Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Chip
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Chip »

A-propos du tâcheron R.G. Springsteen, il faut voir " Hellfire"(1949) petit western original joué par William Elliott, Forrest Tucker et la splendide Marie Windsor, qui considérait ce film comme son meilleur, avec " the killing".
Springsteen a aussi réalisait un émouvant " Come next spring" (celui qu'on n'attendait plus) (1956), beau morçeau d'americana , Ann Sheridan considérait son rôle , comme son préféré, et sa carrière en recèle de magnifiques. Il y avait également dans ce film Republic en trucolor : Steve Cochran, Walter Brennan, Edgar Buchanan et James Best, j'ai ce film devenu très rare au milieu des années 50 en salle, jamais revu depuis.
kiemavel
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Message par kiemavel »

Chip a écrit :A-propos du tâcheron R.G. Springsteen, il faut voir " Hellfire"(1949) petit western original joué par William Elliott, Forrest Tucker et la splendide Marie Windsor, qui considérait ce film comme son meilleur, avec " the killing".
Springsteen a aussi réalisé un émouvant " Come next spring" (celui qu'on n'attendait plus) (1956), beau morçeau d'americana , Ann Sheridan considérait son rôle , comme son préféré, et sa carrière en recèle de magnifiques. Il y avait également dans ce film Republic en trucolor : Steve Cochran, Walter Brennan, Edgar Buchanan et James Best, j'ai ce film devenu très rare au milieu des années 50 en salle, jamais revu depuis.
Renseignements pris, ces deux films dont je n'avais jamais entendu parler semblent effectivement très intéressants notamment le second sur lequel je viens de lire des commentaires favorables. Par contre, ça risque d'être compliqué à trouver mais je lance mes plus fins limiers sur la piste. Merci en tout cas car ces films m'étaient absolument inconnus ce qui est plutôt curieux au vu du casting, notamment en raison de la présence de Steve Cochran dans le second, un acteur sur lequel je me croyais un peu compétant (le naif :oops: ).
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Supfiction
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Message par Supfiction »

Et celui-ci tu l'as vu ? Ou peut-être y a t-il un autre Steve Cochran compétent ici ..

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kiemavel
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Message par kiemavel »

Supfiction a écrit :Et celui-ci tu l'as vu ? Ou peut-être y a t-il un autre Steve Cochran compétent ici ..
OK, pour l'orthographe. Bien que peu vigilent, surtout pour moi-même de ce coté là, il m'arrive d'en voir aussi dans la prose des autres et de les relever, mais discrètement :fiou: (voir l'échange précédant avec Chip). C'est du comique de répétition ou vous êtes un certain nombre à être dans l'enseignement ? :P Cela dit, entièrement d'accord, il faudrait vérifier les acquis des postulents avant de les intégrer...mais tous les acquis. Puisqu'il s'agit d'un double test, celui sur le cinéma est sans surprise plus probent. En même temps, c'est pas trop difficile ( Dans ce paragraphe, le jeu consiste à remettre les e à la place des a ou inversement).

The Beat Generation de Charles Haas. Un thriller pas terrible qui s'ouvre sur Louis Armstrong et ses musiciens. Il interprète la chanson titre dans une boite dont l'atmosphère est inédite dans le thriller et pourtant on ne compte plus les scènes se déroulant dans des casinos ou des boites de nuit dans le genre. Pour résumer, la Beat Generation selon Charles Haas, c'était rien qu'une bande de dégénérés aux regards vitreux, zombies et cie qui se tiennent très mal à table. Ils sont tous plus ou moins affalés par terre pour écouter le Louis d'une oreille distraite. Bref, le film est plus fort sur le Beat (puisque Armstrong se repointe à 3 reprises) que sur l'étude de la Generation.

En revanche, Steve Cochran a tourné un autre film sous la direction du metteur en scène Charles Haas, et celui ci est un des titres qui figurent encore sur ma liste des "à trouver", c'est :
Le témoin doit être assassiné (The Big Operator) avec aussi Mickey Rooney (époque psychopathe)
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Supfiction
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Message par Supfiction »

Congratulations!
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Chip
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Message par Chip »

Cochran est aussi sur westernmovies, rubrique biographie. :wink:
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

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Meurtres à Calcutta (Calcutta) 1947
Réalisation : John Farrow
Production : Seton I. Miller (Paramount)
Scénario : Seton I. Miller
Image : John F. Seitz
Musique : Victor Young

Avec :

Alan Ladd (Neale Gordon)
Gail Russell (Virginia Moore)
William Bendix (Pedro Blake)
June Duprez (Marina Tanev)
Lowell Gilmore (Eric Lasser)
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Neale, Pedro et Bill sont 3 amis qui se sont connus pendant la guerre du Pacifique. Anciens pilotes de l'armée américaine, ils se sont installés à Calcutta après la guerre et se sont reconvertis dans l'aviation civile, assurant les périlleuses liaisons entre l'Inde et la Chine. Aventuriers sans attaches, les deux amis de Bill sont très surpris quand celui lui leur apprend qu'il est sur le point de se marier avec une jeune américaine rencontrée depuis peu. La nuit même de son retour à Calcutta, Bill est retrouvé assassiné, étranglé par un inconnu. Ne croyant pas en la compétence de la police locale, Neale décide de mener sa propre enquête avec l'aide de Pedro. Il fait ainsi la connaissance de Virginia, la mystérieuse fiancée qui d'emblée ne lui inspire aucune confiance. D'un naturel méfiant envers les femmes, il commence par douter de sa version de la dernière soirée passée avec son fiancé le soir même de sa disparition. Il l'interroge brutalement sans tenir compte des sentiments exprimés par la jeune femme, allant même jusqu'à arracher de son cou le collier de diamants prétendument offert par Bill alors que celui ci n'aurait jamais eu les moyens de lui offrir un pareil présent. Muni du bijou, Neale commence par glaner des renseignements sur les marchés de Calcutta afin de retrouver le vendeur. Il rencontre ainsi Mrs. Smith, une mystérieuse expatriée anglaise…
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Pendant 10 min. on pense à une erreur d'aiguillage car on est plus dans un film d'aventures que dans un film noir. Neale, Pedro et Bill transportent donc du fret en survolant la "butte", c'est à dire l'Himalaya dans le langage des pilotes du secteur…Accident, atterrissage en urgence, dialogues d'hommes et bagarre dans un bar, on est dans le film d'hommes, viril et pas compliqué. L'irruption d'une femme d'abord simplement évoquée mais qui provoque déjà les sarcasmes de Neale, puis le meurtre mystérieux de Bill, transforment assez radicalement le récit. C'est manifestement un véhicule pour Alan Ladd, version dur à cuire, c'est à dire avant que ses employeurs ne découvrent qu'il pouvait plaire aux petits n'enfants. Il est de presque toutes les scènes. On insiste d'abord sur le coté athlétique (Heu, remarquez Alan, y'avait avec ou sans tabouret ). On commence par le voir torse nu en train de décharger les marchandises de son C-47, puis jouer du coup de poing avec l'aide de William Bendix, son vieux complice à la ville comme à l'écran et dès qu'il se met à parler, c'est pour montrer son scepticisme lorsqu'il apprend que son ami Bill est stupide au point de faire suffisamment confiance à une femme pour aller jusqu'à envisager de l'épouser. Bref, c'est du Alan Ladd assez typique de la période : misogyne, cynique, froid et même sans émotion. Ainsi, lorsqu'il apprend la mort brutale de Bill, étranglé la nuit précédente, il reste absolument impassible, signalant au passage que les femmes ne sont pas les seules à essuyer ses sarcasmes car les autorités policières anglaises chargées de l'enquête en font aussi les frais. C'est d'ailleurs parce qu'il ne croit pas en leur compétence qu'il commence son enquête, montrant par là une certaine loyauté vis à vis de son ami brutalement disparu. Mais ce n'est même l'enquête proprement dite qui intéresse en premier lieu le scénariste mais les relations de Neale avec deux femmes : une qui l'aime et qu'il délaisse, l'autre dont il se méfie avant d'en tomber amoureux.

On commence par découvrir la première, Marina (June Duprez), une chanteuse de cabaret qui, avant de fournir les premiers renseignements sur les évènements qui s'étaient produit la nuit précédente, chante une chanson en français, surement un signe de sophistication délibéré car contrairement à d'autres personnages semblables, il n'y a pas une once de vulgarité ou de pathos chez elle alors qu'elle est plutôt délaissée par Neale, son petit ami. Fataliste, elle semble se contenter de ces relations insatisfaisantes avec le fuyant Neale. Dans un film aussi asexué que son héros, elle est impliquée dans les seules scènes un peu sexy. Dans la 1ère, elle sort de la douche en peignoir et vient s'allonger sur un Alan Ladd impassible qui l'embrasse mollement, déjà préoccupé par sa rencontre prochaine avec la mystérieuse fiancée de Bill. Puis, plus tard, s'inquiétant de la relation naissante qu'elle soupçonne entre Virginia et son petit ami, elle l'interrogera à ce sujet. Ces quelques lignes de dialogue constituant d'ailleurs le seul échange un peu chaud et allusif du récit…et pratiquement les seules scènes dans lesquels on verra la sobre et talentueuse June Duprez ("star" éphémère autour de 1940 en Angleterre avec notamment les 1er rôles féminins des quatre plumes blanches et du voleur de Bagdad). Puis, on rencontre Virginia (Gail Russell), une des femmes fatales les plus improbables de tout le cycle noir, non pas qu'elle soit mauvaise mais choisir pour un tel rôle cette petite beauté sombre aux regards tendres était une audace singulière par rapport à ses rôles antérieurs et surtout par rapport aux personnages de femmes fatales habituelles.
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Elle est ici à contre emploi, et pourquoi pas, mais si le mystère et les interrogations qu'il suscite dans la première partie du récit lui siéent parfaitement, le personnage tel qu'il évolue est si mal caractérisé qu'on a un peu de mal à avaler les révélations qui surviennent en cours de route, sans que je puisse vraiment déterminer à qui attribuer la plus grande part de responsabilité mais je pense tout de même que Gail Russell ne convenait pas vraiment pour un tel rôle. On ne voit pas dans son interprétation d'évolution, plus de noirceur s'installer en cours de route et même dans le final, on a presque envie de lui crier -juste pour lui faire plaisir- : " Bon, ben vas-y ! Tues-moi !!! " ( Bon, faut dire que mon vrai héros de film noir, c'est Robert Mitchum, le plus maso de tous). Comme ça ne vient pas, c'est Neale qui est obligé de la bousculer. Il gifle à 4 ou 5 reprises Virginia au cours de séquences finales assez décevantes en dehors d'un dernier échange au cours duquel Virginia parvient encore une fois à être plus touchante qu'autre chose. Pour en finir sur ce point, Calcutta est tout de même assez fidèle jusqu'au bout à ses personnages quoiqu'on puisse en penser. Neale ne cède pas au chantage sentimental de Virginia et le final ne nous montre pas un Neale profondément transformé par ces épreuves "sentimentales", mais, ayant montré qu'il pouvait finalement tomber amoureux d'une femme et ayant eu à en souffrir, il semble paradoxalement avoir perdu au moins une part de sa misogynie. La scène finale le montre en effet prêt à reprendre sa vie antérieure mais si on le voit prêt à remonter à bord de son avion, le dialogue avec Marina est plus détendu. Quand elle lui dit qu'elle " le préfère en l'air à l'abri des autres femmes", Neale réagit en souriant et l'embrasse.
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Cela dit, même s'il y a quelques reproches à faire sur ces relations qui s'établissent entre les 3 principaux protagonistes de Calcutta, j'en ai surtout à formuler sur le reste, l'enrobage. 1er point, "L'ambiance" indienne et le milieu des expatriés. C'est du faux, du toc. Les investigations de Neale l'amène à fréquenter les casinos et les cabarets de Calcutta, ses bars, ses hôtels et ses marchés mais tout ceci ne donnent même pas de belles images. S'il était difficile mais pas impossible de faire du couleur locale en ne sortant pas des studios Paramount, Farrow ne parvient pas à créer une atmosphère exotique et plus grave, il ne donne aucun parfum particulier à ce film, ne comptant que sur ses principaux personnages pour faire vivre son récit. A l'univers exotique de pacotilles voir inexistant s'ajoute un récit nébuleux peuplé de personnages mystérieux et insaisissables qui ne m'a guère passionné. Le film appartient à une famille du film noir que je n'aime pas beaucoup qui a (parait-il) démarré avec Le faucon maltais et qui s'est poursuivi par exemple avec Le masque de Dimitrios mais pour le film de Farrow, c'est sans le jeu de dupes et le style sarcastique du premier et le récit en puzzle du second. Dans ce récit à énigmes, tous les personnages que l'on croise ne sont que des silhouettes ne présentant pas beaucoup d'intérêt, à une exception près…et je commence par elle.

Mrs. Smith (Edith King), la première que croise Neale au cours de son enquête est une vieille expatriée anglaise. C'est une femme d'affaires mystérieuse et sophistiquée qui commerce elle aussi entre l'Inde et la Chine. Qui commerce...ou plutôt qui traficote pour être plus juste avec le lecteur. C'est un peu physiquement et stylistiquement une Sydney Greenstreet au féminin pour présenter sommairement le personnage. On s'interroge longtemps sur sa complicité ou pas avec un autre marchand, indien et enturbanné celui là, Malik, qui semble faire de la contrebande entre les deux pays. Ensuite nous avons Eric Lasser, le propriétaire du casino dans lequel chante Marina. C'est un type charmeur qui semble avoir une certaine influence sur la jeune fiancée en deuil…Plus tard, la police britannique tiendra aussi un rôle secondaire puisque après avoir à son tour échappé de justesse à une tentative de meurtre par strangulation, c'est Neale qui sera soupçonné de meurtre par la police coloniale. Je ne développe pas plus. Les péripéties ne manquent pas dans cette histoire plutôt bien écrite (en dehors des dialogues qui sont eux d'une grande pauvreté en dehors de quelques échanges dont celui que j'ai signalé) mais si les péripéties sont raisonnablement intéressantes et acceptables, les personnages sont tellement schématiques et flous et la mise en scène de Farrow est tellement impersonnelle et molle que l'on arrive pas vraiment à se passionner pour cette histoire. Cela dit, j'ai déjà affirmé -et je confirme- que ce type de récit n'était pas trop pour moi…
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C'était la 3ème fois que John Farrow utilisait le tandem Alan Ladd/William Bendix. Auparavant, sous la direction de Farrow, les deux amis avaient déjà partagé l'affiche du défilé de la mort (China) en 1943 et de Révolte à bord ( Two Years Before the Mast) en 1946. Ils s'étaient rencontrés sur un autre film noir, La clé de verre (The Glass Key) de Stuart Heisler (1942) et 15 ans plus tard, après une longue interruption, ils se retrouveront encore ensemble sur En Patrouille (The Deep Six) de Rudolph Maté. Amis proches mais séparés pendant presque dix ans en raison de l'hostilité de la femme de Ladd à l'égard de Bendix, Ils ont même poussés la proximité jusqu'à casser leurs pipes prématurément la même année en 1964, âgés respectivement de 50 et 58 ans. Le duo fonctionne comme d'habitude très bien mais des 6 films qu'ils ont tourné ensemble, Calcutta est probablement celui dans lequel Bendix est le plus terne car c'est aussi celui ou il a le moins de présence à l'écran. La carrière "noir" de John Farrow avait débuté avec Calcutta. Un an plus tard, sortira son meilleur, La grande horloge (The Big Clock) (DVD zone 2). Il dirigera à nouveau Gail Russell, cette même année 1948 dans Les yeux de la nuit (Night Has a Thousand Eyes) avec Edward G. Robinson et John Lund. Si celui ci présentait déjà des aspects fantastiques, c'était encore plus le cas du suivant, Un pacte avec le diable (Alias Nick Beal) (1949) qui est vraiment à la lisière du genre. Avec Where Danger Lives (DVD zone 1 avec vost), il retournait au film noir classique avant d'offrir avec Fini de rire (His Kind of Woman) (1951), une des plus réussis des tentatives d'hybridation entre comédie et polar (DVD zone 1 et 2).

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kiemavel
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

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Alan Ladd avec John Farrow durant le tournage de Calcutta + une photo d'exploitation
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D'autres photos d'exploitation …qui ne reflètent en rien l'atmosphère du film. Paramount envisageait de le remonter pour en faire une comédie ? :mrgreen:
La suite ? Soit du rattrapage de films annoncés mais devancés par d'autres : un Joan Dixon, un Henry Fonda...ou bien poursuite de l'exploration des Alan Ladd qui ne courent pas les rues, je pense en 1er lieu à Enquête à Chicago de Lewis Allen. Celui ci, malgré une intrigue un peu confuse et compliquée, est assez nettement meilleur que le précédent.

Chip a écrit :Cochran est aussi sur westernmovies, rubrique biographie. :wink:
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C'est une proposition d'asile cinématographique (pas l'asile tout court quand même ?). Mais y'a une sélection à l'entrée chez vous ? ou au moins un contrôle continu ?
Dave Bannion
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Dave Bannion »

Tu l'as en vostfr ?
Comment est ta copie ?

La mienne est pourrie et en vo nst !!
Difficile de l'apprécier ds ces conditions mais le casting fait rêver.
C'est plus un film d'aventures qu'un film noir.
kiemavel
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

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Enquête à Chicago (Chicago Deadline) 1949
Réalisation : Lewis Allen
Production : Robert Fellows (Paramount)
Scénario : Warren Duff
d'après le roman de Tiffany Thayer
Image : John F. Seitz
Musique : Victor Young

Avec :

Alan Ladd (Ed Adams)
Donna Reed (Rosita Jean D'Ur)
June Havoc (Leona Purdy)
Berry Kroeger (Solly Wellman)
Arthur Kennedy (Tommy Ditman)
Shepperd Strudwick (Blacky)
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A la suite d'un renseignement reçu d'un informateur, Ed Adams, reporter dans un grand journal de Chicago, se déplace dans un hôtel minable de la ville pour y rechercher une jeune fille de bonne famille qui avait fuit le domicile familial. Il commence par ironiser sur sa situation puis devant ses pleurs fait preuve de compréhension et se propose de la ramener chez elle. Un cri retenti soudain, le corps d'une jeune femme à peine plus âgée que la jeune Minerva vient d'être retrouvé dans une chambre voisine. Adams, saisit la jeune fugueuse et la forçant à s'approcher du corps lui prédit le même avenir, puis, en raison de l'intervention de la logeuse ne voulant pas d'ennui avec la police pour avoir accueilli une mineure, il met la jeune fille à l'abri et retourne sur ses pas. Intrigué par cette très belle jeune femme qui manifestement n'avait rien à faire dans ce bouge, il commence à fouiller la chambre à la recherche de renseignements sur elle et trouve un petit carnet d'adresses qu'il a le temps de dissimuler juste avant l'arrivée de la police. Bien que Rosita semble selon les premières constatations être décédée de mort naturel des suites de la tuberculose, sitôt rentré à la rédaction, Adams commence à explorer le carnet d'adresses, d'abord pour retrouver une famille éventuelle ce qui permettrait à la défunte d'avoir un enterrement décent puis, très vite, parmi la cinquantaine de noms, le reporter remarque celui d'un minable gangster puis un nom manifestement codé dans lequel il reconnait un homme d'affaires bien connu. Après avoir contacté quelques unes de ces personnes, s'apercevant que tous nient avoir connu la jeune femme et ne comprenant pas comment Rosita avait pu côtoyer autant de gens différents, le reporter commence une enquête d'abord avec le désir de faire de bons papiers mais progressivement, touché par le triste destin de Rosita, il va tenter de reconstituer les dernières années de sa vie…
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Une variante du film noir, plus précisément du film de détective, l'enquêteur étant comme dans plusieurs classiques du genre un journaliste de métier qui plonge dans les bas-fonds de sa communauté et découvre, en marge de son enquête, les liens qui unissent certains notables à des gangsters de sa ville. Mais si le coté "croisade" contre le crime existe bien, ce n'est que la conséquence de l'enquête menée par le reporter car même si la collusion entre les différents "milieux" de Chicago est évoqué, tout ce qui touche aux affaires douteuses et au gangstérisme restera une toile de fond car si tous ces hommes sont effectivement liés entre eux, ce qui est montré ce sont surtout les conséquences tragiques que cela va avoir sur la vie de Rosita. Mais ce qui marque surtout, c'est la transformation qui va s'opérer chez l'enquêteur. Le reporter a pourtant manifestement côtoyé les bas-fonds ; Il semble blasé et il affiche un certain cynisme mais la découverte de Rosita, une jeune femme d'une grande beauté morte de maladie dans un taudis infâme et qui apparemment n'appartenait pas à ce milieu, va le marquer profondément et va l'indigner surtout lorsqu'il découvrira progressivement son histoire. Une fascination morbide va même progressivement s'emparer de lui jusqu'à la résolution de l'énigme de la vie et de la mort de Rosita.

Un enquêteur qui tombe amoureux d'une morte ??? Oui, c'est la première partie de Laura. Mais dans le film de Preminger, le procédé employé pour peindre le portrait de celle que l'on croit disparue était à la fois plus simple et plus puissant. Les témoins de la vie de Laura étaient peu nombreux mais très forts et très bien caractérisés : Lydecker, le vieux Pygmalion sophistiqué et frustré qui a "fait" et entretenu Laura , Carpenter, le médiocre gigolo + quelques personnages secondaires dont la tante de Laura…Sur cet aspect là, la structure de Chicago Deadline est beaucoup plus complexe. Tout d'abord, les renseignements recueillis par Adams qui au bout de la route nous permettront de savoir avec lui qui était Rosita nous arrivent de manière parcellaire et en grande partie de manière indirecte par de multiples témoignages venant éclairer les événements survenus au cours des dernières années de sa vie, y compris certains épisodes bien précis qui finissent par s'expliquer mais seulement par l'accumulation des informations reçues tout au long de l'enquête. Très longtemps, ils ne viennent d'ailleurs que complexifier l'image que l'on peut avoir de la jeune femme tant les éléments recueillis par Adams semblent contradictoires et ne pas pouvoir concerner la même jeune femme mais c'est parce que l'essentiel est tu puisque la peur habite un certain nombre de personnes figurant dans le carnet d'adresses de la victime, notamment chez les premiers témoins qui seront contactés par Adams : Lou, un truand notoire, qui niera avoir jamais connu Rosita ainsi qu'un certain GGT qui sera vite identifié comme GG Temple, un banquier et homme d'affaires en vue de Chicago qui lui aussi niera avoir connu la jeune femme.
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Ce ne sont que les premiers d'une très longue série de témoins et d'acteurs de la vie de Rosita car ici il y en aura vraiment beaucoup. Outre les premiers nommés, on aura : une bonne soeur qui parlera de Rosita comme d'une sainte ; Leona , une danseuse qui fut sa colocataire ; Blacky, un séduisant gangster ; Belle Dorset, la petite amie d'un gangster ; Hazel, qui fut son employée de maison ; John Spingler, un autre gangster ; Shaner, un écrivain invalide ; Bat Bennett, un boxeur et Cavanagh son manager…La plupart d'entre eux figurent dans le fameux carnet, d'autres sont retrouvés grâce à l'enquête mené par Adams et "Pig", son débrouillard assistant. Cela dit, malgré la multitude de personnages secondaires et l'intrigue très complexe, le récit reste clair et très maitrisé. Le problème c'est que le film s'attarde sur l'enquête qui s'attache à reconstituer les liens qui unissent tous ces personnages et leurs rôles dans la vie de Rosita. Le film cherche surtout à répondre à la question : comment et pourquoi Rosita fut en contact avec toutes ces personnes en apparence incompatibles et pourquoi en est-elle morte ? Or, en s'intéressant trop à l'énigme et à des problèmes de connexions et d'aiguillages, le scénario n'exploite pas toutes les possibilités de son sujet de départ. Le film aurait du notamment se concentrer davantage sur la personnalité de la disparue, ce qui aurait permis de rendre compte avec plus de sensibilité de la fascination morbide d'Adams…C'est selon moi le point faible du film et ce qui limite le plus son impact : la personnalité de la morte telle qu'elle est montrée…et accessoirement son interprète.

Car évidemment on voit "revivre" Rosita. Le procédé narratif inclus plusieurs flashbacks qui -pour illustrer ou compléter certains témoignages- montrent directement certains évènements. Le premier illustre le témoignage d'une des premières personnes contactées par Adams, Tommy Ditman (Arthur Kennedy), qui se révèle être le frère de Rosita. Il évoque leur enfance dans une ferme texane puis sa fuite de la ferme familiale à l'âge de 17 ans et ses premières années à San Francisco. Plus tard, elle s'était mariée à un architecte d'origine française, Paul Jean d'Ur, mais son mari était mort accidentellement deux ans seulement après leur mariage ce qui avait provoqué son départ pour Chicago ou Tommy l'avait perdu de vue. Mais encore une fois, même au détour de ces flashbacks, on apprend peu de choses directement de Rosita et sur Rosita. Sa personnalité est simplement survolée et ce que l'on comprend d'elle ne vient presque toujours que par ricochets, par le regard porté sur elle par les multiples hommes -et les quelques femmes- qu'elle aura côtoyé. Sa personnalité ne suscite en elle-même pas assez d'interrogations, or le portrait de la jeune femme aurait du être plus complexe et ambigu à l'image de la Laura de Preminger pour reprendre une comparaison déjà employée. Cela dit, sur ce point là, ni Lewis Allen ni son scénariste ne sont pleinement responsables car plusieurs versions du script avaient été refusées par les censeurs avant l'acceptation de celle dont nous voyons l'adaptation à l'écran.
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La description de la vie de Rosita avaient en effet été jugé inacceptable car elle donnait l'image d'une femme libre -voir d'une prostituée- en raison de ses relations avec de multiples hommes durant sa courte existence. Le fait même que son carnet d'adresses comportait une cinquante de noms posait problème. Si les multiples témoins masculins ayant brièvement partagés sa vie (pour certains, c'est seulement sous entendu) sont restés, le scénariste a résolu le problème en faisant de Rosita -il est vrai seulement au bout du parcours- une sorte de sainte, seulement victime de la fascination qu'elle avait exercée sur les hommes qu'elle avait rencontré. Certains l'avaient désiré, d'autres en étaient tombé amoureux, certains de ceux là s'étant écartés en raison de l'attirance d'un plus puissant et d'autres personnages secondaires avaient nui également à la jeune femme sans le vouloir vraiment, simplement pour avoir voulu protéger un proche de l'entourage dangereux qui gravitait autour d'elle ( C'est peut-être le moment de signaler que ces rivalités auront des conséquences tragiques pour nombre d'entre eux…) Si Rosita n'est en somme montrée que comme la proie des hommes…malheureusement on a un peu de mal à comprendre les fondements de cette fascination qu'elle leur inspire. Si elle n'est pas aidée par le scénario, l'interprétation de Donna Reed n'est pas non plus à la hauteur et ce n'est pas une surprise, c'est même le contraire qui l'eut été. La seule chose que l'on remarque vraiment c'est sa beauté aussi radieuse que son sourire innocent de "Girl Next Door" mais c'est insuffisant pour un tel rôle ( C'est même le seul sérieux défaut de ce film et si je devais noter de 1 à 100 sur l'échelle des émotions véhiculées les personnages et les actrices qui les incarnent, je mettrais 97 à Gene Tierney et un petit 30 à Donna Reed).

Alan Ladd est beaucoup plus intéressant. Alors, certes ce n'est pas McPherson/Dana Andrews car Ladd manquait de moyens dramatiques et avait un visage trop figé pour exprimer la complexité des émotions transmises par un grand mais il se débrouille très bien dans un rôle bien plus complexe que ce qu'on lui demandait la plupart du temps dans le genre. On le découvre en apparence inchangé : rude, cynique et blasé. Son premier réflexe dans la chambre de la morte est celui du fouille-xxxxx, du fouineur à la recherche de l'information exploitable mais d'emblée toutefois il porte un regard plein de compassion sur la défunte, sidéré qu'une telle femme ai pu mourir seule dans un hôtel aussi minable. Il ne cessera de vouloir remonter le temps -c'est le sens de son enquête- comme s'il pouvait rattraper la disparue et progressivement on le sent de plus en plus concerné intimement par ses investigations. Le chemin parcouru est immense pour celui qui ironisait d'abord avec ses collaborateurs de la rédaction sur le contenu potentiellement scabreux -et par conséquent exploitable- des informations qu'ils pourraient retirer du fameux carnet…Préoccupé par l'enquête qu'il va mener, il ne pourra d'ailleurs pas totalement empêcher la publication d'articles salissant la mémoire de la défunte qui passera pour une fille facile, voir une prostituée ce qui provoquera des heurts avec sa rédaction. Mais, une fois l'enquête parvenue à son aboutissement, dans les magnifiques scènes finales qui se déroulent durant les obsèques de Rosita, lorsqu'il y retrouvera son jeune frère, celui ci lui dira, enfin respectueux : "Au fond, vous êtes le seul à l'avoir vraiment connu"…Puis le film se conclu sur les images montrant Adams détruire le carnet de Rosita dans un bruloir, préservant ainsi définitivement sa mémoire.
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Par contre, le bilan humain est assez lourd : 7 morts dont une mort "naturelle", un accident mortel et un suicide. Parmi les morts violentes : 3 par balles, un écrasé. Voilà qui devrait attirer le passant (Pffff 7 morts, c'est une bluette). Les scènes d'action sont presque limitées au dernier quart d'heure avec une bonne course poursuite en taxi puis un règlement de comptes final dans un garage à plusieurs étages avec une utilisation intelligente des éléments trouvés sur place, notamment une plate forme élévatrice. Mais bon, l'intérêt est ailleurs. L'hécatombe était d'ailleurs assez prévisible en raison de l'affolement provoqué par l'enquête d'Adams et de l'intervention presque immédiate pour tenter de freiner ses investigations d'un personnage secondaire assez inquiétant que je n'ai pas encore évoqué, Solly Wellman et son homme de main. Le premier est interprété par le (presque) toujours gluant Berry Kroeger.

Ce film, malgré quelques défauts, est sans doute le meilleur film de la famille polar réalisé par Lewis Allen. Il aurait même pu être un chef d'oeuvre du genre sans quelques menus détails : un scénario qui se concentre sur les deux personnages principaux…et une autre interprète féminine. Bref, le genre de "bricoles" :mrgreen: qui font les différences entre les bons films et les impérissables. Dommage mais à voir néanmoins. J'ai déjà évoqué la filmo "noire" de Lewis Allen à la fin du texte portant sur Échec au hold-up (Appointment with Danger)…Se reporter à l'index pour ceux que ça intéresse.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

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2 photos d'exploitation pas idiotes. La 1ère présentant un des enjeux de l'intrigue : les interrogations d'un détective amateur qui à travers les informations contenues dans un carnet d'adresses découvre une femme à multiples facettes. La seconde présentant les trois femmes du récit.

La suite ? Peut-être encore du Alan Ladd…ou toujours pareil, les films annoncés dernièrement et non publiés.


Dave Bannion a écrit :Tu l'as en vostfr ?
Comment est ta copie ?
La mienne est pourrie et en vo nst !!
Difficile de l'apprécier ds ces conditions mais le casting fait rêver.
C'est plus un film d'aventures qu'un film noir.
Hello Dave !
Calcutta. vo non st (copie assez bonne)
Chicago... vost anglais (copie pourrie)
Il est d'ailleurs incroyable qu'un tel film n'ai pas bénéficié de restauration et ne soit pas passé à la télévision américaine depuis des dizaines d'année.
Par contre, pour Calcutta, film d'aventure ? Non, pas pour moi. Film noir "exotique" si tu veux mais au même titre qu'une tripotée de films du genre qui lui ressemble et pas seulement en raison de sa localisation. L'atmosphère de ce film ainsi que ses personnages énigmatiques autant qu'inquiétants, tu les retrouves notamment dans les quelques films que j'ai cité et dans la plupart des autres "délocalisations" du film noir.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Supfiction »

D'accord avec toi concernant Donna Reed, qui sorti de It's a wonderfull life ne m'a jamais vraiment emballé.

Petite digression pour le plaisir : les "délocalisations du film noir" se perpétuent au XXIème siècle. Cf. cette très belle affiche de Sin City 2 (qui vient d'ailleurs d'être censurée par la Motion Picture Association of America (MPAA)..

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Message par Supfiction »

NAKED ALIBI. ALIBI MEURTRIER. Jerry Hopper. 1954
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kiemavel a écrit :------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Avec Sterling Hayden (Joe Conroy), Gene Barry (Al Willis), Gloria Grahame (Marianna) et Chuck Connors.

Al Willis a été ramassé en état d'ébriété par la police. Soudain il se montre violent et les inspecteurs sont contraints de répliquer. Dans l'échauffourée, Il est blessé légèrement puis est rapidement libéré.
Le lendemain un des inspecteurs qui avait interrogé Willis est abattu en pleine rue et dans les jours qui suivent, la voiture de 2 autres policiers explose au démarrage. Willis, immédiatement suspecté, est
amené de force au commissariat après avoir tenté de prendre la fuite.

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Le film est construit en 2 parties. La première au cours de laquelle le boulanger incarné par Gene Barry est ramassé à plusieurs reprises par la police. Joe Conroy est en effet persuadé de tenir un
tueur de flics mais n'a aucune preuve véritable pour le faire inculper. Il s'obstine néanmoins mais alors que les services de police de la ville sont déjà mis sur la sellette en raison de méthodes
jugées brutales, Conroy est pris en photo par un journaliste empoignant Willis au cours d'une descente de police et est révoqué.

La seconde partie, qui débute après une demi-heure de film, se passe dans une ville frontière avec le Mexique. Willis fait croire à sa femme qu'il doit s'absenter pour raisons professionnelles mais
rejoint en réalité sa maitresse, une chanteuse de cabaret. Dès lors on n'a plus - bien trop tôt- aucune interrogation sur l'identité du tueur de flics. Double vie...et sans doute double personnalité.

Conroy malgré sa révocation continue à titre personnel son enquête et a poursuivit Willis jusque dans cette ville. Le soir même de son arrivée, il est agressé dans la rue et poignardé. Il est recueilli
au domicile d'un viel homme et de son petit fils...dont la voisine du premier n'est autre -heureuse coïncidence- que la petite amie de Willis. Un scénariste un peu plus inspiré aurait pris la peine
d'arranger une rencontre moins improbable mais passe encore...

Je passe sur les développements prévisibles de l'intrigue, notamment sur le dilemme amoureux de la belle pour dire quelques mots des personnages et de l'interprétation.

Sterling Hayden est très bon, comme d'hab. dès qu'il doit interpréter un personnage "brut de décoffrage". Il finira pourtant par s'adoucir et dans toute la partie finale il montrera malgré sa sobriété
quasi légendaire tout son potentiel dramatique.

Gloria Grahame a rarement été aussi sexy que dans ce film....Rien que pour çà la note du film remonte de quelques points. En dehors de cet aspect, elle trimbale dans chaque plan son velours et son
coté vaporeux habituel que personnellement j'adore. D'autre part elle chante une (très bonne) chanson.

Par contraste, Gene Barry campe un psychopathe plutôt pas mal. Il est maladivement jaloux et tabasse tous les pauvres type qui reluquent du coin de l'oeil sa petite amie...voir même plus tard la belle
Gloria quand il comprendra qu'elle commence à échapper à son emprise.

Un seul personnage secondaire est intéressant, c'est un enfant débrouillard qui interviendra de manière décisive dans le dénouement final.

Bilan : Un film pas désagréable qui vaut surtout pour son interprétation et la belle photographie de Russell Metty. Le travail d'Hopper est lui beaucoup plus anonyme. On peut dire la même chose du scénario
qui sur un point de départ intéressant ne tient pas, loin de là, toutes ses promesses.
Vu ce matin. Ta critique était juste, le scenario n'est pas prenant et peu convaincant. Le film n'est sauvé que par l’interprétation de Sterling Hayden en premier lieu avec sa voix si charismatique. Gene Barry est crédible et Gloria Grahame.. et bien je l'aime toujours elle!
Très sexy et toujours juste, souvent dans des rôles de gentilles filles (parfois faciles) et quelque-peu paumées.
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A son sujet, juste un point négatif : son entrée dans le film façon Gilda n'est pas du tout réussi. On connait tellement bien sa voix quelque-peu aigu que le doublage lorsqu'elle chante n'est pas crédible une seconde, je trouve que cela gâche vraiment son entrée.

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Supfiction a écrit :A son sujet, juste un point négatif : son entrée dans le film façon Gilda n'est pas du tout réussi. On connait tellement bien sa voix quelque-peu aigu que le doublage lorsqu'elle chante n'est pas crédible une seconde, je trouve que cela gâche vraiment son entrée.
Oui pour le doublage. Cela avait déjà été relevé par Federico quelques pages après le texte en question lorsqu'il avait à son tour découvert ce film. Effectivement, j'avais du être victime d'un phénomène pas inexpliqué, en rien physiologique et pas si rare :
Le regard qui accapare toute l'attention et qui perturbe le fonctionnement des autres sens. Tu te retrouves conjointement avec les mires écarquillées et les portugaises ensablées :shock: . La doubleuse s'appelait Jo Ann Greer. Elle avait été aussi notamment la voix chantée de Rita Hayworth à de nombreuses reprises mais c'était surtout une chanteuse de jazz qu'on doit pouvoir entendre sur youtube.
Supfiction a écrit :D'accord avec toi concernant Donna Reed, qui sorti de It's a wonderfull life ne m'a jamais vraiment emballé.

Petite digression pour le plaisir : les "délocalisations du film noir" se perpétuent au XXIème siècle. Cf. cette très belle affiche de Sin City 2 (qui vient d'ailleurs d'être censurée par la Motion Picture Association of America (MPAA)..
Spoiler (cliquez pour afficher)
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Pour Donna Reed, même dans le Capra, elle est juste la bonne mère de famille, l'épouse de…et le soutien de…Mais oui, on a sans doute pour elle les yeux de James Stewart.
Pour ton machin du 21ème siècle, c'est pas trop le mien, en tout cas pour ce genre de films. Je ne connais pas le 1 et n'irais sans doute pas voir le 2 même si la Motion Picture se décidait à remettre les nichons à la une :oops:
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

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Allô…L'assassin vous parle (The 3rd Voice) 1960
Produit, écrit et réalisé par Hubert Cornfield
d'après le roman All the Way de Charles Williams
Producteur associé : Maury Dexter (Associated Producers, Inc.)
Distribution : 20th Century Fox
Image : Ernest Haller
Musique : Johnny Mandel

Avec :

Edmond O'Brien (La voix/Harris Chapman)
Julie London (Corey Scott)
Laraine Day (Marian Forbes)
Olga San Juan (La prostituée)

Marian Forbes, l'ancienne collaboratrice et maitresse de Harris Chapman, un riche homme d'affaires de Seattle qui l'avait évincé, décide de se venger. En lui fournissant tous les éléments biographiques nécessaires et des bandes enregistrées de sa voix, elle forme un complice à endosser l'identité de Chapman afin qu'il devienne son sosie vocal. L'homme d'affaires s'apprête en effet à passer quelques jours au Mexique, un éloignement qui est une occasion idéale pour le tuer puis de s'accaparer une partie de sa fortune en manipulant à distance les collaborateurs de l'homme d'affaires. A peine arrivé au Mexique, Chapman est contacté par Marian qui le provoque en prétendant vouloir le faire chanter. Le sanguin homme d'affaires tombe dans le piège, se rend à un rendez-vous dans une villa isolée et est abattu par son ex maitresse. Descendant à l'hôtel réservé par Chapman, son usurpateur le remplace alors et, prétextant être en train de négocier une affaire immobilière nécessitant une mise de 250 000 $, il tente de se faire virer cette somme sur un compte bancaire au Mexique. Au téléphone, il réussit à duper l'agent de change de Chapman ainsi que Frances, sa nouvelle maitresse. En attendant que la transaction aboutisse, il prend du bon temps : rencontrant au bar de l'hôtel, Corey, une jeune américaine, il sort avec elle, fréquentant restaurants et night-clubs ; il fait des sorties en mer…et reçoit des filles à son hôtel…
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Une histoire de vengeance qui débouche sur une fable sur la cupidité. Le moyen employé est un classique du thriller, l'usurpation d'identité. Ce thriller plutôt réputé vaut surtout pour l'interprétation remarquable d'Edmond O'Brien, pour la mise en scène d'Hubert Cornfield par moment brillante et accessoirement pour la performance "physiquement" intéressante de Julie London. C'est donc un double rôle pour son interprète principal. On ne sait pas grand chose de celui dont on ne connaitra jamais le nom ni ce qui l'a amené à être en contact avec la commanditaire du meurtre, c'est à dire l'ex maitresse et secrétaire interprétée par Laraine Day. Dans le roman All the Way de Charles Williams, il semble que l'homme choisi pour usurper l'identité de l'homme d'affaires étaient un employé de sa société ne ressemblant pas à sa "victime", dans l'adaptation non plus d'ailleurs puisqu'il ne s'agit pas d'une histoire de sosie ou uniquement de sosie "vocal", mais puisque les deux hommes sont mis en présence dans des scènes d'ailleurs assez habilement filmées, ils se ressemblent tout de même d'assez près. D'ailleurs celui que l'on ne connaitra pas autrement que comme The Voice change légèrement d'apparence physique lorsqu'il endosse l'identité de l'homme d'affaires, "grisonnant" ses tempes et chaussant des lunettes tout en changeant de style vestimentaire. Ce n'est d'ailleurs qu'un prétexte pour permettre à Edmond O'Brien de faire étalage de ses capacités de comédien car dans cette intrigue, la ressemblance physique entre les 2 hommes n'est à aucun moment nécessaire car l'usurpation d'identité s'exerce sur des gens qui -à priori- ne connaissent pas la victime et surtout, pour le but recherché, c'est à dire l'extorsion de fonds, elle doit fonctionner par téléphone sur les gens de l'entourage de Chapman qui se trouvent à 1500 km de son lieu de villégiature. C'est donc un des thrillers dans lequel la voix revêt le plus d'importance et celui dans lequel on se téléphone le plus !
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C'est d'ailleurs par là que s'ouvre le film, les essais de voix de "The Voice". Les scénaristes et le metteur en scène ne tergiversent pas, c'est même une constante dans ce film qui avance sans le moindre temps mort. On découvre O'Brien en train d'écouter la voix d'un homme, puis lui même s'enregistrer en tentant d'imiter la voix entendue précédemment. On le voit répéter son rôle en quelque sorte et reprendre à de multiples reprises le timbre, les intonations jusqu'à la perfection recherchée. On le voit aussi apprendre par coeur les éléments de biographie communiqués par l'ancienne maitresse de Chapman, on rentre donc sans explications superflues dans le vif du sujet…Comme je l'ai déjà laissé entendre, le "clou du spectacle", c'est l'interprétation d'O'Brien, bien aidé par un scénario qui lui permet de jouer -un peu artificiellement- deux personnages très différents puisque l'usurpateur ne joue pas en permanence son personnage. La transformation physique tout d'abord est étonnante, comme quoi pour un grand acteur, il lui faut peu de choses pour endosser une personnalité assez radicalement différente de manière crédible. Il semble prendre dix ans avec trois fois rien. Il passe ainsi de l'allure et de la voix que l'on connait…à "quelque chose" qui ressemble à Broderick Crawford dès qu'il devient Chapman. L'homme d'affaires avait une personnalité fruste et des manières brutales. C'était un aboyeur qui traitait ses collaborateurs comme un médiocre petit Pinochet de bureau. Sa voix est rauque et hargneuse et il s'exprime en permanence comme s'il semblait ordonner quelque chose et imposer sa volonté. En revanche, même si on ne sait plus très bien qui l'on voit dans les scènes montrant le personnage dans sa vie privée, mais loin de l'assurance affichée par l'arrogant homme d'affaires, il y est d'une maladresse confondante, notamment avec les femmes. C'est montré dans des scènes ou O'Brien semble s'être beaucoup amusé, riant bêtement à ses mauvaises blagues, dansant avec l'élégance de l'hippopotame et s'esclaffant de manière outrancière devant Corey, la jeune américaine rencontrée à l'hôtel, manifestement fou de joie de tenir dans ses bras une si jolie femme. Bref, ça ressemble à du Broderick Crawford, à la fois dans ses prestations dans le polar pour l'apparente brutalité...et aussi pour le coté grotesque qui sera exploité par Cukor dans Comment l'esprit vient aux femmes ?
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Si le numéro d'Edmond O'Brien vaut le visionnage, le suspense est lui tout relatif. Le scénariste et metteur en scène se sert de bonnes recettes éculées mais il n'avait pas le choix étant donné le minimalisme d'une intrigue reposant essentiellement sur une usurpation d'identité qui fonctionne à distance mais qui pourrait connaitre des ratés si l'usurpateur se retrouvait face à des connaissances de Chapman. Alors forcément l'intéressé en joue. The Voice/Chapman est d'abord confronté à son hôtel à un homme qui pense le reconnaître puis il tentera de ne pas se retrouver face à un couple de Seattle eux aussi en vacances au Mexique. La aussi, l'usurpateur fera du Chapman pour s'en sortir habilement en mêlant violence et mauvais gout. Cornfield s'amuse aussi dans certaines séquences avec un gout pour le macabre qui doit bien quelque chose au maitre (Hitch.). En terme de mise en scène, il multiplie les bizarreries plus gratuites qu'efficaces ou "signifiantes". Si la séquence dans laquelle la (future) victime et son remplaçant se retrouvent très proches l'un de l'autre dans la gare d'Acapulco est très habilement mise en scène, d'autres séquences qui se détachent par leur originalité sont plus ambiguës et semblent un peu gratuites. Ainsi, après que le crime ai été commis et alors que l'usurpateur s'apprête à se débarrasser du cadavre, une séquence montre la commanditaire interprétée par Laraine Day, allongée avec un air satisfait dans un canapé. Profitant qu'O'Brien passe devant elle, elle lui saisit le bras au passage et l'attire très brièvement sur le canapé. Très vite, il se relève, fait une grimace et regarde Laraine Day stupéfait puis touche ses lèvres du bout des doigts comme s'il venait de recevoir un coup de poing sur le visage ! L'aller-retour éclair sur le canapé se déroulant hors champ ! Ce bon Edmond ne lui envoie pas une bonne mandale comme réponse sinon ça aurait pu être une illustration de la chanson de Magalie Noël "Fais moi mal, Johnny" ! Je ne sais pas si l'idée était de montrer que l'ex aimait l'amour qui fait boum…mais c'est tout de même une récompense étrange pour la sale besogne que son complice s'apprête à accomplir : se débarasser du cadavre (pas simple non plus et là aussi il y a un peu de Hitch dans le traitement de cette séquence). Enfin, à propos de l'épilogue…
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...censé être "The Cherry on the Cake", il est pour moi complètement raté et bâclé. La séquence est jouée de manière outrée par Laraine Day et plus grave encore est totalement téléphonée. En effet, j'ai déjà dit que les polars à énigmes ne sont pas ma cup of tea, le démêlage en cours de route des noeuds de l'intrigue ne faisant pas non plus partie de mes préoccupations premières. Bref, bien que plus Hercule (Because Béthune) que Poirot, j'avais anticipé au bout du 1er quart d'heure ce qui est censé être l'effet de surprise qui doit stupéfier le spectateur dans le final. Bref, sur ce plan là, pour moi c'est raté.
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Hubert Cornfield n'aura réalisé que 7 films pour le cinéma dont 4 sont de la famille polar/thriller. Son premier petit (65 min) film réalisé pour Allied Artists était déjà un policier mais Sudden Danger (1955) n'était qu'un petit serial avec Bill Elliott dans le rôle de l'officier de police Andy Doyle qui connu plusieurs prolongements tournés par des "pointures" tels Edward Bernds ou Jean Yarbrough…et ça ne casse pas des briques. Le second, Hold-Up (Plunder Road) était nettement meilleur. C'était un -à la manière- de "The Asphalt Jungle" très épuré et tendu dans lequel on retrouvait quelques 3ème couteaux du genre (Gene Raymond, Wayne Morris et Elisha Cook Jr.). Ce film faisait le lien improbable entre Huston (pour le film évoqué prédemment) et le Gérard Oury du Corniaud (bon, là, pour apprécier le rapprochement, faut avoir vu le film…) J'ai déjà évoqué ce film dans ce topic. Le plus connu est La nuit du lendemain (The Night of the Following Day), un thriller psychologique sorti en DVD chez nous…et qui paradoxalement est peut-être le moins intéressant de ses films. La encore, on remarquait certaines thématiques déjà vues chez ce réalisateur. La tentative d'extorsion de fonds n'avait plus pour base une manipulation mais partait d'un enlèvement. Le cinéaste se penchait surtout sur les dissensions parmi les 4 kidnappeurs, notamment entre les deux têtes d'affiche, Richard Boone remportant la mise haut la main face à un Brando en mode "pilotage automatique" mais ce film est pour moi facultatif et pas seulement en raison d'un final complètement débile. Enfin, le curieux Pressure Point (DVD zone 1 avec vost) est l'un de ces films audacieux des années 60 produits par Stanley Kramer. Il aurait d'ailleurs remonté le film ce qui écoeura Cornfield. Malgré des maladresses, c'est un film intéressant notamment pour le face à face entre Bobby Darin (le nazi) et Sidney Poitier qui interprétait le psychiatre qui évoquait pour un collègue perturbé par le cas d'un patient raciste qu'il n'arrivait pas à soigner, le cas similaire d'un jeune américain pro nazi dont il avait étudié le cas durant la seconde guerre mondiale.
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Dernière modification par kiemavel le 7 juin 14, 10:10, modifié 2 fois.
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