FLOWER AND SNAKE (VICES ET SUPPLICES ou FLEUR SECRETE)
Bien mieux que le remake amha
La solution, pour attirer le public dans les salles, résidait dans l’obtention d’une véritable star en la personne de Naomi Tani, laquelle avait déjà une riche carrière dans le cinéma d’exploitation sado-maso. Réticente à intégrer la Nikkatsu, Naomi Tani finit par accepter à la condition que son premier film pour le studio soit une adaptation du roman « Flower and Snake ». Après avoir convaincu l’écrivain Oniroku Dan, le long-métrage est mis en chantier sous la direction de Masaru Konuma, lequel effectue de nombreux changements dans le récit original. Malgré les désaccords entre le romancier et le cinéaste, FLOWER AND SNAKE devient un grand succès et relance véritablement la Nikkatsu qui enchaine immédiatement avec un décalque / séquelle, UNE FEMME A SACRIFIER. Par la suite, FLOWER AND SNAKE connut trois suites (durant les années ’80) et un remake en 2004 sous le même titre, lui-même suivit de deux nouveaux épisodes en 2005 et 2010.
L’intrigue, elle, reste typique du pinku nippon à tendance sado-maso. Enfant, Makoto Katagiri a assassiné un client violent qui frappait sa mère, une prostituée. Des années plus tard, le jeune homme, traumatisé, vit toujours en compagnie de sa génitrice, une dominatrice qui photographie des scènes de bondage pour arrondir ses fins de mois. Impuissant, Katagiri ne peut obtenir du plaisir qu’en se masturbant sur des photos sadomaso, ce que découvre son patron, Senzo Toyoma. Le vieil homme décide d’exploiter ce vice et charge Katagiri de kidnapper sa jeune épouse, la trop prude Shizuko, qui refuse à céder à ses fantaisies érotiques et préfère les étreintes féminines. Le riche homme d’affaires ordonne à son employé d’enlever Shizuko et de la soumettre aux pires humiliations afin d’en faire une parfaite salope et une épouse dévouée. Un long dressage débute pour la pauvre demoiselle…qui finit par tomber amoureuse de son ravisseur.
Sans surprise, FLOWER AND SNAKE reprend le schéma habituel des films S/M basé sur l’initiation – ou le dressage – d’une demoiselle trop timide sexuellement qui, après bien des sévices, accepte avec joie de se plier aux désirs sadiques des hommes. Dans la tradition nippone, l’érotisme ne se comprend que dans des rapports de domination et de soumission teintés de viols, de tortures et de scatologie. Les lavements imposés, les coups et les corps soumis à de sévères séances de bondages tiennent donc lieu de stimulants sexuels.
La première scène osée nous montre ainsi la jeune héroïne, dénudée et ligotée, aux mains de son ravisseur et de sa mère. Cette dernière, sadique, lui injecte à l’aide d’une seringue de belle taille une grande quantité de liquide dans l’anus. La prisonnière se tortille sous ce lavement forcé puis, incapable de se retenir, demande d’aller aux toilettes mais son tortionnaire refuse cette demande. La jeune femme relâche finalement le contenu de ses intestins dans un sac en plastique. Excité par ce spectacle dégradant, son ravisseur, jusque-là impuissant, retrouve vigueur et la viole.
La suite de FLOWER AND SNAKE égrène les habituels composants de l’érotisme nippon, lesquels incluent du bondage, des corps féminins suspendus ou supplicié dans des positions très inconfortables, des flagellations, des humiliations diverses et des intromissions d’objets dans l’intimité malmenée de la demoiselle capturée. Au final, bien sûr, cette dernière y prend goût, en redemande et devient une parfaite salope, toujours disponible mais soumise aux désirs de l’Homme. La Femme, en effet, est toujours décrite comme un simple objet de plaisir uniquement destinée à être violentée et rabaissée. Cette conception éminemment machiste de l’érotisme s’oppose résolument à la plupart des classiques occidentaux du genre où, souvent, le scénario suit les pérégrinations d’une héroïne libérée couchant avec de nombreux hommes. FLOWER AND SNAKE se situe par conséquent à l’opposé des EMMANUELLE et autre DEBBIE DOES DALLAS qui triomphaient à la même époque en France ou aux Etats-Unis.
Toutefois, la crudité des situations n’exclut pas une mise en scène travaillée qui, en dépit des contraintes imposées et des passages chauds placés à intervalles réguliers, se montre inventive et intéressante. Malgré leur aspect d’exploitation pure, les pinku possèdent souvent un soin bien supérieur aux mornes productions érotiques confectionnées à la chaine par les artisans besogneux de la pornographie. Peut-être parce que le « film rose » n’est pas considéré comme un genre mineur au Japon mais bien un moyen comme un autre d’expérimenter au travers de sujets autorisant, il est vrai, peu de variations. L’humour, lui aussi, occupe une large place au sein de FLOWER AND SNAKE ce qui lui confère un ton très particuliers, non dénué d’un romantisme pervers surprenant dans un contexte aussi graveleux. Etrange mais, au final, intéressant, ce mélange de genre (érotisme, romance, comédie et même une pointe de critique sociale) aboutit à un film jamais ennuyeux et fort plaisant à suivre.
A la fois plus allusif (aucune nudité intégrale) et plus cru que ses homologues européens de la même époque, FLOWER AND SNAKE constitue une plongée fascinante dans l’imaginaire fantasmatique nippon. Sa courte durée, typique du Pinku (souvent exploités en triple programme) le rend en outre très digeste et recommandable pour les amateurs de divertissements pervers.
FLOWER AND SNAKE 2 : SKETCH OF HELL
Parti en voyage d’affaires, un homme laisse son épouse seule à la maison. Sa belle-fille profite de l’aubaine pour tenter d’arnaquer Madame et lui extorquer une forte somme d’argent. Pour ce faire, elle organise son propre enlèvement et espère partager sa rançon avec ses ravisseuses.
Malheureusement, la demoiselle est doublée par ses complices et se voit réellement séquestrée. Des Yakuza, renseignés par le chauffeur de Madame, amoureux d’elle, interviennent et les délivrent. Mais les deux femmes ne sont pas au bout de leurs peines puisqu’elles vont être humiliées, battues, torturées et violées de diverses manières durant toute une nuit.
Né en 1930, le Japonais Shougorou Nishimura débute à la Nikkatsu en 1954 et y accomplit différentes tâches avant d’être promu réalisateur en 1963. Quelques années plus tard, le studio décide d’embrasser complètement le « roman porno » et le cinéaste, à l’aise dans ce genre alors en vogue, livre plus de 80 films érotiques en une quinzaine d’années. En fin de carrière, il dirige les 3 séquelles à FLOWER AND SNAKE produites au milieu des années ’80. Rôdé aux outrances du pinku sadomaso, Shougorou Nishimura égrène donc, sur environ 70 minutes, tous les clichés attendus du genre. Une jeune femme délaissée tombe ainsi, en compagnie de sa belle-fille, dans les griffes d’une bande de sadiques et la majeure partie du long-métrage, au budget sans doute aussi serré que les cordes emprisonnant les demoiselles, se déroule, dès lors, en huis-clos. La valse des tortures peut commencer…
Linéaire et très classique dans sa progression, FLOWER AND SNAKE 2 reprend l’argument habituel du pinku, à savoir des jeunes femmes humiliées et violées qui finissent, bien sûr, par apprécier ce traitement, y prennent goût et en redemandent après être devenues de parfaites salopes soumises aux mâles tout puissants. Le film va donc assez loin dans le malsain et transforme rapidement ses protagonistes féminines en objet de plaisir qui se tordent de souffrance pour amuser une poignée de tortionnaires imaginatifs.
Comme dans la plupart des « roman porno », FLOWER AND SNAKE 2 joue la carte de la scatologie avec l’inévitable scène de lavement (ou « enema »). Ici, pour corser la situation, la belle-mère voit son anus remplit par deux seringue d’eau tandis que sa belle-fille, elle, se tord pour aller uriner…qui va perdre ce « concours » ? Au final, bien évidemment, les deux se soulagent en public, la plus jeune étant même forcée de goûter à l’urine imprégnant sa culotte trempée.
La suite poursuit dans la même atmosphère de dégradation féminine avec divers viols, coups, etc. La routine du pinku. L’aspect bondage, évidemment très développé, comprend les habituelles suspensions inconfortables et autres cordages qui s’incrustent dans la peau délicate des poitrines dénudées. Etrangement, l’ensemble garde une véritable esthétique et ne sombre jamais dans le répugnant, le cinéaste dosant habilement le suggestif et l’explicite en conférant au produit un réel style, bien au-dessus de la plupart des films occidentaux similaires.
Heureusement, quelques passages délaissent le côté malsain pour jouer plus franchement la carte du sexy. Les deux « héroïnes » se voient par exemple obligées de participer à des jeux coquins et Madame, recouverte de cire brulante tombant d’une bougie, est violée par sa belle-fille équipée d’un gode ceinture. Sans hésiter le meilleur passage du long-métrage.
Dans la tradition du genre, tout finira très mal avec une explosion de violence abrupte et surprenante ponctuée de coups de couteau saignants. Un petit carnage façon polar seventies. Mais, après tout, nous sommes dans le monde impitoyable des Yakuza.
Très classique FLOWER AND SNAKE 2 constitue une intéressante plongée dans le monde dépravé du pinku sadomaso. Les amateurs de cinéma érotique occidental seront évidemment choqués de cette glorification machiste de la souffrance féminine (tous les rapports sexuels sont basés sur la brutalité et la domination) mais les curieux ne seront pas déçus de ce petit film. L’ensemble se révèle en outre esthétiquement soigné et filmé avec un certain talent, ne serait-ce que pour ruser avec la censure et éviter de révéler la moindre foufoune. Un sacré défi étant donné les positions des jeunes femmes qui passent les neuf dixième du film dans le plus simple appareil.
La courte durée de ce FLOWER AND SNAKE 2 évite d’ailleurs de s’ennuyer et permet d’oublier son aspect très linéaire et prévisible pour goûter à ses charmes pervers. A réserver toutefois aux curieux ou aux amateurs de bizarreries nippones.