Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22129
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: FILMS NOIRS, sans domicile fixe

Message par Supfiction »

kiemavel a écrit :
Supfiction a écrit :
I Love Trouble (1948)
Réalisation : S. Sylvan Simon
Je l'ai vu moins bon que tu sembles l'avoir vu mais j'avais bien aimé aussi. Il faut avouer que le souvenir le plus vif que j'en garde c'est la qualité médiocre de l'enregistrement. À part ça, effectivement beaucoup de belles plantes dont deux habituées du genre : Janis Carter et Adele Jergens...et je te rejoins au sujet de l'interchangeabilité (jolie) , au moins de ces deux là.

S. Sylvan Simon a eu le temps (mort à 41 ans...) de réaliser un autre film qu'on peut rattacher au film noir, c'est Grand Central Murder (1942), un des premiers films (avec Kid Glover Killer, un autre policier) où l'on voyait Van Heflin dans un 1er rôle.

NB : j'espère que je ne me débrouille pas trop mal en suppléant de Supfiction ?
ça va, on te garde. :D

Image
Spoiler (cliquez pour afficher)
Mais je suis sûr qu'en te rasant le matin, tu as envie de prendre le job..
Image
Pour revenir à I Love Trouble (1948), c'est surtout la qualité de la mise en scène et l’interprétation très convaincante de Franchot Tone dans le costume du privé qui m'a séduit. L'histoire en elle-même est aussi intéressante que celle du Faucon maltais ou du Grand sommeil...

Concernant Kid Glover Killer, il aurait du faire l'objet d'une prochaine chronique depuis quelques semaines. Et puis le temps passe et mon souvenir est moins nette à chaque jour supplémentaire.

Juste une capture pour vous allécher :

Image
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: FILMS NOIRS, sans domicile fixe

Message par kiemavel »

Supfiction a écrit : Pour revenir à I Love Trouble (1948), c'est surtout la qualité de la mise en scène et l’interprétation très convaincante de Franchot Tone dans le costume du privé qui m'a séduit. L'histoire en elle-même est aussi intéressante que celle du Faucon maltais ou du Grand sommeil...

Concernant Kid Glover Killer, il aurait du faire l'objet d'une prochaine chronique depuis quelques semaines. Et puis le temps passe et mon souvenir est moins nette à chaque jour supplémentaire.

Juste une capture pour vous allécher :

Image
Concernant Franchot Tone, je trouve que son jeu dans celui là l'apparente un peu à Dick Powell mais avec un coté plus cool (parce que quand Dick faisait de l'humour, c'était toujours sans desserrer les dents et même son petit sourire "bouche de travers" donnait l'impression d'une certaine amertume. Pareil que pour le gros Bob, sa lassitude était parfaite pour le genre.
Comme toi, j'espère surtout une restauration mais sans y croire parce que Sylvan Simon à la réalisation et Franchot Tone en détective, malheureusement c'est pas trop vendeur. Moins en tout cas que l'affiche américaine dont Chip soulignait la "beauté" (ah ben, dès qu'il y a du nichon, je suis heureux. J'ai su garder des gouts simples)...Affiche que tu as eu le bon gout d'ajouter à ta chronique. Les 4 personnages féminins sont intéressants également mais la aussi pas de noms accrocheurs mais 4 actrices diversement douées, Glenda Farrell l'étant le plus (à mon gout) mais Adele Jergens et Janis Carter étant plus faites pour le genre. Aux seconds couteaux du film noir qui font une apparition dans ce film (R. Burr et J. Ireland), j'ajoute Steven Gerray vu lui aussi dans nombre de films du genre dont une fois dans le rôle principal (So Dark The Night). Il joue le patron de la boite de nuit ou avait travaillé la femme du politicard si ma mémoire est bonne.

Par contre, je l'ai signalé mais je n'ai pas aimé L'assassin au gant de velours (Kid Glover Killer) ; un avis plus que réservé à tempérer (vu une fois et il y a longtemps). Déjà l'atmosphère du film n'a pas grand chose à voir avec un film noir.
Cela dit, plus d'un film noir...qui n'en était pas, ont pris place dans ce topic et c'est pas toujours Supfiction qui avait tenté de les caser (ça y est , la forme est revenue. La peau de vache est de retour :mrgreen: )
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22129
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Supfiction »

Je ne me rends pas bien compte, c'est évident et vous avez tous reconnu sur la capture ci-dessus l'actrice qui fait quasiment ses débuts dans le rôle d'une serveuse de drive-in dans Kid glove killer - L'assassin au gant de velours ? Ou pas.
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Pas au visionnage du film et pas plus quand tu avais posté la capture mais maintenant oui. je n'aime pas Ava Gardner mais elle devait être parfaite dans ce rôle de serveuse et pis ça ne durait pas longtemps :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22129
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

FILMS NOIRS, Sans Domiciles Fixes : Quicksand (1950)

Message par Supfiction »

Image

Sables mouvants / Quicksand (1950)
Réalisation : Irving Pichel
Scénario : Robert Smith
Avec : Mickey Rooney (Dan Brady), Jeanne Cagney (Vera Novak, la blonde), Barbara Bates (la brune), Peter Lorre (Nick)

Dan Brady, mécanicien automobile à Santa Monica, rencontre Vera Novak, une « femme fatale » dont les goûts de luxe conduisent le jeune homme à prendre de l'argent dans la caisse de son patron, Oren Mackey. Poussé également dans l'engrenage du vice par Nick Dramoshag, propriétaire d'une salle de jeux, Dan s'engagera pourtant sur le chemin de la rédemption grâce à son ancienne petite amie, Helen...

Andy Hardy se met tout seul dans la mouise

Voilà ce qui arrive quand on choisit la blonde allumeuse et vénale au lieu de la (trop) gentille brunette..
Mickey Rooney n'en finit pas de faire les mauvais choix, s'enfonçant doucement mais surement tout au long de ce film noir de série B typique (un vrai de vrai!), parce que le jour de paye tombait un jour trop tard (la blonde lui a miraculeusement dit OK pour sortir le soir même dans un club de jazz, pas question de prendre le risque de reporter son rencart) et qu'il a du "emprunter" 20 dollars dans la caisse de son patron. Dès lors, les sommes qu'il doit vont augmenter exponentiellement à mesure qu'il tente de rembourser ses débiteurs. D'où évidemment ce titre Quicksand, plus approprié que jamais.

Dans son principe, le film ressemble à Detour, archétype de ce genre de film dans lequel un américain du petit peuple, quelque-peu naïf (et maladroit) se met dans les pires ennuis sans avoir eu d'intention malveillante au départ.
Les petites gens ne doivent pas avoir de trop grands rêves : une belle blonde comme un trophée pour le petit garagiste Mickey Rooney/Dan Brady, un manteau en vison pour celle-ci aussi ambitieuse que matérialiste, vénale, immorale, surfaite et surtout indigne de confiance. Mais ça Brady/Rooney l'apprendra à ses dépens (Bogey aurait pu l'avertir : "I never saw a dame yet that didn't understand a good slap in the mouth or a slug from a .45") après être tombé dans les griffes du visqueux Peter Lorre qui guette la moindre défaillance pour tirer parti des faiblesses des autres.
Il faut sagement rester "dans sa ligue" semble dire le film.

J'ai dit du mal du gentil Mickey Rooney il y a quelques temps (j'espère que Chip ne m'en a pas tenu rigueur!) ; voici l'occasion de lui rendre justice puisqu'il est idéal dans ce rôle de sympathique criminel malgré lui. Il est l'acteur idéal pour incarner le pauvre gars un peu couillon et maladroit (Andy Hardy ou presque) qui pourrait vivre une petite vie tranquille avec la jolie brunette qui est amoureuse de lui mais qui au lieu de ça rêve d'avoir une fille tape à l’œil qu'il n'a pas les moyens d'entretenir et qui surtout n'est pas faite pour lui.

C'est pour la blonde qu'il va risquer la potence mais c'est la brune qui sera sa planche de salut..

Et il n'y perdra vraiment pas au change, car derrières les artifices, vous verrez que Mickey avait très mauvaise vue : la gentille brune étant incarnée par une Barbara Bates faussement sage et fade. Pour l'anecdote, l'actrice a notamment partagé l'affiche avec Marilyn dans Let’s Make It Legal ainsi qu'avec Jerry Lewis et Dean Martin dans Amours, délices... et golf / The Caddy (à voir sur Paramount Channel à peu près tous les mois). Il n'y a pas photo pour ma part avec Jeanne Cagney (qui est parfaite pour le rôle en revanche).

Le défaut du film est sa mécanique assez prévisible. Mais c'est un film noir de série B typique (hein!) et c'est probablement l'une des meilleures performances de Mickey Rooney dont le parcours dans le film criminel/noir comprendra au final Baby Face Nelson, Killer McCoy, The Big Wheel, The Strip, Drive a Crooked Road, The Last Mile et donc ce très bon Quicksand sorti en 1950.
Image
Barbara Bates
Spoiler (cliquez pour afficher)
Quelques photos de la belle :
Image
Image
Image
Image
Image
Image
Image
Marilyn Monroe et Barbara Bates pour la promotion de Let’s Make It Legal (1951)
Image
Image
Image
Jeanne Cagney et Mickey Rooney

Image

Image
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22129
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

FILMS NOIRS, Sans domiciles fixes : When Strangers Marry

Message par Supfiction »

Image


When Strangers Marry (1944, William Castle)
Également connu sous le titre Betrayed.
Spoiler (cliquez pour afficher)
kiemavel a écrit :Image

ETRANGE MARIAGE (When Strangers Marry...puis Betrayed). William Castle. 1944

Le film a été distribué plus tard sous le titre " Betrayed ", lorsque Mitchum est devenu une star, puis plus tard diffusé avec ce titre à la télévision américaine.

Avec Robert Mitchum (Fred Graham), Kim Hunter (Mildred "Millie" Baxter), Dean Jagger (Paul Baxter) et Rhonda Fleming


La jeune et naïve Millie, toute droit venu de son Ohio natal, arrive à New-York pour y retrouver son mari épousé quelques semaines plus tôt. Elle travaillait comme serveuse dans un restaurant, avait été séduite par un représentant de commerce et après seulement 3 ou 4 brêves rencontres l'avait épousé. Arrivée à l'endroit convenu, un hôtel, son mari demeure pour un temps introuvable, elle signale donc sa disparition aux services de police. Au cours de leurs recherches, ceux ci en viennent à soupçonner Paul, son mari, d'être l'auteur d'un crime commis quelques jours plus tôt à Philadelphie. Millie n'en croit d'abord rien, puis fini par éprouver des doutes sur la véritable personnalité d'un homme qu'elle ne connait pas vraiment. Elle part à sa recherche, aidée par Fred Graham, un autre représentant de commerce et un ex petit ami de la jeune femme...

ImageImage

Le scénario recycle dans le thriller un phénomène social bien réel et exploité plusieurs fois au cinéma, les mariages dans l'urgence, les mariages express en temps de guerre. On en aura aussi l'illustration notamment dans "Les plus belles années de notre vie" avec le mariage raté des personnages interprétés par Dana Andrews et Virginia Mayo. Ici, la douce Millie, interprétée par la "Girl Next Door" Kim Hunter qui est presque de toutes les scènes et est tout à fait crédible en provinciale un peu perdue dans New-York, découvre à sa grande frayeur qu'elle a peut-être épousé un assassin et elle est plongé dans un environnement urbain pour elle infernal, et en tout cas très loin de son environnement familier. Elle doit affronter cette situation presque seule et ce dépaysement, cette solitude et surtout ses angoisses intimes vont se traduire parfois de façon violente car l'homme qu'elle a épousée est réellement un "inconnu"...Elle est par exemple incapable de décrire au policier qui l'interroge si Paul a des défauts physiques et elle en est gênée.

Malheureusement Castle multiplie aussi, parfois artificiellement les motifs d'inquiétudes éprouvés par Millie au sujet de son mari. On ne comprend pas toujours les raisons qui poussent Paul à utiliser de fausses identités, à se confiner dans le noir, à fuir toutes relations sociales, etc...Plus largement, en terme de mise en scène, on est assez loin des qualités décrites pas plus tard qu'hier au sujet d'un film ultérieur, Une balle dans le dos (Undertow). On est ici dans l'ordinaire de ce que proposait bien souvent Castle. Il tente bien de faire preuve d'un peu d'imagination, d'ajouter des touches d'inattendus et d'incongruités. Il essaie d'orienter le public vers de fausses pistes mais bien souvent ses tentatives ressemblent à une façon artificielle d'assaisonner le suspense pour combler les insuffisances du scénario, et pourquoi pas d'ailleurs, mais ici certains effets tombent à plat ou retombent très vite et lorsqu'ils fonctionnent un peu, ressemblent plus à ces guignolades et ces bizarreries qui rendirent célèbres le metteur en scène. Il use en tout cas de tout un tas de trucs assez faciles mais cependant parfois un peu amusants.

ImageImage

Le film s'ouvre par le meurtre. On entend les rugissements d'un lion (bien réels, mais c'est pas celui de la MGM...mais c'est presque pareil, c'est la Monogram ! ). C'est en effet un masque de lion que porte l'homme aviné qui participe à une convention de représentants à Philadelphie. Il rit aux éclats, tentent de blaguer, propose d'offrir un verre à toute l'assistance composée...d'un seul homme qu'on verra toujours de dos. Il sort une liasse de billets de banque sous son nez. Le lendemain matin, la femme de ménage commence son travail dans la chambre de cet homme. La radio diffuse un programme de remise en forme et tout en nettoyant la chambre, la femme s'adresse au cadavre assis sur un fauteuil. Elle ne parait nullement surprise que l'homme porte toujours sur la tête celle de lion qu'il portait lors de la fête de la nuit précédente. Mais ses questions restant sans réponses, elle soulève la tête de lion et s'aperçoit que le vieil homme est mort étranglé au cours de la nuit. Tout ceci est assez typique de Castle et il continue...Plus tard, quand Millie passe sa 1ère nuit à N-Y, incapable de dormir, sans nouvelles de son mari, une lumière crue et violente, la lumière brutale des néons d'une boite de nuit éclairera soudain son visage, accompagnée d'une musique assourdissante, ce qui viendra lui rappeler les réalités de la vie dans une grande ville. Un peu plus tard encore, Paul apparaitra à Millie, puis disparaitra derrière la vitrine d'un restaurant éclairée uniquement par la lumière clignotante d'un néon. Plus loin, c'est le mari Paul qui sera pris de frayeur et sursautera lorsque, alors que Millie est dans ses bras, il croiera que c'est elle qui évoquera le crime commis dans l'hôtel, alors qu'en réalité la voix qui raconte les faits sordides est celle d'un voisin en train de lire un journal fenêtres ouvertes. D'autres scènes assez brillantes en apparence participent au sentiment d'assister à une sorte de catalogues de scènes d'angoisse sans réelle unité et surtout mises bout à bout dans un scénario peu cohérent. Je peux citer en exemple une scène dans un taxi collectif ou le couple en fuite (composée de ???) se retrouvera sous les regards soupçonneux des co-voyageurs, provoquant la panique de l'homme et leur fuite. Une autre scène nocturne dans laquelle les images cauchemardesques, les personnages terrifiants viendront matérialiser les terreurs de Millie lorsqu'elle traversera un tunnel....et enfin, le final n'est pas non plus une grande réussite. On sent venir le dénouement de très loin et surtout le Climax est assez médiocrement amené, filmé et joué (Warning SPOILER...car Bob n'était pas encore tout à fait le grand Bob de Cape Fear ou de Night of the Hunter).

En revanche, d'autre moment sont plus heureux. On peut voir une allusion anti-raciste dans le fait que le couple en fuite, après avoir craint et évité tous les lieux publics, trouvera refuge dans une boite dont toute la clientèle est noire. Après un très bref silence et le coup d'oeil simultané de toute l'assistance lorsque le couple rentrera dans la boite, la soirée suivra son court comme si de rien n'était (A signaler l'excellente musique - de Tiomkin ?- dans cette scène). Et enfin, je pense qu'on doit à Yordan, l'exploitation d'une idée assez subtile et bien intégrée au scénario. Chez les 2 hommes de Millie si mystérieux et insaisissables, ce seront les traces écrites qu'ils ont laissés qui les menaceront...ainsi que les écrits que leurs actes entraineront. Yordan parsème son histoire de petites touches concernant l'écriture du meurtrier. Une lettre perdue puis retrouvée ; un papier glissé sous une porte (une fausse piste)...et les journaux relatant les faits auront aussi une certaine importance.

ImageImage

Bref (çà c'est pas vrai), malgré mes (molles) critiques, Castle réussit en 67 minutes à caser plus d'idées que pas mal de metteurs en scène plus prestigieux en 90, le problème c'est qu'ici, bonnes idées et fausses bonnes idées se côtoient et nuisent à l'unité d'un film pourtant à voir pour sa singularité. Ce film fauché des Studio Monogram était produit par Frank et Maurice King, avec cette fois ci le 3ème frangin, Herman, un spécialiste des effets spéciaux et futur conseiller technique de mauvais Films Noirs (Pardon ?) : Dillinger, Fatalité (page 7 du topic), The Gangster (page 3) et Le démon des armes, tous produits par les frères. Comme autre futur talent, en dehors des comédiens en devenir, on peut aussi signaler qu'il s'agissait d'un des premiers scénario de Philip Yordan et que l'excellente musique originale était due à Dimitri Tiomkin.

Anecdotes :
C'était le premier rôle important pour Robert Mitchum qui avait multiplié les petites rôles depuis l'année précédente et qui dès l'année suivante, en 1945, passait dans la classe supérieure avec son premier rôle dans "Les forçats de la gloire" de Wellman. C'était aussi les débuts de Kim Hunter, son 3ème film après La 7ème victime de Robson et Tender Comrade de Dmytryk. Elle a eu une carrière bizarre, connaissant la gloire en participant à de grands films -Une question de vie ou de mort. Un tramway nommé désir (oscar). Bas les masques- mais passant très tôt principalement à la télévision. Une exception notable, L'héritage de la colère de Bartlett...mais en revanche, elle avait déjà terriblement (et prématurément) vieilli dans " La planète des singes ".

Une toute jeunette Rhonda Fleming apparait aussi dans la dernière séquence humoristique du film qui se passe à bord d'un train. Elle est introduite par manque de place dans le compartiment d'un couple qui voudrait rester seul et commence à raconter qu'elle prend ce train pour aller se marier. Cette séquence répond à une autre que nous avions vu au tout début du film mais c'était alors le personnage de Kim Hunter qui jouait l'intruse.

Vu en VOST. C'est un film qui est passé à la télévision française, mais pas hier. Peut-être dans une intégrale Robert Mitchum ? A moins qu'ils (une entité indéfinie et bizarre) ne préfèrent passer des raretés : Fini de rire, Racket, les indomptables, etc...
Ton texte rendait parfaitement compte du film. Good job. Le gros reproche qu'on pourrait te faire c'est de n'avoir pas mis une capture de Rhonda Fleming! Ici dans une de ses toutes premières apparitions, même pas créditée et même pas rousse alors. Je répare donc cet impair..
Visuellement, le film est une très grande réussite avec son esthétique expressionniste et ses cadrages en plongée typiquement noir.
Le scénario, dans la lignée d'un Soupçons / Suspicion et autres histoires de mariée en plein doute ne m'a en revanche pas tellement emballé. Mais le film vaut le coup, ne serait-ce que pour Mitchum qui a déjà son Harry Powell en rodage.
Image
Rhonda Fleming, premières apparitions
ImageImageImageImageImageImage
Dernière modification par Supfiction le 1 oct. 15, 19:14, modifié 2 fois.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22129
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: La main qui venge "Dark city" (1950, de William Dieterle

Message par Supfiction »

Federico a écrit :
Supfiction a écrit :Vu La main qui venge "Dark city" (1950, de William Dieterle)
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Ce film noir à petit budget avec un tout jeune Charlton Heston mais déjà en vedette (c'est son troisième film seulement mais il dégage déjà un charisme exceptionnel qu'il est dommage de ne pas avoir davantage exploité dans le film noir avant La soif du mal) met du temps à vraiment démarrer mais la seconde partie du film est plutôt réjouissante et le suspense bien maintenue. Quelques artifices ont vieilli (comme la main tueuse, que l'on voit sans corps pendant presque tout le film, digne d'un film d'horreur des années 80). En revanche la photographie est superbe avec ses jeux d'ombres et de contre-jour. Pas de héros ici puis Heston joue un type nonchalant et sans scrupule qui cherche à plumer un gogo de passage au poker, avant que sa machination se retourne contre lui et sa bande de petits escrocs...

Ce film met également à l'affiche l'une des reines du film noir, Lizabeth Scott (qui débuta dans Strange love of Martha Ivers quelques années plus tôt) à la voix rauque si particulière. Ici elle chante même, enfin en playback plutôt (attention ne regardez surtout pas si possible le film en vf, les chansons sont atroces en français, doublées par un substitut de Line Renaud et ça ne passe plus du tout aujourd'hui). Lizabeth est là pour la partie sentimentale et attend patiemment que Charlton veuille bien enfin s'intéresser à elle sérieusement...
Image
Je l'ai trouvé bien anodin. Heston a déjà de la présence mais son personnage semble perpétuellement le cul entre deux chaises, scénaristiquement parlant. Les rares bonnes idées se trouvent au début du film, après j'ai un peu baillé (et puis désolé pour ses nombreux admirateurs mais Lizabeth Scott m'a toujours laissé froid). Mais en 1950, ça faisait aussi un bail que le meilleur de l'oeuvre de Dieterle était derrière lui. :?
Tavernier vient d'en écrire quelques lignes, beaucoup plus enthousiaste notamment sur la réalisation de Dieterle.
DARK CITY, premier grand rôle de Charlton Heston, est beaucoup mieux mis en scène par William Dieterle qui, avec la complicité de l’opérateur Victor Milner, réussit quelques séquences dignes de figurer dans une anthologie du genre : parties de poker truquées, descentes de police, interrogatoires. Il y a un formidable début de castagne dans une chambre de motel entre (encore) Jack Webb et Heston. Dieterle joue habilement avec les sources de lumière, lampes, fenêtres avec stores, enseignes lumineuses. Puis comme dans beaucoup de productions Hal Wallis, le film bifurque vers l’intrigue sentimentale que les scénaristes parviennent à raccrocher au sujet principal au prix de quelques contorsions. Ce que l’on perd en climat, en atmosphère, on le gagne en compassion. Les femmes sont montrées avec bienveillance même Lisbeth Scott dont le rôle se réduit pendant une partie du film à se faire traiter méchamment par Heston et à chanter quelques chansons (« pas de voix, pas de public, l’histoire de ma vie »).
Ça me permet d'annoncer le retour prochain de Lisbeth Scott et de Dieu sur le topic.
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25396
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par AtCloseRange »

Il est sur Netflix Canada.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22129
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

FILMS NOIRS, sans domicile fixe : Kid Glover Killer (1942)

Message par Supfiction »

Image


L'assassin au gant de velours / Kid Glover Killer (1942)
Réalisation : Fred Zinnemann
Scénario: Allen Rivkin, John C. Higgins
Avec : Van Heflin, Marsha Hunt, Lee Bowman [/center]
kiemavel a écrit : Par contre, je l'ai signalé mais je n'ai pas aimé L'assassin au gant de velours (Kid Glover Killer) ; un avis plus que réservé à tempérer (vu une fois et il y a longtemps). Déjà l'atmosphère du film n'a pas grand chose à voir avec un film noir.
Si tu enlève à ce film le qualificatif de film noir (et c'est ton droit), dans ce cas tu peux aussi l'enlever de bon nombre de films d'enquêtes policières souvent considérés comme parti prenante du genre noir ( Appelez nord 777 par exemple ).
Noël Simsolo à ce sujet écrivait d'ailleurs : "On peut légitimement s'étonner de voir citer Call Northside 777 et The Naked city dans des anthologies consacrées au cycle noir, classification abusive parce que ces productions n'en appellent jamais à la désignation d'individus luttant avec leurs propres démons. Ce sont des films conçus pour défendre l'ordre des choses et non pour le remettre en question, du moins tels qu'ils nous sont parvenus car Jules Dassin a toujours précisé que ses producteurs avaient transformé son travail sur The naked city en le détournant ainsi contre sa volonté. Un réel apport esthétique découle cependant de ces reportages-fictions : la poésie urbaine venue du tournage en extérieur dans les rues d'une ville. Mais tout dépend du regard du cinéaste sur la beauté des lieux car ces images n'ont qu'un pittoresque de surface si elles ne se fondent pas dans une forme à l'ensemble cohérent. La part documentaire n'a qu'un intérêt décoratif si un univers personnel ne vient pas la colorer de sa propre sensibilité. Cela déborde l'effet du réel. Quand cette forme particulière réintègre la narration d'une fiction , elle ne transforme pas un thriller ou un film à suspense en film noir. Contrairement aux affirmations de certains historiens, il est aussi difficile d'intégrer au noir toutes ces œuvres glorifiant la police (...) ces dispositifs engendrent généralement des films idéologiques, officiels et souvent réactionnaires, qui sont tantôt construits sur l'investigation sous la forme de faux reportage, tantôt teintés d'humanisme à la gloire des forces de l'ordre."
Image
Si Kid Glover Killer n'échappe pas au défaut du didactisme (en présentant en détail les travaux de la police scientifique, je n'ose pas dire les débuts), il est surtout un film très agréable à regarder, plein de charme et divertissant.
J'ai beaucoup aimé ce film qui marque les débuts de Fred Zinnemann à la réalisation d'un long métrage. Un film que l'on pourrait grossièrement qualifier d'ancêtre des Experts et autre NCIS télévisés, à ce détail près qu'il est quand même à la marge du film noir en faisant état de la corruption gangrénant la politique. En effet, le truand est à la fois au cœur du pouvoir, à la tête d'une grande campagne médiatique (affiches et radio) pour le nettoyage de la racaille mafieuse mais également un ami personnel du personnage de Van Heflin, scientifique, criminologue et accessoirement en charge de l'enquête.

Tout commence par l’élection d'un homme politique et de son procureur général (attorney) mais l'on découvre vite que Ladimer (Lee Bowman), l'avocat et star de radio ayant soutenu l'élection et porté au pouvoir le ticket électoral maire/procureur est en fait un homme corrompu et jouant double jeu avec les politiciens pour lesquels il travaille. Lorsque ce dernier réalise que le maire était sincère et sérieux lorsqu'il décrétait vouloir éradiquer la violence et la corruption (le changement c'est vraiment maintenant), il en informe immédiatement ses connections mafieuses et les gangsters passent aussitôt à l'action : l'attorney est tout d'abord retrouvé assassiné, puis le maire est lui-même menacé surtout lorsqu'il découvre avec étonnement que Ladimer a contracté une police de 80000 dollars avec un dépôt de 28000 dollars cash...

L'enquête est confié à Gordon McKay (Van Heflin), un scientifique de la police accompagné de sa jolie assistante Jane Mitchell (Marsha Hunt).
Mais autour d'eux rode Gerald Ladimer qui est aussi un vieil ami de McKay.. Pratique pour surveiller les avancées de l'enquête..
En outre, il s'intéresse de près à la jolie Marsha Hunt qui, il faut le dire est absolument délicieuse dans ce film (amoureuse et piquante à la fois, un peu à la manière de Myrna Loy la décennie précédente).
Van Heflin n'est pas en reste dans ce domaine et fait preuve à la fois de beaucoup d'humour et de charme nonchalant. Le couple star met tellement de charme et de bon humeur que l'ambiance film noir se dissipe au profit d'une ambiance plus romantique.
Image
Image

Et donc comme je le mentionnais précédemment, vous pourrez y voir Ava Gardner dans l'une de ses premières apparitions, en serveuse de drive-in :

Image
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Image
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: Lucky Nick Cain

Message par kiemavel »

Image
Lucky Nick Cain (USA) - I'll Get You for This (UK)
Réalisation : Joseph M. Newman / Production : Joe Kaufmann (Romulus Films) / Distribution USA : 20th Century Fox / Scénario : George Callahan et William Rose d'après un roman de James Hadley Chase / Photographie : Otto Heller / Musique : Walter Goehr

Avec George Raft (Nick Cain), Coleen Gray (Kay Wonderly), Enzo Staiola (Toni), Charles Goldner (Massine), Walter Rilla (Müller), Martin Benson (Sperazza), Peter Illing (Geralde)
ImageImageImage
Le célèbre joueur américain Nick Cain arrive à San Paolo sur la Riviera italienne pour y passer des vacances. Il est à la fois flatté et intrigué par l'accueil que lui réservent les notables de la ville, notamment le directeur du casino qui ne cache pas qu'il compte sur sa notoriété pour attirer dans son établissement une riche clientèle. Le soir même, le calcul s'avère payant car à la table de baccara tenue par Cain la foule s'amasse. Parmi les joueurs, il retrouve Kay Wonderly, une touriste américaine qu'il avait remarqué à son hôtel. Celle ci perd gros et dans l'impossibilité de rembourser, elle accepte la proposition de Frankie Sperazza, le directeur du casino : jouer de son charme pour inciter Cain à fréquenter assidûment le casino durant tout son séjour. Elle passe la soirée avec lui ; puis, de retour à l'hôtel, ils boivent un dernier verre et l'un après l'autre perdent connaissance. C'est par la police que Cain est réveillé et il se voit accusé du meurtre d'un autre américain retrouvé mort dans sa chambre. S'apercevant qu'il a été pris au piège pour une raison inconnue, Cain parvient à s'échapper emmenant Kay avec lui. Sur les conseils du mystérieux Massine, un habitant de San Paolo, les deux fuyards trouvent refuge dans un village abandonné. Cain y laisse la jeune femme et retourne en ville pour tenter de s'innocenter…
ImageImageImage
Adapté d'un roman de James Hadley Chase publié en 1947, ce film noir est une production anglaise réalisée par un metteur en scène américain qui venait de s'illustrer dans deux assez bons films du genre : Abandoned (1949) puis 711 Ocean Drive (1950) et qui pour celui ci avait entrainé dans son sillage deux stars américaines dans un film dont la totalité de l'action se déroulait en Italie dans et autour de la ville de San Remo (renommé San Paolo). Cette délocalisation sur la Riviera italienne est même un des attraits principaux du film. Les séquences tournées dans la campagne ligure, essentiellement dans le très photogénique village de Bussana Vecchia détruit par un tremblement de terre au 19ème siècle *, dans les ruines duquel Cain laisse Kay Wonderly ; celles tournées sur le front de mer, autour et dans le casino et surtout dans la vieille ville de San Remo sont superbement photographiées par Otto Heller. Dans les très nombreuses séquences nocturnes, Heller se dépasse encore et c'est la beauté de la photographie du vétéran tchèque passé par l'Allemagne puis la Grande-Bretagne qui est le point fort du film de Newman.

Autre point positif…Le couple -sur le papier assez improbable- formé par George Raft, un autre vétéran un brin has been celui là, et la jeune Coleen Gray fonctionne bien mieux que prévu. Cette actrice qui nous a quitté il y a deux mois était très jolie et sa beauté a rarement été aussi bien mise en valeur. De plus, sans être une grande actrice, elle était très expressive, bien plus que nombre de spécialistes du film noir classées "gentilles" (voir l'album photo ci dessous). Malheureusement, sa carrière déclina assez vite. Entre Le 4ème homme, tourné l'année suivante (1952) et L'ultime Razzia (1956), elle eu peu l'occasion de s'exprimer dans de bons films…et encore moins par la suite, tout au moins au cinéma puisqu'elle poursuivit sa carrière essentiellement à la télévision. D'autre part, son partenaire -que j'ai parfois surnommé La Momie à cause de son visage de marbre- semble ici plus concerné que dans l'immense majorité des films d'un genre qu'il aura beaucoup fréquenté au cours de ces années 50. Il en fait un peu plus que d'habitude et semble moins froid, moins en contrôle dans ce rôle qui l'éloignait (un peu) de ses habituels personnages de voyous élégants et guindés. Émoustillé par la présence chaleureuse de sa partenaire ? Familiarité avec ce milieu du jeu qu'il connaissait bien ? Tournage au parfum de vacances ? C'est l'autre mystère de San Paolo…
ImageImageImage
Ils sont entourés par quelques présences sympathiques à commercer par un jeune garçon débrouillard avec lequel Cain s'est montré généreux dès son arrivée à San Paolo et qui va être son allié constant. Toni est interprété par Enzo Staiola, le petit Bruno, fils d'Antonio Ricci, le personnage principal du film Le voleur de bicyclette de Vittorio de Sica. Il est de 4 ou 5 scènes qui ne révolutionnent pas l'utilisation des enfants dans ce type de récit mais il participe activement à l'intrigue et ne vole pas sa position de n°3 au générique. Le cireur de chaussures est à l'affut de tout ce qui peut lui rapporter mais il est aussi loyal que malin et courageux. Plus ambigu -mais cependant pas assez pour le rendre réellement inquiétant- est le personnage de Massine. Il commence par brandir une arme sous le nez des fuyards puis leur viendra en aide. Même si sa véritable identité nous est révélée tardivement, malgré les craintes de Cain qui pense que Massine peut le trahir pour toucher la récompense promise pour sa capture ou qui pourrait bien jouer un double jeu, on ne doute pas assez de ce personnage qui parait trop sympathique. Pour ménager une surprise ? Le rôle est interprété par Charles Goldner (l'ouvrier, ami du couple d'immigrés italiens de Donnez-nous aujourd'hui et plus tard le premier lieutenant d'Alec Guinness dans Capitaine paradis). Il va sembler -au moins en apparence- épauler Cain quand le joueur va se muer en détective privé.

Et c'est là que ça se gâte…Si les déambulations nocturnes de nos amis et de leurs ennemis sont encore une fois superbement filmées, l'intrigue reste en deçà des promesses. Cain découvre très vite l'identité de la victime qui s'appelait Kennedy et était un agent du trésor américain. Cet homme qui avait cherché à le contacter enquêtait sur un réseau international de trafiquants de fausse monnaie impliquant d'anciens nazis. Un menu plutôt intéressant sur le papier mais le scénario fait trop la part belle aux gentils et bâclent les séquences impliquant les protagonistes du complot visant Cain dont les interprètes sont de plus très moyens voir inexistants (mais il ne sont pas aidé par le scénario). Même les anciens nazis, Müller (Walter Rilla) et Hans (Peter Bull) ainsi que la femme fatale interprétée par le sex symbol anglais (d'origine norvégienne) Greta Gynt sont sous utilisés. Même si elle même est irréprochable, "l'égérie" des trafiquants n'a qu'une scène pour s'exprimer...et c'est une scène de séduction pas bien folichonne malgré l'ironie du dialogue entre elle et Cain. Heureusement, tout le final est en revanche très réussi. Il se déroule dans une prison-forteresse et dans les entrailles de celle ci (j'ai toujours eu un faible pour les passages secrets et les souterrains, on ne se refait pas) et on y voit peut-être le plus ancien ? personnage de femme tortionnaire des films de "prison pour femmes". Mais que les plus pervers se calment car on reste quand même loin de Greta (Ursula ?), chienne nazi.
ImageImageImage
Ce film intéressant mais facultatif (qui a donc un titre anglais et un titre américain) a été distribué en France (et diffusé à la télévision) sous le titre : Le mystère de San Paolo. vu en vost. En 1961, Joseph M. Newman réalisera Le Dompteur de femmes (The George Raft Story), un biopic avec Ray Danton dans le rôle de la star déchue. Même si c'est une vieille connaissance, Crane Wilbur, spécialiste du film carcéral qui signait le scénario, il est possible, sinon probable, que Joseph Newman avait du avoir l'occasion de prendre sur le vif matière à alimenter le scénario d'un film qui fut son dernier réalisé pour le grand écran. La plupart de ses films noirs et apparentés ont été présenté dans ce topic (se reporter à l'index). Il ne reste plus que Death in Small Doses (1957) avec Peter Graves et Chuck Connors à évoquer. J'y viendrais…

* Le village de Bussana Vecchia, désert à l'époque du tournage, est depuis la fin des années 60 réoccupé illégalement par des artistes qui y ont ouvert des ateliers puis des restaurants. C'est devenu un lieu très fréquenté par les touristes mais c'est encore un endroit insolite car nombre de ruines n'ont pas été relevées (c'est pas encore Les Baux-de-provence…)

L'année suivante, George Raft tournera en Angleterre un autre film criminel dont le titre anglais est Escape Route...mais son titre américain : I'll Get You et la co-vedette du film nommée Sally Gray…peuvent éventuellement entrainer une confusion.

Épilogue :
Spoiler (cliquez pour afficher)
ImageImageImage
ImageImageImage
Les différents visages de Coleen :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image ImageImage
ImageImageImage
Image Image Image
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: FILMS NOIRS, Sans Domiciles Fixes : Quicksand (1950)

Message par kiemavel »

Supfiction a écrit :Sables mouvants / Quicksand (1950)
Réalisation : Irving Pichel
Andy Hardy se met tout seul dans la mouise
Spoiler (cliquez pour afficher)
Voilà ce qui arrive quand on choisit la blonde allumeuse et vénale au lieu de la (trop) gentille brunette..
Mickey Rooney n'en finit pas de faire les mauvais choix, s'enfonçant doucement mais surement tout au long de ce film noir de série B typique (un vrai de vrai!), parce que le jour de paye tombait un jour trop tard (la blonde lui a miraculeusement dit OK pour sortir le soir même dans un club de jazz, pas question de prendre le risque de reporter son rencart) et qu'il a du "emprunter" 20 dollars dans la caisse de son patron. Dès lors, les sommes qu'il doit vont augmenter exponentiellement à mesure qu'il tente de rembourser ses débiteurs. D'où évidemment ce titre Quicksand, plus approprié que jamais.

Dans son principe, le film ressemble à Detour, archétype de ce genre de film dans lequel un américain du petit peuple, quelque-peu naïf (et maladroit) se met dans les pires ennuis sans avoir eu d'intention malveillante au départ.
Les petites gens ne doivent pas avoir de trop grands rêves : une belle blonde comme un trophée pour le petit garagiste Mickey Rooney/Dan Brady, un manteau en vison pour celle-ci aussi ambitieuse que matérialiste, vénale, immorale, surfaite et surtout indigne de confiance. Mais ça Brady/Rooney l'apprendra à ses dépens (Bogey aurait pu l'avertir : "I never saw a dame yet that didn't understand a good slap in the mouth or a slug from a .45") après être tombé dans les griffes du visqueux Peter Lorre qui guette la moindre défaillance pour tirer parti des faiblesses des autres.
Il faut sagement rester "dans sa ligue" semble dire le film.

J'ai dit du mal du gentil Mickey Rooney il y a quelques temps (j'espère que Chip ne m'en a pas tenu rigueur!) ; voici l'occasion de lui rendre justice puisqu'il est idéal dans ce rôle de sympathique criminel malgré lui. Il est l'acteur idéal pour incarner le pauvre gars un peu couillon et maladroit (Andy Hardy ou presque) qui pourrait vivre une petite vie tranquille avec la jolie brunette qui est amoureuse de lui mais qui au lieu de ça rêve d'avoir une fille tape à l’œil qu'il n'a pas les moyens d'entretenir et qui surtout n'est pas faite pour lui.

C'est pour la blonde qu'il va risquer la potence mais c'est la brune qui sera sa planche de salut..

Et il n'y perdra vraiment pas au change, car derrières les artifices, vous verrez que Mickey avait très mauvaise vue : la gentille brune étant incarnée par une Barbara Bates faussement sage et fade. Pour l'anecdote, l'actrice a notamment partagé l'affiche avec Marilyn dans Let’s Make It Legal ainsi qu'avec Jerry Lewis et Dean Martin dans Amours, délices... et golf / The Caddy (à voir sur Paramount Channel à peu près tous les mois). Il n'y a pas photo pour ma part avec Jeanne Cagney (qui est parfaite pour le rôle en revanche).

Le défaut du film est sa mécanique assez prévisible. Mais c'est un film noir de série B typique (hein!) et c'est probablement l'une des meilleures performances de Mickey Rooney dont le parcours dans le film criminel/noir comprendra au final Baby Face Nelson, Killer McCoy, The Big Wheel, The Strip, Drive a Crooked Road, The Last Mile et donc ce très bon Quicksand sorti en 1950.

Mieux vaut tard…J'approuve la totalité de ton texte et dis bravo môssieur…J'adore ce petit film qui pourrait être montré en exemple comme un prototype de film noir de série B (au même titre que bien d'autres films représentatifs mais possédant d'autres qualités). Le budget devait être dérisoire pour ce film tourné à la fin de la carrière de l'acteur réalisateur Irving Pichel qui a eu une carrière de metteur en scène bizarre puisqu'il commença par un film mythique (mais ça on ne le sait qu'après) : Zaroff avant d'alterner films de prestige -ou en tout cas avec stars- et productions beaucoup plus modestes.

Tu listes les films noirs de Rooney (que j'aime moi aussi beaucoup) mais il a eu deux emplois bien distincts dans le genre : le psychopathe : (Baby Face Nelson ; Le témoin doit être assassiné ; The Last Mille ) et le brave type abusé : The Strip ; Quicksand et Drive a Crooked Road. Ce dernier film présente quelques similitudes avec celui de Pichel, à commencer par le métier qu'y exerce Rooney dans les 2 cas : garagiste (et pilote automobile dans le film de Richard Quine).

Il en a tourné encore un dernier que l'on peut rattacher au genre (en étant pas trop regardant), c'est Platinium High School (1960) avec Terry Moore ( :oops: ) et Dan Duryea + des seconds rôles bien connus, des vieux (Elisha Cook Jr.) aux jeunes (Richard Jaeckel) mais c'est un film que je n'ai jamais pu voir.
Dernière modification par kiemavel le 8 oct. 15, 09:55, modifié 1 fois.
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: FILMS NOIRS, Sans domiciles fixes : When Strangers Marry

Message par kiemavel »

Supfiction a écrit :When Strangers Marry (1944, William Castle)[/center]

Également connu sous le titre Betrayed.
Spoiler (cliquez pour afficher)
kiemavel a écrit :Image

ETRANGE MARIAGE (When Strangers Marry...puis Betrayed). William Castle. 1944

Le film a été distribué plus tard sous le titre " Betrayed ", lorsque Mitchum est devenu une star, puis plus tard diffusé avec ce titre à la télévision américaine.

Avec Robert Mitchum (Fred Graham), Kim Hunter (Mildred "Millie" Baxter), Dean Jagger (Paul Baxter) et Rhonda Fleming


La jeune et naïve Millie, toute droit venu de son Ohio natal, arrive à New-York pour y retrouver son mari épousé quelques semaines plus tôt. Elle travaillait comme serveuse dans un restaurant, avait été séduite par un représentant de commerce et après seulement 3 ou 4 brêves rencontres l'avait épousé. Arrivée à l'endroit convenu, un hôtel, son mari demeure pour un temps introuvable, elle signale donc sa disparition aux services de police. Au cours de leurs recherches, ceux ci en viennent à soupçonner Paul, son mari, d'être l'auteur d'un crime commis quelques jours plus tôt à Philadelphie. Millie n'en croit d'abord rien, puis fini par éprouver des doutes sur la véritable personnalité d'un homme qu'elle ne connait pas vraiment. Elle part à sa recherche, aidée par Fred Graham, un autre représentant de commerce et un ex petit ami de la jeune femme...

ImageImage

Le scénario recycle dans le thriller un phénomène social bien réel et exploité plusieurs fois au cinéma, les mariages dans l'urgence, les mariages express en temps de guerre. On en aura aussi l'illustration notamment dans "Les plus belles années de notre vie" avec le mariage raté des personnages interprétés par Dana Andrews et Virginia Mayo. Ici, la douce Millie, interprétée par la "Girl Next Door" Kim Hunter qui est presque de toutes les scènes et est tout à fait crédible en provinciale un peu perdue dans New-York, découvre à sa grande frayeur qu'elle a peut-être épousé un assassin et elle est plongé dans un environnement urbain pour elle infernal, et en tout cas très loin de son environnement familier. Elle doit affronter cette situation presque seule et ce dépaysement, cette solitude et surtout ses angoisses intimes vont se traduire parfois de façon violente car l'homme qu'elle a épousée est réellement un "inconnu"...Elle est par exemple incapable de décrire au policier qui l'interroge si Paul a des défauts physiques et elle en est gênée.

Malheureusement Castle multiplie aussi, parfois artificiellement les motifs d'inquiétudes éprouvés par Millie au sujet de son mari. On ne comprend pas toujours les raisons qui poussent Paul à utiliser de fausses identités, à se confiner dans le noir, à fuir toutes relations sociales, etc...Plus largement, en terme de mise en scène, on est assez loin des qualités décrites pas plus tard qu'hier au sujet d'un film ultérieur, Une balle dans le dos (Undertow). On est ici dans l'ordinaire de ce que proposait bien souvent Castle. Il tente bien de faire preuve d'un peu d'imagination, d'ajouter des touches d'inattendus et d'incongruités. Il essaie d'orienter le public vers de fausses pistes mais bien souvent ses tentatives ressemblent à une façon artificielle d'assaisonner le suspense pour combler les insuffisances du scénario, et pourquoi pas d'ailleurs, mais ici certains effets tombent à plat ou retombent très vite et lorsqu'ils fonctionnent un peu, ressemblent plus à ces guignolades et ces bizarreries qui rendirent célèbres le metteur en scène. Il use en tout cas de tout un tas de trucs assez faciles mais cependant parfois un peu amusants.

ImageImage

Le film s'ouvre par le meurtre. On entend les rugissements d'un lion (bien réels, mais c'est pas celui de la MGM...mais c'est presque pareil, c'est la Monogram ! ). C'est en effet un masque de lion que porte l'homme aviné qui participe à une convention de représentants à Philadelphie. Il rit aux éclats, tentent de blaguer, propose d'offrir un verre à toute l'assistance composée...d'un seul homme qu'on verra toujours de dos. Il sort une liasse de billets de banque sous son nez. Le lendemain matin, la femme de ménage commence son travail dans la chambre de cet homme. La radio diffuse un programme de remise en forme et tout en nettoyant la chambre, la femme s'adresse au cadavre assis sur un fauteuil. Elle ne parait nullement surprise que l'homme porte toujours sur la tête celle de lion qu'il portait lors de la fête de la nuit précédente. Mais ses questions restant sans réponses, elle soulève la tête de lion et s'aperçoit que le vieil homme est mort étranglé au cours de la nuit. Tout ceci est assez typique de Castle et il continue...Plus tard, quand Millie passe sa 1ère nuit à N-Y, incapable de dormir, sans nouvelles de son mari, une lumière crue et violente, la lumière brutale des néons d'une boite de nuit éclairera soudain son visage, accompagnée d'une musique assourdissante, ce qui viendra lui rappeler les réalités de la vie dans une grande ville. Un peu plus tard encore, Paul apparaitra à Millie, puis disparaitra derrière la vitrine d'un restaurant éclairée uniquement par la lumière clignotante d'un néon. Plus loin, c'est le mari Paul qui sera pris de frayeur et sursautera lorsque, alors que Millie est dans ses bras, il croiera que c'est elle qui évoquera le crime commis dans l'hôtel, alors qu'en réalité la voix qui raconte les faits sordides est celle d'un voisin en train de lire un journal fenêtres ouvertes. D'autres scènes assez brillantes en apparence participent au sentiment d'assister à une sorte de catalogues de scènes d'angoisse sans réelle unité et surtout mises bout à bout dans un scénario peu cohérent. Je peux citer en exemple une scène dans un taxi collectif ou le couple en fuite (composée de ???) se retrouvera sous les regards soupçonneux des co-voyageurs, provoquant la panique de l'homme et leur fuite. Une autre scène nocturne dans laquelle les images cauchemardesques, les personnages terrifiants viendront matérialiser les terreurs de Millie lorsqu'elle traversera un tunnel....et enfin, le final n'est pas non plus une grande réussite. On sent venir le dénouement de très loin et surtout le Climax est assez médiocrement amené, filmé et joué (Warning SPOILER...car Bob n'était pas encore tout à fait le grand Bob de Cape Fear ou de Night of the Hunter).

En revanche, d'autre moment sont plus heureux. On peut voir une allusion anti-raciste dans le fait que le couple en fuite, après avoir craint et évité tous les lieux publics, trouvera refuge dans une boite dont toute la clientèle est noire. Après un très bref silence et le coup d'oeil simultané de toute l'assistance lorsque le couple rentrera dans la boite, la soirée suivra son court comme si de rien n'était (A signaler l'excellente musique - de Tiomkin ?- dans cette scène). Et enfin, je pense qu'on doit à Yordan, l'exploitation d'une idée assez subtile et bien intégrée au scénario. Chez les 2 hommes de Millie si mystérieux et insaisissables, ce seront les traces écrites qu'ils ont laissés qui les menaceront...ainsi que les écrits que leurs actes entraineront. Yordan parsème son histoire de petites touches concernant l'écriture du meurtrier. Une lettre perdue puis retrouvée ; un papier glissé sous une porte (une fausse piste)...et les journaux relatant les faits auront aussi une certaine importance.

ImageImage

Bref (çà c'est pas vrai), malgré mes (molles) critiques, Castle réussit en 67 minutes à caser plus d'idées que pas mal de metteurs en scène plus prestigieux en 90, le problème c'est qu'ici, bonnes idées et fausses bonnes idées se côtoient et nuisent à l'unité d'un film pourtant à voir pour sa singularité. Ce film fauché des Studio Monogram était produit par Frank et Maurice King, avec cette fois ci le 3ème frangin, Herman, un spécialiste des effets spéciaux et futur conseiller technique de mauvais Films Noirs (Pardon ?) : Dillinger, Fatalité (page 7 du topic), The Gangster (page 3) et Le démon des armes, tous produits par les frères. Comme autre futur talent, en dehors des comédiens en devenir, on peut aussi signaler qu'il s'agissait d'un des premiers scénario de Philip Yordan et que l'excellente musique originale était due à Dimitri Tiomkin.

Anecdotes :
C'était le premier rôle important pour Robert Mitchum qui avait multiplié les petites rôles depuis l'année précédente et qui dès l'année suivante, en 1945, passait dans la classe supérieure avec son premier rôle dans "Les forçats de la gloire" de Wellman. C'était aussi les débuts de Kim Hunter, son 3ème film après La 7ème victime de Robson et Tender Comrade de Dmytryk. Elle a eu une carrière bizarre, connaissant la gloire en participant à de grands films -Une question de vie ou de mort. Un tramway nommé désir (oscar). Bas les masques- mais passant très tôt principalement à la télévision. Une exception notable, L'héritage de la colère de Bartlett...mais en revanche, elle avait déjà terriblement (et prématurément) vieilli dans " La planète des singes ".

Une toute jeunette Rhonda Fleming apparait aussi dans la dernière séquence humoristique du film qui se passe à bord d'un train. Elle est introduite par manque de place dans le compartiment d'un couple qui voudrait rester seul et commence à raconter qu'elle prend ce train pour aller se marier. Cette séquence répond à une autre que nous avions vu au tout début du film mais c'était alors le personnage de Kim Hunter qui jouait l'intruse.

Vu en VOST. C'est un film qui est passé à la télévision française, mais pas hier. Peut-être dans une intégrale Robert Mitchum ? A moins qu'ils (une entité indéfinie et bizarre) ne préfèrent passer des raretés : Fini de rire, Racket, les indomptables, etc...
Ton texte rendait parfaitement compte du film. Good job. Le gros reproche qu'on pourrait te faire c'est de n'avoir pas mis une capture de Rhonda Fleming! Ici dans une de ses toutes premières apparitions, même pas créditée et même pas rousse alors. Je répare donc cet impair..
Visuellement, le film est une très grande réussite avec son esthétique expressionniste et ses cadrages en plongée typiquement noir.
Le scénario, dans la lignée d'un Soupçons / Suspicion et autres histoires de mariée en plein doute ne m'a en revanche pas tellement emballé. Mais le film vaut le coup, ne serait-ce que pour Mitchum qui a déjà son Harry Powell en rodage.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Rhonda Fleming, premières apparitions
ImageImageImageImageImageImage

Tout ceci est juste. Rhonda, c'est juste une apparition et c'est pourquoi j'avais simplement signalé sa présence :wink:
Ok pour l'esthétique expressionniste et les cadrages obliques dignes d'Orson :shock: (oui mais c'est bien vendu…) et pour Bob qui ruminait déjà son Harry Powell mais fallait pas le dire :wink:
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: La main qui venge "Dark city" (1950, de William Dieterle

Message par kiemavel »

Supfiction a écrit :
Federico a écrit : Je l'ai trouvé bien anodin. Heston a déjà de la présence mais son personnage semble perpétuellement le cul entre deux chaises, scénaristiquement parlant. Les rares bonnes idées se trouvent au début du film, après j'ai un peu baillé (et puis désolé pour ses nombreux admirateurs mais Lizabeth Scott m'a toujours laissé froid). Mais en 1950, ça faisait aussi un bail que le meilleur de l'oeuvre de Dieterle était derrière lui. :?
Tavernier vient d'en écrire quelques lignes, beaucoup plus enthousiaste notamment sur la réalisation de Dieterle.
DARK CITY, premier grand rôle de Charlton Heston, est beaucoup mieux mis en scène par William Dieterle qui, avec la complicité de l’opérateur Victor Milner, réussit quelques séquences dignes de figurer dans une anthologie du genre : parties de poker truquées, descentes de police, interrogatoires. Il y a un formidable début de castagne dans une chambre de motel entre (encore) Jack Webb et Heston. Dieterle joue habilement avec les sources de lumière, lampes, fenêtres avec stores, enseignes lumineuses. Puis comme dans beaucoup de productions Hal Wallis, le film bifurque vers l’intrigue sentimentale que les scénaristes parviennent à raccrocher au sujet principal au prix de quelques contorsions. Ce que l’on perd en climat, en atmosphère, on le gagne en compassion. Les femmes sont montrées avec bienveillance même Lisbeth Scott dont le rôle se réduit pendant une partie du film à se faire traiter méchamment par Heston et à chanter quelques chansons (« pas de voix, pas de public, l’histoire de ma vie »).
Ça me permet d'annoncer le retour prochain de Lisbeth Scott et de Dieu sur le topic.
C'est assez rarement le cas mais je ne suis pas Tavernier sur celui ci et suis d'accord avec Federico. Heston est déjà très bien et la photographie est superbe, certes, mais j'ai trouvé l'intrigue, passée la première partie, assez ennuyeuse. Peut-être à revoir. Je préfère nettement l'autre film noir de Dieterle : Le cran d'arrêt (The Turning Point) dans lequel le district attorney Edmond O'Brien, envoyé dans sa ville natale gangrenée par une corruption généralisée, faisait face aux gangsters et à des adversaires inattendus : son ami d'enfance devenu un journaliste désabusé (William Holden)…et même dans sa famille …Pléthore de seconds rôles prestigieux : Neville Brand, Ted de Corsia, Ed Begley.

Il a quand même bien changé Bertrand Tavernier. Il n'y a pas longtemps, je plaisantais sur le fait que bientôt il défendra même Sam Newfield ou Jack Rawlins mais on y est presque car je découvre sur son blog qu'il défend même Edward L. Cahn et son nanard Experiment Alcatraz :wink:
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: FILMS NOIRS, sans domicile fixe : Kid Glover Killer (194

Message par kiemavel »

Supfiction a écrit :L'assassin au gant de velours / Kid Glover Killer (1942)
kiemavel a écrit : Par contre, je l'ai signalé mais je n'ai pas aimé L'assassin au gant de velours (Kid Glover Killer) ; un avis plus que réservé à tempérer (vu une fois et il y a longtemps). Déjà l'atmosphère du film n'a pas grand chose à voir avec un film noir.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Si tu enlève à ce film le qualificatif de film noir (et c'est ton droit), dans ce cas tu peux aussi l'enlever de bon nombre de films d'enquêtes policières souvent considérés comme parti prenante du genre noir ( Appelez nord 777 par exemple ).
Noël Simsolo à ce sujet écrivait d'ailleurs : "On peut légitimement s'étonner de voir citer Call Northside 777 et The Naked city dans des anthologies consacrées au cycle noir, classification abusive parce que ces productions n'en appellent jamais à la désignation d'individus luttant avec leurs propres démons. Ce sont des films conçus pour défendre l'ordre des choses et non pour le remettre en question, du moins tels qu'ils nous sont parvenus car Jules Dassin a toujours précisé que ses producteurs avaient transformé son travail sur The naked city en le détournant ainsi contre sa volonté. Un réel apport esthétique découle cependant de ces reportages-fictions : la poésie urbaine venue du tournage en extérieur dans les rues d'une ville. Mais tout dépend du regard du cinéaste sur la beauté des lieux car ces images n'ont qu'un pittoresque de surface si elles ne se fondent pas dans une forme à l'ensemble cohérent. La part documentaire n'a qu'un intérêt décoratif si un univers personnel ne vient pas la colorer de sa propre sensibilité. Cela déborde l'effet du réel. Quand cette forme particulière réintègre la narration d'une fiction , elle ne transforme pas un thriller ou un film à suspense en film noir. Contrairement aux affirmations de certains historiens, il est aussi difficile d'intégrer au noir toutes ces œuvres glorifiant la police (...) ces dispositifs engendrent généralement des films idéologiques, officiels et souvent réactionnaires, qui sont tantôt construits sur l'investigation sous la forme de faux reportage, tantôt teintés d'humanisme à la gloire des forces de l'ordre."

Si Kid Glover Killer n'échappe pas au défaut du didactisme (en présentant en détail les travaux de la police scientifique, je n'ose pas dire les débuts), il est surtout un film très agréable à regarder, plein de charme et divertissant.
J'ai beaucoup aimé ce film qui marque les débuts de Fred Zinnemann à la réalisation d'un long métrage. Un film que l'on pourrait grossièrement qualifier d'ancêtre des Experts et autre NCIS télévisés, à ce détail près qu'il est quand même à la marge du film noir en faisant état de la corruption gangrénant la politique. En effet, le truand est à la fois au cœur du pouvoir, à la tête d'une grande campagne médiatique (affiches et radio) pour le nettoyage de la racaille mafieuse mais également un ami personnel du personnage de Van Heflin, scientifique, criminologue et accessoirement en charge de l'enquête.

Tout commence par l’élection d'un homme politique et de son procureur général (attorney) mais l'on découvre vite que Ladimer (Lee Bowman), l'avocat et star de radio ayant soutenu l'élection et porté au pouvoir le ticket électoral maire/procureur est en fait un homme corrompu et jouant double jeu avec les politiciens pour lesquels il travaille. Lorsque ce dernier réalise que le maire était sincère et sérieux lorsqu'il décrétait vouloir éradiquer la violence et la corruption (le changement c'est vraiment maintenant), il en informe immédiatement ses connections mafieuses et les gangsters passent aussitôt à l'action : l'attorney est tout d'abord retrouvé assassiné, puis le maire est lui-même menacé surtout lorsqu'il découvre avec étonnement que Ladimer a contracté une police de 80000 dollars avec un dépôt de 28000 dollars cash...

L'enquête est confié à Gordon McKay (Van Heflin), un scientifique de la police accompagné de sa jolie assistante Jane Mitchell (Marsha Hunt).
Mais autour d'eux rode Gerald Ladimer qui est aussi un vieil ami de McKay.. Pratique pour surveiller les avancées de l'enquête..
En outre, il s'intéresse de près à la jolie Marsha Hunt qui, il faut le dire est absolument délicieuse dans ce film (amoureuse et piquante à la fois, un peu à la manière de Myrna Loy la décennie précédente).
Van Heflin n'est pas en reste dans ce domaine et fait preuve à la fois de beaucoup d'humour et de charme nonchalant. Le couple star met tellement de charme et de bon humeur que l'ambiance film noir se dissipe au profit d'une ambiance plus romantique.

La encore tout ce que tu dis est parfaitement juste (y'en à marre :wink: ) mais je ne suis pas toujours d'accord avec tes conclusions.
Mon problème avec ce film n'est pas qu'il prenne la forme d'une enquête policière mais la manière dont c'est fait. Tu présentes très justement le film comme un ancêtre des experts et il y a effectivement beaucoup de scènes de labo trop longues et dans lesquelles on a des échos de l'enquête qui est menée mais qui sont surtout des prétextes pour profiter du charme des 2 principaux interprètes et de leur alchimie. Je te cite : "Le couple star met tellement de charme et de bonne humeur que l'ambiance film noir se dissipe au profit d'une ambiance plus romantique". C'est parfaitement exact et ça casse quand même pas mal l'ambiance de film noir d'autant plus qu'on a l'impression que c'est ce qui a le plus intéressé scénariste et metteur en scène car si l'intrigue et l'atmosphère de corruption (politique) sont au coeur de l'intrigue, en raison d'une atmosphère trop nonchalante, de l'idylle entre les deux collègues de boulot, et surtout faute d'un méchant aussi convainquant que les autres co-vedettes (et qu'on voit arriver de trop loin…), le film manque à mon gout d'unité et rate en grande partie son potentiel comme film noir (mais pas en tant que sympathique film policier). Mais c'est un avis très subjectif, c'est toujours le cas mais d'autant plus sur un film comme celui là dans lequel les ruptures de ton peuvent à l'inverse de ce que cela à produit sur moi, être très bien acceptées.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22129
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: FILMS NOIRS, Sans Domiciles Fixes : Quicksand (1950)

Message par Supfiction »

kiemavel a écrit : Platinium High School (1960) avec Terry Moore ( :oops: ) et Dan Duryea
Coming soon dans le topic, Terry Moore en compagnie de Victor Mature..
Image
Dan Duryea
reviendra
donner des baffes dans :


Image
Répondre