Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Alexandre Angel
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Message par Alexandre Angel »

Quel titre ça aurait fait A thousand hells at Papago Wells :mrgreen: !! (à retenir)
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :Quel titre ça aurait fait A thousand hells at Papago Wells :mrgreen: !! (à retenir)

Je crois que c'est le titre du roman de Louis l'amour dont est tiré le scénario :wink:
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Alexandre Angel
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit :
Alexandre Angel a écrit :Quel titre ça aurait fait A thousand hells at Papago Wells :mrgreen: !! (à retenir)
Je crois que c'est le titre du roman de Louis l'amour dont est tiré le scénario :wink:
Ah d'accord, merci!
C'est vrai que ça fait plus qu'une simple accroche publicitaire.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Message par Jeremy Fox »

Si Ciné+ classic respecte le format, le prochain à intégrer le parcours devrait être ce film :

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Puis dans cette même partie je poursuivrais suite aux sorties juillet de Sidonis avec :


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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Message par Jeremy Fox »

En 1959, il y eut The Jayhawkers de Melvin Frank

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Re: The Kentuckian

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit : L'Homme du Kentucky (The Kentuckian - 1955) de Burt Lancaster
UNITED ARTISTS


(...)

Donald MacDonald est le jeune acteur interprétant avec justesse le fils de Burt Lancaster ; il a remplacé Brandon DeWilde (le jeune garçon dans Shane) au départ pressenti (ce qui a du en faire souffler d’aise certains).
Et bien finalement je me demande si je n'aurais pas préféré DeWilde, c'est dire. :mrgreen:
La mono-expression de ce gamin m'a insupportée pendant 1h40, une tête à claque de première catégorie.

C'est quand même un film très décevant, au delà du côté un peu niais du propos - voire pire avec cette espèce d'éloge de l'inculture - on aurait pu espérer au moins une meilleure exploitation des décors, et un rythme plus soutenu. Hormis Walter Matthau, je ne sauve pas grand chose de ce film. Je comprends que Lancaster ait mit 20 ans à repasser derrière la caméra, et se soit fait aider de Roland Kibbee pour une seconde expérience bien plus probante.
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Re: The Kentuckian

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :
Jeremy Fox a écrit : L'Homme du Kentucky (The Kentuckian - 1955) de Burt Lancaster
UNITED ARTISTS


(...)

Donald MacDonald est le jeune acteur interprétant avec justesse le fils de Burt Lancaster ; il a remplacé Brandon DeWilde (le jeune garçon dans Shane) au départ pressenti (ce qui a du en faire souffler d’aise certains).
Et bien finalement je me demande si je n'aurais pas préféré DeWilde, c'est dire. :mrgreen:
:uhuh:
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Message par Jeremy Fox »

La Révolte des Seminoles de Earl Bellamy

idem, je rajouterais quelques images une fois que le testeur aura fait les captures du Bluray


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Re: The Hangman

Message par Supfiction »

Federico a écrit :
Jeremy Fox a écrit : Le Bourreau du Nevada (The Hangman - 1959) de Michael Curtiz

Rien de spécialement remarquable dans ce nouveau western mais un charme indéfinissable qui nous cueille dès le départ et qui ne nous lâche plus jusqu’au très bel Happy-End au cours duquel le regard de chien battu de Fess Parker (d’ailleurs très attachant, bien meilleur qu’en Davy Crockett) nous fait penser à postériori à celui de Robert Forster lors du sublime final de Jackie Brown de Quentin Tarantino.
100% d'accord sur le charme du film mais alors pas du tout pour la comparaison Parker/Forster. Et je n'écris pas ça parce que je place très très haut le joyau de Tarantino, enfin si un peu quand même... :wink: Il est bien sympa, cet échalas de Fess mais plus ça avance, plus il fait grand couillon façon poulet fermier de Tex Avery dans The hick chick. :mrgreen:
Et quel final à hurler avec ce grand zguègue trop facilement bon perdant (limite prêt à se proposer comme garçon d'honneur) et surtout l'insupportable air désolé et le gentil sourire gêné (surfaits et/ou très faux-derche) de Taylor...
Aux côtés de Robert Taylor, apportant au film une sympathique pointe d’érotisme, la superbe Tina Louise, aussi belle que talentueuse, son jeu étant très naturel et toujours juste. Elle interprète une femme qui a déjà bien vécu, qui a connu pas mal de tourments mais qui garde néanmoins la tête haute, ne geignant jamais sur son sort, toujours prête à aider son ex-amant malgré le fait qu’elle ait appris qu’il se soit marié, et ne concevant aucune jalousie à l’encontre de son épouse enceinte. Une femme très moderne qui sied à ravir à l’actrice que le metteur en scène ne se prive pas de profiter de son splendide physique, nous la montrant se baignant nue dans une baignoire puis dans une rivière, enfilant ses bas, se mettant en petite tenue, se faisant menotter aux barreaux du lit, traversant une rue superbement vêtue et faisant se retourner tout le monde sur son passage, y compris un chien ! Une séquence expressément humoristique et qui, tournée à la Warner, aurait sombré dans la vulgarité et la lourdeur ; au contraire ici, le tout reste assez léger, rien n’est appuyé.
Là, par contre, je plussoie en tout... sauf sur la séquence que tu évoques car elle n'est pas qu'humoristique. Elle contient aussi une idée assez géniale. :wink:
Mais qu’on ne s’y trompe pas, le film n’a rien d’une comédie ; excepté au travers les punchlines assez acerbes du Marshall et les réparties parfois vachardes de Selia, le scénario de Dudley Nichols demeure très sérieux malgré son absence de violence. Un scénariste qui a peu travaillé durant cette décennie mais qui, comme Robert Taylor, aura eu une belle brochette de films à son actif durant cette période : Rawhide (L’attaque de la malle-poste) d’Henry Hathaway, The Big Sky (La Captive aux yeux clairs) de Howard Hawks, The Tin Star (Du Sang dans le désert) d’Anthony Mann. Pour en revenir aux comédiens, Fess Parker s’avère étonnement irrésistible dans la peau de ce shérif doux et nonchalant, tombant amoureux de Selia sans que son amour soit réciproque, tout comme Jack Lord qui, après avoir été le psychopathe dans L’Homme de l’Ouest d'Anthony Mann, s’avère tout aussi convaincant dans le rôle de l’homme recherché qui se révèle être un ange de bonté et de probité, père et époux idéal, même s’il avoue avoir été tenté de suivre la mauvaise voie à un moment de sa vie où il ne savait plus comment survivre. Alors qu’il était méconnaissable dans le sombre western de Mann, on devine en revanche parfaitement ici son futur Steve McGarrett dans la célèbre série Hawaii police d’état : même mimiques, même gestuelle ; assez jubilatoire pour les fans de la série TV…
Si son personnage est en lui-même intéressant, le beau Jack Lord ne m'a pas fait une impression fabuleuse (je le trouve bien plus raccord avec sa gentille petite épouse qu'avec la sublime Tina). Idem dans un autre film où il est cette fois son mari : le très moyen Petit arpent du Bon Dieu.

En voyant ce film, on se demande bien comment Tina Louise n’a pas fait une plus grande carrière. Non seulement elle est totalement affolante (et particulièrement bien mise en valeur par Curtiz qui n’hesite pas à faire des plans en plongée sans pourtant tomber dans la vulgarité) mais elle est particulièrement juste et attachante. Et le rôle n’était pas aisé car la romance avec un Robert Taylor particulièrement antipathique était difficile à faire passer. La scène finale fait tout de même sourire mais bon ça fait parti du plaisir aussi.
Si jeremy ne l’avait pas mentionné, je n’aurai jamais reconnu « McGarrett » je dois dire.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Message par Jeremy Fox »

Tina Louise :oops:

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Re: Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Message par Jeremy Fox »

Partie 3 entièrement ré-illustrée, liens vérifiés. Plus qu'une !
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Re: The Proud Ones

Message par Supfiction »

Jeremy Fox a écrit :
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Le Shérif (The Proud Ones - 1956) de Robert D. Webb
20TH CENTURY FOX


Avec Robert Ryan, Jeffrey Hunter, Virginia Mayo, Robert Middleton, Walter Brennan
Scénario : Edmund H. North & Joseph Petracca
Musique : Lionel Newman
Photographie : Lucien Ballard (Technicolor 2,35)
Un film produit par Robert L. Jacks pour la 20th Century Fox


Sortie USA : Mai 1956


Avant de passer derrière la caméra, le peu connu Robert D. Webb fut un réalisateur de seconde équipe réputé, notamment sur les films d'Henry King avec Tyrone Power comme Capitaine de Castille ou Echec à Borgia (Prince of Foxes). En tant que cinéaste, sans génie dans ses mises en scène, il fit néanmoins du bon travail d’artisan consciencieux et sa technique fut quasiment irréprochable (même s’il fut parfois capable du pire avec par exemple le pénible et laborieux film d'aventure Tempête sous la mer - Beneath the 12-Mile Reef) ! White Feather (La Plume blanche) était un honnête western pro-indien avec déjà Jeffrey Hunter, mais à la vue de ce plaisant film, nous étions loin d'imaginer que le réalisateur serait ensuite capable de nous offrir un aussi bon western que celui qui nous concerne ici. Il est d'ailleurs fort dommage que The Proud Ones soit aussi inconnu au bataillon (même si sa réputation est plutôt flatteuse dans l'ensemble) d'autant qu'il préfigure peut-être le plus grand classique du genre (sans trop avoir à rougir de la comparaison), non moins donc que Rio Bravo d'Howard Hawks avec qui il partage d'innombrables points communs. Le titre français trouvé par Claude Chabrol (bravo à lui) a beau nous sembler trop 'simplissime', il s'avère en fait totalement justifié ; en effet, nous n'avions jamais eu encore l'occasion à cette date de tomber sur un western portant une aussi grande attention à ce métier et à la vie quotidienne de ces hommes de loi ; de multiples détails font que ce western pourrait être le plus intéressant d'un point de vue documentaire à ce propos. Le Shérif n'aurait bénéficié que de ce seul point positif que pour cette unique raison, il n'aurait pas fallu faire l'impasse dessus. Mais la question ne se pose pas puisque le film s'avère excellent.

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Avec leur immense convoi de bétails, des Cow-boys texans arrivent enfin à destination dans une petite ville du Kansas qui n'avait encore jamais eu l'occasion d'avoir une telle 'visite'. Il va sans dire que Cass Silver (Robert Ryan), le shérif, est un peu méfiant. Il préfère prendre les devants en allant informer les cow-boys que, s'il comprend parfaitement qu'ils aient envie de boire et de prendre du bon temps après un tel périple, il ne souhaite cependant pas que sa ville soit mise à sac ni qu'elle ne perde sa tranquilité. Mais outre les commerçants qui voient dans l'arrivée du passage d'une piste à bétail à proximité, une occasion pour leur ville de connaître une forte expansion ainsi qu'une opportunité de gagner un maximum d'argent, des étrangers peu scrupuleux qui reniflent aussi la manne financière viennent s'y installer et notamment l'escroc John Barrett (Robert Middleton) qui rachète le saloon pour en faire en même temps une salle de jeu. En plus du danger qui guette sa ville, le shérif est désormais confronté à un passé qu'il souhaitait ne plus voir ressurgir. En effet John Barrett et lui se connaissent bien pour avoir été ennemis à Keystone où le shérif officiait précédemment ; ce dernier était parti avant que ça ne dégénère suite à l'insistance de sa fiancée Sally (Virginia Mayo) qui avait peur qu'il se fasse abattre et qui tient désormais l'hôtel-restaurant de la petite ville. De plus, parmi les cow-boys nouvellement arrivés, se trouve le jeune Thad Anderson (Jeffrey Hunter) dont Cass tua autrefois le père à Keystone. Les concitoyens de Cass apprenent du coup en même temps la réputation de couard et de fou de la gachette de leur shérif. Mais la vérité n'est pas nécessairement celle que tout le monde veut bien croire : "You've heard all the lies. Now you can hear the truth" dit le shérif au jeune cow-boy. L'animosité entre Cass et John est telle que la violence éclate dans la ville jusque là si calme : les habitants demandent à leur homme de loi de démissionner ; un homme de loi de plus affaibli par une blessure qui le rend aveugle par intermittence...

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Une ville tranquille sur le point d'exploser démographiquement et économiquement suite au passage d'une piste pour le bétail à proximité ; la violence dans le sillage des convoyeurs de troupeaux, les cow-boys étant prêts à tout saccager pour prendre du bon temps suite à un périple mouvementé ; les notables et commerçants qui se frottent les mains, préférant perdre leur tranquilité au profit d'une nouvelle manne financière ; ces mêmes personnes qui du coup aimeraient que leur shérif soit moins consciencieux au point de trouver la première excuse pour lui proposer de démissionner ; une femme poussant son fiancé à quitter les villes qu'il protège dès qu'un danger se précise pour pouvoir l'épargner ; la rivalité entre l'homme de loi et l'escroc qui chercher à dominer la ville ; l'envie de vengeance d'un cow-boy envers le shérif qu'il accuse d'avoir tué son père alors que ce dernier semblait n'être pas armé ; un shérif à la réputation de fou de la gachette... Rien de bien nouveau ; on a déjà vu ces éléments d'intrigues à maintes reprises. On pense notamment à High Noon (Le Train sifflera trois fois) de Fred Zinnemann ainsi qu'à Un Jeu risqué (Wichita) de Jacques Tourneur pour ne citer que les westerns les plus célèbres reprenant quelques unes de ces situations et surtout celle qui voit un homme de loi seul contre tous y compris ses concitoyens. Mais on pense aussi surtout à postériori à Rio Bravo qui ne sera tourné que trois ans plus tard et qui reprendra d'encore plus nombreuses situations de The Proud Ones ainsi qu'un Stumpy tout droit sorti du film de Robert D. Webb : non seulement le personnage est ici et là un vieux gardien de prison (cependant moins loquace et moins grognon dans Le Shérif) mais son interprète est également le même, l'inoubliable Walter Brennan. Dans les deux films, l'homme de loi devra faire son travail avec une blessure très affaiblissante ; dans les deux films, on verra le shérif et son adjoint arpenter les rues de la ville à la nuit tombée ; dans les deux films un jeune homme au sang chaud viendra se mêler à la bataille ; dans les deux films les protagonistes passeront une bonne partie de leur temps à la prison où ils doivent surveiller deux des tueurs à gages du 'Bad Guy' ; dans les deux films, le violent règlement de comptes final aura lieu dans une étable ou une grange... Arrêtons nous-en là des comparaisons car elles sont encore très nombreuses. Il fallait juste rendre justice au film de Webb, les situations que nous adorons dans le chef-d'oeuvre de Hawks (certes toujours difficilement surpassable) ayant déjà presque toutes été en place dans ce très bon The Proud Ones.

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Un film qui débute dans les plaines, le shérif venant rendre visite aux cow-boys avant qu'ils ne viennent prendre du bon temps dans sa ville, leur faisant un speech bien carré et déterminé afin de ne pas avoir à prendre les armes par la suite ("Just a minute, boys. I know you're anxious to get into town and cut loose ; well, the people in town are waitin' for you. You're the first trail crew to come in here and I don't want any trouble, so let's keep everything nice and peaceful. Anybody draws a gun, I got to go to work... I don't like hard work. My goal is to be the oldest living marshal west of Kansas City.") ; ce sera l'une des seules séquences du film se déroulant à l'extérieur de la ville avec aussi celle de l'entraînement au tir. Amateurs de grands espaces soyez donc prévenus afin de ne pas être déçus : il s'agit d'un western urbain (l'un des tous meilleurs) tourné entièrement à Burbank tout près d'Hollywood. Si les amateurs d'action risquent aussi d'être en manque, le cinéaste ne les aura pas oublié, leur ayant concocté un long règlement de comptes final d'une dizaine de minutes à l'intérieur d'une étable, séquence superbement montée et mise en scène, ne manquant ni de suspense ni d'images violentes puisque c'est l'une des premières fois que l'on verra de forts impacts de balles. Avant d'en arriver là, les auteurs nous auront servi une intrigue intelligente et constamment captivante rehaussée par des personnages formidablement bien écrits. Il faut dire qu'ils n'ont pas lésiné sur les situations de départ à forte teneur dramatique, le tout habilement mixé, parfaitement rythmé, subtilement mis en place. Essayons d'en faire de même ! Cass est un shérif honnête et droit qui semble se faire respecter. Il a pour second un homme timide qui ne va pas tarder à avoir un enfant, et pour gardien de prison un vieil édenté peu loquace passant sa journée à surveiller les prisonniers en lisant son journal. Leur petit train-train quotidien va prendre fin le jour où un convoi de bétails arrive pour la première fois aux alentours de la ville. Les premières séquences montrant l'effervescence de la petite cité sont parfaites et tout à fait convaincantes ; rarement nous avions pu voir une petite ville du Far-West aussi vivante, le réalisateur ayant eu les moyens de faire tourner de nombreux figurants. Les commerçants et artisans de bichonner leurs boutiques tout en n'oubliant surtout pas d'augmenter considérablement leurs tarifs (le shérif s'en rendra compte pour la première fois en sortant de chez son coiffeur qui lui a demandé le double de la somme habituelle) ; les notables de faire décorer la ville ; les étrangers attirés par l'odeur de l'argent frais d'ouvrir des saloons et salles de jeu modernes...

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Le décor est remarquablement bien planté ; aux protagonistes de faire leur entrée en scène et aux spectateurs de devoir enregistrer de multiples informations qui restent cependant d'une grande clarté, le scénario étant d'une parfaite limpidité malgré les innombrables ressorts dramatiques mis en place. Le shérif a quitté très rapidement la ville de Keystone après avoir tué un homme que l'on a dit désarmé ; on l'accuse alors à la fois de couardise et d'être un fou de la gâchette puis sa réputation le rattrape très rapidement dans la nouvelle cité où il officie. En effet deux hommes de Keystone arrivent ici peu après ; l'homme d'affaire véreux avec qui il avait eu maille à partir et devant qui il paraissait s'être effacé ainsi que le fils de l'homme qu'il avait abattu et qui cherche désormais à venger son père. Mais la vérité est différente de ce que tout le monde croit. L'homme abattu était un tueur à gages dont il s'est débarrassé en état de légitime défense et s'il a quitté la ville suite à cette dramatique affaire, c'est poussé par sa maîtresse qui avait peur que son amant reste sur le carreau, sa situation là-bas devenant extrêmement dangereuse. Sally est d'ailleurs sur le point de le forcer à partir une nouvelle fois lorsqu'elle se rend compte que le danger se fait de nouveau de plus en plus pressant. Mais cette fois Cass, trop fier, ne veut pas fuir à nouveau de peur que les fausses idées qu'on se fait de lui continuent à s'intensifier. "Pride can kill a man faster than a bullet" lui dira en pleine ville l'un des nouveaux tueurs à gages engagés par son rival afin de faire place nette. Mais cette fois, il est bien déterminé à débarrasser la ville du malhonnête propriétaire du saloon ; et pour se faire, il va réussir à obtenir de l'aide de son second ennemi, le jeune vengeur, après qu'il l'ait presque convaincu de sa propre version des faits. Une situation passionnante que la relation entre les deux hommes, sans cesse changeante et qui évolue de la plus belle des manières ; il faut dire que le personnage de Thad est d'une profonde richesse, interprété par un Jeffrey Hunter qui tient peut-être ici son meilleur rôle (avec plus tard celui de Jésus dans Le Roi des rois de Nicholas Ray). Un personnage qui ne sait pas sur quel pied danser et à qui faire confiance, mais qui deviendra finalement un allié précieux pour l'assassin de son père. Le paroxysme de leur relation plutôt tendue aura lieu lors de cette superbe séquence en extérieur d’entraînement au tir au pistolet après que Thad ait accepté d'entendre avec difficulté tout le mal qu'il fallait penser de son paternel et de porter l'étoile d'adjoint.

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Si Thad a été embauché par Cass, c'est après que le précédent adjoint de ce dernier lui ait demandé de démissionner, voulant fuir le danger qui se fait pressentir, de peur de ne pas pouvoir profiter de son enfant qui ne va pas tarder à naître. Encore une superbe séquence d'une belle sensibilité que celle au cours de laquelle le comédien Arthur O'Connell vient faire sa demande de démission tout en étant profondément désolé et honteux. Sur quoi Robert Ryan accepte avec une compréhension qui lui fait honneur, sans jamais lui faire porter sur la conscience la situation délicate dans laquelle il le laisse ("Sure I Understand"). Puisque nous voilà à l'intérieur du bureau du shérif qui fait également office de prison, profitons en pour redire à quel point ce western est superbe d'un point de vue purement 'documentaire'. Outre cette scène de 'démission', souvenez-vous avoir déjà vu auparavant de tels détails : l'adjoint du shérif, ayant fini son service, venir ranger son étoile et son revolver 'de travail' avant de s'en retourner chez lui tel un employé de bureau ; les hommes de loi arpenter les rues à la nuit tombée pour constater si tout est en ordre, faire attentivement tout le tour de la maison de jeu en pleine effervescence afin de vérifier que tout est bien légal, aller dîner dans un véritable restaurant qui ne ressemble en rien à un saloon ; le gardien de prison rester constamment sur sa chaise un journal à la main, l'autre main sur la gâchette prêt à tirer ; des repas pris, pour les plus démunis, en extérieur sous une tente ; des commerçants réajuster le prix à la hausse sur les étiquettes de leurs marchandises... Tout un tas de petites notations qui ne font guère avancer l'intrigue mais qui rendent le film plus crédible et bougrement plaisant. Revenons à l'autre homme travaillant dans le bureau du shérif, le gardien de prison, superbement interprété par un Walter Brennan pour une fois très peu loquace, faisant tout passer par le regard. Malgré son peu de temps de présence à l'écran, le scénariste lui aura néanmoins donné une très belle scène, celle où il soigne la blessure de son patron en lui versant du liniment (en fait du whisky) dessus. On ne voit pas beaucoup le comédien mais il ne nous déçoit pas.

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Quant au 'Bad Guy', il est superbement et sobrement interprété par l'imposant Robert Middleton qui n'en fait pas des tonnes, au contraire très posé et tempéré, ce qui arrive à nous le rendre attachant. Un inoubliable méchant de cinéma entouré par des tueurs à gages qui ont les têtes des inquiétants Ken Clark et Rodolfo Acosta, tous deux tout aussi excellents. En revanche, on pourra trouver à redire du personnage féminin joué par Virginia Mayo, l'une des comédiennes ayant eu le plus de westerns à son actif ; non pas qu'il soit inintéressant (nous avions encore rarement eu l'occasion de tomber dans un western sur une femme de tête aussi déterminée, prenant même très souvent l'ascendant sur son amant, et de ce fait pas spécialement sympathique de prime abord voire même assez désagréable) mais n'ayant pas assez de temps pour s'exprimer et se faire valoir. Il aura néanmoins son importance sur le déroulement de l'intrigue puisque ce sera celui qui fera constamment prendre conscience au shérif du danger qu'il encoure même si ce dernier s'en doute bien tout en en faisant fi. Après avoir commencé sa carrière dans le western au sein de beaucoup trop de films médiocres, mais après s'être rattrapé par ses rôles mémorables dans Le Traître du Texas (Horizons West) de Budd Boetticher ainsi que dans Les Implacables (The Tall Men) de Raoul Wash, Robert Ryan est de nouveau impérial, sauf peut-être dans les quelques séquences où il perd la vue au cours desquelles il semble en faire un peu trop. Mais la faute en incombe surtout à la musique de Lionel Newman, souvent inappropriée à la situation, notamment, avec moult stridences de violon un peu pénibles, au cours de ces séquences dramatiques où Cass se sent devenir aveugle. D'ailleurs, hormis le thème principal sifflé qui colle assez bien avec le générique, le même reviendra jusqu'à plus soif à des moments innoportuns pendant lesquels on s'en serait bien passé. De même, lors des séquences mouvementées, la musique se fait bien trop grandiloquente, aussi peu discrète et subtile que le scénario se révèle au contraire l'être.

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S'il est une séquence particulièrement mémorable, outre la confrontation psychologique Ryan/Hunter en extérieurs ainsi que le long duel final, c'est celle au cours de laquelle, poussé à démissionner, Robert Ryan, plein de noblesse, fait un discours très convainquant pour stigmatiser ses concitoyens à qui il reproche d'être aussi méprisables et opportunistes que l'escroc notoire, aussi voleurs et profiteurs que lui : "The minute you people smelled money, this town got an attack of larceny. I don't blame it on Barrett ; I blame it you. You're supposed to be respectable. You talk about law and order ; you'd sell out for a copper penny - any one of you. You're robbin' and stealin' the same as he is, with your fifty dollar boots and your twelve dollar hotel rooms. If I was on this council, I couldn't look in the mirror without vomiting !"Une séquence très puissante qui laisse les participants ébahis et bouches bées ; une belle défense de la probité face à des hommes prêts à abdiquer la quiétude, la loi et l'ordre pour la rentabilité et l'argent.

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Une interprétation plus que solide avec en prime une multitude d'excellents seconds rôles (Paul Burns en attachant alcoolique entre autres), des thèmes classiques et rebattus mais intégrés à un scénario rigoureux et adulte, des dialogues de très bonne tenue ainsi qu'une mise en scène très efficace qui bénéficie d'une superbe direction artistique de Lyle Wheeler, d'une photographie magnifique de Lucien Ballard avec des éclairages de nuit absolument fabuleux. Un film qui prend le temps d'installer ses situations, de décrire ses personnages et ses enjeux, pour un résultat vraiment réussi et plein de suspense grâce notamment à ce ressort dramatique de l'infirmité progressive du shérif. Un des très grands 'westerns urbains', presque à l'égal d'un Wichita (Un jeu risqué) de Jacques Tourneur. Un western noble et subtil qui avait eu un très beau succès à sa sortie aux USA et qui mérite qu'on le découvre ou redécouvre dans notre contrée où il est en revanche passé plutôt inaperçu.

J’approuve totalement ce texte sur le très recommandable Le sheriff / The proud ones. Si Walter Brennan et Virginia Mayo sont un peu sous-exploités, la très bonne surprise du film se trouve être Jeffrey Hunter qui a le rôle le plus intéressant et qu’il interprète de façon très convaincante, une gueule à la Elvis en prime. Dire que la même année il jouait également dans La Prisonnière du désert et que l’année suivante il jouait pour Nicholas Ray, on peut se demander pourquoi sa notoriété n’a pas décollé davantage.
Dernière modification par Supfiction le 8 mars 19, 19:51, modifié 1 fois.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit :J’approuve totalement ce texte sur le trait recommandable Le sheriff / The proud ones.
Là, nos chemins se séparent (mais c'est pour mieux nous retrouver par la suite :D ).
Je trouve ce film académique au possible et fade.

Patapé.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :
Supfiction a écrit :J’approuve totalement ce texte sur le trait recommandable Le sheriff / The proud ones.
Là, nos chemins se séparent (mais c'est pour mieux nous retrouver par la suite :D ).
Je trouve ce film académique au possible et fade.

Patapé.

:o :cry: L'as tu revu récemment ?

Et sinon j'aime énormément aussi Jeffrey Hunter, le meilleur des Jésus.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Message par Supfiction »

Alexandre Angel a écrit :
Supfiction a écrit :J’approuve totalement ce texte sur le trait recommandable Le sheriff / The proud ones.
Là, nos chemins se séparent (mais c'est pour mieux nous retrouver par la suite :D ).
Je trouve ce film académique au possible et fade.

Patapé.
Personne ne dit que c’est un chef-d’œuvre. Je dis juste que j’ai passé un bon moment et que pour voir vu Wichita (qui lui est supérieur) il y a quelques jours, j’ai été frappé par l’exploitation des mêmes ressorts concernant les notables et commerçants de la ville qui sont pour l’ordre jusqu’à un certain point et à condition que cela n’entrave pas le business. Toute une idée de l’Amérique.
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