Le cinéma naphta chinois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

La reine du sport (Sun Yu - 1934)

Fraîchement arrivée de la campagne, Lin Ying débarque comme un tourbillon à Shanghai où son tempérament excessif et ses prouesses sportives ne passent pas inaperçu.

Signé par le grand cinéaste Sun Yu, la reine du sport ressemble à première vue à une récréation légère entre deux productions plus ambitieuses (la route et le jouet). Ici, ton est résolument à l'insouciance et la comédie sans se soucier de la crédibilité ou du réalisme, portée par une Li Lili irrésistible en tourbillon espiègle qui ne tient pas en place : elle met à mal le protocole des rencontres de mariage arrangé, se moque d'une bourgeoisie ridicule de préciosité et dépasse sans effort les meilleurs sportives de sa nouvelle école. De quoi agacer une partie des personnages qu'elles croisent... ou de les faire tomber sous son charme exubérant.
Pendant une bonne partie, on s'amuse avec Lin Ying des personnes coincées qu'elles croisent et qu'elle dérident à sa façon. La réalisation de Su Yun est sous influence des burlesques américains et on pense bien-sûr aux comédie sportives de l'époque. L'esprit de manière générale évoque d'ailleurs Harold Llyod. Ce n'est bien-sûr pas ce que le cinéaste a fait de plus inspiré mais la vitalité de son actrice emporte l’adhésion.

C'est pourquoi le recentrage dramatique du dernier tiers passe beaucoup moins bien. :?
Premièrement, le virage est trop brutale et manque de fluidité. Et deuxièmement, le film devient atrocement moralisateur. Si on sentait auparavant que le cinéaste répondait à une commande politique (se moquer des classes aisées, prêcher pour une jeunesse en bonne santé), la légèreté du ton assouplissait le discours. C'est totalement l'inverse qui se déroule dans cette dernière partie où l'on explique sans sourciller que les égoïstes et les arrivistes ne méritent que de mourir (et c'est d'ailleurs ce qui arrive à un second rôle à une copine de classe jalouse des talents de Lin Ying :shock: ).
On rit toujours, mais jaune.
Dommage.
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Message par bruce randylan »

Derniers avis sur le thème de la femme dans le cinéma chinois (à la cinémathèque) pour un triplet sur le cinéaste Xie Jin pour 3 de ses 4 premiers films

Basketteuse n°5 (1957)

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Une ancienne vedette de basket devient entraîneur d'une équipe féminin. Tout semble à croire que la joueuse la plus prometteuse soit la fille d'un ancien amour de jeunesse.

Pour cette première réalisation, Xie Lin livre un joli petit film sportif, certes inoffensif mais chaleureux, humain, tendre et optimiste.
Porté par une belle photographie tout en couleur pastelle, le film surprend agréablement à la fois par son approche simple et par un traitement purement mélodramatique. Le classicisme de sa mise en scène, discret mais toujours précis dans son découpage, m'a fait pensé à la fluidité "émotionnelle" et la sensibilité d'Henry King, en plus naïf et moins lyrique évidement. Mais la charme opère, y compris dans ses passages les plus tarabiscotés (le flash-back expliquant la séparation des amoureux). La raison provient du style sincère du cinéaste, on sent son amour pour chacun de ses personnages, y compris ceux qui peuvent apparaître antipathiques à première vue (la fille jalouse de l'héroïne qui cache le message de sa rivale pour mieux l'exclure d'un match). Xie Lin prend le soin de détailler chaque actions, de dépeindre les motivations et leurs conséquences de pour mieux enrichir la psychologie de ses personnages.
Il faut aimer la candeur désarmante du traitement mais pour qui aime par exemple Frank Capra, ça devrait passer sans problème. Ce qui était mon cas :)


Le détachement féminin rouge (1960)

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En 1930, dans une île du sud de la Chine, une fille qui a été torturée par le pouvoir en place décide de rejoindre les révolutionnaires communiste.

Oeuvre culte qui donna lieu à un célèbre ballet, lui-même adapté quelques années plus tard de nouveau au cinéma, Le détachement féminin rouge est un modèle du film de propagande, pas tant pour son contenu politique que pour sa mise en scène grisante.
Les 15 premières minutes par exemple font presque penser au film noir d'Anthony Mann (surtout The black book) avec une mise en scène nerveuse et inventive bourré d'idée de cadrages, de photographies ou d'utilisation du décor avec ce même brio pour masquer un budget ridicule.
Le cinéaste calme après la cadence pour une approche plus traditionnelle quand l'héroïne intègre les rangs du fameux bataillon. Le style est moins visible mais régulièrement la photo en couleur ou la composition des plans s'avèrent soignées avec cette manière typique des œuvres de propagandes de mettre en valeur un personnage ou un groupe : légèrement de profil, en contre-plongée, avec des couleurs tranchantes, les cheveux au vents... Pas très fins comme approche mais ça fonctionne tout à fait même si le scénario lui par contre ne parvient presque jamais à dépasser et transcender les conventions pour rester dans le manichéisme pure et dure à base de vils propriétaire cyniques et de révolutionnaires ne craignant pas faire sacrifice de leurs vies ; sans parler des dialogues didactiques et sans réelle surprise.
Le film fonctionne donc seulement pour ses images qui s'assument tel quel et parviennent dans ses meilleurs moments à un beau lyrisme qui culmine dans le dernier tiers, succession de batailles (un peu fauché) avec un sens du mouvement qui pousse encore un peu plus loin les recherches, sur les couleurs notamment.
Cet élan et cette enthousiasme formel et plastique finissent largement par emporter le spectateur.


Soeurs de scène (1965)

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Une troupe de théâtre itinérante recueille une jeune fugueuse fuyant un mariage forcé. Formée au chant et à la danse, elle devient bientôt un des numéros de choix des représentations et se lit d'une forte amitié avec une autre comédienne de son âge.

Il serait intéressant de pouvoir découvrir la troisième réalisation de Xie Jin pour juger de l'évolution de son style car il atteint ici une sorte de grâce absolue dans son lyrisme flamboyant même si la encore le scénario n'est vraiment pas à la hauteur de son (ses) talent(s) de cinéaste. En tout cas, le premier tiers est une merveille totale en terme de mise en scène. Le moindre plan est d'une beauté renversante ; qu'il soit capté dans de vastes mouvements de caméra ou dans de simples plans fixes. La photographie, les couleurs, le jeu sur les lignes de fuite et les perspectives, l'intégration des personnages dans la nature magnifique du Yunnan, la direction d'acteurs à fleur de peau, l'intelligence du découpage... Tout est magistral pour donner un souffle majestueux et bouleversant avec une émotion toujours inattendue qui jaillit de petit rien (le regard déchirant d'une enfant exploitée par ses parents, la foule observant médusée cette même enfant apporter un bol d'eau à l'héroïne punie en place publique, la crainte d'une actrice d'être vendue pour la nuit à une riche commerçant etc...)
Malheureusement les meilleurs choses ont une fin et en quittant cette nature magnifique pour les salles d'opéra de Shanghai, le film perd en puissance même si le niveau reste très haut encore une bonne demi-heure avec le quotidien de ses "soeurs de scènes" qui s'éloignent l'une de l'autre tandis que la situation socio-politique est cristallisée par le monde gravitant autour du théâtre. Mais quand le film aborde frontalement la politique, on perd beaucoup en charme et en sensibilité pour des thèmes propagandistes basiques et éculés. L’implication émotionnelle du spectateur qui était si forte jusque là n'est plus loin de la passivité mais elle remonte fortement pour l''épilogue qui retrouve le cadre des premières minutes, confirmant que j'aurais bien voulu que l'histoire s'y déroule totalement.
Dans l'état, je n'oserai tout de même pas me plaindre. C'est tout de même pas tous les jours que 20-30 minutes soient à ce point magnifiques et sublimes.

Il va falloir découvrir le reste de la filmographie du cinéaste maintenant :?
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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Il va falloir découvrir le reste de la filmographie du cinéaste maintenant
Nouvelle étape grâce au Festival du Cinéma Chinois de Paris (toujours autant affligeant en communication) avec la projection de Grand Li, Petit Li et vieux Li (Xie Jin - 1962) après un petit hommage l'an dernier mais à des horaires impossibles pour qui travaillaient.

Dans une fabrique de charcuterie, Grand Li, secrétaire syndical, et Vieux Li, chef d’atelier, ne sont pas très sportifs. Petit Li, jeune ouvrier, fils de Vieux Li, aime en revanche le sport plus que le travail.
Lors de l'élection du représentant sportif de l'usine, Vieux Li se débrouille pour faire élire Grand Li et ainsi étouffer dans l’œuf les activités sportives. Mais Grand Li prend ses nouvelles responsabilités à cœur.


A priori, il s'agit de l'unique "pure" comédie de son réalisateur, et à l'instar de Grand Li de l'histoire, Xie Jin a vraisemblablement voulu faire les choses bien et ne pas bâcler le travail.
Sa réalisation est vive, alerte et dynamique avec une caméra très souvent en mouvement et celle-ci n'opte pas toujours sur la facilité. Même léger, certains mouvements de grue font preuve d'un désir de trouver un axe original dans sa manière de gérer l'espace. Ainsi, c'est à la fois un vrai exercice de style sans tomber dans le démonstratif.
C'est marquant dès le début avec la présentation des personnages qui vivent dans le même immeuble, vaste décor construit en coupe où la caméra peut se déplacer d'un étage à l'autre. Pour autant, il n'en abuse pas et se contente de suivre la descente dans la cage d'escalier ou de glisser d'un palier à l'autre sans chercher à mettre deux familles dans le même plan. C'est assez révélateur de la logique du film que de vouloir confronter les points de vue au sein d'un même groupe.
La comédie lui permet de ne pas théoriser et le film apparait ainsi comme l'un des exemples les plus réussis sur la société communiste chinoise des années 60's (y compris dans le quotidien et l'organisation de la vie au travail). J'ai assez peu de point de comparaison évidement mais l'approche un peu loufoque permet d'aborder certains points que la censure n'aurait peut-être pas laisser passer avec un traitement plus sérieux. Tout le monde n'est pas parfait, il y a des planqués, des opportunistes, des fainéants, des individualistes... et la comédie donne l'occasion aussi d'adoucir la dimension de propagande sensée promouvoir les activités sportives pour le bien-être de la population.
Grand Li, Petit Li et vieux Li s'impose ainsi en divertissement rafraichissant et enlevée aux personnages savoureux. Pour l'humour, il ne faut pas s'attendre à du Billy Wilder ou du Monicelli bien-sûr, avec plusieurs gags assez faciles (l'enfermement dans la chambre froide) mais il y a quelques moments tout à fait charmant comme le cour de sport improvisé dans la bibliothèque (avec le faux geste des cheveux à repousser :lol: ) ou lorsque le fils essaie de motiver son père à se mettre au sport et tapisse l’appartement de poster de vélo, courses, basket...
D'ailleurs, la direction d'acteur est excellente et tous les comédiens se révèlent très vite attachant. Le casting est d'ailleurs un défilé des grandes vedettes de l'époque. Pour peu, on regrette presque de ne pas retrouver davantage certain seconds rôles et que le film ne dure que 80 minutes. Ce qui est plutôt bon signe. :)

Surannée certes, mais non dénuée de pertinence, de style et de caractère.

Grand Li, Petit Li et vieux Li fut son dernier film avant que la révolution culturelle ne s'acharne violemment sur lui à cause de Sœurs de scènes.
Il fallut attendre 10 ans pour qu'il revienne derrière la caméra (pour des commandes imposées) et le début des années 80 pour qu'il retrouve enfin une indépendance et la reconnaissance internationale.
http://www.festivalducinemachinoisdepar ... article610
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Ladies first (Evan Yang aka Yi Wen - 1962) - Hong-Kong

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Lors d'une ballade à la plage, deux amis célibataires sympathisent avec deux filles. Et si tout le monde tombe rapidement amoureux, ce n'est pas des bonnes personnes ! Les filles décident de mettre en place une série de stratagème pour remettre les choses en ordre d'autant que les garçons n'ont pas compris les attentes de leurs nouvelles copines.

Mine de rien, il me semble que c'est le premier film produit par la société Cathay que je vois (du moins, de sa société mère hong-kongaise). Cette incursion est signée par Yi Wen, considéré comme l'un des meilleurs cinéastes maison, son Mambo Girl de 1957 faisant parti des 100 meilleurs films HK d'après le classement local. S'il est plutôt connu pour ses mélodrames, il s'agit dans le cas présent d'une petite comédie sous forme de vaudeville assez plaisante. On n'est ni chez Lubitsch ni chez Blake Edwards et la réalisation est souvent incolore et purement illustrative. Pour autant on se prend au jeu, principalement pour son quatuor de comédiens extrêmement attachant à commencer par Roy Chiao en jeune premier un peu niais (bien bâti le bougre !). Difficile aussi de ne pas craquer pour ses comédiennes (surtout Christine Pai :oops: ) qui sont pétillantes et espiègles. Pour l'anecdote, on trouve aussi au casting un tout jeune David Chiang qui joue le petit frère d'une des damoiselles... Et plein de guest stars très populaire parmi les comédiens plus âgés (et que je connais absolument pas)

Comme le titre le film l'indique, ce sont les femmes qui mènent le jeu et elles parviennent à déjouer les pièges des garçons à chaque reprise. Ca donne pas mal de séquences tout à fait amusantes qui misent sur les réactions dépitées des jeunes hommes et les regards complices des amies. Rien de très original dans le principe mais le fait est que ça marche et qu'il est agréable de voir que le film préfère valoriser ses comédiennes (les femmes étant le principal public de cette période cela dit si je ne dis pas de bêtises). Malgré la dimension assez répétitive des situations, on ne s'ennuie jamais et Ladies first ne connait aucune longueur.
Certains running gags marchent bien comme le rendez-vous dans le restaurant où les hommes ont une connaissance parmi les serveurs qui les aident tant bien que mal à mettre leur plan à exécution. Je me suis même surpris à rire à quelques reprises.

Il y aussi un petit arrière fond social qui n'est pas négligeable avec le début d'une réussite économique qui commence à changer les mœurs et les modes de vies. Il est cependant dommage que le film ne soit pas plus tournés en extérieur, car à part le début sur les plages de Repulse Bay et des routes en bord de mer, c'est une succession d'intérieurs qui manquent un peu de caractère. Autre originalité plus surprenante : une séquence de rêve à la connotation sexuelle très prononcée qui dénote un peu vu l'esprit du film : une des héroïnes s'endort en songeant à l'homme qu'elle l'aime et le cinéaste superpose à son visage un plan d'un petite cascade avec un mince filet d'eau.

Il existait un dvd hong-kongais sous-titres anglais (et correctement restauré). Malheureusement le catalogue de la Cathay est encore moins bien géré que celui de la Shaw Brothers, les sous-titres anglais n'étaient pas systématiques, pour ne pas dire assez rares au final (même les VCDs en sont dépourvus). Et une fois de plus, c'est généralement épuisé même si certains titres ont été édités à Taïwan, pour chinois uniquement. :cry:
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The window (Patrick Lung – 1968)
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Un jeune délinquant tombe amoureux d'une aveugle dont il vient de provoquer la mort du père à après l'avoir agresser.

Décidément Patrick Lung est un cinéaste qui a du compter pour John Woo. Si Story of a discharged prisoner fut remaké dans le Syndicat du crime, ce Window évoquent plusieurs éléments avec The killer. On y retrouve l'histoire d'amour entre une aveugle (musicienne) et un criminel, de la rédemption, des églises et une bonne touche de tragédie. Après les scénarios partagent peu d'éléments en commun et The Window n'est pas un film d'action mais un pur mélodrame avec un arrière fond social un peu moins pertinent que dans Teddy Girls ou Story of a discharged prisoner. Il est tout de même à relever que dans les trois films que j'ai vu du cinéaste, chaque histoire se déroule dans un environnement bien spécifique (les anciens prisonniers, les maisons de redressement pour jeunes filles et ici les aveugles). Dans the Window, la dimension documentariste est moins palpable et l'immersion dans les cours pour aveugles (ou dans les quartiers défavorisés de HK) manque un peu d'ancrage réaliste même si beaucoup du film est filmé en extérieur.
C'est donc avant tout le mélo qui au coeur du récit et Patrick Lung n'évite pas la surenchère, surtout les 20 dernières minutes totalement inutiles et redondantes. Heureusement, il sait faire preuve d'une réelle délicatesse dans sa mise en scène, son utilisation de la couleur et surtout de sa direction d'acteur. Son duo de comédien est vraiment touchant et émouvant et Lung parvient à nous faire croire à leur relation. Il faut tout de même aimer le genre et avoir une certaine candeur quoique Lung sait se montrer aussi plus à l'aise dans les quelques moments moins romantiques : les premières minutes suivant les 3 voleurs adolescents, l'agression par l'ancien acolyte ou le combat assez nerveux dans la ruelle.
Malgré ces défauts (fin à rallonge, la partie "enquête policière" ratée où Patrick Lung acteur se montre bien médiocre...), le charme désuet fonctionne à plein régime et confirme que Patrick Lung mérite une vraie réhabilitation.
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The Eternal Beauty Xi Shi (Chu Kei - 1960)

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Le petit royaume de Yue est envahi par les Wu. La belle Xi Shi est envoyée à la cour du Roi conquérant dans le but de le manipuler pour mieux le conduire à sa perte.

Figure historique légendaire, considérée comme l'une des 4 beauté de la Chine antique, la vie de Xi Shi a été adaptée de nombreuses fois au cinéma durant les années 50-60, a priori sous forme d'opéra. C'est le cas de cette production hong-kongaise, première que je découvre sur elle.
Pas de bol, le DVD HK que j'avais acheté sur place ne comprend pas de sous-titres anglais :?
Avec Wikipedia pas loin, on comprend les grandes lignes mais on perd les jeux de séduction et les complots de Xi Shi pour séduire sa proie et le monter contre son plus fidèle Général. Toutefois, c'est loin d'être une grande réussite par sa mise en scène terriblement théâtrale et figée qui se déroule dans un nombre très réduit de décors, platement aménagés pour la plupart. Ça cause - et ça chante - donc plus que ça ne met directement en scène (même si les pavillons sous la neige, ça fonctionne toujours).
Petite consolation, le film est en cantonais ; ce qui me semble surprenant pour l'époque - mais étant donné que l'opéra cantonais était populaire à l'époque, ça doit expliquer cela. Ca permet au moins des parties musicales moins stridentes que le pur opéra de Pékin, ce qui est déjà beaucoup. :mrgreen:

Très daté, pas hyper stimulant visuellement et à l’interprétation trop scénique mais j'aurais quand même bien voulu comprendre davantage l'histoire, ce qui aurait sans doute donné plus de poids au dernier tiers, plus romantique et "intense" (à sa façon).
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Re: Le cinéma naphta chinois

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La fille aux cheveux blancs / The white haired girl (Choui Khoua, Bin Wang - 1950)

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Écrasé par les taxes injustes d'un propriétaire cynique, un paysan est contraint de lui vendre sa fille avant de mourir. Le fiancé de celle-ci essaie de la sauver mais échoue et doit s'enfuir en la laissant aux mains du seigneur qui ne tarde pas à la violer.

Inspiré de différents faits réels, cette première adaptation d'un opéra populaire (qui deviendra par la suite un ballet) rencontra un important succès public à l'époque et même une reconnaissance à l’internationale. Artistiquement le film est une belle réussite mais ce mélodrame ne pouvait échapper évidement à la propagande communiste qui voulurent en faire un étendard de leur nouvelle cinématographie en y mettant les moyens.
Durant le visionnage, les sentiments sont contradictoires puisque les grosses ficelles annihilent rapidement la dimension sociale, historique et folklorique pour virer régulièrement au tract sans grande finesse.
Le début donnait envie de croire que les cinéastes allaient pouvoir dépasser ces contraintes politiques avec un vrai sens des extérieurs (très belles régions montagnardes aux cultures en plateaux) et une photographie qui tentent de donner du relief à son noir et blanc pour un mélange intéressant entre un certain naturalisme et des atmosphères expressionnistes, à la lisière du fantastique. La virulente noirceur de certains passages sont stupéfiants tel l'accouchement mais généralement le discours politique affaiblit le lyrisme tragique du parcours de l'héroïne qui a tout pour être poignant par l'injustice qi s'abat sur elle. Le film conserve les chansons de l'opéra qui comme souvent sont un peu répétitives même si celles-ci possèdent un supplément d'âme non négligeable où la comédienne communique beaucoup d'émotions. Autant ce type de jeux passent bien dans les séquences musicales, autant sur les parties strictement narrative cela date affreusement le film, surtout que le manichéisme n'est franchement pas subtile.

Ca reste un film important dans la culture chinoise et il possède toujours un aura culte, grâce en grande partie à ses chansons.

Le film est tombé dans le domaine public et on peut le trouver sur archive.org avec des sous-titres anglais. La qualité est médiocre et le film mériterait un vraie restauration (si c'est possible ?).
Le dvd chinois - qui possèdent aussi des sous-titres anglais - est dans le même état. :( Je l'avais acheté à la boutique Hors-Circuit qui possédait pas mal d'imports chinois à une époque.
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