Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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kiemavel
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

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Jolie... la bande annonce :D

Heu, moi aussi j'ai du Ted Tetzlaff qui se profile (pas le même mais il va peut-être falloir qu'on commence à se concerter car on va finir par se marcher sur les pieds et je ne voudrais pas que ça se termine dans le sang :twisted: )
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Chip »

A propos de " When strangers marry / betrayed", que je n'ai pas vu ( mais la présence de Mitchum et Hunter fait envie), on cite les frères King et Philip Yordan. Ce petit monde est aussi à l'origine d'un petit western diablement intéressant par son sujet et ses personnages amoraux, ça s'appelle " Bad men of Tombstone ", en France "J'ai épousé un hors-la-loi" (1949) et c'est joué par deux acteurs vus souvent dans le genre noir : Barry Sullivan et Broderick Crawford. Ce petit western foncièrement noir, vient de sortir cette année en dvd (all zone) aux U.S.A. Cette perle méconnue, mérite bien quelques lignes.
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Supfiction
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Re: Le cran d'arrêt (1952)

Message par Supfiction »

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Le cran d'arrêt (1952)
Réalisation : William Dieterle
Scénario : Warren Duff d'après une histoire d'Horace McCoy
Avec : William Holden, Edmond O'Brien, Alexis Smith, Ed Begley

kiemavel a écrit : Je préfère nettement l'autre film noir de Dieterle : Le cran d'arrêt (The Turning Point) dans lequel le district attorney Edmond O'Brien, envoyé dans sa ville natale gangrenée par une corruption généralisée, faisait face aux gangsters et à des adversaires inattendus : son ami d'enfance devenu un journaliste désabusé (William Holden)…et même dans sa famille …Pléthore de seconds rôles prestigieux : Neville Brand, Ted de Corsia, Ed Begley..
Le film n'avait pas été diffusé à la télé depuis très longtemps. Ce n'est plus le cas désormais. Le cran d'arrêt est diffusé ce mois-ci sur Paramount Channel, la chaine de Jerry & Elvis qui ne sait pas gérer les sous-titres. J'avais prévu d'écrire un texte complet sur le film mais le souvenir s'estompe déjà et je dois déclarer forfait pour de l'approfondi.

On trouve dans ce film quelques vedettes du film Noir de ce début des années 50 : la star montante William Holden (deux ans après Boulevard du Crépuscule) est sous-employé au profit d'Edmond O'Brien (D.O.A., The Hitchhiker) qui tient le premier rôle d'un avocat idéaliste en lutte (en croisade même) contre la corruption (je parlais plus haut de Kid Glover Killer, film de 1942 qui traitait déjà de ce sujet).
Tous deux sont très bons, de même qu'Alexis Smith qui tient le rôle de la petite amie d'O'Brien. L'actrice eu une belle et longue carrière, jouant notamment à plusieurs reprises avec son grand ami Errol Flynn (Gentleman Jim mais aussi Montana, Dive Bomber et San Antonio) et l'achevant avec le plus beau film du monde : Le temps de l'innocence (dans le rôle de Louisa van der Luyden, figure éminente et respectée du microcosme new-yorkais de la fin du XXème siècle).
Il y a également Ed Begley, une gueule bien connue des seconds rôles (connu notamment pour sa participation dans Douze hommes en colère) qui tient le rôle du gangster. En creusant davantage, on reconnaitra Ray Teal qui jouait le Sheriff dans Ace in the hole / Le gouffre aux chimères.
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L'argument : Le Sénat lance une vaste enquête publique sur le crime organisé aux États-Unis. Un jeune avocat et son ami reporter travaillent ensemble et rassemblent des preuves capitales de la corruption au sein même du Sénat. Mais progressivement, de fortes pressions politiques les empêchent de mener à bien leurs investigations. Les deux hommes ne se découragent pas et n'hésitent pas à braver tous les dangers pour mener à bien leur enquête. Bientôt, les menaces se font plus précises et, surtout, plus meurtrières...

C'est un film noir de niveau moyen, un peu daté déjà peut-être pour l'époque, ni mauvais (photographie sans génie mais impeccable) ni transcendant. A noter que The Captive City de Robert Wise sur un sujet très proche sortit cette même année 1952. Quelques touches mélodramatiques se mêlent et atténuent quelque peu la tension et l'ambiance noire.

Le film a une fin peu ordinaire (vous comprendrez) qui lui donne son petit cachet. Il s'achève sur ces paroles prononcées par le personnage de Edmond O'Brien :

"Parfois c'est un prix exorbitant qu'un homme doit payer pour être en règle avec la loi, et avec sa conscience."
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

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Le cran d'arrêt (1952)
Réalisation : William Dieterle
Scénario : Warren Duff d'après une histoire d'Horace McCoy
Avec : William Holden, Edmond O'Brien, Alexis Smith, Ed Begley

kiemavel a écrit : Je préfère nettement l'autre film noir de Dieterle : Le cran d'arrêt (The Turning Point) dans lequel le district attorney Edmond O'Brien, envoyé dans sa ville natale gangrenée par une corruption généralisée, faisait face aux gangsters et à des adversaires inattendus : son ami d'enfance devenu un journaliste désabusé (William Holden)…et même dans sa famille …Pléthore de seconds rôles prestigieux : Neville Brand, Ted de Corsia, Ed Begley..
Le film n'avait pas été diffusé à la télé depuis très longtemps. Ce n'est plus le cas désormais. Le cran d'arrêt est diffusé ce mois-ci sur Paramount Channel, la chaine de Jerry & Elvis qui ne sait pas gérer les sous-titres. J'avais prévu d'écrire un texte complet sur le film mais le souvenir s'estompe déjà et je dois déclarer forfait pour de l'approfondi.

On trouve dans ce film quelques vedettes du film Noir de ce début des années 50 : la star montante William Holden (deux ans après Boulevard du Crépuscule) est sous-employé au profit d'Edmond O'Brien (D.O.A., The Hitchhiker) qui tient le premier rôle d'un avocat idéaliste en lutte (en croisade même) contre la corruption (je parlais plus haut de Kid Glover Killer, film de 1942 qui traitait déjà de ce sujet).
Tous deux sont très bons, de même qu'Alexis Smith qui tient le rôle de la petite amie d'O'Brien. L'actrice eu une belle et longue carrière, jouant notamment à plusieurs reprises avec son grand ami Errol Flynn (Gentleman Jim mais aussi Montana, Dive Bomber et San Antonio) et l'achevant avec le plus beau film du monde : Le temps de l'innocence (dans le rôle de Louisa van der Luyden, figure éminente et respectée du microcosme new-yorkais de la fin du XXème siècle).
Il y a également Ed Begley, une gueule bien connue des seconds rôles (connu notamment pour sa participation dans Douze hommes en colère) qui tient le rôle du gangster. En creusant davantage, on reconnaitra Ray Teal qui jouait le Sheriff dans Ace in the hole / Le gouffre aux chimères.
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L'argument : Le Sénat lance une vaste enquête publique sur le crime organisé aux États-Unis. Un jeune avocat et son ami reporter travaillent ensemble et rassemblent des preuves capitales de la corruption au sein même du Sénat. Mais progressivement, de fortes pressions politiques les empêchent de mener à bien leurs investigations. Les deux hommes ne se découragent pas et n'hésitent pas à braver tous les dangers pour mener à bien leur enquête. Bientôt, les menaces se font plus précises et, surtout, plus meurtrières...

C'est un film noir de niveau moyen, un peu daté déjà peut-être pour l'époque, ni mauvais (photographie sans génie mais impeccable) ni transcendant. A noter que The Captive City de Robert Wise sur un sujet très proche sortit cette même année 1952. Quelques touches mélodramatiques se mêlent et atténuent quelque peu la tension et l'ambiance noire.

Le film a une fin peu ordinaire (vous comprendrez) qui lui donne son petit cachet. Il s'achève sur ces paroles prononcées par le personnage de Edmond O'Brien :

"Parfois c'est un prix exorbitant qu'un homme doit payer pour être en règle avec la loi, et avec sa conscience."
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Le film est rediffusé dans une heure sur Paramount Channel.
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A Dangerous Profession

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A Dangerous Profession (1949)
Réalisation : Ted Tetzlaff / Production : Robert Sparks (RKO) / Scénario : Martin Rackin et Warren Duff / Photographie : Robert De Grasse / Musique : Friedrich Hollaender

Avec George Raft (Vince Kane) / Ella Raines (Lucy Brackett) / Pat O'Brien (Joe Farley) / Bill Williams (Claude Brackett) / Jim Backus (Lt. Nick Ferrone) / Roland Winters (Jerry McKay) / Robert GIst (Roy Collins/Max Gibney)

Associé à Joe Farley, l'ex policier Vince Kane dirige une agence de prêt installé à proximité du tribunal de Los Angeles. Leur activité consiste à avancer les cautions demandées pour obtenir la libération de leurs clients dans l'attente de leurs procès. Kane, qui a conservé des liens étroits avec d'anciens collègues dont son ami Nick Ferrone, accompagne ce dernier au domicile de Claude Brackett, un homme qu'il vient tout juste d'arrêter. Cet employé d'une société de courtage est suspecté d'avoir détourné 100 000 $ de titres et d'avoir abattu un policier. En fouillant son domicile, Kane se rend compte que l'épouse de Brackett est Lucy, une de ses anciennes petites amies qui avait subitement disparue des années auparavant. Kane laisse sa carte en évidence et quelques jours plus tard, Lucy se présente à l'agence, lui assure que son mari est innocent et plaide son cas pour qu'il le fasse libérer en payant sa caution. Malgré le désaccord de son associé, Kane avance une partie de la somme nécessaire. Mais aussitôt après avoir été libéré, Brackett est abattu. Kane commence à enquêter parmi les fréquentations de Brackett...
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Quelques qualités et une originalité initiale en raison de l'activité professionnelle des deux têtes d'affiche masculines. Je ne me souviens pas avoir vu cette profession de "garants de caution" dans un autre film criminel (aux USA, les gens qui pratiquent ce métier sont appelés les "Bail Bondsmen"). Dès la séquence d'ouverture, en voix off, le commentaire ironique de Nick Ferrone, l'ami policier de Vince Kane, nous décrit cette activité légale en ne dissimulant pas que les pratiques des bail bondsmen peuvent faire barrage à la bonne administration de la police et de la justice et qu'elle est donc moralement discutable…comme le sont les gens qui exercent ce métier car le seul critère qui préoccupent ces agences n'est pas l'innocence ou la culpabilité des incriminés mais les chances de récupérer son "investissement" à l'issu des procès. Le rôle des employés consiste donc à étudier suffisamment chaque cas afin de mesurer les risques encourus en se portant garant pour les cautions exigées contre la libération des criminels faisant appel via leurs avocats au service des agences spécialisées.

Des impératifs économiques qui ne sont pas sans importance dans un film qui met, de manière assez peu commune dans le film noir, autant l'accent sur l'origine sociale des deux principaux protagonistes. Joe Farley (Pat O'Brien), celui qui a crée la société et qui détient l'essentiel de ses parts est un homme d'origine modeste qui a monté cette société prospère en étant parti de rien et il s'inquiète donc pour sa pérennité alors qu'il en a toujours été l'administrateur prudent. De son coté, Kane est celui qui a une parfaite connaissance du milieu criminel, une expérience acquise comme policier. Il ne cache pas à son ami lieutenant que c'est l'appât du gain qui lui a fait quitter la police alors qu'il aimait son métier. Mais lorsque reparait une femme qu'il avait profondément aimé, Kane rompt le contrat qui le lie à son associé, lequel ne comprend pas le risque encouru par Kane d'autant plus que ce dernier a accepté de se porter garant malgré la faiblesse des ressources du couple Brackett et en dépit de l'intervention d'un avocat douteux n'ayant à priori aucun intérêt à s'impliquer dans la transaction. C'est donc la réapparition de Lucy, la femme de Brackett (Ella Raines), et par ailleurs ex petite amie de Kane qui vient bouleverser ce dernier et obscurcir son jugement. La mort de Brackett va confirmer les soupçons de Farley…et réveiller le flic qui sommeillait…
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C'est toujours sous le regard détaché et ironique de son ancien collègue et malgré les nouvelles mises en garde de son associé que Kane va reprendre ses vieilles habitudes de flic en commençant par enquêter sur l'entourage de Brackett, notamment sur Jerry McKay, un patron de boite de nuit et en s'intéressant aux agissements d'un homme de main du milieu possédant une double identité. Les intérêts de Kane sont multiples : regagner la confiance de son partenaire ; regagner l'estime de son ami policier Nick Ferrone… et surtout reconquérir celle qui vient de redevenir libre. L'enquête en elle même, les personnages que l'on croise et la résolution des multiples interrogations : qu'est-il advenu du butin du hold-up ? Qui est/sont les meurtriers du policier puis de Brackett ? Qui étaient les complices de ce dernier ? etc…Tout ceci est très routinier et même par moment laborieux même si l'identité des comploteurs pourra peut-être prendre par surprise.

Reste la reconquête de Lucy…C'est l'aspect le plus réussi en raison de la présence d'une actrice que tout amateur de films noirs ne doit pas détester : Ella Raines. On la découvre glaciale et mystérieuse et l'on se dit, qu'une fois n'est pas coutume, on va la voir en femme fatale car même si elle n'a pas toujours endossé le rôle de la gentille, je ne l'avais jamais vu aussi glamour et je m'attendais, en raison de ses premières apparitions, à ce qu'elle soit totalement utilisée dans un registre de séduction assez inhabituel…mais finalement ce n'était qu'un passage obligé étant donné le passé des deux anciens amants. Je ne rentre pas dans les détails mais dans les prémisses de notre histoire, Kane, plein d'amertume et de ressentiment vis à vis d'une femme qu'il avait profondément aimé, va repousser celle qui avait jadis disparu sans explications. La réserve initiale de Lucy s'explique donc par un sentiment de culpabilité…mais le scénario et le jeu de l'actrice entretient le doute quant à sa sincérité et ses intentions.
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Au moins 2 séquences remarquables méritent d'être signalées. Les doubles retrouvailles avec Lucy sont superbement mises en scène. Au domicile de Brackett, Kane remarque d'abord un élément de décoration qui retient son attention, puis c'est un flacon de parfum dans la salle de bain qu'il fixe. Il devient, au fur et à mesure de ses découvertes, de plus en plus grave. C'est ainsi que l'on comprend qu'il connait la femme du suspect. Cette scène presque entièrement muette est remarquablement jouée par George Raft. À la fin de la séquence, Kane laisse une carte de visite si bien que peu après il reçoit la visite de Lucy et de son avocat. Au début de la séquence, Tetzlaff place sa caméra au pied du fauteuil où a pris place une femme que l'on devine à peine (tout en comprenant qu'il s'agit de Lucy). Kane est filmé de face parlant à un homme qu'on devine être l'avocat des Brackett. Pendant de longues secondes, Kane semble se retenir de regarder la femme assise en face de lui ; puis il se tourne vers elle et la fixe comme on regarde une femme qu'on aime ou qu'on a aimé et elle lui rend son regard. Ce premier plan sur Ella Raines... :oops:

La qualité des dialogues mérite aussi d'être signalée… Ces dialogues incisifs et imagés sont les meilleurs que j'aurais entendu depuis un bon moment dans le genre. Je ne reviens pas sur la carrière de Ted Tetzlaff car j'avais évoqué brièvement ses films noirs à la fin d'un texte présentant Under The Gun, un de ses meilleurs films (Voir index). A Dangerous Profession est en revanche facultatif. DVD gravé (vost). Passé à la télévision.

Ella :
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

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Chip a écrit :A propos de " When strangers marry / betrayed", que je n'ai pas vu ( mais la présence de Mitchum et Hunter fait envie), on cite les frères King et Philip Yordan. Ce petit monde est aussi à l'origine d'un petit western diablement intéressant par son sujet et ses personnages amoraux, ça s'appelle " Bad men of Tombstone ", en France "J'ai épousé un hors-la-loi" (1949) et c'est joué par deux acteurs vus souvent dans le genre noir : Barry Sullivan et Broderick Crawford. Ce petit western foncièrement noir, vient de sortir cette année en dvd (all zone) aux U.S.A. Cette perle méconnue, mérite bien quelques lignes.
J'ai déjà lu ça quelque part :wink: J'y viens Chip…Le premier DVD s'est perdu en chemin mais je viens (enfin) de le recommander.
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Re: Le cran d'arrêt (1952)

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Supfiction a écrit : Le cran d'arrêt (1952)
Réalisation : William Dieterle
Avec : William Holden, Edmond O'Brien, Alexis Smith, Ed Begley
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Le film n'avait pas été diffusé à la télé depuis très longtemps. Ce n'est plus le cas désormais. Le cran d'arrêt est diffusé ce mois-ci sur Paramount Channel, la chaine de Jerry & Elvis qui ne sait pas gérer les sous-titres. J'avais prévu d'écrire un texte complet sur le film mais le souvenir s'estompe déjà et je dois déclarer forfait pour de l'approfondi.

On trouve dans ce film quelques vedettes du film Noir de ce début des années 50 : la star montante William Holden (deux ans après Boulevard du Crépuscule) est sous-employé au profit d'Edmond O'Brien (D.O.A., The Hitchhiker) qui tient le premier rôle d'un avocat idéaliste en lutte (en croisade même) contre la corruption (je parlais plus haut de Kid Glover Killer, film de 1942 qui traitait déjà de ce sujet).
Tous deux sont très bons, de même qu'Alexis Smith qui tient le rôle de la petite amie d'O'Brien. L'actrice eu une belle et longue carrière, jouant notamment à plusieurs reprises avec son grand ami Errol Flynn (Gentleman Jim mais aussi Montana, Dive Bomber et San Antonio) et l'achevant avec le plus beau film du monde : Le temps de l'innocence (dans le rôle de Louisa van der Luyden, figure éminente et respectée du microcosme new-yorkais de la fin du XXème siècle).
Il y a également Ed Begley, une gueule bien connue des seconds rôles (connu notamment pour sa participation dans Douze hommes en colère) qui tient le rôle du gangster. En creusant davantage, on reconnaitra Ray Teal qui jouait le Sheriff dans Ace in the hole / Le gouffre aux chimères.
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L'argument : Le Sénat lance une vaste enquête publique sur le crime organisé aux États-Unis. Un jeune avocat et son ami reporter travaillent ensemble et rassemblent des preuves capitales de la corruption au sein même du Sénat. Mais progressivement, de fortes pressions politiques les empêchent de mener à bien leurs investigations. Les deux hommes ne se découragent pas et n'hésitent pas à braver tous les dangers pour mener à bien leur enquête. Bientôt, les menaces se font plus précises et, surtout, plus meurtrières...

C'est un film noir de niveau moyen, un peu daté déjà peut-être pour l'époque, ni mauvais (photographie sans génie mais impeccable) ni transcendant. A noter que The Captive City de Robert Wise sur un sujet très proche sortit cette même année 1952. Quelques touches mélodramatiques se mêlent et atténuent quelque peu la tension et l'ambiance noire.

Le film a une fin peu ordinaire (vous comprendrez) qui lui donne son petit cachet. Il s'achève sur ces paroles prononcées par le personnage de Edmond O'Brien :

"Parfois c'est un prix exorbitant qu'un homme doit payer pour être en règle avec la loi, et avec sa conscience."
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C'est un vieux souvenir mais j'avais vraiment bien aimé ce film et du coup te trouve dur de le qualifier de très moyen. Je crois me rappeler que Bruce randylan en avait lui aussi plutôt dit du mal par le passé alors je demande à revoir…ce que je vais faire rapidement sans doute.

A suivre : encore au moins un George Raft
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Supfiction »

Je n'ai pas dit "très moyen" mais "de niveau moyen" ce qui n'est pas exactement pareil, mon ami.
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Johnny Allegro

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L'homme de main - Johnny Allegro (1949)
Réalisation : Ted Tetzlaff / Production : Irving Starr (Columbia) / Scénario : Karen DeWolf et Guy Endore d'après une histoire de James Edward Grant / Photographie : Joseph Biroc / Musique : George Duning

Avec George Raft (Johnny Allegro), Nina Foch (Glenda Chapman), George Macready (Morgan Vallin), Will Geer (Schultzy), Ivan Triesault (Vetch) et Walter Rode (Grote)

Johnny Allegro, fleuriste dans la gallerie d'un grand hôtel, est abordé dans le hall par une inconnue qui lui assure être surveillée et suivie par un homme et qui lui demande son aide. Johnny lui permet de semer cet homme puis dans les jours suivants il revoit la charmante et mystérieuse Glenda Chapman et en tombe amoureux. Un soir, Schultzy, un agent du département du trésor lui rend visite à son magasin et lui apprend qu'il a été reconnu. Johnny Allegro est en effet un ancien gangster évadé de la prison de Sing Sing. Schultzy lui promet le pardon s'il accepte de collecter pour le compte de l'état des informations sur Glenda que le gouvernement soupçonne d'être liée à un gang de trafiquants de fausse monnaie. Le lendemain, la jeune femme lui annonce qu'elle doit partir de toute urgence. Johnny lui permet de quitter secrètement l'hôtel mais un policier cherche à les intercepter et Johnny est contraint de l'abattre. Arguant du fait qu'il s'est compromis pour elle, Johnny parvient à convaincre Glenda de l'accompagner alors qu'elle semblait vouloir se séparer de lui. Voyageant à bord d'un avion privé, puis poursuivant le voyage en bateau, ils arrivent sur une ile au large de la Floride. Là, ils sont reçus dans une villa où les attend Morgan Vallin, le mari de Glenda…
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George Raft, fleuriste ? Et George Macready joue la babysitter ? Non, bien sûr ça ne peut être qu'une couverture. Johnny Allegro, dont le véritable nom est Rock (Johnny Rock ? Non, non, aucun rapport) est donc en réalité un gangster en cavale vivant sous une fausse identité qui voit les efforts consentis pour se construire une nouvelle vie anéantis pour être venu en aide à une belle inconnue. Il est reconnu par la police et, confronté à son passé, se voit imposer un marché qu'il accepte à contre coeur. Le scénario combine une histoire d'infiltration plutôt routinière qui peut faire penser au film d'Alfred Hitchcock, Les enchainés (Notorious) puis revisite La chasse du comte Zaroff (The Most Dangerous Game) dans sa seconde partie. Rien de neuf donc mais quelques petites astuces dans un scénario cousu de fil blanc sont plaisantes (tout ce qui tourne autour de l'arme de Johnny Allegro) mais les développements du scénario sont un peu poussifs notamment les astuces trouvées par Allegro pour se débarrasser de la surveillance des complices de Morgan Vallin et rentrer en contact avec les agents du trésor alors qu'il ne sait pas lui même où se trouve l'ile sur laquelle lui et Glenda avaient débarqués.

Les personnages interprétés par le trio Raft/Foch/Macready rappellent donc ceux de Notorious (…et on remarquera que Ted Tetzlaff avait terminé sa première carrière, celle de directeur de la photographie, par ce film d'Alfred Hitchcock). Ici, plus précisément l'homme infiltré et l'épouse du méchant tombent amoureux mais le mari mauvais perdant ne s'avoue pas battu. Je résume grossièrement car la situation "morale" des personnages est, comme dans le film d'Hitchcock, beaucoup plus complexe, ou en tout cas elle aurait du l'être…Malheureusement, si concernant l'intrigue, le film de Tetzlaff ne souffre pas trop de la comparaison, émotionnellement parlant, on est très loin du film du maitre. Malgré un certain suspense distillé tout au long de la seconde partie, l'issue est évidemment tout à fait certaine mais entretenir une certaine ambiguité en ce qui concerne les sentiments éprouvés par les personnages aurait au moins pu relancer l'intérêt. Or, même si nous nous interrogeons sur le devenir de la situation, la faiblesse d'un scénario qui laisse trop les personnages agir sans donner à comprendre ce qui les meut et sans relancer nos interrogations par des scènes où les personnages dévoilent une partie de leurs mystères, l'intérêt pour ces personnages s'étiole même si l'action ne se relâche pas. La froideur du jeu de Raft et celui de Nina Foch accentue encore ce sentiment….sans parler du jeu de Macready, qu'on pourra trouver à la limite du grotesque mais c'est de mon point de vue souvent le cas lorsqu'il interprétait ce type de personnages (Gilda, My Name is Julia Ross, The Green Glove, etc…).
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Raft fait du Raft (oui, du Raft, pas du raft). On ne perçoit pas les états âme (il en a ?) de l'ancien gangster qui au tout début du récit avait semblé sincèrement séduit par sa nouvelle conquête ; puis qui la trahit…avant même de découvrir qu'elle est en réalité mariée et d'exprimer (quand même) du ressentiment ayant l'impression que Glenda s'était servi de lui, ce qui était le cas au moins du temps de leur rencontre à Los Angeles. Le personnage central de Glenda Chapman aurait du être le plus intéressant mais Nina Foch avec sa blonde froideur un brin nordique, sa voix rauque et sa diction dépassionné fait davantage penser à Bacall qu'à Bergman…et pourquoi pas, mais en raison des interrogations initiales sur leurs éventuels dilemmes, j'attendais moins de froideur de la part de ces personnages et notamment du sien. On s'intéresse à peine à ses intentions véritables même si le flou est entretenu presque jusqu'à l'épilogue. Tout ceci était d'ailleurs volontaire puisqu'il y a très peu de scènes montrant les 3 personnages principaux ensemble. Ce n'est donc pas véritablement le triangle amoureux qui a le plus intéressé scénariste et metteur en scène mais plus simplement le duel entre les deux hommes.

George Macready nous refait donc le coup du méchant sophistiqué décadent et hautain. Il traite de haut Johnny Allegro. Après avoir scruté de haut en bas l'allure de son rival, il lui lance : “Just looking at you makes me think of alley fights and tommy guns ! ” (Rien qu'à vous regarder, je vois les combats de rues/ruelles et les mitraillettes Thompson ! ). C'est avec un arc à la main et le prenant pour cible pour l'impressionner que le mari reçoit Johnny Allegro. Puis ce chasseur de grand gibier (hé, hé) lui vante les mérites de l'arc, une arme pour les hommes de culture, bien supérieure aux armes à feu ! Il réclame d'ailleurs son révolver à Allegro (on n'est jamais trop prudent quand même). La réponse de Raft est imagée : "In a tough spot, gimme a trigger instead of a piece of string" (Dans une situation difficile, donnez-moi une gâchette plutôt qu'un morceau de corde). Comme on voit arriver la suite gros comme une maison (l'Empire State Building), je n'en dis pas plus.
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Ultime rapprochement avec Notorious, dans le film de Tetzlaff, le méchant n'a pas seulement un rival amoureux qui cherche aussi à contrecarrer ses "affaires", il a aussi des problèmes avec des complices encore plus dangereux que lui et qui doutent de sa fiabilité. Parmi les deux principaux complices, on retrouve -comme par hasard- Yvan Triesault…et toujours dans un rôle à accent même si on ne sait pas trop d'où vient cette fois ci la menace : anciens nazis ou communistes, car ce n'est jamais dit (il me semble, car je n'ai pas revu le film depuis un bout de temps). Pour l'anecdote, George Macready et Nina Foch étaient déjà mariés (enfin…c'est beaucoup dire mais il faut mieux rester évasif) dans My Name is Julia Ross de Joseph H. Lewis (1945). Dans celui là, son arme favorite était le couteau avec lequel il déchirait notamment les sous vêtements de sa femme en prenant un air mauvais :shock: . Bilan : du potentiel, seulement partiellement exploité mais à voir néanmoins. Ma note : Allegro, peut-être, ma non troppo.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Kevin95 »

Je l'ai découvert il y a peu et c'est clairement du tout venant mais sympa à yeuter. Les référence à THE MOST DANGEROUS GAME sont encombrantes mais le jeu fiévreux de George Macready ou George Raft en éternel balais à chapeau mou sont rigolos. La photographie en revanche est absolument superbe.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Kevin95 a écrit :Je l'ai découvert il y a peu et c'est clairement du tout venant mais sympa à yeuter. Les référence à THE MOST DANGEROUS GAME sont encombrantes mais le jeu fiévreux de George Macready ou George Raft en éternel balais à chapeau mou sont rigolos. La photographie en revanche est absolument superbe.
Oui, entièrement d'accord en ce qui concerne la photographie "made in Columbia". Je n'en avais effectivement pas touché un mot :wink: On pourrait faire le rapprochement avec Notorious pour d'autres films, sauf qu'ici le metteur en scène est le chef op qui termina sa carrière avec le Hitch. ; à cela s'ajoute la présence d'Yvan Triesault qui joue un rôle semblable à celui qu'il tenait précédemment…Mais effectivement la récup la plus évidente est celle de The Most Dangerous Game et elle est surement trop voyante. Je ne suis pas un grand fan de Macready et "rigolo", oui, mais ce n'est pas trop ce que je demande en premier à un méchant du genre.
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Re: Loan Shark

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Joe Gargen, un ancien boxeur professionnel, est libéré de prison après avoir passé 3 ans dans un pénitencier d'état pour avoir été impliqué dans une bagarre dans un bar. À sa sortie, il retrouve sa jeune soeur Martha dont le mari travaille dans une usine de pneumatiques, tout comme Ann Nelson, une voisine du couple, qui est la secrétaire du directeur. Ann arrange un rendez-vous avec son patron pour faire embaucher Joe mais lorsque ce dernier et le leader syndical lui proposent de travailler sous couverture pour démanteler le réseau d'usuriers qui rackette de nombreux employés de l'usine, Joe Refuse. Bien que témoin des agressions que subissent ceux qui ne peuvent rembourser les racketteurs, Joe avait déjà chercher à dissuader le mari de Martha d'organiser la lutte contre le gang mais quand son beau-frère est assassiné, il va accepter la mission et tenter d'identifier le chef des racketteurs…
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Une présentation au pas de course d'un autre "George Raft" pour poursuivre tranquilou la série…car dans celui ci, George est en mode "automatique" dans un film noir par ailleurs très routinier et réalisé avec les pieds par Seymour Friedman, un metteur en scène qui ne réalisa pour ainsi dire que des films criminels -mais cela fait de lui un tout petit spécialiste tant ses films sont au mieux facultatifs- et qui dans celui la, rate les seules séquences un peu compliquées à mettre en boite et qui auraient pu offrir un double épilogue plus excitant que ce qui précédait, d'abord dans une blanchisserie industrielle puis dans le théâtre vide où habite le chef secret du gang. Reste, y compris dans ce final, une violence par moment assez singulière qui était bien annoncée dans la bonne séquence pré-générique (le tabassage d'un employé de l'usine par deux hommes de main du gang) et on peut distinguer de la banalité les deux méchants bien campés par des spécialistes (Paul Stewart et John Hoyt) ; les bonnes mais courtes séquences presque documentaires se déroulant dans l'usine et la très belle photographie de Joseph F. Biroc, notamment dans les séquences nocturnes au cours desquelles Gargen retrouvent secrètement le directeur de l'usine pour lui rendre compte de l'avancée de son enquête.
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Il ne faut pas chercher à comprendre la raison qui pousse le directeur de l'usine à faire appel à un ex détenu condamné pour une agression plutôt qu'à la police, surtout qu'à aucun moment il n'est question ici de flics corrompus qui laisseraient agir impunément les racketteurs. Bon, à la rigueur, quoi de mieux qu'un type louche pour en identifier d'autres…sans compter que le rude Gargen, avec son pedigree et son passé, est sans doute mieux placé que le comptable de l'usine pour identifier les meneurs du gang, et surtout son chef mystérieux car c'est l'identification de ce personnage difficile à atteindre qui va obliger l'homme infiltré à s'engager de plus en plus activement auprès du gang et du même coup se compromettre aux yeux de son entourage restant dans l'ignorance du double jeu qu'il mène. De manière un peu ironique, pour mener à bien sa mission, le solitaire qui commençait à prendre gout à une vie ordinaire, celui qui voulait se ranger et devenir un simple ouvrier, va devoir faire usage des armes qui l'avaient conduits en prison car ce sont ses poings, considérés par la justice comme des armes interdites en raison de son passé de boxeur, qui lui seront bien utiles pour soumettre ceux qui terrorisent les travailleurs et leur imposent des intérêts exorbitants sur les prêts illégaux qu'ils leur concèdent.
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L'enquête de Gargen démarre pourtant de manière assez pépère. En tout cas les premiers rouages du racket sont faciles à identifier. Il sympathise immédiatement avec des ouvriers et identifie les hommes qui à l'intérieur de l'usine encouragent leurs camarades à jouer puis à s'endetter : le contremaître Charlie Thompson (Russell Johnson) appâtant ses camarades pour les ramener dans le filet de l'usurier Lou Donelli (Paul Stewart) qui attend dans une arrière salle que les ouvriers viennent réclamer de l'argent. Trop facile l'enquête ! Même si Donelli se méfie de Gargen, ce dernier parvient assez vite à rencontrer Vince Philips (John Hoyt) et ce dernier va être vite séduit par cette recrue qui ne manque pas d'idées car l'arnaque qu'il propose, dissimuler une officine de prêt derrière une blanchisserie industrielle offrant un service de livraison à domicile permet de toucher une nouvelle clientèle : les ménagères aussi crédules que leurs maris puisqu'elles s'endettent elles aussi en jouant notamment aux courses. Ce n'est pas le seul film criminel qui dépeint les travailleurs comme des suckers mettant en jeu leur maigre salaire dans des parties de carte ou aux courses mais ici c'est gratiné puisque même les épouses s'endettent elles aussi...
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Évidemment, la "trahison" de Gargen est très mal prise par ses camarades et cela l'éloigne de sa soeur et de sa petite amie Ann Nelson. Le début de l'idylle est involontairement amusant car Gargen se jette littéralement sur Ann le soir même de la présentation par sa soeur. Il prend de force un baiser, est repoussé mais le lendemain, on ne perçoit nulle trace de courroux chez la belle (Bah, après tout, il sort de prison le gars…) Les premières sorties du couple amusent aussi un peu car Raft doit interpréter l'ouvrier le mieux sapé de l'histoire et il faut le voir frétillant quand il commence à guincher avec sa conquête. Un vrai danseur mondain…(Oui, il l'avait bien été réellement). Dans des rôles secondaires, on remarque plus particulièrement Margia Dean en serveuse délurée de la "cantine" des ouvriers et l'inconnue Spring Mitchell qui joue la petite amie de John Hoyt, une ravissante idiote qui se balade dans leur appartement en mini short.

Réalisation : Seymour Friedman / Production : Bernard Luber (Encore productions) ; distribution : Lippert Pictures / Scénario : Eugene Ling et Martin Rackin / Photographie : Joseph Biroc / Musique : Heinz Roemheld

Avec George Raft (Joe Gargen), Dorothy Hart (Ann Nelson), Paul Stewart (Lou Donelli), John Hoyt (Vince Phillips), Helen Westcott (Martha), Russell Johnson (Charlie Thompson)
Cololi

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Cololi »

Quelqu'un a vu Dos au mur de Molinaro paru récemment chez Gaumont découverte ?

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kiemavel
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Re: Red Light

Message par kiemavel »

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Feu rouge / Red Light de Roy Del Ruth (1949)
Produit et réalisé par Roy Del Ruth / Distribution : United Artists / Scénario : George Callahan, dialogue : Charles Grayson d'après une histoire de Don 'Red' Barry / Photographie : Bert Glennon / Musique : Dimitri Tiomkin

Avec George Raft (Johnny Tordo), Virginia Mayo (Carla North), Gene Lockhart (Warni Hazard), Raymond Burr (Nick Cherney), Harry Morgan (Rocky), Barton MacLane (le détective Strecker), Arthur Franz (le capitaine Jess Tordo), Stanley Clements (employé d'hotel)
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Après avoir été retenu prisonnier par les japonais pendant plusieurs années, Jess Torno, aumônier de l'armée américaine, revient au pays en héros pour s'être dévoué sans compter pour les autres prisonniers du camp. Sur le tarmac, il retrouve son frère ainé Johnny, le prospère dirigeant d'une entreprise de transport. Ce retour médiatique ne passe pas inaperçu. Visionnant aux actualités les images de ce retour, deux codétenus regardent amers les images du bonheur des 2 frères. L'un d'eux, Nick Cherney, un ex employé de Torno condamné pour détournement de fonds, ne rêve que de vengeance. Profitant du fait que Rocky, son voisin de cellule, est libéré une semaine avant lui, il l'engage pour supprimer le jeune Torno ; le crime devant s'accomplir avant que lui-même ne soit libéré, une façon de se fournir un alibi. Rocky abat le jeune homme dans sa chambre d'hôtel. Jess meurt dans les bras de son frère après avoir pu prononcer quelques mots laissant entendre qu'il a écrit le nom de l'assassin dans sa bible. Johnny récupère la bible personnelle de son frère mais n'y trouve rien. Refusant l'aide de la police car voulant se faire justice lui-même, Torno va tenter seul de retrouver l'assassin de son frère…
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Film noir et croyance religieuse ; une combinaison étonnante et originale mais relativement peu convaincante. George Raft, une fois n'est pas coutume, n'est ni de près ni de loin acoquiné au banditisme même en tant qu'ancien : boxeur, joueur professionnel, bookmaker, directeur de night club, etc…c'est à dire des métiers pas déshonorants mais qui obligent à fréquenter la canaille. Dans ce film du vétéran Roy Del Ruth, c'est un homme d'affaires (légales ) prospère. On ne connaitra pas son passé mais on devine qu'il a toujours filé droit. Tout change quand son jeune frère est assassiné totalement gratuitement (un prêtre en soutane :? ) alors qu'il venait tout juste de le retrouver après des années de séparation en raison de la guerre. À partir de cet évènement, l'homme déjà pas spécialement joyeux et chaleureux (c'est George Raft quand même) va s'endurcir et, gardant pour lui le seul maigre indice permettant de retrouver le meurtrier de son frère, il va mener sa propre enquête afin d'assouvir une vengeance personnelle, ce qui va encore isoler davantage cet homme qui ne semblait avoir vécu jusque là que pour deux choses, la réussite professionnelle et pour ce frère qu'il avait élevé et avec lequel les relations étaient presque filiales.
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George Raft, portant le deuil de son frère, est donc encore plus sombre que d'habitude. Ce coup ci il n'a même pas ni ses sourires carnassiers vaguement inquiétants et encore moins son petit rire qui lui donne brièvement un air curieusement gamin. Il tire la gueule et …casse aussi la gueule de ceux qui ne lui reviennent pas. Bon, en même temps, c'est surtout Raymond Burr qui ramasse…c'est à dire l'une des plus belles crapules des films noirs de série B (et ici il se dépasse…). Au bout de la route, il apprendra que la vengeance c'est pas beau ! Le seul problème avec la morale de l'histoire, c'est qu'on nous explique qu'il est inutile de se venger puisque c'est Dieu qui s'en charge ; car Dieu veille et les méchants seront punis quand même. Dans cette lecture de The Baillebeule, Dieu et la chaise électrique, ça fait le même effet sur les criminels :shock: (volontairement énigmatique)
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Avant cette épilogue douteux, l'enquête menée par notre détective amateur est l'une des plus curieuses de l'histoire du genre. Déjà qu'on tue un jeune homme portant soutane mais on passe encore à deux ou trois reprises par une église et le seul indice permettant peut-être d'identifier l'assassin se trouverait dans une bible…volée que Johnny Torno va tenter de retrouver. Dans un film ayant un tel fil conducteur, il était difficile d'intégrer une femme ; Raft ne pouvant décemment pas dans un tel contexte assouvir sa vengeance tout en courant la gueuse. Les scénaristes trouvent quand même le moyen de lui adjoindre une sorte de secrétaire et d'assistante. Virginia Mayo (sous exploitée comme jamais…) interprète l'un des possibles détenteurs de la fameuse bible puisqu'en temps que cliente de l'hôtel où avait été assassiné le jeune Torno, elle avait pu la dérober. Il n'en est rien mais elle devient donc son assistante. La façon dont les scénaristes trouvent le moyen de lui faire rejoindre la quête obsessionnelle de Raft est d'ailleurs vaseuse. Il fallait manifestement une fille et du coup c'est elle qui se charge de retrouver les autres clients de l'hôtel avant que Raft n'intervienne lui même. Mais évidemment nos deux enquêteurs amateurs ne se sautent pas dessus, ça n'aurait pas été décent et la Virginia Mayo sexy de l'affiche, c'est seulement pour attirer le passant :wink: .
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Je résume à mi chemin : scénario pas emballant, deux interprètes principaux qu'on a déjà vu mieux servi…Next ? Non, car il y a quand même quelques seconds rôles mieux servis par les scénaristes et bien campés par des spécialistes. D'abord un mot sur les moins intéressants…Arthur Franz (de toute façon un acteur assez terne) disparait très vite sous les balles des ennemis de Torno. Barton MacLane joue l'officier de police dont le discours immuable est "La vengeance personnelle va se retourner contre vous, Torno". Tout l'entourage de l'intéressé ne dit pas autre chose : Gene Lockhart (un cadre de son entreprise de transport et par ailleurs son ami) ; Arthur Shields, le sosie de Barry Fitzgerald (normal ils étaient frères), le prêtre qui était un ami du défunt …et même Virginia Mayo (Carla) pourtant assistante détective…tous vont tenter de raisonner Johnny (et même Jess, mais à titre posthume puisque les mots destinés à son frère ainé avaient anticipé sa réaction). En revanche, Stanley Clements a un tout petit rôle puisqu'il est de deux scènes mais comme toujours ou presque il trouve le moyen de se faire remarquer (il joue l'employé de l'hôtel qui retrouve les noms des anciens occupants de la chambre). Mais c'est surtout Harry Morgan (la gâchette) et encore davantage Raymond Burr (son commanditaire) qui valent l'éventuel dérangement. Le premier est un peu l'ancêtre du Steve Buscemi de Fargo : aussi con que dangereux et le second, le massif et inquiétant Droopy de tant de films noirs, avec son air et sa voix également sinistres, il trouve un de ses meilleurs rôles de l'époque, ajoutant la sournoiserie et la malice à sa méchanceté coutumière.

Dans la colonne +++ j'ajoute aussi la très belle photographie de Bert Glennon (même s'il a photographié d'autres films noirs, son nom est plus connu des amateurs de westerns (La Charge fantastique, Rio Grande…et d'autres Ford). Il éclaire magnifiquement les très nombreuses scènes nocturnes (dont un meurtre spectaculaire dans l'entreprise de Torno) et d'autre part on remarque très vite qu'il fait rentrer les lumières de la rue dans les appartements et les chambres d'hôtel. On se doute que ça doit avoir un rapport avec ce titre " Feu rouge "…et la réponse vient à la fin…Enfin, le personnage interprété par Gene Lockhart a la meilleur ligne de dialogue. Alors que Torno commence à se servir de bonnes rasades de whisky, il lui lance : My old man used to say liquor doesn’t drown your troubles … Just teaches them how to swim ! (Mon père avait coutume de dire que l'alcool ne noie pas les problèmes …Il leur apprend juste à nager ! ). DVD gravé (vost)

Raymond Forever (c'est mon coming out)
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franzgehl
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par franzgehl »

Merci pour cette chronique, ca m'a donné envie de revoir Red light.
"Or maybe juste whistle..."
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