Le Temps d'Aimer et le Temps de Mourir (Douglas Sirk - 1958)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Beule
Réalisateur de seconde équipe
Messages : 5742
Inscription : 12 avr. 03, 22:11

Le Temps d'Aimer et le Temps de Mourir (Douglas Sirk - 1958)

Message par Beule »

Le magnifique testament cinématographique de Sirk (Imitation of life, quelles que soient ses qualités, m'apparaît toujours malgré tout comme une régression certaine) sera diffusé à la Cinémathèque (Chaillot) jeudi 7 prochain à 21h30.

L'occasion pour tous les Parisiens qui ne le connaitraient pas de découvrir ce déchirant poème pacifiste, à la fois allégoriquement cruel, prophétique et romantique (sublime Liselotte Pulver le temps de quelques séquences mansardées comme hors du temps) qui fit beaucoup, au même titre que La ronde de l'aube, pour sortir le cinéaste du purgatoire critique dans lequel il était enfermé.

Sirk a mis beaucoup de sa propre expérience dans A time to love and a time to die et plus précisément de ce fils perdu idéalisé sous les traits de John Gavin, mais c'est la vision d'un Berlin apocalyptique ravagé par les bombes (Sirk lui-même arpenta les gravas après guerre), laissant sourdre un désarroi pathétique tout autant que les relens d'une mauvaise conscience indicible, qui s'inscrit durablement dans la mémoire.

Un film à conseiller peut-être plus qu'aucun autre à tous les détracteurs des excès lacrimaux de Sirk, et qui personnellement m'a poussé vers d'autres pans plus méconnus de la carrière du cinéaste.
A quand une rétrospective de ses grands mélos allemands d'avant-guerre que je rêve de découvrir?
Dernière modification par Jeremy Fox le 7 mai 08, 07:29, modifié 1 fois.
Image
Avatar de l’utilisateur
Beule
Réalisateur de seconde équipe
Messages : 5742
Inscription : 12 avr. 03, 22:11

Message par Beule »

:cry:
Quel succès fulgurant. :?
Bon, la diffusion c'est ce soir, à tout hasard. Je retourner bouder. :evil:
Image
Avatar de l’utilisateur
Geoffrey Firmin
Howard Hughes
Messages : 16879
Inscription : 20 mai 03, 19:08
Localisation : au fond de la Barranca

Message par Geoffrey Firmin »

Beule a écrit ::cry:
Quel succès fulgurant. :?
Bon, la diffusion c'est ce soir, à tout hasard. Je retourner bouder. :evil:
Je l'ai vu et aimé lors d'une diffusion au cinéma de minuit, mais je m'en souviens plus trop. :? Je crois que j'ai un enregistrement vhs quelque part mais je n'ai plus de magnétoscope.D'ailleur j'ai quelque centaines de vielleries en vhs dont je veux bien me débarrasser contre rien.Si ça intéresse quelqu'un...
Airbud3
Assistant(e) machine à café
Messages : 191
Inscription : 25 juin 03, 07:28
Localisation : paris

Message par Airbud3 »

Geoffrey Firmin a écrit :
Beule a écrit ::cry:
Quel succès fulgurant. :?
Bon, la diffusion c'est ce soir, à tout hasard. Je retourner bouder. :evil:
Je l'ai vu et aimé lors d'une diffusion au cinéma de minuit, mais je m'en souviens plus trop. :? Je crois que j'ai un enregistrement vhs quelque part mais je n'ai plus de magnétoscope.D'ailleur j'ai quelque centaines de vielleries en vhs dont je veux bien me débarrasser contre rien.Si ça intéresse quelqu'un...
si t'as une 'tite liste ca m'interesse plutot pas mal :wink:
Kurtz

Message par Kurtz »

Geoffrey Firmin a écrit :Je l'ai vu et aimé lors d'une diffusion au cinéma de minuit, mais je m'en souviens plus trop. :? Je crois que j'ai un enregistrement vhs quelque part mais je n'ai plus de magnétoscope.D'ailleur j'ai quelque centaines de vielleries en vhs dont je veux bien me débarrasser contre rien.Si ça intéresse quelqu'un...
tu habites où ?

il y a quoi dans tes "vieilleries" ?
plein de trucs bien je suppose, parce que sur plusieurs centaines...
Avatar de l’utilisateur
Geoffrey Firmin
Howard Hughes
Messages : 16879
Inscription : 20 mai 03, 19:08
Localisation : au fond de la Barranca

Message par Geoffrey Firmin »

J'habite à Vincennes .
Je vais établir une liste que je mettrai dans les petites annonces.
Avatar de l’utilisateur
Roy Neary
Once upon a time...
Messages : 51384
Inscription : 12 avr. 03, 01:42
Liste DVD

Message par Roy Neary »

Désolé Beule, si j'écris que je suis d'acccord avec toi, on va finir par jaser.
Il vaut donc mieux poursuivre nos affrontements à fleurets mouchetés (ou non)... :mrgreen:

Ceci dit, Le Temps d'aimer et le temps de mourir est un film de Sirk qui me touche beaucoup, même si je lui préfère quelques autres de ses mélodrames plus flamboyants. J'ai déjà vu l'un de ses films allemands d'avant-guerre et je dois dire qu'il ne ma pas fait beaucoup d'effet.
Image
Avatar de l’utilisateur
Beule
Réalisateur de seconde équipe
Messages : 5742
Inscription : 12 avr. 03, 22:11

Message par Beule »

Roy Neary a écrit :Désolé Beule, si j'écris que je suis d'acccord avec toi, on va finir par jaser.
Il vaut donc mieux poursuivre nos affrontements à fleurets mouchetés (ou non)... :mrgreen:
Si tu y tiens, à ton service...
Roy Neary a écrit :Ceci dit, Le Temps d'aimer et le temps de mourir est un film de Sirk qui me touche beaucoup, même si je lui préfère quelques autres de ses mélodrames plus flamboyants.

Donc: le contraire m'aurait étonné :roll:
Roy Neary a écrit :J'ai déjà vu l'un de ses films allemands d'avant-guerre et je dois dire qu'il ne ma pas fait beaucoup d'effet.
Et c'était lequel sans indiscrétion? Ses premiers films américains sont beaucoup plus policés, moins extravagants que les mélos Universal de fin de carrière qui l'ont enfin rendu célèbre. Le film que tu as vu était à cette image?
Image
Avatar de l’utilisateur
Roy Neary
Once upon a time...
Messages : 51384
Inscription : 12 avr. 03, 01:42
Liste DVD

Message par Roy Neary »

Beule a écrit :Si tu y tiens, à ton service...
Attends ! C'est de l'humour ! Faut tout lui expliquer à lui ! :lol:
Beule a écrit :Donc: le contraire m'aurait étonné :roll:
Ben quoi ?
Beule a écrit :Et c'était lequel sans indiscrétion? Ses premiers films américains sont beaucoup plus policés, moins extravagants que les mélos Universal de fin de carrière qui l'ont enfin rendu célèbre. Le film que tu as vu était à cette image?
Sans indiscrétion et après recherches, il devait s'agir de Paramatta. Comme tu le dis, on est loin des charmes flamboyants et de l'extravagance de sa "seconde" partie américaine. D'ailleurs en venant aux USA, Sirk a réalisé plusieurs thrillers, des comédies et un même un western ( :shock: ).
Image
Avatar de l’utilisateur
Beule
Réalisateur de seconde équipe
Messages : 5742
Inscription : 12 avr. 03, 22:11

Message par Beule »

Roy Neary a écrit :Sans indiscrétion et après recherches, il devait s'agir de Paramatta. Comme tu le dis, on est loin des charmes flamboyants et de l'extravagance de sa "seconde" partie américaine. D'ailleurs en venant aux USA, Sirk a réalisé plusieurs thrillers, des comédies et un même un western ( :shock: ).
Taza, joli western presque dénué d'action, à l'arrière-plan un peu politisé , et révéré par Brion qui le considére (dérait?) ni plus ni moins que comme sa plus éclatante réussite.
Image
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Message par Alligator »

A Time to Love and a Time to Die (Douglas Sirk, 1958) :

Image
_______________

Mélodrame somme toute peu inspirant.
Je vois bien quelques points à souligner tout de même.
D'abord l'extraordinaire déploiement de moyens pour un mélodrame. Les plans séquences de guerre, de bombardements des villes, la richesse des détails dans les décors, le soin pris à créer du juste dans le moindre recoin ne manque pas d'étonner. Nombreux sont les films de guerre qui ne sont pas parvenus à atteindre ce degré d'exactitude et de réalisme. Aussi pour un film dont le sujet essentiel est ailleurs, cela laisse le spectateur pantois d'admiration.

D'autre part, j'aurais envie également d'applaudir la prestation de Liselotte Pulver. Il est vrai qu'il n'est pas difficile de paraître vivant à côté de cet impassible et fade John Gavin, doué de deux soulèvements de sourcils et handicapé par un étrange torticolis ou bien s'agit-il d'un balai mal rangé? Quoiqu'il en soit, elle est un frais et salvateur souffle de vie dans ce film.

Sinon sans pour autant parler d'ennui, je ne sais pas bien où voulaient en venir les trois auteurs (Sirk, Jannings et Remarque). Je ne sais si la prestation désastreuse de Gavin y est pour beaucoup dans mon appréciation, mais je suis loin d'avoir été emballé par la destinée de ces personnages. Finalement, ils ne sont ni intéressants, ni sympathiques : par où les prendre, si j'ose dire?
joe-ernst
Décorateur
Messages : 3820
Inscription : 20 mars 06, 15:11
Localisation :

Message par joe-ernst »

Alligator a écrit :A Time to Love and a Time to Die (Douglas Sirk, 1958) :
Il est vrai qu'il n'est pas difficile de paraître vivant à côté de cet impassible et fade John Gavin, doué de deux soulèvements de sourcils et handicapé par un étrange torticolis ou bien s'agit-il d'un balai mal rangé?
:uhuh: :lol:
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Nestor Almendros
Déçu
Messages : 24382
Inscription : 12 oct. 04, 00:42
Localisation : dans les archives de Classik

Re: Le temps d'aimer et le temps de mourir

Message par Nestor Almendros »

Je ne connaissais pas du tout ce mélodrame, que je viens de découvrir via le coffret Carlotta.

J'ai d'abord été très étonné par l'ambiance du film et par l'une de ses thématiques: le point de vue d'un soldat allemand sur la guerre et la vie de la population pendant ces périodes troubles. Sujets audacieux et, surtout, inhabituels. Car donner la parole, en quelque sorte, au peuple allemand, à celui qui ne sert pas le mouvement nazi, celui qui se tait et qui subit la guerre, je n'avais peut-être jamais vu ça, ou rarement. Bien sûr j'ai quelques doutes sur ces personnages un peu trop "honnêtes", sur une romantisation de la réalité. Mais ce sentiment n'a pas duré, car l'ambiance du film contrebalance un peu l'argument. On ressent très bien l'atmosphère lourde de cette vie civile prise entre délation, suspicion, héroisme, collaboration, etc. On croise régulièrement de vrais nazis dans l'âme et des opportunistes sans scrupules, ce qui donne à priori un certain équilibre. La reconstitution d'une Allemagne sur le déclin (armée en déroute, villes en ruine soumises aux bombardements) est assez réussie.

Après A L'OUEST RIEN DE NOUVEAU, Erich Maria Remarque signe un beau récit pacifiste et antimilitariste (il y joue d'ailleurs le rôle du professeur qui se cache dans le musée). On a encore ce ton désabusé et le sentiment d'un beau gâchis, quels que soient les moments de vie décrits: il ajoute aux mornes histoires de soldats le quotidien de civils pas plus protégés.

Je découvre John Gavin (que je reverrai bientôt dans MIRAGE DE LA VIE), sosie presque parfait de ROCK HUDSON (j'insiste là dessus parce qu'une coincidence m'étonnerait beaucoup). Je ne l'ai pas trouvé si monolithique qu'Alligator. C'est vrai que le personnage n'est pas très expressif, plutôt très retenu même, mais son jeu ne m'a pas choqué.
J'ai retrouvé Liselotte Pulver que je connaissais principalement pour avoir joué dans l'ARSENE LUPIN réalisé par Jacques Becker et pour sa participation au UN DEUX TROIS de Billy Wilder. Je l'ai trouvé ici tout simplement irrésistible, un vrai rayon de soleil, une vraie présence, un charme exquis. Liselotte je vous aime :oops: (elle va fêter en fin d'année ses 79 ans).

Si le film souffre de quelques longueurs sur la faim, que certains rebondissements sont un peu attendus (Mme Almendros a failli m'en souffler quelques uns trop tôt :twisted: :wink: ), je savoure encore le très bon moment que je viens de passer.
Dernière modification par Nestor Almendros le 7 mai 08, 00:04, modifié 1 fois.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Le temps d'aimer et le temps de mourir (Douglas Sirk)

Message par Cathy »

Je reposte ici ce que j'avais écrit en février sur ce film découvert dans le coffret Douglas Sirk. Sinon je ne trouve pas John Gavin aussi monolithique que veut bien le dire Alligator.
Le temps d'aimer et le temps de mourir de Douglas Sirk

Image

Douglas Sirk signe ici une oeuvre un peu à part dans les mélodrames que l'on connaît. Inspiré du roman d'Erich Maria Remarque qui interprète d'ailleurs le rôle d'un vieux professeur, il est évident que la trame du film est plus noire et moins sentimaliste que dans d'autres flms.

A la fin de la seconde guerre mondiale, un soldat allemand, mobilisé sur le front de Russie, bénéficie de trois semaines de permission. Dans sa ville bombardée et en partie détruite, il recherche ses parents et fait la connaissance d'une jeune fille dont il tombe amoureux.

Curieusement l'histoire d'amour bien qu'importante ne constitue pas le principal de ce film qui est la peinture de cette Allemagne en fin de guerre, bombardée, montrant à la fois sa Gestapo, la cruauté des camps évoquée, les nantis mais aussi le quotidien douloureux de ces allemands plus simples qui ne deviennent que les victimes eux-aussi de la guerre. Dans un décor de ruines, Douglas Sirk promène avec talent sa caméra sur les recherches du soldat allemand humain qui se rend compte de la cruauté de la guerre.

Douglas Sirk montre ses talents de cinéaste témoin de son temps, avec une reconstruction simple mais efficace d'un petit bout du Front de Russie. Il signe une oeuvre qui n'est sans doute pas la plus représentative de ses mélodrames, l'histoire d'amour n'y est que secondaire, mais un magnifique film évoquant avec simplicité la douleur, et la cruauté de la Guerre même quand on est allemand !
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17110
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Le temps d'aimer et le temps de mourir (Douglas Sirk)

Message par Watkinssien »

Douglas Sirk n'a pas toujours réussi ses mélodrames. Mais ceux qu'il a affronté avec succès sont tout simplement bouleversants.

Et cette adaptation de Remarque (qui joue d'ailleurs un rôle dans ce film, non ?) est magnifique, flamboyante et contemplative.
Dernière modification par Watkinssien le 19 oct. 15, 12:35, modifié 1 fois.
Image

Mother, I miss you :(
Répondre