Ramon Novarro (1899-1968)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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feb
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Ramon Novarro (1899-1968)

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The Red Lily - Fred Niblo (1924)
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En Bretagne, Jean Leonnec (Ramon Novarro) est amoureux de la fille du sabotier Marise La Noue (Enid Bennett) mais le père du jeune homme, également maire du village, n'est pas de cet avis. Suite au décès du père de Marise, la jeune femme est expulsée de la maison familiale et doit rejoindre sa famille la plus proche où elle subit les violences du père. Elle s'enfuit de cette maison et retourne à celle de son enfance où elle passe la nuit auprès de Jean mais ils sont tous les 2 contraints de quitter le village. Ils prennent le train pour Paris et, arrivé à la gare, Jean est arrêté par deux hommes envoyés par son père qui le soupçonne d'avoir volé de l'argent. Il réussit à échapper aux 2 hommes et rejoint Paris mais ne retrouve pas celle qu'il aime sur le quai de la gare. Les jours, les mois passent mais Jean et Marise n'arrivent pas à se retrouver. Jean devient un voleur et Marise sombre peu à peu dans la prostitution...
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Un an avant Ben-Hur, Fred Niblo retrouve Ramon Novarro dans un film aux prétentions bien plus modestes que le péplum mais qui ne peut laisser indifférent tout ceux qui apprécient les belles histoires d'amour. Niblo propose un film émouvant, simple, riche en émotions, dont la photo est un plaisir pour les yeux et où Ramon Novarro et Enid Bennett (Mme Niblo à la ville) trouvent 2 magnifiques rôles. The Red Lily fait partie de ses muets méconnus, peu diffusés et qui sont pourtant de petits bijoux car emprunts de tout ce qui fait la force et la beauté de ces films : une émotion simple, des visages et des regards qui suffisent à ressentir les sentiments et un superbe travail sur la lumière.
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Le réalisateur nous offre durant 80 minutes une histoire d'amour qui ne sombre jamais dans le mélodrame ou dans la simplicité. La naïveté et la sincérité qui découlent de cette histoire d'amour se lisent sur le visage de ces 2 jeunes amoureux et Niblo sait parfaitement "exploiter" le potentiel de ces 2 interprètes. Plus que de simples marionnettes devant la caméra, Novarro et Bennett donnent vie à leur personnage et y apportent un supplément d'âme qui rend sensible à leur histoire. Une histoire que Fred Niblo sait parfaitement raconter par un très beau travail sur ses cadres, son montage et surtout son utilisation magnifique des teintes et des lumières. Le DVD Warner Archive rend réellement honneur au travail des techniciens MGM puisque la copie proposée est un réel plaisir pour les yeux avec son N&B subtil et ses teintes sépia et bleue qui apportent une force supplémentaire à l'histoire. Le réalisateur montre un savoir-faire et une maitrise de son outil qu'il est impossible de nier tant certains de ses plans semblent créer une scène prête à être peinte sur une toile.
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Ramon Novarro, qui a toujours préféré son travail durant la partie muette, trouve ici un de ses plus beaux rôles, un rôle qui se dégrade au fur et à mesure du film : du jeune amoureux qui refuse d'abandonner celle qu'il aime, il va glisser vers les petits larcins au contact du personnage de Bo-Bo (excellent Wallace Beery qui se prête idéalement à ce personnage de voleur roublard et charmeur). Cette dégradation du personnage crée également une baisse de l'empathie de la part du spectateur pour son personnage car il devient égoïste et arrogant au point de rejeter et de blesser Marise lorsqu'il la retrouve après des années de séparation. Ce personnage, si amoureux au début du métrage, n'est maintenant plus que l'ombre de lui-même et son salut va passer une fois de plus par le sacrifice du personnage féminin. Rejetée par le village, séparée de celui qu'elle aime et obligée de vendre son corps pour survivre, le personnage de Marise est marquée par une souffrance continue et silencieuse qui atteint son paroxysme lorsqu'elle retrouve Jean dans sa chambre de bonne sous les toits de Paris...complètement désarçonné par la vision de ce visage qui n'est plus celui du visage d'ange qu'il connaissait tant, le jeune homme frappe la femme avant de la quitter.
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Enid Bennett est une actrice dont le jeu et le visage rappelle celui de Lillian Gish. Son personnage va endurer les pires épreuves pour tenter de vivre dans un Paris où se côtoient richesse et pauvreté, un Paris qui n'offre aucune chance aux plus faibles et qui l'oblige à se prostituer pour survivre. Fragile, touchante, émouvante, Marise va se transformer au contact de cette ville, subissant une à une les étapes qui se dressent devant elle et ne jugeant jamais le comportement de Jean à son égard - la violence de son geste, la médisance vis-à-vis de sa situation, son refus de l'accepter telle qu'elle est -.
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Malgré toutes ces épreuves, Marise va aller jusqu'à se sacrifier pour sauver celui qu'elle aime, lui offrant la possibilité de racheter ses crimes et de commencer une vie nouvelle. Si Ramon Novarro se montre versatile dans son rôle, Enid Bennett est absolument divine dans celui de Marise, un personnage qui se transforme physiquement et psychologiquement. Telle les plus belles actrices de cette période muet, Bennett semble faire corps avec son personnage, lui insufflant énergie, souffrance, désespoir et sachant transmettre à la caméra ce qu'il ressent réellement. La beauté de l'actrice muette prend ici tout son sens, un regard, un geste discret, un sourire suffisent à faire vivre le personnage et à nous faire partager ses émotions.
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The Red Lily est un très beau film, de ceux que l'on aimerait voir restauré et mis en avant, car il est un exemple du cinéma muet dans tout ce qu'il a de plus fort : des images qui nous captivent, une histoire qui nous interpelle, des acteurs - plus ou moins oubliés - qui fascinent par leur jeu, leur visage et par les émotions qu'ils transmettent.
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Dernière modification par feb le 23 juin 13, 12:04, modifié 1 fois.
feb
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Re: Ramon Novarro (1899 - 1968)

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The Flying Fleet - George W. Hill (1929)

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6 amis et élèves de l'académie navale d'Annapolis, qui se sont jurés de devenir pilotes pour la Navy, vont devoir affronter le programme de sélection qui va en décider autrement et n'en conserver que 2. Ce muet MGM de 1929 est un peu particulier dans sa construction car il est avant tout un petit guide illustré de le Navy en 1929 - le film ayant bénéficié du soutien de cette dernière qui l'annonce fièrement par un Produced with the sanction of the United States Navy sur un des intertitres du début - et les moyens mis à disposition ainsi que la qualité des scènes de vol sont là pour le prouver. A la description de cette composante de l'armée US, vient se greffer une histoire de romance à 3 teintée de mélo avec les personnages interprétés par Ramon Novarro, Anita Page et Ralph Graves.
Les 2 lascars, derniers représentants du groupe originel, vont bien entendu tomber amoureux de la jeune femme et vont jongler entre leur amitié et leur carrière pour essayer de décrocher leur "wings" et le coeur de la ravissante flapper. Le scénario, extrêmement mince et prévisible, ne sert que de pretexte au film dont l'intérêt majeur repose sur ses scènes d'aviation, visuellement superbe, et sur ses scènes décrivant la vie au sol (base navale de North Island à San Diego) ou sur l'USS Langley, premier porte-avions de l'armée US.
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Mais cette mise en avant de la Navy et cette histoire de coeur assez basique n'empêchent pas le film d'être très agréable à suivre car le trio fonctionne bien (le duo Novarro/Page est magnétique), la mise en scène de Hill se montre dynamique et riche (photo lumineuse, scènes aériennes variées, superbes gros plans lors des scènes finales sur le radeau de fortune) et l'alternance des scènes entre la vie au sol et les entrainements aériens font passer sans trop d'ennui les 87 minutes du film. Ramon Novarro et Ralph Graves sont très bons dans leurs rôles taillés sur mesure de leading man et d'acolyte et leur amitié/rivalité transpire bien à l'écran même si un développement un peu plus poussé de leur 2 personnages n'aurait pas été superflu (mais il a fallu sans doute donner plus de priorité à la Navy). Si Anita Page sert encore de faire valoir, et n'est présente que par petites touches dans le film, elle est belle comme jamais et chacune de ses apparitions est un petit plaisir pour les yeux (surtout qu'elle est parfaitement photographiée par Ira H. Morgan) au point qu'il serait dommage de les refuser :oops:
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The Flying Fleet est un mélo tout à fait classique dans son traitement (triangle amoureux, rivalité qui prend le pas sur l'amitié, sacrifice) mais qui vaut le coup d'oeil pour ses scènes et sa production made in US Navy & MGM, pour découvrir l'état de l'art en 1929 (bi-plans, poste de pilotage non caréné, transmission en code Morse, navigation par sextant via un poste dans le nez de l'avion :shock: ) et pour la présence de Ramon Novarro, toujours à l'aise, naturel et élégant et bien entendu d'Anita Page.
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Dernière modification par feb le 23 juin 13, 16:55, modifié 1 fois.
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Tommy Udo
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Re: Ramon Novarro (1899 - 1968)

Message par Tommy Udo »

Merci pour ces quelques mots à propos d'un film qui, à te lire, me semble des plus intéressants (justement pour ses scènes d'aviation).
Dans ma wish-list car il est à 14,99$ en ce moment sur Amaz.^^
feb
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Re: Ramon Novarro (1899 - 1968)

Message par feb »

Oui je te le conseille Tommy, un petit muet qui ne casse pas des briques mais qui vaut le coup d'oeil.
Par contre quand tu cherches un WA, pense aussi à DeepDiscount qui est souvent moins cher qu'Amaz. :wink:
12,81$ en ce moment
http://www.deepdiscount.com/dvd/The-Flying-Fleet
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Tommy Udo
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Re: Ramon Novarro (1899 - 1968)

Message par Tommy Udo »

feb a écrit :Par contre quand tu cherches un WA, pense aussi à DeepDiscount qui est souvent moins cher qu'Amaz. :wink:
12,81$ en ce moment
http://www.deepdiscount.com/dvd/The-Flying-Fleet
:idea: Je n'y pense jamais, à ce site. Merci ! :)
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Re: Ramon Novarro (1899 - 1968)

Message par Music Man »

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LA COMEDIE DU BONHEUR de Marcel LHERBIER – 1940
Avec Ramon NOVARRO, Michel SIMON, Jacqueline DELUBAC, Micheline PRESLE, SYLVIE, Louis JOURDAN

Le banquier Jourdain, philanthrope invétéré, dilapide sa fortune pour semer le bonheur autour de lui. Sa famille, inquiète de cette prodigalité, s'arrange pour le faire interner dans un asile d'aliénés. Mais Jourdain réussit à s'échapper et se réfugie dans une pension de famille.

La comédie du bonheur est l’adaptation d’une pièce à succès de Nicolas Evreinoff, dans laquelle avait triomphé Charles Dullin. Le film connut de nombreux problèmes : compte tenu de la drôle de guerre, il fut tourné en Italie. Il n’était pas achevé quand toute l’équipe dut rentrer précipitamment en France en mai 40. Les pellicules d’abord perdues furent ensuite retrouvées et envoyées en France, où certaines bobines brulèrent dans un incendie. Lherbier fut contraint de tourner des scènes additionnelles pour lier ce qui restait, mais certains comédiens étaient morts entre temps ou partis à l’étranger ! Le nom de l’auteur (un russe, franc maçon de surcroit) fut supprimé du générique.
Donc, compte des circonstances particulières, le cinéaste s’en sort plutôt bien. Certes, c’est parfois un peu décousu, mais l’histoire est assez amusante et filmée de façon alerte, dans ce monde un peu irréel où les studios d’enregistrement sont tout blanc, où l’on déguste des disques à la pistache et où tout s’achève dans un immense carnaval.
Dans cette période particulièrement morose, on peut louer la volonté de Lherbier d’apporter comme Michel Simon dans le film, un peu de bonheur aux spectateurs : à la fin, les personnages préfèrent d’ailleurs rester dans l’illusion. L’interprétation est très disparate : Michel Simon et Micheline Presle sont excellents ; les autres beaucoup moins. Ramon Novarro, la star hollywoodienne du muet (Ben Hur) ressemble ici beaucoup à Luis Mariano (même jeu gauche et appuyé, même accent)mais chante très nettement moins bien.
Les dialogues sont de Jean Cocteau.
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feb
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Re: Ramon Novarro (1899 - 1968)

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Huddle - Sam Wood (1932)

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Une petite production MGM, au casting bien alléchant, mais malheureusement desservie par une réalisation mollassonne, un scénario un peu faible et une bonne poignée de minutes en trop. Si le pitch de départ est archi connu et attendu (un jeune immigré italien passe d'une aciérie aux terrains de foot de Yale, tombe amoureux de la soeur du capitaine de l'équipe, fait craquer sa copine, devient le mec le plus impopulaire mais réussi à conquérir sa belle et à devenir l'ami de tous), on pouvait penser que la présence de Novarro et Evans devant la caméra et de Wood derrière allait suffire à notre bonheur. Et bien non...

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Le déroulement de l'histoire rend le film assez anodin, pour ne pas dire ennuyeux, et les "sous-intrigues" n'apportent rien au dynamisme global du film. Cela est d'autant plus pénalisant quand on sait que le film repose sur la rivalité entre les personnages de Tony (Ramon Novarro) et de Tom Stone (Kane Richmond) et sur le jeu de séduction entre Tony et la jolie Rosalie (Madge Evans). Sam Wood filme tout cela sans aucun relief et sa mise en scène ne compense en rien à la pauvreté du scénario, bien au contraire : ça manque de rythme, c'est trop long, certaines scènes sont interminables et mal foutues (les scènes chantées sont des horreurs de post-synchronisation et le match final est chiantissime alors qu'il est censé être le point "culminant"). Les seconds rôles n'apportent, eux aussi, pas grand chose malheureusement mais d'un autre côté ça nous évite de supporter la voix et le jeu de Una Merkel :mrgreen:
Encore une fois, on fait face à une production MGM assez anodine et dont on peut largement se passer. On sent dès le début que l'on va être encore déçu mais il y a toujours un petit quelque chose qui donne envie de s'y plonger...

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Ramon Novarro me semble lui aussi marqué du même sceau "MGM parlant" que John Gilbert, William Haines ou Buster Keaton : des stars du muet qui n'ont pas eu droit au même traitement de faveur que leurs acolytes arrivés pour le parlant. Les productions sont plus faibles, les histoires sont des plus basiques, les rôles sont proches du stéréotype ou très limités et les partenaires féminines ne sont pas les stars de la Major. Mais sur ce dernier point, il ne faut surtout pas bouder son plaisir parce que Madge Evans, Anita Page ou Mae Clarke à l'écran c'est toujours un plaisir pour les yeux :mrgreen:

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