Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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daniel gregg
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par daniel gregg »

Rien d'ambigu, c'est une question tout ce qu'il y a de plus simple. (ceci dit tu as, je te félicite, très bien compris ma question)
Le film a en effet été projeté à la Cinémathèque à l'occasion de la rétrospective Fregonese il y a quelques années.
Certains de ses films argentins ont même été diffusé sur Cinefil (ex classic) il y a plus de 10 ans, mais celui dont tu parles à ma connaissance n'est dispo nulle part, pas même en vhs et je me demande même s'il a été diffusé à la télévision depuis 30 ans.
D'où mon interrogation.
Edit : grillé par Jack ! :mrgreen:
Certes il est passé à la cinémathèque mais il y a de fortes chances qu'à l'époque le film ait été montré sous titré.
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Jack Carter
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Jack Carter »

daniel gregg a écrit :Certains de ses films argentins ont même été diffusé sur Cinefil (ex classic) il y a plus de 10 ans
tu veux dire quand Cine Classic etait une vraie chaine de cinema naphta ? :shock:
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
daniel gregg
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par daniel gregg »

Jack Carter a écrit :
daniel gregg a écrit :Certains de ses films argentins ont même été diffusé sur Cinefil (ex classic) il y a plus de 10 ans
tu veux dire quand Cine Classic etait une vraie chaine de cinema naphta ? :shock:
Oui authentique, j'ai par hasard retrouvé de vieux numéros de magazine télé datant de 1997 ou 1998, je ne sais plus précisément, sur lesquels j'ai vu la diffusion notamment de Pampa barbara !
André Jurieux
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par André Jurieux »

daniel gregg a écrit :Rien d'ambigu, c'est une question tout ce qu'il y a de plus simple. (ceci dit tu as, je te félicite, très bien compris ma question)
Le film a en effet été projeté à la Cinémathèque à l'occasion de la rétrospective Fregonese il y a quelques années.
Certains de ses films argentins ont même été diffusé sur Cinefil (ex classic) il y a plus de 10 ans, mais celui dont tu parles à ma connaissance n'est dispo nulle part, pas même en vhs et je me demande même s'il a été diffusé à la télévision depuis 30 ans.
D'où mon interrogation.
Edit : grillé par Jack ! :mrgreen:
Certes il est passé à la cinémathèque mais il y a de fortes chances qu'à l'époque le film ait été montré sous titré.
C'est bien ce que je pensais, L'IMPASSE MAUDITE est un film trop célèbre pour que la cinémathèque ne l'ai pas à un moment ou à un autre projeté. A priori, il a du l'être en vost car comme Riqueuniee l'a expliqué dans ce topic, la cinémathèque est équipée
d'un système de sous-titrage électronique. Un système autonome semble t'il...

Cela dit pour les non Parisiens, pour le voir en vost, il va falloir attendre une édition DVD.
André Jurieux
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par André Jurieux »

daniel gregg a écrit :
Jack Carter a écrit :
tu veux dire quand Cine Classic etait une vraie chaine de cinema naphta ? :shock:
Oui authentique, j'ai par hasard retrouvé de vieux numéros de magazine télé datant de 1997 ou 1998, je ne sais plus précisément, sur lesquels j'ai vu la diffusion notamment de Pampa barbara !
Entièrement d'accord avec vous deux sur ce point. D'ailleurs la majorité des films sur lesquels j'ai écrit dans ce sujet sont passés sur le sat. dans les premières années des chaines naphtas ...et ne sont plus sortis des
armoires depuis ...Navrant !

Par contre j'avais raté Pampa Barbara qui a bonne réputation mais je connais le remake, Pampa salvaje, qui n'est pas un Fregonese indispensable.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

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DRIVE A CROOKED ROAD. Richard Quine. 1954

Production : Jonie Taps pour Columbia
Scénario : Blake Edwards
Dir. de la photographie : Charles Lawton Jr

Avec : Mickey Rooney (Eddie Shannon), Diane Foster (barbara Mathews), Kevin McCarthy (Steve Norris) et Jack Kelly (Harold Baker)

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Barbara Mathews se présente dans un garage et demande à ce que son véhicule soit réparé par Eddie Shannon, un modeste mécanicien mais pilote automobile amateur assez
brillant. Lorsqu'il ramène le véhicule à sa propriétaire, celle ci l'invite à la rejoindre sur une plage à la fin de sa journée de travail. Il y retrouve aussi Steve Morris que la jeune
femme présente comme un ami de New-York.
Les deux jeunes gens se revoient régulièrement. Lentement, Eddie parvient à surmonter sa timidité mais reste néanmoins sur la réserve. Il révèle à la jeune femme qu'il rêve
d'avoir un jour suffisamment d'argent pour s'offrir une voiture de course réellement compétitive et de courir en Europe. Barbara l'introduit auprès de Steve qui serait assez fortuné
d'après elle pour le sponsoriser.
En réalité, Steve et un complice préparent le casse d'une banque et propose à Eddie de conduire leur véhicule afin de profiter de ses capacités exceptionnelles de pilote et échapper
ainsi aux contrôles de polices.
Eddie refuse...

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Le véritable intérêt du film tient dans la personnalité du personnage masculin principal incarné par Mickey Rooney. C'est un jeune homme complexé, par sa taille d'abord,
et surtout par les séquelles d'un accident d'automobile qui lui a laissé une immense balafre qui lui barre le front de part en part.
Sans doute âgé d'une bonne trentaine d'année, il vit dans un petit appartement morne qui pourrait être celui d'un adolescent. Au mur, s'affiche les portraits de ses idoles, de
grands pilotes automobiles.
Il y est toujours montré seul. D'ailleurs, Il n'a pas vraiment d'amis. Un seul de ses collègues mécanos lui vient timidement en aide alors les autres raillent sans cesse sa maladresse
et sa timidité. Ils ne l'appellent d'ailleurs jamais autrement que "Shorty".

Richard Quine insiste d'ailleurs sur la petite taille de Rooney. Je ne l'avais jamais vu si petit. Je prends le pari que le choix d'un "grand", Kevin McCarthy pour jouer son rival
était délibéré. J'ajoute que pour accentuer encore cette différence, de nombreux plans avec Rooney sont filmés en contre plongée.

On a donc là un héros ou un anti-héros très singulier qui est formidablement joué par Rooney, avec beaucoup de subtilité.

Kevin McCarthy, dont je ne suis pas grand fan, tient correctement sa partie ainsi que les autres seconds rôles masculins.

J'ai en revanche un soucis avec la belle Diane Foster. Son numéro de séduction est très tapageur et ultra caricatural mais c'est peut-être à la demande de Quine qu'elle a chargé
ainsi le personnage. L'intention était peut-être de montrer qu'allumé ainsi par une femme si belle, Rooney ne pense plus...Pour dire les choses clairement, Rooney est montré
comme un puceau dont les pulsions sexuelles aveuglent le discernement. Il se laisse entrainer dans une histoire qui l'effraie car il ne pense qu'à la récompense qui l'attend...

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Un autre point singulier, c'est la platitude volontaire de la photographie et de la mise en scène. Pas d'effets spectaculaires mais une mise en scène fluide et surtout une image
"plate" et chaleureuse. Le film baigne dans le gris pastel, un peu comme certains polars plus tardifs, Piège au grisbi de Burt Kennedy par exemple. Je suis loin d'être hostile
aux virtuoses de la caméra mais pour un tel film dans lequel l'action est ramassée sur une vingtaine de minutes, dans lequel les préparatifs du casse occupe comme dans tant
d'autres polars la plus grande partie du film, l'absence apparente de recherches esthétiques ne choque pas.
L'essentiel est ailleurs. Dans les personnages qui nous racontent quelque chose ou pas. En l'occurrence ici, il y a une vrai évolution du rapport entre les personnages principaux et
notamment entre Eddie et Barbara. Mais je n'en dirais rien. Si ce n'est que la aussi selon moi Diane Foster montre quelques limites.

Pour l'anecdote, Diane Foster est la dernière survivante du film après la disparition récente de plusieurs des gens qui y ont collaborés. En 2 ans, on a perdu Blake Edwards, Kevin
McCarthy et Paul Picerni.


Je pense que le film est inédit en France sauf peut-être dans des festivals ou à la cinémathèque.
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Jeremy Fox
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Jeremy Fox »

M'attire sacrément ce film. Quine aux manettes, Edwards à l'écriture. Suffirait qu'il soit du niveau de Pushover
André Jurieux
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par André Jurieux »

Jeremy Fox a écrit :M'attire sacrément ce film. Quine aux manettes, Edwards à l'écriture. Suffirait qu'il soit du niveau de Pushover
Ce n'est tout de même pas le cas Jeremy, mais le film a ses mérites, notamment encore une fois à cause du personnage incarné par Rooney qui est
peut-être unique dans l'histoire du polar.
D'autre part, Pushover était un film noir y compris par son esthétique, dans DRIVE A CROOKED ROAD, il n'en est rien. On est dans la crudité quotidienne
mais çà n'enlève rien à la noirceur du film.

Le choix esthétique, décrit dans le message précédant , a été imposé d'abord par le personnage principal, un homme moins qu'ordinaire dont il fallait
montrer la trivialité du quotidien. Ensuite par le scénario et les lieux ou l'action se déroule.
On est à Los Angeles et sous le soleil. On va sur les plages. La maison de Steve Norris fait face à l'océan, etc... Il y a très peu de scènes nocturnes,
contrairement à tant de polars dont Pushover.

Ce film est d'ailleurs celui qui a été tourné immédiatement après "Drive...". Ce n'est sans doute pas un hasard si son esthétique est tellement différente...
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

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GUNMAN IN THE STREETS. TRAQUÉ. Frank Tuttle. 1950

Production : Sacha Gordine
Scénario : Jacques Companeez. Dialogue Add : Henry Kane
D. de la photographie : Eugene Schuftan

Avec Dane Clark (Eddy Roback), Simone Signoret (Denise Vernon), Robert Duke (Frank Clinton), Fernand Gravey (Le commissaire Dufresne) et Michel André (Max Salva).

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Eddy Roback, un truand américain qui purgeait une peine de prison en France, est libéré par des complices qui attaquent son fourgon cellulaire et l'escorte policière qui
l'accompagnait lors d'un transfert. Malgré la mobilisation des forces de police qui surveillent ses anciens complices, Roback réussit à contacter Denise, sa dernière maitresse.
Avec elle, il traverse Paris pour tenter de réunir la forte somme d'argent nécessaire à sa fuite en Belgique ou des complices l'attendent, mais les anciens amis contactés
refusent de lui venir en aide.

Denise retrouve le soir même dans un restaurant parisien son nouveau petit ami, un jeune journaliste américain. Celui ci, ayant appris l'évasion de l'ancien amant de
Denise, comprend que celle ci l'a revu et donne les 300 000 francs nécessaires à la fuite de Roback. Il s'impose même pour accompagner les 2 anciens amants lors de leur
fuite de Paris...

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Si l'on a déjà vu une ribambelle de Films Noirs nous montrant les aventures d'un couple en fuite, on a plus rarement vu les protagonistes d'un triangle amoureux
partir sur les routes pour fuir la police. Le problème c'est que dans notre histoire, l'un des trois est d'une fadeur telle qu'elle ôte au film une de ses dimensions
essentielles.
Dane Clark est parfait dans son rôle de dur. C'est une vrai pile électrique. On pense à Cagney ou à Kirk Douglas. Il s'extrait lui même une balle du bras. Même
handicapé par sa blessure, il empoigne ses contradicteurs à la moindre occasion. Il a la gâchette facile et la rancune tenace. Il réserve d'ailleurs un traitement
impitoyable à celui qu'il soupçonne de l'avoir donner jadis à la police. Lorsqu'il raconte son évasion, il décrit avec le sourire aux lèvres le sort du gendarme a qui
il était lié par des menottes et qui a été tué par un complice, abattu d'une balle en pleine tête.
L'intensité de son regard, notamment lors d'une scène d'attraction sexuelle violente est remarquable, mais il est finalement blessé intérieurement par les hésitations
et les atermoiements de Denise à son égard.

Simone Signoret est elle aussi parfaite. Belle et sensuelle, elle domine aussi l'interprétation par sa sensibilité et sait montrer la complexité de ses sentiments par
son jeu. Elle a été la petite amie officielle de Roback avant son incarcération mais elle n'est pas du milieu. Elle a d'ailleurs un nouveau petit ami, un jeune
journaliste, correspondant à Paris d'un journal américain.
Pendant très longtemps -c'est même un des ressorts essentiels du film- on ne sait pas ce que va faire Denise au moment de la séparation inévitable du trio.
-Aime t'elle encore Roback ou l'aide t'elle seulement par loyauté ? Peut-être voudrait-elle aimer le jeune Clinton mais l'attraction sexuelle qu'elle éprouve
encore pour Roback l'emporte sur ses sentiments ?

Enfin Robert Duke. Le jeune journaliste est aussi un fils de famille. Cet acteur en est pratiquement resté là et ce n'est pas dommage...Il traverse le film comme
un fantôme. Il faut dire qu'il n'est pas aidé par le scénariste qui n'a rien fait ou presque de cette profession de journaliste qui est habillement mise en valeur une
seule fois alors que çà pouvait éventuellement donner un intérêt secondaire à l'intrigue. Le coté "scoop en direct"...ou l'éventuelle ambiguité de la véritable raison
de sa présence auprès de l'ancien couple.

Pour en finir avec l'interprétation, celle de Fernand Gravey en commissaire de police est très bonne. Il trimbale une apparente distinction, a un coté débonnaire,
manie l'irone et le double langage mais finalement dans la conclusion du film il montrera peut-être son vrai visage, celle d'un personnage dur, sec et presque cynique.
Voyant Fernand Gravey dans ce rôle, on ne peut pas ne pas penser au Paul Meurisse du DEUXIÈME SOUFFLE.

J'ajoute qu'une bonne partie des interprètes secondaires sont français, notamment les autres policiers et les anciens complices de Roback. L'accent français très
prononcé des comédiens accompagne donc le film de même qu'une musique très couleur locale. Le film s'ouvre au son de l'accordéon...et sur la tour Eiffel.
On est donc dans une atmosphère particulière pour un Film Noir. Le dépaysement propre au genre est donc absent, remplacé par le dépaysement tout relatif nous
montrant ici une France d'une autre époque. Tout ceci est anecdotique. On a beau être en France, il s'agit bien là d'un authentique Film Noir.

J'ajoute pour finir, que l'épilogue du film, le dernier quart d'heure, est sans doute le plus réussi et que son ouverture pétaradante est assez nerveusement filmée.
Quelques autres séquences sont plutôt brillamment dirigées par Tuttle, tout aussi brillamment aidé par Eugene Schuftan qui met remarquablement en valeur les
décors nocturnes de Paris.

Film passé à la TV chez nous.
Dernière modification par André Jurieux le 9 oct. 12, 16:57, modifié 1 fois.
Federico
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Federico »

André Jurieux a écrit :Le film s'ouvre au son de l'accordéon...et sur la tour Eiffel.
Y a pas aussi un vieux type voûté à moustache mal soignée qui passe en béret basque avec une baguette molle sous l'bras ? :mrgreen:
Le plus marrant (ou triste) c'est que cette carte postale a à peine changée (cf la plupart des blockbusters catastroph-iqu-e). Idem pour d'autres cités représentés en synthèse vite faite/mal faite par Hollywood. Ça me fait d'autant plus sourire que je ne suis jamais monté sur la tour Eiffel et que je supporte difficilement le son de l'accordéon. :roll:
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Lord Henry »

Tiens, je me suis rappelé que je l'avais commenté voilà déjà huit(!) ans:
Lord Henry a écrit :Gunman in the Streets (1950)

Les rues en question sont celles de Paris et le "gunman" un truand américain en cavale.

Transposition du film noir à l'américaine sur le territoire hexagonal de l'après-guerre, Le Traqué décline sous la plume de Jacques Companéez les figures et situations obligées du genre.
Pour s'assurer un cachet d'authenticité, on recrute à la réalisation Frank Tuttle (This Gun for Hire avec Alan Ladd) et l'anglais est de rigueur. De son côté, le compositeur Joe Hajos bat le rappel d'une tradition française que n'eût pas reniée Joseph Kosma.
Dans le rôle-titre, l'ancien espoir de la Warner Dane Clark nous livre sa version personnelle du James Cagney de la grande époque. On lui préfèrera la capiteuse sensualité de Simone Signoret, déchirée entre deux hommes et marquée par le destin, ainsi que le flegme de Fernand Gravey.
Le résultat final, handicapé par un scénario bancal et une distribution à l'avenant, s'il manque notablement d'inspiration n'en reste pas moins divertissant.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par André Jurieux »

Federico a écrit :
André Jurieux a écrit :Le film s'ouvre au son de l'accordéon...et sur la tour Eiffel.
Y a pas aussi un vieux type voûté à moustache mal soignée qui passe en béret basque avec une baguette molle sous l'bras ? :mrgreen:
Le plus marrant (ou triste) c'est que cette carte postale a à peine changée (cf la plupart des blockbusters catastroph-iqu-e). Idem pour d'autres cités représentés en synthèse vite faite/mal faite par Hollywood. Ça me fait d'autant plus sourire que je ne suis jamais monté sur la tour Eiffel et que je supporte difficilement le son de l'accordéon. :roll:
Non, la moustache, la baguette, le beret, j'ai pas vu. Par contre, on sait qu'on est à Paris et à une certaine époque -et pas à Chicago, New-York ou Los Angeles- à cause des prénoms datant de l'âge du bronze de la plupart des protagonistes.
Y'a même un barman qui s'appelle Gaston et qui a appris l'anglais en prenant des cours du soir à un âge déjà avancé...ou bien phonétiquement.

Comme les distributeurs américains pouvaient difficilement faire passer les comédiens pour des gars du cru, ils s'en sont pris à l'équipe technique. Dans le générique, Jacques Companeez devient ainsi Jack Companeez. On voit Eugen(e) Schuftan, sans le E final, etc...
Ils sont comme çà les ricains, on est tous un peu frères...ou tous un peu américains.

Par contre, pour l'accordéon, c'est comme pour le reste , si c'est bien fait...Fait un essai avec Richard Galliano, Astor Piazzolla (Bandonéon), ou chez certains groupes de la nouvelle scène française. Dans le série "faisons du neuf avec du vieux",
Yann Tiersen utilise aussi l'Acc., y compris dans ses musiques de film.
André Jurieux
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par André Jurieux »

Lord Henry a écrit :Tiens, je me suis rappelé que je l'avais commenté voilà déjà huit(!) ans:
Lord Henry a écrit :Gunman in the Streets (1950)

Les rues en question sont celles de Paris et le "gunman" un truand américain en cavale.

Transposition du film noir à l'américaine sur le territoire hexagonal de l'après-guerre, Le Traqué décline sous la plume de Jacques Companéez les figures et situations obligées du genre.
Pour s'assurer un cachet d'authenticité, on recrute à la réalisation Frank Tuttle (This Gun for Hire avec Alan Ladd) et l'anglais est de rigueur. De son côté, le compositeur Joe Hajos bat le rappel d'une tradition française que n'eût pas reniée Joseph Kosma.
Dans le rôle-titre, l'ancien espoir de la Warner Dane Clark nous livre sa version personnelle du James Cagney de la grande époque. On lui préfèrera la capiteuse sensualité de Simone Signoret, déchirée entre deux hommes et marquée par le destin, ainsi que le flegme de Fernand Gravey.
Le résultat final, handicapé par un scénario bancal et une distribution à l'avenant, s'il manque notablement d'inspiration n'en reste pas moins divertissant.
Ah oui, déjà le rapprochement avec Cagney...La même agressivité et une apparence physique assez semblable, petit, trapu, la tête un peu rentrée dans les épaules. Je n'y avait pas forcement pensé avant mais quand il a décoché une mandale à Simone, je me suis dit "C'est le fils caché de Jimmy !"
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Chip »

Dane Clark (que j'apprécie), icone du film noir B, vénérait ses deux "modèles " Bogart et Garfield. Il fut d'ailleurs souvent considéré par les critiques U.S. comme une pâle imitation de John Garfield, avec qui il tourna beaucoup à la Warner, mais la comparaison avec Cagney reste plausible. Un dvd zone 2 de ce film rare ,serait le bienvenu.
kiemavel
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

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DANGEROUS MISSION. MISSION PERILLEUSE. Louis King. 1954

Production : Irwin Allen pour RKO
Scénario : Charles Bennett, Horace McCoy et W.R Burnett
Dir. de la photographie : William Snyder


Avec : Victor Mature (Matt Hallet), Piper Laurie (Louise Graham), Vincent Price (Paul Adams), William Bendix (Le chef ranger Joe Parker) et Betta St. John (Mary Tiller)

Dans la salle déserte d'un restaurant, un homme joue du piano dans la pénombre. Un homme s'approche lentement dans son dos et l'abat d'un coup de révolver. On entend
des pas. Quelqu'un arrive. Une femme qu'on ne voit pas assiste à la scène et hurle. L'homme lui tire dessus mais la femme réussit à s'enfuir.

Plus tard, dans son bureau, le meurtrier discute avec son avocat. Le procureur le soupçonne du meurtre mais n'a aucune preuve. Les autorités judiciaires pense, à raison, qu'un
témoin a pu assister à la scène et le recherche mais le tueur révèle avoir découvert l'endroit ou se cache la jeune femme. Il s'adresse alors à un homme assis en face de lui,
dont on ne voit pas le visage, et lui donne l'ordre de supprimer ce témoin gênant, en laissant croire à une mort accidentelle.
La jeune femme travaille dans l'unique grand hôtel d'un parc naturel...

Matt Hallet arrive dans le parc, prend une chambre et, séduit par la jeune femme qui travaille dans le hall de l'hôtel, entre en contact avec elle. Très rapidement, il fait la
connaissance de Paul Adams, un photographe amateur, puis est invité dans la résidence d'un homme d'affaire en vacances...

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Même si d'ordinaire je suis plutôt complaisant avec les polars, cherchant le plus souvent à mettre en valeur les qualités d'un film ou à en montrer l''originalité, pour celui là,
j'ai vraiment besoin de chercher.
Je plante tout de même le décor car c'est qu'en même l'un des aspects réussis du film.
Le technicolor pour filmer un polar se déroulant dans un parc naturel, çà donne forcement de belles images et elles sont là mais la mise en scène aurait pu tirer un meilleur
partie encore du site du Parc Naturel du Glacier dans le Montana qui a l'air splendide.

Dans la partie finale du film, une longue poursuite en haute montagne, on a d'ailleurs des arrières plans spectaculaires... et des premiers plans ridicules avec rochers en
polystyrène et sapins en plastoque. Ce final est d'ailleurs interminable et mal fichu, les rebondissements se succèdent et le méchant n'en fini pas de mourir. On se croirait dans
Jason 12...ou pour respecter l'époque, dans un serial raté. Plus largement, au rayon "effets spéciaux", on peut dire que la plupart des transparences sont horribles...Enfin bref,
en terme de mise en scène, ce n'est pas terrible et je prends le pari que ce bon Louis n'était pas souvent invité chez son glorieux frangin, même pas pour thanksgiving.

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Au bout de 40 minutes, le seul véritable intérêt du film en terme d'intrigue -l'identité du tueur-est éventé et il sabote une éventuelle roue de secours, mettre l'accent sur les
personnages et leurs relations et notamment les couples potentiels et les éventuelles manipulations du méchant de l'histoire. Il y a bien des velléités de séduction ou de tentatives
de manipulations mais c'est mal fichu.
Pourtant, 2 hommes, 2 femmes. çà donnerait des idées à n'importe qui. Surtout que ce n'est pas joué par les premiers venus. Victor Mature, Vincent Price et Piper Laurie, c'est
un casting.
Pour ce qui est de la 2ème femme, je n'en ai pas encore parlé, c'est une jeune indienne jouée par betta St. John. Son père est recherché pour meurtre et se cache dans la montagne.
Il jouera d'ailleurs un rôle au cour de la poursuite finale. Avoir un indien avec soi, c'est un avantage indéniable car chacun sait que pour renifler une piste, un indien, c'est mieux qu'un
épagneul.....Il faut voir la tête de l'indien. Doit être né à Brooklyn le gars...

Enfin bref, ce n'est pas que je n'ai pas aimé (si, si, c'est vrai...) mais j'emploierai un qualificatif que j'utilise vraiment en dernier recours, c'est distrayant. D'ailleurs, Louis King le
sait tellement qu'il utilise quelques ficelles pour distraire le public avec son histoire qui ne tient pas trop le coup, il multiplie les péripéties sans intérêts mais potentiellement
spectaculaires ou folkloriques :
-Çà commence avec une réception qui est perturbée par une avalanche de pierres au cours de laquelle Victor Mature montrera un certain courage.
-Ensuite on a la visite d'une réserve indienne avec soirée coutumière et danse de la pluie, ou de je ne sais quoi...
-Et enfin, un incendie de forêt spectaculaire mais gâché par les transparences.

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Petit bonus. On peu se réjouir de la présence de William Bendix qui joue le chef des rangers. Un des grands/petits seconds rôles du cinéma américain de l'âge d'or au même titre que
James Whitmore, Ed Begley...Pour ne citer que 3 noms parmi les dizaines de personnalités marquantes que l'on aura pu croiser et revoir au cours de nos découvertes.

Un autre personnage secondaire important est un vieil homme bedonnant, en apparence débonnaire et jovial, Mr. Elster joué par Harry Cheshire.

Un dernier mot sur Louis King. On ne connait pas beaucoup de films de ce frère du célèbre Henry. Il a signé un Charlie Chan, plusieurs Bulldog Drummond qui ont des amateurs mais ces
films les plus connus sont ses westerns ou semi-westerns. C'était en effet un des spécialistes des films familiaux plus ou moins adultes type "L'étalon noir" mettant au prise un cheval plus
ou moins malin avec un enfant, ou parfois avec un ou des adultes (Sand, Le lion et le cheval).

Il a ainsi tourné "Son of Flicka/Jupiter", "Green grass of Wyoming" avec Peggy Cummins , "Sand" et "The lion and the horse" avec Steve Cochran

Passé à la TV chez nous. A priori seulement en VF.
Dernière modification par André Jurieux le 10 oct. 12, 11:01, modifié 1 fois.
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