Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Alphonse Tram
Réalisateur
Messages : 6926
Inscription : 7 juil. 03, 08:50

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Alphonse Tram »

Bravo pour les explications techniques simples mais convaincantes. Je n'aime pas le film, mais il tient une place importante dans l'histoire du cinéma américain. Le dvd zone 1 propose les 2 versions tournées simultanément (comme pour Seven brides for seven brothers), uniquement st anglais et espagnols.
Souhaits : Alphabétiques - Par éditeurs
- « Il y aura toujours de la souffrance humaine… mais pour moi, il est impossible de continuer avec cette richesse et cette pauvreté ». - Louis ‘Studs’ Terkel (1912-2008) -
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99488
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Alphonse Tram a écrit :Bravo pour les explications techniques simples mais convaincantes.
Ouf, jamais très à l'aise avec la technique, j'avais peur d'embrouiller les choses 8)

Alphonse Tram a écrit :Je n'aime pas le film, mais il tient une place importante dans l'histoire du cinéma américain.
D'ailleurs, il me semble avoir lu qu'il est entré récemment dans le cercle assez restreint des films qui devaient être impérativement préservés pour son importance historique par je ne sais quelle association américaine.

J'imagine que les copies sur le zone 1 sont dans le même déplorable état que sur le zone 2 qui propose aussi les deux versions ?
Avatar de l’utilisateur
Alphonse Tram
Réalisateur
Messages : 6926
Inscription : 7 juil. 03, 08:50

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Alphonse Tram »

Jeremy Fox a écrit :J'imagine que les copies sur le zone 1 sont dans le même déplorable état que sur le zone 2 qui propose aussi les deux versions ?
Oui, pas terrible pour les 2 versions :
Image

Image
Souhaits : Alphabétiques - Par éditeurs
- « Il y aura toujours de la souffrance humaine… mais pour moi, il est impossible de continuer avec cette richesse et cette pauvreté ». - Louis ‘Studs’ Terkel (1912-2008) -
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99488
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Même état effectivement. Flou et terne tout du long et sans sous titres sur les chansons :|
villag
Accessoiriste
Messages : 1945
Inscription : 24 févr. 08, 09:48
Localisation : la rochelle

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par villag »

Strum a écrit :Très bon western que The Tall Men - une histoire de survie où la nature regarde, indifférente et majestueuse, les passions et les principes des hommes guider leur vie. Quelle vista de Walsh quand il filme ces sublimes paysages. Et il faut bien cette vista pour faire oublier de temps en temps le principal défaut du film : le jeu monocorde et limité de Jane Russel, qui m'a empêché d'y adhérer totalement.

Quant à Jane Russel, je l'avais trouvé imbuvable en VF, mais pas du tout en VO ...!
F d F ( Fan de Ford )
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99488
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Oklahoma

Message par Jeremy Fox »

Jeremy Fox a écrit :
A suivre : Un Homme traqué (A Man Alone) de Ray Milland avec Ray Milland et Mary Murphy
Que ceux qui attendraient ce texte avec impatience, si jamais retard il y a, qu'ils s'en prennent à Père Jules et ses sujets à la noix !!! :twisted: N'est-ce pas daniel ?


Spoiler (cliquez pour afficher)
:mrgreen:
daniel gregg
Producteur Exécutif
Messages : 7030
Inscription : 23 févr. 04, 23:31

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par daniel gregg »

Père Jules, je le croise au café du commerce tous les jours !
On l'appelle Socrate, enfin Picrate la plupart du temps, rapport à sa tendance nez rouge...
Jamais le dernier à allumer la mèche, mais toujours le premier à se carapater quand çà joue sur terrain glissant.

Image
Avatar de l’utilisateur
Père Jules
Quizz à nos dépendances
Messages : 16894
Inscription : 30 mars 09, 20:11
Localisation : Avec mes chats sur l'Atalante

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Père Jules »

:lol:
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99488
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

A Man Alone

Message par Jeremy Fox »

Image

Un Homme Traqué (A Man Alone - 1955) de Ray Milland
REPUBLIC


Avec Ray Milland, Ward Bond, Raymond Burr, Lee Van Cleef, Mary Murphy
Scénario : John Tucker Battle
Musique : Victor Young
Photographie : Lionel Lindon (Trucolor 1.37)
Un film produit par Herbert J. Yates pour la Republic


Sortie USA : 17 octobre 1955


Après Burt Lancaster et son plaisant Le Bagarreur du Kentucky (The Kentuckian), un autre célèbre comédien se retrouve la même année à la fois devant et derrière la caméra pour un western au ton totalement différent et encore plus personnel. Et c’est donc au tour de Ray Milland de se lancer dans l’expérience après qu’il ait été juste avant, successivement à l’affiche en tant qu’acteur d’un excellent suspense signé Alfred Hitchcock, Le Crime était presque Parfait (Dial M for Murder) aux côtés de Grace Kelly puis de La Fille sur la Balançoire (The Girl in the Red Velvet Swing) de Richard Fleischer avec pour partenaire Joan Collins. En tant que réalisateur, Ray Milland nous délivre pour son premier film un curieux western au ton absolument unique malgré une intrigue somme toute assez classique, sorte de mélange entre celles de L’Etrange Incident (The Ox-Bow Incident) de William Wellman pour la description de la bêtise et de la violence d’une foule avide de lyncher sans jugement préalable, de La Cible humaine (The Gunfighter) d’Henry King pour le personnage du gunfighter qui ne trouve pas un moment de répit à cause de tous ceux qui rêvent de se frotter à lui, et enfin de Quatre Etranges Cavaliers (Silver Lode) ou Johnny Guitar de Nicholas Ray pour leur arrière fond de dénonciation du paranoïaque maccarthysme, et plus globalement de toutes sortes de "chasses aux sorcières".

Image
En plein milieu du désert de l’Arizona, après qu’il ait été obligé d’abattre son cheval blessé, Wes Steele (Ray Milland) poursuit son chemin à pied jusqu’à ce qu’il tombe sur une diligence dont tous les passagers ont été massacrés y compris une femme et une fillette. N’empêche que les chevaux sont encore en vie et que ça tombe très bien pour lui qui en était désormais privé. Il se dirige alors en direction de la ville la plus proche pour mettre au courant les autorités de ce dont il vient d’être témoin. Mais, à Mesa, au milieu d’une violente tempête de sable, les habitants, échauffés de ne pas voir la diligence arriver, ne cherchent pas à l'écouter en constatant qu'il monte l'une des bêtes qui tirait la voiture et l'accusent immédiatement de tous leurs maux. Wes est obligé de tirer sur un assistant du shérif pour se défendre ; poursuivi par une foule en furie, il arrive à se cacher dans un recoin de la banque où il surprend une conversation qui lui fait se rendre compte être en présence de ceux qui ont commis les assassinats de la diligence afin de pouvoir la cambrioler sans témoins, à savoir les hommes de celui qui a la ville sous sa coupe, le banquier Stanley (Raymond Burr). Alors que, surpris par les conspirateurs, Wes tente de s'enfuir, Stanley tue un de ses propres hommes afin de faire peser encore plus d'accusations sur l’étranger qui réussit à s'’éclipser de nouveau. Il entre subrepticement dans une maison par le cellier et y trouve refuge pour la nuit ; le lendemain matin, il s'aperçoit qu'il se trouve chez le shérif Gil Corrigan (Ward Bond) qui souffre de la fièvre jaune. Wes va tomber amoureux de la fille de ce dernier, la jolie Nadine (Mary Murphy) et va l'aider à soigner son père malgré les risques encourus ; en effet, convaincus par Stanley qu'il s'agit du meurtrier, les citoyens n'ont qu'une idée en tête : le retrouver et le lyncher...

Image
A Man Alone ! Un homme seul… ou presque, puisque après le premier tiers du film, il recevra l’aide de la fille du shérif tombée sous le charme de ce ténébreux étranger. Dès son arrivée à Mesa, Wes Steele est un homme accusé de tous les maux surtout par le fait d’être étranger à la ville et de trainer derrière lui une ‘sale’ réputation de tireur d’élite. Au départ, même nous spectateurs ne savons pas de quel côté se situe cet homme inquiétant et tout de noir vêtu, l’ayant vu sortir d’une de ses sacoches d’importantes liasses de billet. Viendrait-il de commettre un hold-up et serait-il en fuite ? Nous n’apprendrons son passé qu’il semble fuir que par bribes au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire. Un étrange western placée d’emblée, plus que ne le fut tout autre avant lui, sous le signe de la mort. Une mort ou une atmosphère délétère que l’on trouve aux détours de chaque séquence tout du moins durant la première demi-heure quasiment muette. Dès la première scène, le personnage joué par Ray Milland passe sa main sur la jambe de son cheval et la retrouve fortement ensanglantée ; il est obligé d’achever l’animal. Dans la foulée, il doit tuer un serpent qui allait le mordre. Puis, arrivant près d’une diligence renversée, il découvre quatre cadavres alentour dont une femme. A l’intérieur, un plan sur les genoux d’une petite fille que l’on devine immédiatement morte elle aussi. Un massacre de victimes innocentes : rarement des images aussi crues nous avaient été délivrées auparavant au sein d’un western. Puis Wes arrive en ville la nuit alors que s’élève une tempête de sable ; les rues sont presque désertées, seuls quelques ombres furtives se faufilent le long des murs. Suite à plusieurs malentendus, Wes doit tirer sur l’adjoint du shérif et est accusé quelques minutes après d’avoir tué un autre homme. De plus on apprend en même temps que lui que la tuerie de la diligence a été perpétrée, non par des indiens mais par les hommes à la solde d’un notable de la ville afin de supprimer les témoins de leur méfait. Par un malheureux concours de circonstances, les meurtriers arrivent à convaincre leurs concitoyens de la culpabilité du nouveau venu… Un vrai cauchemar pour ce dernier !

Image
Noir c’est noir et d’ailleurs la mise en scène et la photographie ressemblent plus à celles d’un film noir que d’un western, tout folklore de ce dernier genre ayant été évacué par la même occasion. Voilà une ville (et plus globalement un Far-West) où probablement aucun petit garçon n’aurait aimé vivre en l'ayant découvert par le biais de ce western ! Une atmosphère menaçante qui tire parfois Un Homme Traqué vers une ambiance onirico-fantastique grâce aussi à une musique, signée du grand Victor Young, entêtante et originalement orchestrée ainsi que par l’utilisation du Trucolor, procédé photographique en couleurs que l’on connaissait surtout depuis la sortie du célèbre et magnifique Johnny Guitar de Nicholas Ray et qui apportait déjà à ce dernier une part de son inoubliable et irréelle poésie. L’éclairage nocturne des rues alors qu’une tempête de sable les balaie, l’apparition diaphane de Mary Murphy descendant à la cave en robe blanche immaculée, la maison à laquelle on peut accéder par un abri souterrain situé dans le jardin, etc., pas mal d’éléments qui justement nous font aussi parfois penser être devant un film fantastique. Bref, un ton tout à fait original et unique, pour tout dire sacrément intrigant. La suite, à partir du moment où les langues se délient, est plus classique mais n’en continue pas moins de nous captiver malgré la presque totale absence d’action, un rythme d’ensemble assez lent (cependant sans longueurs) et une intrigue qui se se poursuit à partir de là en quasi huis-clos nocturne et ‘claustrophobique’. Le faible budget alloué au film fait d’ailleurs que les quelques bagarres et fusillades qui émaillent l’histoire se révèlent assez maladroites surtout à cause de cascadeurs peu chevronnés. Qu’il n’y en ait qu’à dose homéopathique n’est finalement pas une mauvaise chose d’autant que Ray Milland s’avère assez mal à l’aise lorsqu’il s’agit de mettre en boite des séquences mouvementées.

Image
La deuxième partie du film se déroule donc quasi intégralement à l’intérieur de la maison du shérif dans laquelle s’est réfugié le fugitif. On y suit alors assez longuement et sans aucun ennui la romance qui s’établit entre les personnages interprétés par Ray Milland et Mary Murphy, cette dernière nous surprenant assez agréablement après l’avoir trouvé assez fade dans le Sitting Bull de Sidney Salkow. Son personnage est d’ailleurs très intéressant, celui d’une jeune fille à la féminité refoulée pour s’être exclusivement occupée d’un père possessif et qui va rêver en cachette devant la malle des vêtements de sa mère défunte. Le père, c’est Ward Bond dans un de ses rôles les plus nuancés, celui d’un homme de loi fatigué et vulnérable qui s’est laissé corrompre par le banquier véreux qui domine la ville uniquement par amour pour sa fille et afin de ne pas retomber dans la pauvreté qui a couté la vie à son épouse. Sa confession à sa fille pour lui expliquer cet état de fait est extrêmement touchante ; il se rachètera une conduite et retrouvera sa fierté in extremis de la plus belle des manières tout comme le héros du film qui ressortira de cet imbroglio la tête haute ou du moins semblant avoir retrouvé une certaine tranquillité (ou plutôt un répit car sa réputation de tireur d’élite continuera probablement à lui attirer des ennuis). Parmi les seconds rôles, on remarque surtout Raymond Burr dans la peau du banquier malhonnête ainsi que Lee Van Cleef dans celui de son homme de main. Les autres habitants sont plutôt décrits en portrait de groupe, une foule haineuse et violente qui ne pense qu’à trouver un bouc émissaire à ses problèmes pour pouvoir déverser sa colère à son encontre en décidant de le lyncher. La même foule que dans Fury, The Ox-Bow Incident ou Johnny Guitar ; la même qui ne voit pas (ou ne veut pas voir) la corruption ambiante qui l’entoure, préférant s’en prendre à un homme esseulé et étranger à leur ville et qu’elle accuse de tous leurs maux.

Image
Même si pas totalement abouti, Ray Milland nous délivre donc un étrange et honorable western d’atmosphère au charme assez envoutant. Sombre mais sensible, sobre mais sans temps morts, tout à fait inhabituel et au final somme toute très humain. Dommage qu’en tant que comédien, Ray Milland, tout du moins dans le domaine du western, me laisse toujours un peu sur ma faim, trouvant qu'il lui manque d’un peu de charisme pour me rendre son personnage encore plus captivant. Enfin, indépendamment de la qualité du film, il est encore dommage de constater que, ayant travaillé durant des années à la Paramount, le comédien ait dû aller sonner à la porte d’un petit studio ayant un peu perdu de son prestige pour pouvoir se mettre derrière la caméra. Mais comme nous le disions déjà à propos de The Kentuckian, les Majors de l'époque n'aimaient pas que les comédiens se mêlent de ce qu'ils 'ne les regardaient pas', à savoir la mise en scène et (ou) la production. Quoiqu'il en soit, les résultats (les films d'acteurs) sont là et se révèlent dans l'ensemble plutôt intéressants même si manquant de maturité technique. Une curiosité fortement recommandée en tout cas que cet Homme Traqué !
daniel gregg
Producteur Exécutif
Messages : 7030
Inscription : 23 févr. 04, 23:31

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par daniel gregg »

Belle critique pour un film au charme rare et singulier. :D
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99488
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

J'ai quand même toujours un tout petit peu de mal avec Milland dans les westerns ; en revanche Ward Bond est très bon. Merci de m'avoir donné envie de le voir :wink:
Chip
Electro
Messages : 948
Inscription : 22 oct. 08, 10:26

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Chip »

Dans la catégotie " westerns Republic pictures années 50 " c'est le meilleur, avec " Johnny Guitar ", cela s'entend.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99488
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Chip a écrit :Dans la catégotie " westerns Republic pictures années 50 " c'est le meilleur, avec " Johnny Guitar ", cela s'entend.
Presque ; je place quand même au dessus Rio Grande de Ford et La femme qui faillit être lynchée de Dwan
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99488
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

The Treasure of Pancho Villa

Message par Jeremy Fox »

Image

Le Trésor de Pancho Villa (The Treasure of Pancho Villa - 1955) de George Sherman
RKO


Avec Rory Calhoun, Gilbert Roland, Shelley Winters, Joseph Calleia
Scénario : Niven Busch
Musique : Leith Stevens
Photographie : William E. Snyder (Technicolor 2.00)
Un film produit par Edmund Grainger pour la RKO


Sortie USA : 19 octobre 1955


Alors que George Sherman était encore relativement méprisé et (ou) oublié par l’ensemble de la critique française (qui ne connaissait en fait de sa prolifique filmographie qu’une infime partie), Le Trésor de Pancho Villa était un de ses rares films à ne pas être passé sous l’échafaud. Maintenant que le cinéaste est revenu dans les petits papiers de pas mal de monde, force est de constater qu’il s’agit paradoxalement d’un de ses westerns les moins enthousiasmants même si le postulat de départ pouvait sembler alléchant ; décidément, après Les Rebelles (Border River), le Mexique ne semble pas avoir grandement inspiré le réalisateur, pas plus au niveau des histoires qu'il y faisait se dérouler que d'un point de vue esthétique. Alors que son western précédent, le médiocre Le Grand Chef (Chief Crazy Horse), s’avérait néanmoins plastiquement splendide, il n’en va pas de même pour Le Trésor de Pancho Villa finalement assez terne, le spectateur ayant du mal à s’extasier devant les plans d’un réalisateur s’étant pourtant illustré en début de décennie par sa capacité à magnifier les paysages qu’il avait à sa disposition par sa science du cadrage et de l’espace. Au vu du Trésor de Pancho Villa, et à moins d’un sursaut à venir, je continue de penser que sa période faste se situe bel et bien derrière lui, ses meilleurs westerns ayant été ceux tournés entre 1948 et 1952 pour la compagnie Universal. Depuis, il n’a cessé de me décevoir mais le déclin ne sera peut-être pas irrémédiable.

Image
Image
1915 en pleine révolution mexicaine. Le mercenaire américain Tom Bryan (Rory Calhoun) et le révolutionnaire Juan Castro (Gilbert Roland) se cachent à l’abri d’un mur constitué de sacs remplis de pièces d’or alors qu’un petit détachement de l’armée régulière du Mexique les entoure. Comment les deux hommes en sont-ils arrivés là et vont-ils pouvoir s’en sortir ? Nous le saurons à la fin du flash-back qui constitue le reste du film. Tom aide Juan à dévaliser une banque, l’argent volé devant contribuer à renforcer l’armée révolutionnaire de Pancho Villa. Devant l’efficacité de l’aventurier américain et de sa mitrailleuse nommée ‘la cucaracha’, on lui demande de participer à nouveau à l’attaque d’un train cette fois-ci. Seul l’argent l’intéressant, il aurait préféré se retirer au soleil maintenant que ses poches sont remplies ; mais quand il apprend que le commandant de cette nouvelle mission ne sera autre que Juan (avec qui il s'est pris d'amitié), il accepte ; et le voilà parti le retrouver. Juan arrive à Santo Tomas où il est désagréablement surpris de constater que le chef du groupe révolutionnaire qui doit participer à l’attaque ferroviaire n’est autre qu’une de ses connaissances, Pablo Morales (Joseph Calleia), en qui il n’a aucune confiance. L’épouse de ce dernier ayant convaincu Juan de sa loyauté, ils se préparent pour l’attaque du train qui, sans l’intervention surprise de Tom et sa mitrailleuse meurtrière, aurait pu mal tourner pour les rebelles. L’imposant magot porté à dos de mulet, le groupe quitte le coin pour se rendre au refuge de Villa, suivi d’assez prêt par un détachement de l’armée mexicaine qui compte bien les empêcher d’arriver à bon port. Se joint au convoi des pro-Villa une institutrice américaine, Ruth Harris (Shelley Winters), dont le père a été assassiné par les Fédéraux et qui épouse avec ferveur la cause révolutionnaire. En route, elle fait tourner la tête de Tom mais est extrêmement déçue quand ce dernier lui apprend que son idéal est l’argent et non la cause à laquelle elle s’est ralliée.

Image
Image
Au vu de l’histoire telle qu’elle est racontée ci-dessus, il est évident qu’on pouvait s’attendre à un film mouvementé et romanesque, non dénué d’intéressantes réflexions sur l’engagement, la loyauté ou l’appât du gain. Malheureusement le film échoue sur tous les tableaux. Le script de Niven Busch s’avère très mal rythmé, intempestivement bavard et guère captivant. Il faut dire que le scénariste ne m’a jamais vraiment passionné, estimant que ses meilleurs travaux auraient pu facilement sombrer dans le ridicule sans le génie des cinéastes s’en étant emparés ; je pense principalement à Duel au Soleil (Duel in the Sun) de King Vidor ou à The Furies d’Anthony Mann. Ici, l’ironie de certaines séquences s’allie mal avec le solennel pompeux de certaines autres, la construction de l’intrigue s’avérant tout aussi inharmonieuse, succession de courtes séquences d’action et de longues séquences parlées sans que les premières soient efficaces ni que les secondes soient prenantes. Il faut dire que les dialogues se révèlent bien mauvais, entre punchlines qui retombent à plat et messages répétitifs et très basiques sur la loyauté, les valeurs, le sens de l’honneur et les causes à défendre. Le martèlement des même thèmes remis sur le devant de la scène est au moins aussi intensif que la récurrence de mélodie de ‘La Cucaracha’ répétée jusqu’à plus soif au sein de la pénible, envahissante et assommante musique signée de l’inconnu (et pour cause) Leith Stevens. Autant dire qu’on aurait presque envie que l’armée mexicaine rapplique plus vite pour faire cesser les jérémiades de l’institutrice interprétée par Shelley Winters par exemple. Non pas que l’actrice soit mauvaise mais on a vite fait le tour de son personnage et l’on regrette à nouveau que, au vu du nombre de westerns dans lesquels elle est apparu, hormis Louis King au sein de l’excellent Frenchie (Femmes hors-la-loi), les réalisateurs du genre ne l’aient pas plus et mieux mis en avant.

Image
Image
Ses partenaires ne sont pas non plus à mettre en cause (quoique Joseph Calleia soit particulièrement inexpressif) mais, que ce soit Rory Calhoun (qui porte admirablement bien la chemise noire) ou Gilbert Roland (plutôt originalement et joliment costumé lui aussi), on ne peut pas dire qu’ils possèdent un charisme suffisant pour arriver à porter le film sur leurs épaules ou tout du moins sauver les meubles ; nous sommes quand même très loin de Burt Lancaster et Gary Cooper dans le film le plus célèbre a auparavant être sorti sur les écrans concernant la révolution mexicaine, à savoir Vera Cruz qui, malgré le fait qu’il ne me convainque pas totalement, se situe à cent coudées au dessus du film de George Sherman. Rien que dans l’écriture des personnages qui, dans Le Trésor de Pancho Villa sont quand même très peu développés et même sacrément monolithiques : le mexicain dont on se doute dès la première apparition qu'il sera le traître à la cause (Joseph Calleia), l’idéaliste héroïque dévoué corps et âme à Villa (Gilbert Roland, l’un des trois ‘ensorcelés’ de Vincente Minnelli), l’opportuniste aventurier qui n’est là que pour l’argent (Rory Calhoun, le rival de Robert Mitchum dans Rivière sans Retour) et la maîtresse d’école fidèle à ses idéaux et à la cause révolutionnaire (Shelley Winters que l’on ne présente plus, dans La Nuit du Chasseur la même année) : rien de bien fin ni de bien neuf et de plus, à côté de ça, les autres seconds rôles n’ont aucune vie propre. Un scénario guère palpitant (et c’est d’autant plus dommageable que l’intrigue, sur le papier, avait tout pour plaire), une interprétation assez moyenne et enfin une mise en scène indigne de George Sherman même si loin d’être honteuse ; il arrive encore de temps en temps à nous proposer quelques très beaux cadres.

Image
Image
Un détail semble démontrer le manque de motivation du cinéaste sur ce tournage ; un détail qui, pour ma part, ne me gêne pas outre mesure mais qui est une preuve flagrante du laisser-aller de la production : l’enseigne fifties de Coca-Cola qui ne passe pas inaperçue, à hauteur de la tête de Rory Calhoun durant une bonne vingtaine de secondes lors de la séquence de l’attaque de la banque. Malgré la mauvaise impression d'ensemble, on se sera quand même amusé de la façon qu’à Rory Calhoun de ne pas se départir de sa mitrailleuse qu’il nomme ‘Cucaracha’ et qu’il dit être son ‘assurance-vie’, on aura apprécié les vingt premières prometteuses minutes, on aura un peu tremblé lors de l’avancée des rebelles sur le rebord d’une falaise d’où un cheval dégringole et lors de l’explosion de la dynamite faisant s’écrouler un pan de montagnes au final. Entre temps, le film aura eu du mal à capter notre attention et on aura trouvé l’ensemble mou, prévisible et sans rythme ; bref, assez laborieux ! Une passe difficile pour George Sherman dont on espère qu’elle finira vite par prendre fin.
Filiba
Doublure lumière
Messages : 413
Inscription : 5 mai 12, 18:51

Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Filiba »

Aaaarrghh
je m'étais imaginé (je ne sais plus pourquoi) que le trésor de Pancho Villa était une pépite cachée comme last of the fast guns...
ça fait ça de moins à voir
Répondre