Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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daniel gregg
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par daniel gregg »

Je sais pas, vu que tu ne vas rien dire sur le film, j'imagine des choses incroyables. :lol:
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Oublions ce fâcheux épisode au plus vite : la semaine prochaine, le très bon

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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Jeremy Fox a écrit :Arbitrairement peut-être (car chacun a ses délimitations d'un genre et nous avons déjà abordé le problème en début de première partie), mais pour The Naked Dawn (Le Bandit) de Ulmer, comme pour Le Trésor de la Sierra Madre, Stars in my Crown, Le Gaucho ou deux ou trois autres titres, je fais marche arrière, ne les considérant pas, pour des raisons d'époque, de lieu ou autre, comme étant vraiment des westerns.
Si j'arrive à boucler mon parcours, je reviendrais peut-être sur tous ces films à la marge du genre auquels je pourrais rajouter d'autres tels Seuls sont les indomptés ou Le Plus sauvage d'entre tous. Et puis je n'ai pas dit mon dernier mot concernant des films comme Le Gaucho ou Le bandit que je pourrais peut-être réévaluer si je les vois à partir de copies meilleures que celles passées lors des diffusions TV. Je les prendrais donc chez Sidonis et je les regarderais de nouveau sans à priori car je me dis être peut-être passé à côté de quelquechose en relisant vos propres avis.

Voilà.
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hellrick
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par hellrick »

Jeremy Fox a écrit :Si j'arrive à boucler mon parcours, je reviendrais peut-être sur tous ces films à la marge du genre auquels je pourrais rajouter d'autres tels Seuls sont les indomptés ou Le Plus sauvage d'entre tous.
Tiens j'ouvre une paranthèse au sujet du "western moderne" (que j'appelerais ainsi faute d'une appellation plus adéquate, disons des films qui reprennent à notre époque quelques codes du genre avec un généralement un sherif ou un type qui rend justice dans une ambiance de polar moite...bon définition assez bancale mais je pense que vous avez saisi l'idée générale ), vous me conseillez quoi dans le genre outre les titres cités par Jeremy auquel j'ajoute déjà Un homme est passé, Lone Star, 3 enterrements, Red Hills, Oeil pour Oeil et éventuellement No country for old men ?
(et peut-être dernier rempart d'après la bande annonce :fiou: )
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

hellrick a écrit : vous me conseillez quoi dans le genre outre les titres cités par Jeremy auquel j'ajoute déjà Un homme est passé, Lone Star, No country for old men ?

J'allais justement te conseiller ces trois superbes titres avant de voir que tu les avais cité, n'ayant pas du tout aimé trois enterrements en revanche. A part ça, je ne vois pas trop.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Rick Deckard »

Brokeback Mountain ? (c'est avec des cow-boys...)

The Hi-Lo Country de Stephen Frears ?..
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

Rick Deckard a écrit : The Hi-Lo Country de Stephen Frears ?..
Oui, très bon western moderne romantique.
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hellrick
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par hellrick »

Ok, merci, je note vos conseils romantiques pour la St Valentin :wink:
Même si je pensais à des films plus "musclés" :D
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par pak »

Ben y a Extrême préjudice de Walter Hill, sorte d'hommage à la Horde Sauvage avec un carnage final similaire, mais c'est tellement connu que tu as dû le voir.

Autre Walter Hill, mais pour le coup très mauvais, Dernier Recours, à l'ambiance western puisque ça se veut un remake de Yojimbo qui a lui-même inspiré Leone pour son Pour une poignée de dollars. Mais ça aussi c'est très connu...

J'ai un bon souvenir du film Le Souffle de la tempête (Comes a Horseman) d'Alan J. Pakula, sorti en 1978, avec James Caan, Jason Robards et Jane Fonda. Mais c'était il y a longtemps et ça a peut-être mal vieilli.

Le Mors aux dents (The Rounders) de Burt Kennedy (1964) était sympa. Autre petit film sympa, Les Aventuriers du désert (The walking hills) de John Sturges (1949, un de ses premiers films) : ça commence comme un polar de série B, et ça vire au western itou... La Poursuite impitoyable (The chase) d'Arthut Penn peut être aussi considéré comme un western moderne je trouve.

Le Cavalier électrique (The Electric Horseman) de Sydney Pollack, à ranger à côté des Brokeback Mountain et The Hi-Lo Country...

Y a aussi Renegade avec Terence Hill... Heu, non, je déconne...
Dernière modification par pak le 18 janv. 13, 18:56, modifié 1 fois.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Jeremy Fox »

pak a écrit : Autre petit film sympa, Les Aventuriers du désert (The walking hills) de John Sturges (1949, un de ses premiers films) : ça commence comme un polar de série B, et ça vire au western itou...
Ok pour tout le reste, surtout pour le Penn mais ce Sturges là m'a ennuyé comme ce n'est pas permis.


Jamais vu le Pakula en revanche même si j'en ai entendu parler. Je vais me pencher sur son cas.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par pak »

Ah oui, je crois t'avoir lu à propos du Sturges, c'est marrant, car je pensais que c'était un film qui aurait pu te plaire.

Sinon me revient en mémoire de mon adolescence Jeu De guerre (War Party) de Franc Roddam, qui raconte une reconstitution de la bataille de Milk River qui vire au désastre et réveille les relents racistes envers les indiens. J'avais bien aimé à sa sortie.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Pat Wheeler »

Jeremy Fox a écrit :comme pour Le Trésor de la Sierra Madre [...] ou deux ou trois autres titres, je fais marche arrière, ne les considérant pas, pour des raisons d'époque, de lieu ou autre, comme étant vraiment des westerns.
Assez d'accord, je l'ai toujours davantage assimilé à un film d'aventures qu'à un western malgré les nombreux cinéphiles qui le classent dans celui-ci.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par hellrick »

Merci pour les conseils, à part les Walter Hill vus du temps de la vhs et des vidéoclubs (c'est dire) je ne connaissais pas les autres, sauf le Penn qui ne m'avais pas trop emballé :wink:
J'ai aussi Junior Bonner en dvd, je suppose qu'on peut le classer comme ça également mais je ne m'en souviens plus du tout :oops:
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Man with the Gun

Message par Jeremy Fox »

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L’Homme au Fusil (Man with the Gun - 1955) de Richard Wilson
UNITED ARTISTS


Avec Robert Mitchum, Jan Sterling, Ted de Corsia, Karen Sharpe, Henry Hull, Emile Meyer
Scénario : Richard Wilson & N.B. Stone Jr
Musique : Alex North
Photographie : Lee Garmes (Noir et blanc 1.37)
Un film produit par Samuel Goldwin Jr. pour la United Artists


Sortie USA : 05 Novembre 1955


Dans le domaine du western, Robert Mitchum venait de tourner coup sur coup dans des films de réalisateurs très réputés : pour William Wellman dans Track of the Cat puis pour Otto Preminger dans Rivière sans Retour. Et juste quelques mois plus tôt le film qui nous concerne ici, nous pouvions l’admirer dans son rôle le plus marquant, celui de l’étrange pasteur de La Nuit du Chasseur (Night of the Hunter) de Charles Laughton. La notoriété de Man with the Gun est évidemment bien inférieure ; cependant, Mitchum a accepté de le faire en refusant deux autres propositions et non des moindres : tout d’abord le rôle de Jett Rink (écrit spécialement pour lui) dans Géant de George Stevens ainsi que le tournage de ce qui devait être le deuxième film de Charles Laughton, une adaptation des Nus et des Morts de Norman Mailer (plus tard réalisé par Raoul Walsh). Autant dire que le comédien dût s’en mordre les doigts même si L'Homme au Fusil est une jolie réussite. Il s’agissait du premier film produit par Samuel Godwin Jr (le fils de son célèbre homonyme) dont la dernière production aura été le splendide Master and Commander de Peter Weir, ainsi que le premier film réalisé par un des protégés d’Orson Welles, Richard Wilson. Avant cette première expérience derrière la caméra, Wilson fut donc aux côtés de Welles régisseur du fameux Mercury Theatre, acteur radiophonique notamment dans l’adaptation de la guerre des mondes qui fit couler tant d’encre, et enfin producteur délégué sur deux de ses films, La Dame de Shangaï et Macbeth. Son western, avec un faible budget, relate la traditionnelle histoire d’un tireur d’élite dont les services sont loués par les citoyens d’une petite ville afin de la ‘pacifier’.

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Clint Tolliger (Robert Mitchum) arrive dans la petite ville de Sheridan où il sait que vit son ex-épouse Nelly (Jan Sterling). Elle s’est enfuie voici quelques années ne pouvant plus supporter d'avoir pour mari un homme qui mettait quotidiennement sa vie en danger ; en effet, ce dernier, grâce à son habileté dans le maniement des armes, s’était spécialisé dans le ‘nettoyage’ des petites villes. A Sheridan, Clint vient juste prendre des nouvelles de Nelly et de leur petite fille de 5 ans qu’il n’a quasiment jamais vue. Il espère dans le même temps se réconcilier et recommencer une vie commune avec sa femme qui travaille désormais comme Saloon Gal dans l’établissement tenu par Frenchy Lescaux (Ted De Corsia). Mais Nelly semble ne pas vouloir reprendre leur ancienne relation ; Clint décide néanmoins de rester dans la ville, s’étant immédiatement rendu compte qu’elle aurait besoin de son aide. En effet, sa réputation de ‘Town Tamer’ l’ayant suivi, le conseil municipal dirigé par le maréchal ferrant (Emile Meyer) décide de l’embaucher pour mettre un terme au diktat du potentat local, l’intouchable Dade Holman qui ne sort d’ailleurs jamais de chez lui, laissant son ‘armée privée’ imposer sa propre loi. Clint accepte à la condition que personne ne vienne entraver son travail, décidant seul des méthodes à employer. Le jeune Jeff Castle (John Lupton) résiste actuellement seul contre les sbires d’Holman ; il vient d’ailleurs de les chasser de sa future propriété à coups de fusil. Sa vie ne tient désormais qu’à un fil mais il refuse de céder malgré les réprimandes de sa fiancée (Karen Sharpe), la fille du maréchal-ferrant, qui ne supporte pas la violence. Quant à Clint, il ne perd pas de temps et, pour 500 dollars, commence son ‘ménage’ sans aucun scrupule, épaulé par le shérif (Henry Hull) qui jusqu’ici n’avait jamais osé lever le petit doigt. Les notables, eux, commencent à se les mordre d’avoir embauché un homme encore plus violent que ceux qu’il doit combattre...

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Après un sobre générique sur fond de trame grise, accompagné d’un thème assez grave mais immédiatement entêtant signé Alex North (qui fait d’ailleurs penser à un de ceux qu’il écrira plus tard pour Spartacus de Stanley Kubrick), la musique se tait et fait place à l’arrivée d’un cavalier dans la rue principale en pente d’une petite ville de l’Ouest qui ressemble à tant d’autres. Il s’agit du comédien Leo Gordon, habitué des rôles de ‘bad guys’ dans d’innombrables westerns ou films noirs, et dont les petits yeux inquiétants (d’un bleu électrique dans les films en Technicolor) glacent le sang. Le chien d’un tout jeune garçon vient lui aboyer dessus alors qu’il avance doucement sur sa monture ; ni une ni deux, il sort son revolver et lui tire dessus, le tuant sur le coup. Le garçon vient s'effondrer et pleurer sur le cadavre de la bête tandis que l’homme continue son chemin sans se retourner. Aucun habitant ne semble pressé de venir voir ce qui s’est passé ; apeurés ou habitués ? Un autre homme seul arrive à son tour sur un thème musical tout aussi magnifique que celui du début mais bien plus mélancolique, plus doux, presque nostalgique. Il s’agit du personnage joué par Robert Mitchum dont, à cause du thème musical qui lui est attribué d’emblée, on peut penser au départ qu'il est un homme d’une grande douceur et d’une honnêteté à toute épreuve ; l’impassible héros pur et dur de nos rêves d’enfance. Au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire on se rendra compte que ce n’est pas vraiment le cas, que des parts d’ombres se dévoileront au sein de sa personnalité, et on apprendra qu’il eut un passé trouble et troublé qui l’ont quelque peu déstabilisé. S’ensuivent les rencontres de Mitchum avec les habitants de la ville et en à peine cinq minutes, les bases de l’histoire, ses tenants et ses aboutissants, sont posées. Tout le début du film est superbe, d’une formidable concision, d’une violence inattendue (un homme qui tue le chien d’un enfant, nous n’avions encore jamais vu ça) et d’une précision remarquable, l’austère mais splendide noir et blanc de Lee Garmes achevant de nous combler, la description des rues de la ville faisant montre également d’une belle appréhension de l’espace.

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La suite ne déméritera pas même si dans l’ensemble la mise en scène manque par trop de personnalité, les scènes d’action de punch et le scénario d’intensité pour en faire un grand western. De plus, on peut regretter l’apparition à mi-film du personnage du marchand de whisky dont on ne comprend pas d’emblée l’intérêt, de témoin des évènements se révélant d'un coup un rouage très important de l’intrigue, à l’origine d’un coup de théâtre et d’un retournement de situation qui n’étaient pas nécessaires et qui cassent un peu l’austérité de ton et le réalisme de l’ensemble. Après la fabuleuse séquence paroxystique de l’incendie du saloon par un Robert Mitchum complètement perturbé suite à l’annonce d’une mauvaise nouvelle et qui pète littéralement les plombs, le dernier quart d’heure qui s’ensuit s’avère du coup assez décevant en comparaison, aussi par la faute de cette astuce du scénario consistant à nous révéler un guet-apens qui n’avait pas lieu d’être à mon avis et qui ne colle donc pas très bien avec une intrigue qui ne semblait pas devoir se transformer en histoire à suspense. Néanmoins, l’apparition du despote dont on a entendu parler pendant tout le film sans jamais le voir, est aussi forte qu’on pouvait s’y attendre, l’imposant comédien, sans une seule parole, s'avérant aussi terrifiant que nous avions pu l’imaginer, pure incarnation du mal ! Même si le film de Richard Wilson ne peut prétendre rivaliser avec d’autres westerns plus célèbres décrivant les petitesses, les mesquineries et le manque de courage d’une population laissant ainsi la peur et la dictature de la violence s’installer dans leur ville, il n’en demeure pas pour autant moins passionnant la plupart du temps grâce surtout à de superbes dialogues très incisifs, à une interprétation de premier ordre de la plupart des comédiens d'un imposant casting, et à une mise en scène qui ne cherche jamais à être virtuose mais qui s'avère très précise et qui ne rechigne cependant pas devant quelques superbes plans comme celui voyant Mitchum en haut de la grange tenant en joue des hommes cherchant à le liquider, cet autre de la réunion du conseil municipal se terminant sur l'apparition sur le devant de la scène du même Mitchum que l’on éclaire en pleine face alors qu’il était resté jusqu'à présent dans l’ombre, ou encore celui de l'imposant lustre posé au milieu du saloon…

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Et puis aucun manichéisme comme on pouvait s'en douter au vu de ces premiers éléments de description : les méthodes du ‘nettoyeur’ ne s’avèrent guère plus recommandables que celles de ses ennemis, n’hésitant pas lui non plus à appuyer un peu vite sur la gâchette. Il fallait tout le talent de Robert Mitchum pour interpréter ce personnage sans pitié qui manie l’ironie avec jubilation tout en montrant des signes de lassitude ; protagoniste ambigu et violent, psychiquement pas très équilibré malgré son impassibilité de facade, ne croyant qu’au pouvoir des armes et capable de coups de folie. Quand il se rend compte que son ex-femme non seulement ne l’aime plus mais lui apprend dans la foulée une nouvelle qui le terrasse, afin de l’évacuer et ne plus y penser, il manque de peu de détruire la ville entière ; en effet, suite à son emportement démesuré, l’incendie qu'il déclenche expressément dans le saloon n'est pas loin de se propager sur les habitations alentours. Tout en étant inquiétant, on le prend en pitié lorsqu’on voit son regard décontenancé suite à ce geste totalement disproportionné. Les méthodes qu'il emploie vont faire prendre conscience aux citoyens qu’elles pourraient se retourner contre eux (risquant par la même occasion de faire péricliter leurs commerces) et qu’ils ont peut-être fait une erreur en embauchant le ‘Town Tamer’ dont ils veulent désormais se débarrasser. A un moment, ils se demandent même si la ‘dictature’ imposée par Hollman n’est pas un moindre mal, arrivant égoïstement à continuer leurs activités malgré une moins grande liberté de mouvement leur étant accordée. Une réflexion vraiment intéressante sur la lâcheté et l’appât du gain qui font parfois s’accorder avec les régimes totalitaires dans un soucis de relative tranquillité pour les mieux placés. Pour écrire son scénario, Richard Wilson s’est associé à N.B. Stone Jr dont ce sera l’un des seuls travaux pour le cinéma, s’étant par la suite dirigé vers la télévision où il signa d’innombrables épisodes de séries presque exclusivement westerniennes.

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Un thème principal pas forcément nouveau ni très original (que le cinéaste reprendra la décennie suivante dans son deuxième western, Le Mercenaire de Minuit avec Yul Brynner) mais auquel on lui adjoint ici quelques intéressantes variations ; un sujet en tout cas toujours source de tensions, de riches portraits psychologiques en même temps que d’une réflexion sociale et politique sur la domination d’une communauté par un seul homme et sur les méthodes à employer ou non pour lutter contre celui qu’encore personne n’a osé braver jusqu'ici. Pour nous interpréter ce western psychologique urbain au milieu de ces décors assez austères (mais qui nous permettent justement de mieux nous concentrer sur les personnages), des comédiens hors pair pour entourer l’impassible Robert Mitchum, à commencer par Jan Sterling dans le rôle de son épouse devenue glaciale à son égard, un Henry Hull (c’était le journaliste du dytique Jesse/Franck James avec Henry Fonda) plus sobre qu’à l’accoutumée dans celui du shérif, et encore plein de trognes bien connues des amateurs du genre comme Emile Meyer (le shérif dans Stranger on Horseback de Jacques Tourneur ou Silver Lode d’Allan Dwan) mais aussi Ted de Corsia, John Lupton, la charmante Karen Sharpe (épouse du producteur Stanley Kramer), Leo Gordon et même, presque dans leurs premiers rôles à l'écran, Claude Akins et Angie Dickinson.

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Sans fioritures, ce western austère et très sombre n’en oublie cependant pas l’humour, témoin la séquence se déroulant à la fête de charité. Sinon, les dialogues acérés n’en sont pas avares non plus ; le docteur à propos de Clint Hollister pour le décrire au chef du conseil municipal lui présente ainsi : "Might call him a town doctor, too. Ponca was a mighty sick town. Clint operated on it. Patient lost a lot of blood - but lived." Sinon le film se fait surtout remarquer par un réalisme assez minutieux dans la manière de montrer les gens au travail, à travers l’attention portée aux costumes et aux décors (même minimalistes) ainsi que, même si la plupart des protagonistes manquent un peu d’épaisseur, par une psychologie des personnages assez recherchée à travers l’observation de leurs comportements seuls et en groupe. Un western dépouillé et assez froid en fin de compte mais une très belle réussite à l’instar de sa musique, entre classicisme et modernisme (certains passages accompagnés seulement d’accords à la guitare sèche), signée par le grand Alex North qui avait déjà composé auparavant quelques scores remarquables pour des films d’Elia Kazan tels Un Tramway nommé Desir ou encore Viva Zapata ! Un western qui pourrait plaire au plus grand nombre et même à ceux que le genre rebute à priori !
Lord Henry
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55

Message par Lord Henry »

hellrick a écrit : Tiens j'ouvre une paranthèse au sujet du "western moderne" (que j'appelerais ainsi faute d'une appellation plus adéquate, disons des films qui reprennent à notre époque quelques codes du genre avec un généralement un sherif ou un type qui rend justice dans une ambiance de polar moite...bon définition assez bancale mais je pense que vous avez saisi l'idée générale ), vous me conseillez quoi dans le genre outre les titres cités par Jeremy auquel j'ajoute déjà Un homme est passé, Lone Star, 3 enterrements, Red Hills, Oeil pour Oeil et éventuellement No country for old men ?
(et peut-être dernier rempart d'après la bande annonce :fiou: )
Tu l'as évidemment déjà vu, néanmoins il serait coupable de ne pas le mentionner:

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