Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Supfiction
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Supfiction »

kiemavel a écrit : La suite : Under the Gun de Ted Tetzlaff, dernier de la série Richard Conte avec également Audrey Totter et Sam Jaffe.
Celui-là j'aimerai particulièrement le voir.
Outre le formidable Richard Conte, j'aime beaucoup Audrey Totter :oops: , notamment dans Tension et bien entendu dans The Set-up..

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Hitchcock
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Hitchcock »

Supfiction a écrit : Audrey Totter :oops: , notamment dans Tension et bien entendu dans The Set-up..
Très belle actrice, effectivement, aussi dans le célèbre The Postman Always Rings Twice, malgré un rôle assez anecdotique
Spoiler (cliquez pour afficher)
si mes souvenirs sont bons, elle joue la fille que Garfield séduit par hasard sur un parking, vers la fin du film
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Hitchcock a écrit :
Supfiction a écrit : Audrey Totter :oops: , notamment dans Tension et bien entendu dans The Set-up..
Très belle actrice, effectivement, aussi dans le célèbre The Postman Always Rings Twice, malgré un rôle assez anecdotique
Spoiler (cliquez pour afficher)
si mes souvenirs sont bons, elle joue la fille que Garfield séduit par hasard sur un parking, vers la fin du film
J'avoue que je ne me souvenais plus d'elle dans ce film là…et j'ai beau me creuser la tête, je ne (re)vois toujours pas…ce qui fait un noir à revisister (et pour celui là, ce n'est pas une corvée)

Pour répondre aussi à Supfiction, je confesse ne pas être un grand admirateur de la dame alors qu'elle aurait à priori tout pour me plaire puisqu'elle est apparu dans de nombreux films noirs. Le rouge te monte aux joues en évoquant la belle mais je ne trouve pas justement qu'elle était particulièrement belle ni d'ailleurs qu'elle ai particulièrement compté sur cet aspect pour se faire remarquer, ni qu'elle ai jamais adopté une posture glamour très voyante, ce qui ne veut pas dire qu'elle manquait de présence, bien au contraire. Car si elle a parfois été une girl next door agréable (The Set Up) ou Man in the Dark (J'ai vécu deux fois), elle s'est surtout illustré par des rôles de garce d'école, sensuelle si on veut (Tension) mais dégageant plutôt une énergie et parfois une violence assez rare. C'est pour moi, plutôt que sa sensualité ou sa beauté, la qualité première d'Audrey Totter : c'était une "nature", une forte personnalité…et cela se traduisait à l'écran y compris par des expressions très marquées : un regard pénétrant et parfois méchant et une curieuse grimace, un tic d'actrice que l'on retrouve d'un film à l'autre, une sorte de rictus qui lui déformait la bouche. On retrouvait ses "tics" là dans La dame du lac, Tension, Under the Gun mais elle était capable, y compris dans le film noir, de jouer plus sobrement (Le crime était presque parfait).

Elle a bien vécu et longtemps mais elle a passé les 10 dernières années de sa vie au Motion Picture and Television Hospital de Woodland Hills ( Californie) qui est à la fois l'hosto et la maison de retraite des vieux acteurs…Je ne sais pas si çà donne envie ? (surtout si c'est sans Louis Jouvet et Michel Simon).

Par contre, je fulmine un peu car que tu postes des photos d'Under the Gun, très bien mais quand je vois qu'elle font partie des photos que je m'apprêtais à poster pour illustrer mon texte, çà l'est moins :mrgreen: . Pour le coup, j'avais assuré le service minimum de ce coté là, préférant piquer des photos plutôt que de faire des captures de ma copie. Sinon, pour le film de Tetzlaff, je confirme ton intuition, c'est bien Under the Gun le meilleur des 6 films de la série en cours avec Richard Conte. Par contre, j'en intercale encore un autre qui n'était pas prévu, Highway Dragnet de Nathan Juran avec Richard + Joan Bennett et Wanda Hendrix (un film que je n'avais pas initialement prévu tant je le trouve médiocre mais puisque c'est un Richard, autant en parler au cours de la série).
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Supfiction
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Supfiction »

kiemavel a écrit :Sinon, pour le film de Tetzlaff, je confirme ton intuition, c'est bien Under the Gun le meilleur des 6 films de la série en cours avec Richard Conte. Par contre, j'en intercale encore un autre qui n'était pas prévu, Highway Dragnet de Nathan Juran avec Richard + Joan Bennett et Wanda Hendrix (un film que je n'avais pas initialement prévu tant je le trouve médiocre mais puisque c'est un Richard, autant en parler au cours de la série).
Je t'en prie ! tu peux même alimenter le topic Joan Bennett par la même l'occasion, "on" ne pourra plus me reprocher de le squatter. :lol:

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Hitchcock a écrit :
Supfiction a écrit : Audrey Totter :oops: , notamment dans Tension et bien entendu dans The Set-up..
Très belle actrice, effectivement, aussi dans le célèbre The Postman Always Rings Twice, malgré un rôle assez anecdotique
Spoiler (cliquez pour afficher)
si mes souvenirs sont bons, elle joue la fille que Garfield séduit par hasard sur un parking, vers la fin du film
J'avais effectivement oublié également qu'elle jouait dans Le facteur..(ce nr serait pas la scène sur un parking, non ?), il faut dire que Lana Turner accapare toute la lumière du film. On n'a d'yeux que pour elle. Jessica Lange a beau être très sexy dans le remake, pour moi il n'y a qu'une Cora. Il faudra attendre Les ensorcelés pour retrouver l'actrice au sommet, et encore, jamais elle ne sera plus aussi belle.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

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Highway Dragnet (1954)
Réalisation : Nathan Juran
Production : Jack Jungmeyer (Allied Artists Pictures)
Scénario : Herb Meadow et Jerome Odlum d'après une histoire de U.S. Anderson et Roger Corman
Dialogues additionnels : Tom Hubbard et Fred Eggers
Image : John J. Martin

Avec :

Richard Conte (Jim Henry)
Joan Bennett (Mrs. Cummings)
Wanda Hendrix (Susan Willis)
Reed Hadley (Le Lt. Joe White Eagle)
Mary Beth Hughes (Terry Smith)

Jim Henry, un vétéran de la guerre de Corée tout juste libéré se trouve à Las Vegas pour y retrouver un vieil ami connu à l'armée. Un soir, au bar d'un casino, il fait la connaissance d'une jeune femme un peu paumée à qui il manque de respect par maladresse plus que par méchanceté. La dispute puis les quelques gifles échangées…suivis d'un bref baiser évidemment remarqués par les nombreux témoins présents suffisent à le rendre suspect lorsque la jeune femme est retrouvée morte le lendemain matin. Les preuves recueillies semblent l'accuser et son alibi est vite balayé car son ami militaire reste introuvable et ne semble même pas avoir mis les pieds à Las Vegas. Alors que la police s'apprête à l'incarcérer, Henry parvient à se saisir de son arme puis à prendre la fuite avec une voiture de police. Il l'abandonne rapidement et réussit à se faire prendre à bord du véhicule de Mrs. Cummings, une photographe de mode, en déplacement dans la région avec Susan, un de ses modèles. Commence un long périple vers la Californie avec devant eux les barrages de police et à leur trousse, l'inspecteur White Eagle, en charge de l'enquête criminelle…
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En terme de mise en scène, à quelques exceptions près, Nathan Juran a commis ce que j'aurais vu de pire au cours des 10 dernières années. Les metteurs en scène de son (petit) calibre se nommaient Edward L. Cahn, Lew Landers ou Sidney Salkow, comme lui capables de s'en sortir parfois pas trop mal s'ils étaient motivés par un sujet, s'ils étaient épaulés par une équipe technique compétente et soutenu par un casting acceptable et surtout si le budget n'était pas trop réduit mais Nathan Juran est tout de même un des rares, y compris dans cette catégorie de metteurs en scène, a rater autant. Incompétence ou bâclage, la question reste posée. Certaines réussites sembleraient plaider toutefois pour la seconde solution. Quoiqu'il en soit, la mise en scène d'Highway Dragnet est à peu près nulle, Juran trouvant le moyen de rater toutes les scènes d'action. S'il doit tourner une séquence "simple" : la voiture de fugitifs forçant un barrage, filmée de l'intérieur du véhicule, çà va mais dès qu'il doit mettre en place une séquence un peu compliquée, c'est une catastrophe. Il ne sait pas construire une séquence d'action, lui donner un rythme, adopter un ou des points de vue, faire un découpage et retailler encore éventuellement au montage (x). On se retrouve donc avec des séquences parmi les plus importantes, sans dynamique et comportant souvent des invraisemblances plus ou moins graves, le comble pour un metteur en scène spécialiste du cinéma d'action.
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3 exemples pris au début, au milieu et à la fin d'Highway Dragnet. Au tout début du film, le personnage interprété par Richard Conte parvient à échapper à la police. Alors que l'on vient de voir que son arme retrouvée par la police se trouve dans sa valise, Henry bouscule le Lt. White Eagle qui est projeté à terre…Il se retrouve avec une arme en main, littéralement surgie de nulle part, parvient à désarmer les 2 adjoints puis désarme leur chef qui s'était redressé entre temps et s'apprêtait à riposter à la vitesse d'un (vieux) cheval au galop. Tout ceci se déroulant sans que Juran n'ai éprouvé le besoin de changer de points de vue. Au milieu du récit, alors que les fugitifs sont poursuivis à distance par la police, Jim Henry oblige un camion a barrer la route…quand bien même il est évident au vue de l'importance de la voie de circulation et des bas cotés très larges que l'on aperçoit, que même un camion de cette envergure sera loin de pouvoir faire obstacle aux véhicules de police. Juran ne se démonte pas et trouve la solution en plantant sa caméra juste devant le camion barrant la route, s'acharnant dans les plans suivants à réduire soudain le champ de vision pour ne montrer que l'arrivée des voitures de police et l'imposant camion mais surtout pas les paysages très ouverts des alentours. Encore plus loin, dans l'avant dernière séquence qui se déroule dans la maison à demi immergée de l'ami militaire de Jim Henry, les 2 principaux protagonistes se retrouvent coincés par White Eagle dans un endroit exiguë et contraint de lâcher leur arme qui se retrouve sur un meuble. Le méchant apparait alors dans le dos des 3 personnages et s'empare de l'arme en surgissant littéralement de nulle part. Ce rendez-vous ultime, le règlement de comptes final étant plus largement filmé en dépit du bon sens. La course poursuite qui clôture le film est du reste la plus pénible et la plus minable que j'ai jamais vu. Les scènes montrant le méchant fuyant sur un ponton ne menant nulle part, filmées en plans serrés est atroce, comme sont atroces les images montrant le même tombé à l'eau et se débattant dans ce qui est censé être des sables mouvants…qui n'en sont pas. Croyant être à l'article de la mort, le coupable du crime initial, se débattant en s'efforçant d'avoir vraiment l'air en danger de mort, livre alors à une des plus grotesques confessions que j'aurais jamais entendu. La révélation de l'énigme -depuis longtemps éventée- montrant à postériori, l'artifice de la construction de départ.
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Entre temps, Juran et ses scénaristes usent de gros trucs de roublards et répartissent çà et là des mini suspense assez faciles. Lorsque le véhicule des fuyards est arrêté à la frontière entre Nevada et Californie, un policier tergiverse, demande à Mrs. Cummings de se rendre au bureau, reçoit durant l'interrogatoire plusieurs appels apportant manifestement des informations sur l'homme recherché. Il accepte de faire partir Mrs. Cummings puis alors que la voiture se remet en route, l'oreille toujours sur un écouteur, il se ravise soudain comme s'il venait de recevoir une information décisive. Il se précipite vers la voiture, l'immobilise…pour rendre à Mrs. Cummings le document qu'elle avait oublié sur le bureau. Juran fait le même coup avec des coupures de journaux montrant Jim Henry en une. Il multiplie les gros plans sur le portrait qui fait la une puis sur son visage, soulignant le fait qu'il devrait être aisément reconnaissable pour les gens amenés à le croiser…mais ce n'est pas le cas. Juran s'amuse un peu avec çà notamment dans des scènes impliquant le chargé des relations publiques du Apple Valley Inn, l'hôtel dans lequel descendent pour un temps les 3 fugitifs. Je signale aussi pour les plus téméraires que l'interprétation de Joan Bennett est sidérante. J'aime beaucoup cette actrice mais ici elle est totalement en roue libre et même transformée par rapport à ses performances antérieures. Je l'ai vu dans peu de choses après cette date et je ne sais pas si elle s'est refait une santé plus tard. Je note cependant qu'elle n'avait plus tourné depuis 3 ans lorsqu'elle fut appelée sur ce film. Peut-être l'indice d'un déclin…que je ne peux que constater sur ce film.

Quelque chose à sauver ? Oui, ce film manifestement assez fauché à été tourné presque entièrement en extérieur entre Las Vegas et la Californie. On traverse donc les splendides paysages semi-désertiques de cette région. Lorsqu'au premier matin, Jim Henry se fait transporter à l'extérieur de Las Vegas avant de tenter d'en partir en faisant de l'auto stop, on aperçoit en arrière plan la ville se découpant dans le désert. Plus tard, on visite une vaste auberge dont les extérieurs sont assez bien mis en valeur (en gros, y'a de jolies filles autour de la piscine et une particulièrement bien gaulée sur un plongeoir. Une preuve ? Oui, un peu de patience). Encore plus loin, on a droit à quelques belles scènes nocturnes alors que les fugitif ont été contraint de quitter la route principale et de s'aventurer dans le désert. Enfin, le final tourné au Salton Sea (un grand lac naturel ) offre un cadre original puisqu'il se passe dans et à proximité d'une maison déserte en partie engloutie. Pour ce que Nathan Juran en fait, je l'ai déjà évoqué plus haut…
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Enfin, Il ne vous aura pas échappé que presque tout du long deux femmes et un homme se retrouvent pour ainsi dire coupés du monde. Un type généreux ou un gourmand n'aurait pas fait de choix mais le scénariste d'un film des années 50 ne permettait pas ce genre de fantaisie. D'ailleurs, ce n'est pas même Jim Henry qui choisit mais les deux femmes qui adoptent, à partir du moment ou il est démasqué, une attitude différente, l'une croyant en son innocence et le soutenant, l'autre, tentant d'aider à sa capture. Bilan : A fuir.

Nathan Juran était un spécialiste de sf et de fantastique. Du mystère du château noir à The Boy Who Cried Werewolf, il aura réalisé 10 de ses 25 films de cinéma dans cette famille là : des films sympas (son Sinbad et Jack le tueur de géants) et de gros nanards (Le cerveau de la planète Arous). Le reste, ce sont quelques films d'aventure difficiles à voir en dehors de La légende de l'épée magique et surtout des westerns, le meilleur étant peut-être le sympathique Qui est le traitre ? malgré un final en partie raté. Il a aussi réalisé un second (et dernier) polar, Piège double (The Crooked Web) avec Frank Lovejoy mais échaudé par le premier, je n'ai pas encore osé le regarder.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

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De très loin, les deux plus beaux plans de Highway Dragnet : Wanda Hendrix recto-verso ou (filmé avec panache et audace) par devant et par derrière par un Nathan Juran soudain furieusement inspiré ( ou en rut )
Les 25 sec. au cours desquelles Wanda s'affaire sur le bloc moteur de la voiture de sa patronne donne envie de changer de mécano….et rappelle un autre charmant mécano : la délicieuse Ella Raines dans le très bon Impact d'Arthur Lubin dans lequel Brian Donlevy qui venait d'échapper à un meurtre trouvait refuge dans le garage tenu par une veuve de guerre ayant été contrainte de se recycler dans la mécanique automobile.

Je signale aussi que Highway Dragnet qui était sorti en France a donc un titre français qui est tellement con qu'il donne la solution de l'énigme. C'est pourquoi je ne l'ai pas mentionné.

La suite : Under the Gun de Ted Tetzlaff (1951), cette fois vraiment le dernier Richard Conte.
Dave Bannion
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Dave Bannion »

kiemavel a écrit :
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Highway Dragnet (1954)
Réalisation : Nathan Juran
Production : Jack Jungmeyer (Allied Artists Pictures)
Scénario : Herb Meadow et Jerome Odlum d'après une histoire de U.S. Anderson et Roger Corman
Dialogues additionnels : Tom Hubbard et Fred Eggers
Image : John J. Martin

Avec :

Richard Conte (Jim Henry)
Joan Bennett (Mrs. Cummings)
Wanda Hendrix (Susan Willis)
Reed Hadley (Le Lt. Joe White Eagle)
Mary Beth Hughes (Terry Smith)

Jim Henry, un vétéran de la guerre de Corée tout juste libéré se trouve à Las Vegas pour y retrouver un vieil ami connu à l'armée. Un soir, au bar d'un casino, il fait la connaissance d'une jeune femme un peu paumée à qui il manque de respect par maladresse plus que par méchanceté. La dispute puis les quelques gifles échangées…suivis d'un bref baiser évidemment remarqués par les nombreux témoins présents suffisent à le rendre suspect lorsque la jeune femme est retrouvée morte le lendemain matin. Les preuves recueillies semblent l'accuser et son alibi est vite balayé car son ami militaire reste introuvable et ne semble même pas avoir mis les pieds à Las Vegas. Alors que la police s'apprête à l'incarcérer, Henry parvient à se saisir de son arme puis à prendre la fuite avec une voiture de police. Il l'abandonne rapidement et réussit à se faire prendre à bord du véhicule de Mrs. Cummings, une photographe de mode, en déplacement dans la région avec Susan, un de ses modèles. Commence un long périple vers la Californie avec devant eux les barrages de police et à leur trousse, l'inspecteur White Eagle, en charge de l'enquête criminelle…
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En terme de mise en scène, à quelques exceptions près, Nathan Juran a commis ce que j'aurais vu de pire au cours des 10 dernières années. Les metteurs en scène de son (petit) calibre se nommaient Edward L. Cahn, Lew Landers ou Sidney Salkow, comme lui capables de s'en sortir parfois pas trop mal s'ils étaient motivés par un sujet, s'ils étaient épaulés par une équipe technique compétente et soutenu par un casting acceptable et surtout si le budget n'était pas trop réduit mais Nathan Juran est tout de même un des rares, y compris dans cette catégorie de metteurs en scène, a rater autant. Incompétence ou bâclage, la question reste posée. Certaines réussites sembleraient plaider toutefois pour la seconde solution. Quoiqu'il en soit, la mise en scène d'Highway Dragnet est à peu près nulle, Juran trouvant le moyen de rater toutes les scènes d'action. S'il doit tourner une séquence "simple" : la voiture de fugitifs forçant un barrage, filmée de l'intérieur du véhicule, çà va mais dès qu'il doit mettre en place une séquence un peu compliquée, c'est une catastrophe. Il ne sait pas construire une séquence d'action, lui donner un rythme, adopter un ou des points de vue, faire un découpage et retailler encore éventuellement au montage (x). On se retrouve donc avec des séquences parmi les plus importantes, sans dynamique et comportant souvent des invraisemblances plus ou moins graves, le comble pour un metteur en scène spécialiste du cinéma d'action.
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3 exemples pris au début, au milieu et à la fin d'Highway Dragnet. Au tout début du film, le personnage interprété par Richard Conte parvient à échapper à la police. Alors que l'on vient de voir que son arme retrouvée par la police se trouve dans sa valise, Henry bouscule le Lt. White Eagle qui est projeté à terre…Il se retrouve avec une arme en main, littéralement surgie de nulle part, parvient à désarmer les 2 adjoints puis désarme leur chef qui s'était redressé entre temps et s'apprêtait à riposter à la vitesse d'un (vieux) cheval au galop. Tout ceci se déroulant sans que Juran n'ai éprouvé le besoin de changer de points de vue. Au milieu du récit, alors que les fugitifs sont poursuivis à distance par la police, Jim Henry oblige un camion a barrer la route…quand bien même il est évident au vue de l'importance de la voie de circulation et des bas cotés très larges que l'on aperçoit, que même un camion de cette envergure sera loin de pouvoir faire obstacle aux véhicules de police. Juran ne se démonte pas et trouve la solution en plantant sa caméra juste devant le camion barrant la route, s'acharnant dans les plans suivants à réduire soudain le champ de vision pour ne montrer que l'arrivée des voitures de police et l'imposant camion mais surtout pas les paysages très ouverts des alentours. Encore plus loin, dans l'avant dernière séquence qui se déroule dans la maison à demi immergée de l'ami militaire de Jim Henry, les 2 principaux protagonistes se retrouvent coincés par White Eagle dans un endroit exiguë et contraint de lâcher leur arme qui se retrouve sur un meuble. Le méchant apparait alors dans le dos des 3 personnages et s'empare de l'arme en surgissant littéralement de nulle part. Ce rendez-vous ultime, le règlement de comptes final étant plus largement filmé en dépit du bon sens. La course poursuite qui clôture le film est du reste la plus pénible et la plus minable que j'ai jamais vu. Les scènes montrant le méchant fuyant sur un ponton ne menant nulle part, filmées en plans serrés est atroce, comme sont atroces les images montrant le même tombé à l'eau et se débattant dans ce qui est censé être des sables mouvants…qui n'en sont pas. Croyant être à l'article de la mort, le coupable du crime initial, se débattant en s'efforçant d'avoir vraiment l'air en danger de mort, livre alors à une des plus grotesques confessions que j'aurais jamais entendu. La révélation de l'énigme -depuis longtemps éventée- montrant à postériori, l'artifice de la construction de départ.
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Entre temps, Juran et ses scénaristes usent de gros trucs de roublards et répartissent çà et là des mini suspense assez faciles. Lorsque le véhicule des fuyards est arrêté à la frontière entre Nevada et Californie, un policier tergiverse, demande à Mrs. Cummings de se rendre au bureau, reçoit durant l'interrogatoire plusieurs appels apportant manifestement des informations sur l'homme recherché. Il accepte de faire partir Mrs. Cummings puis alors que la voiture se remet en route, l'oreille toujours sur un écouteur, il se ravise soudain comme s'il venait de recevoir une information décisive. Il se précipite vers la voiture, l'immobilise…pour rendre à Mrs. Cummings le document qu'elle avait oublié sur le bureau. Juran fait le même coup avec des coupures de journaux montrant Jim Henry en une. Il multiplie les gros plans sur le portrait qui fait la une puis sur son visage, soulignant le fait qu'il devrait être aisément reconnaissable pour les gens amenés à le croiser…mais ce n'est pas le cas. Juran s'amuse un peu avec çà notamment dans des scènes impliquant le chargé des relations publiques du Apple Valley Inn, l'hôtel dans lequel descendent pour un temps les 3 fugitifs. Je signale aussi pour les plus téméraires que l'interprétation de Joan Bennett est sidérante. J'aime beaucoup cette actrice mais ici elle est totalement en roue libre et même transformée par rapport à ses performances antérieures. Je l'ai vu dans peu de choses après cette date et je ne sais pas si elle s'est refait une santé plus tard. Je note cependant qu'elle n'avait plus tourné depuis 3 ans lorsqu'elle fut appelée sur ce film. Peut-être l'indice d'un déclin…que je ne peux que constater sur ce film.

Quelque chose à sauver ? Oui, ce film manifestement assez fauché à été tourné presque entièrement en extérieur entre Las Vegas et la Californie. On traverse donc les splendides paysages semi-désertiques de cette région. Lorsqu'au premier matin, Jim Henry se fait transporter à l'extérieur de Las Vegas avant de tenter d'en partir en faisant de l'auto stop, on aperçoit en arrière plan la ville se découpant dans le désert. Plus tard, on visite une vaste auberge dont les extérieurs sont assez bien mis en valeur (en gros, y'a de jolies filles autour de la piscine et une particulièrement bien gaulée sur un plongeoir. Une preuve ? Oui, un peu de patience). Encore plus loin, on a droit à quelques belles scènes nocturnes alors que les fugitif ont été contraint de quitter la route principale et de s'aventurer dans le désert. Enfin, le final tourné au Salton Sea (un grand lac naturel ) offre un cadre original puisqu'il se passe dans et à proximité d'une maison déserte en partie engloutie. Pour ce que Nathan Juran en fait, je l'ai déjà évoqué plus haut…
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Enfin, Il ne vous aura pas échappé que presque tout du long deux femmes et un homme se retrouvent pour ainsi dire coupés du monde. Un type généreux ou un gourmand n'aurait pas fait de choix mais le scénariste d'un film des années 50 ne permettait pas ce genre de fantaisie. D'ailleurs, ce n'est pas même Jim Henry qui choisit mais les deux femmes qui adoptent, à partir du moment ou il est démasqué, une attitude différente, l'une croyant en son innocence et le soutenant, l'autre, tentant d'aider à sa capture. Bilan : A fuir.

Nathan Juran était un spécialiste de sf et de fantastique. Du mystère du château noir à The Boy Who Cried Werewolf, il aura réalisé 10 de ses 25 films de cinéma dans cette famille là : des films sympas (son Sinbad et Jack le tueur de géants) et de gros nanards (Le cerveau de la planète Arous). Le reste, ce sont quelques films d'aventure difficiles à voir en dehors de La légende de l'épée magique et surtout des westerns, le meilleur étant peut-être le sympathique Qui est le traitre ? malgré un final en partie raté. Il a aussi réalisé un second (et dernier) polar, Piège double (The Crooked Web) avec Frank Lovejoy mais échaudé par le premier, je n'ai pas encore osé le regarder.
Kiemavel, ton érudition m'épate !!!!
Ça fait qq temps que je n'étais pas venu te lire et je découvre plein de nouvelles chroniques.
Je vais lire les dernières car bcp de films que je ne connais pas.
Highway Dragnet, par contre, je connais et c'est pas top comme tu le dis bien, pas grand chose à en tirer.

J'attends le suivant ' under the gun " avec impatience !!!
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Supfiction
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Message par Supfiction »

kiemavel a écrit :
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Highway Dragnet
C'est vrai que le film fait davantage penser à un épisode de La quatrième dimension ou autre série des années 50 qu'à un film noir de cinéma. Beaucoup d'invraisemblances et de facilités. Et le coup du gars innocent pourchassé à tort et qui prend deux femmes "en otage" a été beaucoup vu et revu (jusqu'à être finalement détourné/parodié dans Une nuit en enfer par Tarantino).

Néanmoins, le film se regarde sans déplaisir je trouve. Joan Bennett n'est plus la vamp d'avant guerre que j'aime mais elle est toujours convaincante dans ce genre de rôle un peu dur. Et comme tu l'as dit, Wanda Hendrix prend le relais pour le plaisir des spectateurs..
joe-ernst
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par joe-ernst »

Hitchcock a écrit :
Supfiction a écrit : Audrey Totter :oops: , notamment dans Tension et bien entendu dans The Set-up..
Très belle actrice, effectivement, aussi dans le célèbre The Postman Always Rings Twice, malgré un rôle assez anecdotique
Spoiler (cliquez pour afficher)
si mes souvenirs sont bons, elle joue la fille que Garfield séduit par hasard sur un parking, vers la fin du film
Une des grandes dames du noir et une de mes préférées, à admirer également dans Lady in the Lake. :wink:
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Dave Bannion a écrit :Kiemavel, ton érudition m'épate !!!!
Ça fait qq temps que je n'étais pas venu te lire et je découvre plein de nouvelles chroniques.
Je vais lire les dernières car bcp de films que je ne connais pas.
Highway Dragnet, par contre, je connais et c'est pas top comme tu le dis bien, pas grand chose à en tirer.

J'attends le suivant ' under the gun " avec impatience !!!
Parler d'érudition à mon propos, çà pourrait être très mal pris par certains :P . Faut vraiment que tu ne sois pas venu lire depuis un bon moment...les interventions d'un certain nombre de rédacteurs qui interviennent dans le coin. Je suis trop lucide (oh la vache la prétention) pour prendre au sérieux ce genre de propos mais merci Dave, çà partait d'un bon sentiment :wink: . Ce qui est vrai en revanche, c'est que je commence à accumuler "les heures de vol" dans l'exploration du genre…et ce n'est pas fini. Au sujet d'Under the Gun, comme je l'ai dit à Supfiction, tu as raison d'attendre ce film car c'est sans doute le meilleur de la mini série en cours consacrée à Richard Conte.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Supfiction a écrit :
kiemavel a écrit :
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Highway Dragnet
C'est vrai que le film fait davantage penser à un épisode de La quatrième dimension ou autre série des années 50 qu'à un film noir de cinéma. Beaucoup d'invraisemblances et de facilités. Et le coup du gars innocent pourchassé à tort et qui prend deux femmes "en otage" a été beaucoup vu et revu (jusqu'à être finalement détourné/parodié dans Une nuit en enfer par Tarantino).

Néanmoins, le film se regarde sans déplaisir je trouve. Joan Bennett n'est plus la vamp d'avant guerre que j'aime mais elle est toujours convaincante dans ce genre de rôle un peu dur. Et comme tu l'as dit, Wanda Hendrix prend le relais pour le plaisir des spectateurs..
Un film noir qui ressemble à un épisode de La 4ème dimension…C'est plus digne d'un avocat général que d'un avocat tout court ta ligne de défense :arrow:. Les invraisemblances que je relevais sont un point presque secondaire, ce qui plombe le film selon moi, c'est vraiment l'interprétation de Joan Bennett. Le problème n'est pas du tout son (léger) coup de vieux par "...rapport à ses rôles de vamp d'avant guerre", mais qu'elle joue çà effectivement dans un registre dur qu'on lui connait qui est ici bien plus qu'une façade liée au rôle. J'ai l'impression de voir la face sombre et le coté hargneux d'une actrice en perdition ou qui ne comprend pas ce qu'elle fait dans une telle galère. J'ai vraiment l'impression dans un certain nombre de scènes de voir Richard Conte et Wanda Hendrix la ramener dans le film...et çà, ce n'est en revanche pas dans le personnage. Elle semble totalement hors du coup et je le déplore car je l'ai beaucoup admiré ailleurs. J'ajoute que sans que l'on se soit concerté, un ami cinéphile a eu exactement le même ressenti que moi…ce qui n'est pour autant la preuve de rien. Les pathétiques scènes finales sont au bord du supportable pour les admirateurs de l'actrice qu'elle fut…mais je suis peut-être un brin excessif comme on peut l'être quand on a beaucoup aimé quelqu'un.
kiemavel
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

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Under the Gun (1951)
Réalisation : Ted Tetzlaff
Production : Ralph Dietrich ( Universal )
Scénario : George Zuckerman d'après une
histoire de Daniel B. Ullman
Image : Henry Freulich

Avec :

Richard Conte (Bert Galvin)
Audrey Totter (Ruth Williams)
John McIntire (Le shérif langley)
Sam Jaffe (Gower)
Richard Taber (Five Shot)
Royal Dano (Nugent)
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Dans une boite de nuit de Miami, le gangster New-Yorkais Bert Galvin vient chaque jour admirer la prestation d'une chanteuse dont il souhaite prendre en charge la carrière. Après s'être dérobée pendant quelques temps, Ruth Williams accepte finalement de suivre Galvin à condition que leur relation reste strictement professionnelle. A peine ont t'ils quitté la Floride, qu'ils sont repérés par le shérif Bill Langley qui reconnait Galvin et averti le frère d'un homme qui avait été abattu par le gangster l'année précédente de sa présence en ville. L'homme se présente armé d'un revolver dans le restaurant ou le couple est attablé mais Galvin parvient à l'abattre et est aussitôt arrêté. Au procès, certains témoins avancent que Galvin a agi en état de légitime défense et c'est ce que Ruth commence à affirmer elle aussi avant de finalement se rétracter et de dénoncer Galvin comme un meurtrier. Il se retrouve dans un camp de travail de Floride dans lequel on permet à certains détenus ayant gagné la confiance du personnel pénitentiaire de servir d'auxiliaires et qui peuvent même obtenir un pardon automatique s'ils abattent un de leur camarade qui tenterait de s'évader. A partir de là, Galvin ne va plus avoir qu'un but, se retrouver à son tour " Under the Gun "…
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Daniel B. Ullman, l'auteur de l'idée originale qui servit ensuite à George Zuckerman pour l'écriture de son scénario, s'est inspiré de plusieurs faits divers survenus au cours des années précédents le lancement du projet : des condamnés utilisés comme gardiens de prison auxiliaires avaient abattu des camarades qui avaient tenté de s'évader. Dans le film de Tetzlaff, les prisonniers ayant abattu un codétenu étaient même libérés sur le champ ! Le film est construit en trois parties. La première, finalement trompeuse nous entraine dans des lieux communs du genre et préfigure un film noir classique…ce qu'il n'est pas. Un gangster jouissant d'une certaine notoriété, ses hommes de main, une chanteuse de night club, etc…Puis après un court intermède judiciaire, on se retrouve dans un film de prison qui occupe le coeur du film et l'essentiel de son métrage, avant une partie finale dont je ne dirais rien.

Le film repose sur un scénario extrêmement bien écrit et dialogué malgré un postulat de départ peu crédible et sur ses personnages principaux tous excellents et plus particulièrement sur celui formidablement interprété par Richard Conte, qui est encore une fois une vraie crapule sous des dehors assez détendu. On le découvre affalé en travers de la banquette d'une décapotable en route pour Miami devisant tranquillement avec ses hommes de main occupant les places de devant, la place du mort et celle du…Pardon, je recommence : la place du tueur au couteau et celui préférant les armes à feu. Dans ses échanges avec la chanteuse incarnée par Audrey Totter, on découvre un beau parleur doté d'un grand pouvoir de séduction et de conviction. Plus tard, y compris avec ses codétenus, il usera encore de son charme mais çà ne suffira pas et il finira par montrer son vrai visage derrière les sourires de façade, celui d'un manipulateur sans scrupules.
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Pour échapper à son sort, Galvin va tout tenter, d'abord " à l'arrache", essayant l'intimidation, d'acheter sa liberté puis de s'évader et n'aura la vie sauve que grâce à l'intervention de son meilleur allié, le détenu Samuel Gower…puis -peu reconnaissant- c'est en tentant de manipuler ses codétenus, en faisant preuve d'un peu de psychologie et de beaucoup de cynisme, voir de sadisme quand pour parvenir à ses fins, il passera une sorte de marché d'une incroyable perversité, un chantage aux sentiments assez odieux avec le plus résistant de ses camarades. Galvin, présenté comme un chef de la mafia New-Yorkaise, avait sans doute des facilités de ce coté là mais il se servira surtout du système extrêmement pervers mis en place par l'institution pénitentiaire pour s'en servir à son profit car la perversité, elle est de toute façon déjà évidente dans la responsabilité qui est donné aux détenus. Le procédé décrit plus haut brise de fait la solidarité entre codétenus et est très pervers en lui-même mais au moins les gens qui se retrouvent " Under the Gun " ont une "bonne" raison de viser juste !

Les manoeuvres de Galvin visent aussi bien le titulaire (provisoire) du fameux fusil que ses camarades plus ou moins proches. On aura plus particulièrement à connaitre plusieurs personnages tous très bien campés par quelques valeurs sures du cinéma de genre. Le titulaire initial de l'arme est Sam Nugent interprété par le tout terrain Royal Dano que tout amateur de westerns a du souvent croiser puis il se penchera sur le cas d'un codétenu simple d'esprit, Five Shot, lui aussi excellemment campé par Richard Taber qui était déjà formidable dans un autre film noir dans lequel Richard Conte tenait le 1er rôle l'année précédente (The Sleeping City). L'impressionnant Richard Taber se fait autant remarquer dans le rôle du pathétique Five Shot qu'il crevait l'écran en inquiétant concierge d'un l'hôpital New-Yorkais dans le film de George Sherman. Enfin, même le très malin Samuel Gower interprété par un formidable Sam Jaffe aura bien du mal en entraver les projets de Galvin…Un seul "partenaire" de Galvin est au moins aussi retors que lui, c'est le Shérif Langley qui ne le lâchera jamais. Il était à l'origine de sa capture après avoir manipulé lui aussi le frère d'une victime de Galvin, un simple barman qui n'avait aucune chance face au gangster. Plus tard, comprenant ses manoeuvres, il fera tout pour l'empêcher de se retrouver derrière le fusil. John McIntire est lui aussi très bon dans ce rôle sur mesure de salaud qui a la loi pour lui…ce qui fait toute la différence.
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Ted Tetzlaff fut d'abord un grand chef opérateur des années 20 jusqu'au milieu des années 40. Il termina d'ailleurs cette première carrière avec Notorious (les enchainés), sans doute le film le plus prestigieux auquel il collabora. Il réalisa ensuite 13 films de cinéma : 1 western, 4 films d'aventure dont le médiocre La tour blanche (White Tower) dont j'ai parlé dans le topic que j'ai ouvert sur le cinéma d'aventure. Il a surtout réalisé plusieurs polars dont le meilleur est peut-être en dehors d'Under the Gun, Une incroyable histoire (The window), avec Bobby Driscoll qui jouait le gosse livré à lui même et pourchassé par ses voisins assassins. Le casting adulte réunissait Paul Stewart, Ruth Roman, Arthur Kennedy et Barbara Hale (DVD zone 2 dans la collection rko). Si ce film là est brillant, les autres membres de la famille polars/thrillers sont présentables : L'homme de main (Johnny Allegro) avec George Raft ; Gambling House avec Victor Mature et Terry Moore ; A Dangerous Profession avec George Raft, Ella Raines et Pat O'Brien et surtout Riffraff avec à nouveau O'Brien et Anne Jeffreys, dans lequel un humour ravageur et réjouissant était greffé à une intrigue de pur film noir. Enfin, il réalisa aussi un thriller "ferroviaire" Cinq heures de terreur (Time Bomb) avec à nouveau Glenn Ford et Anne Vernon dans un de ses rares films américains (mais qui est assez loin des réussites ferroviaires d'Anthony Mann ou Richard Fleischer).
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3 photos supplémentaires tirées d'Under the Gun


Fin de la série Richard Conte qui comporte chronologiquement : The Spider. The Sleeping City. Under the Gun. Hollywood Story. The Raging Tide et Highway Dragnet. Il a tourné bien d'autres films noirs et apparentés au cours de sa carrière. Voici chronologiquement ses autres contributions au genre, tous édités en DVD. Les 2 sommets étant peut-être : Les bas-fonds de Frisco et Association criminelle mais tous sont à voir par les amateurs du genre même si le Fritz Lang et le Preminger sont plus faibles, surtout à l'intérieur de filmographies comme les leurs.

Quelque part dans la nuit (1946). Joseph Mankiewicz (DVD zone 2)
Appelez nord 777 (1948). Henry Hathaway (DVD zone 2)
La proie (1948). Robert Siodmak (DVD zone 2)
La maison des étrangers (1949). Joseph Mankiewicz (DVD zone 1)
Les bas-fonds de Frisco (1949). Jules Dassin (DVD zone 2)
Le mystérieux docteur Korvo (1949). Otto Preminger (DVD zone 2)
La femme au gardénia (1953). Fritz lang (DVD zone 2)
Association criminelle (1955). Joseph H. Lewis (DVD zone 2)
New-York Confidentiel (1955). Russell Rouse (DVD zone 2)
Les frères Rico (1957). Phil Karlson (DVD zone 1)
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Message par Supfiction »

kiemavel a écrit :Richard Conte

Quelque part dans la nuit (1946). Joseph Mankiewicz (DVD zone 2)
Appelez nord 777 (1948). Henry Hathaway (DVD zone 2)
La proie (1948). Robert Siodmak (DVD zone 2)
La maison des étrangers (1949). Joseph Mankiewicz (DVD zone 1)
Les bas-fonds de Frisco (1949). Jules Dassin (DVD zone 2)
Le mystérieux docteur Korvo (1949). Otto Preminger (DVD zone 2)
La femme au gardénia (1953). Fritz lang (DVD zone 2)
Association criminelle (1955). Joseph H. Lewis (DVD zone 2)
New-York Confidentiel (1955). Russell Rouse (DVD zone 2)
Les frères Rico (1957). Phil Karlson (DVD zone 1)
Je crois les avoir tous vus (sauf peut-être New York confidentiel) et je place La maison des étrangers de Joseph Mankiewicz très largement au-dessus du lot.

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Dans les déceptions, j'ai gardé un souvenir assez mitigé de Whirlpool/Le mystérieux docteur Korvo et très très mitigé d'Appelez nord 777 (c'est rare qu'un film de Jimmie Stewart m'ennuie).

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Federico »

Supfiction a écrit :
kiemavel a écrit :Richard Conte

Quelque part dans la nuit (1946). Joseph Mankiewicz (DVD zone 2)
Appelez nord 777 (1948). Henry Hathaway (DVD zone 2)
La proie (1948). Robert Siodmak (DVD zone 2)
La maison des étrangers (1949). Joseph Mankiewicz (DVD zone 1)
Les bas-fonds de Frisco (1949). Jules Dassin (DVD zone 2)
Le mystérieux docteur Korvo (1949). Otto Preminger (DVD zone 2)
La femme au gardénia (1953). Fritz lang (DVD zone 2)
Association criminelle (1955). Joseph H. Lewis (DVD zone 2)
New-York Confidentiel (1955). Russell Rouse (DVD zone 2)
Les frères Rico (1957). Phil Karlson (DVD zone 1)
Je crois les avoir tous vus (sauf peut-être New York confidentiel) et je place La maison des étrangers de Joseph Mankiewicz très largement au-dessus du lot.
Celui-là, faut vraiment que je le (re- ?) découvre, ainsi que le Rouse. Sinon, pour moi, y a pas photo : le top du top reste le Lewis (ma plus grosse claque de Film Noir avec En 4ème vitesse).
Dans les déceptions, j'ai gardé un souvenir assez mitigé de Whirlpool/Le mystérieux docteur Korvo et très très mitigé d'Appelez nord 777 (c'est rare qu'un film de Jimmie Stewart m'ennuie).
Le mystérieux docteur Korvo est le plus faible de la trilogie Preminger/Tierney. Par contre, très grand souvenir du Hathaway (notamment d'une scène bouleversante entre Stewart et une vieille femme de ménage polonaise ou tchèque à l'accent au couteau).
Dernière modification par Federico le 17 avr. 14, 22:24, modifié 1 fois.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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