Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

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Aujourd'hui, une sublime rousse, Eleanor Parker nous a quitté mais deux autres rousses sont toujours dans la bagarre. Une façon tordue de rendre hommage à la première a été pour moi de découvrir enfin (il trainait sur mes étagères depuis environ un an) un film d'une autre célèbre rousse : Arlene Dahl, avant peut-être d'évoquer un film avec Rhonda Fleming très vite, peut-être demain si j'en ai le temps. Ce matin, un simple coup d'oeil aux dates de naissance des 2 demoiselles m'a donné envie d'en causer. Pour Arlene, ce sera Jamaica Run que j'ai donc découvert aujourd'hui.
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Courrier pour la Jamaïque (Jamaica Run)
1953
Réalisation : Lewis R. Foster
Scénario : Lewis R. Foster
d'après un roman de Max Murray
Image : Lionel Lindon
Musique : Lucien Cailliet
Produit par : William H. Pine et William C. Thomas
Paramount

Durée : 92 min

Avec :
Ray milland (Patrick Fairlie)
Arlene Dahl (Ena Dacey)
Wendell Corey (Todd Dacey)
Patric Knowles (William Montague)
Kasey Rogers (Janice Clayton)
Michael Moore (Robert Clayton)

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Patrick Fairlie, un ancien capitaine de la marine américaine, revient en Jamaïque et y retrouve son ancienne petite amie Ena Dacey au moment ou la famille de celle ci est en proie à de graves difficultés financières. Un promoteur immobilier, William Montague propose bien de racheter la propriété mais la famille refuse catégoriquement de vendre même si la survie de la plantation s'en trouve menacée. Un juge apprend au promoteur que les archives de la famille, dont les actes de propriété des Dacey, ont été perdu 100 ans plus tôt dans le naufrage d'un navire et qu'une incertitude plane donc sur les légitimes propriétaires des lieux. Il retrouve alors 2 parents éloignés des Dacey, Janice et Robert Clayton, les fait venir et tente d'évincer Ena et sa famille. Sa mère, une vieille dame excentrique portée sur la bouteille et son frère, faible et oisif semblant incapable de défendre leurs intérêts, c'est Ena aidé par Pat Fairlie qui tenteront de contrecarrer les ambitions du promoteur. Avec son équipage Il commence les recherches et sonde les fonds sous marins de la baie pour tenter de retrouver l'épave du navire englouti….

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L'argument est assez laborieux…Un siècle avant le début de l'action, un ancêtre des Dacey avait coulé avec les archives de la famille alors qu'il s'apprêtait à vendre le domaine à son cousin et il avait disparu sans que personne ne sache précisément si la vente avait pu être conclus. Depuis, les descendants avaient cependant pu bénéficier d'une sorte de tolérance pour occuper la villa et exploiter la plantation attenante contre une location. Recevant cette information du juge local, le promoteur immobilier entreprend de rechercher les descendants de ce cousin…les trouve et tente de les imposer comme légitime propriétaire. Voilà, voilà…Les fameux cousins, les Clayton, eux aussi frères et soeurs ne sont à priori pas bien méchants mais ils regardent tout de même rêveusement cette villa au bord de la mer et se verraient bien propriétaire mais bien évidemment les Dacey n'ont aucune intention de se laisser faire. Çà se complique quand Todd, le jeune Dacey et sa "cousine" Janice Clayton, du clan rival, commencent à se rapprocher. Un début d'idylle toutefois très vite compromis par la mort de Robert Clayton dont on retrouve le cadavre au fond de l'océan alors qu'il avait revêtu le scaphandre de Fairlie. Ce dernier est soupçonné par les enquêteurs ! la petite soeur en veut au jeune Dacey ! Manifestement quelqu'un fait tout pour que la discorde perdure et agit dans l'ombre pour compromettre tous les Dacey et leurs proches. Pat poursuit néanmoins les recherches pour tenter de retrouver l'épave et le coffre contenant les fameux documents…

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Bon, ben c'est pas bien terrible tout çà. Pas beaucoup d'humour, pas beaucoup d'action et un final spectaculaire mais totalement gratuit et venant après ce qui aurait du être la conclusion logique du film. L'exemple même de la scène plaquée et rajoutée par les producteurs pour rattraper un tant soit peu le coté mou du genou du reste. Cela dit, çà a du se faire avec l'accord du réalisateur car Pine et Thomas ont produit presque tous ses films des années 50. On se contente de peu. Quelques cadavres, quelques plongées en scaphandre et bien sûr une petite bagarre sous marine. Une certaine incertitude plane sur les intentions des uns et des autres et les ennemis se déplacent un peu d'un camp à l'autre …mais y'a même pas de traitre et le méchant est nul. On frémit à peine et Ray Milland est un poil fatigué. La famille Dacey, surtout la mère et le fils (Wendell Corey), c'est le genre ancien riche, une sorte d'aristocratie locale qui en a en tout cas les manières mais plus les moyens. Bilan : maman picole et le fils n'en fiche pas une rame mais Wendell Corey n'a même pas des velléités de traitrise... et n'est même pas tourmenté. Mais oui, mais voilà, y'a une jeune personne qui compense largement tout çà : Arlennnnne :oops: :shock: :roll: :cry:

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Ce que j'ai préféré dans le film ? Dans l'ordre, la 2ème robe bleue, puis la tenue avec la chemise nouée sur le devant, devançant de peu la robe grise à petits carreaux. Tous les autres films d'aventures des années 50 réalisés par Lewis R. Foster ont été diffusés à la TV chez nous. Le 1er était en noir et blanc, Dans les mers de Chine (Captain China), un film d'aventures maritimes pas transcendant mais mais dont les 1er rôles se nomment Gail Russell :oops: et John Payne…On retrouvait également ce dernier dans L'or de la Nouvelle-Guinée (Crosswinds) avec cette fois Rhonda Fleming, le plus connu et peut-être le meilleur de la série, puis Rhonda poursuivait l'aventure par 2 fois avec pour partenaire Ronald Reagan pour Sous les tropiques (Tropic Zone) et Hong-Kong, et là, pas de doute, le plus Kong, c'est le King, pardon le président Reagan. On peut les éviter mais je connais des amateurs des deux films.
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100 % Arlene..et bien sûr toujours extrait de Jamaica Run


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Le cirque fantastique (The Big Circus)
1959
Réalisation : Joseph M. Newman
Scénario : Irwin Allen, Charles Bennett et Irving Wallace
d'après une histoire d'Irwin Allen
Image : Winton C. Hoch
Musique : Paul Sawtell et Bert Shefter
Produit par Irwing Allen
Allied Artists

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Durée : 109 min

Avec :
Victor Mature (Hank Whirling)
Rhonda Fleming (Helen Harrison)
Vincent price (Hans Hagenfeld)
Kathryn Grant (Jeannie Whirling)
Gilbert Roland (Zach Colino)
Peter Lorre (Skeeter)
Red Buttons (Randy Sherman)

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Le cirque Whirling est en grandes difficultés financières depuis la rupture avec le cirque avec lequel il était associé. Hank Whirling, son propriétaire et fondateur, un homme passionné par son métier mais absolument pas gestionnaire, se voit contraint d'accepter de ses créanciers la présence à ses cotés d'un comptable chargé de contrôler les dépenses du cirque. La banque envoie également Helen Harrison, une attachée de presse, afin qu'elle monte des coups publicitaires pour accroître la notoriété de l'entreprise. Hank Whirling supporte mal cette double tutelle et le conflit éclate vite entre Hank, son personnel et les 2 gestionnaires. Mais très vite d'autres problèmes s'abattent sur le cirque. La tournée est compromise par le temps exécrable qui sévit sur le nord des états-unis et surtout des incidents en chaine se produisent : un lion évadé d'une cage provoque la panique parmi les spectateurs. Un incendie se déclare au cours d'une nuit manquant d'emporter une partie de la ménagerie puis, le train transportant le cirque en tournée déraille provocant la mort de plusieurs passagers…Quelqu'un veut la perte du cirque. En dernier recours, l'acrobate Zach Colino propose de tenter une prouesse jamais réalisée, traverser le Niagara sur un câble...

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Les numeros sont spectaculaires, les personnages sont dépeints sommairement mais ils sont tous intéressants. Tout est convenu et attendu mais on passe un bon moment. Attendu, oui…les histoires d'amour qui détendent l'atmosphère et rapprochent les ennemis d'hier. Le triste banquier qui se déride et montre que lui aussi "aurait voulu être un artiste". Les drames provoqués par le saboteur qui a infiltré la troupe sont (presque) tous sans graves conséquences et son identité constitue la seule surprise du film. Bref, on est surpris par presque rien mais c'est joli, spectaculaire et touchant, pas seulement pour la nostalgie "include" lorsque l'on redécouvre ce genre de films liés à notre enfance dès lors que l'on a passé les 40 ans. Par moment, on se rend compte que ce n'est pas un grand qui est aux manettes à la façon laborieuse de filmer une scène sensée être spectaculaire (le combat entre un homme et un lion par exemple) et le manque de moyens est parfois visible. On assiste au déraillement d'un train mais Cecil (B. DeMille) n'était cette fois ci pas dans le coup. D'autre part, de manière toutefois moins gênante que dans un film ultérieur (Circus World), on retrouve quelques comédiens qui ont pris un bon coup de vieux, Vincent Price, un petit coup (Il interprète le Monsieur Loyal du cirque), Gilbert Rolland, un peu plus marqué (le funambule)…et surtout Peter Lorre (le clown blanc).

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Tout ceci ne fait pas pipi loin mais moi, je ne boude pas mon plaisir. D'autant plus que par chez moi, on ne voit pas souvent de spectacles de cirque de cette envergure. Le dernier en date était géré par une famille dont tous les membres -sauf la grand mère- assuraient des numéros, et même souvent plusieurs numéros chacun. Tous drapés dans des collants qui avaient du servir à autre chose avant, ils ont défilés pendant 1 h 30 dans des numéros qui auraient plu à mes grands parents en 70 avant Patrick Sébastien. Çà faisait très début de siècle mais le précédent et çà rappelait les souvenirs d'enfance de certains acteurs et actrices dont les parents étaient acrobates de "rue" ou dresseurs de puces. Bref, j'ai adoré mais j'ai pas fait un tabac avec ma sortie et de plus, je me suis fait cracher à la gueule par le lama (authentique mais je ne pense pas que ce soit lié à mes propos sur sa compatriote Yma Sumac). Avec Big Circus, c'est le bonheur dans une toute petite galette, même pas besoin de sortir la bagnole et tu peux proposer illico une 2ème séance à peu de frais. D'autant plus que sur ce film, entre 2 romances ou entre 2 évènements dramatiques, on voyait à l'oeuvre d'authentiques célébrités du cirque de l'époque : Dick Walker (et ses tigres), Tex Carr (et ses chimpanzés), Dick Berg (et ses otaries), Hugo Zacchini (l'homme canon), les Flying Alexander (Trapèze volant), Gene Mendez (un fildefériste), etc…Bref, du plaisir concentré pour toute la famille...


De nombreux films se déroulent dans le milieu du cirque, dans le genre film à grands spectacles, eux aussi avec un casting All Stars, les principaux sont :
Le plus grand cirque du monde d'Henry Hathaway (1964). Trapèze de Carol Reed (1956). Sous le plus grand chapiteau du monde de Cecil B. DeMille (1952). Ces 3 films ayant été édités en DVD, on peut espérer une édition du film de Newman...qui est passé à la télévision, mais pas hier. Et sinon, parmi les autres films hautement recommandables, je peux signaler 3 Lon Chaney , Freaks (+ L'inconnu qui figure sur l'édition collector du précédent) et larmes de clown de Victor Sjöström.
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Les amours d'Omar Khayyam (Omar Khayyam)

1957
Réalisation : William Dieterle
Scénario : Barré Lyndon
Image : Ernest Laszlo
Musique : Victor Young
Produit par Frank Freeman
Paramount

Durée : 101 min

Avec :
Cornel Wilde (Omar Khayyam)
Michael Rennie (Hassan Sabah)
Debra Paget (Sharain)
John Derek (Le prince Malik)
Raymond Massey (Le shah)
Joan Taylor (Yaffa)
Sebastian Cabot (Nizam)

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L'empire perse vit une époque troublée par la conspiration de la secte des Assassins qui s'introduisent jusque dans le palais pour supprimer leurs plus farouches opposants. De plus, des troupes envoyées par les Byzantins s'approchent du pays. Le Shah souhaitant s'entourer des plus grands talents afin de préparer la guerre consulte ses conseillers. C'est ainsi qu'au cours d'une audience, l'amitié du grand vizir Nizam et celle de Hassan Sabah, un marchand et aventurier, valent à Omar Khayyam, d'être présenté au shah. Omar, un doux rêveur dilettante, à la fois poète et scientifique, surprend par son indépendance d'esprit et son impertinence mais en raison de sa sincérité, il séduit le Shah et se voit confier une première mission scientifique et on lui permet d'étudier dans une tour observatoire. Le même jour, il apprend que le Shah a décidé de prendre une nouvelle épouse et la jeune femme choisie n'est autre que la fiancée d'Omar, Sharain, la fille de l'imam de Nichapur. Il pense d'abord fuir, veux s'opposer au mariage puis y renonce. Son prestige grandit à la cour et lorsque le frère du Shah est assassiné à l'intérieur même du palais, Omar, sous un prétexte scientifique, prend le chemin de la capitale secrète des Assassins et s'introduit au coeur de la secte…

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Une "orientalerie" qui a un peu plus de personnalité que d'autres pourtant plus célèbres. Les dialogues d'abord sont largement supérieurs à la moyenne. Omar étant poète, le dialoguiste a fait un effort pour que le texte soit à peu près digne du personnage historique. Les dialogues notamment ceux échangées entre Omar et Sharain sont les mieux écrites et leurs rencontres se déroulent dans les plus beaux cadres du film. Par 2 fois, dans la scène d'ouverture et dans celle qui vient conclure le film, c'est un jardin idéal qui servira de cadre à cette parenthèse idyllique puis pour les retrouvailles finales. Entre temps, Dieterle se sert des éléments de décors pour montrer joliment la nature clandestine de l'amour subsistant entre les anciens lamants. Il filme à travers les moucharabieh les amours contrariés des anciens amants. Mais Omar ne se contente pas d'amour platonique et il ne reste pas longtemps inconsolable. Lorsque son ami marchand lui envoie une esclave pour le servir en tout point et pour le consoler de la perte de Sharain, il commence par repousser la jolie Yaffa mais elle sait se montrer indispensable et réussit à convaincre Omar de la garder dans une longue scène assez drôle qui nous la montre énumérer les uns après les autres tous les services ménagers qu'elle pourrait apporter dans la vie matériel du poète et scientifique comme il se doit un peu bordélique. Le dialogue fait aussi allusion aux services de nuit qu'elle portait rendre "je te donne ma clé secrète" et il finit par céder, ouvre une 1ère serrure, ôte son collier de fer et la prend à son service. Même si l'humour y est moins évident que dans d'autres productions de l'époque (certains des films qui offraient la vedette à Tony Curtis par exemple) un humour pince sans rire baigne tout de même le film.

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Parfois, on se demande si c'est volontaire s'agissant du personnage incarné par Yma Sumac. Elle joue une danseuse et (malheureusement chanteuse) du harem et chante (à 3 reprises mais brièvement et on avait du partiellement l'insonoriser). La dernière fois qu'on la voit, alors qu'elle chante assise au coté de Sharain dans une scène de bain, une servante est appelée par la reine qui lui demande : "Dites lui qu'elle se taise !!!". Je rêve qu'il s'agissait d'un message subliminal adressée par Dieterle à son actrice et chanteuse…Enfin, plus tard, lorsque l'on montre à Omar les rites d'initiations des Assassins, les danses des adeptes de la secte (dont le nom viendrait selon certaines étymologies de l'usage du haschich...d'ou "Haschichins" dont l'usage faisait peut-être partie des pratiques d'initiation de la secte mais ce point est contesté) sont assez croquignolesques. Ils se mettent tous à tourner comme des diables…pardon comme des derviches tourneurs, et le grand maitre dit à Omar qu'ils sont tous sous l'emprise du Haschich, mais personne ne tombe malade (çà tourne la tête votre truc) et personne malgré tout ne file en douce dégobiller son repas derrière les tentures (c'est Hollywood quand même…Il faudrait même que je m'en rappelle quelquefois :mrgreen: ).
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La suite de l'intrigue est presque sans surprises. l'amitié trahie et doublement. La rivalité entre les 2 fils du shah, l'un appuyé par sa mère, c'est le coup classique du bon fils et du mauvais. Peu d'action, peu de batailles et regrettablement la figuration y est assez faible. On s'aperçoit aussi du manque de moyens dans les scènes d'intérieur qui se déroulent en grande partie dans les mêmes décors et ses décors sont assez vilains. Les interprètes qui ont bien plus à faire que ce qu'on leur demande habituellement montrent certaines limites (Cornel Wilde, Debra Paget), un autre traine sa belle gueule mais joue comme d'habitude, comme un cochon (John Derek). Raymond Massey se prend un peu trop au sérieux en Shah d'Iran mais il meurt bien et surtout au bon moment permettant à Omar Et Sharain de renouer sans que ce soit scandaleusement immoral. Sympathique mais dans le genre "oriental", il y a mieux.
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Omar Khayyam, mathématicien, astronome, philosophe et poète, a réellement vécu à Nichapur en Iran aux 11 et 12ème siècle. Comme on peut s'en douter, la biographie hollywoodienne est d'une rigueur absolue :mrgreen: (De toute façon, de nombreux éléments biographiques sont controversés et on connait de lui surtout ses écrits scientifiques et ses poèmes). J'essaierais de revenir rapidement vers les autres Bagdaderies, aventures moyen-orientales ou nord-africaines. Il y en a beaucoup et certains metteurs en scène s'y sont pas mal adonné. George Sherman : Le prince de Bagdad avec Victor Mature et La princesse de Samarcande avec Ann Blyth. Je peux aussi citer Aladin et la lampe merveilleuse d'Alfred E. Green avec Cornel Wilde. Saadia d'Albert Lewin avec encore Cornel Wilde et Mel Ferrer ou les plus célèbres Le voleur de Tanger et Le fils d'Ali Baba, tous les deux avec Tony Curtis. Les milles et une nuits avec Maria Montez. L'aigle du désert avec Yvonne De Carlo. les 3 derniers ont été édités en DVD.
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Les échappés du néant (Back from Eternity)

1956
Produit et réalisé par John Farrow
Scénario : Jonathan Latimer d'après une histoire de Richard Carroll
Image : William C. Mellor
Musique : Franz Waxman
RKO

Durée : 100 min env.

Avec :
Robert Ryan (Bill Lonagan)
Anita Ekberg (Rena)
Rod Steiger (Vasquel)
Keith Andes (Joe Brooks)
Gene barry (Ellis)
Phyllis Kirk (Louise)
Beulah Bondi (Mme Spangler)
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Un avion de ligne transportant 7 passagers et 3 membres d'équipage vers le Brésil est pris dans un terrible orage, connait une avarie de moteur puis voit une de ses portes voler en éclat ce qui entraine la mort de l'hôtesse du vol happée par le vide. Il est donc contraint d'atterrir en catastrophe dans une clairière cernée par la jungle. Tout le monde s'en sort mais d'emblée la discorde s'installe dans le groupe. Crimp, un chasseur de primes et Ellis, un homme d'affaires, paniqués par la situation précaire des survivants, contestent l'autorité du commandant de bord qu'ils rendent responsable du crash, mais celui ci parvient tout de même à restaurer son autorité et à organiser la vie quotidienne des rescapés. Malgré la complexité de l'opération, il tente avec l'aide des passagers de réparer l'avion endommagé lors de l'atterrissage. Un vieux professeur en retraite et un sud-américain connaissant la région et qui avaient tout deux évoqué la présence dans les parages de tribus d'indiens Jivaro, des chasseurs de têtes redoutables, remarquent les traces de leur présence à proximité de la clairière. Bientôt il devient évident qu'il s'apprêtent à attaquer. Un contre la montre commence…

Remake, par moments presque à l'identique, d'un premier film déjà tourné par John Farrow en 1939, Quels seront les cinq ? (Five Came Back). Les deux films appartiennent à la fois au film catastrophe, au thriller et au film d'aventures du genre survival. Ils ont tous les deux leurs mérites, le remake plus long de 25 minutes permet tout de même de bien mieux caractériser les principaux personnages qui ont une épaisseur que l'on aurait du mal à retrouver dans les autres films comparables de cette époque et à ce titre on pourrait le qualifier de film d'aventures "psychologique". Ces personnages, les voici :
Rena (Anita Ekberg) est la première que l'on découvre. C'est une prostituée d'origine européenne qui est rejeté par son souteneur et envoyée vers un bordel du Brésil. Le rôle était tenu par Lucille Ball dans la version de 1939. Ici, le personnage est plus mieux défini, l'ouverture du film ou elle est clairement montrée comme une entraineuse travaillant dans un "casino" de Las Vegas était même carrément absent du film original. Ensuite on découvre le gangster et tueur à gages Pete Boswik (Jesse White) qui a été chargé d'accompagner le jeune fils d'un patron de la mafia menacé par un gang rival. Puis un jeune couple sur le point de se marier (interprété par Gene Barry et Phyllis Kirk). Un vieux couple sympathique (Cameron Prud'homme et Beulah Bondi). A la première escale, c'est le commandant de bord Lonagan (Robert Ryan) qui prend les commandes de l'appareil. C'est un pilote très expérimenté et même une légende de l'aviation mais c'est aussi un homme cynique et en perdition qui après avoir été licencié à plusieurs reprises en est venu à travailler pour cette modeste compagnie aérienne. Il a pour copilote Joe Brooks (Keith Andes), un très jeune homme dont c'est l'un des premier vol. Et enfin, au cours de la dernière escale en Californie, 2 passagers inattendus s'ajoutent à cet équipage disparate : Vasquel (Rod Steiger) un criminel qui est escorté au Brésil pour y être exécuté et son gardien Crimp (Fred Clark) qui est aussi le chasseur de primes qui l'avait capturé.
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Avant le crash de l'avion en pleine jungle sud-américaine, mais surtout après, on suit avec beaucoup d'intérêt cette assez fine et maline "étude de groupe". On apprend en effet à connaitre assez intimement ces multiples personnages. Leur évolution personnelle et l'évolution des rapports qui s'établissent entre eux seront bien souvent inattendus…et donc finalement pas si surprenant que çà surtout que Farrow et son scénariste prennent presque systématiquement le contrepied de ce que l'on pourrait attendre. Cela dit, ces évolutions ne sont en rien des facilités ou des "trucs" pour justifier des rebondissements artificiels. Au contraire, on apprend au fur et à mesure du récit, par couches successives les éléments biographiques qui éclaircissent les actes des personnages. Si l'on s'attend à la métamorphose du tueur à gages (un peu tendre) qui, privé de patron, finira par s'attacher à l'enfant qu'il avait pris en charge à contrecoeur et qui rendra des services en raison de son habilité au tir, on sent beaucoup moins venir l'évolution du personnage joué par Rod Steiger qui est absolument remarquable et d'une sobriété rare dans le rôle du criminel. C'est la personnalité la plus complexe du groupe et le personnage clé du récit. A l'inverse, parcours semé d'embuches pour certains "bons" qui face au danger se révèleront égoïstes et lâches. Enfin, c'est à nouveau l'enfant qui sera le révélateur de la véritable personnalité des deux jeunes femmes sans que l'on ai jamais droit aux scènes redoutables et redoutés avec "l'enfant en danger" ou mettant en scène lourdement la découverte de l'instinct maternel. La métamorphose la plus spectaculaire sera évidemment celle de la prostituée interprétée par Anita Ekberg. Lorsqu'elle apparait dans ses robes ultra moulantes, on a peur tant le personnage de vamp ultra caricatural est incongru dans une tel contexte mais si elle ne fait pas oublier Lucille Ball, elle offre ici une assez bonne prestation alors que son rôle est assez nettement plus étoffé et complexe que ce que je connais de sa filmo anglo-américaine…car le rôle est même plus finement développé que celui des habituelles prostituées aux grands coeurs dont le prototype serait celui interprété par Claire Trevor dans Stagecoach. Robert Ryan semble plus discret mais c'est qu'il nous a habitué à mieux. Pourtant, dans ce rôle du grand homme déchu, il réussit tout de même à placer ses regards exprimant tour à tour la colère ou la douleur et réussit sans peine à assurer son autorité sans jamais avoir besoin d'élever la voix.
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Quelques scènes entre Ryan et Ekberg sont d'ailleurs remarquablement dialoguées mais de manière inhabituelle il n'y a pas d'idylles…ou plutôt elles restent à l'état de romances possibles et si la situation sentimentale de certains personnages évolue, c'est montré de manière marginale. Un révolver, l'unique arme du groupe qui passe de main en main aide à assoir (très) provisoirement un semblant d'autorité mais Farrow s'en sert de manière ironique car les possesseurs successifs ne s'en servent jamais comme on pourrait s'y attendre. Final remarquable d'intelligence et de sobriété. Farrow aurait pu être plus roublard ou tirer sur la corde pour renforcer la force émotionnelle de ces scènes mais il n'en est rien. En revanche, si la situation politique des dictatures sud-américaine est évoquée, cette dimension politique aurait pu être davantage développée et aurait ajoutée une dimension supplémentaire au personnage interprété par Rod Steiger, déjà riche il est vrai. Je n'ai pas dis grand chose des indiens mais c'est que leur présence est quasiment invisible. Une main dans un feuillage. Des buissons et le feuillage qui s'agite lorsqu'un enfant se pert dans la jungle puis lorsqu'un traitre ose prendre la fuite. Enfin dans la partie finale, c'est le Tam-Tam devenu omniprésent qui crée une présence/absence angoissante. En revanche, 2 ou 3 fautes de gout à signaler. Notamment une scène de panique invraisemblable qui conduit à une tentative de prise d'otage est totalement ratée et inutile. Elle n'est la que pour justifier le premier changement de main de la seule arme du groupe. Ensuite, Farrow cède une fois au sirène du studio (un mémo de Hughes ? :P ) et nous offre LA scène sexy inutile et d'ailleurs expédiée sans conviction par Farrow : une bagarre dans l'eau entre les deux filles du groupe. En 1956, c'était déjà la fin de la RKO et il semble bien que Farrow n'ai pas bénéficié de beaucoup de moyens pour tourner ce remake mais il joue plaisamment avec les maquettes notamment pour les deux scènes spectaculaires montrant l'atterrissage puis le décollage au milieu de la jungle. En revanche, la clairière reconstituée dans un coin de studio est un peu cheap.

Back From Eternity, c'est le genre de films qui passaient les dimanche après midi dans les années 70 et 80, notamment sur TF1. Je ne le connais qu'en VF mais peut-être a t'il été aussi diffusé en vost sur une autre chaine. Édité dans la collection Warner Archive en zone 1 (apparemment la copie est bonne)
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Message par Federico »

kiemavel a écrit : Les amours d'Omar Khayyam (Omar Khayyam)

Omar Khayyam, mathématicien, astronome, philosophe et poète, a réellement vécu à Nichapur en Iran aux 11 et 12ème siècle. Comme on peut s'en douter, la biographie hollywoodienne est d'une rigueur absolue :mrgreen: (De toute façon, de nombreux éléments biographiques sont controversés et on connait de lui surtout ses écrits scientifiques et ses poèmes).
Le personnage et la poésie soufi de Khayyam ont du avoir une certaine cote à Hollywood dans les années 40-50 puisqu'il y est aussi fait référence dans Shanghai gesture de Sternberg (1941) où Victor Mature (qui se fait appeler... Dr Omar) récite un de ses magnifiques rubbayat que l'on entendra à nouveau, dix ans plus tard, en ouverture du Pandora d'Albert Lewin (qui cita aussi un autre quatrain de Khayyam au début et à la fin du Portrait de Dorian Gray).
The moving finger writes; and, having writ,
 Moves on: nor all thy piety nor wit,
Shall lure it back to cancel half a line,
 Nor all thy tears wash out a word of it.
Dernière modification par Federico le 29 déc. 13, 22:58, modifié 1 fois.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par kiemavel »

Federico a écrit :
kiemavel a écrit : Les amours d'Omar Khayyam (Omar Khayyam)

Omar Khayyam, mathématicien, astronome, philosophe et poète, a réellement vécu à Nichapur en Iran aux 11 et 12ème siècle. Comme on peut s'en douter, la biographie hollywoodienne est d'une rigueur absolue :mrgreen: (De toute façon, de nombreux éléments biographiques sont controversés et on connait de lui surtout ses écrits scientifiques et ses poèmes).
Le personnage et la poésie soufi de Khayyam ont du avoir une certaine cote à Hollywood dans les années 40-50 puisqu'il y est aussi fait référence dans Shanghai gesture de Sternberg (1941) où Victor Mature (qui se fait appeler... Dr Omar) récite un de ses magnifiques rubbayat que l'on l'entendra à nouveau, dix ans plus tard, en ouverture du Pandora d'Albert Lewin (qui cita aussi un autre quatrain de Khayyam au début et à la fin du Portrait de Dorian Gray).
The moving finger writes; and, having writ,
 Moves on: nor all thy piety nor wit,
Shall lure it back to cancel half a line,
 Nor all thy tears wash out a word of it.
J'avais oublié toutes ces citations. çà mérite un retour vers ces classiques pas vus depuis longtemps
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

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Capitaine King (King of the Khyber Rifles)

1953
Scénario : Ivan Goff et Ben Roberts
Image : Leon Shamroy
Musique : Bernard Herrmann
Produit par Frank P. Rosenberg
Twentieth Century Fox

Durée : 100 min

Avec :
Tyrone Power (Le capitaine Alan King)
Terry Moore (Susan Maitland)
Michael Rennie (Le général Maitland)
John Justin (Le Lieutenant Heath)
Guy Rolfe (Karram Khan)

En 1857, un officier britannique, le capitaine King est muté dans un fort proche de la ville de Peshawar en Inde. Lorsque certains officiers découvrent que King est un métis dont le père était un officier britannique et la mère une indienne musulmane, ils le repoussent plus ou moins discrètement, l'excluant du cercle des officiers. Après la mort de ses parents tués au cours de la dernière grande révolte indienne 25 ans plus tôt, King avait même passé son enfance à Peshawar et avait été élevé par Hamid Bara, un notable musulman. De retour dans la région, Il recherche ce père adoptif, le retrouve et apprend ainsi que le fils d'hamid et par conséquent son presque demi-frère se fait appeler désormais Khurram Khan, qu'il a pris la tête de la révolte contre l'occupant britannique dans la région et qu'il occupe avec ses hommes un tertre réputé imprenable. Ravivée par l'action souterraine des mollahs, une révolte générale de tout le pays se prépare. Des attaques sporadiques ont lieu et une patrouille est même capturée par les hommes de Khurram Kahn. Le capitaine King obtient alors l'autorisation de se rendre seul à la rencontre de son vieil ami…
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Un remake du premier film parlant de John Ford, The Black Watch, réalisé en 1929. C'est l'un des rares films qui évoquent la première guerre d'indépendance indienne de 1857-1859. Dans les développements de l'histoire, on suivra les péripéties en partie historique d'un aspect de cette révolte, celle des soldats indigènes, les Cipayes, ici ceux de la fameuse Khyber Rifles du titre américain (que l'on peut interpréter comme un jeu de mot un peu ironique). Ces supplétifs étaient chargés notamment de surveiller la Khyber Pass ou s'étaient réfugiée des rebelles indiens (Dans le film d'Henry King, Khurram Khan et ses hommes). La mutinerie des cipayes a été déclenché au moment de l'arrivée en Inde d'une nouvelle arme, le fusil Endfield pour laquelle les soldats devait déchirer les cartouches en papier avec les dents pour mettre la poudre dans le canon avant d’y introduire la balle ; cette cartouche étant lubrifiée avec du suif (graisse de porc ou de bœuf), le procédé fut jugé inacceptable par les hindous et les musulmans qui refusèrent de se servir de cette arme nouvelle et se retournèrent même contre l'occupant anglais, s'estimant victime de provocations et de vexations de leur part. Cependant, quelques officiers gagnèrent semble t'il la sympathie de leurs supplétifs. C'est sans doute l'un de ces personnages "historiques" qui a inspiré le personnage du capitaine King dans le roman de Talbot Mundy puis dans les adaptations cinématographiques de John Ford puis de Henry King. Les évènements décrits plus haut sont tous relatés dans le film d'Henry King mais récupérés et remis à la sauce Hollywoodienne pour montrer une "réalité" acceptable par le public anglais car cette première grande révolte indienne qui impliqua aussi la noblesse et bien sûr la paysannerie se termina dans un bain de sang et fit entre 500 000 et 1 000 000 de morts coté indien. La "révision" que propose le film entraina l'interdiction du film en Inde.
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Les actes douteux ou tout au moins discutables du capitaine King que l'on verra dans la deuxième partie du film qui appartient presque totalement au film d'aventure et au film de guerre s'explique sans doute par ce qui est montré dans la première partie du film, l'arrivée de King dans la garnison et le racisme qu'il subissait de la part des autres officiers. Très vite cet aspect était intégré et même noyé dans l'intrigue amoureuse. Le problème de discrimination raciale se déplaçait donc lorsque Susan, la fille du général commandant la garnison tombait amoureuse du capitaine King. Le général Maitland semble d'abord appuyer King lorsqu'il constate la mise à l'écart de l'officier par ses collègues mais cet appui connaitra quelques limites quand il s'apercevra que l'amour éprouvé par sa fille est plus qu'une simple amourette. Comme souvent avec ce metteur en scène, même lorsqu'il est relativement peu inspiré, c'est visuellement que l'on trouve toujours plaisir à le suivre. Les rencontres obligatoirement discrètes entre Susan et King sont filmées de manière absolument sublime, notamment une longue séquence nocturne au cours de laquelle, en marge du bal dont l'accès a été refusé à King car en tant que métis il n'a pas le droit de rentrer dans le cercle des officiers ni de les fréquenter en dehors du service, Susan quitte le bal, rejoint King sur une terrasse discrète ou ils improvisent un merveilleux bal à deux visuellement splendide. Cette séquence est encore prolongée par une autre rencontre secrète dans le désert puis dans les ruines d'un temple abandonné au sable. C'est la scène qui fournit d'ailleurs la transition entre la romance contrariée et le film de guerre car ils sont attaqués par des rebelles indiens au cours de cette escapade amoureuse.
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A partir de là, çà se gâte une peu, en tout cas si l'on considère qu'une vérité historique un peu trop "violée" est un critère valable pour moins estimer le spectacle que l'on regarde car visuellement encore une fois, on n'est pas déçu. Pour moi (malheureusement) parfois la morale véhiculée par un personnage et d'une manière plus générale, par le film lui même compte un peu pour le juger, or ici la morale du capitaine King est douteuse et je pense qu'Henry King épouse son point de vue. On peut interpréter les actes du capitaine King au cours de la seconde partie du film comme une manière d'être enfin reconnu comme un "vrai" britannique. Bien que rejeté par les anglais, ou pour cette raison, il espère sans doute par sa bravoure, par une forme de trahison et par le sacrifice d'une part de lui-même, obtenir son brevet de britannique en massacrant ses "semblables". Intéressant mais un peu ambiguë pour ne pas dire gênant…surtout que Henry King et ses scénaristes utilisent pour montrer cette évolution, des évènements qui trahissent la vérité historique. On voit ainsi le capitaine King menacer ses supplétifs lorsque ceux ci -informés de la présence de porc dans les amorces des fusils- refusent de se servir de leurs armes, mais malgré tout, à force de menaces et de persuasion, ils finissent par céder et il obtient leur collaboration dans le massacre de leurs "frères". Or, les auxiliaires Cipayes qui suivent l'officier britannique et l'appuie contre les rebelles indiens, si cela donne de formidables séquences d'attaque nocturne, c'est historiquement faux. Cela dit, j'ai parfaitement conscience que l'on peut éprouver beaucoup de plaisir au visionnage de ce film en se moquant éperdument des réserves que je pose, surtout que certains pourront considérer que King agit simplement en fonction de son devoir et que les rebelles Indiens ont bien cherché ce qui leur arrivent. Je parlais de grande histoire, or, on regarde aussi les films en trimbalant la notre, la petite...

Photo sublime de leon Shamroy. Musique très Herrmanienne de Bernard. Passé à la télévision chez nous. En 1954, Lazlo Benedek a réalisé un film intitulé La révolte des Cipayes (Bengal Brigade) mais ce film n'évoque pas du tout les mêmes évènements mais une révolte qui eu lieu à la fin du 19ème siècle. On y retrouvait Rock Hudson et Arlene Dahl. Ce film a aussi été diffusé à la tv chez nous, à priori seulement en vf.
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Tant que soufflera la tempête (Untamed)
1955
Réalisation : Henry King
Scénario : Michael Blankfort, Frank Fenton et Talbot Jennings
et adaptation de William A. Bacher d'après un roman de Helga Moray
Image : Leo Tover
Musique : Frank Waxman
Produit par William A. Bacher, Bert E. Friedlob, Gerd Oswald
Twentieth Century Fox

111 min

Avec :

Tyrone Power (Paul Van Riebeck)
Susan Hayward (Katie O'Neill Kildare)
Richard Egan (Kurt Hout)
Agnes Moorehead (Aggie)
Rita Moreno (Julia)
John Justin (Shawn Kildare)
Hope Emerson (Maria)
Brad Dexter (Lt. Christian)
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Paul Van Riebeck, un citoyen sud-africain d'origine hollandaise, séjourne en Irlande pour y acheter des chevaux. Il semble d'abord ignorer la fille de ses hôtes, Kathie O'Neal qui est tombée amoureuse de lui mais peu avant son retour ils deviennent finalement amants. Paul refuse néanmoins que Kathie quitte son pays pour lui car il ne souhaite pas perdre sa liberté pour une femme. Il lui avoue ses ambitions politiques. Dans son pays, il a pris la tête d'une rébellion d'immigrants d'origine néerlandaise rêvant de l'indépendance de leur territoire et c'est pour le moment le seul but de sa vie. Il repart donc seul. Dans les années qui suivent, la maladie de la pomme de terre s'étend à toute l'Irlande, entrainant de terribles famines et provoquant l'émigration de millions d'irlandais. Kathie décide elle même de partir pour l'Afrique du Sud avec son mari et leur premier enfant. A peine descendus du bateau, ils se joignent à un groupe d'immigrants de toutes origines qui prennent le chemin d'une région sauvage du nord du pays ou l'on donne de la terre aux nouveaux arrivants mais c'est aussi un territoire en guerre. Paul Van Riebeck et ses commandos s'y battent toujours contre les zoulous et les anglais. La caravane commandée par le guide Kurt Hout se met en route vers les territoires du nord situés à 1500 km de là mais le parcours est semé d'embuches…

Un film construit en plusieurs parties. Un préambule Irlandais de 10 minutes, puis le parcours d'une caravane d'immigrants en territoire hostile -et donc un western africain- pendant 40 minutes et enfin l'arrivée en terre promise et une romance impliquant les 3 personnages principaux avec pour toile de fond la guerre menée par les hollandais pour tenter de constituer un état libre. Le film est excellent jusqu'à cette dernière partie qui est selon moi assez pénible mais avant çà, le film était au minimum très divertissant. Nombreux sont les films à avoir montrés les accidents et incidents divers de LA caravane de pionniers en route pour le territoire libre dans lequel tout est à construire. Heu, libre ? Pas tout à fait…D'ailleurs les zoulous tiennent le rôle tenu par les indiens dans le Western mais Henry King se contente d'une très longue séquence magnifiquement filmée : l'attaque de la caravane par des milliers de Zoulous. Du western, on retrouve même à l'identique des scènes entières vues 50 fois : l'attaque des autochtones est imminente alors on met les charriots en cercle et on attend. Les lances, les peaux de félins et les plumes d'autruche remplaçant simplement les flèches, les peaux de bison et les plumes d'aigle. Visuellement tout ceci est splendide. Henry King prend son temps pour filmer l'attente et les préparatifs du combat et filme dans de longs panoramiques les danses de guerre exécutées par les milliers de figurants parés de leurs plus beaux habits sur fond de percussions africaines. On a même droit à l'arrivée de la cavalerie, les soldats en bleu étant remplacés ici par Van Riebeck et ses mercenaires hollandais. Il arrive d'ailleurs au bon moment car au cours de l'attaque le mari de Kathie trouve opportunément la mort...mais il trouve aussi un rival car Kurt, le chef de l'expédition a lui aussi des vues sur son ancienne maitresse. C'est selon moi le début du désastre et la bascule navrante du récit…
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Spoiler (cliquez pour afficher)
Pour la suite, j'ai repris la grève du smiley (oui, c'est çà l'objet du spoiler)
On apprend peu de choses par la suite mis à part que l'homme d'action trouve sans doute quelques avantages à partager la vie d'une femme mais que forcément, séparé de ses copains, il s'étiole et mollit (surtout de la tête). Van Riebeck finit par reprendre le combat et comme on le sait, la nature (des femmes) ayant horreur du vide, il est vite remplacé par le rival ( Kurt Hout/Richard Egan) qui attendait son heure malgré la jalousie de sa compagne (Julia/Rita Moreno). Tout du moins c'est ce que Kurt espère. C'est le début de ce que j'appelle les Susan Hayward's Special. Quand Kurt réapparaît opportunément juste après que Paul se soit remis sur le sentier de la guerre, regardant les champs cultivés par Van Riebeck, il lance devant Kathie : "Moi…Je laboure beaucoup mieux que çà !!! ". Mais Kurt, c'est pas qu'un gros vantard, il passe aux actes avant même d'avoir obtenu la récompense attendue. Il se met effectivement au travail, défriche, plante et laboure (la terre) mais fini par craquer, le pauvre. Il n'en peut plus d'un arbre énorme planté au milieu de la propriété. Il prétend que c'est l'ombre de cet arbre qui gêne les cultures qui lui pose problème mais en réalité, c'est surtout l'ombre de Paul van Riebeck qui continue de le préoccuper. Cette arbre, c'est celui qui symbolise l'union de Paul et Kathie, celui ou ils s'étaient embrassés pour la 1ère fois après le retour de Paul (Henry King n'a pas osé filmer la suite), alors Kurt n'en peut plus et veut abattre cet arbre. Un soir de tempête, il s'arme d'une hache et commence à attaquer le tronc. Kathie s'enchaine à l'arbre alors que l'orage éclate et Kurt, le visage inondé de pluie, lui lance : "J'ai débroussaillé la savane pour vous et lui, je le déracinerais de votre coeur ! ". Comme le ferait un chevelu de Notre Dame des Landes, elle se lie alors à l'arbre pour le protéger, enlace malgré tout Kurt pour finalement une nouvelle fois se refuser à lui. Rien que de raconter çà, j'en ai encore des frissons ( il y a bien encore un coup de théatre mais je ne veux pas tout gâcher).

Tout le reste est dans cet esprit, il y a sans doute des clients, on aura compris que je ne le suis pas tellement. Je signale tout de même aux plus téméraires qu'on assiste encore par la suite à plusieurs chassé-croisés amoureux avec moults rebondissements bouleversants (paternité caché, handicap, meurtre ). Bref, un territoire idéal pour Susan Hayward qui devait exiger par contrat de pouvoir au moins une fois, se rouler par terre de rage/éclater en sanglot…ou alors : "George, si à la suite d'un accident je devenais paralysée, il faudrait que je remarche avant la fin " (chose vue mais pas dans Untamed). Bref, la dernière demi-heure est selon moi pour le moins pénible. Bilan : Un début prometteur. On pense que l'on va nous parler un peu d'histoire et de politique -à la Californienne bien sûr- mais quand même un peu plus que ce qui nous attend. Il en reste une histoire qui tendrait à prouver que les (vrais) sud-africains ont eu raison de pratiquer l'apartheid car ces zoulous sont vraiment des sauvages et Nelson Mandela n'était que l'arbre (l'olivier) qui cachait la forêt (de broussaille). Plus sérieusement, ces questions la ne sont évidemment pas abordées, de même que le contexte politique est une toile de fond et même un tout petit alibi pour montrer une romance sur fond de beaux paysages. Tournage en Afrique du sud donc pas ou peu de transparences (Merci pour tout Henry). Diffusé à la TV chez nous.
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

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Flowing Gold

1940
Réalisation : Alfred E. Green
Scénario : Kenneth Gamet
Image : Sidney Hickox
Musique : Adolph Deutsch
Produit par William Jacobs et Jack L. Warner
Warner

Durée : 81 min

Avec :

John Garfield (Johnny Blake/Alexander)
Frances Farmer (Linda Chalmers)
Pat O'Brien ('Hap' O'Connor)
Raymond Walburn ('Wildcat' Chalmers)
Cliff Edwards ('Hot Rocks' Harris)
Tom kennedy (Petunia)


Johnny Blake, un ouvrier foreur expérimenté et réputé, mais recherché pour meurtre et traqué par la police, erre dans les villes proches des champs pétroliers à la recherche d'un emploi. Au cours d'une bagarre impliquant le contremaitre 'Hap' O'Connor, il lui sauve la vie. En remerciement, Hap est prêt à l'embaucher mais il reconnait en lui l'homme recherché par la police et une nouvelle fois Johnny est contraint de fuir. Hap quitte son emploi et accepte la proposition de 'Wildcat' Chalmers, un industriel ruiné par un concurrent ambitieux qui l'a escroqué, il s'associe avec lui et met toutes ses économies dans l'achat du matériel pour permettre l'exploitation d'un puits prometteur qui n'a encore rien produit jusque là. Hap et Wildcat constituent leur équipe, un groupe d'ouvriers qui deviennent tous des actionnaires à parts égales mais au moment de prendre possession des lieux, ils en sont empêchés par Charles Hammond, le vieil ennemi de Chalmers. Les hommes qu'il a embauché font tout pour faire barrage au projet de l'équipe mais au cours de la bagarre qui suit, Johnny Blake qui avait été embauché par Hammond, change de camp, se joint aux amis de Hap et leur permet d'accéder au chantier…Malgré les menaces diverses qui pèsent sur le groupe, ils commencent enfin leur prospection...
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Un film d'aventure "industrielle", un film dramatique, un récit criminel mais avant tout une superbe histoire d'amitié "virile" contrebalancée par l'humour amené par deux des bons copains. On peut faire le rapprochement avec La belle équipe car le film montre un groupe d'ouvriers modestes mettant leurs économies dans un projet industriel commun. Autre point commun, l'adversité représentée par un concurrent rapace qui ne veut pas laisser ce puits prometeur lui échapper et qui fera tout pour saboter les projets de la bande d'amis et racheter le puits. Enfin, une rivalité amoureuse entre les deux principaux personnages masculins interprétés par John Garfield et Pat O'Brien survient mais n'entrainera pas de conflit aux conséquences dramatiques en raison de la personnalité de la jeune femme aimée qui n'est en rien une manipulatrice. Le rôle est interprétée par une (encore) lumineuse Frances Farmer. Elle joue la fille sans manières du bon 'Wildcat' Chalmers. On ne louera jamais assez la modernité du jeu de cette actrice dont hélas la carrière n'aura pas durée bien longtemps, s'arrêtant véritablement dès 1942, après Le chevalier de la vengeance tourné à peine 2 ans après Flowing Gold et seulement 6 ans après ses débuts.
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A signaler aussi les prestations curieuses de John Garfield, très bien mais plus "calme" que la plupart du temps et à l'inverse celle plus "nerveuse" que d'habitude de Pat O'Brien. Alfred (E. Green) savait manifestement diriger ses comédiens. Les péripéties sont attendues mais plaisantes : Accident de chantier, blessure d'un élément clé, sabotage, incendie (très spectaculaire), etc…La menace policière plane aussi sur le devenir de Johnny Blake mais fort heureusement on apprendra la véritable nature du crime et (ouf…), Johnny n'était pas un vrai méchant ! Sans doute assez facilement oubliable mais très plaisant. Un autre film d'aventure montrant en toile de fond le même milieu de l'exploitation pétrolière était sorti la même année, Boom Town de Jack Conway avec Clark Gable, Spencer Tracy, Claudette Colbert et Hedy Lamarr est même sorti seulement une semaine après Flowing Gold. C'était la réponse de la MGM, même si j'ignore quel film avait été lancé en premier. Je préfère le léger et sympathique Warner au pesant MGM. D' Alfred E. green, on peut voir Smart Money avec James Cagney et Edward G. Robinson. baby Face avec Barbara Stanwyck. Tout deux sortis en DVD zone 1. Aladin et la lampe merveilleuse avec Cornell Wilde, ainsi que Four Faces West, un western avec Joel McCrea et L'indésirable monsieur Donovan avec William Bendix et Dennis O'Keefe
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3 nouvelles photographies de Flowing Gold avec un peu plus de Frances Farmer
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The Magnificent Matador - Le brave et la belle

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Le brave et la belle (The Magnificent Matador) avec Anthony Quinn (Luis Santos), Maureen O'Hara (Karen Harrison), Richard Denning (Mark Russell), Manuel Rojas (Rafael Reyes)
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Luis Santos, le plus célèbre matador mexicain, n'est plus qu'à quelques heures de la corrida la plus attendue de la saison, celle où un de ses protégés, le jeune et prometteur Rafael Reyes, doit passer l'alternative (une cérémonie au cours de laquelle un matador débutant est autorisé par les plus anciens à devenir matador de taureaux) mais quelques instants avant de partir pour les arènes, cet homme vieillissant et tourmenté prend la fuite et renonce pour une raison mystérieuse à la corrida provocant un énorme scandale dans le pays. Il trouve refuge dans la luxueuse hacienda d'une riche américaine installée au Mexique par amour de la tauromachie...et par admiration pour Santos.
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L'argument de départ, les états d'âme d'un matador vieillissant et la résolution de l'énigme - la révélation des raisons qui l'ont poussé à fuir - restent en toile de fond mais très vite, c'est la romance avec la richissime américaine et ses conséquences qui occupe presque toute la place. Or, cette histoire de grande bourgeoise américaine énervée par le sud-américain velu et chaud bouillant doté d'une paire de gosses grosses comme des balles de tennis, me fait autant d'effets que si une mémé du 16ème à broche et carré Chanel était prise de vapeur après avoir vu le tablier taché de sang de son boucher-charcutier. C'est d'ailleurs en gros la confession que fait le personnage incarné par Maureen O'Hara. Un soir au clair de lune, elle révèle à Santos qu'elle était tombée amoureuse de lui un soir de corrida à Madrid. C'est de le voir se relever ensanglanté après avoir été renversé par un taureau qui avait entrainé chez elle ce besoin irrépressible de suivre un tel homme jusque dans son pays. Ah ! Le mystère féminin ... ou le mystère Boetticher qui nous a parfois habitué à tellement de subtilité dans la façon de dresser en quelques touches légères des portraits justes d'hommes - le plus souvent - mais aussi parfois de femmes …
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On aura vite compris que je suis resté hermétique à ce sujet. Malgré les apparences, le problème de base avec ce film n'est pas d'aimer ou pas la corrida, c'est qu'on a le droit de trouver ce qu'en a fait Boetticher pour le moins pas très intéressant. Cette romance est contrariée par les trucs et manigances du personnage incarné par Richard Denning. C'est un expatrié américain depuis longtemps amoureux de Karen qui cherche à ruiner la réputation de son rival. Il commence par révéler le lieu de sa fuite, puis tente de le pousser à revenir sur sa retraite sportive afin de briser l'intimité du couple. Un autre personnage tente de leur nuire ; c'est une l'autre femme, une ancienne petite amie mexicaine de Santos qui est très jalouse ! Et enfin, pour en finir avec l'entourage du champion, je dois parler de son manager. C'est un ancien torero qui avait jadis été grièvement blessé dans l'arène en sauvant la vie de Santos et depuis, celui qui s'est par la suite sacrifié pour faire de Santos le plus grand matador du pays, n'arrête pas de le bassiner sur ses devoirs envers lui. Il ne supporte pas de le voir renoncer à sa carrière, finissant par lui dire : "Je préfère te voir mort dans l'arène plutôt que de te voir arrêter ! ". Il dit ça en présence de Karen et on comprend immédiatement où veulent en venir Boetticher et son scénariste. En fait, Miguel, c'est rien qu'une grande jalouse qui ne supporte pas de voir Santos s'installer durablement avec une femme (le problème n'est pas qu'il le soit, c'est la façon dont c'est présenté qui en est un).
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Entre deux scènes de romance ou de mélo - genre Peyton Place chez les péquenots - Boetticher nous fait du "couleur locale" : Visite du centre ville de Mexico en limousine ; groupe de Mariachis, danseuse de flamenco, partie de pelote basque … et surtout il nous montre la ferveur religieuse des sud-américains et on a droit à la visite chez Dom David, éleveurs de champions depuis 1917 qui nous fait visiter son hacienda, tâte quelques croupions de taureaux, vante les mérites de la vie au grand air et révèle ses secrets pour une bonne alimentation de la bêêêêêête. On a tout de même une ou deux belles scènes, une ou deux belles idées, belles et un brin ridicules pour être exact. La première, c'est le moment attendu, le déclic qui fera revenir Santos sur sa décision. L'environnement est superbe, la scène aussi mais l'argument assez grotesque mais je n'en dis pas plus. Quant à la révélation de ce qui avait fait flancher Santos, c'est tout aussi grotesque. Boetticher nous fait le coup du "secret de famille" !!! Peyton Place je vous dis...

Et la tauromachie dans tout ça ? Et bien la première fois qu'on rentre dans l'arène - en dehors d'une très courte scène de cauchemar qui réveillera Santos au tout début du film - c'est après 1h14 de film. On voit très peu de scènes de combat et elles sont filmées d'assez loin. ça dure 1/4 d'heure et c'est sans intérêt. Qu'on soit aficionado ou pas (on aura compris que je ne le suis pas), le film est assez décevant. Boetticher lui-même ne l'aimait pas tellement, admettant avoir trop plié devant les producteurs en acceptant d'intégrer au scénario, pour des raisons commerciales, des ingrédients mélodramatiques et une romance qui ont fini par occuper (presque) toute la place...Mais je ne vois pas comment ce film tel qu'il était écrit, même sur ses bases, pouvait mener à autre chose.
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Boetticher a été sa vie durant fasciné par la tauromachie qu'il avait découvert très jeune au cours d'un séjour au Mexique. Il était resté dans ce pays pour y suivre une formation de torero, avait combattu et aurait même été très grièvement blessé dans l'arène, mais il est difficile de démêler le vrai du faux dans les aventures de ces cinéastes américains bourlingueurs de l'âge d'or d'Hollywood (Walsh, Huston, Fleming, etc...). C'est d'ailleurs ce récit en partie auto-biographique qu'il racontait dans le premier film qu'il avait consacré au genre : La dame et le toréador qui est bien meilleur que le second, surtout dans sa version intégrale montrant l'entrainement de Robert Stack (qui n'était pas doublé par des professionnels). C'était également par la tauromachie qu'il était entré dans le milieu du cinéma comme conseiller technique du film de Rouben Mamoulian, Arènes sanglantes sur lequel il avait rencontré Anthony Quinn qu'il emploiera plusieurs fois, dans La cité sous la mer, L'expédition du fort King et A l'est de Sumatra. Enfin, il consacra encore un dernier film à la tauromachie : Arruza, un documentaire sur Carlos Arruza, un ancien toréro mexicain qui était son ami et qui mourra tragiquement au cours du tournage. Ce tournage et ses conséquences ont été absolument cauchemardesques pour le cinéaste mais le film finira par sortir plus de 10 ans après le lancement du projet. En dehors de ceux de Boetticher et du film de Mamoulian déjà cité, la tauromachie a été illustrée par d'autres cinéastes : Le moment de vérité de Francesco Rosi et La corrida de la peur/The Braves Bulls de Robert Rossen. Quant à ce film de Boetticher, pour résumer mon impression, comme disait à peu près Desproges (que j'adapte), les mexicains sont peut-être des hommes fiers et ombrageux qui possèdent un tout petit cul pour éviter les coups de cornes ; mais moi, pour poursuivre sur le même ton, comme disait l'autre : "ça m'en a touché une sans faire bouger l'autre". Vu en VF (version française d'époque). Je pense que la copie que j'ai vu est tronquée (IMDB qui n'est pas d'une fiabilité absolue donne une durée de 94 min or la copie que j'ai est un peu moins longue)
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Les hommes volants (Men with Wings)
1938
Réalisation : William A. Wellman
Scénario : Robert Carson
Image : W. Howard Greene
Musique : G. Carbonara et W. Franke Harling
Produit par William A. Wellman (Paramount)

Durée : 105 min

Avec :

Fred MacMurray (Pat Falconer)
Ray Milland (Scott Barnes)
Louise Campbell (Peggy Ranson)
Andy Devine (Joe Gibbs)
Porter Hall (Hiram F. Jenkins)

Au tout début du 20ème siècle, le journaliste Nick Ranson, impressionné par les exploits des frères Wright, abandonne son métier de journaliste et se consacre tout entier à son rêve, parvenir à construire son propre avion. Tout en travaillant à ses machines volantes, il transmet sans le savoir son rêve à sa jeune fille Peggy ainsi qu'à 2 jeunes garçons du voisinage, Pat Falconer et Scott Brandes. Malheureusement, le jour ou il est enfin prêt, il s'écrase sous les yeux de ses proches et meurt dans l'accident. Les années passent, Peggy, Pat et Scott travaillent à leur avion et sont remarqué par un constructeur aéronautique mais à la suite d'une querelle, ils sont licenciés. Pat s'engage alors pour combattre en France dans l'aviation, il y retrouve Peggy et ils finissent même par se marier. Mais de retour au pays, il ne parvient pas à se faire à cette vie de famille et à une existence terne…Pendant ce temps, moins téméraire, Scott devient un brillant ingénieur...
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C'était le premier film d'aviation en Technicolor et le 3ème film en couleurs de William Wellman après Une étoile est née et La joyeuse suicidée. On y retrouve les couleurs pastels sublimes des deux précédents, les ciels d'un bleu magnifique sont d'ailleurs un bonheur dans ce film multipliant les séquences aériennes spectaculaires qui font regretter que Wellman n'en soit pas resté là, ou plutôt qu'il n'ai pas mieux intégré et imbriqué la vie privée des héros à leurs aventures car au lieu du film épique auquel on s'attend, il met au coeur du film sans faire preuve de beaucoup d'imagination, un classique triangle amoureux pas très passionnant et qui prend trop de place. La proposition de départ était très séduisante. On suit les destins croisés de deux pionniers de l'aviation imaginaires de 1907 aux années 30 et leurs relations avec Peggy, leur amie d'enfance dont les rêves du père avait susciter leurs vocations.

La première partie du film qui montre l'enfance des principaux personnages est d'ailleurs la plus réussie. Les scènes proposant une illustration de l'état d'esprit qui habitait les pionniers de l'aviation malgré la pauvreté de leurs moyens sont remarquables. Pendant que le père Ranson prépare son avion, les enfants jouent déjà à des jeux dangereux. Peggy est incitée par les deux garçons a monter dans un grand cerf volant de leur fabrication et elle s'envole dans les airs avant de s'écraser dans un arbre mais l'accident est finalement sans gravité. C'est donc Peggy qui sera la première de la famille a voler…et les jeux d'enfant se terminent mieux que ceux des adultes car la vol inaugural, le premier essai de Nick Ranson lui sera malheureusement fatal. Cette scène est d'ailleurs une des plus belles et des plus spectaculaires séquences d'aviation que j'ai jamais vu, malheureusement comme je l'ai annoncé plus haut, çà se gâte assez vite et au lieu d'avoir le grand film épique attendu, on assiste surtout à une romance peu excitante entre les 3 principaux personnages entrecoupé de scènes d'aviation certes spectaculaires mais qui semblent plaquées dans un récit sans direction.

C'est le problème principal de ce film dont le scénariste n'a pas su imbriquer la vie privée et la vie professionnelle des héros ce qui fait que l'on passe d'un univers à un autre sans percevoir de continuité et d'unité dans le récit. Il suffisait de pas grand chose : donner à l'héroïne un rôle plus actif. L'interprétation de l'inconnue (de moi) Louise Campbell est assez terne mais elle n'est pas aidée par le scénario qui fait d'elle une jolie potiche dans le style 1900. Elle aussi est pourtant montrée comme une passionnée d'aviation mais elle est tenue totalement dans l'ombre "professionnelle" des deux autres personnages principaux et n'est là vraiment que comme objet de leur rivalité muette. C'est peut-être le liant qui manque à ce film. Autre soucis mais de moindre importance, l'interprétation des deux autres principaux protagonistes, Ray Milland et Fred MacMurray. Elle est assez vigoureuse mais les deux jeunots sont tout de même un peu "légers" pour de tels rôles assez éloignés de ceux qu'on leur donnaient à l'époque, cad à quelques exceptions près, plutôt des comédies. Dans ce registre du film d'action, ils sont en tout cas moins convaincants que par exemple les vedettes d'un autre film d'aventures avec option vieux coucous sorti la même année, Pilote d'essai (Test Pilot) de Victor Fleming. Il faut dire qu'ils se nommaient Clark Gable et Spencer Tracy !
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Le scénariste a en revanche eu l'heureuse idée de répartir les personnalités et leurs actes de manière surprenante et paradoxale. Les deux héros représentent deux types d'homme assez bien caractérisés et complémentaires. D'un coté, on a Pat (MacMurray), l'aventurier, la tête brulée qui s'engagera dans tous les conflits du début du 20ème siècle…et qui séduira Peggy mais par un accident de l'histoire plus qu'en raison d'une plus grande proximité puisque si Peggy Choisit Pat c'est parce qu'ils se retrouvent "par hasard" en France après qu'ils se soient engagés dans le premier conflit mondial, l'un comme pilote, l'autre comme ambulancière. De l'autre coté, on a l'intellectuel, le concepteur. Même s'il devient pilote d'essai pendant la 1ère guerre (mais il reste au USA), puis un des premiers pilotes de l'aéropostale, Scott (Milland) est avant tout un organisateur, un concepteur et il deviendra un brillant ingénieur. Il est évident que Scott est lui aussi très amoureux de Peggy. Bien qu'elle choisisse Pat cela ne brise pas les sentiments d'amitié qui lient les trois amis d'enfance unis par une même passion. Par contre, si on suit la romance contrariée avec un peu d'intérêt, surtout après que Pat délaisse le foyer familial pour s'engager dans une vie aventureuse, on s'ennuie parfois ferme devant d'autres évènements privés mêlant les drames (la mort de la mère de Peggy), les évènements heureux (une naissance)… aux grands événements historiques que l'on suit en toile de fond et surtout dans lesquels s'engagent les héros du film, en premier lieu Pat… On verra rien de moins que : La première guerre mondiale, la première traversée de l'Atlantique, la guerre d'Espagne et pour finir la guerre sino-japonnaise.

Bilan : un film un peu décevant..dont je m'étais sans doute fait un film trop beau avant de le voir et comme il arrive parfois, quand on attend trop d'un film on est déçu. Alors comme souvent également, à chaud j'ai peut-être eu tendance en raison de ma déception relative à juger sévèrement ce film mais il n'en reste pas moins que ce sujet est traité avec un manque de souffle qui me parait évident. Reste le superbe Technicolor, des séquences aériennes souvent très spectaculaires et qui avaient mobilisé tout ce que Hollywood (ses cascadeurs) et les show aériens comptaient comme vedettes à l'époque. Wellman avait même pas mal de rab puisqu'il parait qu'il a réemployé des stock shots de Men with Wings pour son dernier film d'aviation -et même son dernier film tout court- Lafayette Escadrille dans lequel il racontait l'engagement de jeunes américains dans l'aviation au cours de la première guerre mondiale, un récit en partie autobiographique lui aussi un peu décevant.

En dehors de ces deux films d'aviation, William Wellman en a tourné bien d'autres et il est probablement le recordman du monde dans ce sous genre du cinéma d'action qui peut tenir du film d'aventure ou du film de guerre. Il a produit les deux. Il y en a deux que je n'ai toujours pas vu mais, à ce jour, des 6 que je connais, en dehors éventuellement du premier Les ailes (Wings), aucun des films d'aviation de Wellman ne vaut les meilleurs films d'action du réalisateur qui aura donné des chefs d'oeuvre dans le western (L'étrange incident, La ville abandonnée, Convoi de femmes), de très bons films d'aventure (L'appel de la forêt, Beau Geste) et 2 très grands films de guerre (Les forçats de la gloire, Bastogne). L'aviation étant pour lui une passion (et comme je l'ai dit plus haut il avait même été pilote de chasse durant la première guerre mondiale) alors ces échecs relatifs sont un peu surprenants. Preuve qu'il ne suffit pas d'éprouver un grand intérêt pour un sujet pour y être bon.

Anecdote : dans les seconds rôles, un rigolo (le seul du film) est incarné par l'habitué Andy Devine. Le rôle de Pat Falconer enfant (âgé de 10 ans) est interprété par un tout jeune Donald O'Connor âgé de 12 ans.
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kiemavel
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par kiemavel »

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Rendez-vous sur l'Amazone (The Americano)
1955
Réalisation : William Castle
Scénario : Guy Trosper d'après
une histoire de Leslie T. White
Produit par Robert Stillman (RKO)

Durée : 85 min

Avec :

Glenn Ford (Sam Dent)
Frank Lovejoy (Bento Hermanny)
Cesar Romero (Manoel Silvera/El gato)
Ursula Thiess (Marianna)
Abbe Lane (Teresa)

Sam Dent, un éleveur du Texas accepte la commande d'Antoni Barbossa, un éleveur brésilien qui souhaite acquérir des taureaux pour améliorer la qualité de son élevage contre la promesse de recevoir 25 000 $ s'il fait parvenir 3 taureaux à destination. Après un long voyage, il arrive enfin dans la petite localité de Boa Vista ou est sensé l'attendre son acheteur mais personne n'est là à la descente du train qui l'a amené jusque là et tout le monde semble prendre peur à chaque fois que Dent prononce le nom de Barbossa. Manoel, un homme à l'allure de baroudeur l'amène cependant…jusqu'au corps de Barbossa qui vient d'être assassiné mais il lui propose de le guider jusqu'à la propriété du défunt qui est maintenant gérée par son second, Bento Hermanny. Ils commencent le long périple d'abord en camion puis poursuivent à cheval, traversent la jungle puis les plateaux du Mato Grosso, et à l'approche du ranch d'hermanny, sont attaqués par les hommes de Marianna Figuerido, la propriétaire d'un ranch voisin. Manoel s'enfuit mais après une simple mise en garde Marianna relâche l'américain contre la promesse qu'il ne s'ingère pas dans les conflits entre éleveurs. Arrivé au ranch, Hermanny lui propose de travailler pour lui mais Dent refuse l'offre, empoche son argent et se met sur le chemin du retour. Mais à peine a t'il quitté le ranch qu'il est attaqué, l'argent est volé et un homme qui l'accompagnait est même tué. Dent, contraint de rebrousser chemin, regagne épuisé le ranch d'Hermanny…
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Un film d'aventure ? Un western ? Un peu des deux. L'intrigue tient totalement du western mais l'époque (il n'en est question à aucun moment mais les trains et le camion que l'on voient sont sans doute contemporains du film) et sa localisation au Brésil font que je le range plutôt dans les films d'aventure…et pas un bon. On traverse des paysages inhabituels mais malgré un tournage en partie au Brésil, les animaux que l'on voit sont soit des pauvres bêtes sorties du vivarium pour faire frémir un public très peureux (y'a de grrosss serpents qui pendouillent des branches ou qui rampent dans les feuilles) ou qui proviennent de stocks shots absolument horribles. On apprend ainsi comment traverser une rivière infestée de piranhas avec un troupeau de bovins. Il faut simplement abattre un caïman, ainsi, tous occupés à becqueter la pauvre bête, les piranhas laissent les jambons des taureaux tranquilles. Plus tard, on a aussi droit à l'apparition d'un puma asthmatique qui tente d'attaquer Dent mais Hermanny l'abat très vite, plus vite en tout cas que ne courrait la pauvre bête. Au rayon cascade catastrophique, on a aussi une chute de cheval et un "combat" au lasso que n'auraient pas reniés Laurel et Hardy. Sur ce tournage, il n'y avait pas que les animaux de patraque, le metteur en scène et le chef opérateur aussi étaient mal portant. Il est évident par moment que le tournage a été expédié ou exécuté par des gens sans doute peu motivés (à propos du tournage chaotique voir les 2 derniers paragraphes).

Les personnages et les comédiens qui les incarnent : Glenn Ford est assez agréable dans la 1ère partie (tant qu'il touchait son chèque ?) puis s'endort très vite. Certes, son personnage refuse de prendre partie dans les conflits entre éleveurs, les regarde même avec un air amusé et refuse catégoriquement mais poliment la proposition d'Hermanny de travailler pour lui, une attitude qui pourrait justifier un jeu minimaliste mais contraint de rebrousser chemin après le vol dont il est victime, il sera bien obligé d'ouvrir une paupière surtout quand il sera accusé de meurtre…Pour ce qui est de la personnalité des deux méchants potentiels, c'est mieux. Il est beaucoup question d'El Gato, un bandit local dont l'identité véritable est vite éventée sans toutefois que ce soit gênant. Il est aussi évident que quelqu'un en veut à l'américain. Son but était simplement de le dévaliser ? de l'obliger à s'impliquer dans le conflit entre éleveur ? Obliger l'éleveur expérimenté à travailler pour Hermanny ou un autre ? L'identité du véritable méchant est un des intérêt de ce film qui en comporte peu.
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Si Frank Lovejoy est lui aussi assez moyen, en revanche, Cesar Romero est formidable dans le rôle de Manoel et il sauve le film par sa présence. Le numéro de Romero est assez gros mais très réjouissant mais je n'en dis pas plus…Heureusement qu'il y a ce personnage d'ailleurs car c'est le seul qui mérite vraiment qu'on s'y attarde…En revanche, les deux personnages féminins ne sont pas bien passionnants non plus. Celui de Marianna aurait pu être intéressant. Elle est la propriétaire d'un ranch voisin de celui dont a pris possession Hermanny et évidemment ils sont rivaux, chacun accusant l'autre des pires méfaits. Marianna et ses hommes prennent parti contre Sam Dent puisqu'il est l'hôte d'Hermanny et qu'il semble être son allié mais cela ne donne pas grand chose. C'est un classique conflit entre propriétaires terriens pas très inspiré à part une scène de lynchage à la rigueur intéressante car une ambiguité subsiste à l'issu de celle ci. La seconde femme, c'est Teresa, la gouvernante de la maison d'Hermanny. Sa sensualité affichée se double d'un certain mystère en raison de son inquiétude apparente et de sa curiosité discrète. Elle semble prêter une certaine attention à Manoel et à Sam Dent mais on ne connaitra pas avant la partie finale la nature de ces liens.

Bilan : Un film bancal et souvent maladroit mais c'est sans doute en raison des péripéties qui ont précédé ou qui sont survenus pendant le tournage. C'est en effet Budd Boetticher qui devait diriger le film et il en a commencé le tournage au Brésil avec Sara Montiel à la place d'Abbe Lane dans le rôle de Teresa. Faute d'argent (le studio RKO était déjà dans une situation financière précaire) ou en raison d'un dépassement du budget alloué, le tournage fut arrêté semble t'il avant que toutes les scènes prévues ne soient tournées, ce qui explique en partie tous ces inserts et stock-shots plus ou moins infâmes que l'on retrouve dans le montage final. La plupart des scènes tournées au Brésil seraient donc de Boetticher. Evidemment, le tournage repris par William Castle plusieurs mois plus tard ne pouvait que faire du rattrapage et du replâtrage sauvant plus ou moins habilement un projet initial qui ne devait de toute façon pas bénéficier d'un budget pharaonique car a quoi bon se délocaliser au Brésil si c'est pour faire traverser de beaux paysages assez différents de ceux que l'on voit habituellement dans le western…par 3 taureaux (très beaux d'ailleurs, les taureaux Brahma) convoyés par 2 gars. Certes, cela laisse de la place aux dits paysages…
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Ensuite, le paysage étaient égaillé par 2 présences féminines, mais seulement des présences car on ne peut pas dire que leurs rôles étaient étoffés. A propos d'étoffe, les tenues exotiques, sexy et forcément légères (vive les tropiques ! ) portées par Abbe Lane amène un léger agréement (cling-cling). Elle danse, puis chante une chanson parait-il célèbre à l'époque "El Americano" composée d'ailleurs par son mari dans le civil, le compositeur Catalan Xavier Cugat. Quant à Ursula Thiess, elle est plus célèbre pour avoir été la femme de Robert Taylor pendant 15 ans ( jusqu'à son décès) que pour sa carrière d'actrice limitée à une poignée de films mais elle tenait le 1er rôle féminin de quelques films visibles (La révolte des Cipayes et Bandido Caballero). Vu en vost (mais pas passé à la TV depuis un bon moment il me semble)

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Mention spéciale au formidable Cesar Romero
Federico
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par Federico »

kiemavel a écrit :
Federico a écrit : Le personnage et la poésie soufi de Khayyam ont du avoir une certaine cote à Hollywood dans les années 40-50 puisqu'il y est aussi fait référence dans Shanghai gesture de Sternberg (1941) où Victor Mature (qui se fait appeler... Dr Omar) récite un de ses magnifiques rubbayat que l'on l'entendra à nouveau, dix ans plus tard, en ouverture du Pandora d'Albert Lewin (qui cita aussi un autre quatrain de Khayyam au début et à la fin du Portrait de Dorian Gray).
The moving finger writes; and, having writ,
 Moves on: nor all thy piety nor wit,
Shall lure it back to cancel half a line,
 Nor all thy tears wash out a word of it.
J'avais oublié toutes ces citations. çà mérite un retour vers ces classiques pas vus depuis longtemps
Et moi j'avais totalement oublié que Mankiewicz y fit lui aussi référence dans La comtesse aux pieds nus quand il fait dire en voix off à Harry Dawes :
The moving finger had already writ and moved on.
And nothing I could do would have cancelled half a line.
Nor would my tears wash out a word of it.


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The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
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