Enid Bennett (1893 - 1969)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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feb
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Enid Bennett (1893 - 1969)

Message par feb »

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Néé en 1893, Enid Bennett est une actrice australienne dont la carrière commence en 1915 (Get-Rich-Quick Wallingford - Fred Niblo) et finit en 1941. Après 2 films en Australie sous la direction de Fred Niblo, elle suit le réalisateur aux Etats Unis où elle enchaine les tournages jusqu'à la fin des années 1910. Elle épouse Fred Niblo en 1918 avec qui elle restera mariée jusqu'à son décès en 1948. Elle va tourner près d'une vingtaine de films muets sous sa direction dont la grande majorité entre 1916 et 1920, période où elle devient reconnue avec son rôle dans The Vamp en 1918. Passé le début des années 20, elle va ralentir ses tournages préférant se consacrer à sa vie de famille (elle aura 3 enfants avec le réalisateur). L'arrivée du parlant ne relance pas sa carrière, elle doit se contenter de seconds rôles dans des films comme Waterloo Bridge ou Sooky et préfère faire une pause en 1931. Elle réapparait en 1939 pour un petit rôle dans Intermezzo et après seulement 8 films parlants, l'actrice préfère mettre fin à sa carrière en 1941 avec un rôle non-crédité dans le film Les Marx au grand magasin (The Big Store). En 1963, elle épouse le réalisateur Sidney Franklin avec qui elle restera mariée jusqu'à son décès le 14 mai 1969.
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Avec le réalisateur Fred Niblo
The Aryan - William S. Hart (1916) / Hairpins - Fred Niblo (1920) / Robin Hood - Allan Dwan (1922) / The Sea Hawk - Frank Lloyd (1924)
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The Red Lily - Fred Niblo (1924)
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En Bretagne, Jean Leonnec (Ramon Novarro) est amoureux de la fille du sabotier Marise La Noue (Enid Bennett) mais le père du jeune homme, également maire du village, n'est pas de cet avis. Suite au décès du père de Marise, la jeune femme est expulsée de la maison familiale et doit rejoindre sa famille la plus proche où elle subit les violences du père. Elle s'enfuit de cette maison et retourne à celle de son enfance où elle passe la nuit auprès de Jean mais ils sont tous les 2 contraints de quitter le village. Ils prennent le train pour Paris et, arrivé à la gare, Jean est arrêté par deux hommes envoyés par son père qui le soupçonne d'avoir volé de l'argent. Il réussit à échapper aux 2 hommes et rejoint Paris mais ne retrouve pas celle qu'il aime sur le quai de la gare. Les jours, les mois passent mais Jean et Marise n'arrivent pas à se retrouver. Jean devient un voleur et Marise sombre peu à peu dans la prostitution...
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Un an avant Ben-Hur, Fred Niblo retrouve Ramon Novarro dans un film aux prétentions bien plus modestes que le péplum mais qui ne peut laisser indifférent tout ceux qui apprécient les belles histoires d'amour. Niblo propose un film émouvant, simple, riche en émotions, dont la photo est un plaisir pour les yeux et où Ramon Novarro et Enid Bennett (Mme Niblo à la ville) trouvent 2 magnifiques rôles. The Red Lily fait partie de ses muets méconnus, peu diffusés et qui sont pourtant de petits bijoux car emprunts de tout ce qui fait la force et la beauté de ces films : une émotion simple, des visages et des regards qui suffisent à ressentir les sentiments et un superbe travail sur la lumière.
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Le réalisateur nous offre durant 80 minutes une histoire d'amour qui ne sombre jamais dans le mélodrame ou dans la simplicité. La naïveté et la sincérité qui découlent de cette histoire d'amour se lisent sur le visage de ces 2 jeunes amoureux et Niblo sait parfaitement "exploiter" le potentiel de ces 2 interprètes. Plus que de simples marionnettes devant la caméra, Novarro et Bennett donnent vie à leur personnage et y apportent un supplément d'âme qui rend sensible à leur histoire. Une histoire que Fred Niblo sait parfaitement raconter par un très beau travail sur ses cadres, son montage et surtout son utilisation magnifique des teintes et des lumières. Le DVD Warner Archive rend réellement honneur au travail des techniciens MGM puisque la copie proposée est un réel plaisir pour les yeux avec son N&B subtil et ses teintes sépia et bleue qui apportent une force supplémentaire à l'histoire. Le réalisateur montre un savoir-faire et une maitrise de son outil qu'il est impossible de nier tant certains de ses plans semblent créer une scène prête à être peinte sur une toile.
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Ramon Novarro, qui a toujours préféré son travail durant la partie muette, trouve ici un de ses plus beaux rôles, un rôle qui se dégrade au fur et à mesure du film : du jeune amoureux qui refuse d'abandonner celle qu'il aime, il va glisser vers les petits larcins au contact du personnage de Bo-Bo (excellent Wallace Beery qui se prête idéalement à ce personnage de voleur roublard et charmeur). Cette dégradation du personnage crée également une baisse de l'empathie de la part du spectateur pour son personnage car il devient égoïste et arrogant au point de rejeter et de blesser Marise lorsqu'il la retrouve après des années de séparation. Ce personnage, si amoureux au début du métrage, n'est maintenant plus que l'ombre de lui-même et son salut va passer une fois de plus par le sacrifice du personnage féminin. Rejetée par le village, séparée de celui qu'elle aime et obligée de vendre son corps pour survivre, le personnage de Marise est marquée par une souffrance continue et silencieuse qui atteint son paroxysme lorsqu'elle retrouve Jean dans sa chambre de bonne sous les toits de Paris...complètement désarçonné par la vision de ce visage qui n'est plus celui du visage d'ange qu'il connaissait tant, le jeune homme frappe la femme avant de la quitter.
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Enid Bennett est une actrice dont le jeu et le visage rappelle celui de Lillian Gish. Son personnage va endurer les pires épreuves pour tenter de vivre dans un Paris où se côtoient richesse et pauvreté, un Paris qui n'offre aucune chance aux plus faibles et qui l'oblige à se prostituer pour survivre. Fragile, touchante, émouvante, Marise va se transformer au contact de cette ville, subissant une à une les étapes qui se dressent devant elle et ne jugeant jamais le comportement de Jean à son égard - la violence de son geste, la médisance vis-à-vis de sa situation, son refus de l'accepter telle qu'elle est -.
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Malgré toutes ces épreuves, Marise va aller jusqu'à se sacrifier pour sauver celui qu'elle aime, lui offrant la possibilité de racheter ses crimes et de commencer une vie nouvelle. Si Ramon Novarro se montre versatile dans son rôle, Enid Bennett est absolument divine dans celui de Marise, un personnage qui se transforme physiquement et psychologiquement. Telle les plus belles actrices de cette période muet, Bennett semble faire corps avec son personnage, lui insufflant énergie, souffrance, désespoir et sachant transmettre à la caméra ce qu'il ressent réellement. La beauté de l'actrice muette prend ici tout son sens, un regard, un geste discret, un sourire suffisent à faire vivre le personnage et à nous faire partager ses émotions.
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The Red Lily est un très beau film, de ceux que l'on aimerait voir restauré et mis en avant, car il est un exemple du cinéma muet dans tout ce qu'il a de plus fort : des images qui nous captivent, une histoire qui nous interpelle, des acteurs - plus ou moins oubliés - qui fascinent par leur jeu, leur visage et par les émotions qu'ils transmettent.
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Re: Enid Bennett (1893 - 1969)

Message par Sybille »

Intéressant.
Merci pour la présentation, et Enid Bennett, complète inconnue. :)
feb
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Re: Enid Bennett (1893 - 1969)

Message par feb »

Merci. :wink:
Je n'ai pas eu le temps de le faire mais je vais essayer de rédiger quelques lignes en haut de mon message pour indiquer qui était Enid Bennett dont les rôles marquants sont Lady Marian dans le Robin Hood de 1922 et Lady Rosamund dans The Sea Hawk version 1924. Il faut aussi rajouter qu'elle a été la femme des réalisateur Sydney Franklin puis Fred Niblo. :wink:
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Ann Harding
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Re: Enid Bennett (1893 - 1969)

Message par Ann Harding »

The Red Lily est effectivement un film intéressant avec une plongée dans les bas-fonds parisiens qui rappellent -en mineur- Greed. Et de ce point de vue est peu représentatif de la production MGM plus policée. Et, c'est d'ailleurs pourquoi ces deux films ne sont pas à l'origine des productions Metro-Goldwyn-Mayer, mais en fait des films Metro-Goldwyn pictures. Cette dernière était née de la fusion de Metro Pictures avec Goldwyn prod. (que le producteur Samuel Goldwyn ne contrôlait déjà plus à cette époque). C'est cette firme qui a lancé la production de Greed avant la naissance de la bien connue MGM qui sera dirigée par Louis B. Mayer (qui probablement a détesté ces deux films).
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Re: Enid Bennett (1893 - 1969)

Message par Ann Harding »

Feb, pourquoi as-tu mis une affiche de The Aryan ? Enid Bennett ne joue pas dedans; les rôles féminins sont tenus par Bessie Love et Louise Glaum. :wink:

Edit: OK, IMDB la mentionne comme figurante. Mais, je me demande bien comment ils ont pu l'identifier vu qu'il ne reste que la moitié du film et que les scènes où elle pourrait figurer ont disparu... :fiou:
feb
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Re: Enid Bennett (1893 - 1969)

Message par feb »

Elle joue dedans mais dans un rôle non-crédité à ce que j'ai lu sur le net...et n'arrivant pas à trouver d'autres affiches de films avec elle, j'ai mis celle là :oops:
EDIT : j'ai réussi à trouver une affiche minuscule de Hairpins réalisé par Niblo en 1920. :wink:
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