Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Doc Boone
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par Doc Boone »

Je reviens dès que j'ai fini de rire ...

Habituellement, les plaisanteries sur les soldats allemands très polis qui cèdent leur place dans l'autobus, et les lettres à la Kommandantur, c'est Pierre Bénichou et moi qui les faisons. Là, j'ai été cueilli.

Mon souvenir d'un film de pirates ou corsaires, maintenant ? vraiment ?
Bon. Tout ce dont je me souviens, c'est que les bons (des corsaires, sans doute, et qui doivent lutter à la fois contre des pirates rivaux et des soldats d'une armée régulière, espagnols, sans doute) sont aidés, secourus vers la fin par des Indiens qui attaquent le fort en pierre, de nuit, se débarrassant d'abord des sentinelles à coups de flèches avant d'escalader les murs avec des grapins, je crois ... enfin, les grapins, moins sûr, mais l'attaque nocturne des Indiens, avec flèches, venant sauver la situation, c'est mon seul souvenir sûr.
Je ne crois pas qu'il s'agisse de "The Yankee Buccaneer" ... Il est sur Youtube, je crois. Le début ne me disait rien. Aucun flash souvenir, même pas l'arrivée des Indiens. Je vais me faire violence et aller voir vers la fin sur Youtube, quand même. Faute d'aigle, on mange des condors.
kiemavel
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par kiemavel »

Doc Boone a écrit :Je reviens dès que j'ai fini de rire ...

Habituellement, les plaisanteries sur les soldats allemands très polis qui cèdent leur place dans l'autobus, et les lettres à la Kommandantur, c'est Pierre Bénichou et moi qui les faisons. Là, j'ai été cueilli.

Mon souvenir d'un film de pirates ou corsaires, maintenant ? vraiment ?
Bon. Tout ce dont je me souviens, c'est que les bons (des corsaires, sans doute, et qui doivent lutter à la fois contre des pirates rivaux et des soldats d'une armée régulière, espagnols, sans doute) sont aidés, secourus vers la fin par des Indiens qui attaquent le fort en pierre, de nuit, se débarrassant d'abord des sentinelles à coups de flèches avant d'escalader les murs avec des grapins, je crois ... enfin, les grapins, moins sûr, mais l'attaque nocturne des Indiens, avec flèches, venant sauver la situation, c'est mon seul souvenir sûr.
Je ne crois pas qu'il s'agisse de "The Yankee Buccaneer" ... Il est sur Youtube, je crois. Le début ne me disait rien. Aucun flash souvenir, même pas l'arrivée des Indiens. Je vais me faire violence et aller voir vers la fin sur Youtube, quand même. Faute d'aigle, on mange des condors.
:lol:

Par contre tu le fais exprès pour m'emmerder d'évoquer des images d'un film d'aventure qui ne me dit rien non plus. Bon ok, je sais ce qui me reste à faire et j'annonce la fin de ma carrière : "J'assume pleinement la responsabilité de cet échec et j'en tire les conclusions en me retirant de ce Topic".

Fier comme d'Artagnan :oops: ou Soupe-au-lait le kiemavel. Bon je vais vérifier sur ma copie de "Yankee Buccaneer". Puisque tu a évoqué à plusieurs reprises youtube comme -un recours faute de mieux- je te signale que celui ci est dispo dans un coffret zone 1 (qui est même peut-être zone ALL, à vérifier) avec VOST (mais apparemment tu n'en a pas besoin si j'ai décodé un de tes messages portant sur l'oeuvre de J. Ford).

L'aigle et le condor, çà m'en rappelle une autre, plus couleurs locales, l'aigle et la buse.

L'aigle va fondre sur la vieille buse.
- C'est chouette ça, comme métaphore.
- C'est pas une métaphore, c'est une périphrase.
- Oh fait pas chier !
- Ça, c'est une métaphore.
Doc Boone
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par Doc Boone »

Je vois les références de Monsieur !
:lol: tout du long.
Pour te faire changer d'avis sur ton retrait de la vie po... chroniqueuse, j'organiserais bien une manif, mais les parcours habituels sont un peu engorgés et (drôlement) fréquentés ces derniers temps.
Alors, plus de questions.
Nous attendons donc le prochain article.
kiemavel
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par kiemavel »

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LA PROIE NUE (The naked prey). Cornel Wilde. 1966


A la fin du 19ème siècle, un groupe d'européens chassent l'éléphant dans la savane africaine. Lorsqu'ils croisent une tribu indigène qui réclame des présents symboliques comme droit de passage pour les autoriser à poursuivre leur route, le commanditaire de l'expédition refuse catégoriquement, traitant par le mépris le chef de la tribu et provoquant ainsi leur indignation. Les indigènes massacrent les uns après les autres les membres de l'expédition. Un seul européen est laissé en vie, le guide du groupe. Il est dépouillé de ses vêtements et on lui laisse quelques minutes d'avance avant le départ des premiers guerriers. Une chasse à l'homme qui durera des jours commence alors...

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Si on en a pris plein les mirettes avec les derniers films du genre "Survival", il faut mieux sans doute passer son chemin mais si vos références cinématographiques sont plutôt "La chasse du comte Zaroff" ou " La course au soleil", cet ovni cinématographique de Cornel Wilde, encore plus dépouillé que les 2 films précédents, ne devrait pas vous troubler, bien au contraire. Les choix faits par les initiateurs du projet sont en effet assez radicaux pour un film américain de cette époque. On n'y entend pas de musique occidentale. Le film est uniquement rythmé par des percussions africaines du début à la fin. Il est pratiquement dépourvu de dialogues sauf quelques échanges entre les colons au tout début et quelques dialogues entre les membres de la tribu. A une exception près cependant, dans la seule scène de répit dans cette lutte impitoyable qui verra deux adversaires improbables se rencontrer fortuitement, un peu d'humanité apparaitra. Mis à par cette respiration très provisoire, le reste est une lutte impitoyable dans laquelle cependant le sang ne coule pas à flot, même s'il est assez violent, la plupart des mises à mort du film se déroulent hors champ.

Les seules scènes vraiment violentes et sanglantes sont évacuées dans le premier quart d'heure. Ces scènes montrant la cruauté des primitifs sont évacuées très vite. Pour ceux qui seraient passionnés par les curiosités culinaires, c'est le moment ou il faudra prendre des notes : Le sabayon de séminariste sur son coulis de Jésuite, le guide touristique à l'étouffé et l'émincé de chasseur de fauve sauce ravigote, etc…c'est seulement au début. Mais il faut dire que l'on est déjà presque dans du gore à la Cannibal Hollocost ou pas loin. Après çà, je pense que je ne trahis par un secret défense en révélant que Cornel Wilde se retrouve seul survivant parmi les européens et la chasse à l'homme commence.

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La portée symbolique enfonce des portes ouvertes. Le chasseur devenu gibier. L'instinct de survie de l'occidental, du citadin, qui se révèle au cours des épreuves. Etc…Mais cette lutte pour la survie, on en est le partenaire tant le processus d'identification est opérant dans cette lutte primale qui devient de plus en plus féroce à mesure que l'homme s'avère plus résistant qu'escompté. Il s'aguerrie au combat, retrouve des réflexes ancestraux qui le ramène à l'état de vulnérabilité des premiers hommes et réveille en lui dans ces épreuves des capacités insoupçonnées. On suivra cependant son épuisement progressif, on entendra sa respiration haletante, suivant au plus près les émotions, les peurs de cette homme dans un film qui offre par la même une expérience unique, tout au moins qui offrait à cette époque là (1966) une expérience cinématographique unique.

La lutte sera montrée dans tous ces aspects. La lutte des hommes entre eux, de l'homme contre l'animal et celles des animaux entre eux mais elle se déroule dans une nature sublimée par la caméra de Wilde. Ces paysages superbes de la savane africaine sont intégrés de manière dynamique à la course poursuite et aux différents combats. En effet, le terrain dépouillé, accidenté, aride, le soleil accablant, tout comme la végétation participe pleinement à l'action car les hommes s'auront se servir de manière très opportuniste de ce que leurs offre ou pas la nature.



Malgré la force indéniable de ce film, on peut déplorer néanmoins quelques maladresses de la part de Wilde. Certaines limites étaient inévitables sur un long métrage de 90 minutes. Le coté répétitif des enchainements était notamment prévisibles : Scènes d'action/scènes de nature (avec dans les scènes d'action en elle même les alternance décrites plus haut). En revanche, on peut déplorer un certain amateurisme dans la façon d'insérer les scènes documentaires dans la course poursuite. On ne distingue pas toujours les raccords alors je suppose que certains combats entre animaux ont du être tournés spécialement pour ce film mais une partie proviennent visiblement de stock shots qui ne sont pas toujours très bien insérées. Pour relativiser ces défauts, ils sont loin d'être une exception et j'ai déjà vu de bien plus laides insertions. On peut aussi sans doute trouver maladroite et molle la manière de filmer les scènes de combats mais en revanche si les scènes de mise à mort sont hors champ et si l'on peut trouver çà ringard, on peut au contraire en remercier le metteur en scène, c'est mon cas. Les obsessions du blood pour le blood à la Mel "If you want blood You've got it" Gibson, c'est sans moi.

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A voir avant tout safari africain ou avant toute sortie dans certaines villes de l'est parisien (gag). En tout cas, certains voudraient y voir des connotations racistes. Je ne veux pas développer pour ne pas donner trop d'éléments qui nuiraient à l'effet de surprise suscité par le film mais en réalité il renverrait plutôt dos à dos colons suffisants et grands massacreurs de la faune sauvage... et populations autochtones aux pratiques violentes et barbares.

Cornel Wilde a réalisé d'autres films dans lesquels il tient en général le premier rôle avec sa femme jean Wallace. Certains ont été diffusés sur nos chaines françaises mais je n'en ai vu aucun. "Le virage du diable", un film qui se déroule dans le milieu des courses automobiles n'est parait-il guère intéressant. "Tueurs de feu à Maracaibo" ne l'est guère plus. En revanche, "Lancelot, chevalier de la reine" est tentant. Un seul de ses films a été édité en DVD aux USA, c'est "Le sable était rouge (Beach Red)", un assez bon film de guerre assez réaliste et assez sanglant. Ce DVD offre une vost.

Quant à The Naked Prey, il est lui aussi sorti en DVD zone 1 dans la collection Criterion. VO (avec sous-titres anglais optionnnels). Les passages en divers dialectes africains ne sont pas traduits.
Passage TV ?
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par Jack Carter »

kiemavel a écrit :Image

LA PROIE NUE (The naked prey). Cornel Wilde. 1966

Passage TV ?
oui, en ce moment sur TCM.
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Jeremy Fox
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par Jeremy Fox »

Un film qui fait une belle unanimité sur le forum... mais que je n'ai toujours pas vu :oops:
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hellrick
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par hellrick »

kiemavel a écrit :
Les passages en divers dialectes africains ne sont pas traduits.
Ils le sont dans la copie qui tourne actuellement sur TCM :wink:
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par kiemavel »

J'avais dans un message antérieur émis quelques hypothèses sur la façon d'organiser ou pas ce sujet sur les films d'aventure par thèmes ou par sous-genres. Je ne sais toujours pas comment le sujet va évoluer et çà va sans doute être improvisé au dernier moment. L'idée de faire des cycles par thématiques m'intéressait mais on voit tout de suite la limite de la démarche avec un tel film. "La proie nue" : Aventures africaines ? Chasse à l'homme ? Le prochain film pourra donc être soit "Massacre pour un fauve" de Phil Karlson ou " La course au soleil " des frères Boulting...Ou n'importe quoi d'autre.

Quant au passage TV actuel du film, c'est plutôt une bonne nouvelle car je pense que ce film n'était pas ou très peu souvent passé à la télé chez nous. C'est d'ailleurs bien la première fois qu'un texte se retrouve ainsi en adéquation avec l'actualité télévisuelle.
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par kiemavel »

.
Après avoir un peu tergiversé, je commence finalement une première série de films appartenant tous à un sous-genre du cinéma d'aventure.

J'ai choisis pour 1er thème : " Aux Pôles et Haute Montagne " avec pour commencer 2 des plus célèbres films d'escalade classiques :

LA NEIGE EN DEUIL d'Edward Dmytryk

et

LA TOUR BLANCHE de Ted Tetzlaff


Après ces 2 premiers films, j'en envisage encore 3 ou 4 puis à priori je passerais à la " Course automobile " avec :

La foule en délire. H. Hawks
Speed. Edwin L. Marin
To please a lady. C. Brown
Le virage du diable. C. Wilde
Les bolides de l'enfer. G. Sherman


Ce sont en tout cas mes bonnes intentions...
Si vous avez des titres à suggérer, je suis preneur mais le 1er qui me suggère " Et pourquoi pas CliffHanger ? " , il va ramasser un magistral virtuel gros taquet (malgré tout, l'aventure avec option coups de pied retournés, ce n'est pas encore prévu au programme)
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par kiemavel »

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LA NEIGE EN DEUIL (The Mountain). Edward Dmytryk. 1956

Avec Spencer Tracy (Isaïe Teller), Robert Wagner (Chris Teller), Claire Trevor (Marie) et William Demarest (Le père Belacchi)

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Un avion s'écrase au sommet d'une montagne du massif du Mont Blanc. Les autorités cherchent donc à monter une équipe pour porter secours aux éventuels survivants. Sollicité, celui qui fut le meilleur guide de la région, Isaïe Teller (Spencer Tracy) décline l'offre s'estimant trop âgé pour entreprendre l'escalade d'un versant qui n'a jamais été vaincu en période hivernale. Il est d'autre part persuadé que la montagne ne veut plus de lui car lors de ses dernières escalades à chaque fois un de ses compagnons ou un de ses clients n'en étaient pas revenu.

Son jeune frère Chris (Robert Wagner) tient absolument à faire partie de l'expédition, mais devant le refus de son ainé sa candidature est rejetée. Une première expédition conduite par Servoz, un vieil ami d'Isaïe, échoue, alors sous la pression de son frère qui menace de vendre la ferme familiale en cas de refus et qui prétend vouloir monter seul à l'épave de l'avion, Isaïe accepte à contrecoeur de tenter l'ascension seul avec son frère. Ce dernier n'a qu'un objectif, récupérer toutes les richesses qui se trouvaient à bord, quitte à détrousser les cadavres.

Les deux frères entament l'ascension…

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L'opposition classique entre 2 frères, Rabbin et Caël, que tout oppose mais on est plus ici dans le psychologisant hollywoodien que dans le tellurique et dans le grandiose biblique. Comme Dmytryk et son scénariste, je schématise. L'ainé Isaïe, incarné par Spencer Tracy, est paré de toutes les vertus. C'est une force de la nature. Il est courageux, loyal, intègre, honnête (Qui a dit, c'est parce qu'il est vieux ?). Son frère chris (Robert Wagner) qui est bien plus jeune est une crapule sans aucun scrupule. Il est lâche, cupide, craintif, égoïste. Je mets en mode pause un instant. Je pose 2 et je retiens…Spencer Tracy : 56 ans + Robert Wagner : 26 ans. Ouais, pas grave, c'est un détail. Mais quand même, en dehors des cartes d'identité, il y a surtout le rendu visuel. On a plutôt l'impression que l'un est le grand père de l'autre mais passons sur ce détail.

La même année, Robert Wagner -dont le physique de beau gosse à cette époque là ne prédisposait pas particulièrement à ce type de rôle- incarnera un autre personnage de méchant dans l'assez bon thriller en couleurs de Gerd Oswald "A Kiss Before Dying". Ici le scénariste lui a trouvé une excuse, il a tué maman quand celle ci l'avait mis au monde mais pour être honnête c'est très vite évacué par Dmytryk et on y revient plus. Les enjeux "moraux" sont tout de même assez minces et les personnages bien caricaturaux mais le scénariste avait tout même prévu quelques belles scènes pour les exposer "dans l'action". Les motivations des 2 frères à l'opposée l'une de l'autre seront mises en scène en mouvement, dans des scènes de montagne très bien réglées par Dmytryk, bien aidé ici par le Technicolor et le travail de son directeur de la photographie, le grand Franz Planer.

Sans cette beauté formelle, le film serait sans grand intérêt car l'opposition entre le vieux montagnard intègre, en quête de rachat et à la recherche d'un accomplissement personnel qu'il n'espérait plus et son jeune frère aux motivations d'une grande médiocrité, ne présente pas un intérêt évident. Seule interrogation véritable, est ce qu'au bout du combat avec et contre la montagne, avec sous ses yeux et en action, la droiture et la bravoure de son frère ainé, le jeune homme égoïste, opportuniste et sans morale aura changé ? C'est le seul enjeu de ce récit dont la morale finale fait l'éloge, par delà les profondes oppositions, des incassables liens du sang. Ces scènes qui montrent que l'amour fraternel et la loyauté de l'un des 2 frères pour l'autre subsistera par delà la mort peuvent toucher mais je pense qu'on doit pouvoir aussi les trouver exaspérantes.

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Heureusement, le massif du Mont Blanc (Tournage à Chamonix) mis en valeur par le Technicolor est splendidement filmé par un un très bon metteur en scène qui se sert de tous les outils à sa disposition -y compris la malice- pour maintenir l'intérêt du récit. Pendant les 3/4 du film, on est avec les 2 frères et on suit leur ascension. Dmytryk prend son temps pour ménager ses mini suspenses et se sert de tous les trucs du film d'escalade : La traversée de barres rocheuses filmées caméra fixée à la parois et filmant en plongée les 2 frères au dessus du vide vertigineux. Il insiste sur les passages délicats : la cheminée , le surplomb, le couloir d'avalanches, le pont de neige…et sur les incidents que ces dangers entrainent : la chute maitrisée in extremis, etc…En dehors des paysages spectaculaires que l'on traverse et que Dmytryk ne lâche pas, il filmera aussi habilement et son montage saura aussi les découper de manière dynamique, des gros plans sur certaines parties des corps sollicités dans l'action qui sont très bien menés et toujours en offrant en arrière plans les spectaculaires paysages de montagne. Il compose ainsi tout du long ses plans avec une grande précision. Certes, ça sent les trucs de vieilles fripouilles chevronnées, mais c'est très habilement fait.

Je l'ai déjà dit, c'est le véritable intérêt de cette aventure montagnarde car on est avant tout dans le pur film d'aventure de base sans options. Tout çà ne fait pas, comme disait l'autre, pipi loin, mais tout dépend de comment c'est présenté et ici çà l'est très bien par Dmytryk bien aidé par Franz Planer et l'on passe un bon moment de pur divertissement. Un dernier mot pour signaler que le scénariste a pris soin de prévoir une surprise qui vient relancer l'intérêt du film avant sa dernière demi-heure, avant 10 dernières minutes à doubles effets (secondaires) possibles : émotion véritable ou …envie de casser la télé…(Prenez soin de mettre préalablement les enfants à l'abri car dommage collatéral possible)

Vu en version française. J'ignore si ce film est passé à la télévision en VOST. Il est passé au moins en VF mais pas hier.

NB : Henri Troyat, l'auteur du roman "La neige en deuil" s'était inspiré d'un crash véritable. En 1950, un Lockheed Constellation d'Air India s'était écrasé dans le massif du Mont Blanc.
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Le suivant, à priori en fin de semaine :

LA TOUR BLANCHE (The White Tower). Ted Tetzlaff. 1950 avec Glenn Ford, Alida Valli, Lloyd Bridges, Claude Rains, Cedric hardwicke et Oskar Homolka
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Captain Blood
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par Captain Blood »

Excellent Topic que je découvre, et excellent film aussi (la neige en deuil) que je n'ai pas revu depuis mon enfance... :)

Félicitations et bon courage pour la suite... :wink:
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par Federico »

Pareil : pas revu ce classique des soirées télé familiales depuis l'enfance mais dans mon souvenir, c'était quand même assez édifiant.
A revoir peut-être mais avec une bonne dose d'indulgence. Essentiellement pour Tracy et pour les Alpes.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par Federico »

Doc Boone a écrit :Je ne conn(aiss)ais pas du tout ce "John Paul Jones" ... :oops:
Moi non plus. Enfin... pas celui-là en tout cas.
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:wink:
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par kiemavel »

Federico a écrit :
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:wink:
Qui c'est qui me m'a mis un chevelu dans mon beau topic consacré aux hommes, aux vrais ?

Bon, en fait, lorsqu'un ami m'avait parlé pour la première fois de ce film, j'avais poussé un cri de bête qui tentait d'imiter Robert, lui-même pote du traine-savatte qui pose fièrement sa basse entre les bras, avec dans le regard cette flamme inimitable qui en dit long sur son état (comment tu sais çà ?). D'abord c'est pas le sujet, pis c'est pas pour critiquer les english mais j'ai jamais vu Marcel Amont avec ce regard là ! C'est après avoir vu le film que j'ai découvert qu'il semble que la dite épave aurait emprunté son pseudonyme au film de Farrow ce qui confirme mon impression. Il a l'air aussi nerveux que Robert Stack dans John Paul Jones...et je crois qu'il n'y a rien à y faire. L'aurait peut-être fallu qu'il regarde Jimmy dans White Heat, et encore...
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Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z

Message par kiemavel »

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LA TOUR BLANCHE (The White Tower). Ted Tetzlaff. 1950

Avec Glenn Ford (Martin Ordway), Alida Valli (Carla Alton), Lloyd Bridges (Hein), Claude Rains (Paul DeLambre), Cedric Hardwicke (Dr. Nicholas Radcliffe), Oskar Homolka (Andreas)

Carla Alton (Alida Valli) est de retour dans un petit village Suisse situé au pied de la "Tour Blanche", un sommet inviolé des Alpes ou son père alessandro un alpiniste italien chevronné avait jadis trouvé la mort en tentant l'ascension. Elle persuade 5 résidents, 3 anciens montagnards, un guide de haute montagne dans la force de l'âge et un jeune touriste américain de se joindre à l'expédition...

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Ce film tourné comme La Neige en Deuil dans la vallée de Chamonix est visuellement encore plus beau. Ce Technicolor est une splendeur !…C'est Edward Dmytryk qui devait en assurer la réalisation pour ce qui aurait du être son premier film de montagne mais lorsqu'il a commencé à avoir quelques soucis avec la commission des activités anti-américaines, le tournage fut confier à Ted Tetzlaff…et on peut dire qu'on a sans doute perdu au change. Le point de départ était pourtant intéressant. Les très beaux plans d'une nature verdoyante magnifiée par le Technicolor et ceux sur les sommets enneigés vus de la plaine étaient prometteurs. La présentation des principaux personnages et leur "caractérisation" étaient aussi assez bien menés même si d'emblée certaines séquences posaient bien prématurément leurs personnalités, les figeaient pour tout dire car tout ce qu'on aura pu anticiper en raison de ces impressions premières se vérifiera. Les voici, ces 6 alpinistes de nationalités différentes qui ont tous une raison toute personnelle d'atteindre le sommet. On a :

Un paysan suisse, Andréas (Oscar Homolka), ancien compagnon du père de l'héroïne. C'est un guide de haute montagne vieillissant qui accepte de guider l'expédition par loyauté à l'égard du père de Carla. Nicholas Radcliffe (Cedric Hardwicke), un géologue anglais qui était également un vieil ami de la famille. Il veut tenter l'ascension pour des raisons scientifiques en pur amoureux d'une montagne qu'il admire depuis des années depuis son chalet mais il ne se fait guère d'illusion sur ses capacités et pense qu'il ne verra jamais le sommet. Paul Delambre (Claude Rains), est dans le même cas, c'est un écrivain français alcoolique et en totale perte d'inspiration. Pour lui, la montagne sera sa renaissance et une façon de retrouver du prestige auprès de sa femme. Hein (Lloyd Bridges), un allemand. Il est jeune et arrogant et c'est le seul véritable professionnel de la montagne encore en activité. Et enfin les 2 têtes d'affiche. Martin Ordway (Glenn Ford), cet américain était pilote durant la seconde guerre mondiale et au cour d'une mission, il avait été abattu au dessus de ces montagnes et recueilli par les villageois. C'est d'ailleurs pour les honorer qu'il est de retour pour la première fois dans la vallée. C'est le seul qui n'est pas du tout un alpiniste chevronné et a ne pas être fasciné par cette Tour Blanche mais il a une autre motivation. Il est tombé éperdument amoureux de Carla (la surprise doit être totale), et enfin Carla (Alida Valli), une italienne, fille d'un alpiniste célèbre, elle souhaite parvenir au sommet pour réaliser le vieux rêve de son père.

Ces ingrédients de départ motiveraient n'importe qui. Une expédition en haute montagne. Le combat des hommes en lutte contre les éléments, contre et avec la montagne et par conséquent celle des hommes face à leurs propres limites…et enfin celle des hommes entre eux, c'était sur le papier du solide et on aurait pas du se faire c. Normalement…Le papier, les matériaux de base proviennent d'un roman de James Ramsey Ullman, un écrivain alpiniste a qui l'on doit aussi le roman qui sera adapté à l'écran dans l'un des plus célèbres films américains consacré à ce milieu, " Le 3ème homme sur la montagne " de Ken Annakin qui a parait-il suscité la vocation de plusieurs générations d'alpinistes. Cette production Walt Disney, l'une des plus honorables, est un classique de la TV américaine, alors qu'il est méconnu en France.

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Je ne connais pas le roman mais -j'annonce la couleur sans détour- je n'aime presque rien de son adaptation. 1er point, la mise en scène. Dans un film comme celui là, il n'est pas superflu de savoir filmer les scènes d'action et plus précisément de savoir montrer des gestes sportifs crédibles et de savoir intégrer les postures des montagnards et leurs actions de manière dynamique, dans un cadre forcément spectaculaire . Or, sur sur ces points là, si tout ne semble pas faux, les moments critiques paraissent tout de même montés en épingle pour créer de mini suspenses tout à fait artificiels. Nous n'aurons presque jamais non plus les plans très spectaculaires, ces perspectives vertigineuses, du film de Dmytryk précédemment critiqué et encore moins de rapports et de conflits humains intégrés de manière dynamique à l'action. Je n'ai pas trouvé trace de conseillers techniques embauchés pour le tournage comme avait pu l'être au moins par 2 fois Gaston Rebuffat sur le film de Dmytryk puis sur celui de Annakin. Ted, y'en aurait fallu un...

Un mot sur les développements de l'intrigue. Malheureusement, la aussi c'est très poussif. Les ingrédients de départ ne feront à aucun moment boule de neige (pffff ou plutôt brrr). Les péripéties sont ultra prévisibles voir parfois grotesques. Au mieux on peut trouver de l'aggréement en raison de l'humour involontaire de certaines situations.
Ainsi, deux des membres de l'expédition abandonnent assez vite leurs compagnons dont un qui meurt dans des circonstances tragiques après une succession d'évènements qui provoqueront une dégradation progressive de leur situation. En vain. Le personnage en question -et d'ailleurs de manière plus surprenante son interprète- est assez grotesque et le manque d'inspiration est énorme tant on nous a prévenu à l'avance que celui ci ne ferait pas long feu…Et d'ailleurs, évidemment, plus l'expédition progresse, moins on a de candidats au titre de renverseur de montagnes, pour qu'enfin le rêve de carla se substituant à celui de son père s'accomplisse. Dans cette lutte des hommes contre la montagne et contre leurs propres limites, je vous laisse imaginer qui reste en lisse dans l'ultime partie de l'ascension. J'évente un suspense inexistant car comme je l'ai dit plus haut, les personnages sont présentés de telles façons qu'on anticipe à peu près tout.

Ainsi quand Carla, au tout début du récit, nous parle de son père, la légende de l'alpinisme...mais aussi un vieux militant anti-fasciste et qu'elle nous raconte le passé politique du papa qui, avant et durant la guerre était très résistant -et pas seulement en haute montagne- on sent venir le coup de la confrontation idéologique, car, dans les séquences suivantes, on entendra les propos tenu par l'allemand Hein (rôle tenu par un médiocre Lloyd Bridges) sur les mérites de la vie au grand air et de l'effort physique, le mieux à même de préparer l'homme "...Aux zagrifices zubrêmes !!! " . Je charrie à peine ! Bon, j'en remet un peu, attention, je vend la mèche...Qui du nazi ou du Yankee va atteindre le sommet ? Je vous laisse avec ce suspense insoutenable. La façon dont c'est présenté est assez grotesque. La révélation de l'idéologie parfaitement assumée de l'infâme Hein est sublime…

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J'expédie la dernière couche au sujet de l'interprétation. Les rôles secondaires sont solides et leurs interprètes aussi, sauf un que je ne nommerais pas pour ne pas faire de peine à la famille de Claude Rains car cet excellent acteur a été maintes fois mieux inspiré. Dans le rôle du grand blond avec des chaussures de marche, Bridges est caricatural. Glenn Ford, que j'aime beaucoup, est comme à 4 ou 5 reprises au cour de sa carrière (pour ceux que j'ai vu) pour le moins peu inspiré. Il nous le fait brave américain cool et pas compliqué. C'est un jeune homme naïf et amoureux qui affiche un sourire perpétuel presque agaçant. Son numéro de charme et de coolitude est en tout cas plutôt maladroit et complètement décalé par rapport au sujet du film... mais il finira tout de même par s'assombrir en raison des noirs desseins de Hein. Décevant…Il reste Alida Valli. C'est le seul "vrai" personnage du film. Grave, touchante, déterminé…et vrai…Ettttt très belle !

Mise en scène poussive, enjeux pas passionnants, suspense inexistant, interprétations inégales...il reste les magnifiques paysages de haute-montagne mais plutôt que de regarder ce film facultatif, vaut mieux louer un gite dans le parc de la Vanoise. 4/10

Tetzlaff, qui était un très bon directeur de la photographie -il a terminé cette 1ère carrière avec Les enchainés- a réalisé 16 films dont le meilleur est peut-être (je n'ai pas tout vu), Une incroyable histoire (The window) avec Bobby Driscoll qui jouait le gosse livré à lui même et pourchassé par ses voisins assassins. Le casting adulte réunissait Paul Stewart, Ruth Roman, Arthur Kennedy et Barbara Hale (DVD zone 2 dans la collection rko). Si ce film là est brillant, les autres membres de la famille polars/thrillers sont présentables. A Dangerous Profession avec George Raft, Ella Raines et Pat O'Brien ; Riffraff avec O'Brien et Anne Jeffreys ainsi que Time Bomb (5 h de terreur) avec à nouveau Glenn Ford. En revanche, 2 autres sont très tentants mais durs à voir Johnny Allegro (L'homme de main) avec George Raft et Nina Foch et surtout Under the Gun avec Richard Conte, Audrey Totter et John McIntire.
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