Anita Page (1910-2008)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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feb
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Anita Page (1910-2008)

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Our Dancing Daughters - Harry Beaumont (1928)

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Our Dancing Daughters est le film pivot dans la filmographie muette de Joan Crawford. Avant ce film, l'actrice n'avait enchainé que des variations autour du rôle de "la fille", celle qui termine le film avec l'acteur principal (William Haines, John Gilbert, Ramon Novarro) et qui s'apparente donc plus à un but à atteindre pour ce dernier qu'à un réel personnage. Avec le film de Harry Beaumont, on passe à autre chose, on découvre la vraie Joan Crawford, celle qui a travaillé fort pour en arriver là, celle qui peut prétendre à tenir un film sur ses épaules, celle sur qui la MGM peut désormais compter. Joan Crawford trouve ici un rôle qui lui va à ravir, elle qui incarne pour la Major et pour beaucoup d'hommes, mais aussi de femmes, la jeunesse, la flapper girl. L'actrice, cheveux courts, dont le jazz et le charleston semblent couler dans ses veines, montre ici un tout autre visage, un jeu un peu plus complet, plus riche qui lui permet d'alterner les scènes de danse et de "party" arrosées avec des scènes plus intimes où son petit minois fait merveille.
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Le film de Beaumont repose un scénario assez mince où les histoires de coeurs, les mensonges et les tromperies font l'essentiel du récit mais le plaisir n'est pas là, il est ailleurs...il vient se glisser sur les close-up d'une Joan Crawford toute jeune dont le visage n'a pas encore les traits durs que l'on connaitra par la suite, il est sur le côté Pre-Code dans lesquelles baignent certaines scènes - déshabillés légers, regards qui en disent long, sous-entendus coquins, amitié féminine très proche entre Crawford et Sebastian (on sent que la miss Joan aimerait croquer la Dorothy) -, il est sur la liberté de ton affichée par le film avec ses jeunes femmes qui profitent de ces soirées arrosées, de ces hommes disponibles et riches et qui cherchent le plaisir avant de devenir des femmes respectables, il est sur le casting féminin et masculin 100% MGM avec 2 acteurs assez solides, John Mack Brown très bon et Nils Asther plus sérieux et moins présent à l'image, et avec une Joan Crawford entourée d'une Anita Page très jeune et déjà très sensuelle et d'une Dorothy Sebastian réellement adorable (quel dommage que sa carrière à la MGM se soit si mal terminée). La confrontation entre le personnage de Diana (Crawford) et de Ann (Page) est d'ailleurs assez interessante car elle oppose 2 styles de femmes dont l'image renvoyée n'est pas forcément en corrélation avec leur état d'esprit. Crawford campe une flapper vivante, dynamique, mangeuse d'hommes mais qui ne cache rien et ne triche pas pour gagner un prétendant. De son coté, Page triche pour remporter le pactole - surtout si l'homme est riche - et elle applique la recette que sa mère lui a toujours enseignée "A rich man wants his money's worth - beauty and purity". Coincé entre ses 2 femmes, Ben (Mack Brown) va pencher pour Ann pensant trouver en elle une femme sérieuse, alors qu'il voit en Diana celle qui passe d'un homme à un autre tous les soirs...
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Our Dancing Daughters n'est pas un chef d'oeuvre muet de la MGM mais il a son importance car il marque la mise sur orbite de l'étoile Crawford, il offre une liberté de ton propre à cette époque avec ce mélange de musique, de soirées et de flappers, le tout parfaitement guidé par le dynamisme du cinéma muet et par la qualité de production de la MGM (décors, costumes, photographie). C'est sans doute daté vu d'aujourd'hui mais coincé entre l'arrivée du parlant en 27 et le futur crash de 29, le film se déguste comme un instantanée de cette période et, avec un tel trio à l'affiche, ça ne se refuse pas.
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Under 18 - Archie Mayo (1931)

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1931, une production Warner, Marian Marsh, Anita Page, Warren William, Archie Mayo à la réalisation et un titre, Under 18, très Pre-Code. Tout semblait réuni pour faire de ce film un petit Pre-Code social comme la Warner a su en faire durant cette période mais malheureusement il n'est pas aussi bon que son titre le laissait espérer.

Une jeune couturière (Marian Marsh) va tout faire pour trouver l'argent nécessaire afin d'aider sa soeur (Anita Page) à divorcer au point de demander à un riche producteur de Broadway (Warren William) moyennant certaines conditions. Avec un tel casting, une histoire aussi simple mais terriblement Pre-Code et un titre aussi intrigant, on pouvait s'attendre à un film piquant, dynamique, jouant avec le Code par le biais de thèmes comme les rapports riches/pauvres, le besoin d'argent, le remboursement "en nature" mais rien de tout ça malheureusement. Le film de Mayo s'avère être un film social avec des touches de film romantique et d'éléments Pre-Code mais ce n'est en rien un pur film Pre-Code comme Baby Face par exemple.
La mise en scène ou le jeu des acteurs ne posent aucun problème, ce qui pêche réellement c'est d'abord un scénario qui ne donne pas assez de corps à son personnage principal, le fait que la partie la plus interessante se retrouve sur les 20 dernières minutes du film et enfin que le twist final soit vraiment décevant voire ridicule. Une fois de plus le film se finit sur une scène plus classique, gommant les aspects Pre-Code au détriment d'un aspect romantique où le personnage principal finit avec celui qu'elle aime, oubliant ce qui vient de se passer. Ce besoin de finir le film sur une touche positive ne fait que grandir le sentiment de frustration que l'on ressent devant un tel gâchis (même si le mot est un peu fort). Marian Marsh est une actrice pétillante et réellement charmante mais c'est vraiment dommage que le scénario lui offre si peu pour s'exprimer, Anita Page est une actrice que je découvre petit à petit et qui brille par un jeu naturel et fort au point qu'elle eclipse le reste du casting lors de ses scènes (on en vient à regretter que son personnage soit si peu utilisé), et, enfin, Warren William est fidèle à lui même dans ce rôle de prédateur mais il est ici peu présent et il souffre d'une fin assez ridicule.
Le film se laisse néanmoins regarder par curiosité, pour sa description de la vie difficile des personnages de Margie et Sophie en totale opposition au Penthouse très Art-Deco de Raymond Harding et pour ses quelques notes Pre-Code (mais je soupçonne quand même la production d'avoir fait tomber pas mal de pellicule par terre à cause de scènes où l'avortement semble être la solution pour la grossesse du personnage de Sophie (Anita Page) mais le casting et le titre auraient pu (et du) donner beaucoup mieux.

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Speedway - Harry Beaumont (1929)

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Autre film "vehicle" réalisé par la MGM avant l'arrivée du parlant pour sa star William Haines, Speedway est un film dont le casting typiquement MGM et la présence d'Harry Beaumont derrière la caméra laissaient présager d'un moment pas désagréable. Malheureusement Speedway est un muet parfaitement oubliable et qui n'apporte rien de nouveau par rapport aux autres films mettant en scène la star masculine de la Major (je pense à West Point et à Spring Fever). Le film de Beaumont propose une histoire qui semble être une photocopie de celle du film de Sedgwick où le foot US est remplacé par les 500 Miles d'Indianapolis et Joan Crawford par Anita Page.

Parfaitement anodin, le film souffre d'un scénario extrêmement faible, d'une fin vraiment convenue et la présence quasi-continue de Haines (il est de tous les plans) n'aide pas à remonter le niveau (on retrouve là une faiblesse déjà présente dans West Point) tant son jeu et ses pitreries paraissent bien lourdes et rendent son personnage parfois un peu trop ennuyeux (sa scène de drague avec Anita Page ou celle dans le restaurant en sont de bons exemples).
On peut également regretter la faible importance donnée au rôle tenu par Ernest Torrence et surtout le gaspillage réalisé par Beaumont vis-à-vis de l'actrice Anita Page. On est vraiment dans un film dédié à son acteur et on regrette que le réalisateur n'ait pas tourné plus de scènes avec l'actrice qui, de la même manière que Joan Crawford dans West Point, eclipse tout ce qui se trouve à l'écran quand elle apparait. Anita Page est réellement un visage de la MGM, une star des "late silents" et c'est réellement dommage qu'elle ne soit ici qu'un simple faire-valoir pour Haines car elle mérite bien plus. Il n'y a pas à réfléchir longtemps pour dire que c'est une superbe actrice, que son charme incroyable répond à un jeu naturel (sa présence dans Our Dancing Daughters apporte beaucoup au film) et que le trio de flappers MGM qu'elle forme avec Joan Crawford et Dorothy Sebastian est un plaisir pour les yeux pour tout ceux qui sont sensibles aux charmes des actrices de la fin des années 20 :oops:
Une autre petite production MGM...
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feb
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Re: Anita Page (1910 - 2008)

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Sidewalks of New York - Zion Myers, Jules White (1931)

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Un gâchis complet et 74 minutes qui paraissent interminables tant cette production MGM tombe à plat dans tous les domaines : rythme poussif, Buster Keaton qui semble réellement se faire chier sur le plateau (et pas seulement parce qu'il tire la tronche :mrgreen: ), Anita Page sous-exploitée, histoire très faible qui semble étirée en longueur, seconds rôles inexistants et une production indigne du rang de la MGM. Quel dommage que la Major n'ait jamais pris le soin d'écouter Keaton et son lot d'idées lors du passage au parlant et qu'elle n'en ait fait qu'à sa tête au point de ne plus savoir quoi faire de l'acteur comme on peut s'en rendre compte avec ce film. Pas crédible dans son rôle, l'acteur essaye tant bien que mal de jouer sur son physique pour nous arracher un sourire et nous faire oublier la pauvreté de l'histoire, le statisme de la mise en scène et la faiblesse des dialogues. On se prend presque à couper le son pour retrouver le Keaton du muet, tant l'association Keaton + voix parait presque non naturelle, et pour espérer faire passer le temps plus vite mais rien n'y fait. Sidewalks of New York est un film à oublier dans la filmo de Buster Keaton et d'Anita Page et une fois terminé, on n'a qu'une seule envie c'est de revoir The General et Our Dancing Daughters.
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Tommy Udo
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Re: Anita Page (1910 - 2008)

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feb a écrit :Sidewalks of New York - Zion Myers, Jules White (1931)

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Un gâchis complet et 74 minutes qui paraissent interminables tant cette production MGM tombe à plat dans tous les domaines : rythme poussif, Buster Keaton qui semble réellement se faire chier sur le plateau (et pas seulement parce qu'il tire la tronche :mrgreen: ), Anita Page sous-exploitée, histoire très faible qui semble étirée en longueur, seconds rôles inexistants et une production indigne du rang de la MGM. Quel dommage que la Major n'ait jamais pris le soin d'écouter Keaton et son lot d'idées lors du passage au parlant et qu'elle n'en ait fait qu'à sa tête au point de ne plus savoir quoi faire de l'acteur comme on peut s'en rendre compte avec ce film. Pas crédible dans son rôle, l'acteur essaye tant bien que mal de jouer sur son physique pour nous arracher un sourire et nous faire oublier la pauvreté de l'histoire, le statisme de la mise en scène et la faiblesse des dialogues. On se prend presque à couper le son pour retrouver le Keaton du muet, tant l'association Keaton + voix parait presque non naturelle, et pour espérer faire passer le temps plus vite mais rien n'y fait. Sidewalks of New York est un film à oublier dans la filmo de Buster Keaton et d'Anita Page et une fois terminé, on n'a qu'une seule envie c'est de revoir The General et Our Dancing Daughters.
Merci pour cette critique enjouée. Il me tarde de découvrir ce film, Pre-Code Man :mrgreen:
Concernant Keaton, que penses-tu de PARLOR, BEDROOM AND BATH (1931) et THE PASSIONATE PLUMBER (1932) ?
Aussi mauvais que Sidewalks ?
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Re: Anita Page (1910 - 2008)

Message par feb »

Tommy Udo a écrit :Concernant Keaton, que penses-tu de PARLOR, BEDROOM AND BATH (1931) et THE PASSIONATE PLUMBER (1932) ?
Aussi mauvais que Sidewalks ?
Excellente question, merce de l'avoir posée :mrgreen:
Je n'en ai aucune idée Tommy car je me suis toujours limité à la carrière muette de Keaton et je n'ai jamais vu un seul parlant de sa filmo (exceptés Sunset Boulevard et Limelight).
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Tommy Udo
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Re: Anita Page (1910 - 2008)

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Du reste, pour rester dans la thématique du topic, merci pour ces quelques chroniques hautement intéressantes (Our Dancing Daughters commence à m'intéresser fortement) :wink:
Je m'aperçois que la miss a une carrière plutôt réduite et que, outre les films cités, le reste de sa filmo ne doit pas être évident à voir.
(Mais il y a quand même Free and Easy, apparemment meilleur que Sidewalks)^^
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Re: Anita Page (1910 - 2008)

Message par feb »

Tommy Udo a écrit :Du reste, pour rester dans la thématique du topic, merci pour ces quelques chroniques hautement intéressantes (Our Dancing Daughters commence à m'intéresser fortement) :wink:
Je m'aperçois que la miss a une carrière plutôt réduite et que, outre les films cités, le reste de sa filmo ne doit pas être évident à voir.
Our Dancing Daughters est une petite perle parmi les late silents de la MGM, les 3 actrices sont :oops: et c'est un pur régal pour les yeux (par contre le DVD WA pique un peu).
(Mais il y a quand même Free and Easy, apparemment meilleur que Sidewalks)^^
Rien que pour le casting du film, il faut que je le trouve : Anita Page, Robert Montgomery, Fred Niblo, Lionel Barrymore, William Haines, Dorothy Sebastian (coucou Tommy :mrgreen: )
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Jack Carter
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Re: Anita Page (1910 - 2008)

Message par Jack Carter »

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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Anita Page (1910 - 2008)

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Oui je sais, merci Jack, mais malheureusement c'est un coffret Z1 et j'ai déjà les 2 autres :mrgreen: :arrow:
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Tommy Udo
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Re: Anita Page (1910 - 2008)

Message par Tommy Udo »

feb a écrit :Dorothy Sebastian (coucou Tommy :mrgreen: )
:mrgreen:

Elle est partout, elle, en ce moment :mrgreen:
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Re: Anita Page (1910-2008)

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The Flying Fleet - George W. Hill (1929)

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6 amis et élèves de l'académie navale d'Annapolis, qui se sont jurés de devenir pilotes pour la Navy, vont devoir affronter le programme de sélection qui va en décider autrement et n'en conserver que 2. Ce muet MGM de 1929 est un peu particulier dans sa construction car il est avant tout un petit guide illustré de le Navy en 1929 - le film ayant bénéficié du soutien de cette dernière qui l'annonce fièrement par un Produced with the sanction of the United States Navy sur un des intertitres du début - et les moyens mis à disposition ainsi que la qualité des scènes de vol sont là pour le prouver. A la description de cette composante de l'armée US, vient se greffer une histoire de romance à 3 teintée de mélo avec les personnages interprétés par Ramon Novarro, Anita Page et Ralph Graves.
Les 2 lascars, derniers représentants du groupe originel, vont bien entendu tomber amoureux de la jeune femme et vont jongler entre leur amitié et leur carrière pour essayer de décrocher leur "wings" et le coeur de la ravissante flapper. Le scénario, extrêmement mince et prévisible, ne sert que de pretexte au film dont l'intérêt majeur repose sur ses scènes d'aviation, visuellement superbe, et sur ses scènes décrivant la vie au sol (base navale de North Island à San Diego) ou sur l'USS Langley, premier porte-avions de l'armée US.
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Mais cette mise en avant de la Navy et cette histoire de coeur assez basique n'empêchent pas le film d'être très agréable à suivre car le trio fonctionne bien (le duo Novarro/Page est magnétique), la mise en scène de Hill se montre dynamique et riche (photo lumineuse, scènes aériennes variées, superbes gros plans lors des scènes finales sur le radeau de fortune) et l'alternance des scènes entre la vie au sol et les entrainements aériens font passer sans trop d'ennui les 87 minutes du film. Ramon Novarro et Ralph Graves sont très bons dans leurs rôles taillés sur mesure de leading man et d'acolyte et leur amitié/rivalité transpire bien à l'écran même si un développement un peu plus poussé de leur 2 personnages n'aurait pas été superflu (mais il a fallu sans doute donner plus de priorité à la Navy). Si Anita Page sert encore de faire valoir, et n'est présente que par petites touches dans le film, elle est belle comme jamais et chacune de ses apparitions est un petit plaisir pour les yeux (surtout qu'elle est parfaitement photographiée par Ira H. Morgan) au point qu'il serait dommage de les refuser :oops:
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The Flying Fleet est un mélo tout à fait classique dans son traitement (triangle amoureux, rivalité qui prend le pas sur l'amitié, sacrifice) mais qui veut le coup d'oeil pour ses scènes et sa production made in US Navy & MGM, pour découvrir l'état de l'art en 1929 (bi-plans, poste de pilotage non caréné, transmission en code Morse, navigation par sextant via un poste dans le nez de l'avion :shock: ) et pour la présence de Ramon Novarro, toujours à l'aise, naturel et élégant et bien entendu d'Anita Page.
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Re: Anita Page (1910-2008)

Message par joe-ernst »

feb a écrit :Speedway - Harry Beaumont (1929)

Autre film "vehicle" réalisé par la MGM avant l'arrivée du parlant pour sa star William Haines, Speedway est un film dont le casting typiquement MGM et la présence d'Harry Beaumont derrière la caméra laissaient présager d'un moment pas désagréable. Malheureusement Speedway est un muet parfaitement oubliable et qui n'apporte rien de nouveau par rapport aux autres films mettant en scène la star masculine de la Major (je pense à West Point et à Spring Fever). Le film de Beaumont propose une histoire qui semble être une photocopie de celle du film de Sedgwick où le foot US est remplacé par les 500 Miles d'Indianapolis et Joan Crawford par Anita Page.

Parfaitement anodin, le film souffre d'un scénario extrêmement faible, d'une fin vraiment convenue et la présence quasi-continue de Haines (il est de tous les plans) n'aide pas à remonter le niveau (on retrouve là une faiblesse déjà présente dans West Point) tant son jeu et ses pitreries paraissent bien lourdes et rendent son personnage parfois un peu trop ennuyeux (sa scène de drague avec Anita Page ou celle dans le restaurant en sont de bons exemples).
On peut également regretter la faible importance donnée au rôle tenu par Ernest Torrence et surtout le gaspillage réalisé par Beaumont vis-à-vis de l'actrice Anita Page. On est vraiment dans un film dédié à son acteur et on regrette que le réalisateur n'ait pas tourné plus de scènes avec l'actrice qui, de la même manière que Joan Crawford dans West Point, eclipse tout ce qui se trouve à l'écran quand elle apparait. Anita Page est réellement un visage de la MGM, une star des "late silents" et c'est réellement dommage qu'elle ne soit ici qu'un simple faire-valoir pour Haines car elle mérite bien plus. Il n'y a pas à réfléchir longtemps pour dire que c'est une superbe actrice, que son charme incroyable répond à un jeu naturel (sa présence dans Our Dancing Daughters apporte beaucoup au film) et que le trio de flappers MGM qu'elle forme avec Joan Crawford et Dorothy Sebastian est un plaisir pour les yeux pour tout ceux qui sont sensibles aux charmes des actrices de la fin des années 20 :oops:
Une autre petite production MGM...
Vu hier soir, et ce n'est pas loin d'être un purge. William Haines est totalement ridicule d'un bout à l'autre du film, Ernest Torrence est en effet sacrifié et Anita Page méritait vraiment un rôle à la mesure de son talent. Je suis donc entièrement d'accord avec ta critique... :(
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Re: Anita Page (1910-2008)

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Free and Easy - Edward Sedgwick (1930)

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Mon dieu :roll: 
90 minutes horribles, un calvaire du début à la fin. C'est mou, c'est statique, c'est une horreur sonore (certains dialogues semblent avoir été capturés avec le micro perché à 50m de hauteur), c'est filmé avec les pieds (aucun sens du cadre, montage inexistant), le scénario est d'un ridicule rarement vu et surtout il n'a ni queue, ni tête. Keaton m'a fait de la peine tout au long du film tant l'acteur semble perdu au milieu de tout ça, Anita Page est tout simplement gâchée avec un personnage sans saveur, 10 lignes de texte et une romance de pacotille avec un Robert Montgomery mauvais comme un cochon.
C'est bien simple, il n'y a RIEN à sauver excepté le plaisir de voir Anita Page (même avec un sac poubelle sur la tête cette actrice est à tomber), le caméo de Dorothy Sebastian (coucou Tommy :mrgreen: ), le passage avec Cecil B. de Mille qui dit hésiter entre Garbo, Crawford, Shearer et Davies pour son prochain film (il y a pire comme choix à faire :mrgreen: ) et des soupçons de Keaton "muet" qui transparaissent ça et là pendant 10 images de pellicule. Rarement été aussi déçu et agacé par un film MGM, rarement vu un tel gachis qu'avec les rôles de Buster Keaton et Anita Page et surtout étonné par le manque de professionnalisme dont fait preuve le film qui accumule les pires défauts des early talkies. En fait si on cherche à voir un film sur les coulisses de la MGM avec des cameos de première catégorie, il suffit de regarder Show People, petite perle éclairée par une Marion Davies géniale et où on voit aussi Dorothy Sebastian (coucou Tommy :mrgreen: ). Hautement déconseillé.
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Re: Anita Page (1910-2008)

Message par feb »

Jungle Bride - Harry O. Hoyt & Albert H. Kelley (1933)

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Ce petit Pre-Code de série B, produit par I.E. Chadwick Productions pour la Monogram Pictures, est en quelque sorte le dernier film tourné par Anita Page pour la MGM. Tourné fin 32, l'actrice qui est encore sous contrat et qui est, de ce fait, prêtée par la Major n'est plus dans les petits papiers des dirigeants. Suite aux refus successifs de Page vis-à-vis des différentes demandes émanant de Mayer et Thalberg (souhait du 1er de la faire poser pour des photos un peu plus osées, souhait du 2nd de la glisser dans son lit alors qu'il est marié à Norma Shearer), la MGM licencie l'actrice en 1933 et la jeune femme préfère mettre un terme à sa courte carrière, la même année, après avoir tourné dans 3 modestes productions pour la Columbia, l'Universal et la Chesterfield Motion Pictures.

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Jungle Bride est donc une petite production de la Monogram mais il n'en reste pas moins un Pre-Code tout à fait recommandable car il ne se fait pas trop avoir par les "pièges" dans lesquels de nombreux films du même style ont tendance à tomber. Court (seulement 61 min) et sans trop de temps mort, le film va directement à l'essentiel en plaçant les protagonistes sur une ile déserte - après le chavirage de leur bateau - et installe une petite tension entre les 3 personnages principaux - Doris Evans, son fiancé journaliste John Franklin et Gordon Wayne que tous les 2 accusent d'être un meurtrier et le responsable de la condamnation du frère de la jeune femme - qui apporte un plus à son déroulement. Fermée à toute idée de devoir vivre avec celui qu'elle accuse, Doris va petit à petit se laisser charmer par Gordon avant de céder en comprenant qu'il n'est pas celui qu'elle pensait. Ce changement d'attitude apparait naturellement au cours du film avec un Gordon qui va se montrer très protecteur au détriment d'un John qui laisse apparaitre sa vraie nature. Comme beaucoup de Pre-Code, le pitch est des plus classiques et la fin est attendue mais le contexte de la jungle hostile, la confrontation de 2 hommes pour cette femme, les petits goodies que le code Hays interdira un an plus tard et la présence d'Anita Page suffit à rendre le film sympathique et, sans être un chef d'oeuvre du genre, à le placer dans les Pre-Code à voir. Suffisamment bien emballé pour ne pas sombrer dans l'ennui (le budget est serré mais ça ne transpire pas trop à l'écran), Jungle Bride est un bel écrin pour la ravissante Anita Page, dont la carrière est déjà finie en 33, qui n'a pas eu la même chance qu'une Joan Crawford ou même qu'une Jean Harlow (la fin brutale en moins) à qui elle fait immédiatement penser dans ce film, le coté "vulgaire" en moins. L'actrice emporte tous les suffrages par sa plastique, sa tenue qui ne laisse rien voir mais qui ne cache rien et pour ces multiples plans ou pour cette scène de déshabillage/habillage que le réalisateur nous offre comme de petits instantanés de ce qui fait tout le charme du Pre-Code.

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Re: Anita Page (1910-2008)

Message par Tommy Udo »

Petite chronique qui met l'eau à la bouche^^
Il faut vraiment que je me penche sur la carrière de cette très belle actrice car j'en ai marre de la voir uniquement en photos (aussi troublantes soient-elles parfois :mrgreen: )^^
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Re: Anita Page (1910-2008)

Message par feb »

Errol Flynn ou Anita Page il faut choisir :mrgreen:
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