Satsuo Yamamoto (1910-1983)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Satsuo Yamamoto (1910-1983)

Message par bruce randylan »

je profite de la rétrospective en 10 films de la Maison de Culture du Japon à Paris pour créer un topic sur ce cinéaste inconnu chez nous (à part l'épisode de Zatoichi qu'il a tourné, il n'existe rien en DVD).

Je reprends le texte d'introduction de la MCJP
Ce pionnier du cinéma politique de l’après-guerre avec Guerre et paix, 1947, inscrit au parti communiste la même année, est licencié par son studio (la Toho) lors de la purge rouge qui y sévit en 1948. Il fonde alors une structure de production indépendante, la « compagnie de la nouvelle étoile » : Zone de vide (1952) est un pamphlet antimilitariste et autobiographique sur les brimades qu’avaient subies les intellectuels progressistes dans les casernes pendant la guerre ; Quartier sans soleil, une adaptation d’un roman prolétarien des années 1930, ouvertement anticapitaliste. Ces deux productions avaient été rendues financièrement possibles grâce au succès commercial, en 1950, de Ville de violence : un film noir mi-fiction, mi-documentaire, dénonçant la corruption policière, et qui avait révélé Yamamoto au public.
Après ces pre­miers suc­cès, Yamamoto se laisse cepen­dant vain­cre par une concep­tion mani­chéenne des lut­tes socia­les (Dans le tumulte du typhon). Il devra son salut au pré­si­dent de la Daiei, Masaichi Nagata, qui fait le pari qu’au cinéma, on peut être « rouge » et ren­ta­ble. C’est ainsi qu’il pro­pose à Yamamoto de tra­vailler sur une nou­velle série de films ninja, « Shinobi, le secret du ninja ». Pour com­mu­ni­quer sa vision du monde, Yamamoto aban­donne l’atta­que fron­tale au pro­fit de la trans­po­si­tion : comme Kinji Fukasaku le fera plus tard avec ses per­son­na­ges de gang­sters che­va­le­res­ques, il démys­ti­fie la figure du ninja pour des pro­jec­tions en faire un sim­ple espion socia­le­ment frus­tré de vivre dans l’ombre des puis­sants qui le mani­pu­lent à leur gré.
Grâce au suc­cès com­mer­cial de la série Shinobi, au Japon comme à l’étranger, Nagata décide de confier à Yamamoto, qu’il sur­nom­mera bien­tôt le « Cecil B. DeMille rouge », la réa­li­sa­tion de super­pro­duc­tions d’un genre nou­veau : des dra­mes his­to­ri­ques basés sur la révé­la­tion d’affai­res de cor­rup­tion entraî­nant dans la déchéance de gran­des famil­les sym­bo­les de la réus­site du Japon moderne (La tour d’ivoire, Le magnat).
La tour d'ivoire (1966)

Sur le point d'être à la retraite, un docteur titulaire en chirurgie doit choisir son remplaçant parmi des jeunes médecins. Son choix devrait se porter sur Goro Zaizen mais son éclatant talent (comme son arrogance) fait des jaloux. C'est le début d'une véritable lutte pour obtenir les voix du conseil administratif.

Première séance de cet hommage avec ce brûlot impressionnant. :D
Le regard que porte Yamamoto sur le système hospitalier est sans pitié et sans la moindre concession. Tout n'est que pouvoir, égo, manipulations, pot de vins, corruption...
La grande qualité du scénario est de rien omettre de toutes les tractations en coulisse pour un film ambitieux et terriblement lucide. Toutes les étapes de la nomination sont évoqués au gré de nombreuses scènes où les partisans de Goro Zaizen et le clan de ses opposants réfléchissent à tous les stratagèmes pour mettre en avant leur poulain. Autant dire que 95% des protagonistes de sont pas très recommandables. Au mieux, ils sont ridicules (le beau-père qui pensent que tous s'achètent :mrgreen: ), au pire, glaçant d'arrivisme et d’égoïsme. C'est le cas du héros principal Zaizen qui est assez détestable. Il y a quelques personnages plus humbles et intègres mais leurs honnêtes les écartent immédiatement des postes à responsabilité car ils refusent d'intégrer ce système.
Un système longuement dépeint au travers des nombreuses séquences où les clans tentent de trouver la bonne approche pour arriver à leur fin. Ca pourrait être répétitif, ça ne l'est jamais car l'idée de montrer toute l'absurdité perverse de cette administration qui vit en vase clos. Celà dit, il faut tout de même reconnaître quelques baisses de régime passagères.

Le film dure donc 2h30 mais il est découpé en deux actes. La première partie (un peu plus de la moitié) aborde donc le milieu hospitalier et la seconde se déplace dans le monde judiciaire (suite à une possible erreur de diagnostique) pour un constat tout aussi amer et critique sur une justice à deux vitesses qui là aussi a recours aux manipulations. La vérité ne veut plus rien dire, seul compte les intérêts de leur univers et la reconnaissance des victimes ne comptent plus vraiment. La morale essaye bien de faire un retour dans les débats mais on ne la sent pas toujours sincère. Elle semble faire partie d'une bonne conscience qu'on cherche à donner pour sauver les apparences... Et de toute façon, elle n'a pas l'air d'être suivi.
Cette ambiguïté fait toute la force du film et le regard du cinéaste ne semble jamais artificiel ou complaisant tant le film transpire une authenticité terrifiante.

De plus, la mise en scène de Yamamoto est à la hauteur de sa démarche avec un découpage moderne qui refuse les conventions académiques du champ contre-champ sans être non plus un manifeste "nouvelle vague". Si on rajoute de plus un très beau sens du scope, un noir et blanc soignée et un casting excellent, on obtint un petite bombe très recommandable, une sorte de thriller politique régulièrement passionnant (la dernière heure est vraiment palpitante) :D

Par d'ailleurs, c'est assez curieux de découvrir ce film quelques temps après le Lincoln de Spielberg. Ils sont vraiment très proches.

EDIT : le film est diponible en zone 3 avec des sous-titres anglais :wink:
Image
Dernière modification par bruce randylan le 21 mai 13, 15:41, modifié 1 fois.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Satsuo Yamamoto (1910 - 1983)

Message par bruce randylan »

Eclipse solaire (1975)

C'est dans la lignée de la tour d'ivoire en se déplacement clairement dans le monde de la politique avec les magouilles autour de l'appel d'offre pour la construction d'un gigantesque barrage.
Mais cette fois la sauce ne prend pas vraiment. Déjà on troc la classe d'un noir et blanc en scope pour du 1.33 couleur à la photographie fade, trop proche d'un téléfilm.
De plus, le découpage est cette fois beaucoup plus traditionnel et on n'évite plus désormais des conversations platement filmés.
Comme le film dure toujours 2h30, la forme n'aide pas à rester toujours concentré.

Mais surtout le problème du film vient d'un scénario bien trop complexe à suivre. Il y a beaucoup trop de personnages dans l'histoire pour ne pas être totalement perdu par moment. Il y a des passages où on passe plus de temps à essayer de se rappeler qui sont les hommes au centre des conversations qu'à s'intéresser à ce qu'il raconte.

Reste que lors de sa sortie, le film devait être beaucoup plus compréhensible puisqu'il s'inspire d'une affaire récente et que les faits ne sont même pas romancés. Le nom du barrage en question est le même et ceux des hommes politiques est à peine modifié, ce qui fait que personne n'est dupe quant à leur identités réelles (d'autant que les acteurs miment fidèlement leurs attitudes). D'ailleurs, les responsables incriminés n'ont pas osés porter plainte pour diffamation : cela aurait été reconnaître leur tort :mrgreen:

Bref, la démarche et l'intégrité de Yamamoto sont toujours présents mais elles ne suffisent plus à maintenir l’intérêt, surtout près de 40 ans après les faits (qui m'étaient inconnus). C'est dommage car il y a toujours cette ambition de restituer toute la complexité et les rouages de ce genre de corruptions à grande échelle avec attribution de marché public, intermédiaire, rétro-commission, pression, manipulation. Il y a régulièrement des passages passionnants et prenants. Et surtout la fin fait terriblement froid dans le dos avec la méthode dont les politiques ont réussi à couvrir le scandale : quelques morts qui arrangent tout le monde, des preuves qui disparaissent, des personnes mutés à l'autre bout du monde... quant aux témoins gênant, ils se retrouvent avec un contrôle fiscal histoire de saisir tous les documents qu'ils possèdent... y compris ceux qui mettaient à jour leur culpabilité.

D'ailleurs, même si le film a connu un grand succès à sa sortie, les responsable n'avaient pas grand chose à craindre de la justice. :?

Inégal et pas facile d'accès mais un film courageux, très bien joué et parfaitement documenté. Les amateurs de Sidney Lumet ou de Costa-Gavras devraient sans doute y trouver leur compte (et donc plus encore dans La tour d'ivoire).

J'aimerais bien du coup découvrir Une famille splendide (1974) qui évoque là aussi la corruption des politiques mais cette fois du côté des grands financiers bancaires. Malheureusement, il n'y a pas prévu dans ce cycle. Faut dire que Yamamoto a réalisé une cinquantaine de films. C'est déjà bien d'en avoir 10.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Satsuo Yamamoto (1910 - 1983)

Message par bruce randylan »

Le secret du ninja (1962)

A la fin d'une période de guerre civile, différents clans s'affrontent pour accéder au pouvoir. Dans cette lutte sans pitié, les ninja et leurs techniques sont des atouts importants. Goemonon est l'un d'eux et l'un des plus talentueux, ce qui en fait le favori de son chef.

C'est grâce à ce film que Satsuo Yamamoto donna un second souffle à sa carrière qui commençait à tourner en rond tout en perdant de sa force et de sa subtilité. Avec l'impulsion de son producteur de la Daiei, il intègre désormais sa vision sociale et politique (et plutôt gauchiste donc) au sein de grosses (super)productions commerciales. Ici, l'individu n'est qu'un pantin servant à assouvir l'ambition de ses supérieurs qui sont prêts à toutes les ruses et stratagèmes pour arriver au pouvoir, y compris écraser ceux qui les ont aidés. D'où une série de faux semblant et double jeu qui m'a un peu perdu je dois avouer. J'ai eut du mal à suivre les motivations du chef de Goemonon sans toujours comprendre pourquoi il était sur deux fronts (avec déguisement à la clé)

Bon, heureusement, le film est réalisé avec un solide savoir-faire et un rythme sans faille. Les techniques ninja sont loin d'être dans les dérives bis qu'on a pu voir après. Ici, on reste dans l’infiltration, l'espionnage, l'assassinat furtif et quelques affrontements assez réalistes. il y a bien quelques prouesses physiques en delà de la moyenne mais rien de ridicule d'autant que la caméra trouve souvent des astuces pour accentuer leurs effets (comme l'impression de vitesse lors des courses à pied sans forcément avoir à recourir aux images accélérés). C'est donc par moment palpitant et efficacement mise en scène avec une sécheresse dénue de tout artifice comme l'empoisonnement via le fil qui descend du plafond, modèle de découpage et de gestion de l'espace.
L’interprétation manque par contre un peu de souplesse et de sobriété avec Tomisaburo Wakayama grimaçant au possible en général ennemie.

Sinon, rien à redire sur la reconstitution historique qui est non seulement admirable mais qui est surtout parfaitement intégré à l'histoire et apporte un vrai sentiment de réalisme et de véracité sans jamais tomber dans un étalage démonstratif. C'est même presque dépouillé par moment. On sent un vrai travail de recherche de ce niveau là avec en plus un noir en blanc assez cru.

Avec son regard original sur la condition sociale via une brillante relecture du mythe du Ninja, le film remporta un vif succès et 7 suites suivirent (Yamamoto réalisa uniquement le second volume). Les 4 premiers titres sont sortis en zone 1 sous le nom des Shinobi no mono
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Satsuo Yamamoto (1910 - 1983)

Message par bruce randylan »

La guerre et la paix (1947 - Co-réalisé avec Fumio Kamei )

Lors de la seconde guerre mondiale, le soldat Kenichi est porté disparu suite au naufrage de navire où il se trouve. Son meilleur ami décide d'aider sa veuve et bientôt il la demande en mariage. Sauf que Kenichi a été sauvé par des pêcheurs chinois.

Tourné dans l’immédiat après-guerre, le film est autant un mélodrame qu'une oeuvre sociopolitique aux accents néo-réalistes. C'est cette dimension qui surprend au premier abord car l'approche des cinéastes est assez originale et courageuse en s'ouvrant quasiment sur 15 minutes assez lyriques sur complainte des chinois dans des villes en décombres, victimes premières des ambitions belliqueuses japonaises. Une très belle séquence d'introduction avec des mouvements de grues amples et parfois virtuoses (le plan dans le bateau qui se rapproche du visage de Kenichi, la caméra survolant les maisons chinoises en ruines...) qui en même capté dans un style documentaire par moment déchirant. Un plan en particulier m'a bouleversé. Un cadre fixe où l'écran est presque coupé en deux. Sur le côté droit, une longue route poussiéreuse qui se perd à l'infini et sur le côté gauche, on voit un âne boitant faisant quelques pas avec difficulté. La fatigue est trop forte et l'animal se couche péniblement avant de s'écrouler de tout son poids, comme s'il refusait de lutter pour survivre. Peu de plans ont aussi bien symbolisé l'état de décrépitude physique et mentale de la population civile. Je me demande vraiment comment cette image a été filmée ou s’il s’agit d’un stock shock. En tout cas, son effet est vraiment impressionnant et douloureux.
Il faut dire que le co-réalisateur Fumio Kamei est l'un des spécialistes du documentaire pacifiste (j'avais pu découvrir il y a quelques années Il est toujours bon de vivre (1956) et j'imagine qu'il est l'auteur de tous ces plans plus ou moins pris sur le vif ou tourné au coeur même des décombres encore fumants. Certaines séquences dans le Japon sont tout autant admirables (un incendie saisissant et spectaculaire, des maisons qu'on abat avant qu'elles ne s'écroulent etc...)

Voilà, pour la partie documentaire/néo-réaliste. Celle mélodramatique est forcément un peu moins forte mais elle a l’avantage d’être plutôt bien écrit, très humaniste et préfère jouer sur une sensibilité où la compréhension privilégie les crises d’hystérie, de jalousie et le pathos (quelques moments m’ont fait penser à la trilogie marseillaise de Pagnol). Reste que l’on évite pas non plus des clichés, des péripéties démonstratives (l’amnésie du meilleur ami) et un discours pas très subtil sur un appel à reconstruire le japon avec optimisme et volontarisme.
Par contre, la mise en scène est souvent d’une grande qualité en tentant de traduire avec la mise en scène la psychologie des héros. Ca peut donner des choses très modernes comme cette succession de faux raccord où le visage de l’épouse au premier plan qui sort du cadre dévoilant son prétendant dans le fond de l’image. Ou encore le découpage de certaine scènes en intérieurs qui se montent selon ce que les personnages en amorce cache la visibilité du plan.
Ca n’évite pas toujours la maladresse mais les réalisateurs ne manquent vraiment pas d’idées pertinentes d’autant que cela accompagne l’histoire et les protagonistes. C’est en plus une manière astucieuse de contourner un budget restreint (production indépendante oblige) qui n’évite pas à gommer tous les défauts inhérents à ce genre de financement (qualité d’images aléatoire, le film est entièrement post-synchronisé, l’interprétation est inégale…).

Ce n’est donc pas un chef d’œuvre mais son regard, sa mise en scène, son portrait stupéfiant du Japon de l’après-guerre et tout simplement son humanisme en font un film estimable et par moment audacieux et chaudement conseillé.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Satsuo Yamamoto (1910 - 1983)

Message par bruce randylan »

Ville de violence (1950)

Dans une ville de province, un journal critique les rapports entre police, industriel et mafieux. Malgré les pressions, les menaces et leurs concurrents (aux bottes de dirigeants corrompus), les journalistes tiennent bon, aidé par la jeunesse engagée.

Tiré d'un fait réel qui s'est déroulé en 1948, voilà un film qui fut une date dans l'histoire du cinéma japonais : il s'agit vraisemblablement du premier film indépendant qui s'est totalement affranchi des conventions de production de l'époque. Par leur conditions de tournages en plein rue et en abordant un sujet polémique, encore récent, les auteurs et les techniciens ont du faire face aux gouvernement, à la police, à l'armée américaine, aux capitalistes, aux instances judiciaires, aux patrons locaux et même à la mafia (en refusant de leur graisser la patte pour tourner dans leurs territoires).
Bref, le simple fait que le film existe est déjà un sacré combat, un geste militant d'un courage assez peu commun. Un vrai acte politique qui fait oublier les lacunes artistiques de la réalisation. Car il faut bien reconnaître que techniquement et visuellement, Ville de violence est loin d'être particulièrement abouti avec une mise en scène qui manque d'ampleur et d'envergure, un photographie qui manque de relief et un rythme pas toujours maîtrisé.
Mais on fait fi de ses défauts devant le sujet et son souffle démocratique qui rappelle que les combats civiques se gagnent grâce à la solidarité et le refus des compromis. L'histoire, à une dimension plus modeste, fait vraiment échos aux diverses manifestations du printemps arabes ou ce qu'il se passe en ce moment en Turquie.

La dernière demi-heure est ainsi une belle leçon sur l'union, l'engagement et la conviction qui prend des allures de thriller façon politique-fiction mais sans jamais grossir le trait ni jamais chercher les effets et le sensationnalisme. Tout est au contraire toujours dans la retenue.
On se demande par moment d'ailleurs qu'est-ce qui tient de la fiction et du documentaire car certaines certaines séquences ont véritablement l'air d'avoir été capté lors de véritables manifestations.
Après, le film n'a pas la force du sel de la terre (car il n'a pas l'ambition de faire une grande fresque sociale) et on songe ce que le Fuller de Park Row aurait pu en faire (sans parler de Peter Watkins de la Commune)... Mais c'est oublier que le film date quand même de 1950.
On se satisfera en tout cas pleinement d'un film souvent passionnant qui redonne foi dans l'humanité et sa capacité à faire bouger les lignes en dépit de toutes les entraves qu'on peut lui mettre.
Que ce manifeste civique se double d'un manifeste cinématographique le rend d'autant plus admirable et nécessaire.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Satsuo Yamamoto (1910-1983)

Message par bruce randylan »

Dans le tumulte du Typhoon (1956)

Suite au passage d'une tempête, le conseil municipal d'une petite ville décide de raser l'école du village en espérant toucher une subvention de catastrophe naturelle donnée par l'état pour aider à la reconstruction.


Joli plantage dans les règles de l'art. :?
Ca commençait pourtant bien avec cette peinture d'élus qui se laisse aller aux malversations et aux magouilles financières sans oser le dire clairement et sans l'assumer encore moins. Ce n'est pas dénuer d'un humour assez caustique en ridiculisant ses notables à l'hypocrisie naïve.
Ainsi, ils sont tellement pressés de graisser la pâte de l'inspecteur gouvernemental qu'il donne une enveloppe d'argent au premier voyageur de passage sans se renseigner sur son identité.

Mais l'histoire est très rapidement envahi par des sous-intrigues totalement inutiles qui ne font pas que ralentir la narration. Elles l’annihilent totalement ! On glisse ainsi au bout d'une demi-heure du côté des villageois avec notamment un des instituteurs, son meilleur ami en déplacement dans la région et des personnages féminins qui viennent faire le quota romantique. En plus du manque d'intérêt, les acteurs sont d'une transparence affligeante, sans la moindre personnalité ou profondeur.
Le manichéisme du scénario est vraiment désarmante avec des bons sentiments qui deviennent même écœurants dans sa conclusion qui semble parodier le Frank Capra des mauvais jours. Mais de toute façon, ça fait très longtemps qu'on ne prend plus la peine de vouloir suivre une histoire très mal structurée et sans point de vue.

Pour faire un peu l'avocat du diable on pourrait préciser que le film a été projeté dans une copie 16 mm très fatiguée (autant que moi en m'installant dans la salle... ca n'aide pas non plus)
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Satsuo Yamamoto (1910-1983)

Message par bruce randylan »

Le chant de la carriole (1959)

la vie d'un couple très modeste qui transporte des marchandises sur leur carriole qu'ils tirent eux-même.

Produit par un système de souscription populaire, voilà un jolie fresque sociale doublée d'un beau portrait de femme.
Avec sa mise en scène ample et appliquée, on ne sent jamais les restrictions budgétaire. Au contraire on est surprit par le soin accordé à la reconstitution et aux détails. Les plans de foule avec des dizaines de figurants s'affairant à leur commerces ou métier (qu'ils soient à pied, à cheval ou sur des barques) ne manquent pas de force et aident grandement à l'immersion du spectateur pour un réalisme saisissant.
On sent vraiment la dureté de l'époque, la difficulté de joindre les deux bouts ou les doutes face à la modernisation galopante du pays qui pousse le couple à devoir s'adapter coûte que coûte.
Les deux acteurs sont très convaincants, aidés par des maquillages très crédibles qui donnent vraiment l'impression par moment d'être devant des interprètes différents. Il faut dire que l'histoire couvre 40 à 50 ans.
Yamamoto est pleinement à l'aise dans ce registre et on le sent vraiment motivé par le scénario qu'il lui a été donné. De plus sa gestion du cinémascope est souvent admirable, renforcé par une très belle photographie.
Mais plus que l'aspect visuel, c'est vraiment pour ses personnages qu'on se passionne pour le film, surtout celui de l'épouse qui essaye tant bien que mal de fonder sa famille puis d'en préserver l'unité. D'où une succession de scène alternant le touchant, le léger et le plus poignant. C'est sans doute un peu idéalisé par moment (notamment via la dévotion de sa première fille pour sa maman, personnage délicieux au tempérament bien trempé) mais on adhère sans problème parce que l'écriture et interprétation sont toujours d'une humanité chaleureuse : l'épouse fondant en larme devant un couple qui peut emmener leur enfant durant leur travail, la fille qui cache des boulettes de riz pour que sa mère puisse manger durant sa tournée, la fugue de celle-ci, son abnégation à soigner avec sa belle-mère qui la déteste...
Malheureusement la dernière demi-heure en fait un peu trop dans les péripéties qui lorgnent dangereusement avec la pathos et les apitoiement comme le mari qui ramène sa maîtresse sous le toit conjugal.
La conclusion vient rattraper ces errements même si ça manque un poil de finesse (le fils à la guerre).
Mais les 2h25 passent le plus souvent très vite, portée par l'implication générale du casting et de l'équipe technique, à commencer par son réalisateur qui livre l'une de ses plus belles réalisations, loin des films didactiques et manichéen qu'il pouvait tourner à cette époque.
C'est sans doute suite à ce genre de production que le producteur de la Daiei pensa à lui confier de grosse production dont les scénarios étaient fortement politisés.


Zone de vide (1952)
En 1944, le soldat Kitani ré-intègre l'armée après deux ans pour avoir voler son supérieur. Il y découvre les brimades et une hiérarchie déshumanisée.

Le film fut un succès surprise lors de sa sortie pour sa peinture réaliste de l'univers militaire. Aujourd'hui, on est surtout atterré par le manque de point de vue du cinéaste et son incapacité à tenir un scénario. La première heure (voire plus) ne sait absolument quelle direction prendre et ne sait pas discerner l'utile du superflu. On assiste à un succession de scénettes qui multiplies les personnages sans qu'on puisse s'attacher à l'un d'eux.
La suite s'améliore un petit peu puisque l'histoire se recentre sur Kitani lors du flash-back sur son procès où il est injustement condamné par des autorités incapables de reconnaître leur tors et aveugler par leur haine du socialisme/communisme.
Mais, Yamamoto peine véritablement à maintenir l'attention éveillée à cause en partie d'un casting vraiment pas engageant, d'une écriture sans subtilité et d'une direction artistique médiocre. A sa décharge, la copie 35mm était bien usée et passait bien pour du 16.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Satsuo Yamamoto (1910-1983)

Message par bruce randylan »

La lanterne pivoine (1968)

Shinzaburo, issu d'une importante famille, refuse le mariage qu'on lui propose. Plus ou moins renié, il devient instituteur dans un petit village. Lors d'une fête des lanternes, il est approché par une magnifique jeune femme, accompagnée de sa servante. Alors qu'il tombe sous son charme, il apprend qu'elles seraient des fantômes.

Petite pause entre d'ambitieuses productions engagées et marquées à gauche pour un film de fantômes typique du genre mais qui se situe dans la bonne moyenne.
La première demi-heure qui sert de longue exposition n'est pas très stimulante et n'apporte pas grand chose dans la mesure où ses relation avec sa famille n'interviendront plus du tout dans la suite de l'histoire. On aurait presque pu commencer directement par Shinzaburo en train d'enseigner à l'école... Mais on sent que Yamamoto tenait tout de même à injecter un peu de sa personnalité et de ses convictions avec une critique des mentalités archaïques des grosses fortunes au pouvoir... Dommage que cela soit maladroit et un peu hors sujet.

En revanche le reste est vraiment pas mal. C'est très classique et sans grande surprise mais c'est bien mise en scène (cadre, photo, décor, couleurs etc...) voire très beau par moment comme les plans (très studio) sur les bords du lac lors de la fête des lanternes. Et puis surtout la dimension fantastique est tout à fait réussie : les deux fantômes qui ont l'impression de flotter, les maquillages, les lumières plus théâtrales... Il y a deux moments où les câbles qui suspendent les actrices sont un peu voyants mais c'est pas trop gênant et ça n'empêche pas plusieurs plans/séquences de glisser un délicieux petit frisson.
C'est de plus bien rythmé et assez bien construit quand on glisse de Shinzaburo à son serviteur manipulé par son épouse pour soutirer de l'argent aux spectres. Ca apporte un peu d'humour ironique et surtout une charge contre l'arrivisme et la cupidité plus subtile que la première partie.
Et puis bon point, le film ne dur que 90 minutes, soit le plus court des films de Yamamoto présenté dans cette rétrospective. :mrgreen:

Assez agréable mais son absence de risque (et d'émotion) comme son classicisme font aussi que le film s'oublie assez rapidement aussi.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Satsuo Yamamoto (1910-1983)

Message par bruce randylan »

Et voilà les zamis, c'est le 10ème et dernier film vu de cette rétrospective qui vous aura tenu en haleine ! :D


Le magnat (1964)
Arima, le dirigeant d'une grosse société, partage sa vie entre ses différentes maîtresses et les affaires de son entreprises qu'il gère avec une aisance écrasante.

L'une des grande réussite de Yamamoto. :D

Lé décennie des années 60 semble être celle où le cinéaste a livré ses meilleurs films grâce à une réelle maîtrise de sa mise en scène (alors qu'elle était par moment approximative quelques années avant), des budgets confortables et surtout des scénarios de qualité. Pour Le magnat, il est gâté grâce à Kaneto Shindo qui signe une fantastique leçon de capitalisme sans tomber dans les clichés, stéréotypes ou leçon de morale.
Le film se contente de suivre majoritairement Arima dans ses nombreuses activités où il brille par ses talents d'orateurs et de stratèges avec une force de persuasion qui transforme le cynisme en pragmatisme.
C'est ainsi souvent passionnant : qu'il fasse face à des riverains agacés par la construction de tours HLM ou qu'il mette en place une vaste opération pour influencer le tracé d'une ligne de train afin d'acheter les terrains avoisinants et faire une considérable plus-value quand la dessert sera mise en place (voire implantée une véritable ville autour des stations qui seront placé au milieu des centres commerciaux qu'il va construire en amont)... sans oublier sa manière de traiter avec les femmes comme les scènes stupéfiantes où il propose à une de ses employées de devenir sa maitresse en proposant de payer les études d'art en France de son mari... Une manière de jouer avec la misère des gens qui collent froid dans le dos tout en parvenant à mettre les responsabilités sur les épaules de leurs interlocutrices.

C'est écrit avec précision, filmé avec incision et interprété à la perfection par un So Yamamura magnétique et charismatique en diable. Il arrive à rendre humain et presque touchant ce capitaliste acharné en apportant beaucoup de nuances, tout en rires bon enfant, charme rassurant (mais ferme) et calme intériorisé pour un comportement dont on ignore s'il s'agit de sincérité ou de simple calcul (l'école d'ingénieur qu'il cherche à construire).
Il apparait souvent plus sympathique que ses concurrents ou ses proches qui passent pour des profiteurs sans scrupules ou des idéalistes sans saveur.

Ce sont d'ailleurs ces séquences centrées sur ses enfants qui sont les moins convaincantes. L'écriture est moins subtile et surtout les acteurs bien trop fades même si cela correspond à leur personnalité. Toujours est-il qu'on évite pas quelques artifices un peu mélodramatique (le père et le fils partageant la même maitresse, l'autre fils qui se mure dans le silence après un attentat raté). Du coup le rythme en pâtit un peu et comme le film dure une nouvelle fois 2h30, il y a quelques baisses de régimes dans la 2ème moitié où l'on s'écarte des affaires financières et des tractions en coulisses avec les politiques et les pouvoirs publics.

On passe pas loin du chef d'oeuvre donc mais ça n'empêche d'être soufflé par la virtuosité de cette leçon d'économie, porté par un acteur immense, un scénario passionnant, un regard lucide d'une acuité terrifiante (sans manipulation) et une réalisation magistrale qui témoigne d'une sacrée maitrise (un poil moins "moderne" que celle de la tour d'ivoire tout de même)
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Satsuo Yamamoto (1910-1983)

Message par bruce randylan »

Quand y-en a plus y-en a encore ! :D
Je viens de retrouver la bafouille écrite y-a 2 ans lors de la découverte de son épisode de Zatoichi


Zatoichi – le justicier (épisode 16 - 1967)
Image



Un très bon opus qui doit sa qualité à son scénario plus qu’à l’action qui est considérablement mises en retrait avec seulement 2-3 combats assez courts.
Ici l’histoire est plus complexe que d’habitude avec des résonances sociales étonnantes. Zatoichi se retrouve à devoir aider un groupe de pauvres villageois exploiter par un puissant clan Yakuzas. Un trame proche de nombreux westerns (et donc chambara) mais les préoccupations humaines n’ont rien ici d’un McGuffin puisque ce sont elles qui dictent la psychologie et imposent les actes de plusieurs personnages écrits avec une réelle sincérité.
Le scénario densifie encore les choses avec de nombreux autres thèmes via des sous-intrigues toujours bien intégrées au récit principal : la culpabilité, la rédemption, la manipulation, les faux-semblants.
Autant dire que les protagonistes n’ont rien de manichéens et tous possèdent une nature à deux facettes.

Avec un scénario aussi riche, on aurait pu croire que le film se suivrait sans encombre mais on trouve cependant quelques longueurs un peu avant le dernier tiers quand notre samurai aveugle rongé par le remord se cache chez d’autres masseurs frappés de cécité. Un segment qui ralentit inutilement l’intrigue et l’alourdit avec un sens de l’humour pas vraiment fin.
Par ailleurs, il faut relever qu’on ne se trouve pas en présence de la meilleure réalisation d’un Zatoichi, ni même de la meilleure photographie

Il faut vraiment que la narration s’accélère pour qu’on renoue à une vraie tension dramatique pour une trame assez sombre et pessimiste.

Il s’en est fallut de très peu pour qu’on se trouve en présence d’un des meilleurs épisodes de la série.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Satsuo Yamamoto (1910-1983)

Message par bruce randylan »

Big up les loulous ! :D


Le triomphe des ailes (1942)

Image

Après avoir été adopté par une veuve, un jeune orphelin grandit au côté d'un nouveau grand-frère qui rêve comme lui de devenir aviateur. Quelques années plus tard, l'un est devenu un chef d'escadrille et le plus jeune un pilote test pour les nouveaux modèles expérimentaux

C'était particulièrement intéressant de découvrir ce film juste après La bataille navale à Hawaï et au large de la Malaisie avec qui il partage plusieurs points communs (œuvre de propagande autour d'un homme fasciné par l'armée de l'air). A la différence du précédent, celui-ci bénéficie d'un scénario co-écrit par Akira Kurosawa ( :D ) mieux construit et plus subtil dans son discours. Par exemple, il n'est jamais fait référence à l'Empereur, ni même à la grandeur de l'armée impérialiste pour justifier l'engagement des deux frères. Il s'agit avant tout de conscience professionnelle et tensions psychologiques entre les deux héros, celui adopté commençant à douter de la sincérité des sentiments de son grand-frère.
Quand on connaît les thèmes et les figures récurrentes de Kurosawa, on a même envie d'y voir plusieurs éléments personnels (à moins qu'il ne s'agisse d'une extrapolation issue de la politique des auteurs) : deux points de vue s'opposant dans une recherche d'une vérité, le rapport à la nature et la présence des 4 éléments : la pluie, les rivières, la mer, l'océan, les arbres, les rivages, les nuages...
Certains beaux plans où les vagues viennent se fracasser sur les rochers au début du film laisse même espérer que Kurosawa était réalisateur de seconde équipe. Ca ne semble pas le cas par contre, on trouve cependant en co-réalisateur Senkichi Taniguchi. Difficile de savoir ce qu'il a réalisé mais je me demande s'il n'est pas tout simplement l'auteur des nombreuses séquences aériennes qui sont assez impressionnantes. Pour le coup, il ne s'agit pas de trucages et autres maquettes (à quelques très rares occasions qui sont encore signées par Eiji Tsuburaya) mais de caméras embarquées dans de vraies avions avec les acteurs placés dans le cockpit où ils subissent loopings, vrilles et autres piqués. Les premières séquences dans les cieux sont visuellement de grande qualité et renforcent la crédibilité de l'intrigue, tout en installant un certain suspens. En revanche, les suivantes ont tendance à être trop satisfaites de leur tour de force et s'avèrent bien trop longues et répétitives. On même l'impression que de nombreux plans sont repris des précédents vols. Ce n'est pas toutefois pas le cas lors de la seule séquence de guerre à la fin du film où l'avion du héros essaie d'abattre un bombardier américain. Ca ne semble pas être des stocks shots et vu les cadrages, ça n'a pas l'air d'avoir été tourné sur le vif lors d'un vrai raid. A moins qu'il ne s'agisse d'un tournage pour le film avec un bombardier « habillé » pour l'occasion et des trajectoires de balles faîtes directement sur la pellicule. Je serai curieux d'en savoir plus car cette séquence dégage un rare sentiment de réalisme pour cette époque.

En tout cas, le triomphe des ailes se regarde avec un plaisir non feint (dans le cadre d'un film de guerre de propagande). On voit qu'un effort a été fait pour éviter les écueils du genre, pour étoffer les relations entre les personnages, pour apporter une sensibilité dans le traitement et pour ancrer le film dans son sujet. C'est sur ce dernier point qu'on sent la présence de Satsuo Yamamoto derrière la caméra qui donne à une nombreux moments une approche documentariste.
Il manque encore cependant une interprétation à la hauteur (Joji Okaest est trop monolithique, les rôles féminins ne sont que trop absentes) et des séquences aériennes utilisées avec plus de parcimonie.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Répondre