Notez les films naphtas novembre 2012

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Frances
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Re: Notez les films naphtas novembre 2012

Message par Frances »

Au risque de poser une question idiote :oops: , c'est ici qu'on parle des films qu'on a vus ou découverts durant le mois en cours, ou seulement des sorties dvd du mois en cours ?
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monk
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Re: Notez les films naphtas novembre 2012

Message par monk »

Frances a écrit :Au risque de poser une question idiote :oops: , c'est ici qu'on parle des films qu'on a vus ou découverts durant le mois en cours, ou seulement des sorties dvd du mois en cours ?
C'est pour les films vus (d'une manière générale) dans le mois en cours.
Mais tu peux aussi poster dans les topics dédiés au film, quand il y en a :wink:
daniel gregg
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Re: Notez les films naphtas novembre 2012

Message par daniel gregg »

Frances a écrit :Au risque de poser une question idiote :oops: , c'est ici qu'on parle des films qu'on a vus ou découverts durant le mois en cours, ou seulement des sorties dvd du mois en cours ?
Oui tous les films naphtas (jusqu'à 1980), quelle que soit la façon de les découvrir. :wink:
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Frances
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Re: Notez les films naphtas novembre 2012

Message par Frances »

Ah merci Monk et Daniel. :D
Ce matin j'ai posté dans votre film du mois de novembre à propos de "The swimmer" et de "Angel street". Je vais le supprimer et je reviendrai en parler ici.
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semmelweis
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Re: Notez les films naphtas novembre 2012

Message par semmelweis »

The Killers

Après une semaine difficile au travail, je me suis lancé dans un film noir tant vanté dans le livre de Brion. Je remercie d'ailleurs Brion pour son superbe travail sur le genre. Au bout du compte, le film m'a soufflé dès son introduction. Celle-ci est d'une incroyable modernité, une espèce de synthèse du film noir. Siodmak instille une tension palpable nous rappelant les dialogues des affranchis de Scorsese. Le film m'a beaucoup marqué dans le sens que je me suis rendu compte à quel point il avait du influencé d'autres cinéastes. Le plan séquence lors du braquage nous rappelle l'ultime Razzia de Kubrick. Le début du film porte des dialogues qui peuvent rappeler Pulp Fiction. Les tueurs est l'archétype du film noir avec toutes les figures et les ingrédients qui font le genre. Eva Gardner joue une femme fatale se mentant à elle-même. Elle est une figure qui traverse le film à la fois fantomatique et la cause de tout. Lancaster impressionne par son charisme, son regard naif et enfantin dans un corps gigantesque. Il promène son regard désenchanté. La construction en flash back apporte un aspect tortueux au récit. D'ailleurs, on peut regretter l'aspect sans doute un peu froid du film où il est difficile d'être touché par l'histoire en particulier à travers le personnage de détective de l'assurance. En somme un film majeur dans le genre qui contient toutes les bases de ce genre prédominant dans les années 40 et qui montre avant tout le niveau exceptionnel du cinéma américain de cette époque.
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Re: Notez les films naphtas novembre 2012

Message par riqueuniee »

Toutes les bases, peut-être pas. Le film date de 1946, alors qu'on avait déjà eu droit à pas mal de fleurons du genre. Pour le reste, je suis d'accord : film remarquable, à tous points de vue.
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Frances
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Re: Notez les films naphtas novembre 2012

Message par Frances »

« The swimmer » de Frank Perry (1968) avec Burt Lancaster Très surprise par ce film. Je ne m’attendais pas du tout à cela. Force est de constater que non seulement le scénario est d’une sacrée originalité mais cela vaut aussi pour le traitement de Frank Perry. A priori l’idée pouvait se révéler assez loufoque et périlleuse. Un homme décide de nager jusqu’à chez lui en suivant un axe imaginaire fait d’une succession de piscines. Mais alors qu’on pouvait anticiper un tour de force un peu artificiel on découvre un film d’une grande profondeur. La nature comme thème récurent d’un paradis perdu. Les visions entre souvenirs, rêves et réalité du personnage principal (B. Lancaster) qui ne manquent pas de faire perdre pied au spectateur. Son évolution physique et les témoins qui lui rappellent son passé au fur et à mesure de sa progression. A défaut d’être totalement conquise j’ai beaucoup apprécié l’originalité de cet ovni un peu oublié des années 70

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Re: Notez les films naphtas novembre 2012

Message par Frances »

« L’ange de la rue » de Franz Borzage avec Janet Gaynor et Charles Farrell. Décidément le cinéma muet mérite d’être découvert ou redécouvert. Ici Borzage fait état d’une maîtrise parfaite du langage cinématographique. Des plans séquences qui font écarquiller les yeux aux jeux d’ombre ancrés dans l’expressionniste allemand, des décors géométriques aux paysages oniriques tout est beau dans l’ange de la rue. Tout semble tellement maîtrisé, abouti dans sa forme et sa narration. Ici, on a le sentiment que rien n’est superflu, chaque objet trouvant sa place ou reflétant l’expression d’un symbole. Prenons la nourriture par exemple, le panier débordant de victuailles promesse d’un avenir radieux ou l’assiette de coquillages vides que les marins pêcheurs déposent aux pieds d’Angela, reflet de sa propre vacuité en l’absence de Gino. J’ai adoré Naples ses ruelles ses bicoques et son port si mystérieux dans la brume. Le petit cirque et ses numéros à trois sous, l’univers carcéral oppressant et sans âme. La relation amoureuse entre Gino et Angela, le point central du film souffre un peu d’une variation sur le même thème mais la scène « de la dernière heure » est en tout point bouleversante. Bref, une très belle découverte.

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Kevin95
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Re: Notez les films naphtas novembre 2012

Message par Kevin95 »

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Ce cher Victor (Robin Davis, 1975) Découverte

Curiosité comme seul le cinéma français des 70's peut en réserver, Ce cher Victor sous ses aspects de comédie populaire cache en réalité un film d'une noirceur et d'un pessimisme certain.
Pour se donner un ordre d'idée, le premier film du futur réalisateur de La Guerre des polices (et ancien assistant de Georges Lautner dont le cinéma ludique est à l'opposé de Ce cher Victor) peut se définir comme une comédie avec les vieux du Muppet Show réalisée par Georges Simenon (tout un programme !). Visiblement influencé par la méchanceté des comédies italiennes, Robin Davis prends à malin plaisir à peindre la vie glauque et cruelle de deux retraités aussi haineux l'un envers l'autre que pitoyables. Impossible ne pas ressentir un certain malaise voir par moment une réelle tristesse tant les deux personnages ont leurs lot de scènes humiliantes. Davis évite de justesse le film froid et cynique grâce d'une part à un duo de comédiens exceptionnel (et je pèse mes mots) Jacques Dufilho et Bernard Blier et de l'autre à un attachement sincère (bien que tardif) à ses personnages (quand bien même il ne les gâte pas tout le long du film).
Bizarre mais pas mauvais, Ce cher Victor se regarde avec intérêt pour qui ne ressent pas une empathie extrême avec les personnages de cinéma (car le film est bien noir).

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La Baie des anges (Jacques Demy, 1963) Revision

Lola avait ses beaux moments, mais j'ai vraiment la sensation que c'est avec ce film-ci que le talent de Demy prend de l'ampleur.
La Baie des anges est un film sur la dépendance, dépendance d'une femme pour les jeux et dépendance d'un homme pour cette femme. Une histoire à priori simpliste mais qui permet au réalisateur d'être virevoltant et à sa mise en scène d'être aérienne. Une impression de liberté se dégage de l’œuvre à l'instar des meilleurs films de la Nouvelle Vague, quelque chose de palpable sans pour autant être définissable. On pourra toujours reprocher au film de ne pas approfondir son intrigue ou de laisser ses comédiens sans repères (Claude Mann y est par exemple très mauvais) mais c'est justement le prix à payer pour une telle légèreté.
Pas vraiment conte moral à la Bresson, La Baie des anges est une ode à l'amour sincère et sans flonflons amorçant avec panache les chefs d’œuvres à venir du metteur en scène.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Re: Notez les films naphtas novembre 2012

Message par Profondo Rosso »

Les Jeux de l'amour et de la guerre de Arthur Hiller (1964)

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Pendant la guerre, le lieutenant Madison et ses amis ont pour talent de trouver tout et n'importe quoi, et donc d'aimer la bonne vie, sans jamais avoir combattu. Débarqué à Londres, l'officier américain tombe amoureux d'une veuve anglaise et se retrouve par hasard charger d'une dangereuse mission.

The Americanization of Emily est une satire est une satire de guerre des plus réussie et en avance sur son temps en cette année 1964 où les Etats-Unis s'engagent dans la Guerre du Vietnam bientôt fort contestée. Son propos est annonciateur des MASH, Qu'as tu fais à la guerre papa ? ou De l'or pour les brave mais avec une irrévérence se mariant à merveille à la comédie romantique. Le script de Paddy Chayefsky va d'ailleurs dans ce sens antimilitariste par rapport au roman éponyme de William Bradford Huie qui mettait plus en avant le thème de ces femmes anglaise se donnant par nécessité au officier américain de passage, signification du Americanization du titre original. Ce changement ajoute donc littéralement ce questionnement autour de lâcheté pour donner ce ton satirique au film alors que le livre est bien plus sérieux.

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Le film nous présente un drôle d'officier américain de passage à Londres, le lieutenant Madison (James Garner remplaçant William Holden initialement prévu alors que lui devait jouer le personnage finalement joué par Coburn). La rigueur, le sens de l'organisation et de l'improvisation, il possède bien toutes ses qualités là mais pas exactement développées sur les champs de bataille. Il a trouvé la planque parfaite à l'abri des tirs en étant l'organisateur des déplacements de l'amiral William Jessup (Melvyn Douglas) pour lequel il pourvoit (ainsi qu'à d'autres gradés) bonne chair, alcool et jolies anglaise peu farouche en échange de quelques cadeaux. Avec son ami Bus (James Coburn) ils mènent ainsi la grande vie et n'ont aucun scrupule à soudoyer la communauté locale pour s'approprier des plaisirs dont le peuple anglais est privé depuis bien longtemps. Une attitude qui révolte Emily (Julie Andrews), la jolie veuve lui servant de chauffeur dans Londres et témoin de tous ses trafics. Contre toute attente, ces deux-là vont pourtant se trouver attiré l'un vers l'autre malgré tout ce qui les oppose.

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Le scénario tord brillamment les clichés attendus à travers quelques dialogues et situations bien senties. L'américain arrogant se croyant en terrain conquis où qu'il aille est plus fragile et sensible qu'il n'y parait (superbe échange où il éteint le déni de la mère d'Emily) et l'innocente anglaise bien plus sexuée qu'on le pense. C'est même leur défauts respectif qui les lient, Emily étant au départ ravie de tomber dans les bras d'un lâche puisqu'elle elle a perdu mari, frère et père dans le conflit. L'image de l'anglaise droite et vertueuse est autant renforcée que malmené quand on découvrira que Julie Andrews a pour habitude de coucher régulièrement avec des soldats américains de passage. Nuance pourtant, elle ne le fait pas contrairement à ses amies pour des avantages quelconques mais par pure compassion puisqu'il s'agit d'anciens blessés qu'elle a veillé et qui doivent retourner au front. De même la lâcheté de Madison répond effectivement à une pure couardise mais surtout à un mépris de l'image valeureuse de l'armée dont les vertus (courage, héroïsme, fraternité) alimentent au contraire la boucherie en incitant à s'engager et à perdre la vie pour des motifs dérisoires.

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Les faits vont bientôt lui donner raisons quand par pur but politique, l'amiral Jessup se met en tête de produire un film filmant les marines le jour du Débarquement afin de maintenir le financement de son corps car le gouvernement n'a plus d'yeux désormais que pour l'aviation. Un concours de circonstances amène notre héros à devoir produire et filmer sur place le fameux film et il va bien sur tout faire pour échapper à cette mission suicide. Le film évite toujours miraculeusement le cynisme grâce à ses ruptures de ton allant du grivois (le running gag de James Coburn surpris dans sa chambre avec une créature topless, les deux caméramans alcoolisés) au romantisme le plus prononcé à travers les scènes tendre entre une Julie Andrews diablement touchante et James Garner pathétique, attachant et finalement très humain dans ses peurs.

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Alors que l'on s'attend à un revirement faisant accéder Madison à une prise de conscience et un statut héroïque, le film se moque à nouveau de ce type de cliché en faisant évoluer le personnage rigolard et coureur de Coburn dans cette voie. Le fanatisme du drapeau et la folie qui en découle tourne à l'absurde génial quand les peurs de Madison s'avèrent nettement plus compréhensible. Cela sera l'occasion d'une impressionnante vision du Débarquement (mê si ce grand moment est moqué à nouveau avec ce montage alterné où un soldat vomi dans son casque sa cuite de la veille pendant le grand discours galvanisant avant l'assaut), entre stock-shots d'époque et vraies séquences filmées (dont un mouvement de grue vertigineux partant de Coburn et Garner dans leur bateau pour s'élever sur la flotte en pleine mer) où les élans guerriers attendus sont détournés par un Madison plus préoccupé de survivre que de se battre.

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La conclusion est d'une grande ironie puisque l'héroïsme est détourné et s'avère un mal nécessaire en tant qu'opium du peuple. Les personnalités s'inversent avec une belle tirade finale de Julie Andrews "fière" de la lâcheté de son homme qui lui se découvrent des principes en étant pris pour ce qu'il n'est pas. C'est l'individualité à travers cette lâcheté qui s'exprime, plus fort qu'un patriotisme rassembleur mais illusoire. Un propos risqué et exprimé de la plus belle des manières avec cette romance. Blake Edwards réunira d'ailleurs bien plus tard Julie Andrews et James Garner pour Victor, Victoria avec une égale réussite et irrévérence dans un autre genre. 5/6
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Frances
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Re: Notez les films naphtas novembre 2012

Message par Frances »

Merci pour cette analyse Profondo Rosso. Tu m'as donné envie de découvrir le film :wink:
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphtas novembre 2012

Message par Profondo Rosso »

Oui belle découverte et alors que je trouve James Garner un peu trop monolithique d'habitude là il m'a épaté, le film va se caser in extremis dans le top du mois ! :D
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