Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Lord Henry
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Lord Henry »

J'ai cru que tu allais dire pour avoir été le premier commandant de l'Enterprise.
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Pat Wheeler
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Pat Wheeler »

Jeremy Fox a écrit :
Pat Wheeler a écrit : Et plus accessoirement, je trouve la scène de l'Indienne virée du sac de couchage de Jeffrey Hunter à coup de pied au c*" d'assez mauvais goût. .
Je trouve qu'elle participe au contraire de la description sans concessions de ces pionniers tels qu'ils devaient être et de la volonté de mettre mal à l'aise le spectateur ; même le personnage qui se sent le plus proche des indiens (et pour cause, il possède 1/8 de leur sang), celui qui en principe devrait attirer la sympathie du spectateur, peut avoir des gestes racistes et brutaux, quasiment insupportables. Car l'indienne n'est pas là uniquement pour les touches d'humour fordien ; le plan sur son cadavre juste après sera vraiment digne et émouvant.
Justement, ce qui me gêne dans cette scène c'est que Ford la filme sur un mode comique. Ca serait mieux passé dans une comédie de Mel Brooks ou une parodie comme Ne Tirez pas sur le Shérif mais là je trouve la chose assez maladroitement amenée, surtout qu'au final on cherche à montrer en Martin Pawley un personnage positif.

Et pis Jeffrey Hunter il est de très bon goût, ici comme dans Saipan de Phil Karlson ou le très réussi Brainstorm de William Conrad. 8)
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Lord Henry a écrit :J'ai cru que tu allais dire pour avoir été le premier commandant de l'Enterprise.
aussi oui :)
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Pat Wheeler a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Je trouve qu'elle participe au contraire de la description sans concessions de ces pionniers tels qu'ils devaient être et de la volonté de mettre mal à l'aise le spectateur ; même le personnage qui se sent le plus proche des indiens (et pour cause, il possède 1/8 de leur sang), celui qui en principe devrait attirer la sympathie du spectateur, peut avoir des gestes racistes et brutaux, quasiment insupportables. Car l'indienne n'est pas là uniquement pour les touches d'humour fordien ; le plan sur son cadavre juste après sera vraiment digne et émouvant.
Justement, ce qui me gêne dans cette scène c'est que Ford la filme sur un mode comique.
Le malaise ressenti me concernant n'en a été que plus fort. On trouve Jeffrey Hunter d'autant plus odieux et humiliant à ce moment là.
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AtCloseRange
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par AtCloseRange »

Jeremy Fox a écrit :
Lord Henry a écrit :J'ai cru que tu allais dire pour avoir été le premier commandant de l'Enterprise.
aussi oui :)
Bah voilà, tout s'explique sur ta mansuétude... :wink:
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

AtCloseRange a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
aussi oui :)
Bah voilà, tout s'explique sur ta mansuétude... :wink:
Not Guilty ; avant l'intervention de Lord, je n'y pensais même plus. Non sincèrement, sans loin de là trouver qu'il s'agit d'un grand acteur, il ne me déplait pas. Il n'était pas mauvais non plus en Jesse James et plutôt très convaincant dans White Feather
Doc Boone
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Doc Boone »

Bonsoir à vous ...
En ce qui concerne la scène où Martin fait rouler la pauvre 'Look' (Beulah Archuletta) jusqu'au bas de la colline, il est vrai que c'est, avec celle des femmes folles, au Fort, une de celles avec lesquelles j'ai eu le plus de mal ...Si l'impression de malaise subsiste pour moi en voyant celle des 'jeunes filles folles' (et peut-être certains d'entre vous pourront-ils m'apporter un éclairage, des pistes de réflexion ...), voici mon humble pierre pour tenter d'expliquer celle que vous mentionnez :
- John Ford semblait affectionner un certain humour de corps de garde misogyne (jusque dans des tragédies comme "Cheyenne Autumn", où à la fin de la débandade des citoyens de Dodge partis chasser de l'Indien, Miss Plantagenet se retrouve 'cul par dessus tête ' dans le buggy du Dr Holliday, et où Wyatt Earp-James Stewart déclare enfin, sous ce nouvel angle, avoir effectivement connu cette 'demoiselle' à Wichita ... pas de très bon goût non plus ...)
- Peut-être est-ce pour établir un geste supplémentaire de la part de Martin, montrant ainsi qu'il rejette cette partie indienne (1/8ième de sang cherokee) qui écoeure tant Ethan ... renier cette part de lui-même, se couper de ses racines, vouloir se montrer plus blanc que blanc, être intégré ... En effet, lorsque nous découvrons Martin pour la première fois, il monte à cru, à l'indienne, est vêtu d'une chemise unie, sortie du pantalon, d'une ceinture passée sur la chemise et de mocassins ; il est souriant et semble épanoui. Dès le lendemain, après la remarque d'Ethan, il portera un chapeau, une chemise -souvent à carreaux-, et des bottes avec éperons ... Cette scène pourrait donc s'inscrire dans cette volonté de rejet de "miscegenation" -non pas de Ford, mais des Blancs de cette époque-.
- Peut-être s'agit-il aussi, de la part de ce vieux roublard de Ford, d'une volonté de "piéger" certains spectateurs, qui, à cette scène ont eu un rire gras, et qui, peu après découvriront 'Look' morte dans le camp indien dévasté. Son personnage ridiculisé devient tragique ...
??
En espérant avoir été à peu près clair, vu l'heure ...

Euh ... est-il nécessaire de le préciser, "The Searchers / La Prisonnière du Désert" fait partie de mes films préférés ... et je me demande même ...
Bonjour à vous ...
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Doc Boone a écrit :- Peut-être s'agit-il aussi, de la part de ce vieux roublard de Ford, d'une volonté de "piéger" certains spectateurs, qui, à cette scène ont eu un rire gras, et qui, peu après découvriront 'Look' morte dans le camp indien dévasté. Son personnage ridiculisé devient tragique ...

Oui, c'est en gros ce que je disais ; non seulement les spectateurs se sentent alors mal à à l'aise mais aussi nos deux 'rechercheurs' puisque ce plan est loin d'être drôle
Pat Wheeler
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Pat Wheeler »

Jeremy Fox a écrit :
Doc Boone a écrit :- Peut-être s'agit-il aussi, de la part de ce vieux roublard de Ford, d'une volonté de "piéger" certains spectateurs, qui, à cette scène ont eu un rire gras, et qui, peu après découvriront 'Look' morte dans le camp indien dévasté. Son personnage ridiculisé devient tragique ...

Oui, c'est en gros ce que je disais ; non seulement les spectateurs se sentent alors mal à à l'aise mais aussi nos deux 'rechercheurs' puisque ce plan est loin d'être drôle
Pour l'avoir vu la dernière fois il y a environ 2 ans et demi à la Cinémathèque suisse, je peux t'affirmer qu'il y a eu quelques francs éclats de rire dans la salle au moment de cette scène. Personnellement, je n'ai jamais trouvé ce passage drôle non plus mais la façon dont Ford filme tout ça (le roulé-boulé rapide de l'Indienne, les éclats de rire de Wayne, la musique rigolotte en bruit de fond si je me souviens bien) c'est limite du Tex Avery quoi. C'est pour ça que je trouve que cette scène fait tache dans un film qui est essentiellement traité sur un ton grave, solennel (les autres passages humoristiques dans la veine de cet humour bon enfant si cher à Ford passent très bien, cela dit).
Après, c'est tout à fait pertinent d'y voir un de ces "pièges" que Ford aimait tant faire, à ses comédiens comme à son audience. La plupart du temps j'y suis très réceptif mais là, je trouve vraiment que la scène aurait dû être filmée autrement.
Pour en revenir à Cheyenne Autumn dont tu as parlé plus haut Doc Boone, ce film contient aussi un des passages qui fait le plus "tache" dans un métrage de Ford: toute la séquence avec Jimmy Stewart, pas forcément mauvaise en soi mais qui jure complètement avec l'ambiance sombre et crépusculaire du reste du film. En plus, cette séquence est très mal raccordée techniquement.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Pour l'avoir vu la dernière fois il y a environ 2 ans et demi à la Cinémathèque suisse, je peux t'affirmer qu'il y a eu quelques francs éclats de rire dans la salle au moment de cette scène.
Ah mais oui ; moi aussi j'ai ri (avec un peu de malaise : à mon avis c'était le but recherché, John Ford sachant qu'il allait nous présenter quelques minutes plus tard ce plan sur son cadavre avec l'idée de notre honte à ce moment là)

Bon allez, ma critique complète dans quelques heures ; je reviendrais d'ailleurs sur cette séquence :wink:
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Pat Wheeler »

Jeremy Fox a écrit :Ah mais oui ; moi aussi j'ai ri (avec un peu de malaise : à mon avis c'était le but recherché, John Ford sachant qu'il allait nous présenter quelques minutes plus tard ce plan sur son cadavre avec l'idée de notre honte à ce moment là)
Moi ça m'a jamais donné que des rictus... :| :mrgreen:
Jeremy Fox a écrit :Bon allez, ma critique complète dans quelques heures ; je reviendrais d'ailleurs sur cette séquence :wink:
Hâte de te lire. :wink:
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hellrick
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par hellrick »

Jeremy Fox a écrit :
Pour l'avoir vu la dernière fois il y a environ 2 ans et demi à la Cinémathèque suisse, je peux t'affirmer qu'il y a eu quelques francs éclats de rire dans la salle au moment de cette scène.
Ah mais oui ; moi aussi j'ai ri
Attention on commence comme ça et puis on finit par rigoler quand un chasseur de prime tue la soeur d'un méchant esclavagiste
:mrgreen: :fiou: :arrow:
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

hellrick a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Ah mais oui ; moi aussi j'ai ri
Attention on commence comme ça et puis on finit par rigoler quand un chasseur de prime tue la soeur d'un méchant esclavagiste
:mrgreen: :fiou: :arrow:

Ah mais trop tard ; c'est fait. J'ai rigolé nerveusement lors de cette séquence :oops: :mrgreen:
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Jeremy Fox
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The Searchers

Message par Jeremy Fox »

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La Prisonnière du desert (The Searchers - 1956) de John Ford
WARNER


Avec John Wayne, Jeffrey Hunter, Natalie Wood, Henry Brandon, Ward Bond, Vera Miles, John Qualen, Harry Carey Jr
Scénario : Frank S. Nugent d’après un roman de Alan Le May
Musique : Max Steiner
Photographie : Winton C. Hoch (Technicolor / Vistavision 1.75)
Un film produit par Merian C. Cooper pour la Warner


Sortie USA : 13 Mars 1956

Comanche de George Sherman sortait sur les écrans américains quasiment en même temps que La Prisonnière du désert. Les amoureux du premier film soutinrent qu’il pâtit du succès du western de John Ford, ce qui eut pour résultat qu’il fut non seulement passé sous silence mais qu’il demeure encore aujourd’hui totalement oublié. Le fait qu’il soit largement occulté par rapport à son illustre 'jumeau de sortie' peut néanmoins s’expliquer d’une manière bien plus simple, mais nous n’allons pas ici éreinter une nouvelle fois le film de George Sherman d’autant que le réalisateur, au vu de l’ensemble de sa carrière, était loin de mériter le mépris avec lequel il a longtemps été jugé notamment en France. Mais si j’ai commencé par parler de ces deux westerns sortis tous deux en mars 1956, c’est qu’ils ont un autre point commun bien plus intéressant que leur date d’exploitation quasi identique. Le western de George Sherman mettait en scène l’un des chefs les plus célèbres des Comanches, à savoir Quanah Parker. Et le romancier Alan LeMay, auteur du livre dont est tiré le film de Ford (bien plus âpre et rugueux que le film aux dires des lecteurs), s’est inspiré pour son histoire de l’enlèvement par les Comanches à l’âge de 9 ans de Cynthia Ann Parker qui ne sera autre, une fois élevée par la tribu, que la mère de ce glorieux Indien. Le hasard est assez cocasse pour mériter d’être évoqué puisque les similitudes concernant l’intrigue des deux films (qui s’étendent aussi à Henry Brandon qui, ici et là, tient le rôle de l’indien belliqueux) ont fait que, comme je le disais au départ, certains ont pensé que l’un des deux westerns avait injustement fait de l’ombre à l’autre. Quoiqu’il en soit, l’histoire de ces deux hommes à la recherche d’une jeune enfant kidnappée par les indiens, marque donc en 1956 le retour de John Ford à son genre de prédilection après cinq longues cinq années de silence dans ce domaine. Nous n’avions en effet plus eu de ses nouvelles depuis les superbes Rio Grande et Wagonmaster (Le Convoi des braves). The Searchers, qu’il souhaitait parfait, ne décevra pas ses fans et, même si son accueil critique fut plutôt tiède à sa sortie, il est depuis devenu probablement le western américain le plus mythique de l’histoire du cinéma.

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Texas, 1968. Dans son ranch retiré dans les paysages désertiques de Monument Valley, Aaron Edwards voit avec surprise arriver son frère Ethan (John Wayne), parti à la Guerre Civile huit ans plus tôt, et qui depuis n’avait plus jamais donné de ses nouvelles. C’est néanmoins Martha, l’épouse d’Aaron, qui s’avère le plus bouleversée par le retour de son beau-frère ; ils semblent en effet tous deux se vouer une tendresse plus que fraternelle. Mais les retrouvailles familiales ne se passent pas sans quelques petites tensions : Ethan parait se méfier du fils adoptif du couple Edwards, Martin Pawley (Jeffrey Hunter), pour la simple raison qu’il possède 1/8 de sang indien dans les veines ; quant à Aaron, il semble déjà pressé de voir repartir son frère. Quoiqu’il en soit, le lendemain, Clayton (Ward Bond), qui se trouve être à la fois révérend et chef des Texas Rangers, emmène Ethan et Martin à la recherche de voleurs de bétail. Retrouvant les bêtes transpercées de flèches Comanches, ils se demandent si les indiens ne les ont pas attirés en ce lieu éloigné pour pouvoir se livrer tranquillement au pillage des fermes. Et effectivement, lorsqu’ils reviennent au ranch, ils découvrent avec horreur les habitations brûlées, le couple Edwards massacré et leurs deux filles, Lucy et Debbie, volatilisées. Ethan n’a désormais plus qu’une idée en tête : faire payer aux ravisseurs et retrouver les jeunes filles avant qu’elles ne soient déshonorées par ‘ces sauvages’ puisque tout laisse à penser que le coupable n’est autre que le redoutable guerrier Comanche surnommé Scar (Henry Brandon). Tout un groupe se lance à la poursuite des ravisseurs mais au bout de quelques temps seuls Martin et Ethan poursuivent leur quête effrénée qui perdurera cinq années durant à travers tout l’Ouest des États-Unis. En effet, même s’ils ont retrouvé Lucy morte, ils gardent l’espoir concernant Debbie ; d’après maintes sources, elle semble toujours en vie et ‘prisonnière du désert’.

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Le film de John Ford a été déjà tellement analysé et critiqué ici et là, son tournage raconté en long en large et en travers (notamment dans la biographie écrite par Joseph McBride) qu’il n’y a surement plus grand-chose à dire à son propos qui ne l’ait déjà été. Reste que sa réputation est pleinement justifiée même s’il est permis de lui préférer d’autres westerns de John Ford à la tonalité moins sombre et au style moins rugueux comme sa trilogie tournant autour de la cavalerie ou bien son Convoi des braves (Wagonmaster). Essayons néanmoins de dire une une nouvelle fois tout ce qui en fait son prix, tout ce qui fait qu’il s’agit d’un western majeur d'une extraordinaire complexité et d’une assez grande modernité. Mais faisons d’emblée une mise au point puisqu’il semblerait encore aujourd’hui, aux dires de beaucoup et même par expérience, que The Searchers serait un film raciste ! Tout d’abord, même si ça semblera évident pour la plupart, il n’est pas inutile de répéter que le caractère du personnage principal d’un film n’est pas censé figurer celui de ses auteurs qui, en voulant représenter une certain époque ou certains faits historiques, sont bien obligés de prendre en compte les attitudes, les comportements et les idées qui avaient alors majoritairement cours. Un grand nombre de colons vouaient une haine tenace à l'encontre des indiens qui les empêchaient de s’installer et de vivre en paix ; John Ford et son scénariste Frank Nugent représentent cette réalité sans faire de concessions, arrivant même parfois à nous mettre mal à l’aise afin de nous faire nous interroger sur la condition des indiens. Comment peut-on croire une seule seconde que les auteurs aient pris fait et cause pour Ethan lorsque celui-ci mutile un cadavre en lui tirant des balles dans les yeux, massacre les bisons dans le seul but d’affamer les indiens ou encore lorsqu’il se met à scalper avec rage son ennemi mortel ? Et il suffit de voir comment Ford 'photographie' les Indiens pour se dire qu’il n’y a point une once de racisme de sa part. Lors de l’attaque finale du camp par Ward Bond et ses hommes, les guerriers et 'civils' Comanches sont filmés avec grande dignité, la caméra s’attardant même sur les cadavres des femmes et des enfants de la tribu dans le but de nous faire horreur et non de nous en délecter. N’allons pas plus loin dans la démonstration puisque Ford nous a prouvé à maintes occasions qu’il soutenait la cause indienne et Cheyenne Autumn (Les Cheyennes) ne fera qu’entériner cette évidence.

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"A man will search
Go searching way out there his peace of mind
But where, o Lord
Ride away, ride away, ride away"


Cette sur cette magnifique chanson que se déroule le générique de début du western de John Ford. Ecran noir suivi par l’inoubliable plan d’introduction. Une porte s’ouvre sur un carré de lumière aveuglante avec en arrière fond les paysages que nous connaissons désormais très bien grâce à John Ford justement, ceux impressionnants de Monument Valley. L’ombre chinoise d’une femme de dos, celle qui vient de nous ouvrir les portes du film, Martha Edwards. La caméra derrière elle la suit lorsqu’elle franchit le seuil de sa maison et le cadre de s’agrandir, le champ de vision de s’élargir à la dimension de celui du format large et rectangulaire de la Vistavision : plan rendu encore plus majestueux par le déchirant thème musical de Max Steiner qui l'accompagne. Le soleil tape si fort qu’elle doit mettre la main sur son front pour voir qui arrive au loin. Une femme qui attend tremblante d'émotion contenue ; l’image la plus récurrente des westerns fordiens, la marque la plus évidente de sa sensibilité à nulle autre pareille (et tout le long du film nous aurons d'autres exemples de ces femmes courageuses et laborieuses qui passent leur vie à attendre le retour de leurs hommes). Un homme justement progresse vers elle ; un homme fatigué au regard sombre et au visage buriné qui n’est autre que son beau-frère qu’elle n’avait plus revu depuis son départ pour la Guerre de Sécession huis ans plus tôt. Des gestes, des regards qui en disent long et qui nous font immédiatement penser qu’il existe plus qu’un amour fraternel entre Martha et le ‘frère prodigue’ de son époux. Les dix minutes suivantes qui se dérouleront en intérieur et qui seront constituées par les retrouvailles ne feront que renforcer nos sentiments à ce sujet, tout ceci étant décrit avec une intelligence, une pudeur et une sobriété qui nous font d’emblée nous dire que nous sommes devant un western majeur. Il suffit de voir ce plan au cours duquel, au moment de repartir à la poursuite de voleurs de bétail, Ward Bond, sirotant son café face caméra mais tournant le dos à Ethan et Martha, attend exprès avant de se retourner, ayant surpris la caresse de Martha passée sur la cape qu'elle va faire endosser à Ethan et laissant aux ‘amoureux’ le temps de se faire leurs adieux par regards interposés, ayant compris lui aussi l’amour silencieux qui existe entre eux deux sans cependant l'approuver ni le cautionner ; en sortant, il bousculera un peu rudement Martha pour lui faire comprendre sa désapprobation. Émotion dévastatrice et déchirante, le tout avec une immense tendresse et sans quasiment de mouvements de caméra, presque tout du long en plans fixes, ceux-ci parfaitement choisis et soignés comme il se doit. Un modèle de mise en scène sobre et efficace comme durant tout le reste du film.

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Là où The Searchers est le plus culotté et novateur, l’élément primordial qui prouve l’immense réussite du film, c’est d’être arrivé à nous rendre attachant tout du long un personnage qu’en principe, écrit sans nuances, nous aurions aimé haïr. Ethan Edwards est un homme raciste et misanthrope, sombre et taciturne, capable de risquer sa vie et celle des autres pour mener à bien la quête qu’il a entrepris, retrouver sa nièce avant qu’elle ne soit en âge d’avoir des relations sexuelles avec ses ravisseurs, des indiens : suprême horreur le concernant ! Mais sa haine des indiens n’est pas née dès l’instant où sa famille s’est faite massacrée : lors du repas qui les réunissait avant ça, on avait déjà pu constater cette rage sourde qui lui faisait monter le sang à la tête lorsqu’on évoquait cette ‘race’ ; savoir que Martin Pauwley possède une toute petite partie de sang indien lui fait immédiatement se méfier de lui et le rabrouer sans raisons apparentes précises. Qu’est-ce qui dans son passé est arrivé à lui faire éprouver une telle animosité ? L’intelligence du scénariste et du cinéaste est de ne presque jamais dévoiler de bribes du passé ou d’à peine le suggérer par petites touches, ce qui rend les personnages d’autant plus mystérieux que nous ne saurons jamais comment comprendre certains gestes ou comportements. C’est bien une autre preuve du fait de ne pouvoir traiter le film de raciste puisque Frank Nugent et John Ford ne donnent aucune explication à cet état de fait, ne cherchent jamais à l’éclaircir ni encore moins à justifier le pourquoi de cette colère intériorisée qui quand elle éclate peut faire très mal. Ethan est un homme sauvage et rude, intransigeant et égoïste ; il faut le prendre tel quel, il n'en est pas moins humain pour autant. Son amertume et sa rage proviendraient elles du fait de ne pas avoir pu épouser sa belle sœur, de savoir que dans le cas contraire il aurait pu être le père de la captive ? La disparition brutale de Martha enterrera à jamais nos questionnements car nous n’y reviendrons jamais plus directement.

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Ethan Edwards est quasiment un mort-vivant erratique lorsqu’il se lance à corps perdu dans sa recherche ; il dit clairement à Martin que ce qui le différencie le plus des indiens est qu’il ne se résignera jamais et que la seule chose qui pourrait lui faire mettre un terme à sa quête serait sa mort. Refusant d’écouter les conseils, il se voit en sorte investi d’une mission sacrée à laquelle il est prêt à tout sacrifier. On a rarement vu dans un autre western un homme aussi déterminé et acharné, qui plus est peut-être même pas pour une cause juste ; son but est assez ambigu et le devient de plus en plus au fur et à mesure de l'avancée du film car le sauvetage initial parait vouloir se transformer en une traque meurtrière non seulement du ravisseur mais aussi de sa victime. Son compagnon de voyage s’attend d’ailleurs dès le milieu du film à ce qu'Ethan tue Debbie une fois celle-ci retrouvée ; en effet, une fois souillée sexuellement par un indien, selon Ethan, elle ferait désormais partie de cette race honnie. Ne pouvant pas supporter ce fait, il préfèrerait l’achever même si cette dernière souhaiterait désormais rester vivre auprès de ses ravisseurs. L’un des rares travellings utilisés au cours du film est celui qui se rapproche du visage de John Wayne et de son regard d’une rare dureté face aux captives blanches retrouvées mais qui ont sombré dans la folie ; s’il avait été seul, on est presque sûr à ce moment là qu’il les aurait abattus, ne les estimant plus humaines. Il fallait oser aller aussi loin à l'époque (surtout concernant le personnage principal), d'où les réceptions négatives du film auprès de certains. En tout cas, ce mouvement de caméra est non seulement d’une puissance dramatique considérable mais rappelle dans le même temps celui célébrissime et similaire qui marquait l’apparition du même acteur dans La Chevauchée fantastique (Stagecoach), alors jeune, beau et fringant. L’on se rend alors compte du temps qui est passé et de la dureté qui s’est opéré dans le ton du cinéaste. Ce qui ne veut pas dire que ce dernier film soit austère ; il est au contraire parcouru d’un souffle romantique et lyrique dont la splendide partition de Max Steiner en est le meilleur exemple et accompagnement. Rarement le compositeur nous avait délivré un score aussi beau et aussi éclectique, tour à tour léger et déchirant, ample et martial, doux et inquiétant. Le thème assez guilleret qui accompagne toute la séquence avec ‘écoute’, la squaw 'gagnée' par Jeffrey Hunter, aurait pu tomber dans les travers dans lesquels se vautrait David Buttolph à la Warner mais il n’en est rien et il s’avère au contraire aussi magnifique que le reste de la musique.

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A l’instar des paysages de ces contrées hostiles traversées, une histoire sauvage, rude et troublante que celle de cette magnifique et aventureuse tragédie épique qui pose dans le même temps des questionnements sur les relations interraciales, sur les liens du sang, sur l’appartenance à une communauté, sur l’avancée de la civilisation qui doit se faire au prix d’efforts et de sacrifices, la dure existence des pionniers servant à préparer un avenir plus paisible aux générations futures : au désespoir de Lars Jorgensen qui commence à détester le Texas pour lui avoir pris son fils, sa femme lui rétorque cette phrase pleine de bon sens et de lucidité : "No Lars. It just so happens we be Texicans. Texican is nothing but a human man way out on a limb. This year and next, and maybe for a hundred more. But I don't think it'll be forever. Some day this country's gonna be a fine, good place to be. Maybe it needs our bones in the ground before that time can come." Malgré sa dureté inhabituelle chez Ford (nous verrons aussi le suicide d’un homme alors qu’il apprend que sa fiancée a été scalpée, des jeunes filles rendues folles lors de leur captivité), l’intrigue n’en est pas moins entrecoupée de moments purement 'fordiens', ces digressions géniales au cours desquelles le cinéaste se laisse aller à nous faire vivre au sein des familles, à nous en faire partager le quotidien tour à tour simple et cocasse, festif et chaleureux. C’est ainsi que le périple de cinq ans se verra faire un break à mi-parcours chez la famille Jorgensen (les plus proches voisins des Edwards massacrés à Monument Valley), celle de la fiancée de Martin Pawley interprétée par Vera Miles. A mi-film, une petite halte pleine de fraîcheur et d’émotions, d’humour et de pittoresque avec entre autre le personnage du texan à l’accent à couper au couteau, autre prétendant de Vera Miles, joué par un des 'chanteurs' habituels dans les films de Ford, Ken Curtis. Personnage assez amusant, celui qui sera de l’homérique combat à poings nus qui l'opposera à son rival (Jeffrey Hunter) à la fin du film ; un pugilat dans le style de L’homme tranquille (The Quiet Man), plus drôle que réellement dramatique. Ceux que l’humour typique de Ford dérange habituellement ne devraient pas apprécier ici non plus d’autant que cette longue séquence du mariage arrive presque en bout de course alors que la tension par ailleurs est au plus fort, Ethan étant sur le point de mettre un terme à sa quête. Me concernant, je trouve au contraire ces parenthèses nonchalantes assez bienvenues et tellement fordiennes qu’elles ne me dérangent absolument pas, nous permettant au contraire de reprendre notre souffle.

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Tout comme la séquence controversée de l’indienne 'Wild Goose Flying in the Night Sky', celle au cours de laquelle Ethan et Martin voyagent avec une squaw échangée lors d’un troc, cette dernière s'estimant désormais, selon la coutume, l'épouse légitime du jeune homme. Certes traitée sur un mode plutôt humoristique, elle participe néanmoins de la description sans concessions de ces pionniers tels qu'ils devaient être ; même le personnage qui se sent le plus proche des indiens (et pour cause, il possède 1/8 de leur sang), celui qui en principe devrait attirer la sympathie du spectateur, s'avère être faillible et avoir des gestes racistes, machistes et brutaux. Alors que ‘son épouse’ vient se blottir auprès de lui pour la nuit, il la repousse violemment avec ses pieds si bien qu’elle débaroule la pente au sommet de laquelle ils campaient jusqu’en bas ; et John Wayne (aussi bien que le spectateur) de rire aux éclats. Le malaise ressenti n’en est que plus fort. On trouve Jeffrey Hunter d'autant plus odieux et humiliant à ce moment là et on se dit que même ce brave garçon peut avoir des réactions totalement idiotes ; il est lui aussi très humain en définitive et est d'autant plus convaincant de la sorte. Et ce qu'on ne sait pas encore, c'est que l'indienne n'est pas là uniquement pour nous amuser' ; le plan sur son cadavre juste après sera vraiment digne et émouvant. On comprendra alors qu’aussi picaresque qu’ait été le personnage, sa perte n’en est que plus tragique. Édulcorant grandement parait-il le roman d'Alan LeMay, Frank Nugent semble s’être en revanche amusé à faire des essais de procédés de narrations différentes selon les parties ; alors que la première partie de la quête se servait de l’ellipse et de la variation des paysages et des saisons pour nous faire avancer dans le temps, la seconde est racontée par l'intermédiaire de la lecture d’une lettre envoyée par Martin Pawley à sa fiancée et qui permet au spectateur de naviguer sans cesse dans le temps et l'espace entre le foyer des Jorgensen et le voyage des deux hommes. Et là l’Histoire avec un H majuscule de se mêler à la petite histoire narrée par le film ; le régiment de cavalerie rencontrée au cours du périple des deux hommes, celui que l’on voit au travers d’un plan absolument sublime rentrer d'un raid meurtrier contre les indiens et traverser la rivière gelée au milieu d’étendues neigeuses, n’est autre (sans que cela soit précisé) que celui de Custer, le 7ème de cavalerie annoncé par la silhouette de son chef ainsi que par leur chanson traditionnelle ‘Gary Owen’.

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Pour en venir rapidement à la forme maintenant, même si nous l'avons déjà abordée par petites touches... Non seulement la photographie de Winton C. Hoch est mémorable, les paysages naturels magnifiés ou parfaitement mis en valeur, mais la mise en scène brille par son intelligence, sa sensibilité et sa rigueur ; John Ford semble désormais ne plus rien avoir à prouver dans sa science du cadrage, de l’ellipse, du hors-champ et du montage : pas un plan de trop, pas une séquence dont on ne voudrait pas parler et analyser. Comme de coutume, plus d’images fixes que de savants mouvements d'appareils mais quand il les utilise, ils demeurent marquants et se gravent à tout jamais sur nos rétines comme le travelling avant déjà évoqué sur le visage de John Wayne. Un film d’images plus que de dialogues, puisant aussi bien dans l'expressionnisme (la fabuleuse scène de tension à l’arrivée nocturne des indiens autour de la maison des Edwards) que dans le classicisme le plus harmonieux (la première séquence) ; du très grand cinéma dont le Happy end pourrait sembler avoir été imposé si l’on n’était pas habitué des films de Ford : un cinéaste aussi sensible et qui aime autant les valeurs familiales a du se faire plaisir en réunissant in fine les survivants et en les faisant se retrouver en paix. Dès la fameuse séquence au cours de laquelle John Wayne, sur le point de tuer Natalie Wood, la prend finalement dans ses bras en lui disant "Let’s go Home ", le film marque le triomphe de l’humanité retrouvée sur la haine et la destruction. Martin retrouve sa demi-sœur en même temps que sa fiancée, tous les trois accueillis par le couple très équilibré et aimant que constituent les Jorgensen. Ils rentrent chacun leur tour dans la maison familiale alors qu’Ethan leur tourne le dos, sachant pertinemment que s'excluant lui-même, il ne pourra jamais intégrer quelconque famille, quelconque société. Déraciné, il est condamné à errer seule le reste de ses jours sans trouver le repos, n’acceptant pas l’évolution des mœurs et des mentalités, pas plus que l’avancée de la civilisation. Un happy end donc malgré tout teinté d’amertume et qui montre un Ford de plus en plus pessimiste malgré ses bouffées d’humanité et de chaleur qui parsèment son film.

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John Wayne trouve ici l’un de ses rôles les plus marquants car les plus complexes ; ça avait déjà été le cas dans La Rivière rouge (Red River) d'Howard Hawks où il interprétait un chef de convoi impitoyable, mais c’est encore plus flagrant ici puisque Ethan Edwards n’est pas loin d’être névrotique. Le comédien aimera tellement son personnage qu’il prénommera son fils Ethan et que sur le tournage il ne fera jamais le clown comme à son habitude mais sera Ethan 24 heures sur 24 au risque de décontenancer ses partenaires qui ne le reconnaissaient plus. Il dira toujours qu’il s’agissait de son film préféré avec Alamo. A la dernière image, dans l'encadrement de la porte avant qu'elle ne se referme sur lui, on l’aura vu rendre hommage au précédent acteur fétiche de John Ford dont il reprendra une de ses attitudes favorites, Harry Carey, dont le fils et l’épouse font partie de la distribution, cette dernière superbe et digne dans le rôle de Madame Jorgensen. Beaucoup d’acteurs de la famille fordienne' avec aussi les inénarrables Hank Worden dans la peau du soldat ne pensant qu’à se faire bercer dans un rocking-chair ou bien évidemment Ward Bond une fois de plus inoubliable dans le rôle de ce picaresque chef des Texas Rangers également homme d’église ! Le reste de la distribution est constitué par Natalie Wood qui n’a finalement que très peu de temps de présence à l’écran, tout autant qu’Henry Brandon néanmoins inoubliable dans la peau du chef Comanche, sorte de Némésis d’Ethan, tous deux avides de vengeance, chacun reflétant les pulsions sauvages et meurtrières de l’autre. D’ailleurs, si Ethan semble le plus implacablement haineux envers les Indiens, c’est aussi lui qui parait le mieux connaitre leurs coutumes et leur mode de vie ; a-t-il vécu une époque à leurs côtés ? Reste Vera Miles, très pétillante et attachante dans le rôle de la jeune femme qui ne cesse d’attendre son fiancée, celui-ci étant bien évidemment interprété par le jeune et immature Jeffrey Hunter, comédien qui ne fait certes pas l’unanimité mais qui à mon avis se coule parfaitement dans l’univers fordien, celui ici qui en quelque sorte sauvera l’âme d’Ethan.

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Rarement l’ambiance sur un tournage de John Ford fut aussi studieuse et intense disait Harry Carey Jr dans son autobiographie. Le réalisateur voulait réussir un film parfait pour son retour au western et John Wayne ne s’était jamais autant imprégné de son personnage. On ressent un peu cette solennité dans le résultat final. Le réalisateur n’avait d’ailleurs pas fait les choses à moitié et cherchait la perfection pour chaque plan, ayant fait installer onze positions de caméras différentes dès le premier jour. Visuellement, l’art de Ford et sa maîtrise technique sont à nouveau à leurs sommets, le précédent étant en format 1.33 à l’époque, le sublime et inégalable She Wore a Yellow Ribbon (La Charge héroïque). Bref, un western majeur, complexe et énigmatique, une immense odyssée qui recèle de multiples richesses, de nouvelles se dévoilant à chacune des ses visions successives. Quant à l’ancien journaliste Frank Nugent, il n’en est pas à un chef-d’œuvre près, lui qui dans le domaine du western en a écrit pas loin d’une dizaine, surtout pour John Ford, mais aussi pour Raoul Walsh. Un formidable condensé des thématiques fordiennes, un des films les plus représentatifs de l’univers du cinéaste, côté sombre cependant ; peut-être pas le plus aimable de ses westerns mais l’un des plus parfaits assurément, aussi bien sur le fond que sur la forme. Un film qui devrait plaire autant aux amateurs d’aventure et de mouvements (diversité des endroits traversés, souffle épique des morceaux de bravoure comme l’attaque finale du campement Comanche...) qu’à ceux plus à la recherche de psychologie et de portraits fouillés des personnages ; ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre une œuvre qui dégage à la fois une telle puissante poésie des images, une telle intensité et complexité dramatique, un tel sens de la tragédie tout en dégageant une forte chaleur humaine. Quelques problèmes de rythme dans la dernière partie me concernant mais un élément absolument pas rédhibitoire. Un chef-d’œuvre au souffle romanesque ininterrompu, à la direction artistique parfaite, à l’esthétique qui emporte tout sur son passage et qui n’empêche pas les auteurs d’en profiter pour fustiger une fois de plus en arrière fond l’atrocité du génocide indien !
CC Baxter
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par CC Baxter »

Chapeau Jeremy.

A quand un livre, ou au moins en e-book, avec les textes de ce "Parcours chronologique"?
You... bastard!
Yes, sir... In my case it was an accident of birth.... But you are a self-made man.


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