob s'apprête à faire des bêtises.

Smile constitue en quelque sorte pour le réalisateur Michael Ritchie (qui avant se commettre en atrocités durant les 80's comme Golden Child fut un des auteurs les plus prometteurs du Nouvel Hollywood) la conclusion d'une trilogie entamée avec ses deux premier films, Downhill Racer (1969) et Votez McKay (1971). Dans ces deux films, Ritchie développait une thématique passionnantes sur l'ambition galopante au sein de l'Amérique et qui entraînait un conformisme dangereux sur ses figures les plus en vues. Dans Downhill Racer (La Descente Infernale en vf) Robert Redford incarnait un champion de ski ambitieux et individualiste, avant que ces vertus ne révèlent un être profondément creux ne vivant que pour sa discipline. Dans Votez McKay Robert Redford à nouveau était un jeune politicien rebelle qui peu à peu gagné par l'ambition finissait par adopter le discours hypocrite des vieux briscards de la politique qu'il dénonçait afin d'obtenir un siège de député au élections.

Smile va encore plus loin dans ce discours en s'attaquant à un milieu moins noble que le sport ou la politique et encore plus soumis au conformiste, celui des élections de Miss. C'est plus précisément celui des Miss America Junior dont il est question, avec une horde de lycéennes aux dents longues et au discours formaté. Ritchie offre un montage cruel lors des séquences d'entrevue entre les candidates et le jury, toutes souhaitant bien évidemment plus tard avoir une profession où elles peuvent aider leur semblable, nonnes, vétérinaire, missionnaire et on en passe. L'ironie est encore plus grande quand interviennent les différents numéros individuels de chacune. En voulant dénoncer justement le pouvoir du paraître et des artifices pour célébrer la beauté intérieure, une candidate propose (volontairement) l'effet totalement inverse en s'effeuillant de ses fanfreluches sous l'oeil des males concupiscent. Plus tard c'est une concurrentes mexicaine qui après avoir amené une certaine fraîcheur parmi la population très WASP s'avère avoir une attitude tout aussi calculée en jouant outrageusement sur l'exotisme de ses origines et offrant du guacamole préparé par ses soin au moindre jury qui passe près d'elle. Les quelques personnages sortant du lot finissent noyés par leurs soif de victoire les incitant à adopter la même attitude que les autres. Un discussions entre deux filles enfonce le clou lorsqu'elles se conseillent mutuellement sur les astuces pour gagner : exagérer tout ses sentiments, fondre en larmes à la moindre occasion et surtout, sourire jusqu'à s'en décrocher la mâchoire. La bande son avec le morceau Smile de Nat King Cole en boucle est là pour nous le rappeler.

Cette transparence des enfants est directement issue de celle du monde des adultes, tous parfaitement odieux. Geoffrey Lewis est un président de concours odieux se préoccupant plus des coûts et de la réputation son évènement que du bien être de ses candidates. Bruce Dern est lui un jury terriblement creux dont les slogans positivistes idiots des concours sont devenus le leitmotiv quotidien et Barbara Feldon préfère voir son mariage s'écrouler plutôt que troubler le concours durant la semaine d'épreuve. Heureusement sous ce constat amer le film est aussi très drôle. Le ridicule et le kitsch de ce genre de concours est poussé dans ses derniers retranchements (le présentateur ringard, les entrainements loufoque) et quelques situations annexe sont hilarantes comme ses adolescents en rut tentant d'obtenir une photo dénudé des belles de passages. Un poil moins brillant que Downhill Racer et Votez McKay (il est absolument impossible de s'attacher à qui que ce soit ici tant règne le cynisme) mais une grande réussite tout de même, peut être la dernière de Ritchie dont la carrière allait bientôt sombrer. A notez une tout jeune Mélanie Griffiths parmi les concurrentes !
Harkento a écrit : Prime Cut de Michael Ritchie : 8,5 / 10
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Le gros coup de coeur affectif de février car même chose que The Sea Hawk, je n'avais tout bonnement jamais entendu parlé de ce long de Ritchie (je ne connaissais d'ailleurs pas non plus ce cinéaste) aussi intemporel que baroque, dont le générique absolument génial donne tout de suite le ton ! Les fans de cinémas de genre ne seront en tout cas pas déçu je pense ... le fans de Sissy Spacek non plus d'ailleurs ! 8) (c'est d'ailleurs son premier grand rôle au cinéma ... et quel rôle !)
Randolph Carter a écrit : Image

Un film surprenant desservi par son titre et par une jaquette ne rendant pas justice à un ovni cinématographique dont on se demande comment il a pu être financé tellement l'intrigue est invraisemblable.L'histoire semble avoir dérouté le metteur en scène lui-même(Michaël Ritchie),tellement certaines scènes paraissent inabouties ou traitées par-dessus la jambe.Le film débute par deux scènes trés glauques et se termine en conte de fées,avec un Lee Marvin en bon samaritain(ça nous change) à peu prés mutique durant tout le film.A recommander chaudement à tous les amateurs de bizarreries.
magobei a écrit :Prime Cut (Michael Ritchie, 1972)

Il y a ce contraste entre l'élégance de la mise en scène et le sordide du sujet; entre Lee Marvin (impérial) en homme de main classieux et Gene Hackman en patron des bouseux, empereur des rednecks. Tout le film joue sur cette corde raide: Prime Cut ne recule devant rien, on voit un homme transformé en chair à saucisse, des jeunes filles droguées et violées... Mais c'est aussi diablement esthétique, outrageusement beau. Comme la scène anthologique de la moissonneuse-batteuse, décalque terrien de la scène de l'avion de North by Northwest. Ou la préparation de la vengeance, quand Marvin fourbit ses armes (littéralement) tandis qu'un ciel d'orage gronde dans le pare-brise de la voiture...

Sordide, beau et moral. Voilà en somme le programme de Prime Cut, sorte de quintessence du cinéma d'exploitation, qui me rappelle pourquoi j'aime tellement ça.

8.5/10
Profondo Rosso a écrit :La Descente Infernale (Downhill Racer) de Michael Ritchie (1969)

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Pour remplacer son champion qui vient de se casser la jambe, l'entraineur de l'équipe américaine de ski alpin, Eugène Clair (Gene Hackman), propose Brian pour former l'équipe olympique de ski. Mais un jeune fermier du Colorado semble avoir un avenir prometteur, David Chappellet (Robert Redford). Clair lui donne sa chance. Mais lors de sa première course internationale, David refuse de prendre le départ, et crée un conflit dans l'équipe.

Downhill Racer est le premier film de Michael Ritchie qui entamait là sa fameuse trilogie sur la société américaine (bientôt suivie de Votez McKay et Smile) mais même s'il saura y apposer sa touche, le projet est à l'origine avant tout porté par Robert Redford. Révélé par La Poursuite Impitoyable de Arthur Penn et rapidement starisé par le succès de Barefoot in the Park, Redford souhaite utiliser le pouvoir acquis grâce à cette notoriété pour produire ses propres films, plus modeste et risqué que les grosse machine de studios. Son intérêt se porte sur le roman de Oakley Hall Downhill racer se déroulant dans le milieu du ski professionnel. Redford souhaite approcher la description de ce milieu sous un angle critique envers un certaine culte de la victoire et du statut d'icônes des athlètes a qui tout est pardonné tant que les résultats sont là. Il fait appel au romancier James Salter pour peaufiner le script tandis que le projet suscite l'intérêt de Roman Polanski lui-même skieur émérite et ayant déjà les idées les plus folles sur le ton qu'il souhaite donner au film (il souhaitait en faire une sorte de Train sifflera trois fois dans le milieu du ski avec la même unité de temps). La Paramount jusque là réticente au projet finit par céder en échange de la présence de Redford au casting de Rosemary's Baby dans le rôle du mari finalement tenu par John Cassavetes. Trop accaparé par son film sataniste, Polanski fini par quitter le navire et Redford de même dans l'autre sens et il devra pour finalement convaincre le studio aller filmer sur le vif avec le caméraman Gene Gutowski quelques moments la grande compétition en cours à savoir les Jeux Olympique de Grenoble en 1968. Immergé dans l'équipe de ski américaine, on lui rapporte les méfaits d'une des grandes star montantes des jeux précédents, le skieur Billy Kidd (médaille d'argent en 1964) dont l'arrogance et l'individualisme nourrira grandement son personnage.

Séduit par son style percutant développé à la télévision, Redford engage finalement Michael Ritchie dont ce sera donc la première réalisation au cinéma. Downhill Racer narre l'irrésistible ascension du jeune David Chappellet (Robert Redford) sélectionné dans l'équipe américaine et à force de talent va soudainement engranger les victoires. Loin du "rookie" humble et obéissant, Chappellet n'est pas un cadeau. Imbu de lui-même, arrogant et sûr de sa force, il rue dans les brancards avant même d'avoir fait ses preuves et dès les premiers bons résultats fait preuve d'une attitude détestable. Dans un premier temps le scénario ménage quelques pistes justifiant ce comportement comme son enfance insignifiante dans un Idaho reculé et l'indifférence d'un père qui souhaite voir fier de ses victoire. Robert Redford fend légèrement l'armure indestructible du personnage par sa prestation en faisant preuve d'une innocence et d'une candeur qui le rend finalement touchant notamment l'histoire d'amour qu'il entretiendra avec l'employée dsexy d'un équipementier (Camilla Sparv). Chappellet se fait ainsi le successeur d'autres grandes figures de l'insoumission dans le Nouvel Hollywood naissant que ce soit Bonnie and Clyde ou les motards de Easy Rider. Le propos du film est cependant bien plus provocateur que cela quand la vraie nature de Chappellet se révèlera. Sous l'individualisme se cache en fait un profond égoïsme, un mépris de l'autre et de l'esprit sportif entièrement au service d'un profond narcissisme (les femmes sont des objets à consommer, les équipiers des pions à éliminer). L'aspect rebelle dissimule en fait un personnage creux, ignorant et sans conversation. Les passages d'interviews (qui feront encore merveille dans Votez McKay) se montre d'une terrible vérité pour pour montrer le vide de sa pensée et étend finalement cette idée aux sportif les plus compétiteurs incapable de s'exprimer en dehors de leur discipline. Redford est réellement excellent, dévoilant sans détour toutes les failles de ce "héros" peu recommandable notamment dans toute la gestuelle empruntée et le mutisme niais de ce héros capable uniquement de communiquer via les pistes enneigées. On se demande alors si c'est bien cette froideur indifférente qui fait l'essence des sportifs les plus chevronnés.

L'autre grand exploit du film c'est sa description saisissante du milieu sportif. Rivalités, coup bas divers et petites phrases assassines sont monnaie courante dans la vie de "l'équipe" (dont une terrible réplique Well it's not exactly a team sport is it ? lancée par Redford lorsqu'on lui reproche son attitude). Ritchie filme avec une inventivité constante les différentes épreuve de descente, alternant reprises des schémas de diffusion sportive tv, caméra embarquée sur les skieurs pour des haletante descente (et chute) en vue subjective ou carrément un caméraman à ski accompagnant les skieur sur la piste (Robert Redford a d'ailleurs pas mal donné de sa personne même si doublé pour les moments les plus dangereux). Le résultat es bluffant grâce également au montage virtuose de Richard Harris et Ritchie y dévelloppe déjà son documentaire et sur le vif qu'il peaufinera encore mieux par la suite. La réalité contemporaine du ski américain n'est pas oubliée non plus notamment le grand enjeu d'une première médaille d'or américaine dans la discipline qui pousse à cette rivalité exacerbée, et la recherche de subventions par Gene Hackman plus vrai que nature en entraîneur ronchon. Le film souffre finalement très peu de dramatisation artificielle avec quasiment pas de musique, l'intensité de la compétition passant plus par les éléments extérieurs (commentaires, réactions des spectateur) que la pure mise en scène très naturaliste et documentaire. Ritchie mise uniquement sur ces acteurs pour distiller l'émotion et malgré l'issue faussement heureuse, le temps d'un regard perdu de Redford on comprend aisément tout ce qui lui manque pour être un vrai champion en dépit de la victoire lors d'une saisissante conclusion. Une belle réussite pas totalement exempts de défauts (de petites longueurs) mais annonciatrice du vrai chef d'oeuvre de l'association Redford/Ritchie, Votez McKay et sa description sans concession de la politique américaine trois ans plus tard. 5/6
Kevin95 a écrit :Image

Fletch (Michael Ritchie) Image

Pur film eighties (avec ses défauts et ses qualités) à savoir une esthétique très clipesque, une musique au synthé tantôt fun tantôt horrible mais en revanche une cool attitude (qui le sait et en joue), une bonne humeur et un héros vanneur et très second degrés.
Un an après le méga carton de Beverly Hills Cop, un autre comique se la joue détective de choc le bien nommé Chevy Chase (avant qu'il ne devienne l'icone de comédie tout public) et bien qu'il ne possède pas la grâce de Murphy, il est tout aussi cabot et drôle quand il débite ses bons mots dans des situations hautes en couleur et quand il se déguise comme son ainé l'inspecteur Clouseau.
L'intrigue ressemble à un Colombo du pauvre (on s'en fout un peu), mais le film est doté d'une bonne humeur vraiment communicative et fait de ce Fletch un sacré bon moment.
Boubakar a écrit :Image

La descente infernale (Michael Ritchie, 1969)

Ayant repensé à la dithyrambe d'Atcloserange sur ce film, j'en ressors un petit peu déçu, bien que je reconnaisse d'évidentes qualités formelles. C'est terriblement bien filmé, à la manière d'un reportage (on a l'impression que le skieurs vont plus vite que ce qu'on a vu aux derniers J.O.), et au montage extrêmement rythmé (d'ailleurs, le générique est superbe). Et on a droit à un Robert Redford absolument formidable, où son charisme irradie littéralement l'écran (notamment quand il se regarde dans le miroir, en train de se recoiffer).
Mais il y a un je-ne-sais-quoi qui me perturbe, peut-être le fait que le film part dans plusieurs directions (l'histoire d'amour, sa relation avec Gene Hackman, ou la personnalité du personnage de Robert Redford), sans que toutes ces pistes ne soient abouties. Mais au fond, j'ai bien aimé, même si j'aurais voulu être transporté comme le fut ACR à la vision du film.
Profondo Rosso a écrit :Prime Cut de Michael Ritchie

Dès la saisissante scène d'ouverture où un type passe à la machine à saucisse et finit en bonne charcuterie on baigne bien comme il faut dans la fange et l'ambiance dégénéré porté par Gene Hackman en boss redneck allumé. Seul Lee Marvin homme de main blasé et droit ainsi que la douce Sissy Spacek apporte une touche d'humanité dans ce spectacle où foisonnent les scènes autres : la fameuse ouverture, une voiture désossée par une moissoneuse batteuse, une vente de betails constituées de jeune filles nues et droguées. Dommage quand même que quelques aspect ne soient pas plus dévellopés comme le trafic de Mary Ann, la montée en puissance avant la confrontation finale et surtout cette dernière beaucoup trop brève. L'absence de chichi renforce cependant le côté serie B brut de décoffrage et ça reste toujours surprenant aujourd'hui de voir des stars comme Lee Marvin et Gene Hackman dans un truc aussi dérangeant. 4,5/6
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Flol
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

Message par Flol »

J'y étais moi aussi allé de mon petit sur ce bien étrange Prime Cut :
Ratatouille a écrit :Quel drôle de film.
Déjà, quand dans l'intro, on nous suggère qu'un type a été transformé tranquillou en saucisse, sur une musique toute guillerette signée Lalo Schiffrin, on se dit qu'on est face à quelque chose d'étrange.
Puis le personnage de Lee Marvin nous est présenté, sans fioritures. A un tel point que l'on ne sait pas trop qui il est, où il va et pourquoi il y va. Mais il y va.
Ensuite, on nous présente le personnage de Gene Hackman. Qui s'appelle donc "Mary Ann". Ok, tout est normal. :|
Et l'on découvre le pot aux roses : ces méchants agriculteurs, en plus de saucissonner les gens, font un élevage de jeunes filles en fleurs, pour mieux les revendre à d'autres méchants agriculteurs. :o
C'est à ce moment là que l'on découvre une toute jeune Sissy Spacek (son 1er rôle), et à ma grande surprise...elle était super jolie ! (faut dire que cette magnifique robe verte transparente lui va à ravir)
S'ensuit une des meilleures scènes du film (le dîner au resto chic), dans laquelle toute la classe de Lee Marvin fait des merveilles.
Un peu plus tard, arrive LE clou du film : cette fameuse scène de la voiture littéralement avalée par une moissoneuse-batteuse. Outre le fait que ce soit totalement invraisemblable, ça n'apporte strictement rien à l'affaire de montrer ça. Mais c'est ça qui est cool, en fait.
Et arrive le grand final, qui commence par une fusillade dans un champ de tournesols (aucune musique, juste du travail sur le son et le montage...c'est très réussi), et se termine sur du règlement de comptes classique dans un hangar (avec tout de même une tentative de meurtre à base de saucisse).

Clairement, ce film n'a absolument RIEN de sérieux, on est dans du pur film d'exploitation cartoonesque. Et ce n'est pas sa conclusion en forme de happy end totalement exagéré qui viendra me faire mentir.
On est donc aux portes du nanar, mais sans jamais la franchir totalement. Un subtil jeu d'équilibriste, pour un film finalement plutôt sympa (si l'on oublie 2 secondes toute vraisemblance), à conseiller à tous les amateurs de saucisses.
Vraiment un drôle de film.

6/10
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manuma
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

Message par manuma »

Ratatouille a écrit :Clairement, ce film n'a absolument RIEN de sérieux, on est dans du pur film d'exploitation cartoonesque. Et ce n'est pas sa conclusion en forme de happy end totalement exagéré qui viendra me faire mentir.
On est donc aux portes du nanar, mais sans jamais la franchir totalement. Un subtil jeu d'équilibriste, pour un film finalement plutôt sympa (si l'on oublie 2 secondes toute vraisemblance), à conseiller à tous les amateurs de saucisses.
Vraiment un drôle de film.
Marrant, mais je trouve que ce que tu dis là peut s'appliquer pratiquement mot pour mot à l'un de ses films suivants, le très décrié The Island.
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Flol
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

Message par Flol »

Y a aussi une tentative de meurtre à la saucisse, dans celui-là ?
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

Message par manuma »

Non, là on est plus dans le meurtre à la méduse et le duel pirate vs karatéka. Mais l'esprit est le même...
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

Message par Lord Henry »

Pour l'avoir vue en salle, The Island, c'est juste moche et très mauvais. Inutile de tenter de le rattraper en invoquant une quelconque ironie.
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

Message par Flol »

manuma a écrit :Non, là on est plus dans le meurtre à la méduse et le duel pirate vs karatéka. Mais l'esprit est le même...
Merci. Il faut absolument que je le voie.
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

Message par manuma »

Ratatouille a écrit :Il faut absolument que je le voie.
Tu pourras peut-être trancher entre mon enthousiasme et le rejet total du Lord... Au passage, je l'envie de l'avoir découvert au cinéma !
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

Message par AtCloseRange »

manuma a écrit :
Ratatouille a écrit :Il faut absolument que je le voie.
Tu pourras peut-être trancher entre mon enthousiasme et le rejet total du Lord... Au passage, je l'envie de l'avoir découvert au cinéma !
On peut compter aussi sur moi pour en dire du mal.
Un beau nanar.
Prime Cut n'est pas parfait mais c'est d'un tout autre niveau et beaucoup plus intéressant.
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

Message par manuma »

AtCloseRange a écrit :On peut compter aussi sur moi pour en dire du mal.
Un beau nanar.
Prime Cut n'est pas parfait mais c'est d'un tout autre niveau et beaucoup plus intéressant.
J'attendais ton intervention, sachant que tu l'as découvert il y a peu.

Pour moi, le film va encore plus loin que Prime cut dans le cynisme et l'absurdité. Je trouve ça assez gonflé, mais je peux aussi comprendre que l'on considère ça comme un nanar.

La carrière de Ritchie s'en est en tout cas difficilement remise.
Dernière modification par manuma le 25 août 13, 21:33, modifié 1 fois.
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

Message par Lord Henry »

manuma a écrit :Tu pourras peut-être trancher entre mon enthousiasme et le rejet total du Lord... Au passage, je l'envie de l'avoir découvert au cinéma !
Eh, oui! A cette époque, on formait les cinéphiles à la dure!
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

Message par manuma »

COPS & ROBBERSONS (1994)
Jack Stone, inspecteur bourru, issu de la vieille école, et son jeune partenaire Tony Moore, s'installent chez les Robbersons, une famille en apparence des plus tranquilles, afin de surveiller les faits et gestes de leur nouveau voisin, redoutable gangster œuvrant dans le trafic de faux billets.
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Cops & Robbersons marque la troisième association entre Michael Ritchie et Chevy Chase - quatrième même, si l’on inclut la petite participation de l’acteur comique à The Couch Trip, en 1988. Ce flop critique et public quasi intégral - le troisième consécutif pour Chevy Chase, après Nothing but trouble et Memoirs of an invisible man - est coproduit par Ned Tanen, ancien boss de l’Universal (entre 1976 et 1982) et la Paramount (de fin 1984 à fin 1988).

Réalisée par Michael Ritchie juste après The Positively True Adventures of the Alleged Texas Cheerleader-Murdering Mom, retour gagnant du cinéaste à la télévision comme au style corrosif de ses débuts, cette comédie policière dans la veine de Stakeout marque un net pas artistique en arrière pour ce dernier. Pourtant, sous son pitch rebattu, Cops & Robbersons n’est pas non plus un titre totalement dénué d’ambition, thématiquement raccord avec le reste de l’œuvre de son inégal auteur. On devine en tout cas sans trop de mal ce qui a pu intéresser le réalisateur de Smile ici. Derrière le portrait cette famille de banlieusards trop parfaite en apparence pour ne pas se révéler intrinsèquement dysfonctionnelle se dessine en effet l’une de ces satires de l’American ways of life chères à Ritchie. Maintenant, ça, c’est pour les intentions. Dans le rendu, on reste malheureusement loin de la comédie méchamment caustique espérée.

Le problème est que Ritchie doit composer avec un Chevy Chase pas très inspiré, nous ressortant à l’identique son numéro d’imbécile sympathique de la série des Vacation, et un script plus flemmard encore, aux situations comiques pour la plupart particulièrement poussives. Alors certes, tout n’est pas à jeter non plus. Il y a bien quelques répliques et séquences amusantes à grappiller ici et là. Par ailleurs, quoi que sous-exploitée en caricature de fée du logis, Dianne Wiest est très bien. Et la composition parodique de Jack Palance, en vieux flic bougon / misanthrope évoquant le Dirty Harry des opus eighties, mérite bien un petit coup d’œil. Mais ces quelques frêles bons points ne suffisent pas à sauver l’ensemble de la routine et facilité. Une comédie pas désagréable, mais clairement paresseuse, sous-exploitant son potentiel satirique.
Dernière modification par manuma le 8 août 21, 21:26, modifié 5 fois.
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

Message par Demi-Lune »

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Une réputation honorable m'aura attiré vers cette découverte. Au final, vraiment pas de quoi s'en relever la nuit. Le film commençait pourtant bien avec un ton mi-ironique mi-mélancolique (la chanson Smile de Nat King Cole utilisée en générique) pour accompagner cette évocation très 70's de l'Amérique des incertitudes et des losers. Ici, l'argument est celui d'un concours de beauté, le Young American Miss. L'occasion de faire un propos choral à la Altman (certains rapprochent Smile de Nashville sorti la même année) avec d'une part, les compétitrices (parmi lesquelles de toutes jeunes Melanie Griffith, Annette O'Toole ou Colleen Camp) formées au même moule du paraître et des zygomatiques en béton, et d'autre part, les organisateurs/jurés dans leurs petites misères quotidiennes. Sauf rares exceptions (les auditions), la satire est extrêmement convenue, avec toutes sortes de passage obligés comme les répétitions désastreuses ou les mâles concupiscents. Et même si Ritchie essaie de les faire exister au-delà de leurs sourires, le film n'évite pas toujours la condescendance envers des candidates, cruches et/ou ridicules (celle qui joue de l'accordéon, la Mexicaine qui offre partout du guacamole...). A croire que c'est le sujet lui-même qui n'a pas grand intérêt. Si le désenchantement est bien de son époque, le cynisme du film est au final peu incisif.
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Re: Michael Ritchie (1938-2001)

Message par AtCloseRange »

Demi-Lune a écrit :Image

Une réputation honorable m'aura attiré vers cette découverte. Au final, vraiment pas de quoi s'en relever la nuit. Le film commençait pourtant bien avec un ton mi-ironique mi-mélancolique (la chanson Smile de Nat King Cole utilisée en générique) pour accompagner cette évocation très 70's de l'Amérique des incertitudes et des losers. Ici, l'argument est celui d'un concours de beauté, le Young American Miss. L'occasion de faire un propos choral à la Altman (certains rapprochent Smile de Nashville sorti la même année) avec d'une part, les compétitrices (parmi lesquelles de toutes jeunes Melanie Griffith, Annette O'Toole ou Colleen Camp) formées au même moule du paraître et des zygomatiques en béton, et d'autre part, les organisateurs/jurés dans leurs petites misères quotidiennes. Sauf rares exceptions (les auditions), la satire est extrêmement convenue, avec toutes sortes de passage obligés comme les répétitions désastreuses ou les mâles concupiscents. Et même si Ritchie essaie de les faire exister au-delà de leurs sourires, le film n'évite pas toujours la condescendance envers des candidates, cruches et/ou ridicules (celle qui joue de l'accordéon, la Mexicaine qui offre partout du guacamole...). A croire que c'est le sujet lui-même qui n'a pas grand intérêt. Si le désenchantement est bien de son époque, le cynisme du film est au final peu incisif.
Je suis vraiment curieux de le découvrir celui-là.
As-tu vu Votez McKay et La Descente Infernale (ce dernier est excellent)?
Je pense que ça pourrait te plaire.
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