Cinéma et aviation

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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pak
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Re: Cinéma et aviation

Message par pak »

Je remets ici mes quelques avis sur des films évoquant l'aviation.

Bon, y a pas que du naphta, mais c'est le problème avec ces sujets génériques...
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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L'aigle et le vautour

Message par pak »

L'aigle et le vautour (The Eagle and the Hawk) de Stuart Walker - 1933 :

Avec Fredric MARCH, Cary GRANT, Jack OAKIE, Carole LOMBARD, Guy STANDING, Forrester HARVEY, Kenneth HOWELL... Scénario de Seton I. MILLER, Bogart ROGERS - Musique de John LEIPOLD - Production Paramount
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Durant la Première Guerre mondiale, Jeremiah Young, aviateur héros de guerre, est tourmenté par sa mauvaise conscience à cause des hommes qu'il a tués...


Un film de guerre aérien désabusé et amer, qui donne une vision de la guerre assez inhabituelle pour un film américain.

Quoiqu’en y regardant de plus près, l’esprit du film n’est pas si éloigné d’une certaine mentalité occidentale de l’époque, car il est ouvertement pacifiste dans son approche du premier conflit mondial, montrant avec une rare franchise la cruauté guerrière : de jeunes recrues sont tuées à peine arrivées sur le front sans avoir vu l’ennemi, le héros typiquement américain, fort en gueule et prompt à sortir les poings n’hésite pas à tirer sur des parachutistes désarmés (étonnant Cary Grant dans un de ses premiers rôles, ici très antipathique, du moins au début), les pilotes sont des alcooliques qui noient leurs cauchemars au fond d’une bouteille de whisky, la vedette de l’escadrille se dégoûte de se voir remettre des médailles pour ce qu’elle considère des assassinats, on assiste au suicide d’un pilote, etc… Une image très noire et négative de la guerre qui reflète la volonté de l’opinion publique américaine des années 1930 peu encline à revivre un futur conflit qui déjà menace, même lointainement (en janvier 1933, Adolf Hitler est nommé chancelier, en mars de la même année, le premier camp de concentration est ouvert à Dachau… ), opinion que devra combattre Roosevelt à mesure que celui-ci se précise, et même pendant.

Sur le fond, ce film est assez passionnant, car très pessimiste, et n’est pas sans rappeler les destins tragiques des personnages de films noirs. Heureusement, il y a quelques touches ponctuelles d’humour (principalement liées à la présence du jovial Jack Oakie).
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Sur la forme, par contre, le film est truffé d’incohérences (on a du mal à croire qu’un pilote sorte indemne de combats aériens alors que ses mitrailleurs arrière successifs se font tuer, sachant que le poste du défenseur arrière est à un mètre tout au plus de celui du pilote à l’époque, ou que tous ces pilotes américains soient encore dans une escadrille anglaise alors qu’en 1918, année du récit, l’Amérique avait ses propres escadrilles… ), et surtout montre un parc aérien anachronique car la plupart des machines montrées sont de conceptions postérieures à la première guerre mondiale, ce qui est toutefois assez courant dans ce genre de films.

D’ailleurs le manque de moyen évident du film a poussé les producteurs à réutiliser des scènes aériennes tournées pour des films antérieurs. Ainsi la majorité des combats aériens sont des scènes issues des films Wings (William A.Wellman, 1927), La patrouille de l’aube (Dawn patrol, Raoul Walsh, 1930) et Young eagles (William A.Wellman, 1930), parfois en arrière plan pour les scènes de studio.

Une production qui change des habituelles histoires va-t-en-guerre avec des héros trompe-la-mort (on est loin de l’esprit de Sergeant York d’Howard Hawks par exemple qui sortira en 1941, mais la situation internationale sera nettement différente). Même la conclusion, qui tente de sauver les apparences et de sauvegarder l'image du héros américain, ne trompe personne tellement elle est désespérée.

Étoiles : * * . Note : 13/20.
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PS 1 : ne pas se fier aux sourires de l'affiche française qui reflète très mal l'ambiance du film, de même que la présence de Carole Lombart qui est très anecdotique, le temps d'une permission, ou plutôt d'une pause avant de retourner en enfer...

PS 2 : A noter que ce film a un homonyme, tant en anglais qu'en français, qui date de 1949 mais qui n'a rien à voir, puisque ce second L'aigle et le vautour (1949) (The eagle and the hawk en VO donc) est un western réalisé par Lewis R. Foster avec John Payne et Rhonda Fleming...
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Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Flyboys

Message par pak »

Flyboys (2006) de Tony Bill :

Avec James Franco - Martin Henderson - Jean Reno - Tchéky Karyo - Genre : guerre - Production américaine
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Grosse production (budget de 65 millions de dollars), ce film s'est ramassé au box-office américain, d'où son absence dans nos salles.

Faut dire, Flyboys concentre le pire du cinéma hollywoodien, qui sous prétexte de faire joli et spectaculaire, s'empare d'un fait réel pour raconter n'importe quoi et aligner clichés sur clichés. On a donc droit au jeune pilote rebelle qui va tomber la jolie fermière du coin, au vétéran hautain mais pas si mauvais, au pote qui se sacrifie et au cri de rage du héros impuissant, au commandant un peu dur mais compréhensif (ridicule Jean Reno), et c'est bien connu que l'aviation allemande de 1916 n'avait que des triplans rouges sang aux commandes desquels il y avait de méchants pilotes véritables machines à tuer. On a même droit à un mitraillage en règle de civils fuyant les combats (les gars, l'exode, c'était en 1940, pas 1916 ! ).

Bref, il faut aimer les vieux coucous comme moi pour être un peu indulgent, puisqu'il est rare de voir l'aviation des débuts à l'écran. Pas grand-chose à dire de plus...

Côté combats aériens, malgré une propension du réalisateur à vouloir que ces fragiles machines en bois et toile volent à Mach 2, les vues sont impressionnantes, rappelant les séquences du vieux classique Hell's angel (1930), à ceci près que dans le film d'Howard Hughes les avions étaient des vrais, alors qu'ici, c'est du numérique, aucune machine vue en l'air n'est réelle.

Dommage que tout ceci soit si policé et artificiel...

Note 11/20 - Étoiles : * * (pour le fun de voir ces vieux biplans)

Film dispo en DVD : Image
Dernière modification par pak le 2 juin 12, 10:28, modifié 1 fois.
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Baron Rouge

Message par pak »

Baron Rouge (Der rote baron, 2007. Titre international : The red baron) de Nikolai Müllerschön

Avec Matthias Schweighöfer - Lena Headay - Til Schweiger - Joseph Fiennes - Volker Bruch - Tino Mewes - Genre : guerre - Production germano-britannique
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Les derniers mois du plus grand as de la chasse de la première guerre mondiale, du moins tels que les fantasment les auteurs de ce film abracadabrant...

En 2006, les américains sortaient Flyboys (réalisé par Tony Bill), et filmaient n'importe quoi sur la base d'un fait historique (l'escadrille de volontaires américains La Fayette) pourvu que cela soit spectaculaire. L'année d'après les allemands s'y mettent aussi. Les proximités du pays avec le conflit et le héros aviateur auraient pu laisser espérer une reconstitution plus rigoureuse. Que nenni, amis amoureux de l'aviation, passez votre chemin, amis cinéphiles, itou...

L'erreur grossière de ce film est de vouloir faire passer Manfred von Richthofen, alias le Baron Rouge, pour ce qu'il n'était pas. Décrit comme un humaniste préférant abattre la machine plutôt que l'homme et comme un pacifiste avant l'heure, le pilote raconté ici est un fantasme de scénariste. En réalité, c'était un pur aristocrate élevé dans le culte de la chasse et de la guerre, produit d'une école militaire. En combat il évitait tant que possible les risques inutiles et parfois, tel un félin traquant un troupeau, il guettait le plus faible pour l'envoyer au tapis. Comme beaucoup de pilotes de l'époque, il savait que descendre celui qui est aux commandes d’un avion est plus efficace que faire des trous dans ce dernier. De plus les auteurs, à force d'insister sur la chevalerie supposée de ces premiers combats aériens de l'Histoire (qui existait, il est vrai, mais qui n'était pas systématique), en oublient les réalités de ceux-ci, bien moins jolies à filmer : le parachute n'était pas un équipement généralisé, et nombre de pilotes préféraient sauter dans le vide ou se tirer une balle dans la tête plutôt que de brûler vifs dans leur carlingue de toile et de bois, les meilleurs chasseurs étaient souvent des tireurs et / ou des tueurs d'élite qui cherchaient la mort de leur adversaire et la victoire rapide (pas de prosélytisme anti-allemand de ma part, René Fonck - 75 victoires - chez les français et Edward Mannock - 68 victoires - chez les britanniques n'étaient pas non plus des enfants de cœur).

Autre aberration historique, les rencontres entre l'as allemand et le pilote canadien Arthur Roy Brown (interprété par Joseph Fiennes, pas très motivé) à qui on a attribué (et qui s'est attribué, en toute bonne foi) la mise à mort du premier sont complètement inventées. Peut-être se sont-ils croisés en combats aériens avant l'engagement fatal, puisqu'ils combattaient dans le même secteur, mais jamais ils ne se sont vus physiquement pour devenir potes. C'est du grand n'importe quoi.

De plus, on ne sait pour quelle raison (autre que d'enjoliver le récit), on nous invente une idylle bas de plafond avec une belle infirmière (bouh le cliché), qui ouvre les yeux au pilote sur l'effroyable réalité de la guerre. Encore du n'importe quoi, les scénaristes ayant manifestement brodé autour d'une photo assez connue le montrant aux côtés d'une infirmière lorsqu'il se remettait d'une blessure grave à la tête. Heureusement celle-ci est personnifiée par l'athlétique Lena Headey, habituée des univers musclés puisqu'elle fut l'épouse du roi Leonidas dans le bodybuildé 300 (Zack Snyder, 2006) et Sarah Connor dans l'éphémère série The Sarah Connor Chronicles (2008-2009), ce qui rend la pilule un peu moins amère.

Mais même en écartant les libertés (doux euphémisme) prises avec la réalité (on pourrait en lister bien d'autres), il est difficile de prendre ce film au sérieux. Car il écarte des pistes narratives intéressantes comme la présence, authentique, du jeune frère du héros dans la même escadrille qui aurait pu être un ressort dramatique important (c'est à peine survolé), ou le rapport de Richthofen avec la mort, ou bien encore le quotidien d'une escadrille en guerre, avec les manques laissés par les pertes, le douloureux souvenir des disparus, l'amitié développée par la proximité de la mort et des dangers partagés (dans ce domaine, La bataille d'Angleterre de Guy Hamilton, 1969, est une des références, même si ce film concerne un autre conflit)...

Le casting est hétérogène, et l'acteur choisi pour camper le Baron est bien trop juvénile pour convaincre, d'autant qu'il est inexistant dés lors qu'apparait à l'écran le solide Til Schweiger dans le rôle de Werner Voss, autre grand as allemand et ami du héros (c'est pour le coup authentique).

Tout film d'aviation qui se respecte doit contenir des scènes aériennes impeccables. Le résultat est mitigé. Il y a des séquences incroyables comme l'attaque de nuit, le visage ensanglanté de Richthofen n'étant éclairé que par les éclairs violents des tirs de ses mitrailleuses, et quelques nuées d'avions saisissantes. Mais comme dans Flyboys, les avions étant numériques, les concepteurs des effets spéciaux montrent leur incompétence quant au comportement en vol de ces fragiles machines, et en font trop régulièrement des moustiques aux trajectoires brusques et improbables. A tout ceci s'ajoute une musique pompeuse et envahissante, qui martèle ses thèmes comme des obus de 305 martelant les tranchées.

Heureusement, on nous évite la reconstitution hasardeuse de la disparition du teuton rouge, vraisemblablement abattu par un tir venant du sol, même si la fin peut paraitre trop sèche. Au moins les auteurs évitent-ils un révisionnisme trop grossier.

Bref, une grosse production de 18 millions d’euros tournée en anglais (comme ça tout le monde parle la même langue et c’est plus vendeur) qui ne satisfait ni les cinéphiles, ni les passionnés d’aviation, pour une vision erronée, lourdaude et trop lisse d’un homme dont on essaye d’embellir la légende à défaut d’une réalité peu glamour. Pour beaucoup moins de sous, Roger Corman avait signé en 1971 un film plus regardable sur le même sujet (Le Baron Rouge ou Von Richthofen and Brown en VO), même s’il était tout aussi fantaisiste historiquement parlant. Autant revoir Le crépuscule des aigles de John Guillermin (The Blue Max, 1966), bien plus authentique.

Après une sortie en Allemagne et en Autriche, Baron Rouge n’a guère connu les honneurs des salles, et n’a eu droit qu’à une sortie directement en DVD chez nous. Héros trop allemand ou hésitation des distributeurs devant le résultat peu emballant ? Sûrement un peu des deux…

Note : 6/20. Étoiles : * .

Film dispo en DVD : Image
Dernière modification par pak le 2 juin 12, 10:38, modifié 1 fois.
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Le ciel est à vous

Message par pak »

Le ciel est à vous de Jean Grémillon (1943) :

Avec Madeleine Renaud, Charles Vanel, Jean Debucourt, Léonce Corne, Raymonde Vernay, Anne Vendenne, Michel François, Raoul Franco... Scénario d'Albert Valentin – Adaptation et dialogues de Charles Spaak – Musique de Roland Manuel – Genre : aventure – Production française – Date de sortie : 02/02/1944
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Mon avis :

Pierre et Thérèse, un couple marié, éprouvent une passion commune pour l'aviation. Ils délaissent vies familiale et professionnelle pour se consacrer aux courses aéronautiques, elle au pilotage, lui à la mécanique.

Un film emblématique de la période trouble durant laquelle il fut tourné. Revu aujourd'hui, il est fascinant à analyser. Déjà parce que vichystes comme résistants ont revendiqué les valeurs défendues par le film, tout en occultant ce qui n'entrait pas vraiment dans leur ligne de pensée. D'un côté les collaborationnistes saluaient cette famille modèle (couple marié avec deux enfants studieux et belle-mère à charge) retroussant ses manches pour travailler à la gloire du pays et respectant les valeurs en vigueur tout en étant constructif, de l'autre les gaullistes saluaient cet appel à l'évasion et au refus des conventions de l'ordre établi. Au milieu, les communistes ne pouvaient que relever l'ardeur de ce couple en bleu de travail à travailler de ses mains sans apports financiers, compensant par sa passion et sa sueur un manque de moyens chronique. Bref, tout le monde s'y retrouvait, à condition de ne voir que ce qu'on avait envie d'y voir... Il y a sûrement un peu de tout cela dans ce film, même s'il est difficile de deviner les pensées de l'auteur.

Pourtant, à y regarder de plus près, Grémillon parsème son film de signes plus ou moins forts (la censure veillait, d'autant que le tournage était surveillé, histoire qu'il ne vienne pas à l'idée de quelqu'un de s'envoler vers d'autres cieux avec un des appareils) pour que l'on penche vers l'appel à la résistance.

D'entrée, le plan du troupeau de moutons croisant un groupe d'enfants défilant au pas d'un curé jette un certain trouble car en quelques secondes tout est déjà dit : la France est un troupeau de moutons mené par son berger (sous-entendu Pétain) qui n'admet qu'une autre foi, celle envers le Seigneur, et son avenir, ce sont les enfants qu'il faut faire et élever pour le bien futur du pays. D'ailleurs, le schéma qui se dessine autour du couple rappelle étrangement la situation d'alors : l'épouse passionnée incarne l'esprit de résistance, le mari inquiet et hésitant la majorité silencieuse courbant l'échine sans prendre parti, la belle-mère la sévérité héritée de Vichy ne tolérant aucun détour de la morale obéissante, quant au village, grondant et menaçant, c'est la représentation des armes du parti dans un niveau croissant de répression : réprobation bienveillante, puis délation, pour finir par la violence.

Autre signe, mais là il faut s'y connaître un peu en aviation, le petit avion que pilote Thérèse est un Caudron Aiglon (de conception française) et elle va battre le concurrent favori, le Messerchmitt 108 (de conception allemande).

Grémillon maquille tout ceci dans une apparente servilité, car tous les ingrédients vichystes y sont dès le début : France rurale et besogneuse, éducation religieuse, enfants, respect de l'ordre (au début, la famille se fait exproprier dans la bonne humeur... ). De plus il utilise l'argument de l'histoire vraie (un peu arrangée il est vrai) puisque le scénario s'inspire en partie de la vie d'une pilote, Andrée Dupeyron.

Mais au-delà de ces arguments (et peut-être aussi ces arguties) politiques plus ou moins sous-jacents, il ne faudrait pas oublier l'aspect artistique de l'œuvre. Car Grémillon s'attache à décrire des gens simples et attachants, maladroits aussi (voir comment ils délaissent petit à petit leurs enfants, notamment la passion pour la musique de leur fille : encore un aspect qui ne va pas vraiment dans le sens de Vichy... ), dans leur passion encombrante.

Car il parle là de passion, comme dans ses films les plus connus comme Gueule d'amour (1937) ou Remorques (1939). Sauf qu'ici elle est double : celle pour un besoin presque physique de quitter le plancher des vaches pour des sensations inédites et fortes, et celle d'un amour au quotidien d'un homme qui abandonne tout pour voir sa femme s'épanouir, même sans lui, deux passions qui convergent vers une seule finalement, celle d'un couple qui a but commun, peut-être pas pour les mêmes raisons, mais suffisamment complémentaires pour qu'ils y trouvent leur secret du bonheur.

Un film exalté et exaltant, l'un des plus beaux tourné sous l'occupation, porté par les prestations de Madeleine Renaud et Charles Vanel.

Étoiles : * * * *. Note : 16/20.


Autour du film :

1. Le personnage de Thérèse est inspiré d'Andrée Dupeyron. Cette aviatrice avait créé l'évènement en mai 1938 en battant avec son Caudron le record féminin de vol en ligne droite entre Oran (Algérie) et Tel El Ahan (Irak), ce qui donne une distance de 4360 Km. A l'époque, avec les moyens de navigation et de transmission existants, et sans ravitaillement en vol, c'était un véritable exploit. Comme dans le film, elle était l'épouse d'un garagiste.
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2. Une autre aviatrice française célèbre est citée dans le film, c'est Elisabeth Lion, surnommée « La Lionne » qui battit le 14 mai 1938 le record de distance féminine, qu'elle ne garda que 2 jours puisque Andrée Dupeyron fit mieux. Le Caudron utilisé dans le film est l'appareil avec lequel Elisabeth établit son record. Elle passa son brevet de pilote à 30 ans, en 1934. Elle enchaine ensuite les compétitions : première au classement féminin des 12 heures d'Anger en juillet 1936, gagne la coupe Hélène Boucher (autre grande aviatrice française) lors de la course Paris-Cannes le mois d'après, obtient le record féminin d'altitude en décembre 1937, et elle en pulvérise deux autres du même genre ce mois-ci, et elle multiplie ainsi les tentatives. Le 29/12/1938, elle est élevée au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur. En 1945, Charles Tillon, ministre de l'air, décide de créer un corps de pilotes militaires féminin : elle fait partie des 5 pilotes sélectionnées, ce qui en fait l'un des toutes premières pilotes féminins de l'armée de l'air. Hélas l'expérience tourne court faute de budget, et on perd la trace de l'aviatrice. Elle décède le 09/01/1988.
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3. Le ciel est a vous fut un succès populaire à sa sortie, le dernier de Jean Grémillon, qui ne tournera plus que trois longs-métrages, dont L'étrange Madame X (1951). 1944 fut une année plus que mouvementée pour la France (débarquements de Normandie et de Provence, libération de Paris... ), aussi les chiffres du box-office de cette année ne sont hélas pas disponibles, du moins sur les sites du net spécialisés.

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Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Filiba
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Re: Cinéma et aviation

Message par Filiba »

Merci Pak pour ces avis
A te lire, Flyboys et Red Baron me semblent être de l'école Pearl Harbour avec scénario décérébré: j ai peur que Red Tails soit de la même eau.

J'ai un Cary Grant dans les airs à voir "Wings in the Dark" qui ne peut pas être mauvais (il y a Mirna Loy)
pak
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Re: Cinéma et aviation

Message par pak »

C'est surtout Flyboys qui soufre d'un scénario décérébré, mais je le préfère à Red baron car ce dernier prend surtout beaucoup de libertés avec la réalité du personnage central : peut-être que ceux qui ne creusent pas trop l'aspect historique ou aéronautique préfèreront l'allemand à l'américain...

Cary Grant semble avoir donné régulièrement dans le thème de l'aviation : ce Les Ailes dans l'ombre (Wings in the Dark) que je ne connais pas, Seuls les anges ont des ailes (de loin mon préféré dans ceux que j'ai vu), L'aigle et le vautour, Destination Tokyo... Il est pilote de l'US Navy dans Embrasse-la pour moi (Kiss Them for Me) et se fait courser par un avion dans La mort aux trousses ( :mrgreen: ) ! Je crois que ça parle aussi d'aviation dans Une belle blonde (Suzy)...
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Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Re: Cinéma et aviation

Message par Filiba »

Le Grand Cirque 1949
Adaptation du best seller de l'après guerre de Pierre Clostermann
D'ailleurs l'affiche et la première image du film citent le livre paru en 1946 chez Flammarion
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Le réalisateur est l'acteur Georges Péclet dont je n'ai rien vu d'autre et que je serai incapable de reconnaître dans les nombreux films cités dans sa filmographie dans wikipédia.
Ce n'est sans doute pas grave car le film n'est vraiment pas terrible et n'est à voir que pour l'intérêt historique.
Il raconte le quotidien du groupe de chasse Alsace à partir de 1943 et après le débarquement ( le Groupe de Chasse fut notamment commandé par le légendaire René Mouchotte).
Les scènes au sol sont ternes et filmées comme une dramatique télé en direct de 1949 (où plutôt comme je les imagine c'est à dire sans montage).
Les scénes aériennes alternent prises de vues réelles de Spitfire (à l'époque du tournage encore en service dans certains escadrons de chasse de l'Armée de l'Air) et séquences d'actualités allemandes pour fournir l'ennemi.
L'ensemble aérien n'est pas forcément honteux mais ce n'est pas du cinéma. En particulier, les spitfires passent de gauche à droite puis de droite à gauche sans raison valable, et la plupart du temps ils effectuent des manœuvres de présentation comme en meeting: et c'est ainsi qu'ils balancent les ailes pour un oui pour un non ou engagent des tonneaux non justifiés par la péripétie que le film est censé narrer à ce moment là.
L'énergie du livre n'est pas vraiment traduite, ni bien sûr la saisissante évocation des derniers jours de guerre de l'auteur sur Hawker Tempest.
Joseph Kessel est cité pour les dialogues mais sans effet sur la qualité générale.
Le cinéma français de l'époque était capable de mieux (la bataille du rail, le bataillon du ciel) sans parler du Gremillon cité par Pak ci dessus (6 ans avant mais c'était alors une éternité).
Dernière modification par Filiba le 5 févr. 13, 20:22, modifié 1 fois.
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Re: Cinéma et aviation

Message par dvdlib »

... je me demandais justement ... qu'existe-t-il en Films non documentaires ( DVD ? ) sur les

je n'ai pas l'impression d'avoir un DVD sur cet avion !? ... :o

USAF Air Force Boeing B-29 Super Fortress Bomber Pacific War WW2 old Films DVD
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Re: Cinéma et aviation

Message par Karras »

B17 La Forteresse Volante (Fortress)
Un DTV qui sort bientôt par chez nous, ça n'a pas l'air très bon.
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Trente secondes sur Tokyo

Message par dvdlib »

Trente secondes sur Tokyo ... encore un que je cherche ( avec audio VF ) ... :o

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Dernière modification par dvdlib le 7 juin 12, 09:46, modifié 1 fois.
Filiba
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Re: Cinéma et aviation

Message par Filiba »

pak a écrit : Cary Grant semble avoir donné régulièrement dans le thème de l'aviation : ce Les Ailes dans l'ombre (Wings in the Dark) que je ne connais pas, Seuls les anges ont des ailes (de loin mon préféré dans ceux que j'ai vu), L'aigle et le vautour, Destination Tokyo... Il est pilote de l'US Navy dans Embrasse-la pour moi (Kiss Them for Me) et se fait courser par un avion dans La mort aux trousses ( :mrgreen: ) ! Je crois que ça parle aussi d'aviation dans Une belle blonde (Suzy)...
Oui, il y joue le rôle d'un pilote français.
A noter pour Karras et le topic sous marin que Cary donne aussi dans le submersible (The devil and the Deep 1932 avec Charles Laughton, Destination Tokyo 10 ans plus tard et bien sûr Opération Jupons)
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Re: Baron Rouge

Message par Lord Henry »

pak a écrit :Baron Rouge
Sur le sujet, restons-en au seul vrai classique:

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Re: Flyboys

Message par hansolo »

pak a écrit :Flyboys (2006) de Tony Bill :
Il y a un topic consacré au film http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... =3&t=24123
Le film est maintenant également dispo en BluRay, apparemment avec seulement la VF ...

En dehors de l'actrice principale et quelques séquences aériennes, pas grand chose à sauver ...
- What do you do if the envelope is too big for the slot?
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Le grand saut - Joel & Ethan Coen (1994)
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Re: Cinéma et aviation

Message par Filiba »

Un article de Walter J Boyne (un historien US de l'aviation) dans Aviation History sur les 10 meilleurs et les 10 pires films d'aviation.
Discutable
http://www.historynet.com/top-10-best-a ... movies.htm
et une insensibilité stupéfiante aux charmes de Janet Leigh
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