Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par Music Man »

Image
LA BATAILLE DE NERETVA (Bitka na Neretvi) de Veljko BULAJIC – 1969
Avec Yul BRYNNER, Hardy KRUGER, Franco NERO, Sylva KOSCINA, Orson WELLES, Cürd JURGENS, Milena DRAVIC

Avis de Art Core
Qu'il est agréable pour un passionné de cinéma de tomber par hasard sur un film inconnu et de découvrir une merveille. C'est ce qui m'est arrivé avec ce film. Tombé dessus alors qu'il venait de commencer a la télévision espagnole vers trois heures du matin je suis resté scotché devant ce film absolument incroyable.
Film de guerre Yougoslavo-americano-italo-alemano- russe réunissant un casting international comprenant Orson Welles, Yul Brynner, Franco Nero, Curd Jürgens, le film relate la bataille qu'a livrée l'armée yougoslave face à l'envahisseur Nazi, notamment autour d'un pont (sur la rivière Neretva) hautement stratégique.
Un film de guerre à priori assez classique et effectivement on est dans un cinéma de très grand spectacle mais en même temps d'une grande conscience politique et humaine comme les russes savent si bien le faire. Et ce qui frappe d'emblée dans ce film c'est son ampleur. Le film a presque 40 ans et je peux affirmer sans aucun doute qu'il est le film de guerre le plus impressionnant qu'il m'ait été donné de voir. Il m'a laissé la mâchoire chancelante. Je n'avais jamais vu des plans aussi larges (une vallée entière) où on a d'un côté plusieurs milliers de personnes marchant en file, s'exilant de leur village, de l'autre côté plusieurs milliers de militaires déployés, des avions qui passent très bas et des explosions gigantesques survenant sur une profondeur absolument incroyable. Comme si le film était parvenu a synthétiser toute la guerre en un plan uniquement. Vraiment très fort. Et s'il est vrai que c'est une course au spectaculaire un peu vaine cela prend sens quand on le voit parce que le sentiment d'horreur et de terreur pure qu'évoque la guerre a pleinement la place de s'épanouir. Rarement la guerre aura été si palpable. Et puis le film contient des moments très beaux, très dignes, une fois de plus assez symptomatique du cinéma russe, comme ce soldat blessé, au bord de la mort qui se met à danser quand il entend la musique traditionnelle d'un village. Comme l'ultime énergie du désespoir.
Image
Enfin bref je ne sais trop quoi en dire si ce n'est que ce fut une sacré découverte même si ce n'est pas un chef-d’œuvre (on suit plusieurs personnages en parallèle et ils ont finalement un peu de mal a tous exister) et le montage m'a paru un peu aléatoire notamment lors des scènes de combat. Cependant je vois sur IMDB qu'il a plusieurs versions et j'ignore laquelle j'ai vue.
Je ne comprends pas pourquoi un tel film est aussi oublié aujourd'hui. Peut-être est-ce le sujet ? On juge sans doute que le spectateur n'est pas forcément intéressé par le sort des soldats yougoslaves. C'est vraiment très dommage tellement j'ai eu l'impression de découvrir un grand film, ample, universel, qui parle à tous.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par Music Man »

Image
DANS LA TEMPETE (U Oluji) de Vatroslov MIMICA -1952
Avec Veljko BULAJIK, Mia OREMOVIC, Antun NALIS

Une jeune veuve désespérée tente de suicide en se jetant d’un navire, en pleine tempête. Sauvé de justesse elle se remémore les drames qui l’ont conduite à ce geste, et notamment son histoire d’amour avec le frère de son mari, qui lui a valu d’être rejetée par tout son village.

Dans la tempête est la première réalisation de Vatroslov Mimica, un des plus grands cinéastes de l’ex Yougoslavie (connu également pour ses dessins animés).
Le réalisateur a avoué qu’il ne disposait d’aucune connaissance technique, hormis sa passion pour des créateurs comme William Wyler ou les mélodrames mexicains et évidemment les grands auteurs du néo-réalisme italien.
Eh, bien à visionner le film, on a du mal à le croire, tant le réalisateur manie sa caméra avec dextérité et inventivité pour pénétrer l’âme de ses personnages. Il relate une histoire fort triste, amère et désespérée : le ciel est presque constamment sombre et les éléments naturels (la mer démontée, le triste village de cet île dalmate) forment la sombre toile de fond de la vie malheureuse de cette pauvre villageoise. A peine sa vie semble enfin s’éclairer quand son beau-frère tombe amoureux d’elle, qu’elle est violemment rejetée par village ; le révérend profite de ses sermons pour la salir publiquement, la postière malfaisante l’insulte en pleine rue. Le village semble étouffé par la religion oppressive, les normes sociales. Evidemment, le film comporte aussi quelques faiblesses, notamment dans son récit : on a du mal à comprendre pourquoi Drago accueille chez lui son ancien comparse en fuite, alors que ce dernier avait presque failli le tuer. Mais qu’importe les incohérences et quelques incompréhensions, le film porte la trace d’un talent réel.
Image
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par riqueuniee »

Toujours de Vatroslav Mimica, Prométhée de l'île de Visevica (Prometej s otoka Visevice) (1964). Un homme de retour sur son île natale (une petite île de la côte dalmate) pour une commémoration, se rappelle sa vie sur celle-ci, dont les circonstances qui l'ont amené à quitter l'île (et à faire carrière à Zagreb). On a donc des allers-retours passé-présent (remarquablement négociés). Si on a quelques séquences sur l'enfance et le passage chez les partisans , l'essentiel de l'histoire se situe dans l'immédiate après-guerre, et montre les difficultés qu'il a eues pour tenter de moderniser l'île (notamment pour y amener l'électricité).
Non seulement c'est très bien construit (scénaristiquement parlant), mais en plus le film n'en rajoute pas dans les péripéties dramatiques : pas de secrets qui reviennent à la surface, de fin (mélo)dramatique, etc.... Excellente interprétation , et photo magnifique, parfois très travaillée dans les séquences de retour dans le passé.
Très belle découverte, et film du mois de décembre en ce qui me concerne. (film vu, ainsi que quelques autres, lors de la rétrospective "regard sur le cinéma croate" à la Cinémathèque)
NB J'ai entendu parler de cette Bataille de la Neretva, lors d'un voyage en ex-Yougoslavie (au moment du passage dans le coin) par la guide, qui nous a d'ailleurs conseillé le film...
Dernière modification par riqueuniee le 9 janv. 13, 14:28, modifié 3 fois.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par Music Man »

riqueuniee a écrit :Toujours de Vatroslav Mimica, Prométhée de l'île de Visevica (1964). ..
Très belle découverte, et film du mois de décembre en ce qui me concerne. (film vu, ainsi que quelques autres, lors de la rétrospective "regard sur le cinéma croate" à la Cinémathèque)
Tu donnes envie de le voir! Je vais essayer de le visionner :wink: merci
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par riqueuniee »

Et j'aimerais bien découvrir cet autre film de Mimica. Tous les films (y compris les courts-métrages d'animation) que j'ai visionnés lors de cette rétrospective étaient intéressants. J'ignorais tout du cinéma croate, ça a été une très belle découverte.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par Music Man »

riqueuniee a écrit :Et j'aimerais bien découvrir cet autre film de Mimica.
Je te passerai Dans la tempête :wink:
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par riqueuniee »

Merci :wink:
Suite des visionnages.
Les menottes (Lisice) (Krsto Papic, 1969) Le film se situe à la fin des années 40, au moment où on arrêtait les "staliniens". Toute l'histoire se déroule en quelques heures, dans un village isolé (le lieu de tournage est cité au générique de début, je n'ai pas retenu le nom, c'est sans doute dans l'arrière-pays de la côte dalmate), dans un paysage aride, pendant une noce. Malgré l'arrière-plan historique (d'ailleurs bien traité), le film tient , surtout dans sa deuxième partie, de la tragédie villageoise . Il y a très peu de musique, sauf quelques chants traditionnels (? le film a été tourné avec la participation des habitants du coin , certains étant cités comme interprètes) et la bande son fait un très bel usage du bruit des pas de danseurs (ceux-ci dansant sans musique ni chants), ce qui donne une ambiance assez particulière au film.
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par riqueuniee »

Film vu le même soir que le film précédent
Mon fils, ne te retourne pas (ne okreci se sine) (Branko Bauer, 1956) Un homme (évadé d'un train de prisonniers) et son fils (qui avait été placé dans un pensionnat oustachi) tentent d'échapper aux Allemands et aux Oustachis. Si le film contient une part de (mélo)drame, notamment en ce qui concerne les rapports père-fils, c'est avant tout un thriller qui m'a fait penser , par son thème, son esthétique et la conduite du récit, aux thrillers "anti-nazis" des années 40 (type Septième croix, The man I married et même None Shall Escape) . Le scenario serait, paraît-il, un peu inspiré par celui de Huit heures de sursis de Carol Reed, mais c'est une influence que j'ai moins sentie.
Film présenté dans une copie anglo-saxonne (VOSTA, sous le titre Don't look back my son).
Dernière modification par riqueuniee le 11 janv. 13, 11:01, modifié 2 fois.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par Music Man »

Image
L’AMOUR ET LA MODE (LJUBAV I MODA) de Ljubomir RADICEVIC –1960
Avec Beba LONCAR , Dusan BULAJIC, Djuza STOJILKOVIC, Ivo ROBIC, Lola NOVAKOVIK, Gaby NOVAK

Une maison de haute couture victime d’une rude concurrence est obligée de précipiter son défilé de mode semestriel pour griller son principal adversaire. Un groupe d’étudiants accepte de participer à l’organisation du défilé précipité pour financer une revue aérienne.

Comédie fort populaire en Yougoslavie (souvent rediffusée sur les télévisions serbes et croates), Ljubav i Moda possède un délicieux charme rétro : jolies filles en vespa, en robe Vichy avec un petit fichu, chansonnettes légères, entraînantes et agréables (des compositions de Darko Kraljic de l’ère précédant immédiatement la déferlante yéyé), flirts d’étudiants, du divertissement …ce qui explique sûrement le succès du film. C’est aussi léger que le planeur qu’empruntent la ravissante Beba Loncar et ses amis pour survoler les environs de Belgrade. En fait, c’est particulièrement creux aussi, il faut bien l'avouer. Coté chansons, le numéro "Devojko mala" par Djuza Stojilkovic, un talentueux crooner, fut même un succès en URSS. En guest star, pendant le très long défilé de mode, figurent d’autres chanteurs connus en leur temps comme Ivo Robic, qui fit une belle carrière en Allemagne et plaça même son hit Morgen dans les charts américains. Ici, il enchaîne 3 chansons dont Muli Song en anglais (il l’a gravée en français à la même époque).
La jolie blonde Beba Loncar devint du jour au lendemain une vedette dans son pays, connue même à l’étranger (elle jouait l’auto-stoppeuse naturiste dans le Corniaud de Gérard Oury, avec Richard Widmark dans les drakkars pour finir dans les films osés de Paillardy ).Image
Dernière modification par Music Man le 10 janv. 13, 13:10, modifié 3 fois.
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par riqueuniee »

A propos des Drakkars, le film (coproduit par les Yougoslaves) fut tourné donc en Yougoslavie . Les scènes censées se passer dans les fjords norvégiens ont été tournées au Montenegro. Les personnages se lancent à la recherche d'un trésor légendaire (une cloche en or massif), et l'accessoire (un machin en bois doré) qui tenait le "rôle" de cette cloche est exposé (du moins il l'était il y a une dizaine d'années) près du lieu de tournage.
Sinon, ça a l'air en effet bien charmant, cette comédie.
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par riqueuniee »

Autres films visionnés lors du cycle "regard sur le cinéma croate"
La fille et le chêne (djavoka i rast ) (Kreso Golik, 1955) Le film se situe dans un cadre comparable à celui des Menottes, dont il a été question plus haut, mais sans arrière-plan "historique" (le film n'est pas daté précisément, on peut penser qu'il se déroule dans les années 20 ou 30). Et c'est aussi une tragédie villageoise . Très belles images (peut-être inspirées par celles des mélos mexicains), mais le scenario est moins abouti, et l'interprétation plus inégale que dans Les menottes.
L'occupation en 26 images (okupacija u 26 slicka) (Lordan Zafranovic, 1978) Un récit des premiers mois de l'occupation (plus italienne qu'allemande, on est à Dubrovnik) à travers l'histoire de 3 amis aux origines et destinées différentes. Assez classique dans sa forme , le film se distingue surtout par son cadre (beaucoup d'extérieurs tournés dans les rues de Dubrovnik) , un arrière-plan historique (l'histoire de Dubrovnik et la présence italienne dans la région , un des trois personnages principaux est d'ailleurs d'ascendance italienne), pas forcément bien connu en France, et par une scène (des gens arrêtés qui se font massacrer dans le car -ou camion- censé les amener sur le lieu de leur détention) qui tranche par sa brutalité sur le reste du film ( de tels trucs se sont certainement passés).
On n'aime qu'une seule fois (samo jednom se ljubi) (Rajko Grlic, 1981) Une histoire d'amour qui finira mal, avec comme toile de fond la Yougoslavie de l'immédiate après-guerre (le film n'est pas situé précisément, mais on peut penser qu'il s'agit d'une petite ville quelque part dans le nord-ouest du pays, pas très loin de Zagreb). Avec dans le rôle principal, Miki Manojlovic (très bien) . A noter qu'un film de Grlic (toujours avec Manojlovic, d'ailleurs) est sorti en France en 2011, Juste entre nous.
La patrie perdue (izgubljeni zavicaj) (Ante Babaja, 1980) Un homme de retour dans son île natale se rappelle quelques moments de son enfance et de sa jeunesse (en gros, des années 30 à l'immédiate après-guerre). Malgré ce point de départ comparable, le film n'a rien à voir avec celui de Mimica dont il a été question plus haut. Il se présente juste comme une chronique de quelques moments du passé du personnage principal. Avec une chute un peu bizarre. A noter que le film se déroule dans une région marquée par la présence italienne (certains personnages vivant à Trieste et possédant des terres dans le coin).
Une vie accidentelle (slucjani zivot) (Ante Peterlic, 1969) Une chronique aux accents très "nouvelle vague" de quelques moments de la vie de deux trentenaires zagrébois. La seule comédie parmi les films que j'ai vus. Film un peu décousu, mais au ton très plaisant (et très court, moins de 70 minutes) . Avec une scène assez marrante de happening dans un théâtre (ça se finit avec des plumes qui volent partout, ce qui fait dire à un personnage " c'est comme dans les tziganes heureux!") et une conclusion en forme de pirouette.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par Music Man »

Image
MASKARADA de Bostjan HLADNIK - 1971
Avec Vida JERMAN, Igor GALO, Miha BALOH

Une femme mariée tombe amoureuse d’un jeune sportif. Afin de pouvoir profiter le plus longtemps possible de sa présence, elle l’engage comme précepteur pour son fils qui rencontre des difficultés scolaires. Le mari comprend très vite le jeu des amants qui ne sont pas vraiment discrets…

Bostjan HLADNIK était un réalisateur slovène, qui après avoir fait ses classes en France en tant qu’apprenti dans l’ombre de Chabrol, de Broca ou de Robert Siodmak, a acquis une certaine réputation dans les années 60 en réalisant une série de films inspirés par la nouvelle vague française et le surréalisme (la danse sous la pluie en 1961). Si sa version d’Erotikon en 1963, tournée en Allemagne de l’ouest fera scandale, Maskarada, encore plus osé, sera censuré et interdit sur les écrans de l’ex Yougoslavie pendant 12 ans. Le public n’y a pas perdu grand-chose. Cette histoire assez malsaine d’amour passionné entre une femme mure et possessive et un jeune étudiant (qu’elle fait chanter pour pouvoir le garder près d’elle le plus possible) tourne autour de quelques personnages perturbés comme le mari trompé et violent, le petit garçon amoureux de l’amant de sa mère, des hippies désœuvrés qui viennent festoyer et danser nus, le corps bariolé de peinture et maquillés dans une scène d’orgie assez ridicule. Une bande sonore comprenant des sortes de copie slovène de Gainsbourg et Birkin ou de Michel Legrand achève de donner un côté cheap à un film qui se voulait sans doute hyper moderne, provocant et d’avant-garde et qui semble 40 ans après très daté, avec ses images de conquête spatiale (le rêve ultime du début des années 70) et de flower power. Si le cinéaste possède un bon coup de caméra et que certains éléments choquants peuvent encore mettre mal à l’aise, l’ensemble ne m’a pas convaincu.
Les trois acteurs principaux étaient tous connus en ex Yougouslavie et prenaient un risque en jouant dans un film si osé aux scènes parfois avilissantes (le viol de Dina par son mari) : Vida Jerman fut en son temps comparée à Sophia Loren et joua même dans des films à l’étranger (le choix de Sophie) tout comme Miha Baloh qui tenait un rôle dans la Danse sous la pluie.
Image
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par Music Man »

Image

QUI CHANTE LA BAS ? (Ko to tamo peva) de Slobodan SIJAN -1980
Avec Pavle VUJOCIC, Dragan NIKOLIC, Danilo STOJKOVIC, Aleksandar BERCEK

A la veille de l'invasion de la Yougoslavie, le 5 avril 1941, le voyage d'un autobus bringuebalant et de ses passagers dans la campagne. Le microcosme d'une population desabusee dans un pays au bord du desastre.

Ce road movie comique est probablement l’un des films les plus aimés et les plus connus dans les Balkans. Intelligemment, Solobodan Sijan situe l’action juste avant l’invasion de la Yougoslavie par les troupes à l’allemande en 1941, mais le sentiment de débâcle et de perdition a été directement ressenti par les spectateurs serbes et croates comme un reflet du climat précédant l’explosion de l’ex Yougoslavie. Dans cet autobus pourri et crasseux aux pneus crevés (qui transporte même des porcs à l’arrière), on retrouve plusieurs personnages typés et individualistes qui ont fort peu de choses en commun : un chauffeur roublard et son fils benêt, un jeune couple qui vient de se sauver de chez leurs parents, un chanteur qui veut faire carrière à Belgrade, un tuberculeux. Ensemble, ils partent pour Belgrade. La route étant barrée par l’armée en raison du danger, les voyageurs n’hésitent pas à passer par les champs, où leur périple est ralenti par les évènements les plus improbables. Tout le monde semble faire fi des réalités en tentant de poursuivre ce voyage aussi pittoresque qu’impossible. Avec un sens de l’humour noir très acéré, et un goût du burlesque des plus sûrs, on suit cette épopée hilarante, dont les actes sont ponctués des chants mélodieux de 2 gitans s’accompagnant à la guimbarde. Une traversée de la Yougoslavie à la fois franchement hilarante et dramatique, comme un voyage dans l’absurde.
Parmi les (nombreux) passages irrésistibles, je retiendrai celui du très vieux paysan qui laboure au milieu de la route, et envoie ses fils menacer les voyageurs.
Un film que j’avais failli découvrir à sa sortie (ma prof de latin voulait nous y emmener*) et que je découvre donc 33 ans plus tard : elle avait bon goût, Mme Tamiatto !
Très vivement recommandé.

* Dans un cinéma d’art et d’essai qui diffusait tantôt des films « d’art et d’essai » d’ailleurs tantôt des vieux films hollywoodiens. J’ai l’impression qu’une majorité des classikiens ne s’intéressent plus qu’à la seconde catégorie !
Image
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par riqueuniee »

Un film très réputé, en effet, et dont j'ai justement entendu parler à cause du fait qu'il reflète, bien qu'il se situe en 1941, les tensions qui ont précédé la dislocation de la Yougoslavie. (tensions déjà à l'oeuvre, certainement, au moment de la réalisation du film). Encore un film que j'aimerais beaucoup découvrir.
Dernière modification par riqueuniee le 20 févr. 13, 21:26, modifié 1 fois.
Music Man
Assistant opérateur
Messages : 2297
Inscription : 16 févr. 06, 21:23

Re: Le cinéma de l'ex Yougoslavie

Message par Music Man »

riqueuniee a écrit :Encore un film que j'aimerais beaucoup découvrir.
Je te le passerai. Tu ne seras pas déçue. C'est vraiment très bon.
Répondre