Le Krimi (policer teinté d'épouvante / fantastique allemand)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Le Krimi (policer teinté d'épouvante / fantastique allemand)

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THE INDIAN SCARF (1963)

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Le terme krimi (abréviation de l’allemand « kriminal films ») désigne, dans un contexte cinématographique, les adaptations des romans d’Edgar Wallace populaires en Allemagne durant les années ’60. Lancés par la compagnie Rialto, en 1959, avec leur FELLOWSHIP OF THE FROG, ces films devinrent rapidement de grands succès commerciaux, généralement sous la direction d’Alfred Vohrer ou de Harald Reinl.

La série (qui passe à la couleur en 1966) va progressivement s’éloigner de ses sources littéraires pour privilégier un mélange de polar fantaisiste, d’épouvante et d’humour qui annonce grandement le giallo. Les dernières productions de la Rialto seront d’ailleurs des œuvres hybrides, coproduites avec l’Italie, dont on retiendra le très réussi MAIS QU’AVEZ-VOUS FAIT A SOLANGE ? aux côtés des plus mineurs mais plaisants LIZ & HELEN et LE TUEUR A L’ORCHIDEE. Au total, 32 « krimis » seront proposés par la Rialto entre 1959 et 1972. Bien sûr, d’autres studios se jetèrent également dans la mêlée en ressuscitant le Docteur Mabuse, en adaptant les œuvres de Bryan Wallace (fils d’Edgar) ou en portant à l’écran le personnage du « Commissaire X ».

Réalisé en 1963, THE INDIAN SCARF constitue la troisième version cinématographique du roman « The Frightened Lady » d’Edgar Wallace. Comme la plupart des productions de la Rialto, THE INDIAN SCARF commence par un générique en couleurs (le film étant, lui, en noir et blanc) tandis que résonne le fameux «Hallo, hier spricht Edgar Wallace ». L’intrigue, de son côté, s’avère typique du whodunit et emprunte joyeusement aux « Dix Petits Nègres » tout en anticipant sur de nombreux thrillers et giallos ultérieurs. Cependant, le réalisateur Alfred Vohrer, familier de l’univers de Wallace (il mettra en scène, au total, quatorze adaptations de ses bouquins) oriente joyeusement l’aventure vers la parodie ce qui aide à digérer la pilule et rend l’entreprise encore très plaisante un demi-siècle plus tard.

Lebanon vient de décéder et tous les membres de sa grande famille sont conviés au castel pour la lecture de son testament. Là, les invités apprennent qu’ils doivent vivre une semaine ensemble pour toucher leur part d’héritage. Ceux qui ne pourront se plier à cette demande devront, par conséquent, renoncer au pactole. Mais, alors qu’une tempête force les héritiers à rester au château, un tueur inconnu étrangle plusieurs d’entre eux à l’aide d’une écharpe indienne. Au fur et à mesure des jours qui s’écoulent les cadavres s’empilent et la part des survivants grossit…

Avec un casting d’habitués comprenant Heinz Drache et Eddi Arent mais aussi le déjà très allumé Klaus Kinski, THE INDIAN SCARF constitue un « murder mystery » aussi classique que divertissant. Si son intrigue aurait pu, en d’autres temps ou en d’autres mains, donner lieu à un récit d’épouvante angoissant, Alfred Voher choisit, pour sa part, de jouer la carte de l’humour. Les différents invités périssent donc sous les doigts gantés de cuir d’un tueur mystérieux (l’influence sur le giallo est ici patente) mais la bonne humeur générale ne faiblit jamais. Forcément, tous les protagonistes peuvent être suspects, à commencer par Klaus Kinski dont les yeux hallucinés et la tendance à se piquer à l’aide d’une seringue en font un coupable idéal. Mais, comme dans tout bon whodunit, le véritable meurtrier restera non identifié avant les dernières minutes qui permettent d’ailleurs une ultime pirouette humoristique au facétieux scénariste. Au final, le dernier bénéficiaire de la fortune familiale ne sera nul autre qu’un écrivain génial nommé…Edgar Wallace !

Cet humour malicieux domine l’ensemble du long-métrage, particulièrement grâce à quelques détails incongrus : un perroquet ne cesse de répéter « meurtre » et un majordome stylé, peu sensible à l’hécatombe qui se déroule dans la demeure, se montre surtout préoccupé de connaitre le nombre de convives encore vivants pour le souper.

Situant son intrigue dans un château gothique et sinistre truffé de passages secrets, THE INDIAN SCARF s’amuse des conventions du policier horrifique avec une bonne santé réjouissante. Le film convie ainsi une menaçante tarentule, une galerie de personnages saugrenus et propose quelques idées amusantes, comme un judas dissimulé dans le téton d’une peinture. Saupoudré d’un soupçon d’érotisme voyeuriste bien timide et d’une pincée d’angoisse façon train-fantôme, le résultat, bien rythmé (à peine 80 minutes) s’avère une charmante réussite pour les nostalgiques. A découvrir pour les amateurs de policiers rétro ou les historiens du giallo qui trouveront dans ce THE INDIAN SCARF bien des scènes annonciatrices de leur sous-genre favori.


Une autre affiche purement giallesque:
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et hop, un peu de recyclage...
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L’ETRANGE COMTESSE (die seltsame grafin) de Josef VON BAKY -1961
Avec Joachim FUCHSBERGER, Lil DAGOVER, Marianne HOPPE, Klaus KINSKI

Une jeune dactylo est constamment harcelée au téléphone par un fou qui veut la tuer : elle est heureusement protégée par un agent de Scotland Yard enquêtant sur une affaire de vols de bijoux et sur une comtesse très étrange…

Les romans policiers d’Edgar Wallace ont connu un succès incroyable en Allemagne dans les années 60. il s’agit d’enquêtes policières rocambolesques sous le ciel nuageux de Londres avec une distribution entièrement allemande ;
En dépit d’une intrigue mystérieuse tirée par les cheveux, je n’ai pas trouvé la réalisation ni le rythme haletant, alors que le film comportait tous les éléments d’un thriller : tueur déséquilibré incarné par l’inquiétant Klaus Kinski, valet effrayant aux allures du monstre de Frankenstein, tentatives d’assassinat en série (voiture qui explose, balcon qui s’écroule) et pour finir un sordide asile psychiatrique ; le film reste néanmoins un divertissement agréable à regarder au 3ème degré pour la composition des acteurs campant des personnages bien typés dignes d’une BD ; les cinéphiles reconnaîtront la star du muet Lil Dagover et la grande dame de l’ère nazie Marianne Hoppe.
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LA FILLE AUX YEUX DE CHAT (Madchen mit den katzenaugen) de Eugen YORK- 1959
Avec Vera TSCHECHOWA, Joachim FUCHSBERGER et Gert FROEBE

A Hambourg, dans les mauvais quartiers, le commissaire Wilms est chargé d’enquêter sur un trafic de voitures. Il soupçonne le gérant d’une boite de nuit où se produit depuis peu une très jolie danseuse surnommée la fille aux yeux de chat. ..


J’ai regardé d’un air distrait ce petit polar de série B voire Z qui rappelle un peu les films à petit budget qu’on tournait à cette époque en France avec Eddie Constantine ou Claudine Dupuis. C’est vraiment moyen et à peine distrayant. Quelques numéros de music hall sans intérêt viennent s’insérer dans cette histoire de vol de voiture. Vera Tschechowa, la petite fille de la star du muet Olga Tschechowa (elle eut une liaison avec Elvis Presley) est certes très jolie avec des yeux magnifiques et Gert Froebe joue bien le rôle du papa alcoolo, complètement apeuré par la bande de truands, mais ça vaut tout juste un épisode d’une série policière, sans l’humour et l’aspect BD de la série des Edgar Wallace.
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L’ORCHIDEE ROUGE
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Parmi la trentaine d’adaptations d’Edgard Wallace produites par la Rialto durant les sixties, L’ORCHIDEE ROUGE occupe une place à part mais, malheureusement, surtout pour de mauvaises raisons. En effet, le film d’Helmut Ashley, un inconnu ayant surtout œuvré pour la télévision (et notamment pour la – hum ! - fierté teutonne « Derrick ») délaisse presque complètement l’aspect thriller et envoutant de la plupart des « krimi » pour un médiocre film de gangsters agrémenté de comédie souvent lourdingue.

Un mystérieux criminel apparemment en provenance de Chicago s’en prend à des hommes riches et les menace d’une mort certaine s’ils ne lui versent pas une grosse somme d’argent. Les infortunés qui refusent de se plier à ce chantage sont assassinés et, tandis que les cadavres s’accumulent, Scotland Yard essaie, tant bien que mal, de découvrir une piste sérieuse pour coincer le terrible maître chanteur. Pendant ce temps, le neveu d’une des victimes espère toucher une véritable fortune mais, à la lecture du testament, se voit dépossédé du magot par une brave employée de maison devenue seule héritière de la fortune familiale. La demoiselle devient, dès lors, la cible du maître-chanteur. Un agent du FBI (Christopher Lee) tente, de son côté, de faire toute la lumière sur cette affaire et traque les redoutables gangsters.

Adapté de « Gangsters in London » d’Edgar Wallace, L’ORCHIDEE ROUGE mélange quelques éléments typiques du krimi (whodunit, meurtres en série, ambiance parfois inquiétante, chantage...) à une classique intrigue de polar. Prenant pour base les rivalités entre des bandes de gangsters venus de Chicago pour importer leurs méthodes brutales à Londres, le script peine à passionner et se révèle hélas trop banal pour convaincre.

Le résultat de cette alliance contre-nature entre polar et policier « old school » n’est, malheureusement, guère heureux et la comédie occupe en outre une trop large portion du métrage pour ne pas se montrer envahissante, même si la présence d’un majordome « maudit » (toutes les personnes chez qui il travaille périssent de mort violente) apporte quelques francs sourires aux plus indulgents. Le scénario, alambiqué et pas toujours aisé à suivre, multiplie, pour sa part, les sous-intrigues pas toujours inspirées ou captivantes afin de brouiller les pistes. Toutefois, la résolution du whodunit en lui-même et l’identité du coupable ne sont, elles, guère surprenantes pour les habitués du genre. Le rythme correct et une durée restreinte (environ 80 minutes) évitent cependant aux spectateurs de s’ennuyer en dépit d’une réalisation complètement anonyme et même carrément plan-plan incapable de générer le moindre suspense ou de développer un réel climat de mystère.

Heureusement, L’ORCHIDEE ROUGE bénéficie d’un casting hétéroclite et plaisant dominé par le grand Christopher Lee. Celui-ci incarne un flic dur à cuire décidé à mettre les gangsters américains hors d’état de nuire. A ses côtés, citons Adrien Hoven, acteur à la carrière quantitativement importante (plus de 100 rôles !) qui se reconvertit ensuite dans la mise en scène de produits d’exploitation croquignolets comme VOLUPTES NORDIQUES : LES FANTAISIES AMOUREUSES DE SIEGFRIED et, surtout, le fameux diptyque horrifico-sadique LA MARQUE DU DIABLE. Klaus Kinski, familier du krimi, est, bien évidemment, de la partie mais dans un petit rôle qui ne lui donne pas vraiment l’occasion de briller. L’inévitable Eddie Arent, pour sa part, incarne ici le majordome malchanceux et apporte l’indispensable ingrédient humoristique, souvent poussif mais parfois drôle avouons-le. Le quota de charmes, enfin, est délivré par Marisa Mell dont on se souvient surtout pour ses prestations dans PERVERSION STORY de Lucio Fulci et, surtout, DANGER DIABOLIK de Mario Bava.

Routinier et manquant d’audace ou d’originalité, L’ORCHIDEE ROUGE risque de décontenancer les amateurs de krimi excentriques tant les aspects les plus intéressants du genre (en particuliers le climat teinté de fantastique voire d’épouvante qui annonce les futurs giallo italiens) sont, hélas, aux abonnés absents. Ne demeure qu’un modeste polar mi gangster mi policier rétro fortement empreint de comédie, bref un oeuvrette dispensable mais relativement sympathique et amusante pour les mieux disposés.
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THE MAN WITH THE GLASS EYE
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Réalisé en 1969, THE MAN WITH THE GLASS EYE est l’un des derniers « krimi » produit par la Rialto à partir des œuvres d’Edgar Wallace. La compagnie, par la suite, s’associa avec l’Italie pour quelques titres plus sensationnalistes qui brouillèrent encore davantage les frontières, déjà ténues, entre le « krimi » et le giallo. Comme la plupart des nombreux films adaptés de Wallace (une trentaine en douze ans), THE MAN WITH THE GLASS EYE mélange mystère policier traditionnel, whodunit, polar à base de gangsters et humour. L’intrigue de cet épisode s’intéresse au thème, alors porteur et fantasmatique, de la traite des Blanches.

L’inspecteur Perkins, flanqué de son adjoint le Sergent Pepper, enquête sur un réseau de trafics orchestrés au départ de l’Angleterre. Un club de billard servirait ainsi de couverture pour des notables impliqués dans la traite des Blanches et la contrebande de cocaïne. Dans le même temps, diverses personnes sont assassinées par un mystérieux lanceur de couteaux et Perkins pousse ses investigations dans le monde des cabarets où il rencontre les charmantes danseuses de la troupe des Las Vegas Girls.

Débutant par un générique sympathique et très « pop » typique de la fin des années ’60, THE MAN WITH THE GLASS EYE déroule ensuite une intrigue complexe et embrouillée qui se suit pourtant sans difficulté et avec un certain plaisir. Classique dans son déroulement, THE MAN WITH THE GLASS EYE ajoute en effet à un fond très proche du polar de gare (trafic de drogues, traite des Blanches) un côté « giallesque » par la présence d’un mystérieux assassin, tout de noir vêtu, qui manie le couteau avec une dextérité surprenante. D’où une poignée de crimes raisonnablement sanglants pour l’époque même si le film est traité de manière humoristique et frôle souvent la parodie plus ou moins volontaire.

Au niveau du casting, THE MAN WITH THE GLASS EYE bénéficie de la présence en tête de générique de Horst Tapper, célèbre pour avoir incarné, durant un quart de siècle, l’inspecteur Derrick. Il joue ici un autre représentant de la loi, l’inspecteur Perkins, lequel était apparu l’année précédente dans le similaire DER GORILLA VON SOHO. Tapper fréquenta d’ailleurs d’autres « krimi », comme LE CHATEAU DES CHIENS HURLANTS ou THE DEVIL CAME FROM AKASAVA de Jésus Franco. A ses côtés, Stefan Behrens apporte l’élément humoristique indispensable à toutes les adaptions de Wallace : ce policier gaffeur et maladroit, affublé d’une voix agaçante et d’une coupe façon Beatles, répond au nom référentiel de…Sergent Pepper ! Pour la partie charme, on remarque l’actrice de télévision Karin Hübner et Ewa Stroemberg, revue ensuite dans deux des meilleurs films de Franco : VAMPYROS LESBOS et CRIMES DANS L’EXTASE.

Pour sa quatorzième et dernière collaboration sur la série des « Wallace », le vétéran Alfred Vohrer laisse libre cours à son imagination et propose une réalisation alerte, pleine de petits effets sympathiques qui frisent parfois l’afféterie ou l’exercice de style. Cependant, cette recherche visuelle confère son identité et une partie de son charme à l’entreprise, la rendant agréable et enlevée pour les nostalgiques d’un cinéma volontiers « pop », inspiré par les romans de gare et l’esthétique des bandes dessinées à la fois colorées et excessives. Si l’humour tombe parfois à plat ou semble recyclé de précédents « krimi » dans ses mécanismes bien huilé, quelques gags fonctionnent habilement et rendent le tout amusant et sans prétention. La durée, comme toujours réduite (à peine 85 minutes) aide également à rendre THE MAN WITH THE GLASS EYE plaisant et jamais ennuyeux.

Petite bande typique de son époque, THE MAN WITH THE GLASS EYE ne prétend pas être un grand film mais assume, avec une certaine réussite, son statut de divertissement populaire bien troussé et efficace. Il y a donc pire moyen d’occuper un peu moins d’une heure et demie de son temps.
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THE ZOMBIE WALKS
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En dépit de son titre international trompeur qui laisse supposer une histoire de morts vivants, THE ZOMBIE WALKS n’est pas un film d’épouvante stricto senso mais une nouvelle adaptation du romancier Edgar Wallace, spécialiste du policier « pulp » très populaire en Allemagne durant les sixties.
Pour ce 31ème long-métrage basé sur Wallace sorti après la Seconde Guerre Mondiale, la compagnie Rialto offre, une nouvelle fois, la mise en scène au vétéran Alfred Vohrer (qui tourna 14 de ces « krimis »). Comme souvent, l’œuvre littéraire de Wallace sert simplement de vague inspiration à un scénario signé Ladislas Fodor, précédemment rodé sur les « Docteur Mabuse » des années ’60. L’intrigue s’éloigne donc de sa source pour broder sur les thématiques habituelles du krimis et proposer une enquête policière ponctuée de rebondissements et teinté d’une légère coloration fantastique.
Sir Oliver décède dans un accident d’avion. Pourtant, durant ses funérailles, un rire sinistre s’échappe de son cercueil et certains murmurent qu’il pourrait avoir survécu au crash. Richissime bienfaiteur, l’enterrement du respecté Sir Oliver est d’ailleurs couvert par la journaliste Peggy Ward. Elle rapporte, bien sûr, le macabre incident qui fait rapidement les gros titres de journaux. Le « laughting corpse » devient sujet de discussion et les hypothèses fleurissent. Sir Cecil, frère du supposé défunt, affirme, lui-aussi, que Sir Oliver, toujours en vie, ne va pas tarder à se manifester. Peu après, l’avocat de la famille meurt, victime d’un tueur vêtu de noir et masqué d’un crane ricanant. Pour commettre son forfait, le meurtrier use d’une étrange bague en forme de scorpion dont le dard injecte une dose mortelle d’un indétectable poison. Appelé à la rescousse, l’inspecteur Higgins, du Yard, mène l’enquête tandis que les morts se multiplient…
Typique du Krimi des sixties, THE ZOMBIE WALKS déroule une intrigue tortueuse comprenant d’innombrables suspects qui tous ont, forcément, une raison valable de commettre une série de crimes mystérieux. Comme dans les giallos ultérieurs, le long-métrage multiplie donc les fausses-pistes et les coupables potentiels sans grand souci de logique mais avec un sens du divertissement hérité du serial. Les « misdirections » se suivent à un rythme endiablé et Alfred Vohrer rend l’ensemble si embrouillé qu’il devient impossible pour le spectateur de résoudre l’énigme. Néanmoins, au final, l’identité du coupable s’avère, elle, quelque peu prévisible et obéit à la logique classique du whodunit : le personnage le plus « innocent » est, forcément, l’assassin !
A la différence du giallo, THE ZOMBIE WALKS reste cependant destiné au grand public et ne cherche pas vraiment à susciter l’angoisse mais, simplement, à divertir. Couleurs flamboyantes, déguisement fantaisiste du maniaque, embuscade mortelle dont les héros échappent par miracle, notes humoristiques, décors criards, rebondissements improbables,… THE ZOMBIE WALKS égrène toutes les conventions du cinéma populaire avec une bonne santé réjouissante. Les démonstrations rigoureuses des romans de mystère n’ont donc pas cours ici, le cinéaste oubliant souvent la logique ou la vraisemblance au profit du pur divertissement. Les références au folklore des « zombies » restent, elles, anecdotiques : un Créole dont la peau est, bizarrement, teinté de vert, une discussion sur le sujet dans un restaurant exotique, de vagues allusions aux pouvoirs des « morts qui marchent ». Le film effleure son sujet, simple prétexte un brin sensationnaliste à une aventure échevelée menée tambour battant et sans le moindre temps mort.

Visuellement, le film se révèle un enchantement et combine avec bonheur le style excessif et coloré du giallo aux influences de l’épouvante gothique mâtinées d’un côté très « bande dessinée » qui rappelle les adaptations de fumetti à la DANGER DIABOLIK ou KRIMINAL. Un régal pour les yeux.
Sans être le meilleur « Wallace », THE ZOMBIE WALKS se suit avec un plaisir franc et non dissimulé, l’ensemble étant, en outre, suffisamment rythmé pour ne jamais laisser l’ennui ou la lassitude s’installer. Les amateurs de comédie policière, de BD « pulp », de serials, de romans de gare, de giallo, d’épouvante rétro ou, plus simplement, d’un cinéma populaire enlevé et de qualité n’ont, par conséquent, aucune raison de se priver de cette bande réjouissante.
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L'ENIGME DU SERPENT NOIR

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Réalisé en 1963, L’ENIGME DU SERPENT NOIR est la douzième adaptation des romans d’Edgar Wallace, alors très populaires en Europe. Coproduit par la Rialto et la compagnie française « Les films Jacques Willemetz », le film s’appuie sur un roman écrit par Wallace en 1927, « The Squeaker », précédemment porté à l’écran à quatre reprises (la première version étant d’ailleurs réalisée par Wallace lui-même). L’intrigue, touffue, reprend les conventions du roman policier « pulp » et suit les pas d’un inspecteur décidé à arrêter un mystérieux meurtrier ganté de noir qui use d’une technique inédite pour perpétrer ses crimes : il emploie, en effet, un lance fléchettes et enduit ses armes de venin de mamba. Les « bonnes » recettes du krimi sont donc, une fois de plus, mises à contribution dans un récit relativement rythmé (85 minutes au compteur) qui ne ménage pas l’humour, les scènes à suspense proche de l’épouvante et les rebondissements.

Divers personnes sont assassinées à Londres par un criminel, surnommé « Le serpent », qui empoisonne ses victimes à l’aide du venin d’un mamba noir. Scotland Yard délègue un de ses fins limiers, l’inspecteur Elford, pour mener l’enquête. Or les suspects ne manquent pas, entre la vieille Madame Mulford dont le mari s’est naguère suicidé, Mr Sutton, propriétaire d’un magasin d’animaux exotiques, Beryl, romancière spécialisée dans les récits policiers, Krishna, homme à tout faire fasciné par les reptiles, Thomas Leslie, un voleur à peine libéré de prison, etc. Qui peut être le Serpent et quelles sont ses motivations ?

L’ENIGME DU SERPENT NOIR constitue un très classique krimi, réalisé durant l’âge d’or du genre puisque pas moins de six long-métrages de ce style sortirent durant la seule année 1963. Pour concurrencer les productions en couleurs qui envahissaient alors les salles obscures, les producteurs rusèrent en tournant en « ultra scope » et ajoutèrent un générique coloré, devenu ensuite la signature de la saga : des impacts de balles sanglants ponctuent l’écran tandis que la voix du romancier déclame sentencieusement « Hello, this is Edgar Wallace ». Le scénario, pour sa part, multiplie les personnages et les fausses pistes pour maintenir l’intérêt du spectateur au fil d’une intrigue retorse qui annonce, à maints égards, le futur giallo italien. Bien sûr, les aspects les plus horrifiques sont, ici, réduits au minimum et l’érotisme reste absent mais la présence d’un assassin portant des gants de cuir noir et utilisant un modus operandi saugrenu rapproche indéniablement L’ENIGME DU SERPENT NOIR de ses descendants transalpins ultérieurs.

Visuellement, le cinéaste fait également preuve d’inventivité et propose des plans originaux, des effets d’ombres étudiés et des cadrages soignés qui élèvent le résultat et le rendent agréable à l’œil. Alfred Vohrer se laisse d’ailleurs aller à quelques afféteries cocasses mais surprenantes en filmant, par exemple, une carotte croquée depuis…l’intérieur d’une bouche. Autre moment inspiré : un serpent ondule sur la photographie taille réelle d’une demoiselle, paraissant de la sorte s’enrouler sur son corps offert. Tout comme dans le giallo, le metteur en scène met également en valeur l’architecture et compose quelques images effectives de bâtiments imposants ou d’escaliers rendu menaçants par un habile placement de la caméra. De la belle ouvrage.

Comme la plupart des krimis, L’ENIGME DU SERPENT NOIR recourt à l’habitué Eddie Arent pour délivrer quelques considérations humoristique. Le comédien incarne, cette fois, un plumitif décidé à enfin obtenir un scoop important en démasquant le Serpent. Autre acteur récurent de la saga, Klaus Kinski campe un type légèrement dérangé et passionné par les serpents, suspect (trop) évident des crimes commis à Londres.

Typique du krimi, L’ENIGNE DU SERPENT NOIR paraitra, au choix, fort vieillot ou délicieusement charmant par son atmosphère et sa conception éminemment surannée de l’énigme policière. Léger, amusant, plutôt bien écrit (en tout cas plus cohérent que la majorité des giallo), les krimis se redécouvrent aujourd’hui avec un plaisir non dissimulé et nostalgique. A savourer sans trop se poser de questions un soir d’hiver, si possible au coin du feu et avec un verre de whisky à la main.
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LA GRENOUILLE ATTAQUE SCOTLAND YARD
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Réalisé en 1959, FACE OF THE FROG constitue la première adaptation post-Seconde Guerre Mondiale d’un roman du prolifique et populaire Edgar Wallace. Son succès devait entrainer une recrudescence du film policier à l’allemande, souvent teinté d’humour mais aussi d’épouvante. Précurseur du giallo, cette tendance nommée « krimi » (qui, en Allemagne, qualifie tous les films de détection) perdura jusqu’au début des années ’70, époque où elle fut, justement supplantée par le giallo avec lequel les derniers épisodes de la saga ont fusionné. FACE OF THE FROG introduit, dès son entame, un univers immédiatement reconnaissable qui deviendra, par la suite, la norme du genre, tout en atmosphère mystérieuse et brumeuse. Hélas, en dépit de son importance historique, FACE OF THE FROG semble aujourd’hui bien daté: les années ne furent pas tendre avec cette intrigue désuète qui manque clairement de mordant pour passionner le spectateur. Pourtant, les rebondissements y sont nombreux (peut-être un peu trop d’ailleurs) et s’enchainent sans temps morts, au risque de perdre le public dans une complexité un brin factice.

Un gang de criminels terrorise Londres, mené par un dirigeant masqué (affublé d’un déguisement ridicule de grenouille) dont nul ne connait l’identité. Les forces de l’ordre, menées par l’inspecteur Elk, s’avèrent incapable de le stopper et ne possèdent pas le moindre indice pouvant conduire à son arrestation. Neveu de Sir Archibald, le directeur de Scotland Yard, le jeune Richard Gordon prend l’enquête en main et remonte une piste prometteuse, celle de la charmante Ella Bennet dont le père parait appartenir au gang de la Grenouille.

Complexe (voir brouillon dans son dernier acte), le scénario de FACE OF THE FROG multiplie les sous-intrigues : l’investigation officielle de Scotland Yard, celle – officieuse - d’un jeune débrouillard aidé de son majordome distingué (Eddi Arent, élément comique récurent de la saga), les relations compliquées entre divers protagonistes secondaires empêtrés dans leurs liaisons amoureuses, etc. Tout cela n’est pas franchement aisé à suivre, ni d’ailleurs particulièrement intéressant, le film apparaissant parfois plus « agité » que réellement rythmé. Néanmoins, les rebondissements en rafale rendent l’ensemble distrayant et l’humour, essentiellement véhiculé par un Eddie Arent en grande forme, fonctionne plaisamment et feront sourire les plus indulgents. La mise en scène, illustrative, se met, elle, entièrement au service du script et de ses mécanismes bien huilés qui proviennent directement de la littérature populaire avec leur lot de retournements de situation, coups de théâtre et autre criminel démasqué dans les ultimes secondes.

Troisième adaptation du roman homonyme d’Edgar Wallace, FACE OF THE FROG ne possède donc qu’un intérêt limité mais se suit sans déplaisir pour les cinéphiles curieux qui souhaitent explorer les origines du krimi. Honnête, sans plus ni moins.
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L’ARAIGNEE BLANCHE DEFIE SCOTLAND YARD
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Réalisé en 1963 au plus fort de la vague des krimi, L’ARAIGNEE BLANCHE DEFIE SCOTLAND YARD semble de prime abord constituer une énième adaptation d’un roman du prolifique Edgar Wallace. Le titre, fort proche de précédentes adaptations (SCOTLAND YARD CONTRE LE MASQUE, LE VENGEUR DEFIE SCOTLAND YRD), continue de nous induire en erreur, tout comme l’affiche (parfois barrée de la mention frauduleuse « Le génie d’Edgar Wallace ») et le générique continue d’entretenir la confusion. A la mise en scène, nous retrouvons ainsi Harald Reinl, responsable du retour en grâce de Wallace via LA GRENOUILLE ATTAQUE SCOTLAND YARD en 1959 et grand spécialiste du krimi. La distribution, elle-aussi, s’appuie sur des visages familiers comme Joachim Fuchsberger, Karin Dor ou Horst Frank. Pourtant, le réel instigateur du métrage n’est pas Edgar Wallace mais bien un de ses concurrents, Louis Weinert-Wilton, également auteur des romans ayant inspirés ESPIONS SUR LA TAMISE et LE SECRET DE LA VEUVE NOIRE. Le résultat ? Un krimi extrêmement classique reprenant toutes les qualités (et les défauts) de productions similaires de la même époque, à savoir un récit policier enlevé, rythmé, riche en invraisemblance et saupoudré d’une pincée d’épouvante. Bref, du giallo avant l’heure, en plus « léger » et familial toutefois.

Muriel Irvine (Karin Dor, à l’époque épouse du cinéaste Harald Reinl) apprend le décès de son époux dans un accident de voiture après une soirée passée dans un tripot clandestin. La seule manière d’identifier le corps carbonisé réside dans la découverte d’une petite araignée blanche, fétiche du décédé. Celui-ci laisse son épouse sans le sous mais Muriel constate ensuite qu’elle bénéficie d’une grosse somme, l’assurance-vie de son mari ayant été récemment décuplée. Bien sûr, les agents d’assurance se montrent suspicieux, d’autant que les morts se succèdent. Muriel en vient à soupçonner son époux d’être toujours en vie et, durant son enquête, la jeune femme se confronte à l’Araignée Blanche, un criminel à la tête d’un gang de tueurs à gages.

Spécialiste du cinéma populaire, Harald Reinl travailla sur les premières adaptations d’Edgar Wallace mais aussi de Karol May, livrant ainsi le western LE TRESOR DU LAC D’ARGENT suivi de bien d’autres aventures d’Old Shatterhand et Winnetou, respectivement campés par Lex Barker et Pierre Brice. Reinl tourne également une nouvelle version de la légende des NIBELUNGEN (en deux parties), deux épisodes de la saga du Dr Mabuse (LE RETOUR DU DOCTEUR MABUSE et L’INVISIBLE DOCTEUR MABUSE), le plaisant LE VAMPIRE ET LE SANG DES VIERGES et divers krimis, dont un inévitable KOMMISSAR X CONTRE TIGER GANG. Il est également nominé à l’Oscar (si !) pour son improbable et très fantaisiste « documentaire » (documenteur ?) consacré à l’influence supposée des extraterrestres sur la destinée humaine, CHARIOTS OF THE GODS.

Avec ce « faux Wallace », le cinéaste livre un honnête décalque des productions similaires de la Rialto : assassin mystérieux, génie du mal dissimulé derrière un pseudonyme animalier ronflant, demoiselle en détresse, meurtres brutaux (selon les standards de l’époque), pincée d’humour et coups de théâtre. Le scénario, pour sa part, s’avère nettement moins compliqué que dans la plupart des authentiques « Wallace » et se suit, par conséquent, avec facilité mais également plaisir, la relative simplicité de l’intrigue autorisant un rythme alerte. Toutefois, malgré ses bons moments, il manque indéniablement un petit quelque chose à cette ARAIGNEE BLANCHE DEFIE SCOTLAND YARD pour que l’on puisse considérer le film comme une vraie réussite. Peut-être l’atmosphère, peut-être une réalisation plus nerveuse et moins télévisuelle, peut-être quelques vraies idées délirantes, amusantes ou macabre,…Difficile à dire. Si la recette se déguste sans difficulté, le plat manque donc de saveur et s’oublie rapidement même si sa vision procure un divertissement sans prétention dont les amateurs de whodunit aurait tort de se priver. Sympathique, sans plus ni moins.
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Re: Le Krimi (policer teinté d'épouvante / fantastique allem

Message par hellrick »

APE CREATURE
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Réalisé en 1968, APE CREATURE (ou « Gorilla Gang » à l’international) constitue un des derniers krimis adapté des œuvres du romancier Edgar Wallace, très populaire au début du vingtième siècle et auteur d’innombrables « policiers » fantaisistes.
Tourné sous la direction du spécialiste Alfred Vohrer (responsable de pas moins de quatorze « Wallace » dont trois pour cette seule année 1968), le métrage, essentiellement filmé en Allemagne, tente vaille que vaille d’imposer une « british attitude » flegmatique agrémentée d’un second degré appréciable. Le cinéaste multiplie par exemple les clins d’oeil populaires (un poster des Beatles très visible, un Sergent qui se nomme…Pepper !, un docteur appelé…Jeckyll) et les références fréquentes à des lieux bien connus de la capitale anglaise ou à la Tamise pour ancrer le produit au cœur de l’Angleterre.

L’intrigue, typique de la saga, mélange intrigue policière, rebondissements très inspirés du serial (ou de la littérature de gare) et scènes délirantes aux lisières du fantastique. Il s’agit d’ailleurs d’une nouvelle adaptation de « The Dark Eyes of London », déjà porté plusieurs fois à l’écran et notamment par Alfred Vohrer en 1961 sous le titre LES MYSTERES DE LONDRES. Si les grandes lignes du scénario restent inchangées, cette modernisation en accentue toutefois les aspects kitsch et chamarrés, malheureusement au détriment de l’atmosphère gentiment angoissante.
Un mystérieux tueur terrorise Londres, engoncé dans un costume saugrenu de gorille poilu (sic !). La police, menée par l’inspecteur Perkins (Horst Tappert qui rôde là son fameux rôle de Derrick) aidé de son adjoint, le dragueur sergent Pepper, et la jolie Susan, enquête sur une organisation caritative, « Love and Peace for People », dirigée par Mr Parker. En effet, les victimes du « gorille » avaient, quelques jours avant leur décès, rédigé un testament léguant leur immense fortune au soi-disant bienfaiteur du peuple.

Complètement stupide mais rarement ennuyeux, APE CREATURE multiplie les scènes d’action feuilletonnesques, tout droit sorties d’un serial des années ’30, sans négliger aucun cliché (héroïne en péril menacée de noyade, course-poursuite, meurtres successifs, tueur défiguré, génie du mal) mais en les saupoudrant d’une bonne dose d’humour au second degré, personne ne semblant prendre toute cette rocambolesque machination au sérieux. Une bonne manière d’accepter les invraisemblances du script et l’aspect franchement grotesque de l’assassin costumé. Epoque oblige, la saga « Wallace » offre plus de nudité que précédemment (avec une prédominance pour les nymphettes à la poitrine offerte aux regards) et situe de nombreuses scènes dans une sorte de cabaret « sexy » baigné de teintes rougeâtres du plus bel effet. Quelques crimes orchestrés de manière stylisée annoncent, pour leur part, les mises en scènes sadiques du giallo italien quoique leur violence, encore légère, demeure dans l’optique d’un film « grand public ».

Si APE CREATURE n’est surement pas le meilleur krimi (on sent le filon pratiquement épuisé après trop de menues variations sur un même thème), il demeure un spectacle plaisant, plein de couleurs vives, de répliques amusantes (comme en témoigne la demoiselle peu vêtue qui interrompt constamment le chef de Scotland Yard lors de ses réunions de crise en lui demandant « Bon, on a un rendez-vous là ou pas ? »), et de rythme.

Un pur divertissement bien servi par une réalisation souvent alerte et inspirée qui privilégie les cadrages adroits et confère à l’entreprise un charme suranné fort appréciable par les nostalgiques.
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Message par hellrick »

THE SINISTER MONK
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Les adaptations des romans policiers d’Edgar Wallace sont déjà nombreuses en 1965, la Rialto ayant inondé le marché d’une vingtaine de films en six ans, depuis le succès du liminaire LA GRENOUILLE ATTAQUE SCOTLAND YARD en 1959. THE SINISTER MONK sera le dernier épisode tourné en noir et blanc avant le passage à la couleur et à une esthétique pop plus marquée, voire outrée. Ce sera également la dernière mise en scène du talentueux Harald Reinl sur la saga, lequel confie bien évidemment le rôle principal à sa merveilleuse épouse Karin Dor, déjà vue dans quatre précédents krimi.

L’intrigue de THE SINISTER MONK se conforme évidemment à la recette mise en place dans les épisodes antérieurs. Pratiquement tout le film se voit ainsi confiné dans un ancien monastère reconverti en pensionnat pour jeune fille : y sévit un mystérieux personnage spectral, le sinistre moine du titre qui commet divers assassinat. Comme souvent, le point de départ des événements est le traditionnel testament surprenant : après la mort de leur père, trois personnes (dont la directrice du pensionnat précité) apprennent que l’héritage promis et attendu leur échappe au profit d’une de leur nièce, Gwen. La pauvre demoiselle, arrivée à l’internat, va rapidement être la cible de ses oncles et tantes trop vénaux mais le moine interviendra également pour contrarier leurs desseins. Ce-dernier utilise les jeunes filles pour alimenter son lucratif trafic d’êtres humains mais tombe sous le charme de Gwen. Le thème de la traite des Blanches, représentatif du cinéma populaire des années ’60 et ’70 se mêle donc à celui de l’héritage perturbé dans un ensemble typique du style Edgar Wallace, compromis entre le policier classique à base de whodunit et l’exploitation teintée d’épouvante et d’érotisme léger qui annonce le giallo italien.

Comme toujours, le film offre un beau « méchant », la série ayant toujours privilégié les malfrats haut en couleur, parfois affublé d’un masque de grenouille ou carrément d’un déguisement de gorille et ce au mépris de la plus élémentaire vraisemblance. Intéressant, le personnage du Moine démontre ici sa malfaisance en usant d’un fouet lesté, manié avec la dextérité d’Indiana Jones, pour briser la nuque de ses ennemis. De jolies séquences proches de l’épouvante qui font oublier son apparence peu crédible et sa robe de bure peu discrète. Son identité sera, forcément, dévoilée durant les ultimes minutes. Le moine voisine d’ailleurs avec l’habituelle galerie de suspects au comportement excentrique, notamment un prof passionné par les masques mortuaires qu’il collectionne de manière obsessionnelle et fétichiste. D’autres détails saugrenus confèrent un surplus d’intérêt à ce SINISTER MONK, par exemple le pistolet à eau rempli d’acide sulfurique utilisé par une jeune fille pour se défendre de ses agresseurs.

Si le métrage patine quelque peu durant sa partie centrale, l’ensemble reste rythmé et amusant, la belle utilisation des décors angoissants contribuant à la réussite d’une œuvre sympathique. THE SINISTER MONK peut en outre compter sur un scénario correct et adroitement écrit qui évite, comme de trop nombreux krimis, de perdre le spectateur dans ses méandres obscurs. Un agréable Edgar Wallace qui devrait contenter les nostalgiques.
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Re: Le Krimi (policer teinté d'épouvante / fantastique allem

Message par Helena »

Je viens de penser à toi Hellrick en commandant cet ouvrage:

Krimi : Une anthologie du récit policier sous le Troisième Reich

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L'ouvrage vient de sortir, je l'ai vue à la fnac.

:)
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Re: Le Krimi (policer teinté d'épouvante / fantastique allem

Message par hellrick »

Merci

Je signale aussi l'existence d'un fanzine téléchargeable sur le krimi, dispo à partir de Medusa: http://medusafanzine.blogspot.be/2014/0 ... llace.html :wink:
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Re: Le Krimi (policer teinté d'épouvante / fantastique allem

Message par Commissaire Juve »

Un petit mot pour que tu ne te sentes pas trop seul. Ne te décourage pas, Hellrick, il y a des gens qui te lisent ! 8)
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Message par Addis-Abeba »

Music Man a écrit :et hop, un peu de recyclage...
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L’ETRANGE COMTESSE (die seltsame grafin) de Josef VON BAKY -1961
Avec Joachim FUCHSBERGER, Lil DAGOVER, Marianne HOPPE, Klaus KINSKI

Une jeune dactylo est constamment harcelée au téléphone par un fou qui veut la tuer : elle est heureusement protégée par un agent de Scotland Yard enquêtant sur une affaire de vols de bijoux et sur une comtesse très étrange…

Les romans policiers d’Edgar Wallace ont connu un succès incroyable en Allemagne dans les années 60. il s’agit d’enquêtes policières rocambolesques sous le ciel nuageux de Londres avec une distribution entièrement allemande ;
En dépit d’une intrigue mystérieuse tirée par les cheveux, je n’ai pas trouvé la réalisation ni le rythme haletant, alors que le film comportait tous les éléments d’un thriller : tueur déséquilibré incarné par l’inquiétant Klaus Kinski, valet effrayant aux allures du monstre de Frankenstein, tentatives d’assassinat en série (voiture qui explose, balcon qui s’écroule) et pour finir un sordide asile psychiatrique ; le film reste néanmoins un divertissement agréable à regarder au 3ème degré pour la composition des acteurs campant des personnages bien typés dignes d’une BD ; les cinéphiles reconnaîtront la star du muet Lil Dagover et la grande dame de l’ère nazie Marianne Hoppe.
Pas grand chose à rajouter, bel ennui pour ma part aussi.J'ai énormément de retard sur les Krimi, mais c'est pas celui-là qui me marquera.
Grosse déception, y'a vraiment rien qui fonctionne, et pourtant oui tout les ingrédients sont là.
Le scénar est brouillon, la réalisation terne, juste le personnage de Klaus Kinski, qui au final n'est pas bien utilisé, à l'image du film: beaucoup de promesses pour pas grand chose...
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