Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Chip
Electro
Messages : 948
Inscription : 22 oct. 08, 10:26

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Chip »

Vu à sa sortie et revu plusieurs fois fois sur le petit écran. Un western mollasson joué par l' élégant Stewart Granger, juché sur une monture aussi blanche que ses tempes, la chevelure rousse de Rhonda Fleming éclaire un peu un scénario conventionnel, tiré d'une nouvelle écrite par Philip Yordan . Me reste en mémoire la voix de miel de Burl Ives chantant la chanson générique "man of the west" . Un an avant, Granger avait fait beaucoup plus intéressant avec " la dernière chasse ".
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Chip a écrit : Un an avant, Granger avait fait beaucoup plus intéressant avec " la dernière chasse ".
Il est clair que les deux films ne boxent pas dans la même catégorie ; cependant le western de Rowland m'a semblé très plaisant malgré son aspect très conventionnel.
Chip
Electro
Messages : 948
Inscription : 22 oct. 08, 10:26

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Chip »

Pas vraiment déplaisant, c'est sûr, mais il doit bien y avoir une centaine de westerns que je qualifierais de supérieurs.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Chip a écrit :Pas vraiment déplaisant, c'est sûr, mais il doit bien y avoir une centaine de westerns que je qualifierais de supérieurs.
Ben oui moi aussi ; même plus d'une centaine. Ai-je eu l'air d'avoir dit le contraire ?
homerwell
Assistant opérateur
Messages : 2502
Inscription : 12 mars 06, 09:57

Re: Man with the Gun

Message par homerwell »

Jeremy Fox a écrit : L’Homme au Fusil (Man with the Gun - 1955) de Richard Wilson


Je n’ai pas pu voir le Sidonis avec VF et VSTF mais le zone 1 (sans stf mais avec une VF) est présenté au sein d’une copie très propre.

Image
Vu hier soir ce bon film avec Mitchum, il manque un tout petit peu de panache au scénario pour en faire un grand western mais j'ai passé un bon moment.
Et si l'image du dvd est en effet très propre, un beau 4/3 en noir et blanc bien contrasté, il n'en va pas de même de la bande son qui m'est apparue ultra fatigante en vo avec un souffle/chuintement présent du début à la fin.
A découvrir avant de lire la chronique de Jérémy qui n'a pas résisté à l'envie de nous mettre une capture du méchant alors que le réalisateur a pris soin de nous le cacher jusqu'à la fin, ménageant ainsi un petit effet tout à fait réussi.
:wink:
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Man with the Gun

Message par Jeremy Fox »

homerwell a écrit :A découvrir avant de lire la chronique de Jérémy qui n'a pas résisté à l'envie de nous mettre une capture du méchant alors que le réalisateur a pris soin de nous le cacher jusqu'à la fin, ménageant ainsi un petit effet tout à fait réussi.
:wink:

:oops:
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Night Passage

Message par Jeremy Fox »

Image

Le Survivant des monts lointains (Night Passage - 1957) de James Neilson
UNIVERSAL


Avec James Stewart, Audie Murphy, Dan Duryea, Dianne Foster, Elaine Stewart, Brandon de Wilde, Paul Fix, Jack Elam
Scénario : Borden Chase d'après un roman de Norman A. Fox
Musique : Dimitri Tiomkin
Photographie : William H. Daniels (Technicolor 2.35)
Un film produit par Aaron Rosenberg pour la Universal


Sortie USA : 24 juillet 1957


Night Passage est un des rares westerns de série A de la Universal, studio surtout réputé à l’époque pour ses séries B, parmi les meilleures du genre tout du moins durant la première moitié de la décennie ; le film avait très bien marché en salles à l’époque et notamment en France. Aujourd’hui, il est plus ou moins retombé dans l’oubli. S’il ne s’agit certes pas d’un grand film, de là à le trouver mauvais, il y a une sacré marge que je ne franchirais pas. Mais les raisons de cet ostracisme sont finalement assez simples : ce western aurait du être la sixième collaboration westernienne entre Anthony Mann et James Stewart, sauf que le cinéaste a quitté le plateau en début de tournage pour cause de scénario trop incohérent à son goût. Du coup, en total désaccord avec James Stewart, il s’est définitivement brouillé avec son acteur de prédilection et c’est un réalisateur de télévision habitué aux tournages rapides et au respect des budgets alloués qui a pris sa succession, signant ainsi son premier long métrage de cinéma avant de tourner ensuite principalement pour les productions Disney. Ceux qui au vu des noms prestigieux au générique (à savoir Borden Chase au scénario, Aaron Rosenberg à la production, William H. Daniels à la photo et Dimitri Tiomkin à la musique) s’attendaient à voir un film du niveau de ceux de la prestigieuse collaboration Mann/Stewart auront été automatiquement déçus car James Neilson a beau avoir accompli ici un honnête travail, il ne possède évidemment pas le génie de son prédécesseur sur le tournage. Il est donc certain que si on aborde ce western en ayant en tête ceux de Mann, Le Survivant des monts lointains n’a aucune chance de gagner en comparaison à quelque niveau que ce soit. Mais franchement, existe-t-il beaucoup de westerns, aussi prestigieux soient-ils, qui arrivent à rivaliser avec ceux de cette inégalable série ? Ceci étant dit, essayons de juger ce western sans penser aux sublimes Winchester 73, Les Affameurs, L’Appât, Je suis un aventurier ou L’Homme de la plaine. Vous verrez, ça passera probablement beaucoup mieux !

Image
Grant McLaine (James Stewart) travaillait autrefois pour une grande compagnie ferroviaire ; sa mission était en quelque sorte celle d’un protecteur chargé d’empêcher les gêneurs de venir semer le trouble sur le chantier et ainsi ralentir l’avancée de la pose des rails. Il s’était fait licencier voilà cinq ans pour avoir aidé à s’échapper le brigand Utica Kid (Audie Murphy) plutôt que de l’appréhender comme on le lui avait demandé ; du coup il avait été soupçonné de complicité avec les voleurs de train. Depuis, Grant gagne de l’argent en jouant de l’accordéon de place en place. Son passé le rattrape lorsque son ex-patron, Ben Kimball (Jay C. Flippen), le sachant dans la région du Colorado, le fait demander à Junction City d'où il dirige la construction du nouveau tronçon du chemin de fer. En effet, la paie des ouvriers vient de se faire dérober trois fois de suite par les hommes de la bande de Whitey Harbin (Dan Duryea) et les travailleurs, excédés, menacent de quitter leur emploi s’ils ne sont pas rétribués rapidement. Ben décide donc d’accorder de nouveau sa confiance à Grant qu’il estime être le seul à pouvoir mettre fin aux exactions des bandits, et donc de réutiliser ses services. Il lui demande de prendre incognito le train transportant la nouvelle paie ; c’est en fait lui qui aura les 10.000 dollars réservés aux ouvriers du chemin de fer cachés sur sa personne. Le plan est assez astucieux puisque qui pourrait soupçonner qu’un homme autrefois congédié par la compagnie puisse se voir offrir une telle mission de confiance ? Grant refuse tout d’abord avant d’apprendre par la fiancée d’Utica Kid (Dianne Foster) que ce dernier fait désormais partie de la bande de Whitey et qu’il en est la plus fine gâchette. Il part donc à ‘la fin de la ligne’ accompagné de Joey Adams (Brandon De Wilde), un jeune garçon qu’il vient de sauver des griffes de l’impitoyable Concho (Robert J. Wilke), l’un des hommes de Whitey. Ce que Grant n’a dit à personne c’est le secret qui le lie à Utica Kid ; ses motivations à le retrouver ne seront révélées qu'au 2/3 du film…

Image
Un homme au passé trouble à qui on offre néanmoins une mission de confiance ; ses relations mystérieuses avec un bandit et le fait qu’il semble avoir eu autrefois une aventure avec celle qui est devenue entre temps la femme de son patron. On reconnait bien là la patte torturée de Borden Chase et on se dit d'emblée que le personnage de Grant devrait aller comme un gant à James Stewart qui, dans les cinq westerns d’Anthony Mann, se révélait déjà parfait dans la peau de protagonistes jamais tout blancs, psychologiquement fragiles et parfois au bord de l’implosion, capables de brutaux accès de violence. Grant McLaine est bien dans la continuation de cette lignée de personnages ‘manniens’. Mais la raison principale qu’a eu le grand comédien de vouloir l’interpréter est que Grant était un joueur d’accordéon ; lui-même étant accordéoniste à ses heures, c’était une aubaine que de pouvoir ainsi dévoiler aux spectateurs cette corde à son arc inconnue du grand public. Ce sera néanmoins un professionnel de l’instrument qui le doublera lors de la postsynchronisation. En revanche, c’est bien l’acteur que nous entendons chanter les très belles mélodies écrites par Ned Washington et Dimitri Tiomkin, 'Follow the River' et 'You Can't Get Far Without a Railroad', ce dernier compositeur, de plus en plus inspiré au fil des années, nous délivrant à cette occasion une superbe partition peu avare de souffle et de lyrisme. L’histoire est tirée d’un roman de Norman A. Fox, déjà auteur de quelques unes ayant données lieu à de très divertissantes séries B réalisées avec une certaine efficacité par Nathan Juran (Le Tueur du Montana – Gunsmoke), Lesley Selander (La Furieuse chevauchée – Tall Man Riding) ou encore Rudolph Maté (Les Années sauvages – The Rawhide Years). Le film de James Neilson navigue d’ailleurs dans les mêmes eaux qualitatives mais sans l’humour et le pittoresque du film de Maté par exemple. Un western beaucoup plus sérieux à l’image de ses trois protagonistes principaux interprétés par James Stewart, Audie Murphy et Dan Duryea.

Image
Le Grant McLaine de James Stewart est un homme qui, licencié de son travail de ‘protecteur’ des travailleurs du rail pour avoir été soupçonné de complicité avec des voleurs de train, vit désormais de son instrument de musique : il se déplace ainsi de camp en camp pour faire danser au son de son accordéon les ouvriers, afin de leur faire oublier leurs difficiles conditions de travail devenues d’autant plus laborieuses depuis qu’ils ne touchent plus leur salaires, ceux-ci étant systématiquement dévalisés par un gang qui ne cesse de les harceler. S’il semble de prime abord tout à fait charmant et sans histoires, on comprend par la suite que Grant connait très bien le bandit Utica Kid puisqu’il en parle comme d’une connaissance intime avec la fiancée de ce dernier ; mais on ne sait pas encore pourquoi il l’a autrefois aidé à fuir au lieu de l’arrêter et ce n’est pas moi qui vous dévoilerais le fin mot de l’histoire ; on comprend ensuite qu’il a eu des relations avec celle qui est devenue la femme de son patron, et que s’il s’occupe avec autant de sérieux du jeune garçon à qui il vient de sauver la vie, c’est peut-être avant tout pour retrouver Utica Kid puisqu’il a appris que Joey s’était enfui alors qu’il était prisonnier de la bande dont il sait qu’Utica fait partie. Bref, des motivations à ses actes qui tendent toutes vers les retrouvailles avec ce brigand tout de noir vêtu à la réputation de tireur d’élite : la première apparition de ce dernier en contre plongée est d’ailleurs magnifique, pleine de panache et de classe. Utica Kid, c’est Audie Murphy qui l’interprète, excellent dans le rôle du personnage probablement le plus ambigu du film : avec son visage poupin et son sourire enjôleur, il se révèle finalement assez suicidaire, lui qui n’arrête pas de titiller son inquiétant patron sans avoir l’air de le craindre le moins du monde. On sait également qu’il s’est amouraché d’une fille douce et aimante qui en est follement éprise en retour. On ne cesse ainsi de se demander de quel côté de la barrière il se situe, et lorsque nous apprendrons les liens qui l'attachent à Grant, leurs relations deviendront quasiment la thématique principale du film ; les séquences qui réuniront les deux comédiens, tous deux emportant l’adhésion du spectateur, seront toutes bien écrites et plutôt émouvantes même si on aurait souhaité qu’elles le soient bien plus.

Image
Le troisième larron est donc le chef de la bande interprété par un Dan Duryea qui avait déjà croisé James Stewart dans Winchester 73 puis Audie Murphy dans Ride Clear at Diablo (Chevauchée avec le diable) de Jesse Hibbs. S’il fut l’un des comédiens qui nous offrit les bad guys les plus réjouissants car parmi les plus sadiques (il était également inoubliable dans Silver Lode (4 étranges cavaliers) d’Allan Dwan), il cabotine peut-être un peu de trop dans le film de James Neilson, le cinéaste n’ayant peut-être pas eu le caractère suffisamment trempé pour le tempérer dans son jeu quelquefois outré. Quant à tous les seconds rôles, ils s’en sortent plutôt bien même si l’on aurait préféré que celui dévolu à l’excellent Jay C. Flippen soit de plus grande importance. Le Joey de Shane (L'Homme des vallées perdues) a bien grandi, Dianne Foster est charmante et l’on peut croiser Jack Elam et Olive Carey au détour d’une séquence. Seule Elaine Stewart semble un peu perdue au milieu de tous ces comédiens chevronnés, ces vétérans habitués du genre. Malgré un casting intéressant, la psychologie des personnages est malheureusement tracée à gros traits ou mal exploitée, et les zones d’ombre demeurent quand même trop restreintes, ce qui fait aussi que ce film de prestige financièrement parlant, n’est pas entièrement satisfaisant et même assez décevant surtout avec Borden Chase à l’écriture. Quoiqu’il en soit et malgré le fait que le cinéaste n'arrive pas lui non plus à insuffler assez de souffle et d'ampleur à cette histoire, l'intrigue fonctionne plutôt bien même si sans réelles surprises ou alors ces dernières délivrées sans efficacité ni suffisante puissance dramatique.

Image
Reste que l’ensemble se suit avec plaisir grâce au métier et au talent des comédiens, au score enlevé de Dimitri Tiomkin, à la vigueur des séquences d’action (notamment l’attaque du train et surtout les dix dernières minutes de fusillade dans la mine à ciel ouvert avec ces wagonnets sur crémaillère), à quelques autres trouvailles assez originales comme ce tunnel de mine qui traverse la montagne, et à la belle mise en valeur des superbes paysages du Colorado au sein desquels le film se déroule. De plus le cinéaste filme à merveille l’avancée du train sillonnant les canyons ; sur le thème principal de ‘Follow the River’, ces images devraient agréablement et durablement vous marquer l’esprit d’autant que sur un écran de télévision, le Technirama a un rendu assez grandiose. Il s’agissait d’ailleurs du premier film exploité dans ce format créé par Technicolor comme alternative au Cinémascope, mais très rapidement abandonné, moins de 10 ans après son apparition. Bref pour résumer : assez prévisible, manquant de vigueur, d’intensité et d’inventivité, pas assez chargé en émotion et parfois trop bavard, mais au final néanmoins assez attachant car bien joué, superbement photographié et mis en musique, et tout à fait correctement réalisé. Le film sera paradoxalement moins captivant lors des séquences à priori les plus tendues, celles se déroulant de nuit dans le repaire des bandits, mais il repartira de plus belle une fois sorti de ces lieux. Pourra alors fortement divertir l’amateur en manque de grands espaces. Loin d’être génial mais néanmoins fort divertissant !
pak
Electro
Messages : 990
Inscription : 23 mars 08, 00:25
Localisation : Dans une salle, ou sur mon canapé, à mater un film.
Contact :

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par pak »

Pour ma part j'ai trouvé le scénario de ce film relativement idiot.

Mais j'ai bien aimé la relation entre James Stewart et Audie Murphy, même si chez Mann, elle aurait été autrement plus, sais pas trop comment dire, tragiquement belle...
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

http://www.notrecinema.com/
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Valerie

Message par Jeremy Fox »

Image

Valerie (1957) de Gerd Oswald
UNITED ARTISTS


Avec Sterling Hayden, Anita Ekberg, Anthony Steel, Peter Walker
Scénario : Laurence Heath & Emmett Murphy
Musique : Albert Glasser
Photographie : Ernest Laszlo (Noir et blanc 1.85)
Un film produit par Hal R. Makelim pour la United Artists


Sortie USA : 01 août 1957


A Limerock, une dizaine d’années après la Guerre de Sécession. Ce jour-là, on juge John Garth (Sterling Hayden), grand propriétaire terrien et ex-héros de la Guerre Civile, pour l’assassinat de ses beaux-parents et la tentative de meurtre sur son épouse d’origine hongroise, Valérie (Anita Ekberg). Trois témoins vont se succéder à la barre et donner leurs versions des faits ; des points de vue qui vont s’avérer totalement différents les uns des autres. Tout d’abord viendra s'exprimer le jeune révérend Steven Blake (Anthony Steel), puis le présumé coupable et enfin la victime ayant faillie succomber aux coups et blessures reçus lors de la tragédie. Alors que John décrit sa femme comme une nymphomane étant tombée dans les bras non seulement de son frère (Peter Walker) mais également dans ceux du religieux, de son lit d’hôpital où la cour s’est déplacée, celle-ci dépeint à son tour son mari comme un sadique et un jaloux, ayant voulu faire de sa vie un enfer. Qui a raison, qui a tort ? Nous ne l’apprendrons que lors des dernières minutes du procès… et du film.

Image
Image
Comme Fritz Lang, Billy Wilder ou Otto Preminger, Gerd Oswald est né en Europe et a émigré à Hollywood juste avant la Seconde Guerre Mondiale ; il avait alors à peine vingt ans. Fils du réalisateur Richard Oswald, il fut d’abord son assistant dans son pays d’origine en Allemagne, mais ne commença sa carrière derrière la caméra qu’aux Etats-Unis en 1956 avec A Kiss before Dying, film noir avec Jeffrey Hunter et Robert Wagner en têtes d'affiche. Il travailla ensuite également beaucoup pour la télévision avec à son actif des épisodes de Perry Mason, Bonanza, Star Trek ou encore The Twilight Zone. C’est également lui qui réalisa la séquence de l’atterrissage des parachutes à Sainte-Mère l’Eglise dans Le Jour le plus long (The Longest Day). Réalisateur assez peu connu ni franchement réputé, au vu du western qui nous concerne ici, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Pourtant ce Valerie, avant qu’il ne soit visible dans nos contrées, fut un objet de culte pour de nombreux cinéphiles salivant devant son titre et son pitch. Effectivement, il s’agit peut-être d'un des seuls exemple de western (avec My darling Clementine) ayant pour titre un prénom féminin, qui plus est pas franchement anglo-saxon. Ensuite, tout le monde savait plus ou moins que Gerd Oswald et ses scénaristes avaient construit leur film à la manière du Rashomon de Akira Kurosawa, à savoir montrant aux spectateurs trois fois la même ‘histoire’ racontée de trois points de vues différents. Seulement, là ou le film brillant de Kurosawa en profitait pour questionner sur la part de subjectivité dans toute vérité, ici aucune ambigüités : les trois versions sont totalement différentes et l’on sait d’emblée qu’un des trois personnages ment comme un arracheur de dents. Quoiqu’il en soit, le titre et le pitch étaient indubitablement attrayants. Sachant de plus que l'on trouve au sein de l'intrigue, en vrac, une femme trompant son époux non seulement avec le frère de ce dernier mais aussi avec un pasteur, un homme ayant dans l'idée de battre sa femme pour tuer l'enfant qu'elle porte, la torturant avec des mégots de cigarettes... on se rend bien compte que nous ne sommes pas dans le domaine du western familial. Je doute cependant qu’une fois visionné ce mélange de western, de film noir, de film de prétoire et de mélodrame garde son statut de film culte.

Image
Image
Car il faut se rendre à l’évidence : connaitre au bout de 80 minutes laquelle des trois versions aura été la bonne ne nous aura pas franchement tenu en haleine tellement le film se sera avéré mauvais, puisque nous n’aurons ressenti d’empathie pour aucun des personnages, tant nous aurons eu hâte que notre calvaire prenne fin. Faute à un metteur en scène semblant s'intéresser presque exclusivement aux angles de ses prise de vue (parfois totalement incongrus et aucunement justifiés) au détriment de nous rendre captivante son intrigue ou de penser à diriger ses comédiens ; faute également à un scénario d’une confondante bêtise, guère meilleur qu’un vulgaire Soap Opera, et se terminant sur un final consternant. Car il ne suffit pas de mettre en avant des éléments plus sombres les uns que les autres (le meurtre, le viol, le masochisme, la violence conjugale voire même la torture !) pour espérer rendre un film un peu plus culotté ou moderne que la moyenne. Malgré tous ces éléments qui se veulent originaux et singuliers au sein du genre, le film n’en possède pour autant aucune puissance. Car une fois encore, tout est question de vision et de talent : Gerd Oswald et ses deux scénaristes paraissent en l'occurrence en être totalement dépourvus. Leur film exploite très mal la construction qui aurait pu être intéressante, leur utilisation de l’ellipse se révèle totalement foireuse, les acteurs s’avèrent tous aussi ternes (Anthony Steel qui deviendra l’époux d’Anita Ekberg après le tournage), mauvais (Anita Ekberg) ou peu impliqués (Sterling Hayden) les uns que les autres, la psychologie des personnages est plus que sommaire et l’on prend son mal en patience tout du long en espérant un sursaut de dernière minute qui ne viendra jamais. Ajoutez à tout cela une très mauvaise musique et il ne nous reste plus qu’une belle photographie en noir et blanc signée Ernest Laszlo pour nous tenir éveillés.

Image
Image
Pas envie de m’appesantir plus longuement sur un film qui n’en vaut à mon humble avis pas la peine. Je n’en essaierais pas moins à l’occasion les deux précédents westerns de Gerd Oswald que sont The Brass Legend avec Hugh O’Brian, Nancy Gates et Raymond Burr, ainsi que Fury at Showdown avec John Derek, en espérant du mieux. Valerie est certes un western atypique et inhabituel mais pas du tout bon pour autant ; exécrable année westernienne pour Sterling Hayden déjà à l'affiche quelques semaines plus tôt du nullissime The Iron Sherif. Pour ceux qui ne sont pas spécialement amateurs du genre, sachez quand même que Valerie n’a surtout de westernien que son décor puisque cette intrigue aurait pu se dérouler n’importe où, n’importe quand. Si ça n'en reste pas moins pesamment théâtral, il y a peut-être quelques chances pour ça puisse vous plaire.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Delmer Daves fait son entrée dans le top 10

* 1- La Charge Héroïque (John Ford)
* 2- Le Passage du Canyon (Jacques Tourneur)
* 3- Les Affameurs (Anthony Mann)

* 4- Johnny Guitar (Nicholas Ray)
* 5- Je suis un aventurier (Anthony Mann)
* 6- La Porte du Diable (Anthony Mann)
* 7- Le Massacre de Fort Apache (John Ford)
* 8- Au-Delà du Missouri (William Wellman)
* 9- 3.10 pour Yuma (Delmer Daves)
* 10- Sept hommes à abattre (Budd Boetticher)
homerwell
Assistant opérateur
Messages : 2502
Inscription : 12 mars 06, 09:57

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par homerwell »

Jeremy Fox a écrit :Delmer Daves fait son entrée dans le top 10
Qui est sorti ? :)
Avatar de l’utilisateur
Jack Carter
Certains l'aiment (So)chaud
Messages : 30177
Inscription : 31 déc. 04, 14:17

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jack Carter »

celui qui etait 10eme avant

:arrow:
Image
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Jack Carter a écrit :celui qui etait 10eme avant

:arrow:
Belle déduction :mrgreen:

Ben en fait, Daves avait déjà été dans le top 10 et il a été viré par lui-même
homerwell
Assistant opérateur
Messages : 2502
Inscription : 12 mars 06, 09:57

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par homerwell »

Jeremy Fox a écrit :
Jack Carter a écrit :celui qui etait 10eme avant

:arrow:
Belle déduction :mrgreen:

Ben en fait, Daves avait déjà été dans le top 10 et il a été viré par lui-même
J'aurais aussi pu sortir La dernière caravane qui m'a moins enthousiasmé la dernière fois que je l'ai vu. Mais je ne suis pas non plus fana de Le Passage du Canyon, La Porte du Diable et Le Massacre de Fort Apache. Surtout par rapport à Convoi de femmes !!!

Bon alors qui est passé 51éme ? :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

homerwell a écrit : Bon alors qui est passé 51éme ? :mrgreen:

J'ai encore un peu de mémoire donc vu que je l'ai modifié ce matin, je peux encore te dire qu'il s'agissait de The Doolins of Oklahoma de Gordon Douglas.


Mais enfin, tout ça pourrait-être bouleversé à chaque revision ; c'est surtout pour faire ressortir les indispensables me concernant et parce que ça m'amuse. :wink:
Répondre