Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Image
Young Dillinger (1965)
Réalisation : Terry O. Morse
Production : Alfred Zimbalist / Distribution : Allied Artists
Scénario : Donald Zimbalist et Arthur Hoerl
Photographie : Stanley Cortez
Musique : Shorty Rogers

Avec :

Nick Adams (John Dillinger)
Mary Ann Mobley (Elaine)
Robert Conrad (Pretty Boy Floyd)
John Ashley (Baby Face Nelson)
Victor Buono (Le professeur Hoffman)
John Hoyt (Le docteur Wilson)

ImageImage
Tout juste sorti de prison, John Dillinger retrouve sa petite amie Elaine bien décidé à s'acheter une conduite. Ils coulent quelques jours heureux , la relation est même à ce point au beau fixe que la jeune femme refuse de retourner vivre auprès de ses riches parents et émet le désir de se marier sans attendre. Dillinger refuse de s'engager alors qu'il est sans ressources alors la jeune femme lui propose de vider le coffre fort de l'entreprise de son père et de s'enfuir. Ils sont rapidement arrêtés par la police et pour accéder à la requête du père de la jeune femme, Dillinger décharge Elaine de toutes responsabilités dans le vol contre la promesse de bénéficier du soutien d'un bon avocat mais il écope tout de même d'une lourde peine. En prison, il est remarqué par "Pretty Boy" Floyd, "Baby Face" Nelson et Homer Van Meter qui organisent une fausse émeute au cours de laquelle Dillinger aide les gardiens contre les prisonniers. Pour prix de sa bonne conduite, il est transféré vers un établissement moins strict en vue d'obtenir éventuellement sa liberté conditionnelle mais au cours du transfert, Dillinger s'évade avec l'aide d'Elaine…
ImageImage
Le titre peut s'avérer trompeur. Le film ne remonte quand même pas jusqu'au tous premiers forfaits de John Dillinger car si l'on en croit certains spécialistes de la délinquance (plus notre ex président) c'est dans les gênes ce truc là…Ici, on nous explique que si Dillinger tourne mal, c'est de la faute à Roosevelt si j'ai bien compris. D'après mon grand père qui était vraiment de droite (c'est lui qui m'a appris l'allemand que lui même avait appris pendant le guerre), c'est à cause de Roosevelt le crack de 1939, le chômage, tout ça mais comme je séchais les cours d'économie, je ne peux pas confirmer. De la faute de la situation économique mais pas seulement car on retrouve dans ce film un héritage du film noir puisque les scénaristes nous expliquent assez sérieusement que c'est surtout à cause de sa petite amie que Dillinger plonge véritablement dans la délinquance…et plus tard, plongera tout court d'ailleurs (en enfer, enfin j'espère). Ce film a mauvaise réputation mais revu récemment je le trouve bien moins mauvais que la réputation qu'il traine ce qui confirme l'impression qui avait suivi mon premier visionnage d'il y a une dizaine d'années au minimum. Alors bien sûr c'est un film fauché tourné en 15 jours avec des voitures d'époque mais c'est tout ce qui est certifié conforme aux années 30 et certainement pas les tenues vestimentaires ni les coupes de cheveux ou la décoration intérieure mais on ne s'ennuie pas une seconde durant ce polar mené sur un rythme soutenu de bout en bout et magnifiquement photographié par le vétéran Stanley Cortez.

Pour le reste, on suit le programme attendu. Attaques de banque ; fuites en voiture ; un petit coup de mitraillette Thompson ; poursuites par la police ; évasion de prison ; rab de pruneaux ; règlements de compte entre gangs rivaux ; barrages de police…et pas mal de "Arrêtes Joe ! Je suis touché". La routine…Le séjour en prison offre un petit moment de violence assez puissant mais les scènes d'émeutes sont selon moi pour une part de la récup. car j'y ai reconnu avec une quasi certitude des plans issus du film de Don Siegel Les révoltés de la cellule 11. Je signale quelques bonnes scènes qui se distinguent assez nettement de la routine. Au tout début du film, la tentative de mariage à la sauvette entre John et Elaine par un juge de paix soupçonneux et formant un couple de ploucs américains assez redoutables qui fera fuir les deux fugitifs, nous donnera pour la première fois l'occasion de prendre conscience de la violence potentielle de Dillinger. Bien plus tard, on en aura confirmation quand insatisfait du travail du chirurgien qui était censé transformer son visage (un épisode véridique de la vie de Dillinger) il va s'en prendre au docteur Hofman d'une telle manière que je soupçonne les scénaristes d'avoir bien aimé en son temps Le carrefour de la mort (Kiss Of Death) mais c'est pour la bonne cause car ils rendent avec des intérêts…
ImageImage
Du coté des interprètes…Nick Adams qui rêvait parait-il d'une carrière à la James Dean (avec lequel il était ami) fait ici plus penser à Mickey Rooney dans les rôles de tueur psychopathe qu'il tournait à l'époque ou plus prestigieusement encore à James Cagney. Il est beaucoup éreinté et pas seulement pour ce film mais je trouve qu'il n'est pas si mal dans le genre truand tourmenté et, par moment seulement, survolté à la Jimmy alors que l'on résume parfois son interprétation à une mauvaise imitation de Pomelo's Man. En revanche, Mary Ann Mobley (Elaine), une ancienne Miss America n'a pas un charisme évident. Les interprètes de Homer Van Meter et Baby Face Nelson sont presque transparents mais Robert Conrad en "Pretty Boy" Floyd est surement le meilleur de toutes les têtes d'affiche. Les meilleurs et de loin restent cependant les nombreuses vieilles connaissances dont de très bons vétérans que l'on croise dans des seconds rôles. Par ordre d'importance, d'abord l'excellent Victor Buono qui est un professeur d'université spécialiste de la criminalité, qui grâce aux renseignements sur la sécurité des établissements bancaires auxquels il a accès fourni le mode d'emploi pour les dévaliser. Ensuite, John Hoyt qui interprète donc le docteur Hofman, un chirurgien de la pègre qui ne fait pas qu'ôter les balles qui ont atteint leurs cibles mais qui s'essaie aussi à ses moments perdus à la chirurgie esthétique dans les scènes les plus délirantes du film. Anthony Caruso est Rocco, le chef du gang qui était censé aider Dillinger a organiser l'évasion de ses camarades mais qui le traitera par le mépris. Pas prudent…Du coté des flics maintenant, on reconnait aussi Robert Osterloh et Reed Hadley dans les rangs du FBI et le vénérable Emile Meyer dans le rôle du flic chargé de surveiller Dillinger lors de son transfert et qui devait être trop vieux pour un boulot aussi ingrat. Et pan sur la carafe !

Bilan : Celui là on peux s'en passer…mais il est passé justement au moins une fois sur une chaine française. vu en vost. Il y a très longtemps que je n'avais pas consacré un texte à un de ces films qui à partir de la fin des années 50 ont marqué un retour aux films de gangsters notamment par des biographies de figures des années 30 ayant réellement existé comme ceux du film de Terry Morse. Les plus "marquants" (je ne suis un grand admirateur de ces biographies criminelles) seront chronologiquement :

Baby face Nelson de Don Siegel en 1957
Mitraillette Kelly de Roger Corman en 1958
The Bonnie Parker Story de William Witney en 1958
Al Capone de Richard Wilson en 1959
La chute d'un caïd de Budd Boetticher en 1960 (sur Legs Diamond)
Portrait of a Mobster de Joseph Pevney en 1961 (sur 'Dutch' Schultz)
La série reprendra plus tard avec Bloody Mama de Roger Corman (1970) sur Ma Barker (et ses fils) ou bien sûr avec le Dillinger de John Milius (1973).
Image
Après The Man Who Cheated Himself et Young Dillinger, il y a toujours du Dan Duryea dans l'air mais je vais surement intercaler d'autres films non prévus au programme. ça vient comme ça vient.
Chip
Electro
Messages : 948
Inscription : 22 oct. 08, 10:26

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Chip »

J'ajoute quelques titres :
- King of the roaring 20's- the story of Arnold Rothstein (1961) de Joseph M. Newman
avec David Janssen
- the St Valentine day's massacre ( l'affaire Al Capone) (1967) de Roger Corman
avec Jason Robards,jr.
- Capone (Capone) (1975) de Steve Carver
avec Ben Gazzara
- the lady in red (du rouge pour un truand) (1979) de Lewis Teague
avec Robert Conrad dand le rôle de Dillinger
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22133
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

The Strange Affair of Uncle Harry (1945)

Message par Supfiction »

Image
Un petit mot rapide sur The Strange Affair of Uncle Harry (1945) petit film du grand Robert Siodmak tout juste qualifiable de film noir avec pourtant un casting alléchant : George Sanders (classe mais pour une fois en bon gars un peu trop gentil), Ella Raines (l'amoureuse) et Geraldine Fitzgerald (la sœur jalouse et quasi-incestueuse).

Je ne sais pas si quelqu'un l'a vu ici, mais je n'ai trouvé qu'un intérêt relatif à cette histoire de Harry Melville Quincey, petit bourgeois déclassé de province entamant une relation avec Deborah Brown, une jeune femme intelligente et éclairée qu'il envisage d'épouser, et tentant (ou ne tentant pas justement) de se défaire de l'emprise d'une sœur un peu trop possessive et d'un milieu trop fermé. Le film décrit ainsi la vie provinciale américaine d'avant guerre, ses bonnes mœurs puritaines un peu trop bien réglés, ses bavardages, ses commères et ses jeunes filles qui s'ennuient.
La mise en scène est plate et sans grande imagination. Seules Ella Raines (charmante et très moderne) et Geraldine Fitzgerald (digne et flippante sans être caricaturale), très convaincantes dans leurs rôles, permettent au film de garder de l'intérêt. Chose étonnante quand on sait à quel point George Sanders peut être savoureux, leur face à face éclipse l'acteur qui parait bien falot à côté des deux belles et talentueuses actrices.

Le film est très court et du coup on a pas le temps de s'ennuyer vraiment.
La fin en énervera plus d'un, touchant au ridicule ou à l’incompréhensible pour ceux qui n'auront pas bien suivi.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Personnellement, j'ai cru tout d'abord que le personnage de Georges Sanders devenait fou, ce qui aurait été un bien meilleur dénouement que ce qu'il en est vraiment. Et pourtant nul doute possible puisque en fait, le coda final n'est qu'un retour en arrière avant que ce brave George ne tue accidentellement une sœur à la place d'une autre mais que celle-ci soit accusée du meurtre à sa place et exécutée.
Tout ce que le spectateur venait de voir n'était que le fruit de son imagination alors qu'il divaguait en tenant une fiole de poison dans la main.. Comble du ridicule, Ella Raines revient alors qu'elle était parti résignée en épouser un autre, ayant jugé que ce brave George ne se déferait jamais d'une sœur trop envahissante et jalouse. Tout est bien qui finit bien en une poignée de secondes! Du Joe Eszterhas avant l'heure, en moins tordu quand même. :P
Image
J'ai bien aimé le carton final en revanche. Du marketing très moderne dans l'esprit! Mieux vaut effectivement ne pas raconter la fin pour ne décourager personne à l'avance!
Image
Dernière modification par Supfiction le 5 avr. 20, 14:26, modifié 1 fois.
Chip
Electro
Messages : 948
Inscription : 22 oct. 08, 10:26

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Chip »

WORLD FOR RANSOM (alerte à Singapour) en dvd Chez Olivefilms en janvier 2015.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22133
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Supfiction »

Chip a écrit :WORLD FOR RANSOM (alerte à Singapour) en dvd Chez Olivefilms en janvier 2015.
Et en BR! Dan Duryea, yeahh.

Image
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22133
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: They Won't Believe Me (1947 Susan Hayward, Robert Young,

Message par Supfiction »

Image
They Won't Believe Me (1947)
Réalisation : Irving Pichel
Production : Alfred Zimbalist / Distribution : Allied Artists
Scénario : Jonathan Latimer et Gordon McDonell
Photographie : Harry J. Wild
Musique : Roy Webb

Avec :

Larry (Robert Young)
Verna (Susan Hayward)
Janice (Jane Greer)
Gretta (Rita Johnson)


Welcome to New York..

Robert Young (Larry) est un sale type. Mais j'aimerai bien être à sa place.
Papillonnant entre une épouse un peu trop riche et intelligente (Rita Johnson), son amante un peu jalouse (Jane Greer :oops: ) et sa nouvelle conquête, l'indocile Susan Hayward (Re :oops: ), pas facile la vie d'un petit agent de change!

**ATTENTION GÂCHEURS**
Après un certain nombre de lâchetés et tromperies, quand enfin Larry prend une décision et quitte son épouse pour sa secrétaire, le récit bascule du drame amoureux au film noir à l'occasion d'un accident de la route.
Pour éviter un camion zigzaguant à cause d'un pneu crevé, la voiture de Robert Young et Susan Hayward bascule dans le fossé et prend feu. Cette dernière périt dans l'accident. Alors qu'il est à l’hôpital et qu'on lui annonce que sa présumée femme est morte brulée, une idée lui vient alors : oui ce serait bien sa femme morte à ses côtés dans cet accident, ce qui lui permettrait d'hériter de son immense fortune.

Mais tout ne va pas se passer comme imaginé..

Il rentre alors chez lui avec l'intention de se débarrasser de sa femme pour de bon, mais chance ou malchance, celle-ci s'est déjà jeté dans un ravin en apprenant qu'il l'avait quittait. Il jette alors le corps dans le fleuve.

Dénoncé par un cheval..

Comme on pouvait s'en douter, le corps finira par être retrouvé et Robert Young inculpé pour meurtre.. pas de sa femme, mais de sa maitresse !
**ATTENTION GÂCHEURS FIN**
Image
Le premier point fort de ce film est son casting grand luxe ! Robert Young entouré de deux des plus belles femmes de l'époque : Jane Greer, belle à se damner (ici dans un presque contre-emploi, en tous cas par rapport à celui pour lequel elle est surtout connu) et Susan Hayward, superbe et dangereuse (une gold digger comme elle se qualifie elle-même), et dont le sourire racoleur et les grands yeux laisseraient sans défense n'importe quel homme. Son jeu est excellent et sensiblement différent de ces rôles habituels.
Jane Greer et Susan Hayward incarnent deux amantes diamétralement opposées : l'une sexuellement agressive et cynique (Susan Hayward), l'autre fragile et morale (Jane Greer).
En outre, Robert Young est un choix audacieux (lui qui a beaucoup joué les "nice-guy " et qui n'était pas une tête d'affiche) mais qui s'avère payant pour ce rôle de lâche et falot coureur de jupons.
1947 sera une année faste pour lui puisqu'il sera également à l'affiche de Feux croisés / Crossfire de Dmytryk, peut-être son meilleur film.

1947 it was a very good year.
Une grande année à la fois pour Young, Greer et Susan Hayward. Cette dernière obtint sa première nomination à l'Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans Une vie perdue / Smash-Up: The Story of a Woman et de très bons avis de la critique et du public. Elle tourna la même année un autre rôle majeur dans The Lost Moment .
Quant à Jane Greer, elle tourna successivement peut-être ses trois plus grands films : La griffe du passé (1947), La cité de la peur (1948) et Ça commence à Vera-Cruz (1949) !

A ce casting impeccable, il faut ajouter un scénario qui sans être original s'avère habile (de Jonathan Latimer, scénariste de John Farrow) et plutôt surprenant du début à la fin et ce alors que le récit est raconté en flash-back. Un flash-back dont on peut sérieusement douter de la véracité.
Après tout le titre est plutôt tendancieux : "They Won't Believe Me". Le jury ou le public ?
Il y a beaucoup d'ironie dans ce récit et l'on est pleinement dans un film noir en dépit des apparences. Larry semble être constamment passif face aux événements et aux femmes de sa vie. Mais est-ce vraiment le destin qui distribue les cartes ?

La photo est de Harry J. Wild responsable d'une importante contribution au noir (Pitfall, Nocturne, Station West, The Threat, His Kind of Woman).

Au passif, une réalisation manquant un peu de peps et un (léger) abus de voix-off. Celle-ci est la conséquence d'un choix de mise en scène : l'histoire est raconté par le personnage de Robert Young lui-même alors qu'il se tient à la barre des accusés à son procès.

Je crois que deux montages du films circulent, l'un de 80 minutes (charcutage dans lequel tous les actes jugés immoraux ont été coupés, comme le baiser que Robert Young donne à Susan Hayward à l'Opéra alors que sa femme est à côté), l'autre de 90 minutes. Dans la version courte (que je n'ai pas vu), la fin serait très ambigüe à ce que j'ai pu comprendre, voir même incompréhensible.

A conseiller. Ne serait-ce que pour les fabuleuses Susan Hayward et Jane Greer, vous l'aurez compris.
Dernière modification par Supfiction le 26 déc. 15, 14:51, modifié 1 fois.
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Image
L'assassin parmi eux (Down Three Dark Streets) 1954
Réalisation : Arnold Laven
Production : Edward Small Productions
Distribution : United Artists
Scénario : Bernard C. Schoenfeld ; Gordon et Milton Gordon
Photographie : Joseph Biroc
Musique : Paul Sawtell

Avec :

Broderick Crawford (John Ripley)
Ruth Roman (Kate Martell)
Martha Hyer (Connie Anderson)
Marisa Pavan (Julie Angelino)
Casey Adams (Dave Milson)
Claude Akins (Matty Pavelich)
ImageImage
Joe Walpo, un malfaiteur en fuite et recherché par le FBI abat un pompiste qui l'avait reconnu dans une station service de Californie. Aussitôt, le FBI averti le bureau de Los Angeles et plus précisément l'agent Zack Stewart, en charge de l'enquête concernant le tueur, qu'il se dirige probablement vers la ville. Stewart travaille conjointement sur d'autres affaires ; la 1ère impliquant Vince Angelino, un homme qu'il interroge dans les locaux du FBI pour déterminer son rôle dans un réseau de voleurs de voitures ; la seconde étant une tentative d'extorsion de fonds sur une jeune veuve, Kate Martell, qu'un homme menace au téléphone de tuer la fille si elle ne lui remet pas les 10 000 $ qu'elle avait reçu à la mort de son mari. Un soir, une autre jeune femme, Brenda Ralles, manifestement effrayée, appelle le FBI et prétend avoir des informations pour Stewart concernant une de ses affaires. Il se déplace sur les lieux avec son supérieur l'agent John Ripley mais la jeune femme refuse de leur ouvrir la porte et tente même de se débarrasser des hommes du FBI qui comprennent que la jeune femme a de la compagnie et qu'un inconnu vient de sortir de la maison par la porte de derrière. Stewart va à sa poursuite et est abattu en tentant d'arrêter l'inconnu. Ripley va alors reprendre les 3 enquêtes espérant que cela le conduira à trouver le meurtrier de son collègue et ami...
ImageImage
L'ouverture avec une voix off bien solennelle à la gloire du FBI n'est pourtant guère encourageante mais c'est un film finalement bien meilleur que sa réputation de film policier "procédural" banal. L'aspect pseudo-documentaire montrant les méthodes du FBI, les techniques de fichage pré-informatique, les techniques de surveillance et d'écoute ne sont guère passionnantes mais ces aspects potentiellement ennuyeux sont très secondaires car ils sont noyés dans un scénario à la structure complexe et impliquant de nombreux personnages dont au moins certains sont purement des personnages de film noir. Sa structure inhabituelle, avec ces trois enquêtes parallèles et en apparence sans liens entre elles, menées simultanément par l'agent Ripley et ses collègues, aurait pu aboutir à un film bancal mais les 3 fils sont tirés assez habilement, l'action se déplaçant entre les trois enquêtes sans donner l'impression d'être trop schématique ou décousue.

Et surtout ce scénario nous sort des bureau du FBI, des dossiers et des fichiers, des micros, des analyses graphologiques ou balistiques, tous ces aspects potentiellement pesants, car on se balade beaucoup dans L.A et certaines de ces séquences en extérieur sont remarquablement mises en scène par Laven, notamment une longue filature qui nous entraine du centre de Los Angeles vers les faubourgs de la ville, le suspect se sachant surveillé par la police empruntant toutes sortes de moyens de transport, du métro au funiculaire, pour atteindre un chalet situé sur une colline dominant la ville ou bien encore dans les séquences finales très réussies qui nous entrainent sur un site emblématique de la ville qui n'avait sans doute pas encore été utilisé dans un film policier (voir photos). A cela s'ajoute la très belle photographie due à Joseph Biroc (un fidèle collaborateur de Laven) qui magnifie notamment toutes les séquences nocturnes : le meurtre de Zack Stewart ; la fuite à travers la ville de Brenda Ralles ou encore le rendez-vous nocturne fixé par le racketteur mystérieux à Kate Martell dans un cimetière de la ville.
ImageImage
Arnold Laven tire aussi parfaitement parti d'un très bon casting, à commencer par Broderick Crawford extraordinairement sobre mais ce n'est pas forcément parce qu'il était alors dans une de ses périodes "sans alcool" mais peut-être simplement parce qu'il se retrouvait cette fois ci du coté de la loi, qui plus est au sein du prestigieux FBI, à moins que ce ne soit le metteur en scène qui l'ai bien tenu. Quoiqu'il en soit, il est ici à mille lieux de l'aboyeur qu'il était souvent y compris dans le film noir (surtout dans L'inexorable enquête, Big House, U.S.A. et New-York Confidentiel) et Il est surtout bien aidé par un casting féminin épatant : Ruth Roman, Martha Hyer, Marisa Pavan et dans une moindre mesure par un nombre assez important de seconds couteaux masculins, ce qui est un des bienfaits indirects de cette triple enquête.

Le cas Brenda Ralles (Suzanne Alexander) est vite expédié. Elle avait cru qu'échapper à la surveillance de la police l'a tiendrait à l'abri du ou des tueurs…mais on retrouve très vite son cadavre dans une poubelle…L'enquête visant le tueur en fuite, Joe Walpo, permet de faire connaissance avec sa petite amie Connie Anderson (interprétée par la superbe Martha Hyer). C'est le personnage le plus estampillé "film noir" ; il est même suffisamment caricatural pour faire un peu sourire en coin. C'est le prototype de la jolie fille qui a bien vécu et qui ne se laisse pas impressionner par la police. Martha Hyer joue un peu trop parfaitement son numéro de la fille facile, un peu artificiellement provocante qui croit que son effeuillage indiscret va perturber les policiers au point de leur faire oublier leur enquête. Elle n'est pas non plus très futée, ce dont se servira Ripley...
ImageImage
Vince Angelino, l'homme impliqué dans le trafic de voitures volées est défendu avec vigueur par sa femme Julie (Marisa Pavan) dont on découvre seulement 5 minutes après son apparition qu'elle est aveugle. Ce personnage qui pouvait faire peur est en réalité le plus beau de tous et la touchante et très bonne actrice qu'était Marisa Pavan n'y est pas pour rien. Elle est l'incarnation de la femme loyale qui à toute confiance en son mari, persuadée contrairement à la police qu'il n'a servi que de bouc émissaire et qu'il préfère risquer la prison plutôt que de révéler l'identité des trafiquants et de risquer d'exposer ainsi sa femme vulnérable. Vulnérable, certes mais pas tant qu'il n'y parait car elle va se révéler véritablement courageuse et ingénieuse pour confondre Matty Pavelich (Claude Akins), l'homme de main du gang qui avait tenté de l'intimider et au final elle va se révéler être un témoin inattendu plus précieux que la plupart des gens ayant une vision parfaite car son handicap est exploité avec beaucoup de malice par les scénaristes.

Enfin, il y a tout l'entourage de Kate Martell, interprété par une Ruth Roman aussi sexy que Martha Hyer dans les déshabillés qu'elle porte le soir venu…La jeune veuve a un prétendant, Dave Millson (Casey Adams), un agent immobilier qui était un ami du défunt mari (et qui porte sur son front la mention "coupable" en très gros). A son domicile vit Max (Jay Adler), l'oncle de son mari, qui a un bon casier judiciaire et qui est adepte des sous entendus graveleux (pareil que le précédent, une bonne tête de coupable) et enfin dans son entourage proche gravite aussi un voisin assez encombrant, indiscret et curieux et qui semble toujours prêt à surgir de derrière la porte, ce vieux monsieur Alex, l'énigmatique voisin a aussi une belle pancarte dans le dos…ce qui en fait au moins quelques uns de trop. Pour finir, un mot sur le metteur en scène. Arnold Laven a eu une carrière bizarre débutant au cinéma par deux bons films noirs, Without Warning ! réalisé en 1952 puis l'année suivante, Association criminelle (Vice Squad) mais qui passa l'essentiel de sa carrière à la télévision, ne tournant qu'une dizaine de ses 75 films pour le cinéma dont 4 westerns et un autre film noir évoqué lui aussi dans ce topic, l'excellent Meurtres sur le 10ème avenue (Slaughter on Tenth Avenue). En dehors de ses deux genres de prédilection, un seul autre film de Laven a été, à ma connaissance, diffusé à la télévision chez nous, il s'agit d'un drame guerrier, The Rack, avec notamment Paul Newman. Un autre Broderick Crawford à suivre…
ImageImage
Spoiler (cliquez pour afficher)
Les femmes de Down Three Dark Streets :
Suzanne Alexander (Brenda Ralles)
ImageImage
Ruth Roman (Kate Martell)
ImageImage
Martha Hyer (Connie Anderson)
ImageImage
Marisa Pavan (Julie Angelino)
ImageImage
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Image
Big House, U.S.A. (1955)
Réalisation : Howard W. Koch
Production : Aubrey Schenck (Bel-Air productions)
Distribution : United Artists
Scénario : John C. Higgins
d'après une histoire de George George et George Slavin
Photographie : Gordon Avil
Musique : Paul Dunlap

Avec :

Broderick Crawford (Rollo Lamar)
Ralph Meeker (Jerry Barker)
William Talman (William 'Machine Gun' mason)
Lon Chaney Jr. (Alamo Smith)
Charles Bronson (Benny Kelly)
Reed Hadley (James Madden)
ImageImageImage
Alors qu'il participe à un camp d'été dans le Royal Gorge Park au Colorado, un enfant asthmatique fait un malaise à l'arrivée d'une course. Il est emmené au centre de secours par un animateur mais alors que l'infirmière prépare une piqure, l'enfant prend peur et s'enfuit. Le lendemain matin, alors qu'il se rend à pied vers un lac d'altitude pour y pêcher, Jerry Barker découvre l'enfant perdu en train de pleurer, l'emmène avec lui, le fait grimper dans une tour de guet désaffectée et lui promet de revenir très vite après avoir appelé du secours. En réalité, ayant entendu les appels à la radio des secouristes qui avait révélé l'identité du père du jeune garçon, un riche homme d'affaires, Il téléphone à celui ci et lui réclame une rançon de 200 000 $ contre la libération de son fils puis retourne vers l'enfant, mais celui ci, apeuré et perdant patience tente de quitter son refuge précaire, perd l'équilibre, tombe de la tour et se tue sous les yeux de Barker qui approchait des lieux. Le randonneur se débarrasse alors du corps et le lendemain matin récupère la rançon selon le protocole convenu avec le père du garçon mais il est arrêté alors qu'il tentait de quitter le parc. Les rangers retrouvent 20 000 $ dans son véhicule mais le reste de la rançon demeure introuvable tout comme l'enfant. Ayant prétendu avoir tenté de profiter de la disparition de l'enfant pour tenter d'extorquer de l'argent à ses riches parents sans être lui-même l'auteur du rapt, Barker est seulement condamné pour extorsion de fonds à quelques années de prison. Il est volontairement mis dans la même cellule que les plus dangereux prisonniers de la prison de Cascabel qui d'emblée détestent le "iceman", le tueur d'enfant...
ImageImageImage
Ce film était l'un des premiers produits par Bel-Air productions fondée par Aubrey Schenk et Howard W. Koch. Ce dernier, surtout un producteur, avait fait ses débuts dans la réalisation l'année précédente avec Le bouclier du crime co-signé avec son comédien principal, Edmond O'Brien. C'était un excellent petit film noir pourtant assez fauché et assez violent mais de ce point de vue, Big House, U.S.A. le dépasse largement et il dépasse même probablement en violence tous les thrillers qui avaient été réalisés à la date de sa sortie et il est même sans doute l'un des plus violents, sinon le plus violent de la décennie. C'est même la raison principale qui explique que ce film fait délirer certains critiques et amateurs de film noir mais je suis moins enthousiaste que ceux là tout en reconnaissant le caractère inédit de certaines séquences mais ce que l'on gagne en spectaculaire et en sensationnel, en raison des fameuses séquences et d'un casting de méchants très impressionnants, on le perd en profondeur et en finesse. Le film est divisé en trois parties : la 1ère, c'est à dire tout ce qui concerne l'enlèvement de l'enfant tient du thriller ; la seconde partie tient du film de prison ; quant à la dernière, même si elle est presque sans grandes surprises, je n'en dirais rien. C'est dans un parc naturel absolument superbe et très bien mis en valeur par le metteur en scène que débute l'action. Le lieu inciterait plus à la promenade ou à la pêche à la truite et c'est d'ailleurs pour cette raison que les touristes s'y pressent mais ce bon Jerry Barker avait manifestement d'autres projets car si je l'ai présenté lui-aussi comme un randonneur et un pêcheur dans le court résumé, c'était surtout pour brouiller les pistes car c'est ainsi qu'on le découvre effectivement mais la réalité est plus complexe (et restera d'ailleurs assez floue et surtout assez invraisemblable. C'est d'ailleurs une constante tout du long, il faut parfois se laisser porter par les évènements sans trop se soucier de vraisemblance).
ImageImageImage
Ce qui est sûr, c'est que dans le genre meurtrier sans âme, notre homme se pose là car le personnage interprété par Ralph Meeker est un des tueurs les plus froids et écoeurants que l'on aura pu voir à l'époque. Il faut voir son regard vide lorsqu'il se saisit de l'enfant après sa chute mortelle et jète son corps dans un ravin comme s'il se débarrassait d'un sac poubelle. Cet homme glacial a le regard aussi mort que les truites qu'il avait effectivement pêché et qui d'ailleurs le perdront puisqu'en quittant le parc, c'est parce qu'il prétendra les avoir pêchés dans un lac empoisonné la saison précédente et par conséquent vide de poissons qu'il sera confondu plus que pour l'arme non déclarée que les policiers saisiront. Il est très rapidement confondu lorsque les enquêteurs retrouvent une partie de la rançon dans son véhicule mais sans aveu, sans corps et en raison de certains faits qui semblent corroborer les propos de Barker qui prétend avoir simplement voulu profiter de la situation, il est seulement condamné à une peine légère malgré une indifférence et une insensibilité qui rendent fou le père du jeune garçon et écoeurent les policiers en charge de l'enquête. Durant le procès, qui en fait malgré l'impossibilité de prouver sa culpabilité, une célébrité du crime, Barker, l'homme avec "a frozen face and icy eyes", est surnommé "Iceman" mais l'ironie de l'histoire, c'est que ce personnage déjà bien pourri va se retrouver avec des individus encore pires que lui. C'est délibérément que le directeur de la prison située sur l'ile de Cascabel choisi de mettre Barker dans la cellule des "détenus modèles" que le metteur en scène a pris un plaisir manifeste à présenter sous leur meilleur jour profitant au maximum de son casting 5 étoiles. En même temps que la voix off du directeur de Cascabel égrène leurs méfaits, on voit à l'écran leurs meilleurs profils (le choc des photos) et leur "Prison Record" relatant une partie de leurs exploits. The 4 terribeule, les voici :
ImageImageImage
- Leonard 'Alamo' Smith (Lon Chaney, Jr.) : Border killer, narcotic runner, wetback smuggler. Un type dont le directeur dira : "You know, he’s not a bad guy, if he’s kept locked up" (Vous savez, ce n'est pas un si mauvais gars, si il est maintenu enfermé). L'enfermement avec des hommes lui pèse. Son passe-temps favori : sculpter des pin-up avec tout ce qui lui tombe sous la main, leur parler et les cajoler (à libérer dès que possible et à embaucher comme animateur de centre aéré :arrow: ).
- Benny Kelly (Charles Bronson). Présenté comme un ‘mad dog-type’ killer…Parait qu'il tuait par plaisir ? Je ne sais pas si c'était volontaire mais vu d'aujourd'hui il pourrait passer pour une icône gay car il passe bien la moitié de son temps de présence à l'écran le torse nu. Il était au top de sa forme le Charlie à l'époque et je ne me souviens pas d'un acteur de cette génération qui aurait fait autant étalage de ses muscles. On le découvre d'ailleurs plongé dans la lecture d'un magazine intitulé "Muscle" lorsque Barker est amené vers sa future cellule.
- William ‘Machine Gun’ Mason (William Talman), le Hitman. Un tueur professionnel…encore plus demeuré que 'Alamo' Smith et plus dangereux aussi. C'est le bras droit (et les mains les plus sales) de celui qui dirige la cellule, cad :
- Rollo Lamar (Broderick Crawford) : Bank robbery consultant and strategist…Consulté par les autres gangs durant la préparation des hold-up. Bref, une pointure dans son domaine et son cerveau continue à travailler en prison car il prépare (évidemment) leur évasion et c'est lui qui décrète qu'il faut épargner le tueur d'enfant en présentant ainsi le programme : "I’m gonna kidnap a kidnapper for the money he kidnapped for” :mrgreen: . Un à la manière de : "Je vais terroriser les terroristes" en plus lucratif.
ImageImageImage
De fait, malgré un pedigree qui devrait les rendre modestes, ils sont plutôt intolérants pour les tares des autres, les affreux. Faut dire que tueur d'enfant -car personne ne semble dupe parmi les prisonniers- ça n'a jamais été très populaire, aussi celui que tout le monde appelera 'Iceman' est accueilli par des sarcasmes et des menaces par les détenus devant lesquels il passe pour rejoindre sa future cellule mais il faut voir sa tête quand il arrive devant les occupants de la fameuse cellule VIP (voir photos). C'est à partir de là que la bande de joyeux compagnons va commencer à rivaliser en sauvagerie. Ça commence avec cet ami détenu parti en repérage en prévision de l'évasion et qui sera sacrifié pour ne pas compromettre l'évasion des autres (et qui sera ébouillanté à mort dans une chaudière en raison de la trahison de ses complices). Plus tard, un homme sera massacré à coups de marteau puis défiguré avec un chalumeau afin de le rendre méconnaissable…And so on…Je laisse la suite des évènements dans l'ombre mais c'est dans le même esprit. L'évasion elle même est aussi ingénieuse que tout à fait improbable mais au moins elle est cinématographiquement très sympa et originale avec quelques séquences sous marines bien fichues. Comme je l'ai dit plus haut, il ne faut pas trop chercher la petite bête car le scénario présente d'assez nombreuses petites maladresses ou facilités. Ça commençait dès l'enlèvement qui avait été prémédité mais son processus était très compliqué et invraisemblable. Le réalisateur a du aussi arracher une page du scénario car dès que Barker est arrêté, bien que l'enfant n'ai pas été retrouvé, il n'est plus question de recherches à propos du garçon disparu, on ne voit plus ses parents et presque plus les deux policiers qui dirigeaient l'enquête. Il faut dire que ce n'est pas dommage car si les hoodlums sont bien énervés, les policiers au contraire jouent leur rôle de manière assez molle et à tour de rôle commentent "leurs exploits" en voix off…On entend d'abord celle de Roy Roberts (l'interprète du chef ranger Will Erickson) qui est dans un 1er temps en charge de l'enquête puis celle de Reed Hadley (l'agent du FBI James Madden) lorsqu'il la supervisera. Parmi les autres seconds rôles, je signale aussi la 1ère apparition au cinéma de Felicia Farr (qu'on aura reconnu dans le rôle de l'infirmière).
ImageImageImage
Pour l'anecdote, plusieurs témoins ont évoqué le tournage de ce film qui fut parait-il épique et qui est entouré de légendes. L'un des scénaristes a raconté un voyage en voiture vers un lieu de tournage avec un Charles Bronson ne desserrant pas les dents du voyage malgré les facéties des 3 autres complètement bourrés. Un autre témoin a raconté que lorsqu'il est arrivé à l'aéroport de Los Angeles pour y retrouver Lon Chaney pour prendre un avion, il était déjà bourré à 6 h du matin et il affirmait que cela s'était poursuivi sur le tournage, surtout avec Broderick Crawford prétendant que parfois ce dernier était incapable de tourner et qu'il devait être remonté avec des procédés non réglementaires. Si William Talman était dans le même trip, les 2 autres faisait la gueule, Ralph Meeker parce qu'il était dépité d'avoir perdu le rôle principal dans l'adaptation cinématographique de Picnic qu'il avait longuement tenu sur scène. Howard W. Koch a réalisé une grosse dizaine de films pour le cinéma. Je n'ai pas vu son western (Fort Bowie) ni Jungle Heat, son unique film d'aventures, pas plus le Andy Hardy qu'il réalisa en 1958, le dernier épisode d'une longue saga familiale débutée dans les années 30. Il avait d'ailleurs enchainé dès l'année suivante avec La rafale de la dernière chance, avec le même acteur, Mickey Rooney...et le changement d'emploi était saisissant car c'était un des quelques rôles de psychopathe qu'aura (très bien) tenu cet acteur. C'était aussi le dernier thriller de Koch qui en a réalisé de mauvais (Untamed Youth et The Girl in Black Stockings) mais les 3 autres déjà cités valent largement le détour. Reste à découvrir Violent Road, un remake non avoué du Salaire de la peur avec Brian Keith mais c'est un film que je n'ai pas encore osé regarder.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
franzgehl
Stagiaire
Messages : 84
Inscription : 2 sept. 07, 21:05

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par franzgehl »

Un excellent petit bijou celui-là. Et puis quel casting !
Dans un style similaire avec mafrats ne reculant devant rien pour retrouver un butin et échapper à la loi, il y a aussi Crashout (1955) avec William Bendix.
"Or maybe juste whistle..."
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

franzgehl a écrit :Un excellent petit bijou celui-là. Et puis quel casting !
Dans un style similaire avec mafrats ne reculant devant rien pour retrouver un butin et échapper à la loi, il y a aussi Crashout (1955) avec William Bendix.
C'est juste ! Il y a quelques points communs dans ces deux intrigues et surtout on peut faire le rapprochement entre ces deux films pour leur casting incroyable de bad guys. William Talman était d'ailleurs dans les deux. S'ils étaient 5 dans le films de Koch, on dénombrait 6 braves types dans celui de Foster :
Image
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22133
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Supfiction »

franzgehl a écrit :Un excellent petit bijou celui-là. Et puis quel casting !
Dans un style similaire avec mafrats ne reculant devant rien pour retrouver un butin et échapper à la loi, il y a aussi Crashout (1955) avec William Bendix.
Salut franzgehl
Tu pourrais nous faire un petit topo sur ce Crashout (1955) ? :D
Bendix je le connais surtout dans le Barbe noire avec Linda Darnell. Un film qui ne m'avait pas tellement emballé de mémoire.
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Supfiction a écrit :
franzgehl a écrit :Un excellent petit bijou celui-là. Et puis quel casting !
Dans un style similaire avec mafrats ne reculant devant rien pour retrouver un butin et échapper à la loi, il y a aussi Crashout (1955) avec William Bendix.
Salut franzgehl
Tu pourrais nous faire un petit topo sur ce Crashout (1955) ? :D
Bendix je le connais surtout dans le Barbe noire avec Linda Darnell. Un film qui ne m'avait pas tellement emballé de mémoire.
Ah ben non, déconnes pas, le texte est presque fini :mrgreen: :P …depuis des semaines et quand je ne termine pas très vite ça peut trainer très longtemps alors il va sans dire que si Franz ou un autre veut en dire un mot, ça m'est égal. Ce sujet est ouvert à toutes les bonnes volontés...
franzgehl
Stagiaire
Messages : 84
Inscription : 2 sept. 07, 21:05

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par franzgehl »

Je laisse la main à Kiemavel, dont j'attends toujours les publications avec impatience (au passage, merci pour la qualité des textes et des analyses).
Juste un mot, c'est la violence qui m'avait frappé dans Crashout, surtout pour l'époque. Et on reste scotché jusqu'au bout!
"Or maybe juste whistle..."
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par kiemavel »

Image
Strange Bargain (1949)
Réalisation : Will Price
Production : Sid Rogell (RKO)
Scénario : Lillie Hayward
D'après une histoire de J.H. Wallis
Photographie : Harry J. Wild
Musique : Friedrich Hollaender

Avec :

Martha Scott (Georgia Wilson)
Jeffrey Lynn (Sam Wilson)
Harry Morgan (Lt. Webb)
Henry O'Neill (Timothy Hearne)
Walter Sande (Sgt. Cord)

Sam Wilson, modeste aide comptable dans son entreprise de courtage a de sérieux problèmes pour subvenir aux besoins de sa famille. Il demande à avoir un entretien avec le directeur, monsieur Jarvis, mais alors qu'il espérait obtenir une augmentation, il apprend que l'entreprise au bord de la faillite est contrainte de licencier du personnel et qu'il fait parti des sacrifiés. A la fin de sa journée de travail, Wilson est cependant accosté par son directeur qui se propose de le raccompagner et qui autour d'un verre lui révèle l'ampleur des problèmes financiers de l'entreprise qui sont tel qu'il envisage le suicide mais cette solution laisserait sans ressources sa famille. C'est pourquoi il propose un étrange marché à son fidèle employé. Ayant contracté une assurance vie stipulant que sa femme touchera 250 000 $ en cas d'assassinat, il lui propose de maquiller son suicide en meurtre contre une récompense de 10 000 $. Wilson refuse catégoriquement et tente de convaincre Jarvis de renoncer à son projet mais le soir même il reçoit un appel de son patron qui se dit désespéré au point de passer à l'acte sans attendre. Wilson se précipite sur place pour l'arrêter mais arrive trop tard, trouve le cadavre de Jarvis, une enveloppe contenant la récompense promise et remplit à contrecoeur sa part du marché en tirant avec le revolver depuis l'extérieur de la maison…
ImageImage
Un court film (68 minutes) plus personnel qu'il n'y parait et assez acerbe sans avoir l'air d'y toucher sur une certaine American Way of Life. Sam Wilson, c'est un tout petit héros du quotidien : la quarantaine ; il est heureusement marié à la jolie Georgia (Martha Scott) ; Ils ont deux enfants et habitent un pavillon dans la banlieue de Los Angeles. C'est l'homme invisible. Qu'il rase ou pas les murs, c'est le type que l'on ne remarque pas avec son physique passe-partout, son regard fuyant, son sourire timide et sa démarche peu assurée. Ce n'est pas non plus sa personnalité terne et son air d'avoir toujours quelque chose à se faire pardonner qui le rendent plus séduisant. En tout cas, ce n'est pas le genre à être reluqué par les secrétaires quand il arrive au bureau et, quand il obtient de l'une d'elle, plus vite qu'il ne le pensait, un entretien avec son directeur, il pique une bonne suée, et cette fois à raison, car le fidèle employé, l'aide comptable très bien considéré, en guise d'augmentation apprend qu'il est liquidé après 12 ans de boite alors qu'il pensait rester en place jusqu'à la retraite. C'est d'ailleurs ce qu'il dit dépité à son patron lorsque celui ci lui apprend son licenciement imminent. Un aventurier dévoré d'ambition, le Sam…
ImageImage
C'est d'ailleurs sous la pression de sa femme qu'il avait sollicité cet entretien à l'issu d'un petit déjeuné familial qui posait déjà très bien les personnages et les problèmes financiers de la famille. Quand il constate que les factures arrivent bien trop vite dans la boite aux lettres, Sam grimace puis est gêné lorsque les enfants réclament, l'un un vélo et l'autre un cadeau équivalent que le père de famille ne peut leur offrir et quand bien même il aurait pu être tenté de satisfaire au moins un des désirs des enfants, sa femme n'avait pas manqué de lui rappeler que ça leur était impossible. On l'aura compris, Sam Wilson c'est pas un Killer…et pas le genre à prendre des risques inconsidérés, et pourtant, cet homme gris, alors même qu'il avait refusé un étrange marché qui pouvait rapporter gros mais aussi au minimum lui compliquer la vie -ou bien qui peut sentir l'entourloupe pour qui a bien fréquenté le genre- va se retrouver en pleine panade dans une affaire compromettante qui ne va évidemment pas aller en s'arrangeant alors qu'il n'en était pas l'initiateur mais pour y avoir seulement consenti sans pouvoir rebrousser chemin. Tout ceci d'ailleurs par loyauté et par faiblesse plus que par intérêt puisqu'on comprend très vite, en raison de sa personnalité sans ambiguité (on peut d'ailleurs le regretter mais l'intérêt de ce film est ailleurs), qu'il n'a pas agit par appât du gain mais pour préserver les intérêts de la famille Jarvis.
ImageImage
En dehors de cet aspect "moral", le film est baigné par une certaine ironie. Cela commence le soir même ou peut-être pour la 1ère fois de sa vie, Sam s'est écarté du droit chemin. Rentré à la maison, il y retrouve sa femme transformée par ce qu'elle vient d'apprendre de la situation de certaines de ses amies. Celle qui le matin même avait manifesté de la frustration en raison de leurs difficultés financières, se met soudain à relativiser leurs problèmes après avoir appris que la situation financière de certains de leurs amis est pire que la leur. Le soir ou pour la 1ère fois depuis des lustres, les poches de Sam sont pleines :evil: :shock: :twisted:. Georgia, le malheur des autres, ça la requinque et elle loue leur union, leur bonheur familial…sous le regard dépité de son mari. Puis, dès le lendemain matin, après qu'elle ai appris par le journal la mort de Jarvis, c'est aussi Georgia qui va angoisser son époux en l'incitant à se présenter à Mme Jarvis pour l'épauler dans ces durs moments. "Mais c'est que je ne suis que le comptable, chérie :o ". Puis, dans la voiture les conduisant vers la villa des Jarvis, il va encore piquer une suée quand Georgia va égrener comme une spécialiste, toutes les questions embarrassantes que ne manquera pas de poser la police à l'entourage de la victime : "y compris son entourage professionnel". Puis, quand elle entend le nom de l'enquêteur, le Lt. Webb, elle exprime sa pleine confiance dans ce grand flic, le meilleur de la ville qui en dehors de son efficacité et même de sa réputation d'infaillibilité est aussi une personnalité très connu pour avoir aussi été un héros de guerre. L'ancien espion de l'OSS se déplace avec une canne, séquelles d'une blessure reçue, et c'est en raison de ce passé glorieux un type idolâtré, y compris par le propre fils de Sam Wilson (ce qui va donner encore quelques scènes amusantes impliquant les enfants de Sam)
ImageImage
L'ironie est encore plus grande quand après son "forfait", l'homme invisible va enfin obtenir reconnaissance et considération de la part de tout le monde. C'est d'abord la veuve qui, n'ayant aucune confiance dans Timothy Hearne l'associé de son défunt mari qui devrait reprendre l'affaire, va vouloir obtenir ses bons conseils. Puis il va presque faire figure de père de de substitution pour Sydney, le fils de son patron, qui a gardé pour lui une information qui le tourmente et qu'il n'a pas voulu livrer à la police de peur de compromettre un homme qu'il croit innocent…Sam Wilson n'en profite d'ailleurs même pas pour inciter le garçon à faire porter les soupçons sur un autre suspect. Trop bon le Sam…Puis c'est au tour de Hearne, le nouveau patron, qui après avoir vanté sa fidélité et son honnêteté, va lui offrir une promotion inattendue. On peut d'ailleurs se demander s'il apprécie ses qualités surtout chez les autres car lui-même semble douteux…Et enfin, évidemment Sam va aussi devenir plus prestigieux aux yeux de ses enfants. Y'a que Georgia qui va paradoxalement se crisper mais faut dire qu'elle sent bien que son époux n'a pas la conscience tranquille. Reste un dernier personnage à présenter, la secrétaire particulière, et on aura tous les personnages de ce qui devient progressivement un classique "Qui l'a fait ?" …mais ironique jusqu'au bout notamment pour les dialogues malicieux entre le très sérieux et suspicieux Lt. Webb et son adjoint le Sgt. Cord qui lui ne veut pas croire qu'un type aussi insignifiant et inoffensif que Sam Wilson ai pu tremper dans une embrouille pareille ! Dénouement parfait (avec fusée à plusieurs étages). Ce petit policier d'un grosse heure qui se regarde sans ennui a été diffusé à la TV chez nous mais par hier. Son metteur en scène Will Price était comme son héros, pas le genre sur-actif et dévoré d'ambition. Surtout célèbre pour avoir été marié pendant 12 ans à Maureen O'Hara (qu'il fit tourner dans Tripoli, un film d'aventures sympathique avec John Payne que j'ai évoqué dans un autre topic), il aura produit un film, en aura écrit ou co-écrit trois et réalisé autant. Son 3ème film comme metteur en scène est Rock, Rock, Rock ! avec des groupes de...et Tuesday Weld (pas vu).
Chip
Electro
Messages : 948
Inscription : 22 oct. 08, 10:26

Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

Message par Chip »

Les perles inédites sont surabondantes dans le genre noir, et nos éditeurs français de dvd, bien frileux, et trop accés sur les ventes. Lire toutes ces critiques passionnantes, donne envie de voir ces films et en même temps nous frustre, mais c'est bien de les sortir de l'ombre.
Répondre