Californie en flammes - California Conquest de Lew landers (1952)
Réalisation : Lew Landers / Production : Sam Katzman pour Columbia / Scénario : Robert E. Kent / Photographie : Ellis W. Carter / Musique : Mischa Bakaleinikoff (Stock musics)
avec Cornel Wilde ( Don Arturo Bordega), Teresa Wright (Julia Lawrence), Alfonso Bedoya (Jose Martinez ), John Dehner (Fredo Brios), Eugene Iglesias (Ernesto Brios), Lisa Ferraday (Helena de Gagarine)
L'action se passe en Californie dans les années 1830-1840. Don Arturo Bordega, issu de la noblesse espagnole et partisan du rattachement de la Californie aux États-Unis, se rend à Los Angeles à une rencontre secrète où les partisans de l'émancipation vis à vis du Mexique doivent se retrouver lorsqu'il est attaqué par des bandits mexicains mais il parvient à leur échapper. Peu après son arrivée en ville, il apprend que l'invité d'honneur de la réunion, le Capitaine de l'Armée américaine John Charles Fremont, attaqué lui aussi par des bandits, vient à son tour d'échapper de peu à la mort. A l'évidence, il y a des traitres parmi les conjurés. Avec l'aide de Julia Lawrence, une américaine dont le père commerçant en armes est lui même assassiné par les mêmes brigands, Arturo tente d'infiltrer la bande …
Un film d'aventure - que d'aucuns pourraient classer comme western - dont l'action se déroule en Californie encore sous domination mexicaine. Les propos liminaires nous informe qu'entre 1825 et 1841 le territoire subit des troubles permanents dus en partie à la guerre qui s'y livraient les grandes puissances se disputant encore ce territoire neuf : Le royaume uni, la France et la Russie. La Russie établit même quelques comptoirs et un fort jusque dans le nord de la Californie et envoya sur place une princesse russe, soeur de la tsarine, pour affirmer ses droits sur le pays. D'ailleurs, étant donné que par la suite on ne voit jamais les autres ennemis des californiens et que la cible est évidente, on pourrait qualifier ce film de "Cold War western". The Russians are Coming ? Non, le territoire n'est tout de même pas envahi - ni près de l'être - puisqu'on ne voit pas de russes en dehors d'un comte et de la princesse mais ils intriguent pour corrompre quelques nobles mexicains.
C'est dans ce contexte que Don Arturo Bordega (Cornel Wilde), noble de vieille souche espagnole, lassé de la domination mexicaine et partisan du rattachement avec les usa, conspire secrètement avec quelques amis choisis car même si le préambule annonçait qu'un vaste mouvement populaire oeuvre dans l'ombre pour conquérir sa liberté, c'est surtout quelques nobles espagnols qui manoeuvrent en secret pour - le titre annonçait la couleur - la "conquête" de la Californie … Et pourquoi ? Ben, parce que les USA, c'est le pays de la liberté, bien sûr. Et c'est à peu près tout ce qu'on saura des motivations des "bons" donc inutile d'espérer y retrouver ne serait-ce qu'à minima une évocation des événements qui secouèrent le Mexique après son indépendance car il n'en reste rien et, même si c'est secondaire, dans cette histoire qui nous est contée, rien ou presque n'est vrai en dehors du Fort Ross, réellement fondé par des russes au début du 19ème siècle et du personnage de John Charles Fremont qui a tenu un rôle important dans la guerre americano-mexicaine (mais pas celui qu'on lui voit tenir dans le film, c'est à dire presque rien) Bref, c'est Hollywood. On s'en balance de la grande histoire ! Ce qui compte c'est l'histoire. Ben justement, il en aurait fallu une qui tienne un peu plus debout …
Cette conquête de la Californie, elle vient pourtant - et assez vivement - dans une histoire très mouvementée mais où rien ne retient vraiment l'attention en dehors du couple vedette, notamment en raison du rôle joué par la jeune femme interprétée par la toujours impeccable Teresa Wright. Pour commencer, Arturo est un peu seul et emploie d'abord la fuite et la ruse (belle séquence d'ouverture dans un décor naturel superbe) ; puis très vite il se trouve donc un 1er allié inattendu : une jeune femme américaine, Julia Lawrence (Teresa Wright) qui travaille auprès de son père, armurier à Los Angeles. Lorsque ce dernier est abattu par la bande de brigands dirigés par Jose Martinez (Alfonso Bedoya) venue piller le stock d'armes de son magasin, elle décide de rejoindre Arturo et de prendre une part active dans la lutte. Une aide ou un boulet ? Non ; pasque les femmes dans la bataille … à part pour faire la popote ! ouiiiiii mais pas celle là.
Car pour une fille de commerçant Yankee mesurant 1m12 et au physique semblant peu fait pour être transportable dans des films "historiques", la petite et charmante Teresa (je l'adore) se défend très bien et tient un rôle actif dans la révolución, y compris les armes à la main. En dehors d'une séquence de bal, on ne la voit jamais autrement qu'en jean et en habit de travail (le maquilleur avait même pris soin de lui mettre une tache de saleté sur le front pour sa première apparition
) et par la suite, on ne la voit presque jamais autrement qu'un colt à la ceinture. Elle ne martyrise pas
que la vaisselle en fer blanc (cf. sa démonstration de tir au pistolet quand Arturo n'est pas convaincu que son soutien lui sera très utile) car elle intervient à point nommé à plusieurs reprises et défouraille avec vivacité et détermination. On pourra s'étonner de retrouver Teresa Wright dans ce registre là mais c'est selon moi l'une des rares petites singularités de ce film. Cela dit, on pourrait discuter de crédibilité … mais on ne discute pas de son engagement en tant qu'actrice dans chacun de ses rôles, y compris dans celui ci aussi atypique soit il.
Elle est presque aussi impliquée dans les scènes d'action que ce bon Cornel Wilde mais lui, dans ses gênes, il a aussi l'escrime à sa palette (On ne va quand même pas tirer au pistolet sur un noble espagnol). Il a donc un assez moyen combat à l'épée contre Ernesto Brios (Eugene Iglesias, qui disparait très vite malgré sa position au générique). Mais même ces nobles espagnols n'ont aucune classe. Une partie de cette noblesse (l'autre leader étant son frère Fredo interprété par John Dehner) s'est ralliée aux soviéts et ils attisent le chaos qui règne dans le pays en se servant d'une bande de brigands ; tous ces aventuriers complotant pour livrer la Californie aux russes même ceux qui ne semblent pas bien comprendre les enjeux politiques de leurs actes (surtout Jose Martinez, le chef des brigands interprété par Alfonso Bedoya, le mexicain rigolard en provenance directe du
Trésor de la sierra Madre mais qui est ici nettement moins dangereux et futé que dans le film de Huston)
Bref, le bandit est un peu trop crétin (facile à embobiner le pistolero ! ). Les frères Brios sont des conspirateurs assez mous, tout comme les deux russes dont un comte qu'on entend parler une fois et une princesse qui ment comme elle respire. Alors que l'on avait vu au début du récit des troupes russes hisser le drapeau national sur le territoire, elle déclare à Fredo Brios que la Russie n'a absolument aucune "Territorial Ambition" sur la Californie … Une ancêtre de Vladimir ? Autre grief, peut-être que Cornel Wilde est un peu trop souriant et cool pour un révolutionnaire (Mais on peut préférer le genre Zorro au genre Fidel
). Bien sûr, du bon coté de la balance, on peut mettre les nombreuses séquences mouvementées (duels à l'épée ; gunfight ; poursuites à cheval ; attaque de diligence ; la mini bataille finale …) mais filmées sans une once d'imagination sauf en ce qui concerne l'utilisation des décors naturels superbes et assez bien mis en valeur. Scénario crétin mais assez distrayant. 4/10